Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XXIV

Dernières semaines.

(1er novembre 1828 - 12 avril 1829)

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« Tu as eu de la persévérance, tu as souffert à cause de mon Nom. tu ne t'es point lassé. »

Apoc., 11. 3.

Qu'elles sont émouvantes ces lignes, écrites de Genève, peu après son retour de Plombières !

Epuisement croissant

« Je suis revenu à peu près dans le même état où j'étais quand je suis parti, c'est-à-dire capable encore de voyager ; mais maintenant je ne puis sortir de mon lit que pour le laisser faire ; et ce n'est qu'à grand'peine que je puis dicter... Toute ma nourriture consiste en quelques petites tasses de lait d'ânesse ; encore a-t-il bien souvent beaucoup de peine à passer. Je ne puis soutenir aucune conversation, et à peine des lectures fort courtes, dont j'aurais pourtant grand besoin, étant souvent fatigué par des tristesses qui tiennent à la maladie. Je me recommande à tes prières ; demande à Dieu pour moi de fortifier ma foi et ma patience, et qu'Il me rende plus présents les biens de l'avenir. »

Il écrit cependant encore de petites lettres :

Toujours en souci pour ses Alpins

« Je désire, mon cher ami », écrit-il le 20 février 18291 à Pierre Baridon, « si vous le pouvez, que vous visitiez nos amis des vallées qui vous avoisinent, avant le commencement de vos travaux. Je pense qu'une douzaine de jours pourra vous suffire. Je puis vous faire défrayer de la dépense que vous ferez dans cette tournée. Si vous croyez pouvoir la faire, veuillez, s'il vous plaît, me l'écrire. »

Pierre Baridon répondit qu'il fera la tournée après le 15 avril et ajoute : « C'est moi, avec tous nos amis de Dormillouse, qui avons été la cause de votre longue maladie. Si nous avions été plus prompts à croire en Dieu, vous n'auriez pas eu besoin de vous fatiguer tant dans les neiges, ni d'épuiser votre poitrine... Les principaux chefs de Dormillouse se sont joints ensemble. Quelques-uns avaient pensé que peut-être il faudrait décider deux hommes pour vous aller voir, pensant que peut-être cela vous ferait plaisir ; mais tous ensemble on a décidé de vous écrire cette lettre (1) ...

Nous vous prions de nous dire tout comme il vous fera plaisir. Ou si nous devrions, au lieu de deux hommes vous aller voir, qui ne vous seraient peut-être pas de grande utilité, vous faire passer l'argent qu'il aurait fallu pour leur dépense, qui vous pourrait être plus utile. Si vous pouvez nous le faire savoir, nous nous empresserons de répondre à vos voeux de tout ce que nous pourrons. Nous n'avons rien à vous refuser ; car nous vous pouvons dire en sincérité de coeur que si notre sang vous était utile, nous vous le donnerions, et nous ne ferions pas plus pour vous que vous avez fait pour nous. » (2) 

Une longue agonie

Les dernières semaines de Neff furent une longue agonie. Néanmoins, « toute son âme aspirait à pouvoir retourner dans les lieux chéris où il avait travaillé, et jusqu'aux derniers jours il ne désespéra pas que Dieu ne lui rendît pour cela les forces et la vie. »

« Mais cette activité..., bien loin de s'en faire une vertu, il sentait et il voulait qu'on sût qu'il la regardait comme son péché favori. »

En mars 1829, un mois au plus avant sa mort, il dicte à Ami Bost :

Je fais l'expérience des vérités que j'ai enseignées. »

« Je me sens pressé de vous confirmer aujourd'hui tout ce que je vous ait dit ci-dessus, et tout ce que je vous ai dit et prêché quand j'étais avec vous ; car maintenant je fais l'expérience des vérités que je vous ai enseignées. Oui, maintenant plus que jamais, je sens l'importance, l'absolue nécessité d'être chrétien de fait, et de vivre habituellement dans la communion du Sauveur, demeurant en Lui. C'est dans l'épreuve qu'on peut parler de ces choses ; un chrétien sans affliction n'est encore qu'un soldat de parade ; mais je l'éprouve maintenant, et je veux en rendre hautement témoignage pendant que Dieu m'en donne encore la force. Il est exactement vrai que c'est par beaucoup d'afflictions qu'il faut entrer au royaume de Dieu ; et il faut que nous éprouvions personnellement ce qui est dit du Prince de notre salut, qu'il était convenable qu'il fût consacré par les afflictions (Héb. II, 10). Quoiqu'il fût le Fils de Dieu, il a pourtant appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes (v. 8). A combien plus forte raison avons-nous besoin nous-mêmes de cette instruction !

