Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APPENDICE

A LE CHAPITRE DES NATIONS

Le chapitre X de la Genèse nous donne la vision grandiose de l'unité de la race humaine. Toutes les nations sont présentées comme sortant des trois fils de Noé. Or, cette unité de la race humaine, qui est essentielle à la fraternité universelle, est de plus en plus reconnue par la science qui met en lumière les traits physiques, intellectuels et moraux communs à tous les hommes, à travers le temps et l'espace.

Mais ce qui est aussi remarquable, c'est que l'ethnologie confirme aussi la division de la race humaine en trois groupes, qui tirent leur nom des noms des fils de Noé : le groupe sémitique, japhétique ou aryen et chamite ou turanien.

Aux identifications de noms de villes ou de peuples que nous avons déjà signalées, nous pouvons en ajouter d'autres qui sont aussi caractéristiques :

Parmi les fils de Japhet, nous rencontrons Gomer et Magog. Gomer apparaît dans les inscriptions assyriennes sous la forme « gimirâa ». Ce sont les Kimmerii des Grecs, et les Cimbri des Romains. Magog n'a pas été identifié ; mais Madaï a été identifié avec les Mèdes ; Javan apparaît dans les inscriptions de Sargon et de Darius comme désignant l'Ionie et la Grèce. Tubal et Mischu apparaissent aussi dans les inscriptions de Sargon sous la forme Tubal et Muski.

Il faut mettre en lumière le fait que Nimrod (X, 8-12) est fils de Cush, fils, de Cham. Donc, la civilisation babylonienne qui a pris son élan avec Nimrod, est d'origine chamitique, d'après la Bible. Cette assertion a été longtemps contestée, mais elle est pleinement confirmée à l'heure actuelle. Les archéologues reconnaissent que l'écriture est d'origine chamitique, que les Babyloniens, puis les Assyriens, ont appris l'écriture des Acadiens, c'est-à-dire des Chamites. Les noms de villes les plus anciennes de la Mésopotamie sont aussi chamitiques et la religion était aussi d'origine chamite.

François Lenormant écrit à ce sujet : « Les Chamites furent les premiers, après le Déluge, à entrer dans la voie de la civilisation, dans laquelle ils firent de grands progrès. »

Que la civilisation chaldéenne ait précédé et suscité la civilisation assyrienne, c'est aussi ce que l'archéologie, comme la Bible, déclare sans hésiter. Les Assyriens ont tout pris des Chaldéens, même leur manière de construire avec des briques, même leur architecture.

En ce qui concerne les villes de l'Assyrie, bâties par Nimrod, il est intéressant de remarquer que le texte sacré ne mentionne pas Khorsabad qui ne fut bâtie qu'en 707 par Sargon. De même, le texte qui ne donne pas Ninive comme la grande ville dont nous parlent les prophètes, indique comme « grande ville » Resen qui, longtemps avant les prophètes, était déjà en ruine, mais dont la période de prospérité correspond parfaitement avec le temps de Moïse.

En résumé, les cinq premiers versets du chapitre X nous donnent trois indications de la plus haute importance qui sont confirmées par les récentes découvertes archéologiques : 1° l'origine chamitique de la civilisation babylonienne ; 2' l'origine babylonienne de la civilisation assyrienne ; 3' le rôle essentiel joué par une personnalité, celle de Nimrod, dans la formation de la Babylonie et de l'Assyrie.

Ainsi le début du chapitre, comme d'ailleurs tout le reste, est d'une valeur essentielle pour qui a le respect du passé. La science moderne proteste contre toutes les attaques absurdes dont cette merveilleuse page de l'Ecriture sainte a si souvent été l'objet.


B. - KISH

La plus ancienne ville connue en Accad. D'après M. Langdon, qui a pris la part la plus importante aux fouilles, cette ville aurait été fondée par les Sumériens, venus du nord-est. On y a trouvé des tablettes avec une écriture plus ancienne encore qu'à Ur ; on y a trouvé aussi une quantité de vase§ peints à décoration géométrique, avec losanges noirs et rouges. Au cours de l'hiver 1925-1926, on a retrouvé la bibliothèque de Kish, dont le dépouillement sera extrêmement intéressant et révélera ce fait étonnant que plus de 1.000 ans avant Abraham il y avait toute une littérature. C'est le renversement de toute la théorie critique qui enlevait même à Abraham la capacité d'écrire. On a déjà trouvé parmi ces documents, des lois et des rituels qui indiquent une société et un culte fortement organisés.


