11 février 1859. - Mes impressions sont aussi confuses que nombreuses. Je comprends peu, bien peu, les rapports qu'on doit avoir avec les chefs. Hélas 1 il faut de l'officiel et je ne suis pas apte à ce genre de rapports!
Il me semble que je sens sur moi tout le poids de cette énorme montagne qui surplombe la colline où n'est arrêté mon wagon. Je sens dans mon coeur des sentiments tout à la fois de joie et de tristesse. Je voudrais me réjouir, mais, ô effrayante responsabilité !
Fonder, seul et aussi jeune, une station à 70 kilomètres au nord de la station la plus rapprochée, c'était sérieux ! Coillard faisait, dès son entrée dans la mission, cet apprentissage de pionnier qui devait lui être si utile dans l'avenir.
Léribé, appelé pendant quelque temps Ebénezer, Coillard le décrit (1), dans une lettre au Comité (15 juillet 1859) :
« Une énorme et haute montagne qui change d'aspect à mesure que vous en approchez, vous présentant de loin l'un de ses pies les plus élevés, de près dessinant dans les airs une longue ligne brisée; vous écrasant, en quelque sorte, de sa couronne de rochers énormes et perpendiculaires que la main du temps a plus d'une fois échancrée, ouvrant son sein pour servir de retraite à de gais et nombreux troupeaux de chèvres qui semblent prêter de leur surabondance de vie aux rochers et aux broussailles parmi lesquels elles gambadent; laissant ruisseler, sur les deux gradins qui lui servent de piédestal, l'eau limpide, mais trop rare, hélas! d'une petite fontaine dont elle se plaît à dérober et à découvrir tour à tour les sinuosités; cette montagne à l'aspect imposant, à l'abord difficile, les natifs l'appellent Léribé.
« Arrêtez vos pas sur le premier des gradins : c'est une colline semi-circulaire, s'élevant à mi-hauteur de la montagne à laquelle elle s'adosse, et dont les flancs sont déchirés par de nombreux torrents et jonchés de fragments de rocs. De là, vous dominez à gauche, comme dans une longue vallée, les collines monotones et mélancoliques qui vous séparent de Thaba-Bossiou et de Bérée; à droite, une gorge voisine vous permet d'entrevoir quelques-unes des ramifications de la splendide chaîne des Maloutis, tandis que, tournés du côté de la France, vos regards se reposent agréablement sur une petite chaîne aux formes dentelées, le jour revêtue de son grisâtre et sombre habit indigène, le soir, empruntant les mille et une nuances de rose, violet, bleu clair, bleu foncé, qui vous font rêver d'autres climats, d'autres lieux, d'autres scènes. Et si, pour compléter le panorama que l'exilé pour l'amour du Sauveur contemple et aime à contempler encore, il ne fallait plus que les plis tortueux d'une rivière qui serpente dans la plaine, tantôt laissant couler tranquillement ses eaux claires et limpides, tantôt roulant avec fracas ses ondes noires et impétueuses, voici le Calédon, sorti d'une gorge pittoresque, qui coule et murmure à vos pieds. »
La fondation officielle de la station de Léribé et l'installation du nouveau missionnaire se firent avec solennité, à la fin de février 1859. Moshesh et plusieurs missionnaires vinrent y assister.
Quelques mois après son installation, Coillard en raconte les incidents et les difficultés à sa mère :
Ebénezer, le 16 juillet 1859.
« Ma tendre et bien-aimée mère !
