Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

MÉCANISME ET INDIVIDUALITÉ - LE SOIN DES MALADES ET DES PAUVRES

suite

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VII

Disons-le avant tout, le titre de diaconesse s'applique mal aux soeurs de charité dont il s'agit.
Une seule diaconesse, Phoebé, est nommée dans les écrits apostoliques; rien assurément n'autorise à penser qu'elle fit partie d'une corporation, au sein de laquelle auraient régné des principes absolument contraires à ceux qui réglaient les autres charges des Églises primitives. Une analogie naturelle semble l'indiquer au contraire, la diaconesse remplissait des fonctions pareilles à celles du diacre; elle satisfaisait aux mêmes conditions, si simples, si larges, et qui conservent si résolument à la vie son caractère normal. « Que les diacres soient maris d'une seule femme, gouvernant bien leurs enfants et leur propre famille. »
Trouvez-moi là l'indice d'un service qui placerait ses agents hors des éléments de l'existence commune, dans la dépendance d'une direction, maîtresse absolue de l'individu.

Il est bon de le rappeler ici: les vraies diaconesses, les diaconesses d'Église existent de nos jours. La petite Église libre à laquelle j'appartiens n'a pas. nommé seulement des anciens et des diacres, elle a nommé des diaconesses. Ces dernières, qu'elles soient célibataires, mariées ou veuves, peu importe, s'occupent spécialement de visiter les malades et les indigents. Elles agissent, soutenues par l'Église, dans l'esprit de l'Église, et lorsqu'il s'agit de cas difficiles, sous sa direction. Elles mènent la vie dé tout le monde. Leur intervention, pas eus que celle des diacres, n'empêche le développement de la charité individuelle, car elles ont leur ménage à soigner, leurs enfants à élever, leur intérieur à conduire, et ne sont pas, comme les soeurs, une personnification tellement spéciale de la charité, qu'on se sente autorisé à leur en abandonner le travail exclusif.

Notez de plus ce fait historique. Dans la constitution si remarquable que s'étaient donnée, sous l'influence de leur pasteur Robinson, les puritains réfugiés à Leyde, constitution où déjà se montrent en germe plusieurs des grands progrès réalisés depuis par l'Amérique, cinq charges figuraient à la base de l'Église; or les titulaires de la cinquième, qui venaient après les anciens, les docteurs, les évangélistes et les diacres, étaient les diaconesses, nos diaconesses à nous, celles de la Parole de Dieu.
Les puritains retournaient sur ce point comme sur beaucoup d'autres au modèle apostolique, à la règle unique et féconde en dehors de laquelle on s'égarera toujours.


VIll

 

Ici s'élève une objection.
De mon propre aveu, disent nos adversaires, ni les diaconesses d'Église, ni la charité individuelle ne suffiront à satisfaire certains besoins. Moi-même j'ai reconnu la nécessité de former des agents spéciaux ! Cette nécessité ne nous ramène-t-elle pas aux institutions récemment fondées, aux corporations des soeurs?
Quelque temps on. a pu' le penser. Plus d'un chrétien sincère se persuadait que sans l'imitation romaine, il n'était pas plus possible d'obtenir des infirmières dévouées que d'organiser des hôpitaux bien desservis. Un véritable vide, convenons-en, se faisait sentir.
Aujourd'hui, l'expérience a prononcé.

Des faits récents sont venus démontrer que le christianisme falsifié de Rome n'a rien à nous transmettre; ces faits sont venus prouver que la vocation de garde-malade chrétienne. se produit mieux dans les conditions du pur Évangile, qu'asservie à des règlements conventuels.
Vous faut-il un exemple?

Voilà douze ans (1) qu'une école évangélique de gardes-malades fonctionne en Suisse, à Lausanne, dans le canton de Vaud.
Deux fois par an, après une exacte constatation de leur vocation et de leur piété, huit élèves sont gratuitement admises dans l'école. Elles reçoivent pendant cinq mois des leçons théoriques. Surtout elles s'exercent à la pratique, soit par des visites à l'hôpital, soit par le soin assidu - stations de jour, veilles la nuit - des malades à domicile.
Un sérieux examen, passé devant des hommes compétents, termine le cours; des brevets, selon la capacité et l'acquis, sont conférés aux gardes-malades qui se placent, les unes dans nos hôpitaux protestants, les autres, en qualité d'infirmières indépendantes, dans tel ou tel centre : celles-ci employées par une église, celles-là occupées par quelque association charitable, toutes en activité.
L'oeuvre est une oeuvre de liberté; aussi la direction cesse-t-elle avec l'apprentissage. Les relations les meilleures se maintiennent entre le directeur de l'école et les élèves; volontiers celui-ci les aide et les patronne; son action s'arrête là; leur indépendance demeure intacte, respectée, et chacune d'elles suit sa carrière, sous sa propre responsabilité.