C. - PITHOM ET RAMSÈS

L'archéologue Kyle a visité les ruines de Pithom , et a confirmé pleinement tout ce que M. Ed. Naville en avait dit. Voici ce qu'il écrit à ce sujet : « Le mur de la ville est visiblement marqué, et la forteresse, le temple, la place de parade et les chambres à provisions. Les briques sont entourées de mortier, ce qui est contraire aux habitudes égyptiennes. Les rangées inférieures de briques, du moins dans certaines chambres-magasins, sont faites de briques dans lesquelles on discerne de la paille ; les rangées supérieures sont faites de briques sans paille ; celles du milieu sont faites de briques remplies de tiges dont on discerne parfaitement les racines. Depuis les travaux de Naville, on a trouvé dans ces ruines une tombe en l'honneur d'un prêtre et sur laquelle on lit la mention Thuku appliquée à la région. Thuku est l'équivalent du mot Succoth (1) » L'attribution de Ramsès à Ramsès II (Exode I, II) a été récemment confirmée par la découverte, en 1923, à Beisan, d'une stèle portant le nom de Ramsès II et indiquant qu'il a employé des Sémites pour bâtir sa cité de Ramsès. De plus, on a remarqué que les briques des cités-magasins (telles que Pithom et Ramsès) portent le nom de Ramsès.


D. - MÉNEPHTAH

On a trouvé à Ramasseum, en face de Karnak, dans la Haute-Egypte, une inscription racontant les gloires du règne de Ménephtah. Dans cette énumération de ses victoires, il parle des Israélites : « Tehennu (au nord de l'Afrique) est dévasté ; Kheta (2) (au nord de la Syrie) est en paix ; Canaan, victime de toutes sortes de malheurs ; AskaIon est pris, et Gézer, Yeonoamam est réduit à rien ; Israël est détruit, sa semence n'est plus ; Khar (3) est devenu comme une veuve pour l'Egypte ; toutes les terres sont unies et pacifiées ; tous les turbulents sont enchaînés par le roi Ménephtah. » L'expression « sa semence n'est plus » est sans doute une allusion évidente à la diminution d'enfants mâles. Enfin, cette inscription date de la 5e année du roi, ce qui correspond à l'époque de l'Exode. Nous avons donc là, non seulement une mention égyptienne d'Israël, la première, mais une allusion au fait que, pour le roi, Israël est considéré comme n'existant plus comme nation. C'est sans doute ce que Ménephtah croyait d'un peuple qui errait dans le désert ou, en tout cas, cherchait à faire croire. Naturellement, on ne peut pas s'attendre à ce que le roi fasse mention du départ glorieux d'Israël et du miracle de la mer Rouge. Mais il ressort de l'inscription qu'il parle d'Israël comme n'étant Plus en Egypte. Si Israël était resté en Egypte, le roi n'aurait pas dit : « Israël est détruit. »


E. - VOCABULAIRE ÉGYPTIEN DU PENTATEUQUE

Voici d'autres mots égyptiens disséminés dans le Pentateuque

Succoth, tente faite de branches (Lévitique, XXIII, 34-44). - Ohel, tente permanente faite de peaux et d'étoffe. - Migdol (Exode, XIV, 2), tour. - Adon; maître ; ce mot était employé en Egypte au temps de Ramsès et Ménephtah ; plus tard, il disparaît. - Ab, vizir, titre donné à Joseph (Genèse, XLV, 8-9). - Tba (hébreu Têbâh), coffre ou berceau (Exode, II, 31). Kam (hébreu Gomêh), jonc. - Sennu (hébreu Sinsénet), vase (Exode, XVI, 33). Seri (hébreu Sêr), vase de grande dimension (Exode, XVI, 3). Ephah, Hin et Hômer (Exode, XVI) sont des mesures d'origine égyptienne.

