Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

INTRODUCTION

LES ORIGINES DE SIMON LOMBARD

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Vauvert
1640-1756

 

La Vistrenque

La partie méridionale du département du Gard est presque entièrement occupée par une plaine vaste et fertile appelée « Vistrenque », du nom du cours d'eau, le Vistre, qui, à l'ombre timide des saules et des peupliers, déroule entre les vignes ses nonchalantes sinuosités.

La route nationale 87 traverse cette plaine du Nord-Est au Sud-Ouest, c'est-à-dire dans sa plus grande .dimension. Le voyageur qui suit cette route, allant de Nîmes à Lunel, se rend très bien compte des limites latérales de la plaine : elles sont constituées par deux chaînes de collines parallèles et distantes d'une douzaine de kilomètres. Sur celle de droite sont perchés les trois fameux moulins de Calvisson ; aux flancs caillouteux de celle de gauche, sont adossés les villages de Générac et de Beauvoisin et la petite ville de Vauvert que domine la cime dénudée du Castellas.

Origines de Vauvert

Vauvert (1) s'était peu à peu formée dans l'intervalle qui sépara, jusqu'au XVIe siècle, la petite bourgade de Posquières (2) dont les maisons agrestes s'étageaient sur le versant de la colline, et le sanctuaire de Notre-Dame de Vauvert situé à quelque mille mètres en contrebas et devenu, depuis le XIIIe siècle, un lieu de pèlerinage fameux (3).


  LES BORDS DU VISTRE

La population de Vauvert au XVIIe siècle

Aux environs de 1630, l'a population de la localité ne dépassait guère quinze cents habitants, répartis dans quatre à cinq cents maisons. Elle se composait de quelques familles nobles, satellites de la baronnie de Vauvert, d'un assez grand nombre de familles bourgeoises et de gens à la condition plus modeste, petits propriétaires ou fermiers.

Tout ce monde tirait le plus clair de ses revenus de la culture, en particulier de la vigne, du blé et des olives. Quelques propriétaires s'adonnaient aussi à l'élevage du bétail : des boeufs, des pores, et surtout des moutons. Enfin, une industrie d'importation récente commençait à fleurir dans ce milieu agricole : la poterie.

Privilèges du Baron de Vauvert

Anne de Lévis, « due de Ventadour, pair de France et lieutenant-général pour le roy en son pays de Languedoc, seigneur et baron de Vauvert » jouissait naturellement à cette époque des privilèges que ses titres de noblesse lui conféraient. Maître de la haute, moyenne et basse justice, il bénéficiait en outre de multiples droits seigneuriaux dont quelques-uns ne manquaient pas d'originalité : ainsi, « Celuy de deffandre à tous ses vassaux... de vendre du vin en gros ou en détail, pendant cinq semaines de l'année, dans la saison » qui lui conviendrait.

« Celuy de prendre... une maille sur chaque livre de graine de vermillon » cueilli dans ses garrigues et de n'autoriser la vente du reste que si lui-même ne désirait pas l'acheter.

« Celuy de prendre toutes les langues des boeufs » qui se tuaient dans la baronnie... « avec le coeur de toutes les autres bêtes pour la nourriture de ses oiseaux de vénerie » (4).

Privilèges des vassaux

Par ailleurs il accordait à ses vassaux réguliers le droit de disposer à leur gré de toutes les terres, moyennant une juste redevance dont il délibérait le montant avec les consuls de la ville qui représentaient le peuple auprès de lui.

Il usait également de son influence à la Cour pour obtenir en faveur de ses vassaux de nombreux avantages. C'est ainsi que, par lettres patentes datées de 1602 et signées de la main d'Henri IV, furent instituées à Vauvert « trois foires qui devaient être tenues les 15 mai, 12 août et 11 novembre (le chaque année et nu marché tous les jeudis de chaque semaine » (5).

A tout prendre, la condition sociale des Vauverdois n'était donc pas intenable. Il fallait d'ailleurs qu'ils eussent joui d'une réelle prospérité matérielle pour ne pas être totalement écrasés par les charges que leur imposèrent les temps troublés des guerres civiles.

Introduction de la Réforme - Luttes religieuses et politiques

La Réforme avait été introduite à Vauvert aux environs de 1560, mais timidement accueillie, par crainte de représailles. Pourtant, dès l'année suivante, tandis que Pierre Viret suscitait, à Nîmes, avec sa parole entraînante, une foule de conversions sensationnelles, nu pasteur, Evesque, vint y porter son ministère, ministère quelque peu effacé, il est vrai, par la surveillance étroite des garnisons du Comte de Villars et du Duc de Montmorency (6) qui, tour à tour, venaient prendre position au château de Vauvert et vivre au crochet de la population.