Si l'on a pu se passer de la direction perpétuelle, condition sine qua non des corporations de soeurs, on a pu se passer également, cela va sans dire, du célibat de fait qui non-seulement caractérise les corporations, mais qui en forme, l'essence même et l'indispensable noeud.
Les élèves de l'école de Lausanne, sont indifféremment célibataires, mariées ou veuves. Chacun des cours, ou peu s'en faut, voit ces trois catégories représentées autour de la table de famille.

Point de costume, ai-je besoin de le répéter? D'assez grandes inégalités sociales se sont plus d'une fois trouvées côte à côte, durant les cinq mois de vie en commun; le nivellement par l'habit semblait indiqué pour éviter certains froissements, pour effacer certaines différences. Mais ces froissements n'ont jamais existé, mais ces différences font partie de l'existence normale; et la villageoise, et la demoiselle, chacune vêtue proprement d'une manière conforme à sa position, ont constamment marché de bon accord, en chrétiennes, sans que la grosse robe de l'une ou l'étoffe plus fine, la coupe plus élégante des vêtements de l'autre fissent naître le moindre problème social dans leur esprit.
Personne n'a imaginé de donner aux élèves -un autre nom que celui de leur belle profession. Elles sont gardes-malades, pas autre chose.

Soeurs! pourquoi soeurs? - Oui, elles sont soeurs; dans le sens vraiment scripturaire du Mot, dans le sens large et universel. Il a fallu le système romain avec ses classements contraires à l'Évangile, avec ses divers degrés de sainteté, avec ses clercs et ses moines plus rapprochés de Dieu que les chrétiens de la vie ordinaire, pour enlever à ceux-ci leur nom, de famille, le nôtre, le titre qui appartient à tous les membres du corps de Christ, et pour faire de ce titre un monopole spécial, exclusivement réservé aux corporations. Tout comme les élèves de Lausanne ont répudier le costume, bien persuadées que Celui qui ne veut pas que notre main droite sache, ce que fait notre main gauche, ne nous a pas invités à proclamer notre vocation charitable par des signes extérieurs, bien résolues à ne point attirer sur elles l'attention et le respect par un vêtement réglementaire qui serait l'emblème du dévouement, ces élèves ont apporté la même humilité à se passer du prestige que donne une apparente gratuité des soins (2).

Nos gardes-malades, au sortir de l'école, gagnent simplement leur vie en recevant une modeste rétribution due à leur travail.
Nous vivons tellement sous l'influence de la fausse sainteté créée par l'Église romaine, il nous faut tellement la mise en scène du désintéressement, que nous en sommes venus à considérer le salaire sinon comme une flétrissure, du moins comme une chose infime, vulgaire, ignoble, incompatible avec les grands renoncements de la haute consécration.

Les apôtres ignoraient ces raffinements quintessenciés. Ils étaient trop simples et trop vrais pour en concevoir l'idée : « L'ouvrier, disaient-ils, est digne de son salaire », et ils recommandaient de donner un double honoraire à certaines classes d'anciens.

Nous-mêmes, ne trouvons-nous pas tout naturel que nos magistrats soient salariés, que nos pasteurs soient salariés, que nos missionnaires soient salariés? Mais dès qu'il s'agit des corporations charitables, la tradition romaine reparaît avec cette puissance de ténacité qu'ont les idées fausses, et dans le fait du salaire, humble, légitime, évangélique, nous ne sommes pas loin de voir un abaissement. Notez-le d'ailleurs, messieurs, la gratuité du service des malades, remise si fort en honneur par les corporations, n'a, en fait, pas de réalité. Les faibles émoluments que reçoivent nos gardes-malades sont loin d'équivaloir à l'entretien complet, absolu, des soeurs; surtout ils ne sauraient égaler la retraite assurée qui attend celles-ci, leur tache une fois accomplie, les garantissant contre tous besoins, pourvoyant à toutes chances de maladie, de fatigue ou d'infirmités, et cela jusqu'à la mort.
Il n'y a donc chez nous qu'un retour à la vérité des habitudes évangéliques, qu'une rupture avec cette charité théâtrale, avec ce renoncement à fracas que Rome, qui s'y entend, avait, si habilement organisés
Appellation particulière, costume, gratuité prétendue, tout cela disparaît; le dévouement modeste, vrai, sans apparat subsiste; or celui-là nous suffit.
Ajoutons-le en passant. Plusieurs fois, des personnes appartenant aux classes aisées de la société ont figuré parmi les élèves. Elles se sont, leur apprentissage achevé, vouées à soigner les malades, sans accepter, cela va de soi, une rémunération dont elles n'avaient pas besoin. En agissant ainsi, elles n'ont pas un instant imaginé, vous pouvez m'en croire que leur dévouement gratuit surpassât le dévouement rétribué de leurs compagnes, moins favorisées, tout aussi consacrées au Seigneur (3).


