Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AFRIQUE

suite

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« M. Pellissier a ici un vieux Mochuana païen, nommé Molala, dont j'aimerais pouvoir vous envoyer le portrait. Nu-pieds, nu-tête, n'ayant d'autres vêtements qu'une chemise et un pantalon en lambeaux, sale, de petite taille, il a une haute opinion de lui-même pourtant. Si vous chantez, voici ses yeux qui sont à la porte. Si vous êtes au salon causant tranquillement, voici mon petit homme, les bras croisés, couvert quelquefois d'une vieille et sale peau de boeuf, qui s'en vient magistralement, sérieusement, solennellement, prendre tout simplement place à vos côtés et faire la conversation. Il parle avec une facilité admirable, et ne vous répond jamais qu'avec dédain. Il s'en croit tant ! Mais j'aimerais surtout que vous le vissiez lorsqu'il prend une prise. C'est une affaire d'État; il faut de grands préparatifs; il faut contempler cette bonne prise qui remplit la moitié de la main; puis cette figure noire s'illumine, ce visage s'allonge, ces narines, déjà si larges, s'élargissent encore, c'est un repas auquel tous les sens semblent participer et qui n'est complet qu'autant que les larmes coulent, soudaines et abondantes, et font voir les étoiles en plein midi.

Un soir, pour mettre fin à ses impertinentes demandes, je m'avisai de lui offrir une prise de ma confection. Je lui préparai une bonne dose de tabac où je mêlai la moitié de poivre. Nous étions à souper alors, et le brave Molala, dans l'attitude d'un grand homme, parlait avec tant d'ardeur qu'il ne s'aperçut de rien. Il prend la dose dans sa main, fait toutes les cérémonies usuelles, puis s'apprête à savourer les délices de ce petit festin par moi préparé. Impossible de décrire la scène ! Le pauvre homme s'arrête comme pétrifié, interrogeant tour à tour sa main, son nez, le reste de son tabac, et demeure dans un inquiet silence. Nous étouffons de rire et le pauvre homme, comprenant l'affaire, nous lance un de ces regards de mépris où se mêlait de la confusion et disparaît. Ce fut la péroraison de son éloquent discours. Il comprit ma pensée, il ne demanda plus de tabac depuis ce temps; il s'en est bien gardé. Chat échaudé craint l'eau froide. Mais malheureusement, il a jeté les yeux sur mes souliers; il les trouve admirables et, bien qu'ils soient deux fois trop grands pour lui, il me tourmente cependant pour les avoir, m'assurant qu'ils lui iraient à merveille.

« Pauvre Molala! C'est le marmiton de Mme Pellissier. Il se mêle de nettoyer les couteaux sur une pierre de grès et, quand il les a frottés jusqu'à les user, sans les avoir aiguisés, il les cache soigneusement pour qu'on ne les salisse pas et il faut tacher de dîner sans couteaux.

« J'ai essayé, par interprète, de lui parler de son âme. L'autre jour, en particulier, je lui parlai du ciel et de l'enfer; il me répondit dédaigneusement: « Tu me parles comme un enfant (terme de mépris); as-tu été là pour me parler ainsi? Si ce que tu dis est vrai, est-ce que Dieu m'aurait donc fait naître pour me faire périr? » Maintenant il lave ses haillons, espérant acheter des boeufs avec, là-haut dans son pays, et se contenter du costume indigène. Ce petit bout d'homme a je ne sais combien de femmes.

« Il y a aussi ici une femme de race Bechuana ou Bushman d'un caractère non moins curieux. Ces jours-ci, elle se croit à l'agonie, elle a mal à la tête. Aussi, adieu la besogne 1 Ayant crié toute la nuit, elle va, majestueusement couverte de sa peau de boeuf, s'accroupir dans le poulailler, le dos tourné à la porte, pour y dormir et y ronfler tout le jour, n'interrompant son sommeil que pour fumer dans un os, non pas du tabac, mais des feuilles de chanvre qui produisent sur elle le même effet que l'eau-de-vie.

« Cependant je ne crois pas que ces deux curieuses créatures puissent me donner une idée complète du peuple au milieu duquel je vais vivre, car elles ont subi l'influence immédiate de la civilisation tandis que les moeurs des Bassoutos sont, sans doute, plus primitives encore.

« Cher monsieur Diény, me voilà arrivant sur le champ de travail. J'aimerais pouvoir dire que mon chemin est bien clair et bien facile. Mais non, tout au contraire. Pour voir maintenant les difficultés de plus près, je ne les vois ni moins nombreuses ni moins redoutables; mais que faire? Je dois marcher en avant, avec courage, avec foi, en regardant vers les montagnes d'où me vient le secours.

