Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

A L'ECOLE PRÉPARATOIRE DE THÉOLOGIE PARIS

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Coillard a un faible pour la poésie, il a beau dire : « Je ne me suis point reconnu de talent pour la versification et je crachais sur les vers que j'avais déjà faits » (janvier 1854), il a beau s'écrier (17 mars 1855) : « Je voudrais chanter les louanges de Dieu, pourquoi ne suis-je pas poète ? » les premières années de son journal sont tout émaillées de vers; il a l'âme poétique, il aime l'image, et plus tard en Afrique, ses dons se développeront, il composera ou traduira en sessouto des centaines de cantiques, et il composera, traduira ou adaptera un grand nombre de fables.

C'est à son journal intime que nous allons emprunter quelques fragments qui nous initieront à sa vie à Paris. Ce journal, commencé le 1er janvier 1854, débute par une sorte de règle de vie :

1er janvier 1854. - Comptant et m'assurant uniquement sur les secours de la grâce et du Saint-Esprit de mon Dieu, j'ose m'engager devant Lui, en commençant cette nouvelle année :

1. A me proposer toujours l'Éternel devant moi, afin que tout ce que je ferai soit selon sa volonté, tourne toujours à sa plus grande gloire et à l'avancement de son règne.

.2. A m'observer moi-même, beaucoup plus que je ne l'ai fait jusqu'à présent, afin de ne point donner de lieu au diable.

3. A rechercher aussi plus souvent l'intime communion de mon Sauveur; pour cela je me retirerai seul, autant que possible, pour vaquer à la prière.

4. Je fuirai la légèreté, l'orgueil et toutes les tentations qui pourraient m'entretenir dans quelques-uns des mauvais penchants qui me sont particuliers. Pour cela je sens ma profonde incapacité; mais, Seigneur, je crie à toit

5. Evitant avec le plus grand soin de me mettre en colère, je m'étudierai chaque jour à pratiquer une douceur et une charité chrétiennes telles que les demande le Seigneur dans sa Parole sainte.

6. En un mot, je désire vivre d'une vie plus réelle, plus vivante que je n'ai vécu jusqu'ici, vivre de cette vie cachée avec Christ en Dieu qui ne sait se manifester au dehors que par des actions et non par du bruit.

Une pénible expérience m'a convaincu d'une chose, c'est que je ne dois m'attacher intimement à aucun ami terrestre, et même éviter avec soin cette intimité. Aimer mon Sauveur et mon Dieu, ne vivre que pour Lui seul, m'anéantir en Lui est le désir sincère et le plus ardent de mon âme.

Si je sens tellement le besoin de n'avoir plus d'amis, je sens aussi celui de rendre plus rares mes correspondances. Je n'écrirai donc, jamais plus de deux lettres par mois (sauf en cas rarement exceptionnels). Dans mes lettres je ne jaserai plus sur la vie chrétienne, comme je l'ai fait Jusqu'à présent. Je les ferai aussi brèves que possible et sans ouvrir mon coeur. Quand j'écrirai à mes chers parents, je leur parlerai très modérément des sentiments qui m'animent à leur égard. Mais si je désire que mes lettres soient moins chrétiennes, je désire qu'elles émanent d'un coeur plus pieux.

Je n'écrirai jamais de lettres sans m'y être préparé, au moins quelques jours avant, par la prière, et leur envoi sera encore accompagné de prières. En recevant une lettre, je la déplierai devant le Seigneur.

Enfin, par correspondance ou par d'autres moyens, je ferai du bien à mes parents, à mes amis et à tous ceux qui m'entourent, autant qu'il sera en mon pouvoir et sans négliger aucune occasion.

Je désire employer mon temps d'une manière agréable au Seigneur, en dissipant le moins qu'il me sera possible, et ayant toujours en vue la grande vocation à laquelle le Seigneur a bien daigné m'appeler.

Maintenant, la prière fervente que j'adresse au Seigneur est que ces résolutions prises au commencement d'une nouvelle année ne soient pas comme tant d'autres, c'est-à-dire vaines et frivoles. Pour cela daigne, 0 mon Dieu, enlever mon méchant coeur de l'année passée et me donner un coeur tout entièrement nouveau, rempli de ton Esprit saint, Esprit de lumière, de sagesse et de prière. Amen !