« Je suppose que votre coeur doit être bien triste à cause de mon long silence. Il me semble vous entendre vous plaindre et vous inquiéter de ce fils qui vous oublie. Il me semble voir vos nuits sans sommeil. Ma mère bien-aimée ! que vous dirai-je pour expliquer ou excuser mon silence avec vous ! Est-ce donc que j'ai été assez dur et assez ingrat pour vous oublier pendant de si longs mois ! Oh non, ma mère chérie, vous ne le pensez pas, et vous ne pouvez pas le penser ! Vous savez combien je vous aime; vous êtes, après mon Sauveur et mon Dieu, ce que j'ai de plus cher au monde. Il ne se passe pas de jour, et je pourrais presque dire qu'il ne se passe pas de moments, sans que je pense à vous. Et si je fléchis les genoux pour la prière, comment puis-je vous oublier, vous, ma mère, qui remplissez mon coeur ? Votre cher portrait ne m'a jamais quitté, il est encore là devant mes yeux. Oh ! je voudrais lui prêter une voix, lui pouvoir donner la vie en un mot, afin de retrouver ma mère dans ces lointaines solitudes et pouvoir encore, comme autrefois, lui parler à coeur ouvert. Je voudrais enfin enlever ce voile de tristesse qui couvre votre visage, et vous redire : « 0 ma tendre mère, ne pleurez point ! Je vis en paix, je vis heureux, parce que je suis là où notre Père me veut. » Oh ! loin de. trouver pénible notre séparation, bénissons-le, ce grand Dieu, de ce que, dans son amour, Il nous permet de faire quelque chose pour lui !
« Bientôt d'ailleurs il finira, notre temps d'exil, et triomphants, suivant notre divin Sauveur, comme les Israélites sous la conduite de Josué traversèrent le Jourdain et entrèrent en Canaan, nous aussi nous entrerons dans la gloire et le repos éternel !
« Près du Seigneur Jésus on ne se quittera plus !
« Ma mère bien-aimée ! s'il s'est passé tant de mois sans que je vous écrive, sans doute c'est bien un peu ma faute, parce que j'ai souvent remis au lendemain ou à une occasion meilleure de répondre au besoin de mon coeur; mais, si vous avez déjà appris l'appel qui m'a été adressé de fonder une station nouvelle, vous aurez trouvé là la cause de mon silence. Ma dernière lettre devait être datée du mois de novembre (1858) et d'Hermon. Depuis lors, j'allai faire un séjour de quelques mois chez notre bien cher frère M. Jousse, et, comme vous l'apprendrez par ma lettre au Comité, je me rendis ici seul en wagon vers le milieu de février. Je fus bien reçu de la part du chef Molapo. Dés le lendemain, il m'envoya une chèvre, s'excusant de ne pouvoir, à cause de la trop grande chaleur, tuer un boeuf pour recevoir son missionnaire. Cette chèvre me fit d'autant plus de plaisir que, depuis que j'avais quitté la station de Bérée, je n'avais pas vu une bouchée de viande et j'avais été obligé de vivre de café et de thé sans lait. Ce ne fut pas le chef seul qui me reçut bien, mais ses gens. Avant, que j'eusse gravi la colline ou se trouve le grand village de Molapo, quelques hommes vinrent isolément à ma rencontre, avec ce salut : « Salut, le missionnaire de chez nous. »
« L'un de ces hommes (Nkélé), à qui je demandais le chemin, pour avoir une occasion de lui parler, me frappa singulièrement par son air grave et respectueux. Il mit de côté son tabac, me répondit et passa derrière mon cheval. Il nous suivit ainsi, de loin, jusqu'à la cour du chef, puis à l'endroit où je dételai mon wagon; depuis lors il ne m'a jamais quitté. C'est en sessouto « mon enfant » bien qu'il ait à peu près la quarantaine. Il a rapidement appris à lire, je lui ai donné un Nouveau Testament et j'aime à espérer que le Seigneur ne tardera pas à accomplir son oeuvre de grâce et d'amour en lui.
« Mais j'avais eu le malheur de me raser entièrement le visage, ce qui me donnait un air très jeune. Molapo, qui m'avait vu à Thaba-Bossiou avec ma barbe, parut frappé d'un changement dont il ne se rendait pas bien compte. Aussi, dès notre première entrevue, il me demanda d'un air un peu moqueur : « Morouti ! quel âge as-tu ? » Je vis bien quelle était sa pensée. Aussi je m'empressai, avant de lui répondre, de lui demander à mon tour: « Morena (Seigneur), dis-moi d'abord le tien ! » Il éclata de rire : « Comment le saurais-je, dit-il, les Bassoutos ne comptent point leurs années ! » - « Eh bien, répondis-je, tu as à peu près quarante ans, et moi je n'en ai que vingt-cinq. » Il ne fut pas peu flatté de se savoir plus âgé que moi.
