Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CONCLUSION

et

ÉPILOGUE

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Celui qui, sans idée préconçue, s'est attaché aux pas du vénérable « Pasteur du Désert » que fut, jusqu'à la fin, Simon Lombard, ne peut manquer de faire la triste réflexion que l'Histoire est parfois injuste.

Originalité

L'originalité n'est pas toujours une qualité chez l'historien ; elle peut jouer en sa main le rôle d'une mauvaise lentille qui déforme plus qu'elle ne grossit.

C'est peut-être par un coupable souci d'originalité, par une fausse préoccupation de sortir de l'ordinaire, pour n'être pas de l'avis commun ou pour faire prévaloir une opinion extrême, que certains écrivains se sont appliqués ainsi à peindre, sous les couleurs les plus attrayantes, des temps ou des personnages que leurs prédécesseurs trouvaient détestables, ou bien, ce qui ne vaut pas mieux, à noircir à plaisir un passé qui n'était pas, en somme, tellement exécrable.

Equilibre

La généralisation est parfois une erreur dans le domaine scientifique, elle l'est plus encore dans le domaine des jugements, des idées, de l'histoire ; elle s'accorde mal avec ce principe d'équilibre, d'harmonie qui, gouvernant un esprit, lui apprend à garder un juste milieu entre idéalisme et réalisme, à ne jamais être hypnotisé ni par le bien, ni par le mal, à se faire à l'idée que, sur la terre, il n'est pas de mal auquel le bien ne vienne faire contrepoids et qu'il n'est pas de bien non plus qui ne soit entaché d'imperfection.

Le Protestantisme de 1815.

Tout cela pour dire, avec le regretté Doyen Maury, dont la sage mesure est avérée, que « l'état d'indifférence ou d'incrédulité des protestants français au commencement du (XIXe) siècle a été volontiers exagéré »... et que certains historiens de cette époque se plurent à tracer « ... un tableau décidément trop sombre de notre pays » (1).

On a prétendu que le Protestantisme de 1815 était en pleine décadence, qu'il n'avait plus ni foi, ni piété, que ses pasteurs n'étaient pas dignes de leur ministère. Charles Cook ne disait-il pas que, « lors de son arrivée en France (en 1818), il n'avait pas besoin de tous ses doigts pour faire le compte des pasteurs évangéliques » (2) ?

L'Histoire ne dit pas cela.

Elle reconnaît qu'un souffle attiédissant d'impiété passait sur l'Eglise, qu'un courant de rationalisme ébranlait sa base, mais elle reconnaît aussi que cette même Eglise comptait dans ses rangs un nombre respectable de personnalités qui, telles des colonnes puissantes, restaient debout, prêtes à soutenir l'édifice que de hardis travailleurs se mettaient en devoir de bâtir, et qu'on a appelé, depuis, le Réveil.

Les artisans du Réveil

Les artisans du Réveil, ce ne furent pas seulement ces quelques hommes qui, avec un zèle, un courage, une foi d'apôtres, brandissant la faucille moissonneuse, abattirent l'ivraie avec les épis, brûlèrent l'ivraie et lièrent les gerbes dans le champ du Protestantisme où l'ennemi avait pénétré à la faveur de la nuit, ce furent aussi les patients laboureurs, les semeurs fidèles, ces travailleurs effacés qui, dans la brume et sous le vent, n'avaient cessé de prodiguer leurs soins à la terre.


JOSEPH-SIMON LOMBARD
FILS DE SIMON LOMBARD

Les Veilleurs

Qu'eût été la moisson du Réveil sans ceux-là ? Lequel de ses pionniers eût provoqué l'embrasement de l'Eglise s'il ne s'était trouvé, en son sein, quelques veilleurs pour conserver la flamme vive du pur Evangile ?

Ces veilleurs, l'Histoire les fait surgir l'un après l'autre de l'ombre et de l'oubli. Elle réhabilitera sans doute la mémoire de plus d'un.

Simon Lombard précurseur du Réveil

Simon Lombard, à plusieurs titres, mérite d'être mis au rang des Gachon, des Lissignol, des Marzials, des Bonifas, des Soulier, des Chabrand... et de tous ceux en qui la simple justice a reconnu « des précurseurs du Réveil » (3).

En effet, non seulement il trancha sur la masse de ceux qui tombèrent dans les, erreurs de son temps, mais encore, par la fidélité de son témoignage et la pureté de ses ouvrages, il se fit une place de, choix parmi les meilleurs serviteurs de l'Eglise.

Il était trop modeste pour se prévaloir des succès qu'il remportait, aussi ne saurait-on dire précisément quels furent les fruits de son ministère.


ADRIEN LOMBARD
PETIT-FILS DE SIMON LOMBARD

Il est pourtant certain que, jusqu'au bout animé par le sentiment de la vocation irrésistible qui lui avait été adressée, il exerça, par son intégrité, par son dévouement, par les efforts qu'il soutint - auprès des jeunes en particulier - pour inculquer à ceux qui lui étaient confiés. les principes d'une consécration absolue et d'une vie sainte fondée sur l'obéissance à la Parole de Dieu, une action considérable sur bien des âmes.

Témoignage familial

Et s'il est vrai que le témoignage le plus difficile à rendre - et par conséquent le plus précieux - est celui que le chrétien doit apporter aux siens, on pourra se persuader de la fidélité de Simon Lombard en constatant ce que devinrent, au rayonnement de sa personne, ceux qui, le plus directement, vécurent sous sa tutelle : son fils Joseph-Simon et son petit-fils, Adrien.