Voici une liste de traductions hébraïques de mots égyptiens ; elle ressort surtout du récit des dix plaies. Nous l'avons tirée du livre si intéressant du Dr Kyle : « Moses and the monuments. » Dam, le fleuve rouge (Exode, VII, 17-25). - Tsephardeim, grenouilles (Exode, VIII, 1-15). - Kinnim, poux (Exode, XIII, 16-19). - 'Arobh, mouches (Exode, VIII, 20-32). - Delher (Exode, IX, 1-7). - Shehin, ulcères (Exode, IX, 8-17). - Baradh, grêle (Exode, IX, 18-35)- - 'Arbeh, sauterelles (Exode, X, 1-20). - Hoshekh, ténèbres (Exode, X, 21-29). - Shur, mur, de l'Egyptien Anbu (Genèse, XVI, 7 ; Genèse, XX, I ; XXV, 18 ; Exode, XV, 22). - Toebbah, abomination ; en égyptien Aat (Genèse, XLVI, 34). Ce mot Aat désignait les étrangers, le péril jaune d'alors. Il était employé surtout à propos des Hyksos, la dynastie détestée.

La présence de ces mots égyptiens intégralement transcrits ou traduits en hébreu est un phénomène remarquable, d'autant plus qu'il est caractéristique du Pentateuque tout entier. Il est impossible d'admettre que ces termes égyptiens et propres aux périodes dont parle le Pentateuque aient été connus de prêtres au temps de Josias et d'Esdras et insérés par eux dans un récit qu'ils auraient faussement attribué à Moïse.

Non seulement les locutions égyptiennes sont fréquentes dans le Pentateuque et dans les diverses portions que la critique s'obstine à attribuer à des auteurs vivant à des siècles d'intervalle, mais il y a une ressemblance frappante entre la phrase égyptienne et la phrase hébraïque telle qu'elle apparaît dans le Pentateuque. Il n'y a, d'autre part, aucune trace de l'influence babylonienne sur le style du Pentateuque. L'archéologue Kyle écrit à ce sujet et comme conclusion de toute son étude sur l'égyptologie des cinq livres de Moïse : « Si nous pouvons nous affranchir des préjugés de la critique, nous reconnaîtrons, sans la moindre hésitation, que la littérature du Pentateuque a subie l'influence égyptienne, aussi sûrement que la littérature,, mexicaine a subi l'influence indienne et que la littérature française des créoles a subi l'influence américaine (4). »


F. - VERS LA PALESTINE

Les Israélites turent à lutter contre Sihon, le roi des Amorrhéens ou Amorrites (Nombres, XXI, 21-26). Les Amorrites étaient alors un peuple en décadence ; leur pouvoir avait été en partie usurpé par celui des Hittites ; mais ils possédaient encore certains territoires dam le sud de la Palestine et au nord du désert. C'est ainsi que Moïse est obligé de traverser leur pays pour aller en Canaan. La capitale de Sihon était Hesbon, aujourd'hui Hesbân, ville située sur une hauteur.

Ils eurent aussi à combattre Og, roi de Basan, qui sortit, lui et tout son peuple, pour livrer bataille à Israël, à Edrei. Edrei, aujourd'hui Dérât, était l'une de ces villes souterraines qui abondaient dans cette région et dont l'on rencontre encore d'assez nombreux vestiges. M. Oliphant décrit sa visite dans une de ces immenses cavernes qui constituaient la résidence du roi Og et de son peuple, et qui sont encore maintenant plus ou moins habitées.

Après cette double victoire, Israël s'établit dans les plaines de Moab. C'est alors que se produit l'incident de Balak et de Balaam. « Balak, roi de Moab, envoya des messagers à Balaam, fils de Béor, à Péthor sur le fleuve. » (Nombres XXII, 15). Le Dr Hincks, de Dublin, identifie Péthor avec Pétru, sur la rive occidentale de l'Euphrate. Salmanasar II dit que Pétru était appelé Péthor par les Hittites. Péthor est aussi mentionné par Thotmès III.

On a pu identifier quelques-unes des villes mentionnées au chapitre XXXII des Nombres, comme ayant été bâties ou rebâties par les enfants d'Israël : Aroër, aujourd'hui Araïr, près de l'Arnon ; Jogbéha, aujourd'hui Djabéhat ; Beth-Nimra, aujourd'hui Nimrin ; Eléalé, aujourd'hui El-AI, au nord de Hesbon ; Kiriathaïm, aujourd'hui Kureyat, au sud des monts Attarus ; Nébo, aujourd'hui Nebbé ; Baal-Mion, aujourd'hui le monticule appelé Mijun.


