Disons-le avant tout, le
titre de
diaconesse s'applique mal aux soeurs de charité dont
il s'agit.
Une seule
diaconesse,
Phoebé, est nommée dans les écrits
apostoliques; rien assurément n'autorise à
penser qu'elle fit partie d'une corporation, au sein de
laquelle auraient régné des principes
absolument contraires à ceux qui réglaient les
autres charges des Églises primitives. Une analogie
naturelle semble l'indiquer au contraire, la diaconesse
remplissait des fonctions pareilles à celles du
diacre; elle satisfaisait aux mêmes conditions, si
simples, si larges, et qui conservent si résolument
à la vie son caractère normal. « Que les
diacres soient maris d'une seule femme, gouvernant bien
leurs enfants et leur propre famille. »
Trouvez-moi là
l'indice
d'un service qui placerait ses agents hors des
éléments de l'existence commune, dans la
dépendance d'une direction, maîtresse absolue
de l'individu.
Il est bon de le
rappeler ici: les
vraies diaconesses, les diaconesses d'Église existent
de nos jours. La petite Église libre à
laquelle j'appartiens n'a pas. nommé seulement des
anciens et des diacres, elle a nommé des diaconesses.
Ces dernières, qu'elles soient célibataires,
mariées ou veuves, peu importe, s'occupent
spécialement de visiter les malades et les indigents.
Elles agissent, soutenues par l'Église, dans l'esprit
de l'Église, et lorsqu'il s'agit de cas difficiles,
sous sa direction. Elles mènent la vie dé tout
le monde. Leur intervention, pas eus que celle des diacres,
n'empêche le développement de la charité
individuelle, car elles ont leur ménage à
soigner, leurs enfants à élever, leur
intérieur à conduire, et ne sont pas, comme
les soeurs, une personnification tellement spéciale
de la charité, qu'on se sente autorisé
à leur en abandonner le travail exclusif.
Notez de plus ce
fait historique.
Dans la constitution si remarquable que s'étaient
donnée, sous l'influence de leur pasteur Robinson,
les puritains réfugiés à Leyde,
constitution où déjà se montrent en
germe plusieurs des grands progrès
réalisés depuis par l'Amérique, cinq
charges figuraient à la base de l'Église; or
les titulaires de la cinquième, qui venaient
après les anciens, les docteurs, les
évangélistes et les diacres, étaient
les diaconesses, nos diaconesses à nous, celles de la
Parole de Dieu.
Les puritains
retournaient sur ce
point comme sur beaucoup d'autres au modèle
apostolique, à la règle unique et
féconde en dehors de laquelle on s'égarera
toujours.
Ici s'élève une
objection.
De mon propre aveu,
disent nos
adversaires, ni les diaconesses d'Église, ni la
charité individuelle ne suffiront à satisfaire
certains besoins. Moi-même j'ai reconnu la
nécessité de former des agents spéciaux
! Cette nécessité ne nous ramène-t-elle
pas aux institutions récemment fondées, aux
corporations des soeurs?
Quelque temps on. a
pu' le penser.
Plus d'un chrétien sincère se persuadait que
sans l'imitation romaine, il n'était pas plus
possible d'obtenir des infirmières
dévouées que d'organiser des hôpitaux
bien desservis. Un véritable vide, convenons-en, se
faisait sentir.
Aujourd'hui,
l'expérience a
prononcé.
Des faits récents
sont
venus démontrer que le christianisme falsifié
de Rome n'a rien à nous transmettre; ces faits sont
venus prouver que la vocation de garde-malade
chrétienne. se produit mieux dans les conditions du
pur Évangile, qu'asservie à des
règlements conventuels.
Vous faut-il un
exemple?
Voilà douze ans
(1)
qu'une
école
évangélique de gardes-malades fonctionne en
Suisse, à Lausanne, dans le canton de
Vaud.
Deux fois par an,
après une
exacte constatation de leur vocation et de leur
piété, huit élèves sont
gratuitement admises dans l'école. Elles
reçoivent pendant cinq mois des leçons
théoriques. Surtout elles s'exercent à la
pratique, soit par des visites à l'hôpital,
soit par le soin assidu - stations de jour, veilles la nuit
- des malades à domicile.
Un sérieux examen,
passé devant des hommes compétents, termine le
cours; des brevets, selon la capacité et l'acquis,
sont conférés aux gardes-malades qui se
placent, les unes dans nos hôpitaux protestants, les
autres, en qualité d'infirmières
indépendantes, dans tel ou tel centre : celles-ci
employées par une église, celles-là
occupées par quelque association charitable, toutes
en activité.
