Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Parabole du grain de moutarde

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versets 31-32.

Le royaume de Dieu est semblable à un grain de moutarde qu'un homme a pris et semé dans son champ. C'est la plus petite de toutes les semences; mais quand elle a poussé, elle est plus grande que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel ,viennent habiter dans ses branches.

Matthieu 13: 31-32.

 

Cette parabole est la première qui ne soit pas interprétée par le Maître; il faut ainsi apporter une attention toute particulière pour observer avec soin les trois principes indiqués au début de notre étude. Par exemple, il ne faudra pas nous laisser influencer par l'interprétation populaire de cette parabole qui fait du grain de moutarde, qui produit un arbre, le symbole du développement grandiose et satisfaisant de la chrétienté qui finit par étendre ses branches bénies sur le monde entier. Le fait que la majorité interprète un passage des Ecritures de cette manière n'est pas nécessairement la garantie d'une interprétation juste. Il faut aussi se souvenir qu'une parabole ne peut pas être en désaccord avec une autre, ni l'enseignement d'une de ses paraboles avec aucun passage biblique. Dieu étant le seul auteur de la Bible, il ne peut y avoir dans ses pages sacrées aucune contradiction. Dans l'évangile de Matthieu où nous trouvons notre texte, il nous est parlé de la disparition de la foi, vers la fin de notre économie chrétienne. Cette déclaration est réitérée à travers les Epîtres sous des formes diverses, ainsi que la décadence morale et spirituelle de notre époque (voir 2 Thess. 2 : 1-12; 1 Tim. 4 : 1-2; 2 Tim. 3 : 1-5; 2 Tim. 4: 3-4 etc.). Nous devons ainsi, en étudiant cette parabole, nous mettre en garde contre des idées préconçues que nous pourrions avoir reçues par l'interprétation populaire. Ne perdons pas non plus de vue le fait que les figures employées dans une parabole gardent leur même signification dans les autres où elles sont utilisées.

La plupart des figures mentionnées dans cette parabole nous sont familières. La semence, le Seigneur en fait les vies humaines dans lesquelles la Parole a été réalisée. Dans la spécification de cette semence, «le grain de moutarde», nous avons l'image de la collectivité de ces vies. Le Semeur, d'après l'interprétation du Maître, c'est Lui-même, le Fils de Dieu (v. 37). Le champ, c'est le monde (v. 38). Les oiseaux que nous avons déjà vus dans la première parabole, ainsi que le Maître les montre au verset 19, symbolisent le malin.

Cette parabole nous place en face d'un étrange tableau, dans lequel on voit une chose qui nous paraît absolument anormale, une chose qui est contre nature, qui a pris des proportions imprévues.

La moutarde est une plante très connue en Palestine. Ce n'est pas un arbre, ni même un arbrisseau, mais un simple légumier. Il arrive cependant que l'on trouve dans certains endroits des plantes sauvages qui atteignent jusqu'à un mètre et même un mètre et demi de hauteur. Quelle leçon devons-nous tirer de cela?

La première est que nous trouvons dans notre époque un développement anormal des principes du royaume. Le développement naturel, prévu et voulu de Dieu pour le développement de son oeuvre, est suggéré par la semence du grain de moutarde, qui est l'image de la modestie, de l'humilité, de ce qui est discret, conforme à sa nature. Mais voici que ce grain de moutarde, emblème de l'effacement, est devenu un grand arbre, symbole de la fierté, de l'autorité et de la domination. Tendance qui se manifesta déjà parmi les disciples. «Un jour, nous est-il dit, ils s'approchèrent du Maître et lui demandèrent: Qui sera le plus grand dans le Royaume des cieux? - Il s'éleva aussi parmi les apôtres une contestation: lequel d'entre eux devait être estimé le plus grand? Jésus leur dit: Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu'il n'en soit pas de même parmi vous. Mais que le plus grand d'entre vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert» (Luc 22: 24).