« Je ne sais ce que le Seigneur veut faire de moi. Si je vais à Morija, j'aurai, moins que mes prédécesseurs, sans doute, à m'occuper du matériel, car j'y trouverai un abri préparé. Qu'importe ? Je ne cherche ni les aventures, ni les aises. Ce que je désire, ce que je veux, c'est de travailler, avec un coeur droit, à l'oeuvre de mon Maître, dans l'humilité et dans l'oubli le plus complet, s'il le faut. Non, non, je n'espère point devenir le missionnaire populaire de la France, je ne le puis pas, sans doute, mais à tout prix je ne le voudrais pas.

« Depuis que j'ai quitté la France, je n'ai pu prêcher que deux fois: une fois ici au Cap et une fois à Wellington. Le sacrifice de ma langue est plus grand que je ne le pensais. Je souffre de ne rien faire, c'est tout au plus si je puis aller m'édifier quelque part ici dans cette tour de Babel. Cependant je comprends assez l'anglais maintenant pour suivre une prédication. Chaque pensée que je puis saisir me parait d'or. Il me reste encore à étudier le hollandais et le sessouto. Est-ce possible ? Il se passera donc encore bien du temps avant que je puisse prêcher. »

Enfin Coillard et ses compagnons de route quittèrent le Cap, le 27 janvier 1858.

« Après avoir fait à Wellington, chez notre digne frère Bisseux, un séjour de quelques semaines (30 janvier au 19 février), écrit Coillard au Comité de Paris (1), nous chargeâmes nos wagons, nous nous y installâmes aussi bien que possible, et nous nous mimes en route. Ainsi nous partîmes, M. Pellissier, M. Daumas et votre jeune missionnaire. Nous ne commençâmes pas notre voyage sous les auspices les plus favorables, loin de là. Les fortes chaleurs n'étaient pas encore passées, nos boeufs ne paraissaient pas être dans la meilleure condition, et les nouvelles que nous recevions du Karroo (2) que nous devions traverser, n'étaient pas de nature à nous tranquilliser. Convaincus, cependant, que nous suivions le chemin du devoir, nous avançâmes avec autant de confiance et de courage que de joie. Il serait long et monotone de vous faire suivre, pas à pas, notre route dans le désert. Chacun comprendra facilement que, pendant les premiers jours d'un pareil voyage, tout doit attirer et exciter l'intérêt d'un jeune Européen qui, pour la première fois, porte ses pas en ces lieux solitaires.

Lieux solitaires, en effet, ou vous devez franchir une distance de plus de cent lieues sans rencontrer le moindre village, où, pendant de longues semaines, vous ne voyez d'autres créatures vivantes que quelques gazelles paissant en paix sur les montagnes ou quelques troupeaux de springbocks, bondissant dans la plaine, des autruches disparaissant au loin à votre approche et de temps à autre, quelques nuées de corbeaux et de vautours, tourbillonnant et croassant dans les airs, puis fondant sur les restes de quelque boeuf ou de quelque cheval abandonné par les voyageurs. Lieux solitaires! le morne silence qui y règne n'est guère troublé que par le bruit de votre marche pendant le jour et par les cris sauvages et plaintifs des chacals et des singes pendant la nuit !

Lieux monotones, où on ne peut admirer que la grandeur mélancolique des sites qui vous entourent, des montagnes élevées, nues, grisâtres, rocailleuses, déluges de rocs, volcan soudain arrêté et glacé dans son irruption, sur le sommet desquels une main invisible et toute-puissante semble avoir passé le niveau; un sol, que dis-je? un sable fin, que le vent du désert soulève et chasse comme de la neige, où les roues de votre voiture s'enfoncent parfois jusqu'à l'essieu et que recouvre une variété infinie de plantes grasses, rabougries, noircies et brûlées par l'ardeur d'un soleil africain. Pas une fleur, pas un brin d'herbe, pas un arbre. Si quelquefois un ruban vert, qui se détache à l'horizon, repose la vue et fait naître la joie et le courage dans le coeur en dessinant le cours d'une rivière, hélas ! hâtez le pas, vous ne trouverez qu'un lit desséché où, rarement, vous découvrez encore quelque flaque d'eau saumâtre et bourbeuse pour étancher votre soif, mais où, le plus souvent, vous ne trouvez que des pierres et du sable.