L'oeuvre est une
oeuvre de
liberté; aussi la direction cesse-t-elle avec
l'apprentissage. Les relations les meilleures se
maintiennent entre le directeur de l'école et les
élèves; volontiers celui-ci les aide et les
patronne; son action s'arrête là; leur
indépendance demeure intacte, respectée, et
chacune d'elles suit sa carrière, sous sa propre
responsabilité.
Si l'on a pu se
passer de la
direction perpétuelle, condition sine qua non des
corporations de soeurs, on a pu se passer également,
cela va sans dire, du célibat de fait qui
non-seulement caractérise les corporations, mais qui
en forme, l'essence même et l'indispensable
noeud.
Les élèves de
l'école de Lausanne, sont indifféremment
célibataires, mariées ou veuves. Chacun des
cours, ou peu s'en faut, voit ces trois catégories
représentées autour de la table de
famille.
Point de costume,
ai-je besoin de
le répéter? D'assez grandes
inégalités sociales se sont plus d'une fois
trouvées côte à côte, durant les
cinq mois de vie en commun; le nivellement par l'habit
semblait indiqué pour éviter certains
froissements, pour effacer certaines différences.
Mais ces froissements n'ont jamais existé, mais ces
différences font partie de l'existence normale; et la
villageoise, et la demoiselle, chacune vêtue
proprement d'une manière conforme à sa
position, ont constamment marché de bon accord, en
chrétiennes, sans que la grosse robe de l'une ou
l'étoffe plus fine, la coupe plus
élégante des vêtements de l'autre
fissent naître le moindre problème social dans
leur esprit.
Personne n'a imaginé
de
donner aux élèves -un autre nom que celui de
leur belle profession. Elles sont gardes-malades, pas autre
chose.
Soeurs! pourquoi
soeurs? - Oui,
elles sont soeurs; dans le sens vraiment scripturaire du
Mot, dans le sens large et universel. Il a fallu le
système romain avec ses classements contraires
à l'Évangile, avec ses divers degrés de
sainteté, avec ses clercs et ses moines plus
rapprochés de Dieu que les chrétiens de la vie
ordinaire, pour enlever à ceux-ci leur nom, de
famille, le nôtre, le titre qui appartient à
tous les membres du corps de Christ, et pour faire de ce
titre un monopole spécial, exclusivement
réservé aux corporations. Tout comme les
élèves de Lausanne ont répudier le
costume, bien persuadées que Celui qui ne veut pas
que notre main droite sache, ce que fait notre main gauche,
ne nous a pas invités à proclamer notre
vocation charitable par des signes extérieurs, bien
résolues à ne point attirer sur elles
l'attention et le respect par un vêtement
réglementaire qui serait l'emblème du
dévouement, ces élèves ont
apporté la même humilité à se
passer du prestige que donne une apparente gratuité
des soins (2).
Nos gardes-malades,
au sortir de
l'école, gagnent simplement leur vie en recevant une
modeste rétribution due à leur
travail.
Nous vivons
tellement sous
l'influence de la fausse sainteté créée
par l'Église romaine, il nous faut tellement la mise
en scène du désintéressement, que nous
en sommes venus à considérer le salaire sinon
comme une flétrissure, du moins comme une chose
infime, vulgaire, ignoble, incompatible avec les grands
renoncements de la haute consécration.
Les apôtres
ignoraient ces
raffinements quintessenciés. Ils étaient trop
simples et trop vrais pour en concevoir l'idée :
« L'ouvrier, disaient-ils, est digne de son salaire
», et ils recommandaient de donner un double honoraire
à certaines classes d'anciens.
Nous-mêmes, ne
trouvons-nous
pas tout naturel que nos magistrats soient salariés,
que nos pasteurs soient salariés, que nos
missionnaires soient salariés? Mais dès qu'il
s'agit des corporations charitables, la tradition romaine
reparaît avec cette puissance de
ténacité qu'ont les idées fausses, et
dans le fait du salaire, humble, légitime,
évangélique, nous ne sommes pas loin de voir
un abaissement. Notez-le d'ailleurs, messieurs, la
gratuité du service des malades, remise si fort en
honneur par les corporations, n'a, en fait, pas de
réalité. Les faibles émoluments que
reçoivent nos gardes-malades sont loin
d'équivaloir à l'entretien complet, absolu,
des soeurs; surtout ils ne sauraient égaler la
retraite assurée qui attend celles-ci, leur tache une
fois accomplie, les garantissant contre tous besoins,
pourvoyant à toutes chances de maladie, de fatigue ou
d'infirmités, et cela jusqu'à la
mort.
