Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

IV

LES MANUFACTURES

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La manufacture, cet agent du socialisme, inconnu à l'antiquité, au moyen âge, au monde moderne jusqu'à nos jours, amène une des crises les plus effrayantes que les sociétés humaines aient jamais eues à traverser.

Naguère encore, beaucoup d'industries s'exerçaient en détail, en petit. L'outillage était insignifiant, la main de l'homme jouait un rôle essentiel. L'ouvrier pouvait produire à part, habiter la campagne, travailler chez lui, travailler en famille. La femme, comme le mari, rencontrait là, sans quitter ni le ménage ni les enfants, l'application de ses facultés et trouvait son gagne-pain. On ne se séparait pas, on n'était pas condamné à la vie commune; l'intérieur restait intime et sacré.
Le monstre est venu. La machine à feu contint, a embrasé ses foyers d'enfer. Elle a sifflé; il lui fallait des hommes, des femmes, des enfants. Elle a pris tout cela, elle a jeté tout cela dans ses engrenages qui ont broyé la famille, fourrant le père ici, fourrant la mère ailleurs, parquant l'enfant loin des siens, selon l'aptitude ou les besoins, car l'être humain n'est Plus qu'un outil!

Ainsi a disparu la saine industrie, l'industrie morcelée, l'industrie heureuse, l'industrie morale, l'industrie sagement combinée avec le travail des champs, l'industrie qui réunissait la famille au lieu de la disperser.

Ainsi la femme, l'épouse et la mère, a disparu. La femme, c'est le foyer; la femme, c'est la famille; la femme, c'est la joie; la femme, c'est le doux lien. Elle éclaire, elle réchauffe, elle sait; elle a des énergies pour les forts, pour les faibles elle a des compassions; elle veille sur tous, elle a prévu tous les besoins; bien-être, prospérité, tendresse, tout ce qui attire et tout ce qui retient rayonne de ce centre lumineux. Une fois éteint, c'est fini, le froid saisit au coeur. Dès que la femme s'en est allée, la maison se fait déserte, le foyer se fait vide et glacé.
Le soir, tard, on voit revenir une ouvrière lasse, usée, qui tout le jour a poussé ou tiré le même engin, qui a vécu de la vie de, phalanstère, qui ne sait plus ce que c'est qu'un ménage, qui sait à peine ce que c'est qu'un mari, que ses enfants ennuient, qui n'en peut plus, étrangère chez elle, presque inconnue aux siens.
C'est tout, il n'y a rien d'autre, et cela repartira demain, pour recommencer, comme hier, comme aujourd'hui, comme toujours!

Autrefois, l'ouvrier s'intéressait à son oeuvre; cette oeuvre lui appartenait, il s'y consacrait; les doigts n'allaient pas seuls, une pensée les inspirait. Voyez le moindre verrouil, voyez le plus chétif escabeau; l'homme s'y reconnaît: il a forgé, taillé, orné, suivant l'idéal qu'il portait en lui. Aujourd'hui la manufacture, en divisant à l'infini le travail, a créé le travail abrutissant. Au lieu d'un individu, il y a un automate qui répète du matin au soir le même mouvement. Au lieu d'un ouvrier, il y a une machine qui sert une autre machine. Plus d'initiative, plus d'intelligence! Et c'est si vrai, que le triomphe de la machine, c'est de gagner du terrain sur l'homme, c'est de faire ce que faisait l'homme, et de faire mieux, parce qu'elle pense moins!
Cette espèce de rouage revient le soir, lui aussi, engourdi, asservi, abruti, l'âme harassée de vide, hébété, atrophié, incapable de devoir et de bonheur.
Voilà ce que la manufacture fait de la famille.

La manufacture fait autre chose encore; elle chauffe grand train la corruption. Séparant ce qui devait rester uni, rapprochant ce qui devait demeurer séparé, elle favorise toutes les éclosions du vice, elle excite, toutes les pourritures du coeur.