« Dans cette profonde solitude, dans ce mélancolique silence, il est cependant, pour le voyageur chrétien, une source de jouissances et de bénédictions qui font passer très légèrement sur les préoccupations, les fatigues du voyage et les ennuis de l'isolement. Ne vit-il pas en présence d'une sérieuse vérité que lui rappelle, d'une manière très frappante, cette tente qu'on enlève chaque matin, qu'on plante chaque soir, pour l'enlever de nouveau le lendemain? Et, le soir, pendant qu'un magnifique clair de lune lui permet d'entrevoir les boeufs qui, délivrés de leur joug, cherchent quelque peu de nourriture ou se couchent lourdement auprès du wagon, peut-il avec indifférence contempler, assis autour du feu où cuit leur frugal repas, les conducteurs qui cherchent à oublier les fatigues du jour dans les jouissances d'une conversation animée, qui s'occupent à broyer de la manière la plus originale, la plus curieuse et la plus comique qui se puisse imaginer, la peau de quelque mouton, ou bien qui chantent en choeur, avec autant d'harmonie que d'expression, quelques-uns des beaux cantiques que leur a appris le missionnaire? Qui pourrait se lasser d'un dimanche passé dans le désert, d'un culte célébré dans la tente, à l'honneur de Celui dont la toute-puissance vous entoure de ses merveilles et dont l'amour non moins merveilleux, après vous avoir sauvé, a daigné vous appeler dans ces lieux lointains ? Pour qui est affranchi des exigences et des convenances d'une société civilisée, chaque rocher, chaque buisson isolé devient une retraite, un sanctuaire où le chrétien se retrouve seul avec lui-même, et où tout l'invite à puiser, dans la communion intime de son Sauveur, des lumières et des forces pour le ministère auquel il se sent appelé.

« Des ossements desséchés et blanchis qui gisent sur le bord du chemin sont un sinistre avertissement pour qui s'aventure en ces lieux sauvages. Il est peu de voyageurs qui les traversent, sans y abandonner leurs attelages à la voracité des oiseaux de proie. Nous nous étions préparés à ces infortunes, mais, bien que nos boeufs fussent misérables, ils nous ont cependant tous conduits jusqu'aux frontières de la Colonie, à l'exception d'un seul. On s'attache à d'aussi patients et dociles serviteurs, surtout quand ils coûtent, si cher.

« En arrivant à Beaufort (24 mars 1858), nous eûmes la joie de faire connaissance de M. et Mme Moffat, qui se rendaient au Cap pour y rencontrer le docteur Livingstone. Leur temps était court et précieux; le moindre retard pouvait leur faire manquer le but de leur long voyage. Et pourtant, Dieu voulut qu'une pluie torrentielle vint, en un clin d'oeil, transformer le lit desséché d'une rivière en un torrent impétueux; cette circonstance, peu agréable en elle-même, nous fournit le privilège de passer ensemble quelques moments bénis. Il appartenait bien à la digne Mme Moffat de me rappeler cette devise africaine par excellence et qu'elle appuyait si bien de son exemple: « Patience, patience, patience ! » Ce fut là que nous parvinrent les premiers bruits de la guerre qui menaçait d'éclater entre l'Etat Libre et le Lessouto. Nous eussions désiré nous hâter; mais nos boeufs, épuisés de fatigue, ne se traînaient qu'avec beaucoup de peine. A ce sujet encore, le Seigneur daigna se souvenir de nous. Nous étions près d'arriver à un village de la Colonie, l'horizon s'obscurcissait de plus en plus, les rapports confus que nous recevions en route de quelques bergers, nous montraient assez clairement que l'orage avait déjà éclaté sur le pays des Bassoutos.

Aussi, grandes et vives étaient nos angoisses de ne pouvoir accélérer notre marche, lorsque nous rencontrâmes le fils de Molitsané, le chef de Mékuatling, et quelques-uns de ses gens qui, traversant un pays ennemi, nous amenaient, à plus de cent lieues, des boeufs frais pour nos deux wagons. Un tel acte accompli par un chef encore païen, par amour pour son missionnaire et dans des circonstances aussi graves, ne se recommande-t-il pas, de lui-même et sans commentaire, à l'attention consciencieuse des chrétiens de France? Grâce à ce secours inattendu, nous espérions avancer rapidement et ne nous arrêter que là où nous devançaient les aspirations de nos coeurs. Le Seigneur en avait décidé autrement. »

La mission du Lessouto avait été fondée en 1833 ; « les vingt-cinq premières années avaient été consacrées à fonder une église (3). Les premiers missionnaires s'étaient avant tout préoccupés de planter fortement dans le sol le jeune arbre qui devait plus tard devenir grand et étendre ses branches au loin. Ils n'avaient pas voulu introduire des rouages nouveaux et nécessaires à une action plus étendue de leur oeuvre, avant d'avoir soigneusement préparé le ressort moteur et soumis sa puissance à des essais prolongés et décisifs. »

En 1858, la première période de l'histoire de la mission du Lessouto prenait fin; Mabille « l'homme providentiel » allait arriver qui lancerait la mission dans des voies nouvelles. Mais, auparavant, une terrible tempête éclaterait, comme pour clore la première période et montrer que le jeune arbre était solide, que ses racines étaient profondes et fortes, et que désormais les branches pouvaient prendre de l'extension.