Combats intérieurs

« Oui, je puis le dire maintenant, il m'est bon d'être affligé, il me fallait cette épreuve. Il m'en fallait, je le sentais d'avance, et je ne crains pas de vous dire que j'en avais demandé au Seigneur. Mon état est cependant bien pénible. Moi qui me complaisais dans une vie d'activité et de mouvement, je me trouve depuis longtemps réduit à l'inaction la plus complète; ne pouvant presque plus ni boire, ni manger, ni dormir, ni parler, ni entendre lire, ni recevoir des visites de mes frères, et faisant un grand effort pour dicter ces quelques lignes ; accablé de beaucoup d'angoisses qui tiennent à la maladie ; et souvent privé par elle, ou par les ruses de Satan et de mon propre coeur, de la présence de Dieu et des consolations spirituelles qu'elle m'apporterait.

La victoire sur soi-même

« Je puis cependant déclarer hautement que je ne changerais pas cet état d'épreuve contre celui où j'étais il y a quelques années, au plus fort de mes travaux évangéliques ; car bien que ma vie se soit consumée au service de Christ et qu'elle ait pu paraître exemplaire aux yeux des hommes, j'y retrouve tant d'infidélités, tant de péchés, tant de choses qui souillent mon oeuvre à mes yeux et surtout aux yeux du Seigneur ; j'ai passé tant de temps loin de mon Dieu, que je préférerais cent fois, si j'avais encore trente ans à vivre, les passer sur ce lit de langueur et d'angoisses que de recouvrer mes forces et ma santé pour ne pas mener une vie plus véritablement chrétienne, plus sainte, plus entièrement consacrée à Dieu que ma vie précédente... Ah ! chers amis ! combien nous perdons de temps, de combien de bénédictions et de grâces nous nous privons en vivant éloignés de Dieu, dans la légèreté, dans la distraction, dans la recherche des choses périssables, dans la satisfaction de la chair et de l'amour-propre ! C'est maintenant que je le sens ; et vous le sentirez au jour de l'épreuve. Rachetez donc le temps, je ne puis trop vous le répéter ; vivez en Dieu, par la foi, par la prière, par des entretiens sérieux. Je ne puis et ne veux être sauvé que comme le dernier des pécheurs, que comme le brigand converti sur la croix... »

Son cantique

Connaissant son goût pour le chant sacré, écrit Ami Bost, auquel nous devons la plupart de ces détails, nous nous réunissions quelquefois dans une chambre voisine de la sienne pour lui chanter, à demi-voix, quelques versets des cantiques qu'il préférait en particulier :

Rien, ô Jésus, que ta grâce...

et cet autre (paraphrase de Jérémie XXXI) que nous transcrirons en entier parce qu'il en est l'auteur

Ne te désole point, Sion, sèche tes larmes !
L'Eternel est ton Dieu, ne sois plus en alarmes
Il te reste un repos dans la terre de paix
Jéhova te ramène et te garde à jamais !
 
Il te rétablira ! Même au sein des ruines,
La vigne et l'olivier étendront leurs racines
Tout sera relevé comme dans tes beaux jours
Les murs de tes cités, tes remparts et tes tours.
 
Un jour, un jour viendra que tes gardes fidèles,
Sur les monts d'Ephraïm, crieront aux rebelles
Retournez en Sion, l'Eternel votre Dieu
Vous rappelle ; venez, et montons au saint lieu !
 
Lève-toi, le Puissant ne t'a point oubliée :
D'un amour éternel le Seigneur t'a aimée.
Qu'au son de la trompette, assemblés en ce jour,
Tes enfants, ô Sion 1 exaltent son amour ! (3).

Ces chants le remplissaient d'une foule de souvenirs et de sentiments, ils l'émouvaient au point que nous ne pouvions continuer, quoiqu'il ne nous vît pas et qu'il ne nous entendit que faiblement.