« Mes dimanches ne sont pas si bien employés que les vôtres, écrit Coillard (26 janvier) à ses amis du Magny. Si quelqu'un a dit, en parlant du Magny : « On n'y a pas le temps de digérer », je pourrais dire avec vérité de Paris : J'y meurs de faim. Nous sommes libres tous les dimanches d'aller entendre qui nous voulons. Dimanche dernier c'était M. Grandpierre qui prêchait à l'Oratoire. Le dimanche précédent, c'était M. Monod; son texte était Luc XIII, 3-5; le texte annonce le discours. On ne peut imaginer prédication plus forte. M. Monod s'était transporté au lendemain du jugement et il parlait avec tant de véhémence et si directement à la conscience, qu'il était impossible que le diable eût pu se trouver heureux s'il eût été auditeur. Ce discours a arraché aux dames sensibles bien des larmes; Dieu veuille qu'elles aient été sincères et durables! Il faut bien que ce ne soit pas l'homme qui convertisse; sans cela, de tous les auditeurs qui se pressaient à l'Oratoire, ce discours n'en aurait congédié aucun entier. »

Jeudi 2 février 1854. - Hier soir, j'ai été avec quelques amis à l'Union chrétienne de jeunes gens, rue de l'Ancienne Comédie, 14. J'y ai été bien heureux. Il faut que je rapporte ici quelques impressions que j'y ai éprouvées. On a discuté cette question d'intérêt : faut-il imposer une légère taxe aux membres, ou bien faut-il que chacun donne volontairement? J'ai voté pour qu'on donne volontairement et voici mes raisons : imposer une souscription, c'est imposer une dette; or, si je veux donner à l'Union, je veux faire un sacrifice au Seigneur et non pas payer une dette à une société. Enfin, la majorité a voté pour ce principe. Mais je me trouvais, par cela même, avec tous mes amis, dans un pénible embarras. En terminant le président dit : « Eh bien, que tous ceux qui ont voté pour les dons volontaires montrent par les effets que ce principe vaut mieux que l'autre! » Je ne possède que 6 francs de dettes, pas un sou dans ma poche. Je me fie sur mes amis, pensant qu'ils ont quelque argent sur eux. Après la réunion, chacun demande à son voisin quelques sous au moins; presque tous n'ont rien apporté. Enfin, par bonheur, Bonnefon me procure une grosse pièce de 10 centimes, mais le tout était de la mettre dans le tronc; tous ces amis nous entouraient. Enfin, profitant du moment où personne ne regardait, je glisse furtivement ma pièce, mais je croyais vraiment qu'elle. défoncerait le tronc. J'aurais attiré les regards de tous les jeunes gens, s'ils n'avaient été retenus par une modestie chrétienne. Je me retirai donc, furtivement encore, ne sachant quelle mine faire.

Vendredi 3 février. - Oui, je désire réformer ma conduite, ma vie. Voici les seuls moyens que je désire et veux mettre à exécution : la solitude et la prière. Mais comment puis-je parler de solitude, quand, la plupart du temps, si je la puis goûter, j'oublie mon Dieu et je sens le diable fondre sur moi comme un vautour sur sa proie? Comment osai-je encore parler de la prière ? C'est une épée depuis si longtemps rouillée dans le fourreau. Il faudrait que six chevaux spirituels y fussent attelés, comme on en attelle six à notre pompe d'Asnières.

La prière ! c'est un de ces mots dont j'ai le trop malheureux talent d'abuser. Plus je m'examine, plus-je trouve que mon christianisme est comme les habits royaux qui recouvrent les baladins de théâtre qui, sous des costumes magnifiques, ne sont que des mendiants, la balayure du monde.

Je m'aperçois que je dis assez, mais que je ne fais rien. Depuis que je suis à Paris, mon christianisme est bien sombre et souvent équivoque. loi, me dis-je souvent, on veut civiliser le christianisme, on veut en racler la trop dure écorce qui le montre trop opposé an raffinement de la politesse de ce monde. Mais, en le grattant toujours ainsi, ne risque-t-on pas d'en enlever non seulement l'écorce, mais de le tout détruire?

En venant à Paris, j'étais heureux de mon grossier christianisme; mais il était si diamétralement opposé aux moeurs parisiennes que je suis devenu le jouet de mes semblables. Trop heureux si je ne sacrifie point ma vie à cette réforme de politesse. Quoi ! le christianisme, la vie de Jésus ne serait-elle pas toujours la même, en tous temps et en tous lieux? Devrait-elle subir les changements que la cupidité du coeur humain apporte dans la manière de couper ou d'arranger une étoffe qui doit couvrir, pour deux secondes, cette motte de terre? - « Ne parlez point d'expériences, dit l'un, si vous ne voulez offenser les oreilles bien nées ni passer pour banal! » - « Si vous êtes tel que vous le dites, dit un autre, j'ai une bien triste opinion de vous. » - « Ne soyez pas si scrupuleux, dit un troisième, vous êtes ridicule et passez pour un être superstitieux. Quel mal peut-il y avoir à acheter un tel livre, et, le dimanche, à rire, à se laisser aller jusqu'à un certain point à la légèreté? » - « C'est ridicule, dit un quatrième, de vouloir toujours avoir Dieu devant soi; on ne peut pas toujours être en prière, » etc., etc. Je n'aurais pas fini de quinze jours, si je voulais continuer d'énumérer de quelle manière on écorche le christianisme.