Ce fut en pleine tempête que Coillard arriva au Lessouto. Moshesh était, en 1858, le seul grand chef au nord de l'Orange. Il y avait entre les Bassoutos et les Boers quelques tiraillements, mais c'était constant. Rien ne faisait prévoir un événement grave, lorsque, le 23 mars 1858, la station missionnaire de Beerséba, qui se trouvait sur la frontière des Bassoutos et sur le chemin que les Boers devaient suivre pour pénétrer dans l'intérieur du pays, fut attaquée par les Boers, brûlée, les Bassoutos tués ou dispersés et le missionnaire Rolland chassé. De là, les Boers se rendirent à Hébron, où était M. Cochet, puis ils marchèrent sur Morija qui fut dévasté; M. Arbousset et sa famille en furent chassés. Les Bassoutos se replièrent sur Thaba-Bossiou, la forteresse du pays, où Moshesh attendait et où il défia les efforts de l'agresseur. Les Boers y arrivèrent le 6 mai. Quel ne fut pas leur étonnement de s'y trouver en présence de légions de Bassoutos postés dans les ravins, dans les gorges, sous les rochers et assez nombreux pour ne pas laisser échapper un seul de leurs ennemis? « Bientôt on vit les lions de la veille s'enfuir comme des gazelles. »

« A peine parvenus aux frontières de la Colonie, continue Coillard dans sa lettre au Comité, nous reçûmes les nouvelles les plus alarmantes, et la première qui vint briser nos coeurs fut celle de la destruction de Beerséba. Telle était d'ailleurs la confusion des rapports contradictoires que nous recevions, que force nous fut d'aller, M. Daumas et moi, à cheval jusqu'à Béthulie, pour voir de nos yeux où en étaient les affaires et ce que nous devrions et pourrions faire. M. Daumas, dans l'impossibilité de se rendre à sa station ou de demeurer sans danger dans l'État libre, se vit obligé de rester dans la Colonie avec sa petite famille. Pour ma part, n'ayant point encore dans le Lessouto de pied-à-terre où je dusse aller, me trouvant partout chez moi et pourtant aussi étranger partout, je crus devoir suivre M. Pellissier à Béthulie (premiers jours de mai) pour y attendre, avec autant de patience que possible, que le Seigneur me montrât ma route.

« Pendant ce temps-là, votre nouveau missionnaire, désireux de visiter ses frères éprouvés, cherchait à pénétrer dans le Lessouto. Mon premier but était de voir M. Cochet, qui se trouvait depuis longtemps complètement isolé; mais l'impossibilité de trouver un guide et des chevaux me força de renoncer à ce plan et de diriger mes pas vers la paisible station de Béthesda, qui est protégée de tous cotés par une série de montagnes aussi belles à contempler que pénibles à gravir. Grandes furent ma surprise et ma joie d'y trouver la famille Arbousset, et surtout M. Arbousset lui-même, que tout le monde disait avoir été dangereusement blessé et que plusieurs croyaient mort. Je passai là le jour de Pentecôte pour participer à la Cène du Seigneur.

« Mais un spectacle d'un autre genre m'attendait à Morija, où je me rendis avec M. Arbousset : les villages déserts et détruits, la maison missionnaire pillée et réduite en cendres! et, pourquoi faut-il l'ajouter? un temple que naguère une multitude recueillie et émue consacrait au Sauveur du monde, profané de la manière la plus navrante pour un coeur chrétien.

« Mais notre Dieu montrera que le méchant fait une oeuvre qui le trompe, et ce qui, un instant, semblait renverser notre oeuvre de fond en comble contribuera même à ses plus grands progrès; nous en avons l'assurance. Il m'est doux d'ajouter que cette assurance, vos missionnaires ne l'ont pas seuls, et, pour vous en convaincre, que ne puis-je faire passer dans vos coeurs les douces impressions que je reçus à la première réunion d'église à laquelle j'assistai à Thaba-Bossiou (fin mai 1858), peu après le départ des Boers ?

« Retenu à Thaba-Bossiou plus longtemps que je ne me l'étais d'abord proposé, par suite d'une maladie grave que le Seigneur a jugé bon d'envoyer à notre frère M. Jousse, j'ai pu assister à diverses réunions dirigées par les indigènes eux-mêmes; et j'ai toujours été étonné de l'ordre, du recueillement et du sentiment de la présence du Seigneur qui y régnaient généralement.

« En vous parlant de Thaba-Bossiou, je tromperais sans doute votre attente si je ne vous disais un mot d'un personnage auquel vous prenez un vif intérêt. Dès notre arrivée, un messager fut envoyé à Moshesh, bien qu'il fût déjà tard, pour lui porter nos salutations et un deuxième, le lendemain matin, pour lui annoncer notre visite. Peu d'heures après, nous gravissions la Montagne de la Nuit, montagne hérissée de tous côtés de rochers énormes et perpendiculaires qui surplombent d'effrayants précipices, et entre lesquels on ne trouve guère que quatre ou cinq sentiers escarpés qui conduisent, non sans peine, au sommet.