Il n'y a donc chez
nous qu'un
retour à la vérité des habitudes
évangéliques, qu'une rupture avec cette
charité théâtrale, avec ce renoncement
à fracas que Rome, qui s'y entend, avait, si
habilement organisés
Appellation
particulière,
costume, gratuité prétendue, tout cela
disparaît; le dévouement modeste, vrai, sans
apparat subsiste; or celui-là nous
suffit.
Ajoutons-le en
passant. Plusieurs
fois, des personnes appartenant aux classes aisées de
la société ont figuré parmi les
élèves. Elles se sont, leur apprentissage
achevé, vouées à soigner les malades,
sans accepter, cela va de soi, une
rémunération dont elles n'avaient pas besoin.
En agissant ainsi, elles n'ont pas un instant
imaginé, vous pouvez m'en croire que leur
dévouement gratuit surpassât le
dévouement rétribué de leurs compagnes,
moins favorisées, tout aussi consacrées au
Seigneur (3).
Si j'ai mentionné avec
quelques
détails l'institution des gardes-malades à
Lausanne - institution très-modeste
assurément, c'est qu'elle fournit l'évidente
démonstration de plusieurs vérités
contestées.
Elle prouve que le
soin des
malades se passe parfaitement des formes empruntées
à l'Église de Rome; elle prouve que
l'Évangile, appliqué tel quel, possède
une puissance sur laquelle nous ne comptons pas
assez.
Moins d'organisation
et plus de
vie, appel à l'action libre de l'individu,
développement des forces immenses que la foi met au
service de la charité, voila notre
programme.
Au lieu de vous
parler d'une
petite école suisse, j'aurais dû vous parler
des grands exemples américains.
Pendant la guerre
civile, qui donc
s'est chargé des blessés et des malades? Qui a
créé ces admirables asiles, ces soldiers-homes
dont les toits bénis marquaient les étapes, de
Washington au Texas? Qui a transformé ces asiles en
maisons paternelles où l'on respirait presque
l'atmosphère du chez soi? Qui a fondé l'oeuvre
immense, l'oeuvre merveilleuse de la commission sanitaire?
Qui a réuni les dons, non-seulement l'argent, le
linge, la charpie, mais les vêtements, le vin, les
cordiaux, les livres, le papier, lès jeux, les fleurs
et les fruits dont les parfums et la saveur venaient
rappeler le village natal?
Vous le savez comme
moi, les
femmes américaines - c'est toujours aux femmes
qu'appartient le grand rôle en pareil cas -
s'étaient données elles-mêmes - elles
avaient écarté la charité par
procuration. Elles écrivaient les lettres des soldats
mutilés, elles servaient les blessés de leurs
douces mains, les entourant du bien-être, que dis-je ?
du luxe et des délicatesses qu'un coeur de femme peut
seul inventer.
Mon ami M. Laboulaye
a fait
connaître à l'Europe - dans un travail que tout
le monde a lu - ces Hospitals Days, ce journal d'une dame
qui a dirigé pendant la guerre l'établissement
sanitaire de Fairfax, près de Washington
(4).
Il nous a parlé de
madame
Barlow. Le jour même de son mariage, madame Barlow
part avec son mari pour l'armée. M. Barlow parvient
au grade de général. Madame Barlow fait toutes
les campagnes dans les ambulances, et meurt à la
peine, devant Pétersburg. Quelle union ! Quelle noble
et courte vie à deux! Et que c'est bien là le
véritable dévouement, la consécration
suprême, le soin des malades pratiqué selon la
simplicité, dans la puissance de Christ!
Durant ce terrible
conflit
américain, l'association centrale des femmes pour le
secours des blessés a recueilli quatre cents
millions. Elle a enrôlé une véritable
armée d'infirmières aussi zélées
qu'indépendantes.
L'oeuvre des femmes
ne doit pas
nous faire oublier celle des hommes, en particulier l'action
partout présente et partout efficace de l'Union des
jeunes gens.
Je rappelle exprès
ces
détails qui vous sont bien connus, messieurs. Ils
prouvent avec une incomparable clarté que les
corporations charitables de soeurs n'ont rien à faire
chez vous, qu'elle ne vous apporteraient rien, et que leur
absence ne s'est pas fait regretter un instant.