La manufacture n'est pas au bout; elle tient en réserve des secrets de misères devant lesquels nous. reculons épouvantés. Certains bouges, certains entassements, certaines détresses : pas d'air à respirer, pas de loques pour se vêtir, pas de pain à mettre sous la dent, les dernières abjections par le dernier dénuement, la manufacture nous a donné cela.
Elle nous l'a donné parce qu'elle a détruit la famille, et que du même coup elle a fait tomber les salaires.
Dès qu'elle s'est saisie des femmes et des enfants, le salaire, nécessairement, a baissé. Et ne dites pas que ces fractions de l'ancien salaire le dépassent en se multipliant; ne dites pas que les gains réunis des enfants et des femmes entassés dans les manufactures l'emportent sur le produit du travail qui se faisait en famille jadis. Cela n'est pas vrai. Cela fût-il vrai, les âmes et les santés perdues, à quel chiffre les évaluez-vous? L'argent dissipé en de précoces débauches par l'enfant, quelle part aura-t-il au budget? Les désordres du père, l'incurie de, la mère, toutes ces sources de ruine, que vont-elles produire? Sera-ce l'aisance ou sera-ce la pauvreté?

Tant que la famille existe, la famille tient à son logis. Elle le veut aimable, gracieux, attrayant. Elle ne se passe ni de clarté, ni de propreté, ni des coquetteries du nid; car c'est là qu'elle se retrouve tout entière, c'est là qu'elle se possède, c'est là qu'elle sent battre son coeur.

La famille, tant qu'elle reste unie, ne descendra pas au-dessous d'un certain niveau, elle n'acceptera pas certaines pénuries qui entraînent l'abandon de soi, elle n'admettra pas un excès d'indigence qui compromet la vie des siens, elle ne supportera pas de les voir en haillons, de les voir affamés; elle fait effort, et par cette saine vigueur qui est en elle, gagne leur pain, saisit leur bien-être, et ne le laisse pas échapper. Une fois écrasée par la manufacture, une fois émiettée par la machine, ne demandez plus à la famille ni l'énergie qui résiste, ni l'élan qui conquiert. Ce que vous avez devant vous n'est plus un corps vivant, pensant, qui veut ou qui ne veut pas; ce sont des membres disloqués, qui se laissent faire, qui subissent, qui n'ont ni centre, ni foyer, ni intérieur, auxquels un trou pour se remiser la nuit, quelque grabat où se jeter durant un instant, suffit au besoin , et qui très-vite en viennent à ne rien prétendre au delà! - Qu'on se dédommage par les jouissances grossières, cela va de soi. Le calcul des sommes que l'ouvrier dépense au cabaret, dans les désordres de tous genres, a été fait: il a signalé un total plus que suffisant aux nécessités du ménage. C'est le logement, c'est la saine alimentation, c'est la propreté, c'est le respect de soi, c'est l'honneur et c'est le bonheur qui s'écoulent ainsi. La famille jamais ne les aurait lâchés.

J'ai dit la famille! Mais à côté de la famille il y a des existences isolées, laborieuses, qui se suffisaient autrefois. On voyait autrefois l'ouvrière en couture gagner largement son pain; et quand elle était économe, assidue, elle gagnait sa dot. qu'est-ce que la manufacture en a fait? Demandez-le à l'abaissement des salaires. Malgré l'ordre le plus strict, malgré, un travail excessif, malgré bien des privations, l'ouvrière à l'aiguille parvient à peine à subsister. Qu'une maladie arrive, qu'un chômage se produise, que le caprice d'une fournisseuse de magasins lui retire l'ouvrage ou le ralentisse sous ses doigts, l'ouvrière n'y parvient plus du tout. Ah ! que je les trouve nobles et touchantes celles qui à force de labeur, de veilles, de pénuries courageusement affrontées, luttant avec une énergie surhumaine, meurent souvent à la peine, mais réussissent à ne pas tomber! Qu'elles me paraissent dignes de pitié celles qui s'affaissent vaincues!