Edit de Nantes

Les tracasseries des gens de guerre qui avaient cessé avec la paix d'Amboise (1563) pour reprendre sept ans plus tard, durèrent avec de rares interruptions jusqu'à la signature de l'Edit de Nantes ; et à la mort de Henri IV, en 1610, lorsque - la France devenue la proie des factions - les protestants, conscients des efforts dissimulés de l'Eglise romaine pour leur faire ôter les libertés conquises, se furent révoltés à nouveau, elles recommencèrent pour Vauvert, comme pour toutes les villes et bourgades du Languedoc, avec un redoublement d'intensité.


VAUVERT ET LA PLAINE DU VISTRE
vus de la terrasse du Château

Un jour, c'était le Duc de Rohan qui lui demandait des hommes, puis des chevaux, des armes, des outils ; quelques semaines plus tard c'était le Duc de Montmorency qui réclamait cent moutons et lui imposait la compagnie d'une garnison dont il fallait subir les caprices ; puis c'était le Gouverneur de Lunel qui venait réquisitionner des charrettes et encore des hommes ; le marquis de Ragny qui se faisait apporter le bois et les chandelles dont le régiment de Picardie avait besoin (7), etc., etc...

Paix d'Alais

Cela dura jusqu'au 27 juin 1629, date à laquelle la paix d'Alais - qui faisait cesser l'existence politique du parti protestant - fut signée.

A ce moment, Vauvert, son château en ruines, était donc écrasée par les ravages indescriptibles de la guerre civile : comme pour l'accabler, la peste (8) abattit sur elle son fléau meurtrier et, à peine délivrée de cette calamité, il lui fallut encore essuyer les conséquences du mécontentement désordonné des Grands à l'égard de Richelieu.

Aussi, la nouvelle de la défaite du Due de Montmorency à Castelnaudary (septembre 1632) fut-elle saluée avec joie... Elle apportait l'espoir d'un peu de quiétude du peuple lassé des guerres intestines et lui permettait de se remettre à la conquête des biens qu'il avait perdus.

Paix et prospérité

De fait, Vauvert ne tarda pas à se relever de ses ruines. Grâce à l'ardeur de sa population, grâce aussi à l'influence directe et protectrice des d'Autheville, alors protestants, sur lesquels le Duc de Ventadour s'était déchargé de l'administration de sa baronnie (9), elle connut même bientôt une ère de réelle prospérité.


SAINT-CÉSAIRE

Est-ce une situation matérielle peut-être exceptionnelle qui attira à Vauvert un surcroît de population ?

Simon Lombard de ST-Césaire

Il serait imprudent de l'affirmer. Toujours est-il que plusieurs familles vinrent s'y installer à cette époque. Parmi elles, se trouvait un jeune homme sorti de St-Césaire, village voisin de Nîmes, Simon Lombard.

Quelle était la situation de ce garçon ? Qui était-il lui-même ? Rien ne l'indique positivement. On sait seulement qu'il était protestant et se maria à Vauvert en 1640 (10). Il faut croire, cependant, qu'on pouvait se fier à ]ni, puisque le « droit d'habitanage » lui fut consenti.

Or, ne s'établissait pas à Vauvert n'importe qui.

« Pour qu'un étranger fût admis à jouir des privilèges des vrais habitants de cette ville, il fallait qu'il y eût résidé pendant quelques années sans interruption et qu'il n'eût fait tort à personne. Lors de son admission, il devait se déclarer vassal du Seigneur, lui rendre compte de ce qu'il avait défriché des Garrigues, lut payer, séance tenante, la somme de trois écus d'or et aux consuls une somme qui s'élevait ordinairement à trente sols, s'engager enfin à acquitter toutes les charges royales et communales (11). »

Alors seulement le nouvel habitant était en droit (le prendre part aux élections consulaires, d'être élu consul ou conseiller politique, de mener paître son bétail dans les Garrigues, d'y faire sa provision de bois, de couper du roseau dans les marais et d'user des autres privilèges des habitants.

D'ailleurs, pour se persuader que Simon Lombard présentait toutes garanties d'honorabilité, il suffit de noter que ses enfants surent mériter, quelques années après lui, non seulement l'estime, mais même les faveurs des familles les plus en vue de Vauvert. L'un d'eux en particulier, Simon, qui épousa Françoise Tempié, dont les parents, par leur rang et leur distinction, jouissaient dans la communauté d'une incontestable autorité (12), fut élu consul de la ville en 1669 et 1676.