G. - EN CANAAN

Les tablettes de Tel-el-Amarna font allusion à plusieurs villes de Palestine mentionnées dans les livres historiques. Les fouilles ont aussi permis de retrouver les ruines de plusieurs de ces villes et de reconstituer leur histoire. Lakish a été découvert par le professeur Petrie en 1890 ; Gézer, par M. Clermont-Ganneau en 1871 ; Jéricho, 'par le professeur Sellin en 1908 ; Bethshemesch, par le Dr Mackenzie en 1911 ; Taanach, par le professeur Sellin en 1902 ; Meguiddo, par le Dr Schumacher en 1905.

Ces fouilles ont révélé l'exactitude de la déclaration des espions disant à Moïse : « Ce sont des villes grandes et fortifiées. » (Deutéronome, 1, 28). A Jéricho, à Gézer, à Megiddo, à Lakish on a retrouvé les vestiges de puissantes murailles. Ce qu'il y a de plus intéressant dans l'étude de ces ruines, c'est qu'elles permettent de reconstituer les diverses périodes de l'histoire de ces localités. C'est ainsi qu'à Gézer, par l'observation des diverses couches de décombres, les archéologues ont su discerner la période primitive, non sémite ; puis la période chamitique ; la période égyptienne ; la période israélite ; enfin la période phénicienne et la période grecque. Le même travail d'observation a pu être fait à Lakish.


H. - LA PIERRE MOABITE

A partir du Xe siècle, nous trouvons encore au Louvre quelques documents particulièrement intéressants au point de vue biblique.

Mentionnons un monument de grande valeur se rapportant à la période d'Achab. C'est la « Pierre moabite ». Cette pierre a été trouvée en 1863 à Dibhan, sur l'ancien territoire des Moabites. Elle a été brisée par les indigènes, et l'on n'en possède que les deux tiers. Fort heureusement, les archéologues avaient pu prendre son empreinte sur papier avant qu'elle fût mutilée. Il a été possible de reconstituer en partie le texte.

Cette pierre porte une inscription de trente-quatre lignes, en caractères phéniciens. Elle est dédiée à Mésa roi de Moab, à son dieu Kémosch. Il relate ses victoires sur les Israélites et comment il a pu reprendre plusieurs villes et entreprendre d'autres travaux sous les ordres de son dieu.

Nous avons ici une nouvelle confirmation du récit biblique. Nous lisons, en effet, dans le livre des Rois (II Rois, III, 4) : « Mésa, roi de Moab, possédait des troupeaux, et il payait au roi d'Israël un tribut de cent mille agneaux et de cent mille béliers avec leur laine. A la mort d'Achab, le roi de Moab se révolta contre le roi d'Israël. » Il ressort des versets suivants que le roi de Moab commença par remporter des victoires, ainsi que la pierre le relate. Mais ce que la pierre ne dit pas, ce que nous apprenons par la Bible, c'est que les Moabites ne purent résister à la coalition du roi d'Israël, du roi de Juda et du roi d'Edom.

Il faut aussi signaler, à propos de la pierre, cette autre confirmation de la Bible : Le dieu Kémosch, dont la pierre nous parle, est mentionné dans le livre des Rois (I Rois, XI, 33) comme étant « le dieu de Moab ». Jérémie aussi parle de ce dieu : « Sur Moab ; Kémosch s'en ira en captivité avec ses prêtres et avec ses chefs. » (XLVIII, 7).

Voici quelques extraits de cette pierre qu'on appelle aussi la « Stèle de Mésa ». « C'est moi Mésa, fils de Chamosgad. J'ai édifié ce sanctuaire de salut, car il m'a sauvé de tous les assaillants... Omri fut roi d'Israël et opprima Moab pendant longtemps ; son fils lui succéda et lui aussi disait : « J'opprimerai Moab. » C'est de mon temps qu'il parla ainsi. Mais moi, j'ai vu (la revanche) dans lui et dans sa maison Israël a été ruiné à jamais... Le roi d'Israël avait bâti Ataroth j'attaquai la ville et je la pris. je tuai tout le peuple... Omri s'était emparé de Mehadebah, et Israël y demeura pendant son règne et une partie du règne de ses fils, à savoir, quarante ans ; mais Chamos l'a restitué de mon temps... Alors Chamos me dit : Va prendre Neboh sur Israël. J'allai de nuit et j'attaquai depuis l'aurore jusqu'à midi. je la pris et je les tuai tous... J'emportai de là les vases de Jahweh et je les traînai devant Chamos. J'attaquai Yahas et je la pris pour l'annexer au pays de Dibon... Tout Dibon m'est soumis... Et Chamos me dit : « Descends et combats contre Horonan » ; j'allai et je combattis contre la ville et je la pris, et Chamos me la rendit dans mes jours (5). »