Notre temps prendra-t-il son parti de voir toute une classe de créatures humaines condamnées au travail sans relâche, vouées à la misère sans espoir, ne vivre guère que pour souffrir, ayant faim, ayant froid, ne parvenant à rester honnêtes qu'à la condition de ne rencontrer ni chômage ni maladie sur leur sentier! Notre temps voudra-t-il que l'alternative de faillir ou de se jeter à la rivière s'impose en quelque sorte à des milliers de femmes, heureuses et préservées si elles eussent eu du pain?
Rien qu'à y penser on ne peut plus ni manger ni dormir.
Ici encore la famille se présente comme le seul remède qui puisse guérir un tel mal. La famille étant donnée, il n'y a plus d'isolement. La famille recueillera l'ouvrière isolée. La famille ajoutera peut-être à ce budget insuffisant un autre budget plus sûr et mieux fourni. La combinaison des ressources et des charges résout de grands problèmes. D'ailleurs Dieu l'a dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul. »
Ajoutons qu'il faut détourner les femmes des carrières qui, décidément, ne peuvent subvenir à leurs besoins. Ajoutons qu'une foule de vocations, accaparées aujourd'hui par les hommes, appartiennent exclusivement aux femmes, et qu'il faut les leur restituer. Ajoutons - j'exprime ma pensée, quelque excessive qu'elle puisse paraître, - ajoutons que le travail extérieur des femmes est contre nature, que la place des femmes n'est ni dans l'atelier ni dans la fabrique, qu'elle est au foyer, qu'elle appartient à l'intimité, à la modestie conjugale, à l'éducation des enfants, à la tenue du ménage, au bon ordre, à tous les bonheurs!

Une société bien organisée doit en venir là. Une société bien organisée ne comptera pas le salaire des femmes comme une ressource indispensable à la vie en commun. Une société bien organisée comprendra qu'en se retirant de la manufacture et de l'atelier, les femmes feront hausser de tout ce qu'elles gagnaient le salaire des hommes, et qu'ainsi l'équilibre sera maintenu au profit de tous.
Voilà mon idéal.
On n'y arrivera pas du jour au lendemain. Toutefois, marchons de ce côté.

En présence de la manufacture, de ce fait si nouveau, de cette redoutable alliée du socialisme, qui ne tend à rien moins qu'à écraser l'individu, qu'à supprimer la famille, nous avons un seul moyen de défense reconstruire la famille, relever l'individu.
On nous dit que la manufacture est nécessaire! il se peut. Mais vivre est nécessaire aussi, or la vie s'en va; penser est nécessaire aussi, or l'ouvrier machinisé ne pense plus; la famille est nécessaire aussi, or la famille, tuée par les manufactures, disparaît.
Ne supportons pas cela. Ne consentons pas, fût-ce une heure, à un état de choses par l'effet duquel des populations immenses jetées au laminoir y sont broyées, qu'on ne se marie plus, qu'on vit. dans le désordre, qu'il n'y a plus de chez-soi', plus d'épouse, plus de mère, plus d'enfants; que les membres de l'ancienne famille, dispersés et séparés des leurs, condamnés à de brutales accointances, étiolés, engourdis, asservis parla machine qui devait les affranchir, sans intelligence, sans affection, baissant chaque jour au physique et au moral, revenant au logis, quand ils y reviennent, incapables de devoir et de joie, nous présentent le spectacle d'une dégénérescence fatale, d'un abrutissement sans rémission, race d'ilotes à jamais privée de tendresse, de progrès, d'intérêts élevés, et pour qui la. canette d'eau-de-vie, quelque débauche quand on peut, forment tout le soleil ici-bas.
Dieu me préserve de maudire l'industrie; elle n'existe que dans les pays civilisés. Si elle a, partout où elle s'est exercée sans contrôle, abaissé les. populations, le peuple en général lui doit plus d'un soulagement. La manufacture d'ailleurs est un fait; or la sagesse ne consiste pas à protester contre un fait lorsqu'il n'est pas vicieux en soi; la sagesse consiste à l'accepter, mais pour en opérer la transformation. Gémir ne sert à rien, agir vient à bout de tout. Voir et vouloir, le remède est là.
Nous avons vu. Reste la volonté.
Eh bien, je voudrais, avant tout, soustraire aux manufactures, par une loi positive, obéie, et non par des mesures hypocrites qui laissent tout faire et tout passer, les enfants, ces victimes sans défense, que notre temps jette à son Moloch, à la fabrique, à la machine, qui les tue, âme et corps, sans pitié! je voudrais que tout travail fût interdit à tout enfant, dans toute manufacture. Je voudrais que l'enfant suivit l'école jusqu'à seize ans, pour le moins; y développant son âme, y exerçant son esprit, croissant en plein air quand il n'est pas en classe, devenant un homme au lieu de devenir un objet inerte et souffrant. Tous y gagneraient: le pays, que n'appauvrirait plus une race malsaine, chaque jour plus débile, moins propre à la vie, plus déshéritée des terrestres félicités, moins propre aux éternels bonheurs; l'ouvrier, dont le salaire reprendrait les niveaux équitables; le maître, qui aurait des individus complets à son service, au lieu d'êtres ébauchés, manqués, espèces de larves qui ne parviennent jamais à l'éclosion, ni des forces physiques, ni des facultés.