Et, le croirai-je moi-même, ceux qui l'écorchent ainsi ne sont pas des mondains, des impies, mais des... chrétiens!! Grand Dieu ! 0 cher Sauveur, toi tu as dit que la porte et le chemin qui conduisent à la vie sont étroits, et tes enfants travaillent tellement à l'agrandir que bientôt cette porte sera aussi large que celle qui conduit en enfer ! « Pourquoi jérémiez-vous toujours? » dit-on. Ah ! plût à Dieu que je jérémie comme Jérémie. « Ce jeune homme me plaît, il prie à merveille; mais il a un défaut, c'est de jérémier et de toujours jérémier », disait-on en revenant avant-hier de l'Union. Que vous êtes heureux, vous, chers frères, qui, chaque fois que vous vous présentez devant notre grand Dieu, n'avez aucune misère à déplorer! Pour moi, mon coeur, particulièrement méchant, me fait toujours ramper dans la poussière, chaque fois que je me présente devant Dieu... Voilà donc la vie de Paris, et il faudrait l'adopter? Je sens que j'ai déjà trop fait de concessions depuis que je suis ici et, pour certaines choses, ma conscience me laisse faire en paix. 0 mon Dieu! mon Dieu ! ne me retire point ton Esprit. Prends-moi plutôt à toi dès l'heure même, si je devais avoir le malheur de faire naufrage quant à la foi ! O Seigneur, termine plutôt dès maintenant mes combats pour ta gloire, si jamais je devais tomber entre les griffes de Satan pour l'aider à la diffamer!

Homme de prière! Voilà mon ambition! Lorsque Dieu m'aura accordé l'immense don d'un esprit de prière, je saurai toujours avoir Dieu devant les yeux comme David, je saurai employer chaque minute de mon temps pour sa gloire, je saurai enfin me conduire mieux que je ne le fais. Je serai Plus doux, plus amical dans mes rapports avec mes semblables, je saurai réformer mon affreux caractère, je saurai... car je saurai prier.

Hier jeudi, je me rendis au Jardin des Plantes. Quand je rentrai, M. Boissonnas m'appela dans son cabinet. Je ne sais vraiment dans quel but, peut-être pour me reprendre sur quelques particularités de ma conduite. Il me parla avec beaucoup d'affection, me demanda si je n'étais plus découragé, etc., m'invita beaucoup à étudier la Parole de Dieu, non seulement pour mon édification mais aussi pour en acquérir une vaste connaissance: « C'est votre code, me dit-il, et, comme probablement vous n'irez point dans une faculté, il faut cependant que vous soyez en état d'enseigner. » J'ai goûté ses bons conseils et désire vivement les suivre.

Quand je pense que, dans trois ans, je pourrais être prêt, mon coeur bondit de joie; mais aussitôt je me sens humilié sous le faix de mon moi.

Hier, en me promenant au Jardin des Plantes, je m'arrêtais devant les ours blancs, devant les reptiles et je me disais : « Si une fois tu allais rencontrer un semblable animal, quelle mine ferais-tu ? »

Lundi 6 février, 10 heures soir. [Très mal écrit, probablement sans chandelle.] - Mon Dieu, je dois encore élever mon âme vers toi pour te bénir. Oh 1 je suis heureux, tu me combles de biens ; daigne me préparer à aller au plus tôt annoncer ton saint Évangile à mes pauvres frères les sauvages. 0 mon Dieu) je suis à toi, je t'appartiens, fais donc de moi ce qu'il te semblera bon 1

Mardi 7 février, 6 heures matin. - « Soyez parés au dedans d'humilité. » (I Pierre V, 5.) Seigneur, c'est la prière que je t'adresse souvent, mais pas encore assez souvent, et, même quand je le fais, je me présente devant toi avec un tel orgueil! Mon Dieu, je suis perdu d'orgueil et, en regardant à moi, impossible de me guérir de cette lèpre; au contraire, plus je m'observe, plus l'orgueil me maîtrise; mais) en regardant à toi, Seigneur, j'espère, je crois !

J'ai été, le soir, avec le frère B., à la réunion mensuelle des Missions. En cheminant, nous nous entretînmes beaucoup des dangers qui attendaient les missionnaires, soit en Afrique, soit en Amérique. Je ne sais pourquoi, mais c'est un sentiment que je ne puis réprimer : mon désir me porte tantôt en Amérique, tantôt dans la Nouvelle-Zélande, dans tout pays en un mot où aucun missionnaire n'a été et où aucun ne désire aller. De même, quand je pense à ce pays de l'ouest de l'Afrique où le climat ne laisse vivre les Européens que quelques années au plus, je m'y sens transporté malgré moi; mon coeur brûlant m'y fait travailler en fiction et mourir ainsi pour la gloire de mon bien-aimé Sauveur. D'où vient que je ne désire point aller en Afrique, mais partout ailleurs? C'est une question, que jusqu'à présent, je n'ai pu résoudre. Je me demande si l'orgueil n'y entre pas pour beaucoup; en tout cas, ce n'est point le désir de me faire un nom. Non, non, arrière, arrière de moi cette pensée diabolique 1 Lorsque je m'interroge moi-même, mon coeur me dit que je désirerais plutôt, bien plutôt, travailler à l'ombre, sous les yeux seuls de mon Maître et sous sa divine protection, et non sous les regards et la protection d'une société et d'une multitude de frères chrétiens. Mais ici peut-être se trouve le foyer de l'orgueil !