LE CHÂTEAU DE VAUVERT
vu du Castellas

Présages fâcheux

Au temps du second consulat de Simon Lombard (13)

- 1676 - les Vauverdois protestants sentaient l'orage s'amonceler sur leur tête. Pendant une quarantaine d'années, ils avaient joui d'une pleine quiétude ; cela ne pouvait pas durer.

Bien qu'en forte majorité, ils vivaient en bonne intelligence avec les catholiques, partageant avec eux, à égalité, les charges communales, s'efforçant, par leur équité, de ne pas attirer sur eux les regards malveillants de l'Intendant du Languedoc qui recevait alors du Conseil du Roi divers arrêts lui enjoignant d'exclure les réformés de. l'administration de plusieurs villes du Midi.

Activité des prêtres

Mais les catholiques de Vauvert avaient à leur tête un certain nombre de prêtres intolérants. L'un d'eux, Eléazar Barthieu, se distinguait par son fanatisme. Il était de ceux qui, par leurs sourdes menées auprès des milieux politiques, devaient faire rétablir le Catholicisme romain comme religion d'Etat.

Le 28 mai 1677, il recevait l'Evêque Séguier, accompagné du sous-secrétaire de l'évêché, Claude Darvieu, du R.-P. jésuite, Simon Moureau et du promoteur du diocèse, Jean Ménard.

Ce dernier, dans le journal des visites épiscopales, rend compte ainsi de son passage à Vauvert :

« C'est une paroisse, dit-il, où il y a près de 2.000 habitants, mais il n'y a que 200 catholiques. Le Prévost y a bâti une belle maison presbytérale dans laquelle il fait faire le service en attendant qu'il ait bâti une Eglise, ce qu'il prétend faire au plus tôt (14). »

On le voit, le Prévost était un homme d'action mais son activité ne se bornait pas à faire construire des édifices religieux. Un de ses prédécesseurs avait acquis la liberté d'assister aux séances consulaires, il prétendit y jouer un rôle prépondérant. Le 10 novembre 1680, profitant de ce que les consuls s'étaient réunis pour le renouvellement des magistrats municipaux, il affirma que les édits du Roi obligeaient le conseil à choisir ses nouveaux membres parmi les catholiques, à l'exclusion des réformés.

Le notaire Bruguier ayant fait remarquer qu'aucune ordonnance n'exigeait que les consuls et conseillers ,de Vauvert fussent tous catholiques, le conseil se préparait à passer outre la revendication du curé Barthieu, lorsque ceui-ci, très habilement, fit le raisonnement suivant :

« Certes, aucun édit ne fixe ainsi les choses mais le Roi a fait une déclaration portant que les communautés doivent être censées catholiques, et ,cela ne serait pas si les chefs, c'est-à-dire les consuls, ,se trouvaient d'une autre religion. »

Faisant enfin appel à l'autorité du Roi, dont les protestants - il le savait bien - étaient si respectueux, il termina en disant que lorsque Sa Majesté commandait il fallait obéir « sachant mieux que nous ce quy nous est bon et nécessaire, sans voulloir interpréter Sa volonté » (15).

Les consuls et conseillers réformés, pour obéir au Souverain, se déclarèrent prêts à se soumettre. Ils eussent voté comme le souhaitait le Prévost, si le Procureur à la Cour de Nîmes, qui présidait la séance, n'eût pris sur lui de faire procéder aux élections comme par le passé.

La politique d'Eléazar Barthieu avait échoué. Il partit peu après pour St-Jean-du-Gard sans être parvenu à dresser l'un contre l'autre les deux partis protestant et catholique de Vauvert.

Cette même année (1681) le Parlement de Toulouse ordonnait la nomination d'un maître d'école catholique dans toutes les communautés de son ressort ; mais ce n'est qu'en 1683 que le Conseil de Vauvert songea à prendre des mesures en conséquence. il était coutumier de ces sortes de retards. Ses consuls, protestants et catholiques, s'accordant pour travailler avant tout au bien de la municipalité, il n'exécutait les ordres de l'Intendant qui lui déplaisaient que quand il y était vraiment contraint.

Révocation de l'Edit de Nantes

La Révocation de l'Edit de Nantes fut signée à Fontainebleau le 18 octobre 1685, enregistrée en la Chambre des Vacations le 22 et publiée par le Royaume les jours suivants. Le Roi prétendait ainsi sanctionner un état de fait, reconnaître officiellement la conversion du peuple protestant au culte romain, il sanctionnait plutôt les forfaits que ses farouches représentants avaient déjà commis : démolition des temples (16), fermeture des cimetières, interdictions aux protestants d'exercer aucune profession libérale.