Joseph-Simon Lombard

Joseph-Simon, qu'il avait détourné du ministère de la façon que l'on sait, mais auprès duquel il n'avait cessé d'exercer une influence pastorale, sortit renouvelé des persécutions que lui avaient fait subir les fauteurs de troubles de 1815.

Rétabli dans ses fonctions de magistrat et ayant atteint une position sociale qui pouvait l'éloigner des choses religieuses, il ne cessa de faire profession de christianisme et de donner des preuves de sa foi.

Devenu l'un des membres les plus actifs de la Société Biblique de Nîmes, il se fit remarquer, par son ardeur conquérante et son zèle de propagandiste, des pasteurs Tachard et Vincent qui, à plusieurs reprises, insistèrent pour qu'il acceptât, dans leur Eglise, la charge d'ancien. Il refusa le titre par attachement au Consistoire de Saint-Chaptes dont il était membre depuis longtemps (4), mais il n'en continua pas moins jusqu'à sa mort à mettre au service de la cause de Dieu, à Nîmes même, ses talents, son influence et ses biens.

Adrien Lombard

Quant à son petit-fils, Adrien, Simon Lombard eut sans doute l'ultime joie, avant de mourir, de le voir s'orienter vers la carrière pastorale, à laquelle, depuis. longtemps, il cherchait à l'amener par une pression douce et tendre.

Quel n'eût pas été son bonheur d'assister, en 1833, à la soutenance de thèse du jeune homme en qui il avait discerné, de bonne heure, de profondes aptitudes spirituelles, et surtout de l'entendre affirmer, comme il l'avait fait lui-même, la valeur rédemptrice de l'Evangile, éternel fondement de la morale chrétienne, ferment miraculeux des redressements de la conscience.

A l'entendre proclamer : « C'est donc en vain que les prétendus philosophes de nos jours veulent attribuer à la raison ce qu'une raison saine n'attribuera jamais qu'à l'Evangile » (5), il eût certainement pensé à ses réactions propres contre les mouvements rationalistes de son temps et il se fût dit : l'Evangile a vécu jusqu'ici, il n'est pas encore près de mourir.

Adrien Lombard, en dépit d'une très gênante surdité, eut un ministère rayonnant, dans l'Eglise même de son grand-père. Il mourut jeune, laissant après lui la réputation d'une extraordinaire bonté.

Le monde passe...

De longues années se sont écoulées depuis le jour où, rappelé par son Maître, le vieux « Pasteur du Désert » entra dans la paix de Dieu. Fidèles à sa mémoire, ses descendants actuels conservent encore, pieusement, le livre saint qu'il confia à leurs pères (6). Ils passent, dans un monde où fermentent toujours de vieilles erreurs et de vieilles haines, mais le Livre demeure, source intarissable de Vérité et d'Amour.

... la Parole de Dieu demeure éternellement

Malgré les attaques de prétendus savants, qu'ils s'appellent historiens ou théologiens, la Bible résiste, toujours aussi actuelle, aussi vivante, aussi active. Les souffles d'impiété passent et repassent sur le monde sans l'emporter. Le jour où, reprise par des mains pieuses, elle est étudiée avec foi, elle parle, elle convainc, elle transforme : et c'est le Réveil et c'est la vie.

Depuis la mort de S. Lombard, le Protestantisme de France a connu plus d'une époque de sécheresse et d'obscurité ; et aujourd'hui, plus que jamais peut-être, le monde qui manque de foi, souffre d'instabilité et de confusion ; mais la Parole de Dieu, trop peu lue, il est vrai, et trop peu prise au sérieux, subsiste pourtant ; avec elle, le chrétien garde invinciblement l'espérance que sonneront encore pour l'Eglise des heures de fécondité et de lumière.

Le Réveil et ses espérances

Déjà, ici et là, un nouveau Réveil est en marche il brise et il relève, il arrache et il plante, il fait mourir et il ressuscite. A sa voix vibrante, dans la sombre vallée des ossements desséchés, une armée se lève, qui prie et qui chante.

Si demain, comme jadis, l'impiété vient à se déchaîner contre l'Eglise, elle trouvera encore, par la grâce de Dieu, des prophètes et des martyrs, des enfants dignes de leurs pères.

FIN

LA BIBLE DE SIMON LOMBARD


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(1) Léon MAURY : « Réveils religieux », page 225.
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(2) Vie de Charles Cook, par son fils, J.-P. Cook, Rapporté par Léon Maury, page 225.
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(3) MAURY :Op. cit., Livre II, 1ère partie, chap. IV.
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(4) Mss L. « Garrigues ». Correspondance de J.-S. Lombard.
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(5) Mss L. « Garrigues ». Adrien Lombard, « Influence du Christianisme sur les moeurs et la félicité des nations », page 18.
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(6) La Bible de Simon Lombard, version Martin, dont nous montrons ici plusieurs photographies, est actuellement entre les mains de M. Léon Lombard, Trésorier payeur Général Honoraire, en Avignon. Nous disons encore ici notre gratitude à M. Lombard, chez lequel de nombreuses photos de documents ont été prises et qui a bien voulu offrir au Musée du Désert l'un des portraits de son aïeul.
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