Il est frappant de constater que plusieurs de ces noms sont mentionnés dans l'Ancien Testament. Il est question de Dibon. Nebo et Medeba, dans le livre d'Esaïe (XV, 2) : « On monta au temple et à Dibon, sur les hauts lieux pour pleurer ; Moab est en lamentations sur Nebo et sur Medeba. » Nous savons, en effet, que ces villes de la possession desquelles Mésa se vante, furent reprises plus tard par les Israélites. Il est question de Horonan dans le même chapitre : « Ils jettent des cris de détresse sur le chemin de Choronaïm. » (v, 5). Et encore dans le livre de Jérémie : «Des cris partent de Choronaïm. » (XLVIII, 2).


I. - RELIGION PHÉNICIENNE ET CARTHAGINOISE

On a trouvé, il y a quelques années (en 1921), un sanctuaire de la déesse Tanit, à Carthage. Dans les poteries, on a découvert des ossements de jeunes enfants, nouveau-nés ou enfants de deux ans et demi à trois ans. « Sur une stèle, un personnage est figuré debout, faisant de la main droite un geste d'adoration, et de l'autre tenant contre sa poitrine un petit enfant nu. Pendant des siècles, d'une façon régulière, de tout jeunes enfants auraient été offerts à la divinité, dans le sanctuaire de Carthage, dont une partie est maintenant déblayée ; nous serions là, selon toute vraisemblance, en présence du vieux rite syro-palestinien, de l'offrande du premier-né que les parents venaient brûler ; ce sacrifice du premier-né, les Carthaginois l'auraient pratiqué pendant toute la durée de l'occupation punique (6). »


J. - LES ÉCRIVAINS ANTIQUES

Leurs procédés étaient tout différents des nôtres. « Les citations, les références étaient à peu près impossibles avec leurs moyens de composition. Soit qu'ils se servissent de tablettes en argile ou de rouleaux de papyrus, chaque livre était une édition à part... Les tablettes et les rouleaux étaient de dimensions inégales, sans lignes et espaces uniformes. Il était parfois très difficile de consulter les tablettes précédentes. Quand un auteur voulait faire allusion à un fait déjà raconté, il lui était plus facile de le répéter que de le citer (7). »

Mort de Moïse. - L'insertion du récit de la mort de Moïse dans le livre du Deutéronome, livre qui est de Moïse lui-même, est conforme aux procédés littéraires en usage en Egypte. « On voit souvent des épitaphes écrites à la première personne sur les tombes en Egypte, et, parfois, ces épitaphes donnent même le récit des funérailles. » (Kyle).


K. EN BABYLONIE

1° Lois Sumériennes.

Ces lois sont antérieures au Code d'Hammurabi et dénotent aussi une civilisation avancée, une société organisée. L'une de ces lois jette une lumière nouvelle sur la Parabole de l'Enfant Prodigue. D'après cette loi, l'enfant qui quitte la maison paternelle n'est plus enfant ; il a le droit de réclamer son dû, mais, après, tout est fini. C'est une rupture légale. définitive. Cette particularité fait mieux comprendre l'amour du père, qui est prêt à accepter son fils, et permet de mieux comprendre la portée de cette parole du fils : « Traite-moi comme l'un de tes serviteurs, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. »

Voici le texte de cette loi antique : « Si un fils dit à son père et à sa mère : Vous n'êtes pas mon père, ma mère.. il recevra sa portion entièrement de son père. Mais son père et sa mère lui diront : Tu n'es plus notre fils ; et il devra s'en aller des environs de la maison et de la ville (8). »

2° Après l'exil.

On trouve, dans certaines tablettes d'après l'exil, à Babylone, des noms qui indiquent manifestement qu'il y a eu des mariages entre juifs et Babyloniens. Certains Juifs ont adopté des noms babyloniens. De nombreuses tablettes font allusion à une importante maison de commerce et de banque, dirigée par une famille juive.