Conversions de Protestants

Certes, à la suite des édits promulgués coup sur coup par le Roi pendant les mois de juillet et août 1685, les protestants de La Vaunage s'étaient convertis en masse. Borrelly, notaire à Nîmes, écrit à ce moment dans son livre de raison : « Montpellier, Lunel, Sommières et toute la Vannage se sont convertis quasi tous à la fois par des délibérations que j'ai reçues. Quoi que l'on dise, il y a du miracle et ouvrage de Dieu là-dedans (17). »

Mais comme Mme de Maintenon l'avoue elle-même

« Toutes ces conversions ne sont pas sincères. »

En réalité, les « Nouveaux Catholiques », ainsi qu'on les appelait, furent des « apostats d'un jour » ; ... « honteux et tremblants de leurs conversions feintes » (18), ils ne tarderont pas à revenir sur les abjurations qui leur ont été arrachées, ou bien, s'ils n'ont pas le courage de rompre ouvertement avec l'Eglise établie et d'encourir ainsi son châtiment, ils la serviront sans zèle et continueront en secret à pratiquer le culte proscrit.

Le dernier pasteur en titre de Vauvert, avant la Révocation, fut Pierre Arnaud. Un jugement de l'Intendant du Languedoc rendu le 24 juin 1684 lui interdit la prédication, le condamnant en outre à une amende de 300 livres (19). Continua-t-il à exercer secrètement son ministère ? Fut-il remplacé par un collègue ?

Assemblées du Désert

Aucun document ne le dit ; et pourtant, il est certain que les nouveaux convertis ne cessèrent de s'assembler, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, à quelques-uns, dans le désert rocailleux des Garrigues de Gallician ou réunis parfois en foule aux frères des villages voisins dans quelques bois de Calvisson, de Lunel ou de Beauvoisin.

L'autorité interdisait formellement ces assemblées et faisait surveiller les lieux suspects. C'est ainsi que le 20 avril 1702, le Comte de Broglie, commandant du Languedoc, envoyait en garnison à Vauvert la compagnie du sieur Guilheminet.

La présence des troupes du Roi à Vauvert n'empêcha pas les nouveaux convertis de se réunir, non loin de la ville, au nombre de quatre, ou cinq cents.

L'Assemblée fut surprise, cinquante personnes furent arrêtées. Baville, informé, condamna l'une d'elles à être pendue à Vauvert, et quatre filles à être fustigées à Beauvoisin où elles habitaient (20).

Pendant ce temps, un détachement de douze soldats, formé par le baron de St-Cosmes, allait désarmer tous les nouveaux convertis le long des Costières.

Exaspérés par trop de vexations, ces derniers résolurent de tenter un coup de main. Le baron de St-Cosmes devait en être la victime. Le 13 août 1702, quelques jeunes gens, armés de bâtons, assaillirent son carrosse et l'assommèrent.

Révolte camisarde

Ce fut le signal du déclenchement de la Révolte Camisarde en Vannage. Dans un grand conciliabule, tenu secrètement près de Vauvert, au début d'octobre, les N. C. décidèrent de se joindre aux révoltés des Cévennes dont les bandes sous la conduite de Laporte, Rolland, Castanet, Joanny et autres ravageaient alors le Vivarais.

Tandis qu'une troupe de Vaunajols s'acheminait vers le Nord, d'autres rebelles venaient faire des incursions à Vauvert. De nouvelles garnisons y furent installées et entreprirent d'entourer la ville de murailles. En quelques mois Vauvert se vit dotée de fortifications qui d'ailleurs ne devaient pas subsister longtemps.

Jean Cavalier et Vauvert

En effet, les troubles s'étant aggravés en Cévennes, les garnisons de Vauvert y furent envoyées ; Jean Cavalier, qui était entré en lutte en janvier 1703 et s'était bientôt révélé valeureux capitaine, profitant de leur départ, vint ravager la Vannage. Il arriva à Vauvert le 18 octobre avec cinq cents hommes et cent quatre-vingts chevaux.

La ville prise, il fit abattre les murailles et mit l'église à sac ; ornements, tableaux, chaises, tout devint la proie des flammes. Il paraîtrait même qu'un ancien catholique périt dans cet incendie.

Se rendant ensuite au château, qui ne fut épargné que parce que le châtelain était un nouveau converti, les rebelles s'emparèrent des munitions et des armes qu'il contenait et y établirent leur quartier général.