« Ce sommet est un plateau assez vaste où se trouve bâtie la capitale du Lessouto, amas confus de huttes que rien ne semble distinguer de celles du commun, si ce n'est peut-être la beauté du roseau, et au milieu desquelles s'élèvent cependant deux maisons européennes d'assez bonne apparence. Celles-ci servent de salles de réception, de cabinet d'affaires et de magasins pour les présents, les richesses et les provisions du roi, plutôt que de demeure. Moshesh est encore trop mossouto pour bien jouir d'une maison autre que celles qu'ont connues ses ancêtres. En arrivant au village même, mon attention fut attirée, ici, par une troupe de vieillards aux formes musculeuses qu'aucun vêtement ne dérobait à la vue, au regard pénétrant, occupés à tanner laborieusement quelques peaux; là, par une multitude de curieux dans le même costume et tout aussi empressés à s'enquérir des nouvelles qu'à défendre leur pays; plus loin, par une quantité de femmes, reines ou princesses la plupart, la tête couverte d'une poudre scintillante, le corps et les pelleteries même dont elles se couvrent, rougis avec de l'ocre; les oreilles, le cou, les poignets et les jambes chargés de perles ou d'ornements en cuivre. C'est l'aspect que présente la cour du Lessouto. Elle a aussi son étiquette, son bon ton et ses modes, mais d'une nature un peu différente des nôtres; c'est là le parfait idéal que je m'étais toujours fait des Bassoutos païens encore.

« Il me tardait de voir Moshesh, cet homme dont j'ai entendu parler depuis longtemps; mais Sa Majesté me surprit fort en envoyant un message pour demander si, pour nous recevoir, elle devait s'habiller. Après une réponse affirmative, il fallut prendre son parti d'attendre quelques instants nécessaires à la toilette royale. Enfin parut Moshesh, vieillard parvenu déjà à l'hiver de la vie. Décemment vêtu, il paraissait - quelquefois gêné dans son pantalon d'uniforme et dans les plis d'un énorme manteau de drap noir dont il était couvert. Il fut d'une politesse exquise, recevant tant mes salutations que celles dont j'étais chargé pour lui, écoutant, sans impatience, quelques réflexions sur l'état. des affaires, etc., ce qui me fournit matière à une allocution qui était nécessaire pour débuter dignement auprès du monarque. Il me répondit par un long discours qui n'était dépourvu ni de traits d'esprit, ni même de sentiments chrétiens, et qui me permit de contempler à l'aise les expressions si vives et si variées de l'intéressante physionomie de ce grand homme. Bref, j'eus lieu d'être satisfait de ma visite. J'en ai cependant remporté une impression assez triste. Moshesh, avec toutes les hautes qualités qu'on ne saurait lui contester, est encore, après tout, un chef païen. Je ne l'ai pas vu à l'église pendant mon séjour à Thaba-Bossiou; et lorsque je manifestai mon étonnement d'une conduite aussi peu en harmonie avec la haute idée qu'on a de lui, l'on m'apprit qu'il n'y avait là rien de bien nouveau, et que même, comme chef, il avait cherché, par son propre exemple, à ressusciter des usages qui paraissaient depuis longtemps tombés en désuétude. Cela m'a fait de la peine.

« La maladie de notre frère M. Jousse, après nous avoir causé de bien vives inquiétudes, eut, grâce au Seigneur, une heureuse et assez prompte issue. Dès que notre frère put se lever et sortir de la chambre, je me sentis pressé de profiter de l'armistice pour retourner à Béthulie, où j'avais laissé mon wagon.

« J'ai passé à Hermon; la population y revient peu à peu. J'en jugeai par l'intéressante congrégation qui, malgré un vent fort et piquant, s'était réunie le dimanche et me donna quelque idée des cinq cents auditeurs environ que M. Dyke, en temps de paix, rassemble ordinairement en plein air. De toutes parts, du reste, les villages qui se peuplent de nouveau, les huttes qui se rebâtissent, le bétail qui paît en grand nombre dans les plaines, prouvent que les habitants du pays reprennent leur assurance. Nous pourrions ajouter que les désastres de la guerre sont presque oubliés, si nous ne pensions avec un douloureux serrement de coeur à la misère, à la faim, qui se font sentir, par suite de la perte des blés.

« Après avoir ainsi parcouru les lieux qui, ont été le théâtre de la guerre, il me serait difficile de vous décrire la douce impression qui remplit mon coeur lorsque je revins dans la paisible et intéressante station de Carmel (9 août). Une congrégation décemment et proprement habillée, ce qui est rare ici, recueillie et attentive; un chant très doux et harmonieux qui touche et élève l'âme, et qui n'existe nulle part à ce degré de satisfaisante perfection; une école du dimanche que fréquentent beaucoup d'adultes, désireux d'apprendre à lire non seulement leur propre langue, mais même le hollandais, pour avoir l'avantage de posséder la Bible entière; une école de la semaine plus nombreuse encore et non moins intéressante, grâce à la direction habile et dévouée des deux demoiselles Lemue: certes, il y avait là de quoi faire oublier toute fatigue, réjouir le coeur et rafraîchir l'âme. »

En apprenant la guerre, la destruction de Beerséba, Coillard avait été profondément troublé.