Vendredi 10 février. - J'ai passé une excellente semaine. Je suis toujours brûlant de servir mon Dieu, mon Sauveur. Que de fois ne me suis-je pas écrié : Oh ! quand viendra le moment du départ pour la mission? Mais je ne suis point encore prêt.

Je me suis aussi beaucoup occupé de ma conscription; une seule année m'en sépare, et qui m'exemptera? Dieu, le Seigneur lui-même, si véritablement Il m'a choisi pour être ouvrier dans la mission. Je ne désire pas que le Comité me rachète et si je devais l'être, je sacrifierais le peu de bien que j'ai encore ici-bas et alors je serais plus libre.

Mardi 14 février. - Dimanche dernier, en me rendant au bois de Boulogne, j'ai eu le plaisir de voir l'empereur et l'impératrice. Tout cela n'est que la boue de mes souliers.

Mercredi 15 février. - Jamais je n'ai senti des désirs plus ardents d'aller porter l'Evangile aux pauvres païens Toutefois je crains bien de m'abuser : chaque fois que je pense aux souffrances matérielles qui ni attendent, je ne puis réprimer un sentiment de crainte. Si je me vois entouré de serpents, en face d'un crocodile, poursuivi par un lion, une hyène, une panthère ou toute autre bête féroce, je sens le bout de ma force. Mon sang se glace dans mes veines, et je me dis : Si déjà, à l'abri de tous ces dangers, la seule pensée t'épouvante ainsi, que sera-ce plus tard?... Oui, en regardant à moi seulement, il m'est de toute, impossibilité d'être missionnaire. Mais en regardant à Celui qui m'a appelé, je sens mon courage, mon désir renaître et je m'écrie avec Paul : « Je puis tout par Christ qui me fortifie! »

Jeudi 16 février. - Nous avons été à la vente des Missions où j'ai acheté un beau Nouveau Testament doré sur tranche. Mon seul chagrin est de ne l'avoir pas payé assez cher, je n'ai donné que 1 fr., j'aurais dû au moins donner 1 fr. 50. J'ai été bien heureux, j'y ai vu Mme André, Mme Boissonnas, M. et Mlle Bost qui vendaient. Mme Grandpierre aussi. Enfin j'ai été plus que satisfait.

18 février (fragment dune lettre). - « J'ai eu la joie de voir la vente des Missions. C'est beau, ces grandes dames de Paris, faire les marchandes et s'acheter les unes aux autres leurs marchandises. Il y a vraiment de la vie dans l'église de Paris, plus que je ne le croyais d'abord ! On fait beaucoup pour les pauvres, les enfants, etc... »

Mardi 21 février. - J'ai été hier soir avec mes amis à la réunion de l'Alliance évangélique, à la Rédemption. La lecture d'une lettre de frères dissidents de Norvège m'a intéressé. Ces frères persécutés par les pasteurs nationaux, traduits devant les tribunaux, injuriés, excommuniés, etc., ont dû se séparer. Pour le baptême, par exemple, ils baptisent par immersion, « étant ensevelis avec Christ en sa mort par le baptême ». C'est l'Evangile pris à la lettre. Si je ne comprenais pas le baptême comme une figure qui signifie que, comme l'eau qu'on répand sur. mon corps lave les souillures de mon corps, de même aussi le sang de Jésus, inondant mon coeur, le nettoie de ses péchés, si, dis-je, je ne croyais pas que le baptême n'est qu'une simple figure, j'attacherais quelque importance au baptême par immersion, car Jésus se plongea évidemment dans l'eau, puisque, quand il fut sorti de l'eau, l'Esprit de Dieu descendit sur lui. Il faut dire aussi que ce baptême était plus praticable en Terre sainte que chez nous, le climat étant plus chaud. Cependant je ne crois pas que ces frères soient dans l'erreur à cet égard., Pour la sainte Cène je suis d'accord avec eux. De même que Jésus rompit le pain avec Judas, il peut bien arriver la même chose, sans que notre communion soit troublée; seulement je ne devrais pas entretenir des rapports intimes avec les impies.

Maintenant, pour la dissidence, c'est une question. Je sais qu'à la place de ces frères, je me serais séparé sans balancer de l'église nationale, puisqu'ils y étaient persécutés, et cela par les pasteurs eux-mêmes. Du reste, j'éprouve une grande sympathie pour tous les frères dissidents; je les aime et les crois dans le vrai, non pas que je me détache de l'église nationale ou que je la méprise, non, je ne crois jamais sortir de son sein. Qu'il serait beau que l'Église d'aujourd'hui marchât sur les traces de l'Église primitive, indépendante et sans formes!

