Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

V

GUERRE A L'ÉVANGILE

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La plupart des réclamations, du reste, arborent hardiment le drapeau de l'impiété.
Le christianisme conseille la résignation, il assigne aux femmes la place qu'elles doivent occuper et les y enchaîne; rejetons le christianisme! N'a-t-on pas sanctionné en son nom l'oppression des ouvriers et l'esclavage? N'a-t-on pas soumis en son nom les familles et en particulier les femmes à la direction des prêtres?
Il ne s'agit à pas de savoir ce qu'on a dit ou fait au nom du christianisme - une foule d'iniquités, de sottises et de tyrannies ont été consacrées ainsi; - il s'agit de savoir ce que le christianisme a dit ou fait lui-même. Le christianisme n'est pas responsable des crimes ou des erreurs de ceux qui, après l'avoir corrompu, s'en sont servis comme d'un bouclier pour couvrir toutes leurs passions et tous leurs despotismes.

Regardez l'Évangile dans sa pureté. Il fonde l'égalité à côté de l'autorité; il place au même rang, il appelle aux mêmes destinées les hommes et les femmes. Et tout en faisant cela, il établit ce, caractère exclusivement féminin, cette existence d'intérieur que la femme ne déserte jamais sans déchoir. Depuis que l'Évangile a paru dans le monde, et pas avant, s'est introduit l'ensemble d'idées qui a fait cesser l'oppression des pauvres, qui a détruit l'esclavage, qui a réalisé des libertés croissantes, et qui, pour les femmes en particulier, a opéré une émancipation telle, amené de tels progrès que ceux qu'on propose aujourd'hui sont misérables à côté.

Je trouve autant de folie que l'ingratitude dans ces assauts contre l'Évangile livrés par des femmes qui doivent tout à l'Évangile. Ne savent-elles pas que ce qu'elles désirent, j'entends les bonnes victoires, dépend des sentiments que la foi chrétienne mettra dans le coeur des hommes et dans leur propre coeur? N'ont-elles jamais pensé à l'enfer terrestre où elles tomberaient si le ciel se fermait sur leur tête, si les prières cessaient, si rien d'éternel n'entrait dans les relations de famille? C'est bien alors que leur mission s'abaisserait, que leur influence morale disparaîtrait, que la force régnerait seule, qu'on les exclurait brutalement de la vraie vie, des travaux, des professions, des enseignements, des questions que les hommes voudraient se réserver.

Si vous en doutez, promenez vos regards sur les temps antérieurs au christianisme et sur les pays qu'il n'a pas encore transformés. Prenez cette loi romaine qui assimilait les femmes aux enfants, donnant au pater familias droit de vie et de mort sur elles. Prenez la Grèce, et Rome encore, avec leurs gynécées, avec ces spectacles d'une indicible corruption: divorces continuels, crime contre nature. Prenez l'Amérique dans sa portion sauvage! La squaw du Peau-rouge, y croupit sous un asservissement absolu, les durs travaux sont pour elle, c'est elle qui porte les fardeaux, elle vit des restes que le mari lui laisser après s'être repu, Son mari la quitte et la reprend comme il lui plaît, voilà l'idylle. Quant aux enfants de ces unions éphémères, à peine attachés à leurs parents par un lien très-éphémère aussi, ils quittent dès qu'ils le peuvent le wigwam paternel, et c'est à peine si dès ce moment on se connaît. Voyez l'Afrique! Écoutez les récits de Speke et Grant sur la dégradation de ses femmes à l'engrais. Parcourez l'Orient. Est-ce la Chine? sont-ce les Indes ? L'infanticide portant sur les filles y produit d'effroyables massacres; pour que l'usage de ces meurtres quotidiens pratiqués sur une grande échelle se soit ainsi établi et perpétué, il faut que ni la femme ni la mère n'existent en quelque sorte dans toute l'étendue de ces royaumes démesurés. Est-ce Java? est-ce Siam? est-ce l'Égypte? est-ce la Turquie? Partout la femme, mariée enfant, sans avoir vu son fiancé, sans avoir été vue de lui, sans être consultée, rencontre cet abaissement de la réclusion pour lequel on ne trouve pas de termes : vie nulle, développement nul, intimité nulle; ni travail, ni intérêt d'aucune espèce; la maternité même dénaturée ! se baigner, se parer, tuer le temps, accepter des rivales, vivre dans l'attente du divorce, ne, rien apprendre, ne rien savoir, souffrir, se heurter contre les barreaux de la cage, c'est toute l'existence et c'est fout l'avenir. À Siam, lorsqu'un grand seigneur est ruiné, il vend ses femmes et ses enfants; ses filles vont peupler d'autres harems. Plus on s'éloigne des frontières chrétiennes, plus la femme descend les degrés qui mènent de l'être perfectible à la chose; le point exact où commence l'Évangile marque la fin d'une si prodigieuse abjection. Placez l'Évangile au milieu de ces ténèbres, tout s'éclaire. Ainsi, dans le Liban, l'enseignement des écoles fondées par madame Thompson a déjà produit de notables progrès.

Les jeunes filles musulmanes suivent les leçons; plusieurs femmes ont demandé d'y être admises ; les hommes consentent, approuvent, et, renonçant aux unions précoces. usitées jusqu'ici, recherchent en mariage les élèves de madame Thompson. De là à l'abolition, en fait de la polygamie, il n'y a qu'un pas,

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