Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

II

LES RÉCLAMATIONS DES FEMMES

I

L'OPINION

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C'est une vieille tradition que le mépris des femmes : elle remonte à l'antiquité la plus reculée et descend jusqu'à nous. Railleries des poètes de la Grèce et de Rome, bouffonneries du moyen âge, sermons et prêches, tout le courant de la Renaissance qui va de Rabelais à Voltaire et à Béranger, rien ne manque à cette interminable ironie qui n'a cessé d'exercer sa verve aux dépens d'une moitié du genre humain.
L'Orient, sous ce rapport, ne le cède point à l'Occident la satire contre les femmes occupe une grande place dans la littérature orientale; aujourd'hui comme autrefois les défauts des femmes défrayent, dans les cafés de Constantinople et du Caire, les récits du conteur, et celui qu'il y a peu d'années nous entendions à Brousse, en plein air, près d'une eau vive, arrachait plus d'un éclat de rire à son auditoire composé de graves Osmanlis, par la reproduction de scènes de harem où la ruse et les tromperies féminines jouaient le grand rôle.
Ce que Napoléon exprimait grossièrement dans sa colère contre madame de Staël et contre le flot d'idées libérales qui circulait autour d'elle, bien d'autres l'ont dit et répété sur tous les tons : La femme est bonne pour faire des enfants! - Tel est l'axiome dans sa brutalité.

Quelques-uns ajouteront des paroles galantes, mais la conclusion demeure la même; la femme est exclue de cette sphère élevée, apanage de l'homme, où il entre seul, agit seul et se maintient seul. Que la femme fasse des enfants, comme le veut Napoléon; qu'elle veille sur le pot-au-feu, comme le veut Arnolphe; qu'elle serve de jouet à nos fantaisies, comme le veulent tant de romanciers et de poètes, le domaine de la vie supérieure ne lui en reste ni plus ni moins fermé, Depuis qu'il y a des hommes sur la terre, ils se sont entendus, on le dirait, pour exprimer leurs défiances et leur dédain, tantôt par l'organisation de la famille, tantôt par les inégalités légales, tantôt par les moqueries, tantôt par des éloges non moins humiliants, car ils s'adressent à l'être frivole, à la créature aussi insignifiante que séduisante, ils ne mettent en relief que les charmes extérieurs, la beauté, l'élégance ils ne supposent ni l'âme, ni l'individualité. L'amour seul, et quel amour! semble exprimer la mission tout entière de la femme, disons mieux, de la poupée.
On se rappelle ce mot du fabuliste :
« Si nos confrères savaient peindre! »
Les femmes savent peindre, elles nous l'ont prouvé plus d'une fois; même elles savent réclamer; elles éprouvent aujourd'hui le besoin de réagir contre cette longue calomnie qui les a rabaissées; elles veulent échapper au rôle médiocre que l'orgueil masculin leur a de tout temps imposé; elles revendiquent une large émancipation.
L'égalité absolue sur tous les terrains, il ne s'agit de rien moins que cela !

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