Dernières confessions

Un jour, il désira ouvrir son coeur à un frère et lui confesser ses fautes ; ce fut Guers, à défaut de Gaussen, qui l'écouta « dans un religieux silence, pendant la petite demi-heure que dura sa confession » ; certes, elle ne contenait rien que n'eût pu dire en un pareil moment tout autre serviteur de Christ ; et, cependant, aussitôt après l'avoir terminée, Neff s'écria: « 0 sacrificateur infidèle ! ô enfant de colère ! » Après quelques moments de silence, Guers reprit : « Oui, enfant de colère et pourtant enfant de Dieu ! » Alors, frappant avec force l'une contre l'autre ses mains décharnées, il répéta d'une voix vibrante et avec un accent qui m'alla jusqu'au fond du coeur : « 0 mystère ! enfant de colère, et pourtant enfant de Dieu ! » (4)

Une autre fois, il dit à Guers : « Je n'ai pas de joie ! »

Celui-ci répondit : « On n'est pas sauvé par le sentiment de la joie !

- Mais je ne sais même pas si j'ai la paix.

- On n'est pas non plus sauvé par le sentiment de la paix. (5)

La seule certitude

- Oui, c'est vrai, répondit-il, on n'est sauvé que par la foi ; c'est la seule chose qui me reste... J'ai tout gratté, jusqu'au mur. - Mais le mur est solide, répliqua Guers. - C'est vrai, dit-il, et voilà ce qui me rassure. » (6) Et devant Bost il s'écrie . « J'ai gratté avec les ongles, jusqu'à ce que j'en aie enlevé tout le sable, et tout le mortier, jusqu'à la pierre vive ; mais la pierre est restée. »

Il pria Guers de lui écrire sur un papier et de fixer avec une épingle à la tapisserie au-dessus de son lit, de manière à ce qu'il pût les voir et les relire aisément, quelques vers d'une strophe morave et cette déclaration de Jésus : Celui qui croit en moi a la vie éternelle. Cette parole, jointe à la strophe morave, il l'appelait « son passeport », il aimait à la regarder et à me la montrer...

Toujours ferme dans ses convictions

Neff recevait fréquemment des visites ; avec quel tact, quel à-propos, il savait parler à chacun selon son art ou sa position... Un frère (7), dont il avait combattu plus d'une fois l'enseignement... vint le trouver peu de jours avant sa mort... Il accueillit le frère avec amour, mais il ne céda pas un pouce de terrain au docteur ; il maintint, avec autant de fermeté que de douceur et de convenance, la position théologique qu'il avait prise dans leurs débats (l'élection et la grâce) ; il déclara que, à l'approche de la mort, son espérance de salut reposait tout entière sur l'amour éternel de Dieu en Christ ; mais il reconnut aussi que, dans leurs rapports mutuels, il avait bien des fois manqué de ce calme et de cette charité, qui devraient toujours caractériser le serviteur de Christ : « Chez moi, lui dit Neff, le vieil homme a trop souvent tenu la plume dans une affaire qui ne le regardait pas (8). »

Derniers soins

Ses amis vinrent le veiller tour à tour, mais avant ses dernières nuits, il ne voulut pas que nous restassions debout ; il se gênait même au point de ne pas nous appeler une seule fois... Sa voix s'était affaiblie au point qu'il fallait se tenir bien près de lui pour l'entendre ; ce n'était qu'avec effort qu'il parlait souvent, ensuite, il en ressentait de vives douleurs ; cependant il acceptait volontiers cette souffrance lorsqu'il avait un avis salutaire à donner. Nous avons eu le bonheur d'être souvent auprès de lui pendant les derniers temps de sa carrière douloureuse, et nous n'avons pas entendu une plainte sortir de sa bouche. Il était surpris et reconnaissant de l'affection qu'on lui témoignait, et il la rendait avec effusion. Souvent, après nos faibles services, il passait ses bras autour de notre cou pour nous embrasser, nous remercier, et nous exhorter de toute son âme à nous dévouer au Sauveur.

Exhortant toujours

« Croyez-en mon expérience, nous disait-il ; il n'y a que lui de solide, il n'y a que lui de vraiment aimable. Si vous vous employez un jour à la prédication de l'Evangile, gardez-vous de travailler en vue des hommes. Oh combien je me reproche de choses sous ce rapport Ma vie, qui paraît à quelques-uns si remplie, ne l'a pas été au quart de ce qu'elle pouvait l'être. Combien aussi de temps précieux pour mon âme j'ai perdu ! » « L'Evangile est vrai, vrai, vrai ! » nous dit-il, un autre moment, d'une voix qui n'était qu'un souffle ; mais ses yeux l'exprimaient vivement.