Plus tard, nous voyons l'empereur Constantin épouser la religion chrétienne, non par une conviction profonde de son état de péché, mais par simple intérêt personnel. Il vit par cet acte de sa part un moyen puissant de consolider son empire. L'admission de cet inconverti dans l'assemblée des chrétiens ne put se faire que par un sacrifice des principes fondamentaux. L'Eglise, qui jusqu'alors vivait dans le creuset de l'épreuve, passant d'une persécution à une autre persécution, se vit soudainement délivrée de ses terreurs et introduite victorieusement dans les faveurs impériales d'où naquit, pour :elle, tout à la foi un immense développement numérique, comme une grande aisance matérielle, au détriment indiscutable de sa vie spirituelle.

En rapport avec ce fait, un commentateur disait: «Le grain de moutarde qui a été planté en Juda a fourni une faible plante qui, soudainement, s'est développée en un arbre immense par la conversion de Constantin». Cette déclaration est parfaitement juste. Il reste à savoir si ce développement a été pour le bien ou le mal de la chrétienté, si cela a aidé ou entravé son oeuvre. Nous croyons fermement, comme nous l'avons déjà dit plus haut, que rien n'a entravé les principes du Royaume dans le monde, autant que la conversion au christianisme de l'empereur Constantin. A la suite de cette conversion, une atmosphère a été créée qui a favorisé le développement de la doctrine de Balaam qui consiste dans l'encouragement de l'union du peuple de Dieu avec le monde. Cette union établie, les restrictions divines n'avaient plus leur raison d'être, comme les paroles de l'apôtre saint Jean qui exhorte les chrétiens à ne point aimer le monde, ni les choses qui sont dans le monde... La convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, perdent tout leur sens. Seules les paroles de l'Ecclésiaste demeurent lorsqu'il dit: «Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton coeur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux». Sous un tel enseignement, le miracle du grain de moutarde ne peut que se produire. La petite et modeste plante est devenue un grand arbre qui étend ses multiples branches sur une grande partie du monde. Mais, encore une fois, y a-t-il là de quoi se réjouir? Certainement, si ce développement était normal, scripturaire, conforme à la volonté de Dieu; mais ce n'est pas le cas puisque ce développement est le résultat d'une mésalliance catastrophique. Par elle, toute la vie de l'Eglise est desséchée et en danger de mort. Un bateau est construit pour aller sur l'eau; mais malheur si l'eau sur laquelle il doit voguer pénètre dans sa cale. Ainsi en est-il pour l'oeuvre de Dieu. Quand celle-ci se laisse envahir par le monde, elle perd la vision de son Maître et marche à sa propre ruine. Notre chrétienté est sur le point de sombrer par suite de sa mésalliance avec le monde.

La papauté caractérise également d'une manière particulière ce développement anti-scripturaire. Son grand souci à travers les siècles a été et est encore de dominer les nations. C'est la réalisation magistrale de la doctrine des Nicolaïtes qui avait pour but, l'établissement d'une classe de privilégiés au-dessus de leurs frères comme nous le fait comprendre le mot « Nicolaos ». « Nikao » veut dire dans notre langue « dominer » et « Laos » laïque, peuple. Pour mieux dominer le peuple, l'église d'alors transforma par l'ingéniosité diabolique du clergé déchu, la méthode d'introduire les âmes dans le giron de l'église.

Dans l'Eglise primitive, les âmes n'étaient ajoutées dans son sein qu'après avoir pris pleinement connaissance de leur état de péché et avoir passé par une repentance sincère, suivie par un acte de foi, par lequel elles saisissaient le don de Dieu. Leur conversion était bien établie, elles étaient baptisées, et ensuite admises dans l'assemblée des rachetés, alors que maintenant et depuis de nombreux siècles déjà, les âmes y sont introduites en série, sous le seul signe de quelques gouttes d'eau, suivi plus tard d'une confirmation de cet acte, qui s'accomplit à une date fixée d'avance, comme si les sentiments du coeur étaient dictés par le calendrier.

La manière dont le baptême est exécuté dans l'Eglise catholique, et hélas! dans beaucoup d'églises protestantes, est une illustration de ce développement anormal des choses de Dieu, symbolisé par le grain de moutarde. L'Ecriture précise que nous devons croire avant d'être baptisés (Actes 2 : 38, 41, etc., etc.) car le baptême est comme une déclaration publique, que nous avons reconnu notre état de péché, que nous avons accepté le don de Dieu, par lequel nous sommes sauvés, et que nous reconnaissons que nous sommes, par la foi, morts et ressuscités avec Christ, Un enfant dans les langes, peut-il comprendre ces choses? Cette déformation de la Parole de Dieu est plus grave que nous ne le réalisons au premier abord. Elle jette notre jeunesse dans une fausse sécurité. Ayant été baptisés dans notre enfance, nous nous réclamons du titre de chrétiens sans avoir passé par la nouvelle naissance.