 

« Je ne puis m'empêcher de penser sérieusement, écrivait-il à M. Casalis le 5 mai 1858, et de me poser bien des questions auxquelles le temps et les circonstances se chargeront seuls de répondre. Pourquoi donc Dieu m'a-t-il appelé dans cette Afrique, et exigé de moi que je sacrifiasse mes études? Ne serait-ce donc que pour y être témoin de la destruction de ces tribus parmi lesquelles je venais plein de joie et d'ardeur offrir à Dieu le sacrifice de ma vie? »

Et ce trouble se comprend. M.- Daumas n'écrivait-il pas à la même époque : « Jamais jeune missionnaire n'était arrivé parmi nous dans des circonstances plus décourageantes. Oh! que le Seigneur soutienne son serviteur et le rende utile dans sa vigne ! » Ce moment de trouble fut vite passé. Coillard, comme nous venons de le voir, avait visité ses collègues dans l'adversité, il S'était déjà rendu utile, et le courage était revenu. Après avoir séjourné quelque temps à Béthulie (juillet), il vint à Carmel. Ce fut là qu'il demeura d'août à octobre pour s'y livrer « tout de bon » à l'étude du sessouto sous les soins de M. Lemue; puis il alla à Hermon. « Une vie toujours errante, ajoutait-il (8 août), toujours temporaire, n'est pas sans choquer mes désirs et mes goûts; il est vrai que je ne suis pas devenu missionnaire par plaisir, mais par devoir. »

Son journal, longtemps interrompu, nous apporte l'écho de cette préoccupation et d'autres qui l'assaillent pendant ce temps d'inaction relative et de travaux sédentaires :

Carmel, dimanche 15 août 1858. - Un fait d'expérience dont je ne puis encore me rendre compte, c'est cette vive appréhension qui s'empare de moi à la perspective d'une nouvelle semaine à commencer ou d'une nouvelle connaissance à faire. Malheureuses appréhensions ! elles empoisonnent mon dimanche soir, et m'en font invariablement un temps de supplice!

16 août. - Il faut donc que chaque nouveau jour qui s'écoule prenne à tâche de me laisser confondu en présence de ma désespérante ignorance. Ignorance, ignorance ! ténèbres ! Oh ! pourquoi donc a-t-il plu à Dieu de m'assigner ce lot, à moi qui ai soif de connaissances et qui souffre tant des nouvelles malheureuses découvertes que je fais chaque jour sur les connaissances que tout le monde possède et auxquelles je suis étranger?

Hermon, 28 octobre 1858. - C'est ici, quelques jours après mon arrivée, que m'est parvenue la nouvelle d'une Conférence des missionnaires du Lessouto et d'une Conférence à Hermon. Oh ! quelle affaire que cette Conférence ! Je la désire et pourtant je la crains. Seigneur veuille toi-même tout diriger.

Hermon, dimanche 7 novembre 1858. - Il y a certainement quelque vice dans ma piété. Je ne suis pas conséquent dans ma profession chrétienne. Je sens bien certainement dans mon coeur le témoignage du Saint-Esprit qui m'assure de mon adoption; mais, dans ma vie et même dans mes sentiments, que de choses qui trahissent mon vieux coeur, ce vieil homme qui domine encore en moi avec tant de puissance !

Depuis qu'il est question d'une Conférence, je ne sais pourquoi, mais je suis troublé, agité, inquiet, et cela comme si j'étais moi-même l'arbitre de mon sort, comme si je n'avais point dans le Ciel un Père qui pense à moi, qui veille sur moi, qui prend soin de tout ce qui me regarde! L'Écriture dit : « Ne vous inquiétez de rien; mais en toute occasion exposez vos besoins à Dieu avec des prières, des supplications et des actions de grâces, et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs en Jésus-Christ. » Voilà donc le secret de mon agitation intérieure, de ce malaise que j'éprouve, de ce manque de paix, de ce manque de joie, de cette mélancolie qui s'attache à moi comme une sangsue et qui me dévore comme la gangrène! A vrai dire, il n'y a que deux sujets qui me préoccupent réellement ; c'est la question de mon placement et celle de mon mariage. Pour la dernière, je suis intimement convaincu que Dieu lui-même dirigera tout; j'ai bien cette ferme conviction, et toute mon épreuve consiste à posséder mon âme par la patience et certes c'est beaucoup. Mais pourquoi cette foi, si faible déjà, se couvre-t-elle encore d'un nuage lorsqu'il s'agit de mon placement? Cependant, je dois le dire, si l'on me demandait : « Où désirez-vous être placé ? » je devrais répondre pour être sincère : « Je ne le sais, mais ou mon Maître m'enverra. »

Une fois le traité de paix conclu et signé entre Bassoutos et Boers, les missionnaires du Lessouto avaient éprouvé un ardent désir de se réunir, pour s'entretenir de leurs épreuves communes et pour jouir une fois de plus, dans un esprit de prière, des douceurs de la communion fraternelle. Hermon fut choisi pour recevoir cette Conférence extraordinaire (4).