Environ quinze jours avant sa mort, regardant dans un miroir, et découvrant sur sa physionomie des signes non équivoques de décomposition, il laissa éclater quelque joie : « Oh ! oui, bientôt, bientôt, je m'en vais vers mon Dieu ! » Dès cette heure, il ne garda presque plus de ménagement pour lui : il fit ouvrir sa porte à tous, et le soir du missionnaire redevint une mission. Il avait une parole pour chacun, jusqu'à ce qu'il en fût accablé. Jouissant de toutes ses facultés morales, tout était présent à sa mémoire, les moindres circonstances, jusqu'aux conversations qu'il avait eues quelques années auparavant, et il s'en servait avec un ascendant extraordinaire pour exhorter !

On ne voyait en lui d'inquiétude que pour sa mère, âgée et faible, qui lui avait voué sa vie et ne pouvait retenir ses pleurs. Devant elle, il affectait une fermeté qui allait jusqu'au reproche ; puis quand elle le quittait, lui non plus ne pouvant retenir ses larmes, la suivait des yeux avec tendresse en disant : Pauvre mère !

Il fit des dons à ses amis, et destina des livres religieux à plusieurs personnes auxquelles il espérait être encore utile ; après avoir souligné beaucoup de passages, il écrivait ainsi l'adresse : Félix Neff mourant à...

A sa soeur, il destine un exemplaire du Miel découlant du rocher, avec cette dédicace : Souvenir de F. N. mourant à sa bien chère soeur Elisa. J'ai trouvé la paix de mon âme dans ce livre en 1818. Cherches-y la tienne. Adieu chère soeur.

Saisissante est la lettre que sa mère écrivit en son nom aux amis de la vallée de Freyssinières

CHERS AMIS ET CHERS FRÈRES,

Bien que je ne puisse pas lire vos lettres à mon fils, parce que mon pauvre coeur se brise, je veux cependant vous dire deux mots de sa part... Je dis de sa part parce qu'il est trop faible pour pouvoir les dicter, mais assez fort encore pour être rempli envers vous de la plus vive reconnaissance pour l'attachement que vous lui témoignez... Il vous supplie de continuer vos réunions, vos lectures pieuses et surtout la lecture des sermons de Nardin. N'abandonnez pas vos écoles du dimanche ; elles forment les agneaux et elles fortifient les brebis. N'oubliez pas que vos âmes lui sont chères autant que la sienne.

« Encore un mot, chers amis, sur un objet qu'il a à coeur : il vous crie du fond de son lit de douleur réunissez-vous le soir, édifiez-vous ensemble. »

« Voici les deux mots qu'il ajouta de sa propre main : « Encore une fois adieu, mes amis de Dormillouse et de tout Freyssinières. De ma propre main pour la dernière fois ! Au revoir dans le ciel. » (9)

Derniers adieux

Le 31 mars Guers écrit (10) à André Blanc « d'auprès du lit de Neff mourant » - « Ce n'est qu'aujourd'hui que votre lettre du 25 janvier lui a été lue dans son entier et par moi-même ; sa mère avait craint de le trop émouvoir en la lui communiquant en entier ; aujourd'hui que le corps est près de se disjoindre et que conséquemment tous les ménagements sont devenus inutiles, on a cru devoir lui lire toute votre chère lettre. Il vous fait dire qu'il ne se souvient plus du tout de la peine que vous avez pu lui causer dans certaines circonstances. Il vous aime tendrement et vous lui faites de la peine en supposant qu'il ait pu garder quelque chose sur le coeur.

« Il demande instamment à vos Anciens et spécialement à M. Richard, qu'ils vous déchargent autant que possible du matériel du Consistoire, afin que vous puissiez vous employer directement et entièrement à l'avancement du règne de Dieu.

« Il verrait avec joie des soeurs aussi vous aider par copies de lettres et autres choses. De cette manière, vous pourriez être encore plus utile à Mens et à tout le Dauphiné !

Ce sont les demandes qu'il fait à vous et à tous les frères et amis, de son lit de douleur qui sera probablement dans quelques heures son lit de mort.

Priez pour lui mais, je m'arrête peut-être, et probablement, il aura quitté la vallée de larmes quand vous aurez reçu ces lignes. Eh bien, bénissez le Seigneur qui a donné à son serviteur une paix profonde ces derniers jours, et la joie de son salut. Il est bien, très bien. Je désire finir mon pèlerinage comme lui.

O comme tout cela rend sérieux et dissipe les songes et les illusions de la vie !

Bientôt nous serons tous réunis devant le Maître. Combattons donc le bon combat. »

 

Cette lettre de Guers est un document saisissant, car sur la dernière page, Neff ajouta quelques lignes.

