Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Aux pieds du Maître




AVANT-PROPOS.

La campagne ardente d'évangélisation du Sâdhou Sundar Singh en Suisse, pendant le mois de mars 1922, a éveillé partout une profonde affection pour lui. Il n'est pas étonnant que le public, après la publication des discours de cet apôtre (1), ait réclamé avec insistance le petit volume At the Maiter's feet, Aux pieds du Maître.

Le Sâdhou a laissé derrière lui une trace lumineuse. Il a vivement intéressé ses auditeurs par tout ce qu'il leur a appris sur le monde religieux de l'Inde, mais il les a saisis par le rayonnement de sa personne et par sa conception de la religion chrétienne. Il y a eu là, pour plusieurs, une vraie révélation. Joie inaltérable, dans la pauvreté et la souffrance pour Christ, paix profonde, charité vivante, amour personnel pour Dieu et pour le Sauveur, piété qui est une réalité constante, tels sont quelques-uns des traits de cette religion nouvelle pour nous. Le Sâdhou aime Jésus-Christ comme peu d'hommes l'ont fait, car Jésus-Christ occupe la place centrale dans sa vie.

La religion du Sâdhou est celle du coeur plus que de la tête. Cette attitude est une réaction contre l'intellectualisme religieux qui nous perd, contre la religion apprise, mémorisée, objet de discussions, à laquelle un grand nombre d'hommes s'arrêtent. M. le professeur Streeter, d'Oxford, a consacré à cette question une étude pénétrante dont voici quelques lignes : (2) « L'antithèse, l'opposition, entre le coeur et la tête occupe à peu près la même place, dans les enseignements du Sâdhou, que l'antithèse entre la foi et les oeuvres dans les enseignements de saint Paul, et cela pour des raisons analogues. Tous deux expriment ainsi leur attachement à Jésus-Christ, mis au centre de la vie, ce qui est pour eux l'essence de la religion ; d'autre part, il y a là une vigoureuse réaction contre la philosophie religieuse de leur temps, dont ils se sont dégagés. Pour saint Paul, la foi est l'amour suprême du croyant pour le Sauveur, le mouvement de l'âme qui tend à s'unir à lui. Le même amour, le même élan de l'âme est le fait du Sâdhou quand il dit : « Donnez votre coeur à Christ ; laissez-le prendre possession de votre être. » Saint Paul a souffert du légalisme juif qui conçoit Dieu essentiellement comme un juge et comme un être qui vit en dehors du monde. Le Sâdhou avait appris à connaître Dieu dans la philosophie hindoue comme la Vie universelle, répandue dans la création, mais étrangère au coeur de l'homme. Par oeuvres, saint Paul entend la doctrine du salut qui dépend d'observances rituelles ou morales méticuleuses. Par la tête, le Sâdhou entend une doctrine du salut par la connaissance. « J'ai rencontré, dit-il, un Sanyasi hindou qui disait : Inana-marga, c'est-à-dire. la Connaissance est nécessaire au salut. je lui ai répondu que, pour apaiser la soif, il est nécessaire d'avoir de l'eau, mais non pas de savoir qu'elle se compose d'oxygène et d'hydrogène. Certains Sanyasis hindous sont des savants, mais ils n'ont pas la paix. »

Le Sâdhou ignorait, quand l'expérience de Jésus-Christ lui révéla ces vues fécondes, qu'il entrait dans la voie où les défenseurs modernes du christianisme les plus pénétrants se sont engagés : Pascal, Schleiermacher, Vinet. Mais il savait qu'un plus grand les avait proclamées dans l'Evangile: « Tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, mais tu les as révélées aux enfants. »

Jésus-Christ aimé par le coeur, et saisi par la conscience ! Jésus-Christ suivi avec adoration sur le chemin de l'obéissance, du sacrifice et de la charité, n'est-ce pas le secret de tous les grands réveils ! Il en fut ainsi à la Pentecôte, chez les auditeurs de saint Pierre, puis chez ceux de saint Paul et de saint Jean ; il en fut ainsi à la Réformation et dans le réveil du commencement du dix-huitième siècle ; Zinzendorf n'avait qu'une passion : Jésus-Christ ! Il en est ainsi aujourd'hui dans des milliers d'âmes humbles et fidèles ! - Par contre, Jésus-Christ, discuté, contesté, sommé de livrer les titres les plus intimes de son autorité, c'est le propre des milieux que la sécheresse envahit, depuis les pharisiens du premier siècle, jusqu'à certains psychanalystes profanes de notre temps.

