Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XVII.

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9. La grande prostituée Chapitres 17 et 18.

1) Description de la prostituée.

Nous avons, dans ces deux chapitres, la description de deux «Babylone». La première est la Babylone ecclésiastique, la grande prostituée (17 : 1), sur laquelle notre attention a déjà été attirée au chapitre 14: 8 où nous avons vu par anticipation sa chute, et au chapitre 16 : 19 où il est déclaré que Dieu se souvient de tous ses crimes pour la juger selon ses mérites.

Puis nous avons la Babylone politique qui est le siège de la confédération de l'Empire de la bête, la dernière forme de la domination des Gentils.

Il est évident que le nom de Babylone, mentionné dans ces chapitres, ne doit pas être interprété dans son sens littéral. Le nom de Babylone est tiré de celui de Babel, qui veut dire confusion. Il est fréquemment employé par les prophètes dans son sens symbolique, et c'est dans ce sens-là qu'il doit être utilisé dans ces chapitres.

Nous considérerons, au cours de notre étude, les détails qui concernent son jugement, ainsi que les traits caractéristiques de cette grande personnalité mystique. La chose qui frappe au premier abord, en considérant la Babylone ecclésiastique, la grande prostituée, c'est le contraste qui existe entre cette femme et celle que nous avons déjà vue au douzième, chapitre. Celle du douzième chapitre nous est présentée par l'apôtre Jean en ces termes: «Un grand signe parut dans le ciel: Une femme, etc., etc.» Pour celle du dix-septième chapitre, l'apôtre nous dit : « Il me transporta dans un désert, et je vis une femme.» L'une est d'En haut, l'autre est d'ici-bas. Toutes deux sont mères.

La première met au monde un fils, qui doit régner sur toutes les nations. La deuxième est la mère de tous les impudiques et des abominations de la terre. Toutes deux sont splendidement vêtues. La première est enveloppée du soleil, son vêtement est la clarté du ciel.

La deuxième est vêtue de pourpre et d'écarlate, sa «parure est d'or, de pierres précieuses et de perles». Tous ses ornements sont d'ici-bas, tirés de la terre. Toutes deux possèdent une grande influence dans leur propre domaine.

La première a la lune sous ses pieds, symbole de la nuit et des ténèbres qu'elle domine et qu'elle écrase. Là où son influence se fait sentir, c'est le ciel sur la terre.

La deuxième règne sur les rois de la terre et leur cache les rayons du Soleil divin. Là où son influence agit, c'est le désert et la mort. Toutes deux jouent un rôle marquant dans l'histoire du monde.

La première parle de pureté et de sainteté. La deuxième parle de corruption et de prostitution. La première est haïe par les grands de ce monde, la deuxième est aimée et flattée par ces mêmes personnalités. La première a transmis au monde, de la part de Dieu, le Sauveur de gloire.

La deuxième a transmis au monde, de la part du dragon, une coupe remplie d'abominations et des impuretés de sa prostitution. Ces deux femmes représentent ainsi deux forces antagonistes. La foi et l'incrédulité, la vérité et l'erreur, le bien et le mal, Israël et Babylone.

Israël, le peuple de Dieu, le trésor caché duquel nous sommes issus, ayant été entés sur les racines de l'olivier franc (Rom. 12: 11-24).

Babylone veut dire confusion, l'amalgame de toutes les forces antibibliques opposées à la vérité.

Si la première femme symbolise uniquement Israël, sans l'Eglise qui est tirée de son sein, comme nous l'avons observé, Babylone, par contre, représente toutes les forces religieuses qui sont en opposition à la vérité. Elle représente tous les systèmes qui reposent sur une fausse foi et une fausse adoration, toutes les hérésies, tous les «ismes», tels que le modernisme, le rationalisme du protestantisme aussi bien que du catholicisme.

Certains commentateurs catholiques voient, dans cette Babylone, l'image de la Rome païenne qui a fait couler à flots le sang des témoins de Jésus. Cette interprétation est certainement erronée, car la prostituée est ivre du sang des prophètes comme du sang des saints et du sang des témoins de Jésus. Or le dernier des prophètes est mort avant la naissance des Césars.

D'autres commentateurs ne voient dans cette Babylone que l'image de la Rome papale. Ceci est également inexact, car comme nous venons de le voir, la prostituée est ivre du sang des prophètes comme des témoins de Jésus. Or le dernier des prophètes est mort des siècles avant l'apparition du romanisme. La preuve que la prostituée n'est pas uniquement la Rome papale, c'est que non seulement les prophètes étaient morts longtemps avant l'apparition de la papauté, mais que des myriades de myriades du peuple de Dieu sont morts martyrs de leur foi, longtemps avant qu'il y ait un pape ou une hiérarchie papale.