Je voudrais qu'un arrêté pareil vint absolument interdire aux femmes tout travail industriel et publie, les renvoyant chez elles, à leur mari, à leurs enfants, au foyer, à l'atelier de famille, intime et libre, le seul qui ne compromette ni leur honneur ni leur bonheur.

Je voudrais qu'au moyen de conventions internationales , les plus glorieuses qui puissent honorer notre siècle, les mêmes lois fument votées, le même but fût atteint, une même reconstruction de la famille fût opérée dans tous les pays.

Je voudrais que le même accord amenât le respect volontairement accepté, rigoureusement maintenu, du dimanche, du repas d'un jour sur sept? tel que Dieu l'a donné et ordonné.

Je voudrais que le travail fût limité à douze heures, ni plus ni moins; afin que l'ouvrier eût la possibilité d'être homme, tout en restant travailleur (1).

Je voudrais que la loi sur les logements insalubres, achevant son oeuvre, fermât non-seulement ces bouges qui se nomment les caves de Lille, mais proscrivit toute espèce de taudis privé d'air et de lumière, insuffisant, ou s'entassent, ramassés les uns sur les autres, sans distinction des sexes, au péril de la moralité - sans compter le mépris de la pudeur, père, mère, enfants de tout âge, tant qu'il en peut tenir!
Alors, dans les grands centres industriels, au lieu de ces horribles casernes, sortes de cages à compartiments décorées du nom de « cités ouvrières » que l'ouvrier, dont le sens est juste, fuit d'instinct, on verrait s'élever, à F exemple de Mulhouse, des habitations indépendantes, pourvues chacune de son jardin, mises au service de l'ouvrier, qui, moyennant un loyer calculé d'après d'infaillibles données, en devient propriétaire sans qu'elles lui coûtent rien.
Propriétaires ! comprenez-vous la magie d'un tel mot ? pressentez-vous quelle puissance de régénération, de bonheur, de santé morale, de poésie, de progrès il renferme? Propriétaire! posséder cette maisonnette, ce bout de terrain, planter, arroser, regarder par sa fenêtre, respirer le parfum de ses roses, avoir un chez-soi; à soi! Mais c'est le foyer rallumé, c'est la famille reconstruite, ce sont les bonnes joies qui mettent à la porte les mauvais plaisirs, c'est la débauche flétrie, c'est le cabaret déserté, c'est le vrai travail revenu, c'est l'ordre, c'est l'épargne, c'est l'idéal, ce sont les intimes trésors, c'est l'homme, pour tout dire, qui reconquiert sa royauté!
Voilà ce que je voudrais.