Aux pieds du Maître, nous apporte l'écho des méditations et des prières intenses du Sâdhou, sous la forme d'entretiens entre le Maître et son disciple. L'imitation de Jésus-Christ avait déjà adopté cette forme dialoguée. Le lecteur retrouvera dans ce volume quelques-unes des paraboles entendues dans les discours de 1922. Ces pages seront certainement en grande bénédiction à ceux qui ne se laisseront pas arrêter si, par hasard, ils y trouvent telle idée à laquelle ils ne sont pas accoutumés. Le Sâdhou nous les confie du fond de son âme, après ses rencontres solennelles avec le Sauveur. Le lecteur qui les recevra avec la même sincérité y puisera l'abondante richesse qui y est contenue et aura ici un livre de chevet.

G. S.



.

PRÉFACE.

 

Paroles du Christ :

Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites vrai, car je le suis. (Jean 13 : 13)
Chargez-vous de mon joug et apprenez de moi, et vous trouverez le repos de vos âmes. (Matth. 11 :29)


Rien n'est aussi beau dans le monde que de s'élever hardiment au-dessus de toute objection et de toute critique. Le soleil lui-même qui nous donne la lumière et la chaleur, n'est pas exempt de taches. Et pourtant, malgré ses défectuosités, il accomplit sans défaillance son devoir quotidien ; c'est lui aussi qui nous met en état, dans la mesure de nos capacités, d'accomplir le travail qui nous a été confié.

Quand les questions traitées dans ce petit livre m'ont été révélées par le Maître dans de nombreuses paraboles, (Matth. 13 :34-35) elles exercèrent une influence profonde sur ma vie. Quelques-unes d'entre elles ont été répétées dans mes prédications et allocutions, en Europe, en Afrique, en Amérique, en Australie et en Asie. Maintenant, à la demande de nombreux amis, je les confie à l'impression. Quoique, sans doute, leur rédaction présente des défectuosités, ce qui provient de mon manque d'instruction et de pratique, je suis sûr que ceux qui les liront sans prévention et avec prière, y trouveront du bien. Il m'aurait été impossible d'exposer ces enseignements tout spirituels, sans le secours de paraboles, mais par ce moyen-là, il m'a été relativement facile de les fixer par écrit. je demande à Dieu que, dans sa grâce et sa bienveillance, il veuille bien les bénir pour le lecteur, tout comme il l'a fait pour moi.

Votre humble serviteur,
1er mars 1921. Sundar Singh.

.

INTRODUCTION

 

Première Vision.

Par une nuit obscure, je sortis seul pour prier dans la jungle, et pendant que j'étais assis sur un gros rocher, je présentai mes besoins à Dieu et j'implorai son secours. Après un instant, je vis un homme pauvre qui venait vers moi. je supposai qu'il souffrait de la faim et du froid, et venait me demander un secours ; je me levai alors et lui dis que j'étais moi-même un pauvre mendiant qui ne possédait rien sinon une simple couverture ; qu'il valait mieux pour lui se rendre en ville et demander aux gens ce dont il avait besoin. A peine avais-je prononcé ces mots, qu'il brilla subitement comme un éclair et disparut en laissant derrière lui une bénédiction pareille à des gouttes de pluie sur un terrain desséché. Hélas ! La vérité se fit jour ! C'était mon cher Sauveur qui était venu à moi, non pas pour recevoir, mais pour me donner, à moi, pauvre, misérable, et pour m'enrichir (2 Cor. 8 : 9). Songeant alors à ma folie et à ma légèreté, je répandis d'abondantes larmes.

Deuxième vision.

Un autre jour, mon travail étant terminé, je retournai dans la même jungle pour prier ; je m'assis sur le même rocher, et pensai à la prière que j'allais faire. J'en étais là de mes réflexions, lorsqu'un autre personnage se présenta. Ses manières et toute son attitude indiquaient qu'il était de caractère noble et pieux, mais il y avait pourtant quelque chose de rusé dans ses yeux et de diabolique dans son accent. Il m'aborda en ces termes : « Maître ! pardonne-moi si je trouble ta solitude et tes prières, mais c'est un devoir de chercher le bien des autres ; je suis venu vers toi, car ta vie si pure et si dévouée m'a fait une profonde impression. Nombre d'autres personnes qui cherchent Dieu éprouvent envers toi un sentiment analogue. Néanmoins, tu es loin d'être suffisamment honoré, toi qui as consacré ton coeur et ton âme au bien des hommes. Voici mon sentiment : ta conversion au christianisme a exercé une influence sur quelques milliers de chrétiens, mais elle ne s'étend pas au-delà, et même quelques-uns d'entre eux te regardent avec défiance. Ne vaudrait-il pas mieux pour toi devenir le chef de tes compatriotes, en restant hindou ou musulman ? Tout une partie de notre peuple est à la recherche d'un chef. Si tu acceptais mon conseil, nous verrions bientôt des milliers et des milliers d'Hindous et de Musulmans dans l'Hindoustan devenir tes sectateurs et t'adorer ! »