Cependant, il est vrai que vers la fin de notre civilisation chrétienne, vers laquelle nous marchons avec une rapidité vertigineuse, il se produira une volte-face radicale, un retour à Rome de toutes les églises et de toutes les sectes de la chrétienté apostasiée, laissée sur la terre après l'enlèvement de l'Eglise, pour ne former, avec l'église catholique romaine, qu'un seul et unique système religieux, qui, finalement, sera détruit par la Babylone politique, afin que la bête soit le seul objet d'adoration.

Jetons un coup d'oeil rapide sur quelques-unes des descriptions qui nous sont données de la prostituée.

Premièrement, nous voyons qu'elle est «assise sur les grandes eaux». Nous trouvons l'interprétation de cette image au quinzième verset: «Les eaux que tu as vues, sur lesquelles la prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations, et des langues». Ceci montre bien son universalité.

Puis l'apôtre voit «une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphèmes, ayant sept têtes et dix cornes». Une question se pose à nous. Cette bête, que représente-t-elle? Cette bête est la première bête du treizième chapitre. C'est la réapparition de l'Empire romain. La femme assise sur la bête nous parle de son identité avec elle. Elle est devenue la religion de l'Etat. Son accoutrement nous fait penser singulièrement à celui du pape et de ses cardinaux. La pourpre et l'écarlate sont les couleurs prédominantes dans les parades des grandes célébrations de l'Eglise romaine. L'or, les pierres précieuses et les perles représentent l'immense richesse de cette église, ainsi que sa gloire éphémère si recherchée par l'homme irrégénéré.

«Elle tenait dans sa main une coupe d'or, remplie d'abominations et des impuretés de sa prostitution.» Cette coupe d'or nous parle de l'effet que produit, chez l'homme naturel, la splendeur de ses édifices, de ses vitraux, de ses statues, de sa musique, de toute la pompe de ses cérémonies et de ses rites, derrière lesquels se trouvent, hélas! l'impureté de doctrine et de pratique, l'encouragement au vice par les indulgences, l'encouragement au péché par l'imposition du célibat à ses prêtres, contrairement aux enseignements de la Parole de Dieu, par l'observation des traditions au détriment de la vérité, sans parler des horreurs du confessionnal.

«Sur son front était écrit un nom, un mystère: Babylone la grande, la mère des impudicités et des abominations de la terre.» Elle est la grande confusion. Appelée à répandre la Parole de Dieu, elle devient une puissante organisation de perversion et de déformation de la Vérité.

«Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus.» Et, en la voyant, l'apôtre fut saisi d'un grand étonnement.

Ces lignes ravivent à notre mémoire les souvenirs des horreurs indescriptibles et sans nombre de l'Inquisition, des chambres de torture, des échafauds, des bûchers, des multitudes de vieillards et de jeunes gens, hommes et femmes, mis à mort par les plus cruelles tortures, sur l'ordre du clergé apostasié et assoiffé du sang des fidèles témoins de Jésus-Christ. La Rome païenne a également versé ce précieux sang. Cependant, nous n'avons pas, dans ce passage, le moindre sous-entendu aux crimes de la Rome païenne. Si ce verset faisait allusion aux crimes des empereurs romains contre les chrétiens, l'apôtre n'aurait pas été saisi d'un grand étonnement, car il fallait s'y attendre. Le fait que la Rome païenne, vouée au culte de Mars, de Jupiter, de Vénus et de tant d'autres divinités de la mythologie antique, s'irritât et allât jusqu'à persécuter les disciples du Sauveur, qui exposaient au grand jour toutes leurs dépravations, était absolument naturel, et ne fournissait aucune cause d'étonnement. Mais voir la persécution venir de ce qui était supposé personnifier l'Eglise, était assez déconcertant pour remplir l'apôtre d'étonnement.

Hélas! la dernière page des persécutions de la prostituée n'est pas encore écrite. Que sera-ce, quand elle retrouvera, auprès des puissants de ce monde, son prestige et son autorité passés? Quand elle sera assise sur la bête aux dix cornes, exerçant toute son autorité avec l'approbation et l'appui de la bête ?

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2) L'interprétation de la bête, par l'ange.

L'ange révèle à l'apôtre saint Jean, que la bête qui était, qui n'est plus, et qui doit reparaître, et sur laquelle la femme est assise, est le symbole de l'Empire romain, sous sa dernière forme, soit la confédération des dix Etats préfigurés par les dix cornes de la quatrième bête de Daniel, ainsi que par les dix orteils de la statue de Nébucadnetsar. Au temps où l'apôtre était dans l'île de Patmos, l'Empire romain existait sous sa forme impériale; mais, vers le cinquième siècle, ce gouvernement impérial de l'Empire reçut par les barbares un coup mortel qui le disloqua. Ses Etats sont devenus, dès lors, des Etats indépendants. L'Europe actuelle est précisément formée des fragments de cet Empire.