Fin de la révolte camisarde

Vauvert fut, pendant des semaines, le centre de leurs opérations et le théâtre de leurs désordres. La tranquillité n'y revint qu'à l'extinction de la révolte camisarde, en Vannage, à la fin de l'année 1704 (21).

La contrée était alors désolée. Autour des ruines encore fumantes, les terres saccagées avaient été laissées en friche ; la population, pressurée d'impôts, accablée par les amendes et les réquisitions, souffrait la misère ; elle n'en continuait pas moins à fréquenter les assemblées, faisant des prodiges d'adresse pour tromper la surveillance des dragons dont les troupes se succédaient sans relâche, pour déjouer les traquenards des espions et des dénonciateurs.

Ces assemblées ne sont plus tenues par des pasteurs les derniers ont fui la persécution ou ont subi le martyre ; mais, deci, delà, quelques zélés religionnaires, gens sans culture qui n'ont pour gloire qu'une piété à l'ardeur parfois échevelée, s'improvisent prédicants.

Prophétisme Vaunajol

Ce sont les prophètes et prophétesses du Désert. Entraînés par l'inspiration fougueuse, ils vont, portant à leurs frères leur message, fruste et passionné, de repentance et de foi, de résignation et de courage, quelquefois même d'audace et de vengeance.

C'est Marguerite Bolle ; c'est l'illustre Pierre Brun, dit « Porte-Effroi », tour à tour prophète et soldat,qui, d'après les chroniques du temps, réunit autour de lui, à Calvisson, « 40.000 Vaunajols » (22) ; ce sont les Monteil, les Guillot, les Bernard, les Brunel, qui bravent, avec une témérité sans égale, tous les dangers, toutes les morts.

Antoine Court - 1er Synode du Désert

Cependant, les vexations multipliées, les outrages à leur liberté lassent les huguenots persécutés. Beaucoup se rendent ; tous s'attiédissent et il semble que l'heure vienne où le Catholicisme pourra dire avec raison, comme l'écrivait Louis XIV, le 8 mars 1715 :

« Nous avons aboli tout exercice de ladite religion. »

Mais, sous les cendres, couvent encore quelques charbons brûlants. Au moment même où le monarque persécuteur agonise à Versailles, un jeune prédicant de vingt ans, Antoine Court, réunit en Languedoc le premier Synode du Désert.

C'est la Restauration du Protestantisme qui commence, oeuvre surhumaine, oeuvre de foi.


(1) Valvert, Vallée verte. 
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(2) Poscheriensis, Porcheriis, marché de porcs.
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(3) Il fut visité tour à tour par Jacques le Conquérant, roi d'Aragon, en 1269, par Saint Louis en 1270, par le pape Clément V en 1305, par Guillaume de Nogaret, l'insulteur de Boniface VIII, en 1311, par François II, en 1538, etc. Il fut renversé au début des guerres de religion, probablement en 1562.
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(4) Archives de la Baronnie, Tome IV.
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(5) Bibliothèque de la ville de Nîmes. Mns. 354, f° 11, d'après FALGAIROLLE.
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(6) FALGAIROLLE, page 47.
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(7) Archives communales de Vauvert.
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(8) FALGAIROLLE, Pages 95, 109.
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(9) Ils l'achetèrent le 22 août 1642.
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(10) D'après les documents Lombard, arbre généalogique. Son mariage dut être béni par le pasteur Brun, en exercice à Vauvert de 1633 à 1660.
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(11) FALGAIROLLE, p. 173.
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(12) Les Tempié occupèrent pendant plusieurs siècles les charges communales les plus enviées. FALGAIROLLE. pages 425 et ss.
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(13) Il est à noter que, comme cela se faisait souvent à cette époque, la famille Lombard reprenait à chaque génération les mêmes prénoms : Jacques, Simon, Joseph étaient ses favoris.
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(14) Bulletin XXII, page 235. Confirmé par FALGAIROLLE, 1). 310.
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(15) Archives communales de Vauvert. Reg. B.B. 9, F° 46.

(16) La démolition du Temple de Vauvert avait été déjà ordonnée le 10 octobre par le Duc de Noailles : elle eut lieu le 19.

(17) Dr PUECH, page 228.

(18) Syn. du D. Introduction, page v.

(19) FALGAIROLLE, page 380.
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(20) LOUVRELEUIL. Histoire des Guerres des Camisards, 1682. Tome 1, page 42.
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(21) Nous empruntons la plupart (le ces détails à FALGAIROLLE.
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(22) RIVALS, Pierre Brun, auxiliaire de Cavalier, brûlé vif à Nîmes en 1705.
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