Nos hôpitaux remplis
de
soeurs ont-ils présenté quelque part des
résultats aussi beaux que vos baraques desservies par
les volontaires de la charité, que ces
édifices bien aérés où l'on a
supprimé le typhus, d'où l'on a banni le
scorbut, où le nombre des morts a été
réduit au delà de toute
prévision?
Là, grâce à
des prodiges d'intelligence et de bonté, tels que les
mécanismes les mieux organisés ne les
produiront jamais, on a multiplié les
perfectionnements.
La vie est un grand
maître;
la liberté est un grand inventeur. L'une et l'autre
ont remplacé par de petits asiles bien ouverts au
soleil les vastes hôpitaux infects qui sont des
maisons de mort; elles ont partout introduit des brises
salubres, partout planté des jardins, partout
cultivé les légumes et fait épanouir
les fleurs; elles ont construit des steamers et des wagons
spécialement disposés pour le transport des
blessés; elles ont, ce qui vaut mieux encore,
créé autour d'eux, à force de
sollicitude et d'amour, ces douces illusions de la famille
sous l'action desquelles le coeur se dilate et le corps se
guérit.
Nous voilà bien loin
de la
bienfaisance en gros; nous voila bien loin de cette
Charité toujours un peu officielle toujours un peu
professionnelle, qui caractérise les corporations
jusque dans l'exercice le plus sincère de leur
dévouement.
Il me semble, messieurs,
que les
conclusions de cette rapide étude se
présentent d'elles-mêmes.
Entre les deux
tendances qui se
partagent très-inégalement l'histoire de la
chrétienté, nous avons à
D'un coté se
trouvent les
mécanismes habilement organisés par le
génie administratif du monde latin : beaucoup
d'hôpitaux, l'aumône concentrée aux mains
des spécialités charitables, les corporations
signalées au respect public par le costume, par
l'appellation, par le célibat, par l'apparente
gratuité du service; tous les dévouements
enrégimentés, réglementés,
obéissant à une direction centrale, marchant
avec cet ensemble que produit l'abdication de
l'individu.
D'un autre côté,
l'individu en possession de son indépendance, le soin
des malades et des pauvres confié à l'action
spontanée de l'amour chrétien, chaque enfant
de Dieu placé en face de, soli devoir et ne pouvant
s'en dispenser sous prétexte de le
déléguer à de plus habiles,
l'Évangile enfin pour maître unique, l'exemple
des apôtres pour unique constitution.
Au surplus, vous
l'ayez
remarqué, cette liberté se concilie
parfaitement avec l'ordre. Que l'Église
complète ses charges, qu'outre les diacres elle ait
des diaconesses vivant comme ceux-ci de la vie dé
tout le monde, rien de mieux. Qu'on forme des gardes-malades
instruites, capables, pratiquant leur noble profession avec
autant d'expérience et de savoir que d'amour, rien de
mieux. Que l'on se concerte, que l'on se distribue le
patronage des familles indigentes, que Peu s'arrange pour
prévenir les abus, pour établir entre chaque
pauvre et son patron ces rapports éclairés et
directs qui seuls produisent du bien, rien de mieux. Que
dans les grandes crises on crée des services
extraordinaires et multipliés, à l'exemple des
États-Unis pendant leur guerre civile, rien de,
mieux.
Mais tout ceci,
c'est
l'organisation dans l'indépendance c'est l'ordre dans
la liberté.
La liberté! ne
laissons pas
amoindrir ce principe vital que nous a donné
l'Évangile. L'Évangile a fait plus, il nous a
montré nos privilèges. Notre privilège,
à nous chrétiens évangéliques,
c'est de travailler tous, de combattre tous, de n'avoir
aucune dispense pour aucun devoir.
Voyez comme ils
s'aiment ! disait
l'ancien monde en parlant des disciples du Sauveur. Puisse
venir bientôt l'heure où nous contraindrons le
monde moderne à s'écrier, en parlant de nous :
Voyez comme ils s'aiment!