Mais la bête qui était, qui n'est plus, reparaît. A la suite des temps nous la voyons sortir de la mer (chap. 13 : 1), c'est-à-dire des peuples agités, en révolution comme nous l'avons déjà vu, ou selon le huitième verset, de «l'abîme», en d'autres termes nous la voyons, par cette image, revenir à la vie, par les puissances infernales des ténèbres. Cette bête aux dix cornes avait sept têtes. Ces têtes représentent les différentes formes de gouvernements de la bête. Cinq sont tombés, c'est-à-dire n'existaient plus au temps de l'apôtre. Ces cinq formes de gouvernements, qui ont disparu avant l'époque de saint Jean, étaient: les gouvernements des rois, des consuls, des dictateurs, des decemvirs et des tribuns militaires. «Un existe». Ce un est la forme impériale qui existait du temps de l'apôtre, et que nous avons vu comme étant blessé à mort. L'autre n'est pas encore venu, et quand il sera venu, il doit rester peu de temps. Ce sera la septième tête, ou, si nous voulons, la résurrection de la sixième qui a été blessée mortellement et qui reparaît vers la fin des temps, sa blessure ayant été guérie.

Sa durée exceptionnellement courte, sera limitée à la durée de la dernière semaine sabbatique de Daniel 9, soit de sept ans. La petite corne de Daniel 7: 8, qui est le grand dictateur de l'Empire réorganisé, dépeint dans la première partie du treizième chapitre, est elle-même un huitième roi, et est du nombre des sept.

Les dix cornes des versets 12-13 sont les dix rois avec leurs royaumes respectifs, qui forment l'Empire, ce qui correspond parfaitement aux dix orteils de la statue. Ces dix rois n'ont pas encore reçu de royaumes et ne les recevront que vers la fin de notre économie, pour régner durant un temps particulièrement bref avec la bête, lorsque l'Eglise aura été transmuée. Ils ont un même dessein et donnent leur puissance et leur autorité à la bête.

Un aperçu de leur fin nous est révélé au 14me verset. Nous trouverons au chapitre suivant de plus amples détails sur ce sujet dans les versets 11-21. Ces rois combattront contre l'Agneau, et l'Agneau les vaincra, parce qu'Il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, et les appelés, les élus et les fidèles qui sont avec Lui les vaincront aussi.

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3) Jugement de la prostituée (v. 16-18).

Le nouveau et grand succès de la prostituée n'est pas de longue durée. Les dix rois et la bête n'avaient pour elle qu'un amour factice, basé sur l'intérêt. Vers le milieu de la semaine, lorsque le but est atteint, ils se retournent contre elle, la haïssent, la dépouillent, la mettent à nu, mangent sa chair et la consument par le feu, et les dix rois abandonnent leur royauté au profit de la bête (verset 17).

«La femme que tu as vue, c'est la grande ville qui a la royauté sur la terre.» Au commencement de ce chapitre, l'un des sept anges présente la femme comme une grande prostituée, ici, ce même ange l'identifie à une grande ville. Quel rapport existe-t-il entre ces deux figures?

L'Eglise, corps mystique de Jésus-Christ, qui est restée fidèle à son divin Amant, est appelée «l'Epouse» (Apoc. 19: 7), «la Bien-Aimée» (Rom. 9: 25) «la femme de l'Agneau» (Apoc. 21 : 9). L'Eglise est aussi symbolisée par une ville, «la Nouvelle Jérusalem» (Apoc. 21 : 2) qui nous est présentée en contraste avec Jérusalem, la ville bien-aimée du peuple choisi de Dieu. Cette Nouvelle Jérusalem est exclusivement d'ordre spirituel, comme nous le verrons plus loin.

Satan, le grand imitateur, l'usurpateur qui se déguise en ange de lumière pour mieux réussir à jeter la confusion dans le plan divin, présente son oeuvre sous les mêmes emblèmes; ceux de la femme et de la ville. Mais Dieu est un Dieu jaloux (Deut. 5: 9). Il révèle que cette femme est une prostituée, et que cette ville est une Babylone.

C'est «une prostituée» dans le sens qu'elle professe appartenir à Jésus-Christ et qu'elle courtise les grands et les puissants de ce monde afin d'obtenir le pouvoir politique et les jouissances matérielles qui sont en opposition à la volonté de Dieu. Elle se livre à leur commerce d'idolâtrie et d'impureté, au lieu de s'appliquer à la justice et à la sainteté du divin Maître.

C'est «une Babylone», une vraie confusion, un loyer d'iniquité et d'impureté, qui retient injustement la vérité captive. Son siège, selon toutes probabilités, est à Rome, la ville aux sept collines.


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