« Le soir, lorsque les curieux qui étaient venus à mon wagon m'eurent quitté, je dirigeai mes pas vers une petite fontaine où des femmes puisaient de l'eau. Je les saluai, et on me répondit: » Salut, maître ! » C'est le nom que se font donner les Boers par les noirs. « Je ne suis pas maître, » repartis-je. - « Et qui es-tu donc ? » s'écria une voix.
« C'est le Morouti » (proprement le docteur, celui qui enseigne). - « Le Morouti ! s'écria une autre voix, et que peut-il enseigner, c'est un jeune homme, il n'a ni barbe ni femme ! » Je me tus et m'éloignai me promettant bien de laisser croître ma barbe. N'ayant comme abri que mon wagon encombré de caisses et de quelques provisions, je souffris autant de la chaleur du soleil que du froid de la nuit. Le lieu qui nous servait de cuisine, nous servait en même temps de lieu de culte, c'était tout simplement la voûte du ciel.
« Lorsque les messagers de Moshesh nous apprirent qu'il arrivait avec les missionnaires, je m'empressai de faire des préparatifs pour les recevoir. Un de mes jeunes gens, qui n'avait peut-être jamais vu le pain des blancs, écouta mes directions et, pendant que j'avais l'oeil à l'école et que je creusais une fourmilière voisine et que j'y mettais le feu pour en faire un four, mon garçon boulanger avait, en un clin d'oeil, fini de pétrir dans mon bain de pieds. Vous pouvez vous imaginer ce que dut être ce pain qui n'était pas plus levé le soir que lorsqu'on venait de le pétrir. Les frères rirent beaucoup de ce pain dont, huit jours après, on aurait pu faire de la colle et qu'ils appelaient fort gaiement « le pain de l'ermite d'Ebénezer » ! Mais, depuis lors, la reine, la première femme de Molapo, réclama le privilège de pétrir et de cuire mon pain. C'est une bien excellente personne, bien nommée, en sessouto, Mamousa (Mère de la douceur), baptisée sous le nom de Lydia, mais, hélas, entraînés par son mari, dans le monde et le péché.
« Tandis que souvent le chef m'envoyait tantôt une cuisse de boeuf, tantôt une chèvre grasse ou une bonne brebis du pays, je recevais de sa femme quelques épis de maïs tendres, rôtis au feu (plat délicieux avec un peu de sucre par-dessus), tantôt un bon pain de froment, ou un pain de blé indigène, quelquefois un plat de bouillie, un beignet, etc. Jusqu'à présent je n'ai jamais manqué de lait: matin et soir une jeune fille m'apporte une tasse de lait au nom de Molapo, son père. Mais, malgré tous ces petits égards, je vous assure que tout n'est pas rose dans ma position. A mon arrivée ici, Molapo me donna un de ses fils, d'une dizaine d'années, pour être mon enfant. Je l'adoptai comme tel et mon premier soin fat de le bien habiller.
« Mais la difficulté, c'était la cuisine ! A l'heure des repas, je ne manquais pas d'amis; mais, lorsqu'il s'agissait de chercher l'eau à la fontaine, de nettoyer les marmites, de couper la citrouille, de peler les pommes de terre, de cuire enfin, adieu le secours! J'eus d'abord deux grands gaillards placés près de moi par le chef pour me servir. L'un d'eux, garçon intelligent, bon travailleur, était aussi un grand flatteur, un très grand fumeur et un passionné buveur de bière du pays, de sorte que, malgré les services qu'il me rendait, je ne pleurai point quand le chef le rappela près de lui. L'autre était un paresseux dont je ne pouvais rien faire. « Va couper du bois dans la montagne, mon enfant. » - « Je ne sais pas couper le bois au milieu des rochers, » me dit-il. - « Et que ferais-je de toi, alors ? » - « Mon père m'a envoyé ici pour être ton fils et pour que j'apprenne à lire! » - Ce brave garçon, qui était auprès de moi plus pour me voir travailler que pour m'aider, me quitta pour participer à une danse qui ne dure pas moins de deux ou trois jours. Je restai donc seul avec mon enfant, mon cher petit Jonathan.