 

Deux personnes le soutenaient. Ne voyant plus qu'avec peine, il traça à plusieurs reprises, en caractères gros et irréguliers qui remplirent une page, quelques lignes d'adieu à ses amis de Mens :

tous tous les frères et soeurs de
Mens - Adieu, adieu - Je monte
vers notre Père, en Pleine paix
Victoire ! victoire ! victoire
par J.-C. ! ! !
Félix Neff.

 

ADIEUX DE FÉLIX NEFF MOURANT
d'après l'original appartenant à M. le pasteur E. Marchand

 

L'âme impatiente de l'Eternité

Sur le matin du 12 avril 1829, pendant quatre heures, nous le vîmes les yeux élevés en haut ; chaque souffle qui s'échappait de sa poitrine haletante semblait accompagné d'une prière ; et dans ce moment suprême où la mort s'appesantissait sur lui, il paraissait plus vivant qu'aucun de nous par l'ardente expression de ses désirs. Autour de lui on pleurait, on murmurait même sur la longueur de sa souffrance ; mais il semblait qu'on vît errer sur sa bouche son âme impatiente de l'Eternité. Enfin nous comprîmes si bien sa véhémente pensée, que nous nous écriâmes tous instantanément : « Viens, Seigneur Jésus, viens bientôt ! »

Deux jours après, nous accompagnions sa dépouille mortelle. « Bost, Empaytaz, Malan et moi, nous lûmes sur sa tombe quelques versets de cette Parole qu'il avait fidèlement annoncée et qui demeure éternellement » (11) ; on pria, et, comme il en avait témoigné le désir, ses nombreux amis assemblés chantèrent en choeur devant sa fosse ouverte les vers suivants de Vinet, mis en musique, pour la circonstance, par son ami Bost.

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1. Signée, en effet, de beaucoup de noms, probablement de tous ceux qui savaient écrire.
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Econome intègre
2. Quand Neff reçut cette lettre, il était à quatre semaines de sa mort. Il ne put même pas dicter sa réponse et chargea Bost de l'écrire, en lui donnant seulement l'idée principale de la lettre. Neff refusa tout, pour ne pas être à leur charge, et même, ayant reçu un mandat de quatre cents francs qui lui étaient dus, il dit : « Cet argent ne m'appartient pas, il est pour le missionnaire des Alpes ! , et il l'envoya à M. Blanc, de Mens, afin qu'il fût employé suivant l'intention des donateurs.
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3. Ce magnifique cantique a subi le triste sort de tant de nos cantiques. Il a été nombre de fois retouché.
A. Bost, qui s'est donné pour tâche de rassembler avec le plus grand soin tout ce que Neff a pu écrire, annonce qu'il le transcrit en entier, et donne les quatre strophes ci-dessus.
Le recueil des Chants Chrétiens, publié en 1834 (cinq ans après la mort de Neff) donne pour les trois premières strophes, le texte de Bost avec les variantes suivantes :
 
Le Seigneur te ramène et te garde à jamais !...
Tout sera relevé comme en tes plus beaux jours ...
Sur les monts d'Ephraïm s'écrieront O rebelles ...
 
pour la quatrième strophe :
 
Relève ton courage, ô Sion désolée
Par le Dieu tout-puissant tu seras consolée
Il vient, pour rassembler tes enfants bienheureux
Bientôt tu les verras réunis sous tes yeux.
 
et enfin deux strophes nouvelles :
 
Tes nombreuses tribus, errantes, fugitives,
Parmi les nations sont encore captives ;
Mais bientôt le Seigneur, par des sentiers nouveaux,
Les fera parvenir aux torrents de tes eaux.
 
Les peuples connaîtront que l'Eternel lui-même
A délivré Jacob par son pouvoir suprême.
Oui, Sion, ton Dieu règne, et tous tes ennemis
Dans peu de jours seront confondus et soumis.
 
Les Psaumes et Cantiques, en 1881, reproduisirent presque textuellement la version des Chants Chrétiens. Les éditeurs du recueil actuel (1895) l'ont sensiblement modifiée. D'autres recueils enfin, donnent pour certaines strophes un texte encore plus différent.
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4. GUERS, Le Premier Réveil, p. 376.
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5. « Je savais à qui je disais cela » ajoute Guers.
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6. Ibid., p. 377.
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7. Très certainement César Malan.
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8. GUERS, ibid., p. 379-379.
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9. BRUNEL, op. cit., p. 197.
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10. Nous devons à l'obligeance du pasteur E. Marchand, la communication de cette lettre inédite.
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11. GUERS, op. cit., p. 270.
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