Il n'est pas surprenant que nos maisons de débauche, nos prisons, nos asiles d'aliénés soient remplis de gens baptisés.

Notre chrétienté tout entière n'a-t-elle pas pris un développement contraire à la volonté de Dieu? N'est-elle pas sortie des limites qui lui étaient assignées, et, dans ce développement anormal, n'a-t-elle pas perdu sa force? L'heure tragique que nous traversons n'est-elle pas une triste manifestation de son impuissance? Pourquoi cette impuissance? Jamais l'Eglise n'a été aussi bien organisée, ses branches d'activité sont multiples, elles se répandent dans toutes les directions. Oui, mais derrière cette grande activité, il y a un mal fort grave, celui de la perte du premier amour pour le Roi des rois. C'est-à-dire que cet élément de pureté, de simplicité, d'humilité, cet amour ardent, dépourvu d'égoïsme, plein d'enthousiasme et d'esprit de sacrifice pour le Maître, n'est plus. Nous avons suivi Marthe plutôt que Marie. Nous sommes plus attachés à nos oeuvres qu'à Jésus-Christ, et le Maître est sur le point de nous dire ce qu'Il disait à l'Eglise de Laodicée: «Je connais tes oeuvres, je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant. Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. Parce que tu dis: Je suis riche, je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, pauvre, aveugle et nu, je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies» (Apoc. 3: 17-18).

Dans les branches de l'arbre viennent habiter les oiseaux du ciel, symbole du malin (v. 19) qui vient s'installer dans les multiples branches de la chrétienté pour jeter à pleines mains, du haut de nombreuses chaires, le poison du modernisme, du rationalisme et de l'apostasie, ainsi que le Maître l'a prophétisé.

Christ n'était pas rempli d'illusions lorsqu'Il vint dans ce monde comme Rédempteur. Il nous montre par la première parabole étudiée, l'opposition qu'Il. rencontre dans ce monde pour les choses qui appartiennent à sa paix, ainsi que, là où la Parole est reçue, elle ne produit pas partout une consécration entière. Par la deuxième parabole Il nous révèle la présence de Satan qui vient empoisonner la partie du champ qui a répondu favorablement à la semence et enfin, dans cette troisième parabole, que nous considérons en ce moment, Il nous fait entrevoir une aggravation de la situation par un développement anormal de l'oeuvre qu'Il. a établie, et qui, au lieu de rester dans les limites naturelles de sa vocation, dépasse ces limites pour s'associer avec le monde quelle est appelée à conduire à la vérité, se contentant de prêcher un évangile social, pour l'amélioration de la société, comme si c'était là la mission que Dieu lui avait confiée. Triste aveuglement que celui qui ne voit pas la ruine complète de la société humaine, et qui croit encore qu'un peu du vernis de la civilisation peut la réhabiliter devant Dieu.

Quelle attitude devons-nous prendre devant un si triste tableau? Lâcher la cognée et nous écrier: à quoi bon? Non, mille fois non. Si Dieu, dans sa prescience, a vu tout cela, et beaucoup plus, et que, malgré ces faits, Il a entrepris cette oeuvre pour le salut de notre race, c'est qu'Il a vu qu'au sein de tout cela, il y aurait des âmes qui écouteraient sa voix, qui se tourneraient vers Lui, qui se soumettraient à sa volonté, qui obéiraient à sa Parole, et avec lesquelles Il réaliserait son Royaume sur la terre.

Les eaux boueuses du péché nous entourent, la marée de l'incrédulité nous menace, l'horizon est surchargé de ténèbres, l'orage gronde de toute part. Mais Celui qui nous a appelés est fidèle. Il ne permettra pas que rien ne nous arrive qui soit au delà des forces qu'Il nous communiquera.


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