Mardi 28 février. - Vraiment j'éprouve ce que jamais encore je n'ai éprouvé. Je me sens peu à peu entraîné vers la mondanité que je hais cependant. C'est aujourd'hui le Mardi gras et, depuis dimanche, j'ai éprouvé certains désirs de voir le boeuf gras. C'est là évidemment un pas en arrière. Mais, d'un autre coté, il me vient bien souvent dans la journée de ces désirs missionnaires que je devrais transcrire à l'heure même sur mon cahier. Si je veux jouir de ce bonheur pur que je connais, je n'ai qu'à porter mes pensées sur le nord de l'Amérique ou bien encore sur cette Patagonie (1) et cette Nouvelle-Zélande ! Oh que je désirerais, que je désirerais aller près de mes chers Patagons ou Nouveaux-Zélandais ! Plus j'y pense, plus je les aime !

Ah ! je l'ai entendue, je l'ai comprise, la voix de mon Sauveur, qui, comme autrefois à Lévi, m'a dit: « Suis-moi ! » Plus d'une fois j'ai exposé à mon Dieu, comme un invincible. obstacle, nia profonde misère, mon incapacité sans bornes et sans pareilles; mais il m'a répondu par ces paroles consolantes : « Ma grâce te suffit. » Alors, au sein de ma faiblesse, au fort de mon désespoir de moi-même, je me suis senti plus fort que jamais; quand j'étais faible, c'est alors que j'étais fort et que je m'écriais avec Paul: « Je puis tout par Christ qui me fortifie ! »

Ah ! quelle grâce, mon Dieu, quelle grâce m'as-tu accordée de m'appeler à devenir ouvrier dans ta moisson, ouvrier dans la mission. Je ne désire plus rien, mon Dieu, sinon que me dévouer tout entier et sans aucune réserve pour toi. Et la plus grande grâce que je te puisse demander est de m'envoyer là où tes missionnaires n'ont pu encore aller, la où ces frères, que j'aime parce que je t'aime, marchent loin de toi ne te connaissant pas ! Mon Dieu, les pays te sont connus, et qu'ai-je besoin de te nommer la Patagonie, la Nouvelle-Zélande ? Ah! si tu as préparé là ma petite place, tous mes voeux sont accomplis et ce qui me reste à te demander, Ô mon cher Père, c'est la fidélité, l'amour, la foi; c'est que toi-même tu me prépares, et que tu prépares aussi mon futur champ de travail.

Lundi 17 avril 1854. - Aujourd'hui je m'occupe fort de l'examen qui doit avoir lieu demain. Je doute beaucoup de moi-même. J'ai beaucoup travaillé ces derniers temps, je crains de ne pas être prêt. Je ne voudrais pas cependant faire de la peine à ces messieurs. Mon Dieu ! tant de fois j'ai crié à toi et toujours, dans ton amour, tu m'as exaucé. Oh! daigne, daigne encore me venir en aide, je t'en supplie

C'est pour ta gloire, Seigneur ! Si toutefois tu juges à propos de m'humilier, cependant, Seigneur, ne permets pas que mes bienfaiteurs le soient pour moi.

Mardi 18 avril. - Dieu soit à jamais loué! je viens de passer un assez bon examen. J'en suis bien heureux, non seulement pour moi, mais surtout pour M. Grandpierre.

Lundi 24 avril. - Je me suis occupé toute l'après-midi à lire les Mémoires de M. A. Bost (2) et je ne puis que m'écrier avec vérité : « Comme dans l'eau le visage répond au visage, ainsi le coeur de l'homme répond au coeur de l'homme ! » Ce cher M. Bost ! Il m'est doublement cher depuis que je le connais par son ouvrage. Le Seigneur m'a fait comme lui marcher dans un chemin de douleur. Oh ! s'il te plaisait aussi, mon bon Père, d'accomplir ton oeuvre en moi comme tu l'accomplis en M. Bost ! Oui, rends-moi plus chrétien et je serai par cela même plus missionnaire ! On dirait que mes combats intérieurs sont calqués sur ceux de M. Bost, Seigneur, fortifie-moi !

Mercredi .26 avril. - Il y a deux hommes à Paris que j'aime au delà de toute expression. M. Ami Bost et M. Hocart.

Jeudi -27 avril. - Depuis que, j'ai lu les Archives du Méthodisme, il se passe quelque chose de bien singulier en moi. D'abord, j'éprouvais quelque peu de répugnance pour le méthodisme que je considérais comme une secte; maintenant, chose étrange, je m'y sens attiré. Un examen est nécessaire. D'abord j'ai toujours été très et peut-être trop large dans mes opinions à l'égard des différents partis de l'Eglise ; je sympathise avec les nationaux, les wesleyens méthodistes, les moraves, les darbystes, en tout ce que je crois conforme à la sainte Parole de Dieu. Certainement, dans ces petites fractions de l'Église il y a plus de vie, bien plus que dans notre vieille église nationale, où les formes et le rationalisme ont peu à peu pris la place de la vie.