La Conférence, convoquée pour le 10 novembre, fut quelque peu retardée; les décisions qui y furent prises ne manquent pas de crânerie : c'étaient les temps héroïques ! Les ruines de Beerséba fumaient encore et les missionnaires décidaient non seulement de réoccuper ce poste, mais de fonder deux nouvelles stations, dont l'une, Léribé, était dévolue à Coillard.

« C'est avec un sentiment de joie bien légitime, écrivait Coillard à M. Casalis, le 22 novembre 1858 (5), que, pour la première fois, J'ai assisté à ces Conférences missionnaires dont j'avais tant entendu parler même en France, et je me hâterai d'ajouter que si j'ai été quelque peu surpris ce fut certainement en bien. Il me fallait assister à des réunions, à des Conférences comme celle-ci, pour apprendre à connaître et à apprécier l'esprit général qui préside à la marche de notre oeuvre. Je me sens fortifié, en voyant qu'on n'a pas prodigué la charité aux dépens de la vérité. Je me sens surtout fortifié et puissamment encouragé par les manifestations d'une foi expérimentée dont j'ai eu le bonheur d'être le témoin. Elles ont trouvé de l'écho dans mon coeur, ces voix éloquentes qui plaidaient avec chaleur l'extension de notre oeuvre ! Vivre de foi, tel me paraissait être le « motto » du missionnaire, et ces Conférences m'ont convaincu que chacun l'a pris pour soi.

« Laissez-moi tout dire. Il y avait longtemps que je n'avais passé une si douce soirée que celle d'hier soir (dimanche). Elle fut, après souper, entièrement consacrée à des entretiens fraternels qui me rappelaient avec émotion ceux de la Maison des Missions. Il m'était doux de retrouver ici les besoins d'union, d'amour fraternel, après être sorti d'un centre où ces mots, loin d'être vides de sens, étaient une des douces réalités de ma vie. On demandait que nous fissions de toutes nos stations une seule devant Dieu, et, sur la proposition d'un des frères, on convint que tous les samedis soirs, à 8 heures, nous nous rencontrerions au pied du trône de la grâce pour implorer sur notre oeuvre les bénédictions de notre Maître. J'aime à vous mentionner ce fait qui a certainement beaucoup d'importance; je sais qu'il réjouira votre coeur missionnaire, et portera mes anciens condisciples de la Maison des Missions à s'unir à nous, quoique de loin, dans ce concert de prières. Cela peut aussi vous donner une petite idée de l'esprit qui a régné dans la Conférence.

« Pour moi, j'ai à bénir tout particulièrement le Seigneur de ce qu'un chemin m'est ouvert. Après avoir chargé M. Maitin du poste, trop important pour moi, de Morija, la Conférence m'a adressé vocation pour Molapo (6) . Cela vous étonnera peut-être; sans doute vous ne comprendrez pas tout d'abord qu'on m'ait chargé d'un poste à la fois si important et si difficile. J'avoue que le peu que je sais de Molapo m'a effrayé et que, comme toujours, je me suis adressé plus d'une question humiliante et difficile à résoudre : je ne voudrais pas être un obstacle au progrès de cette belle oeuvre que j'aime et pour laquelle je me suis dépensé. Mais la Conférence a été si unanime dans l'appel qu'elle m'a adressé, qu'il m'est impossible de ne point y reconnaître une direction providentielle. J'irai donc avec joie, avec courage, avec confiance, m'attendant à recevoir de Celui seul qui m'appelle et me dirige, les lumières, la sagesse et les forces qui me sont nécessaires.

« En attendant, je vais tourner le timon de ma voiture vers Thaba-Bossiou. Si cela m'est possible, je ferai une visite à Molapo avec frère Jousse, afin d'explorer un peu son pays et d'épargner quelque peine à la commission chargée de choisir l'emplacement de ma future station. Je suis un peu triste, parfois, à la perspective de me rendre seul dans ces « pays perdus », comme on dirait chez nous. Mais il m'est permis d'espérer que cet isolement ne sera point trop long; dans tous les cas je sais une chose : c'est que, quoi qu'il en soit, le Seigneur y a déjà pourvu.

« De tous côtés, ici, on m'accuse de manquer de patience et tout le monde prend à tache de me prêcher la patience, de sorte que ce mot m'est presque un épouvantail. Il faut pourtant l'avouer, n'est-ce pas, en Afrique on oublie que « le temps est court »; on compte les mois, ici, juste comme vous comptez les jours en Europe. Aussi faut-il s'étonner qu'on réponde a la dame qui, à 10 heures du soir, demande le café qu'on attendait à 8 heures : « Mais il n'est que motsehare » (le milieu du jour) ! C'est désespérant en vérité.