En entendant ces suggestions, les paroles du Seigneur montèrent spontanément à mes lèvres : « Arrière de moi, Satan ! je savais bien que tu es un loup qui te déguises en brebis. Tu désires, que je quitte la vole étroite, que j'abandonne la croix et la vie éternelle, pour prendre la voie large qui mène à la mort. Le Seigneur est ma récompense, Lui qui a donné sa vie pour moi ! C'est mon devoir absolu de me sacrifier avec tout ce que je possède pour lui, car il est tout pour moi. Ainsi, va-t'en, car je n'ai rien de commun avec toi ! » Entendant cela, il fut effrayé et disparut en grommelant. Alors, dans mon émotion, il me fut impossible de retenir mes larmes, et je priai Dieu en ces mots : « 0 ! Seigneur Dieu, qui es tout, en tous lieux, pour moi, vie de ma vie, esprit de mon esprit, aie pitié de moi, et remplis-moi tellement de ton saint Esprit et de ton amour, qu'il n'y ait place pour quoi que ce soit d'autre que toi dans mon coeur. je ne désire aucune bénédiction, mais je te désire toi-même, toi de qui descendent toute bénédiction et toute vie. je ne demande ni le monde, ni ses pompes ni sa gloire, je ne demande pas même le ciel, mais je te demande toi ; car où tu es, là est le ciel ! C'est en toi seul que je trouve la paix et l'abondance pour mon coeur. Toi-même, ô Créateur ! Tu as créé ce coeur pour toi et non pas pour aucune créature quelconque! C'est pourquoi ce coeur ne peut trouver de repos nulle part sinon en toi, en toi seul, ô Père, qui as mis en moi cette soif de paix. Arrache de ce coeur tout ce qui est contraire à toi, demeures-y, et dirige-le toi-même! Amen. »

Lorsque je me relevai, après avoir prononcé cette prière, que vis-je ? Un être de lumière, glorieux, et d'une beauté extrême, se tenait devant moi. Quoiqu'il ne prononçât pas une parole, et que je fusse incapable de le voir nettement, à cause des larmes qui remplissaient mes yeux, un flot d'amour s'échappait de sa personne, et une lumière abondante se répandit dans mon âme. je reconnus immédiatement mon cher Sauveur ; je me levai du rocher et tombai à ses pieds. Il tenait désormais la clé de mon coeur ; il en ouvrit la porte avec cette clé, qui est faite d'amour, et il me remplit de sa présence. Où que ce fût, en moi ou autour de moi, je ne voyais plus que lui. Il était enfin évident que le coeur de l'homme est le trône et la citadelle de Dieu. Lorsqu'il lui plaît d'habiter en un coeur, les cieux et le royaume de Dieu commencent à s'y trouver. En quelques instants, il me remplit tellement et -me révéla de telles merveilles, que même si on en ,écrivait des livres, on ne pourrait pas en donner une idée exacte. La langue du ciel est seule suffisante pour exprimer les réalités du ciel. Les langues de la terre sont insuffisantes pour rendre compte de ces merveilles ! Quoi qu'il en soit, je ferai mon possible pour mettre par écrit quelque chose de ce que le Seigneur m'a accordé dans ces visions. Il prit place sur ce même rocher sur lequel je m'étais assis auparavant ; je me mis à ses pieds et lui adressai mes questions. Ainsi, par questions et réponses, l'entretien se poursuivit entre le Seigneur et son disciple !



Table des matières

 .
1 Par Christ et pour Christ, 184 pages, au Secrétariat de Lausanne, de la Mission Suisse aux Indes, 3 fr.
.
2 The Sâdhou, une étude sur le mysticisme, Londres, Macmillan, 1921.

 

- haut de page -