IX

Si j'ai mentionné avec quelques détails l'institution des gardes-malades à Lausanne - institution très-modeste assurément, c'est qu'elle fournit l'évidente démonstration de plusieurs vérités contestées.
Elle prouve que le soin des malades se passe parfaitement des formes empruntées à l'Église de Rome; elle prouve que l'Évangile, appliqué tel quel, possède une puissance sur laquelle nous ne comptons pas assez.
Moins d'organisation et plus de vie, appel à l'action libre de l'individu, développement des forces immenses que la foi met au service de la charité, voila notre programme.

Au lieu de vous parler d'une petite école suisse, j'aurais dû vous parler des grands exemples américains.
Pendant la guerre civile, qui donc s'est chargé des blessés et des malades? Qui a créé ces admirables asiles, ces soldiers-homes dont les toits bénis marquaient les étapes, de Washington au Texas? Qui a transformé ces asiles en maisons paternelles où l'on respirait presque l'atmosphère du chez soi? Qui a fondé l'oeuvre immense, l'oeuvre merveilleuse de la commission sanitaire? Qui a réuni les dons, non-seulement l'argent, le linge, la charpie, mais les vêtements, le vin, les cordiaux, les livres, le papier, lès jeux, les fleurs et les fruits dont les parfums et la saveur venaient rappeler le village natal?

Vous le savez comme moi, les femmes américaines - c'est toujours aux femmes qu'appartient le grand rôle en pareil cas - s'étaient données elles-mêmes - elles avaient écarté la charité par procuration. Elles écrivaient les lettres des soldats mutilés, elles servaient les blessés de leurs douces mains, les entourant du bien-être, que dis-je ? du luxe et des délicatesses qu'un coeur de femme peut seul inventer.
Mon ami M. Laboulaye a fait connaître à l'Europe - dans un travail que tout le monde a lu - ces Hospitals Days, ce journal d'une dame qui a dirigé pendant la guerre l'établissement sanitaire de Fairfax, près de Washington (4).
Il nous a parlé de madame Barlow. Le jour même de son mariage, madame Barlow part avec son mari pour l'armée. M. Barlow parvient au grade de général. Madame Barlow fait toutes les campagnes dans les ambulances, et meurt à la peine, devant Pétersburg. Quelle union ! Quelle noble et courte vie à deux! Et que c'est bien là le véritable dévouement, la consécration suprême, le soin des malades pratiqué selon la simplicité, dans la puissance de Christ!

Durant ce terrible conflit américain, l'association centrale des femmes pour le secours des blessés a recueilli quatre cents millions. Elle a enrôlé une véritable armée d'infirmières aussi zélées qu'indépendantes.
L'oeuvre des femmes ne doit pas nous faire oublier celle des hommes, en particulier l'action partout présente et partout efficace de l'Union des jeunes gens.
Je rappelle exprès ces détails qui vous sont bien connus, messieurs. Ils prouvent avec une incomparable clarté que les corporations charitables de soeurs n'ont rien à faire chez vous, qu'elle ne vous apporteraient rien, et que leur absence ne s'est pas fait regretter un instant.

Nos hôpitaux remplis de soeurs ont-ils présenté quelque part des résultats aussi beaux que vos baraques desservies par les volontaires de la charité, que ces édifices bien aérés où l'on a supprimé le typhus, d'où l'on a banni le scorbut, où le nombre des morts a été réduit au delà de toute prévision?
Là, grâce à des prodiges d'intelligence et de bonté, tels que les mécanismes les mieux organisés ne les produiront jamais, on a multiplié les perfectionnements.