Messieurs, ne
cherchons pas
ailleurs la vraie solution du problème de la
philanthropie chrétienne; les détails
d'application se révéleront à nous l'un
après l'autre; la vraie charité, la
charité vivante, la charité libre, la
charité individuelle saura les découvrir;
quelque graves et diverses que puissent naître les
circonstances, cette charité-là nous dira ce
qu'il faut faire pour répondre aux besoins de chaque
jour. L'essentiel est le principe. Il importe d'autant plus
de le maintenir, que Rome - personnification des
infidélités progressives à
l'Évangile - nous tentera toujours par l'imitation,
en les modifiant pour notre usage, de ses institutions
aumônières, machines commodes, savamment
conçues, habilement agencées, qui portent avec
elles tout le prestige de la popularité et du
succès.
Nous, messieurs,
restons
fidèles à notre principe. Ayons ce courage,
ayons foi en la puissance de la
vérité.
Et si Rome nous
montre ses soeurs
de charité, nous lui montrerons, nous, nos
églises de charité.
En m'acquittant de la
tâche
délicate qui m'avait été
confiée, je me suis conformé, je
l'espère, à l'esprit de l'Alliance
évangélique, esprit tout pacifique et tout
fraternel. Je n'y ai point eu de peine; mon coeur ne
renferme que des sentiments affectueux, qu'un profond
respect pour les fondateurs des corporations que je
combats.
Loin de chercher à
se
rapprocher de Rome, ils ont cédé, j'en ai la
conviction, à l'ardent désir de servir notre
Réforme, la disculpant du reproche de, dureté,
faisant cesser une infériorité positive dont
son honneur souffrait.
Sachons le
reconnaître, il y
avait chez nous une lacune à combler; tee soins de
l'amour chrétien manquaient parfois à nos
malades.
Sachons le
constater, bien des
êtres souffrants ont rencontré de tendres
sollicitudes, bien des âmes inquiètes ont
trouvé la paix dans les hôpitaux desservis par
les soeurs.
Je dis plus, nous
les adversaires
d'un système que notre conscience nous ordonne de
repousser, nous avons reçu, par le fait même de
l'erreur qu'il représente et que nous devions
désarmer de ses prétextes, nous avons repu des
impulsions qui, sans cela, nous auraient
manqué.
Si nous formons des
gardes-malades
pieuses, n'est-ce point pour l'honneur de la,
vérité, de la simplicité qui sont en
Christ? N'est-ce pas pour faire éclater aux yeux de
tous la suffisance absolue du pur Évangile dans ses
applications à la charité comme dam ses
décisions en matière de foi?
N'oublions pas un
tel service.
L'argument de nécessité sur lequel
s'appuyaient les institutions des soeurs s'est
écroulé devant les faits. Les faits ont
démontré qu'on peut obtenir de vraies
vocations, que de saintes et touchantes consécrations
aux misères humaines peuvent se produire sans le
secours ni des corporations, ni de la direction, ni du
costume, ni du célibat.
Messieurs, il
fallait au
comité qui a préparé le congrès
de l'Alliance, il fallait une audace, il fallait une
virilité de foi tout américaine, pour poser
devant vous
Chez nous, point
d'uniformité factice, point de consciences esclaves;
chez-nous, la liberté, la vérité, les
regards fixés sur l'Écriture, les yeux bien
ouverts, la conscience bien
éveillée.
Ce que nous voulons,
c'est le
vrai. Ce que nos prières à tous vont implorer
de Dieu, c'est le vrai. Ce que nous cherchons par toutes les
puissances de notre âme, par toutes les
énergies de notre volonté, c'est le
vrai.
Et les diversités se
produisent précisément parce que
l'unité n'a rien de faux; parce qu'elle s'alimente de
cette ardente, de cette persévérante poursuite
du vrai; parce que chaque élan, parce que chaque
aspiration vers le vrai en resserre le noeud. Les
diversités se produisent parce que nous avons horreur
des mensonges convenus qui violentent, qui obscurcissent le
sens moral, et qui, par là même, ruinent
l'unité. Les diversités se produisent parce
que tous ensemble nous désirons posséder la
seule foi digne de ce nom : la foi loyale, intègre,
la foi posant de toutes parts sur la bonne foi!
Notre unité, qui n'a
rien
à cacher, qui ne connaît ni les contraintes ni
les réticences, ne perd rien, ce me semble, au
contact de la liberté.
Enfants du même
Dieu,
rachetés du même Sauveur, disciples du
même esprit, serviteurs du même Évangile,
il me semble que nous voyons approcher l'heure où,
s'accomplira cette prière suprême de
Jésus-Christ : « Que tous soient un, comme toi,
Père, es en moi, et moi en toi. Qu'eux aussi soient
un en moi, et que le monde connaisse que c'est toi qui m'as
envoyé. »
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