Reste l'ouvrière isolée.
On a inventé pour elle des asiles, disons des couvents - en vérité c'est cela - dirigés par des soeurs!
C'est prendre la question à rebours. Il s'agit de sauver la société. On sauvera la société en reconstituant la famille; on ne sauvera pas la société en organisant ici des phalanstères, là des cloîtres dont les pensionnaires plus ou moins séquestrées, plus ou moins sécularisées, suivront la règle, machinisées par le couvent comme elles le sont par la fabrique, sans initiative, sans expérience de la vie, en tutelle, aux lisières, ne sortant que sous la surveillance des religieuses, rigoureusement défendues contre tout 'contact extérieur !
Il y a, Dieu merci, de meilleurs moyens pour sauvegarder l'ouvrière.
Il y a la famille. Et toujours c'est là qu'il en faut revenir.
L'atelier dans la famille, tel qu'on le rencontre aux abords de Lyon, tel que nous le montrent les cantons de Zurich et de Saint-Gall, avec leurs chalets de bois bien clos le jour, entourés de fleurs, qui laissent le soir sortir la brodeuse; ces nids gracieux et parfumés peuvent abriter la jeune fille isolée; tout naturellement elle peut y retrouver une mère et des soeurs. L'atelier de famille lui donnera l'existence normale et simple. Ouvert en pleine nature, comme il existe en Suisse, comme l'industrie horlogère du canton de Neuchâtel a su le conserver; il entremêlera pour l'ouvrière les bons, les gais travaux de la campagne, les fenaisons, les moissons, au labeur assidu qui la retient sédentaire au logis. Voilà ce que fera la famille.

Si l'on veut réunir les ouvrières isolées, absolument, qu'on regarde à l'Amérique. Lowel offre le type d'un abri commun qui n'est pas le cloître, d'une surveillance qui n'est pas la tutelle; l'ouvrière américaine, très-indépendante et très-honnête, y va chercher sa dot, l'acquiert en peu de temps, et rentre chez elle pour se marier, mais avec nos moeurs, avec notre inhabileté à nous gouverner nous-mêmes, l'atelier de famille vaut mieux.
Tout est-il dit? Non.
Reste la grande question du patronage; gardons-nous de l'éluder.

Le patronage met la main du riche dans la main du pauvre. Le patronage remplace l'aumône à distance, toujours sèche, toujours débilitante, par cette affection pleine de sympathie, par cette protection de frère dîné qui soutient les faibles et qui relève les abattus. Quelques-uns de nos établissements manufacturiers, Saint-Gobain, pour ne citer que lui, ont compris cela. Saint-Gobain possède, nous ne disons pas sa population, mais sa famille d'ouvriers dont il est le centre, la sécurité, l'avenir, et qui le servent de père en fils. Pas un de ceux-là n'inventerait de déserter; s'en aller, ce serait s'exiler. Écoles, associations entre ouvriers, soins, prévoyances, gâteries de la fabrique envers ses enfants, les intérêts de chacun protégés, le sanctuaire de chaque intérieur entouré de sollicitude et de respect, Saint-Gobain a réalisé ce beau rêve industriel.
Regarde-t-on aux difficultés, aux conflits, aux crises! celle du Lancashire, récente et vaincue, nous prouve qu'il ne faut pas désespérer de l'industrie tant que l'industrie laisse l'homme debout. Aucun problème n'est insoluble avec l'intégrité de la conscience, avec la prière, avec la ténacité dans la poursuite du bien; aucun n'est insoluble avec des individus et non des machines devant soi; aucun n'est insoluble avec la famille relevée, avec l'amour fraternel pour la maintenir, avec l'Évangile pour lui donner son vrai caractère et toute sa dignité.
Je ne sais pas de plus belle vocation aujourd'hui que la vocation d'un industriel qui, ne se méprenant pas sur son rôle, ne le mesurant pas aux petitesses de l'égoïsme, mais à l'ampleur de la sympathie et de la foi, en reconnaît l'élévation suprême, en mesure la portée, immense, lui obéit dans ses plus vastes expansions.
Tout, au reste, pour l'industriel comme pour l'ouvrier, se résume en un mot: conversion du coeur. Dès que vous aurez la famille, vous aurez l'homme; dès que vous aurez l'homme, vous aurez l'âme; dès que vous aurez l'âme, il lui faudra l'Évangile. Et sitôt que vous aurez l'Évangile, c'est-à-dire Jésus mort pour nos offenses, Jésus ressuscité pour notre justification, vous aurez le renouvellement, vous aurez la sanctification, vous aurez le coeur, vous aurez tout.

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1. Le travail de nuit, dévorant, contre nature, formerait l'objet d'une libre convention entre les maîtres et les ouvriers.
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