Cela s'explique, puisque ce sont des chrétiens qui, par motifs de conscience, sentent le besoin de s'unir; aussi, de tout temps, je me suis senti attiré à eux. Pourrais-je oublier les heureux moments que j'ai passés avec quelques frères darbystes? Malheureusement je connais peu les frères moraves. Je ne connais les méthodistes que depuis que je suis à Paris.

D'un autre côté, j'ai aussi éprouvé la même ou, du moins, à peu près la même édification à l'église nationale. Devrais-je donc quitter cette église pour entrer dans ces communautés-là ? C'est une question de dissidence, mais je ne la puis résoudre maintenant, le Seigneur ne m'a point éclairé à cet égard. Je comprends combien il serait désirable que l'Église fût indépendante de l'État, mais serait-ce ce qui la rendrait orthodoxe et vivante? Je ne le crois pas. Aujourd'hui l'église établie deviendrait indépendante, les dissidents seraient encore dissidents; un acte semblable ne changerait ni les coeurs d'un coté> ni les sentiments séparatistes de l'autre. De tous les dissidents, les darbystes sont ceux avec lesquels je pourrais le moins m'accorder, parce que, tout d'abord, je hais l'esprit de parti qui les anime en général; puis je ne crois pas avec eux qu'une fois converti, je n'ai plus à déplorer ma misère, que le diable ne peut rien contre mon salut, et que je n'ai qu'à me réjouir en considérant la gloire qui m'attend, et je ne crois pas qu'il nous appartient, à nous, de nous dire, au détriment de nos frères, rois et sacrificateurs.

Pour moi, chaque fois que je me présente devant mon Dieu, je dois déplorer ma misère, m'humilier devant lui et implorer son pardon. Mon passage ici-bas est abreuvé de larmes et de sang, affligé et torturé par le péché qui, comme la lèpre, couvre tout mon coeur. Ah ! si je demande à mon Dieu une place dans son ciel, je serai trop heureux qu'il veuille bien m'accorder la toute dernière et, de ce bienfait immense, mon âme l'en bénira toute l'éternité !

Les moraves ne sont point dissidents et c'est ce qui longtemps m'a attiré vers eux. Et les méthodistes, qu'est-ce qui m'attire à eux? Leur société, si, en pratique comme en théorie, elle est une véritable société non une église, leur organisation admirable quoique un peu compliquée, leurs réunions d'expériences, et surtout, surtout peut-être, M. Hocart !

Vendredi 28 avril. - L'assemblée des Missions, hier, a été vraiment pour moi une grande fête. Elle avait lieu à une heure. Il y avait beaucoup de monde. M. G. Monod, disant qu'il avait le coeur un peu mahométan, a plaidé avec feu la cause des Turcs : « Il faut y envoyer un missionnaire, » a-t-il dit, et je répondais intérieurement : Moi, moi, j'irai l'année prochaine, soldat peut-être (3)! Pendant que je tenais la bourse, j'eus le bonheur de parler à Mme André-Walther : « Voilà, me dit-elle avec affection, le missionnaire qu'on enverra en Turquie! » - A la volonté du Seigneur!

Samedi 29 avril. - J'ai assisté à la Société de l'Instruction primaire. Nous y allions en grande partie pour entendre M. Guizot, petit grand homme, d'un aspect de moine, c'est-à-dire d'une mine sérieuse et sévère, assez désagréable à entendre. Parmi les orateurs, M. A. Bost et M. Grandpierre m'ont fait plaisir.

Oratoire, 7 mai 1854, école du dimanche. - Il y a soixante ans, dit M. Montandon, qu'on ne pouvait en France embrasser le ministère sans se dévouer à la mort. A cet effet, il cite l'exemple de Rabaut.

0 mon Dieu, je n'ai point encore ce degré de foi et de dévouement! Mais cependant, en me donnant à toi comme missionnaire, oh ! je veux me donner à toi tout entier, oui tout entier. Je suis donc à toi, 0 mon bon Sauveur, je suis à toi, fais donc de moi ce qu'il te semblera bon. Qu'il m'est doux de pouvoir t'offrir mon corps et ma vie ! prends-moi à toi, c'est-à-dire prends possession, une entière possession de mon coeur !

Lundi 8 mai. - J'éprouve un brûlant désir de travailler dans la vigne du Seigneur, en visitant les pauvres et les malades par exemple. La vue de quelques pauvres chiffonniers, qui passent chaque jour dans notre rue, me brise le coeur.

