Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES




 7. Coménius

En ces temps de détresse, parut la figure héroïque de Jean Amos Coménius, né en 1592, qui acquit plus tard une réputation mondiale par sa réforme dans l'éducation. Il n'approuva pas la manière dont les frères s'étaient lancés dans la politique et dans la guerre. Lors du grand désastre, il était établi depuis trois ans comme pasteur de la congrégation des Frères, à Fulneck, en Moravie. Cette localité ayant été mise à sac par des soldats espagnols, Coménius dut s'enfuir. Il se réfugia au château de Charles de Zerotin, où il devint le conducteur des réfugiés qui s'y trouvaient déjà. Ce fut là qu'il écrivit: «Le Labyrinthe du monde et le Paradis du coeur», allégorie par laquelle il enseignait que le monde ne peut donner la paix, mais Christ seul habitant dans un coeur. Chassé de Zerotin, Coménius fit sortit de Moravie la dernière bande de fugitifs. Il avait tout perdu. Sa femme et son enfant étaient morts, suite des privations subies en cours de toute. Lorsqu'ils dirent adieu à leur pays natal, il les encouragea à croire que Dieu veillerait en Moravie sur une «semence cachée» qui, un jour, croîtrait et porterait du fruit.

Les exilés trouvèrent enfin un asile à Lissa (Lesno), en Pologne (1628), où Coménius devint directeur de l'école et d'où, en 1641, il visita l'Angleterre, sur une invitation à venir réorganiser les établissements d'éducation. Là, la guerre civile l'obligea à voyager encore, en Suède et ailleurs. En 1656, une défaite des Suédois par les Polonais eut pour résultat l'incendie par les vainqueurs du «nid d'hérétiques» de Lissa. Coménius perdit de nouveau tous ses biens, y compris des manuscrits prêts à être publiés et représentant des années de labeur. La Paix de Westphalie (1648) avait déjà anéanti le dernier espoir de la restauration des Frères de Bohême, les puissances catholiques et protestantes refusant de les reconnaître. Dans ces circonstances si douloureuses, Coménius écrivit aux Frères et au monde en général, donnant des conseils tels que seule peut le faire l'âme qui s'appuie sur son Dieu quand toutes les ressources terrestres lui font défaut.

En 1650, il écrivit à Lissa «Le Testament de la mère mourante» (57), dans lequel il exhorte les prédicateurs de l'Église morave privés de toute communion fraternelle à accepter des invitations à prêcher dans les églises évangéliques, non pour flatter leurs auditeurs, en accentuer les divisions, mais avec un fervent amour et dans un esprit d'unité. Il conseille aux «orphelins» qui ne sont pas prédicateurs, de se joindre aux congrégations, où ils ne seront pas obligés de suivre des hommes, mais plutôt enseignés à suivre Christ, où ils entendront proclamer l'évangile de Jésus. Il leur dit de prier pour la paix de telles églises, de chercher à les faire progresser en tout ce qui est bien, en leur donnant un exemple lumineux et en les entraînant à de ferventes prières, afin que la colère du Dieu tout puissant, qui doit frapper la chrétienté, s'éloigne d'eux.

Après des exhortations d'ordre général, il ajoute: «Je ne puis vous oublier, chères soeurs, églises évangéliques, ni toi, notre mère qui nous donna naissance, Église de Rome. Tu étais une mère, mais tu es devenue pour nous un... vampire qui suce le sang de ses enfants. C'est pourquoi je souhaite que, dans ta misère, tu te tournes vers la' repentance et abandonnes la Babylone de tes blasphèmes... A toutes les assemblées chrétiennes réunies, je lègue mon ardent désir d'unité et de réconciliation, d'union dans la foi et dans l'amour, en vue de l'unité de l'Esprit. Oh! puisse cet esprit que le Père des esprits me donna dès le commencement descendre en vous, afin que vous aspiriez, comme je l'ai fait, à l'union et à la communion, dans la vérité chrétienne, de tous ceux qui invoquent sincèrement le nom de Jésus. Puisse Dieu vous conduire sur la base de tout ce qui est essentiel et nécessaire, comme Il me l'a enseigné, afin que vous compreniez sur quels points vous devez être zélés et évitiez tout zèle sans connaissance, qui au lieu d'aider aux progrès de l'Église, tend à sa destruction. Puissiez-vous encore discerner où il faut déployer un zèle brûlant pour la gloire de Dieu, même jusqu'à l'abandon de vos vies! Puissiez-vous être tous entraînés par le désir intense de posséder la grâce de notre Dieu, la beauté divine de Jésus et ces dons intérieurs et excellents du St-Esprit, accordés à la vraie foi, à l'amour sincère et à l'espérance vivante en Dieu! En ceci consiste la nature du vrai christianisme.»