« J'étais alors logé dans une petite chaumière, construite en troncs d'arbres et en roseaux, que le chef avait fort délicatement mise à ma disposition. Cette petite chaumière, où l'on n'entrait qu'en se baissant et dont un jeune enfant aurait pu toucher le toit de la main, n'avait que des trous en guise de porte et de fenêtres. Comment faire sans vitres et sans clous pour m'y mettre à l'abri du vent et de la pluie? En moins d'une demi-heure j'eus trouvé moyen d'y remédier : quelques chevilles de bois, un peu de calicot dont j'étais redevable à Mme Jousse, me servirent à fermer deux trous de fenêtres, et quelques roseaux liés ensemble me servirent de porte. Pauvre porte, ma chère mère ! Elle ne me garantissait que fort peu du froid, du vent et de la pluie, et pas du tout des chiens qui, nuit et jour, me faisaient une guerre acharnée, volant ma viande et mon pain, faisant toute la nuit au milieu de mes pots un tapage qui, je l'avoue, m'impatienta plus d'une fois.
« C'est dans de telles circonstances que survint un Anglais qui devait m'aider à bâtir une petite chaumière en briques sèches non cuites. Temps d'épreuve pour moi en vérité ! Chaque jour je n'avais pas moins de huit à dix Bassoutos et souvent davantage à nourrir et personne pour partager ce terrible fardeau. Lydia m'envoya une petite fille d'une douzaine d'années qui, en mon absence, attirait ses suivantes, brisait mes tasses, démantibulait mes ustensiles de cuisine, s'enfuyait à ma vue et me laissait les marmites à laver et la nourriture à cuire. Lui commandais-je de me cuire du riz, en lui montrant la quantité d'eau qu'il fallait, elle me le brûlait sans eau; faisais-je une remarque, elle me le noyait. C'était la même histoire pour la viande et pour tout. C'était une bien triste histoire que celle-là et qui se renouvelait chaque jour. Mais le pire, c'était le dimanche. Oh ! que de fois mon coeur a saigné en me préparant à annoncer l'Evangile dans une langue étrangère, l'esprit accablé des soucis de la cuisine, luttant sans cesse avec des volontés que Satan semblait ne m'avoir envoyées que pour nuire à mon oeuvre! Que de fois j'ai retenu une larme lorsque, fatigué par des prédications au grand soleil, il me fallait mettre la marmite au même lieu ou je venais de prêcher et en présence d'un grand nombre de ceux qui venaient de m'entendre ! Et si seulement j'avais toujours eu de quoi cuire ? Mais, malgré l'obligeance de Molapo, notre nourriture ne se composait guère que de bouillie à l'eau et sans graisse, de citrouille, de blé indigène et d'un peu de riz bientôt consommé.
Mais vraiment le Seigneur me soutint et me donna un peu plus de patience que vous ne m'en connaissez; souvent la pluie vint gâter, en un moment, l'ouvrage de plusieurs jours et même de semaines; mais il me donna, ce bon Père, de recevoir tout de lui avec soumission et de m'attendre à lui pour tout ce qui me concerne, avec confiance et amour.