Mardi 9 mai. - Une petite aumône que j'ai faite à un pauvre musicien m'a rempli de joie et de bonheur. Pauvre homme, avec quel contentement il me regardait! Si seulement j'avais pu lui dire quelques mots! Mon désir de faire des visites aux pauvres et aux malades devient toujours plus vif. J'en ai parlé à M. Boissonnas. J'irai au plus tôt voir M. Vernes et j'ai tout lieu de croire que Dieu m'ouvrira bientôt cette petite porte dans sa vigne. Qu'Il le veuille !

Lundi .22 mai. - Je n'ai point étudié jusqu'à présent comme j'aurais dû.

Mercredi 7 juin 1854. - Il fait bien froid depuis hier. Je crains beaucoup pour les vignes et les blés. Mes pauvres parents! Dieu leur vienne en aide.

9 heures soir.- - Je suis dans un grand embarras pécuniaire, sans le sou, avec des dettes. Que faire? Je ne puis cependant pas m'adresser à mes pauvres parents!

Ma version d'épreuve est difficile. Je ne serai jamais qu'un pauvre ignorant, et peut-être absolument incapable de travailler au service de Dieu. Ce désir même semble n'être pour moi qu'ambition et qu'orgueil, tant je suis faible et pourri.

Dimanche 11 juin. - Je sens toute mon incapacité pour travailler dans la vigne de Dieu. Mon école du dimanche me donne beaucoup de souci ; je ne sais que dire à mes enfants et je serais presque porte à donner ma démission. Cependant je retire moi-même un grand bien de l'école, car elle me fait prier, et c'est beaucoup. Si je recule devant cette modeste tâche, que sera-ce quand je serai en mission? 0 mon Dieu, combien j'ai besoin que tu agisses en puissance dans mon coeur. Dieu, mon Dieu, viens à mon aide!

9 heures soir. - Mélancolique et un peu souffrant, je me sentirais trop heureux près du Seigneur ! « Pour moi vivre c'est Christ et mourir m'est un gain ! » Seigneur, prends-moi bientôt à toi!

Lundi 12 juin. - J'ai passé hier un dimanche comme jamais. Certainement Dieu est bon et fidèle à ses promesses. Mon école a été vivement intéressante; J'étais, malgré mes craintes antérieures, tout feu, tout hardiesse et tout amour pour le bien de mes chers enfants. J'ai entendu prêcher M. Coquerel père : discours éloquent, qui m'a beaucoup plu et que je me propose de reproduire. De la chapelle, je me rendis aux Champs-Élysées où j'entendis pour la première fois les chanteurs et d'où je revins le coeur navré de douleur de ce spectacle. Ah! ces pauvres âmes, si elles connaissaient Dieu !

Jeudi 15 juin. - J'ai pu enfin voir ce bien cher M. Hocart. Quels doux et précieux moments j'ai passés dans son petit cabinet! La prière a fait le sujet de notre entretien. Quels bons conseils il m'a donnés ! « Dès le matin, m'a-t-il dit, consacrez à Dieu votre travail, et, dans la journée, poussez souvent des soupirs vers lui; c'est l'explication de ce passage : Priez sans cesse. Le soir, recueillez-vous devant Dieu. »

Samedi 17 Juin - L'appel que le Comité des Missions a adressé pour de nouveaux missionnaires et que j'ai lu hier, a fortement retenti dans mon coeur. Dans trois ans, dit le Comité, nos huit élèves, malgré leur jeunesse, pourront peut-être recevoir l'imposition des mains. Nouvelle douce et affligeante! Dans trois ans! dans trois ans ! Je ne puis croire qu'on ait pensé à moi. Dans trois ans, je pourrai, peut-être, être bachelier ; mais ne faut-il pas quelque chose d'autre qu'un baccalauréat, ou plutôt est-ce nécessaire ou utile d'en avoir un, pour aller au milieu de ces pauvres sauvages? Je suis tellement ignorant en toutes choses et sur la Parole de Dieu surtout! J'en rougis! Mais... le Seigneur y pourvoira. Il est vrai que d'ici là j'ai à franchir un obstacle qui n'est pas rien : ma conscription. Mais, pour cela encore, « il y sera pourvu sur la montagne de l'Éternel ». J'ai le coeur plus sauvage que turc; mais, si mon divin Maître trouve bon de m'envoyer chez ces disciples de Mahomet, il me fera aussi, je le sais, turc-mahométan.

Mardi 20 juin. - J'ai lu les Mémoires de Bost, une bonne partie de la soirée. J'éprouve de vifs regrets, ces jours-ci, de ne point connaître mieux la Parole de Dieu; je la lis si rarement, et encore avec quel esprit ! Je désirerais la lire bien pour y puiser mes convictions et me former une confession de foi qui soit véritablement mienne et fondée tout entière sur la Bible. Je désirerais aussi, comme Bost, avoir la prière de toutes les heures. D'ailleurs je désire, comme il le dit, mettre à ma vie un corset; j'espère que si je ne puis auparavant le faire, j'emploierai mes vacances à étudier la Parole et à m'édifier sur les vérités évangéliques.