La vie est un grand maître; la liberté est un grand inventeur. L'une et l'autre ont remplacé par de petits asiles bien ouverts au soleil les vastes hôpitaux infects qui sont des maisons de mort; elles ont partout introduit des brises salubres, partout planté des jardins, partout cultivé les légumes et fait épanouir les fleurs; elles ont construit des steamers et des wagons spécialement disposés pour le transport des blessés; elles ont, ce qui vaut mieux encore, créé autour d'eux, à force de sollicitude et d'amour, ces douces illusions de la famille sous l'action desquelles le coeur se dilate et le corps se guérit.
Nous voilà bien loin de la bienfaisance en gros; nous voila bien loin de cette Charité toujours un peu officielle toujours un peu professionnelle, qui caractérise les corporations jusque dans l'exercice le plus sincère de leur dévouement.


X

Il me semble, messieurs, que les conclusions de cette rapide étude se présentent d'elles-mêmes.
Entre les deux tendances qui se partagent très-inégalement l'histoire de la chrétienté, nous avons à
D'un coté se trouvent les mécanismes habilement organisés par le génie administratif du monde latin : beaucoup d'hôpitaux, l'aumône concentrée aux mains des spécialités charitables, les corporations signalées au respect public par le costume, par l'appellation, par le célibat, par l'apparente gratuité du service; tous les dévouements enrégimentés, réglementés, obéissant à une direction centrale, marchant avec cet ensemble que produit l'abdication de l'individu.
D'un autre côté, l'individu en possession de son indépendance, le soin des malades et des pauvres confié à l'action spontanée de l'amour chrétien, chaque enfant de Dieu placé en face de, soli devoir et ne pouvant s'en dispenser sous prétexte de le déléguer à de plus habiles, l'Évangile enfin pour maître unique, l'exemple des apôtres pour unique constitution.

Au surplus, vous l'ayez remarqué, cette liberté se concilie parfaitement avec l'ordre. Que l'Église complète ses charges, qu'outre les diacres elle ait des diaconesses vivant comme ceux-ci de la vie dé tout le monde, rien de mieux. Qu'on forme des gardes-malades instruites, capables, pratiquant leur noble profession avec autant d'expérience et de savoir que d'amour, rien de mieux. Que l'on se concerte, que l'on se distribue le patronage des familles indigentes, que Peu s'arrange pour prévenir les abus, pour établir entre chaque pauvre et son patron ces rapports éclairés et directs qui seuls produisent du bien, rien de mieux. Que dans les grandes crises on crée des services extraordinaires et multipliés, à l'exemple des États-Unis pendant leur guerre civile, rien de, mieux.
Mais tout ceci, c'est l'organisation dans l'indépendance c'est l'ordre dans la liberté.
La liberté! ne laissons pas amoindrir ce principe vital que nous a donné l'Évangile. L'Évangile a fait plus, il nous a montré nos privilèges. Notre privilège, à nous chrétiens évangéliques, c'est de travailler tous, de combattre tous, de n'avoir aucune dispense pour aucun devoir.
Voyez comme ils s'aiment ! disait l'ancien monde en parlant des disciples du Sauveur. Puisse venir bientôt l'heure où nous contraindrons le monde moderne à s'écrier, en parlant de nous : Voyez comme ils s'aiment!

Messieurs, ne cherchons pas ailleurs la vraie solution du problème de la philanthropie chrétienne; les détails d'application se révéleront à nous l'un après l'autre; la vraie charité, la charité vivante, la charité libre, la charité individuelle saura les découvrir; quelque graves et diverses que puissent naître les circonstances, cette charité-là nous dira ce qu'il faut faire pour répondre aux besoins de chaque jour. L'essentiel est le principe. Il importe d'autant plus de le maintenir, que Rome - personnification des infidélités progressives à l'Évangile - nous tentera toujours par l'imitation, en les modifiant pour notre usage, de ses institutions aumônières, machines commodes, savamment conçues, habilement agencées, qui portent avec elles tout le prestige de la popularité et du succès.
Nous, messieurs, restons fidèles à notre principe. Ayons ce courage, ayons foi en la puissance de la vérité.
Et si Rome nous montre ses soeurs de charité, nous lui montrerons, nous, nos églises de charité.


XI

En m'acquittant de la tâche délicate qui m'avait été confiée, je me suis conformé, je l'espère, à l'esprit de l'Alliance évangélique, esprit tout pacifique et tout fraternel. Je n'y ai point eu de peine; mon coeur ne renferme que des sentiments affectueux, qu'un profond respect pour les fondateurs des corporations que je combats.
Loin de chercher à se rapprocher de Rome, ils ont cédé, j'en ai la conviction, à l'ardent désir de servir notre Réforme, la disculpant du reproche de, dureté, faisant cesser une infériorité positive dont son honneur souffrait.