« Ce bon Dieu ne tarda pas à me montrer que ce n'est pas en vain que ses enfants se confient en lui et lui exposent leurs besoins en toute occasion. Au milieu de mes pénibles circonstances, une pauvre vieille femme chrétienne vint me voir, qui, lors de la guerre, était venue se réfugier dans ces lointains quartiers et que m'avait recommandée son pasteur, M. Arbousset. Elle me supplia de la recevoir chez moi, parce que, disait-elle, elle ne pouvait pas vivre dans « les maisons de péché. Je suis vieille, ajoutait-elle; toi, dont le coeur nous aime, aie pitié de moi. Je te servirai avec amour, pour l'amour de Dieu et de ta mère dont M. Arbousset nous a parlé. Je ne te demande rien, parce que tu es mon père, et si tu vois la vieille Maria trembler de froid, tu lui donneras peut-être une robe, bien que Madame ne soit pas encore parmi nous! » Je n'ai pas besoin de vous dire, ma bien chère mère, que je m'empressai de la recevoir, cette pieuse femme, et de lui donner une bonne robe et une bonne couverture. Les premiers jours qu'elle fut avec moi, je ne pouvais contenir mon émotion, elle me rappelait tellement ma mère bien-aimée. Elle est asthmatique et capable de bien peu de chose; mais, c'est égal, j'ai mille sujets de bénir le Seigneur à son égard. Je m'efforce d'être doux, respectueux, charitable et plein de support envers elle comme avec vous, ma tendre et bien-aimée mère !
« Quelque temps après, je faisais, à cheval, une courte visite aux stations de Bérée, Thaba-Bossiou et Morija, pour me procurer des objets indispensables a mon établissement. Un jeune homme chrétien qui a grandi auprès de M. Maitin s'attacha à moi et me suivit pour me servir. Il m'est d'une grande utilité, non seulement comme domestique, mais surtout comme chrétien. Il est fidèle, vivant, intelligent, franc, bon travailleur. Son nom est Nathanaël (Makotoko), il m'aide beaucoup pour l'école et le chant; les enfants l'aiment extrêmement. Malheureusement « il pleure » ses parents, les fêtes de l'église de Bérée, et une épouse. Veuille le Seigneur me le conserver quelque temps encore !
« Ainsi vous voyez, ma chère et bien-aimée mère, que nous avons bien des sujets de bénir le Seigneur. Son amour est de chaque jour, de chaque instant! Ces petits détails vous feront plaisir et vous porteront aussi à bénir Dieu avec beaucoup d'amour.
« Mais je n'ai pas fini, et avec vous, ma chère mère, je n'ai pas à craindre la longueur de mes lettres, mais celle de mon silence. Je vous ai parlé d'une petite maison de briques sèches: nous l'avons finie, par le secours du Seigneur, après beaucoup de contretemps et de fatigues. En pieds français elle peut avoir 25 pieds de long, 10 ou 12 de large et 7 ou 8 de haut. Je l'ai partagée en trois chambres: celle. du milieu me sert pour recevoir les Bassoutos et les Boers qui nous font de fréquentes visites, c'est aussi ma salle à manger; celle de droite doit être une chambre à coucher, mais me sert maintenant de chapelle avec celle du milieu, chaque matin et chaque soir. Celle de gauche, enfin, est ma chambre; là se trouvent mon lit, ma table de travail, les portraits de MM. Monod, Jaquet, Casalis, Bost, une cheminée dans le mur du pignon, où se trouvent groupés, autour de celui de ma mère. bien-aimée, les portraits de la famille où vous vivez, de la famille Diény, de la famille Guiral, et de beaucoup d'autres précieux amis, sans excepter celui de ma soeur Marie-Jeanne que les natifs appellent « leur mère », c'est-à-dire ma femme. De chaque coté de la cheminée se trouvent quelques tablettes pour mes livres. C'est là que j'aime à me retirer pour penser à vous, admirer avec un ravissement toujours nouveau ces précieux portraits dont la ressemblance me parait aujourd'hui si frappante. C'est là que je prie pour vous et pour mon oeuvre. Que ne pouvez-vous me voir à cette heure, vous écrivant dans cette petite chambre où, à cause du froid, j'ai quelque peine à diriger ma plume; je suis sur que vous m'y trouveriez tout à fait confortable. Certainement le Seigneur est bon, malgré nos misères et nos nombreuses infidélités.
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