Mercredi 27 juin. - Ce n'est pas tous les jours que je suis heureux, aussi je ne veux pas m'aller coucher sans dire que je suis heureux.

Samedi 1er juillet 1854. - Les enfants de l'école du dimanche sont presque aussi avancés que moi et il y en a d'autres qui le sont bien plus. Et c'est moi qui sais cet élève missionnaire qui, dans deux ou trois ans, espère... oui, qui espère aller publier cette bonne nouvelle, dont je suis si peu instruit moi-même, à de pauvres sauvages, à de pauvres Patagons peut-être 1 Enfin le Seigneur y pourvoira et sa force s'accomplira dans ma faiblesse.

Jeudi dernier, j'ai été faire des visites à deux de mes élèves. Ce n'est qu'avec timidité que je me suis introduit dans ces deux maisons; c'était pour moi un grand sacrifice. Je ne suis point homme de salon, grâce à Dieu; mais je désirerais bien pourtant être un peu plus dégourdi.

Lundi 3 juillet. - Heureux, débordant plus que jamais de bonheur, je ne puis exprimer ce qui se passe dans mon âme. Je brûle de servir mon divin Maître, d'annoncer, de publier son salut, et je porte avec bonheur mes regards et mes espérances vers mon pays, vers ma chère famille; je regrette presque d'être né à Asnières et d'être si jeune, car « un prophète n'est jamais honoré dans son pays », et pourtant je voudrais dire à tous ces pauvres gens d'Asnières qu'ils ont un Sauveur qu'ils ne connaissent pas encore! Ah! si seulement je pouvais écrire !

C'est aujourd'hui la réunion mensuelle des Missions! Que j'en suis heureux! 0 mon bon Père, je t'en bénis! donne-moi d'en profiter!

Même jour (écrit au crayon, à l'Oratoire même). - Mon Dieu! mon Dieu ! c'est à toi seul que je crie! Entends mes soupirs et mes cris! Vois et exauce les voeux et les transports de mon coeur. Je viens déposer à tes pieds mes chers Patagons ! Seigneur, tu lis dans mon coeur et moi-même je ne puis te dire tout ce qui s'y passe. Entends-moi, mon Dieu!

Samedi 8 juillet. - Je sens un pressant besoin d'écrire et de parler, et, si j'osais, je demanderais au Comité de me laisser libre d'aller évangéliser au lieu d'aller chez nous. Et pourtant la Parole de Dieu est pour moi un tel mystère!

Mardi 18 juillet, 7 heures matin. - Non, jamais je ne me ferai d'amis !

1 heure soir. - On parle beaucoup du choléra et moi-même je ne suis pas exempt de craintes; mais je tâche de les chasser par la ferveur de la prière. Sans doute, il me serait bien pénible de mourir ainsi, loin de ma mère et au moment de la voir; mais pourtant je serais si heureux d'être près de mon Sauveur. Mes travaux seraient finis et en peu de temps !

Vendredi 21 juillet. - Je lis dans le Journal des Missions : « Sans se laisser décourager par le résultat d'une première entreprise, la Société pour l'évangélisation de la Patagonie s'occupe des moyens d'envoyer dans ce pays de nouveaux missionnaires. » Cette nouvelle me réjouit mais m'afflige : elle me réjouit parce que ce pays que je porte sur mon coeur va enfin recevoir la bonne nouvelle, elle m'afflige parce que je ne suis point prêt à partir.

9 heures soir. - Hier j'ai été voir Mme André-Rivet. Elle m'a prodigué conseils sur conseils. Elle m'a beaucoup engagé à aller à Asnières, mais à y aller en toute humilité, à oublier les hommes pour ne voir que Dieu seul. « Ah! l'orgueil, me disait cette excellente dame, l'orgueil envahit tout notre coeur, soit quand nous regardons au-dessus de nous pour nous élever, soit lorsque nous regardons au-dessous, encore et toujours pour nous élever! » Puis elle m'a beaucoup engagé à m'occuper des enfants et aussi de la culture. Mais ce qui m'a été bien précieux, c'est que cette dame m'a avoué que jusqu'à présent, elle n'avait point encore cru à la réalité de ma vocation; elle attribuait ce désir d'aller en mission à l'orgueil et à d'autres sentiments que, grâce à Dieu, je n'ai point reconnus en moi. Le soir, j'ai eu un bon entretien avec M. Boissonnas.

1. On était, en ce moment, sous l'impression de la mort, en Patagonie, de Gardiner et de ses compagnons (1851). Une expédition destinée à leur porter des vivres ne trouva que leurs cadavres (1852). (Ed. F.) 

2. Mémoires pouvant servir à l'histoire du réveil religieux. Paris, in-8, trois volumes, dont les deux premiers parurent en 1854 et le troisième en 1855. (Ed. F.)

3. On était au début de la guerre de Crimée. (Ed. F.)

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