Sachons le reconnaître, il y avait chez nous une lacune à combler; tee soins de l'amour chrétien manquaient parfois à nos malades.
Sachons le constater, bien des êtres souffrants ont rencontré de tendres sollicitudes, bien des âmes inquiètes ont trouvé la paix dans les hôpitaux desservis par les soeurs.

Je dis plus, nous les adversaires d'un système que notre conscience nous ordonne de repousser, nous avons reçu, par le fait même de l'erreur qu'il représente et que nous devions désarmer de ses prétextes, nous avons repu des impulsions qui, sans cela, nous auraient manqué.
Si nous formons des gardes-malades pieuses, n'est-ce point pour l'honneur de la, vérité, de la simplicité qui sont en Christ? N'est-ce pas pour faire éclater aux yeux de tous la suffisance absolue du pur Évangile dans ses applications à la charité comme dam ses décisions en matière de foi?
N'oublions pas un tel service. L'argument de nécessité sur lequel s'appuyaient les institutions des soeurs s'est écroulé devant les faits. Les faits ont démontré qu'on peut obtenir de vraies vocations, que de saintes et touchantes consécrations aux misères humaines peuvent se produire sans le secours ni des corporations, ni de la direction, ni du costume, ni du célibat.

Messieurs, il fallait au comité qui a préparé le congrès de l'Alliance, il fallait une audace, il fallait une virilité de foi tout américaine, pour poser devant vous
Chez nous, point d'uniformité factice, point de consciences esclaves; chez-nous, la liberté, la vérité, les regards fixés sur l'Écriture, les yeux bien ouverts, la conscience bien éveillée.
Ce que nous voulons, c'est le vrai. Ce que nos prières à tous vont implorer de Dieu, c'est le vrai. Ce que nous cherchons par toutes les puissances de notre âme, par toutes les énergies de notre volonté, c'est le vrai.
Et les diversités se produisent précisément parce que l'unité n'a rien de faux; parce qu'elle s'alimente de cette ardente, de cette persévérante poursuite du vrai; parce que chaque élan, parce que chaque aspiration vers le vrai en resserre le noeud. Les diversités se produisent parce que nous avons horreur des mensonges convenus qui violentent, qui obscurcissent le sens moral, et qui, par là même, ruinent l'unité. Les diversités se produisent parce que tous ensemble nous désirons posséder la seule foi digne de ce nom : la foi loyale, intègre, la foi posant de toutes parts sur la bonne foi!
Notre unité, qui n'a rien à cacher, qui ne connaît ni les contraintes ni les réticences, ne perd rien, ce me semble, au contact de la liberté.

Enfants du même Dieu, rachetés du même Sauveur, disciples du même esprit, serviteurs du même Évangile, il me semble que nous voyons approcher l'heure où, s'accomplira cette prière suprême de Jésus-Christ : « Que tous soient un, comme toi, Père, es en moi, et moi en toi. Qu'eux aussi soient un en moi, et que le monde connaisse que c'est toi qui m'as envoyé. »

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1. Quatorze à l'heure qu'il est.
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2. Il est facile de faire soigner gratuitement les pauvres par la création d'un comité spécial, qui s'assure une ou plusieurs gardes-malades, et qui les envoie à ses frais chez les indigents abandonnés. Ce comité existe à Lausanne. Ailleurs, de modestes associations particulières se sont attaché une garde-malade qu'elles emploient de la sorte, suivant les besoins.
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3. L'école de Lausanne a pour directeur et pour directrice M. et madame Reymond - un père et une mère - la famille a élargi son aile, voilà tout.
M. Reymond applique au développement des élèves son christianisme solides, ses rares connaissances spéciales (a), l'extrême lucidité de son coup d'oeil et ses qualités aimables, qui n'y gâtent rien.
Madame Reymond y met toutes les délicatesses d'une âme essentiellement consciencieuse, toutes les bontés d'un. coeur loyal. et tendre, toute l'expérience acquise auprès des malades et des indigents.
Enfin l'école possède en la personne de M. le docteur Jaïn un professeur dont l'enseignement pénétré de savoir, Illustré çà et là par les saillies Won esprit très-original et très-fin, entretenu par l'étude assidue des découvertes que chaque jour amène dans le monde médical, non-seulement captive les élèves en les instruisant, mais attire bon nombre d'externes, heureuses d'acquérir des connaissances qui trouvent un emploi immédiat au service de la charité.
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(a) Il a donné vu cours vivement apprécié.
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4. Je n'ai pas osé nommer miss Jane Stuart Woolsey. Je me hasarde à mettre son nom dans cette note.
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