« Si Dieu me donne de pouvoir fonder une station je l'appellerai : Ebénezer (7). »

Aux appréhensions de Coillard, le directeur M. Casalis, qui connaissait bien et Coillard et l'Afrique, répondait : « Je ne saurais vous dire combien j'ai été heureux, pour ma part, qu'on vous ait confié cette oeuvre... Pour fonder une station nouvelle, il faut de l'élan et de la vigueur. Grâce à Dieu, cela ne vous manque pas. Je ne parle pas de patience parce que cela vient, bon gré mal gré, dans le pays où vous êtes et, après un certain apprentissage de cette vertu cardinale, il faut plutôt veiller à ce qu'elle ne dégénère pas en impassibilité. »

Après la Conférence, le 29 novembre, Coillard quittait Hermon et, passant par Morija, il se rendait à Thaba-Bossiou où il séjourna jusqu'en février 1859; durant ce séjour il apprit beaucoup en secondant M. Jousse. Ce fut à Thaba-Bossiou qu'il fit la connaissance du chef chez lequel il allait se rendre, Molapo, le chef de Léribé. Il raconte ainsi cette entrevue dans son journal :

Mardi 7 décembre 1858. - Après la réunion, arrive de la montagne un messager qui nous prie de monter sans délai. Nous partons à cheval, sur les chevaux fringants de M. Jousse, et nous arrivons sur la montagne par une chaleur excessive. Moshesh vint nous saluer, et, après lui, un homme d'une quarantaine d'années, affublé d'un chapeau noir rond ordinaire, d'un pantalon et d'une couverture de laine originairement blanche, mais maintenant imprégnée d'ocre et de graisse et recouvrant un corps aux formes vigoureuses et élégantes, mais ruisselant des mêmes substances. C'était Molapo. Il parut bien un peu confus de se présenter ainsi, pour la première fois, devant son futur missionnaire, et j'avoue que je n'en reçus pas de fameuses impressions. Conduits par David Mashoupa, également dans son costume indigène, nous entrons dans la salle de réception. Quand le chef se fut décoiffé et se fut assis, je me levai et, déployant l'habit dont j'avais été chargé par M. Casalis, je l'offris au chef, par une assez courte allocution en sessouto, qui fut bien reçue.

Immédiatement le chef, avec mon aide, endossa le nouvel habit qui lui va à merveille; puis, le repliant avec soin et l'enveloppant avec le même soin dans une serviette blanche, je le déposai devant Sa Majesté. Sur ce, la réponse du chef pour me remercier. M. Jousse alors me présente officiellement à Molapo comme son missionnaire, à quoi Molapo répondit gracieusement et chaleureusement, disant entre autres qu'il était affamé, mais que maintenant il était rassasié. Puis Moshesh prit la parole et nous fit un discours à l'étiquette, c'est-à-dire de quelque deux heures si ce n'est trois. M. Jousse répondit au chef sur plusieurs points importants; enfin je pris la parole par interprète pour faire connaître à Moshesh et à son fils Molapo les sentiments d'affection sincère que j'éprouve pour les Bassoutos depuis ma plus tendre enfance, les assurant que les mêmes sentiments seraient le mobile de mon ministère, et leur exprimant, pour finir, ma vive et profonde sympathie dans les épreuves que Dieu leur a dispensées.

Au moment où je prenais congé du chef, celui-ci, qui avait jeté un regard de convoitise sur ma cravache, la prit et me raconta comment elle lui rappelait celle qui lui avait été donnée par le gouverneur, comment elle lui avait été volée, et combien il en était triste : « C'est tout à fait, disait-il, une cravache de Moréna. » Je compris : « Moshesh, lui dis-je, ceci n'est pas d'un grand prix; mais, quand deux hommes chez nous s'aiment beaucoup, ils se font mutuellement des cadeaux. J'ai reçu cela, de cette manière, d'un ami, aussi, tu le comprends, j'y tiens beaucoup; mais, grand chef, je te le donne, c'est à toit » Sur ce, mille remerciements : « Oh ! disait-il, ce sera un souvenir précieux. »

Molapo, qui nous accompagna dehors, nous promit de venir nous voir; mais j'apprends qu'il est parti ce matin avant le jour, sans même nous envoyer un message.

Coillard arrivait enfin à Léribé.

1. Lettre de Béthulie, 10 juillet 1858, imprimée dans J. M. E., 1858, p. 369 et suiv. 

2. Désert rocailleux que l'on traverse pour passer de la Colonie du Cap dans l'État d'Orange. (Ed. F.)

3. H. DIETERLEN, Adolphe Mabille, p. 54-55.

4. JOUSSE, La Mission française évangélique au sud de l'Afrique, t. 1, P. 411.

5. Imprimé en partie dans J. M. E., 1859, p. 42 et suiv.

6. C'est-à-dire pour Léribé, dont le chef était Molapo, fils de Moshesh (Ed. F.)

7. Le nom primitif de Léribé prévalut sur le nom choisi par Coillard. (Ed F.)

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