«La Voix de l'affliction» (58) fut écrite, en 1660, à Amsterdam. Ce fut la dernière résidence de Coménius, qui y mourut dix ans plus tard. Il y écrit entre autres: «Nous savons que l'Éternel ne guérit que les blessés, ne rend la vie qu'aux morts et ne fait remonter du sépulcre que ceux qui y sont descendus (1 Sam. 2). Soyons donc prêts à accepter sa volonté pour nous, et, s'Il juge bon de nous blesser d'abord, de nous tuer et de nous jeter dans le sépulcre, que sa volonté soit faite! Nous sommes assurés cependant que, soit ici, soit dans l'éternité, nous serons guéris, ressuscités et introduits dans le ciel. Même notre Seigneur qui endura une mort douloureuse entre toutes, ignominieuse et angoissante, se consola par la pensée que le grain de blé, s'il ne meurt, reste seul, mais que, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Si donc la guérison découle de ses blessures, la vie de sa mort, de son sépulcre le ciel et le salut, pourquoi nous, petits grains de blé, ne mourrions-nous pas selon la volonté de Dieu? Si le sang des martyrs, et même le nôtre, doit être la semence de l'Église pour les croyants qui viendront après nous, ah! répandons en pleurant la précieuse semence afin de revenir un jour avec allégresse en portant nos gerbes. Si Dieu détruit, Il rebâtira. Il fait toutes choses nouvelles. Dieu sait ce qu'Il fait. Restons confiants lorsqu'Il démolit ou bâtit, selon son bon plaisir. Il ne fait rien sans un but déterminé; quelque chose de grand se cache en toutes ses actions. La création tout entière est subordonnée à la volonté de Dieu, et nous aussi, que nous comprenions ou non ce qu'Il fait. Il n'a pas besoin de nous consulter sur ses actes.»

A l'âge de septante-sept ans, alors qu'il avait acquis dans toute l'Europe une grande réputation pour l'heureuse révolution accomplie dans l'esprit et les méthodes de l'enseignement, Coménius écrivit: «La seule chose nécessaire» (59). Dans cet ouvrage, il compare le monde à un labyrinthe et démontre que le seul moyen d'en sortir est de délaisser ce qui est inutile et de choisir «la seule chose nécessaire : Christ». «Des maîtres en grand nombre - dit-il - ont produit une multitude de sectes, pour lesquelles on ne pourra bientôt plus trouver de noms. Chaque église croit être la seule vraie, ou du moins celle qui se rapproche le plus de la vérité, alors que les églises se persécutent amèrement les unes les autres. On ne saurait espérer de réconciliation entre elles; elles répondent à la haine par une haine implacable. Elles fabriquent leurs confessions de foi diverses en les tirant de la Bible. Ce sont là leurs forteresses et leurs remparts, derrière lesquels elles se retranchent et résistent aux attaques. je ne veux pas dire que ces confessions de foi - car elles le sont, dans la plupart des cas - soient mauvaises en elles-mêmes. Mais elles le deviennent parce qu'elles attisent le feu de l'inimitié. Ce ne sera qu'en les mettant tout à fait de côté qu'on pourra se mettre à guérir les blessures de l'Église...

A ce labyrinthe de sectes et de confessions diverses vient s'ajouter l'amour des disputes. A quoi cela avance-t-il? Y eut-il jamais une querelle de mots qui ait amené une solution? jamais. Le nombre de ces disputes ne fait que s'accroître. Satan est le plus grand des sophistes; il n'a jamais été vaincu dans une bataille de mots... Au service divin, en général, on entend beaucoup plus les paroles des hommes que la Parole de Dieu. Chacun babille à son gré; on tue le temps par de savantes dissertations, en cherchant à réfuter les arguments des autres. C'est à peine si l'on mentionne la nouvelle naissance, la nécessité pour l'homme d'être rendu semblable à Christ, de devenir participant de la nature divine (2 Pierre 1. 4). Quant au pouvoir des clés du Royaume, l'Église a presque entièrement perdu le pouvoir de lier; il ne lui reste que celui de délier... Les sacrements, donnés comme symboles d'unité, d'amour et de vie en Christ, sont devenus l'occasion de luttes acharnées, une cause de haine mutuelle, un centre de sectarisme... Bref, la chrétienté est devenue un labyrinthe. La foi a été divisée en mille parties infimes et celui qui ne les accepte pas toutes est considéré comme hérétique... Qu'est-ce qui nous aidera? Seulement la seule chose nécessaire: le retour à Christ, à Lui comme seul Chef, pour marcher sur Ses traces, en délaissant tous les autres sentiers, jusqu'à ce que nous ayons atteint le but et soyons parvenus à l'unité de la foi (Eph. 4. 13). Comme le Maître céleste, qui a tout édifié sur le fondement des Écritures, laissons de côté toutes les particularités de nos confessions spéciales et contentons-nous de la Parole révélée de Dieu qui appartient à tous. La Bible en main, nous déclarerons: je crois ce que Dieu a révélé dans ce Livre; je veux obéir à ses commandements; j'espère en ses promesses. Chrétiens, écoutez! Il n'y a qu'une Vie, mais la mort vient à nous sous mille formes. Il n'y a qu'une Vérité, mais l'erreur a mille formes. Il n'y a qu'un Christ, mais mille antichrists... Tu connais donc, ô chrétienté, la seule chose nécessaire. Ou bien tu reviens à Christ, ou bien tu marches à la destruction comme l'antichrist. Si tu es sage, si tu veux vivre, tu suivras le Chef de la Vie.

»Mais vous, chrétiens, réjouissez-vous d'être enlevés auprès de Lui... Écoutez les paroles de voire Conducteur céleste: Venez à moi... Répondez d'une seule voix: Oui, nous venons!»



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57 «Das Testament der Sterbenden Motter» von J. A. Coménius, écrit en tchèque à Lissa, traduit en allemand par Dora Perina, à Leitmeritz. Monatschriften der C. G. XVIe volume, cahier 1. Édité par Ludwig Keller, Berlin. Librairie Weidmann.

58 Stimme der Trauer» von J. A. Coménius. Traduit du tchèque en allemand par Franz Slamenik. Monatschriften der Comenius Gesellschaft, XIII Band, Heft III. Herausgegeben von Ludwig Keller. Verlag von Eugen Diederichs, lena, 1908.

59 «Unum Necessarium», J. A. Comenius.

 

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