Les tablettes de Murashû à Nippur (sans doute Calach de Genèse, X, 10), qui datent d'Artaxerxès 1er et de Darius II (464-405) renferment un grand nombre de noms juifs mentionnés dans les livres d'Esdras et de Néhémie. Il y avait sans doute, à Nippur, une importante colonie juive.


L. - « LA PIERRE DE L'ANGLE »

Nous lisons au Psaume CVIII, v. 22 : « La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l'angle. » Ce verset est cité dans le Nouveau Testament (Actes, IV, II). Il faudrait traduire plus exactement : « La pierre du coin. » Ces pierres abondent en Chaldée et en Assyrie. Ce sont des pierres très dures qui servaient de crapaudine aux portes, sur lesquelles les portes pivotaient. Elle étaient percées au milieu, de manière à pouvoir soutenir les gonds des portes des temples ou des palais. « Elles expliquent parfaitement, écrit M. J. Six, par leur forme irrégulière, comment ceux qui bâtissaient les auraient rejetées, vu qu'elles se prêtaient mal à être taillées à façon. » « Après tous ces rapprochements, ajoute M. Six, l'image du Psalmiste ne gagne-t-elle pas autrement en vérité, si elle fait allusion à une pierre qui remplit une fonction d'une si grande importance et non point à une pierre dressée à un coin quelconque d'un édifice ? La place qu'occupe la crapaudine dans l'angle de la porte prime tout le reste. Ce galet, qu'il fallait assujettir et caler avec soin, jouait ainsi dans l'économie de la porte un rôle capital. L'insigne importance que l'on prêtait aux gonds ne se voit pas moins dans le vocabulaire chrétien que dans les dédicaces des anciens temples chaldéens. On ne pouvait guère trouver dans une maison antique une pierre qui représente une fonction plus essentielle et plus fondamentale (9) »


M. - LES 300 DE GÉDÉON

M. V. Trumper écrit à ce sujet dans le « journal of Palestine Oriental Society » (1926) : « Ces 300 hommes étaient des gens habitués aux aventures, par opposition aux citadins, parce qu'ils surent boire prudemment une eau infestée de sangsues, comme celle de Aïn Djâloud. »


N. - LA CHRONOLOGIE ANTIQUE

La chronologie antique ne ressemble pas à la nôtre. Les anciens avaient d'autres méthodes que nous. Ils ne cherchaient pas à être complets, acceptaient aisément de passer sous silence certains noms et certaines époques, et n'avaient aucune hésitation à parler successivement d'événements simultanés. Enfin, ils n'avaient pas à leur disposition un point de départ fixe, adopté par tous les peuples, ce qui est le cas pour nous qui comptons depuis Jésus-Christ.

La chronologie biblique, du moins celle du Pentateuque et des premiers livres historiques, semble avoir été établie surtout en rapport avec l'histoire égyptienne. Les souverains égyptiens mentionnés dans l'Ancien Testament ont tous été identifiés et conformément à l'ordre indiqué par les écrivains sacrés. Tout récemment, des documents ont mis en lumière le nom de Sisak (ou Schischak), contemporain des dernières années de Salomon et des premières années de Roboam (I Rois, XI, 40 et XIV, 25). Il y a concordance manifeste entre la chronologie égyptienne et la chronologie israélite. (Consulter le dernier paragraphe de cet Appendice : Q. Divers).


O. L'INSCRIPTION DE SILOÉ

En 1880, un jeune garçon ayant glissé dans le réservoir de Siloé, à Jérusalem, aperçut sous l'eau, sur le roc, des lettres gravées qui lui parurent étranges. Il en parla à son maître qui se trouvait être un architecte bien connu à Jérusalem Celui-ci comprit l'importance de cette découverte, put prendre l'empreinte de l'inscription, et l'on s'aperçut qu'elle contenait une allusion au percement de l'aqueduc qui amenait l'eau de la source de Gihon au réservoir de Siloé. Voici la traduction de l'inscription : « Le creusement ! Voici comment l'aqueduc a été creusé. Tandis que les mineurs avaient encore le pic levé, tout près les uns des autres, et alors qu'il n'y avait plus que trois mètres cubes de pierre à creuser, on entendit la voix d'un homme appelant son voisin... Le moment vint où les mineurs furent pic contre pic, en face les uns des autres, et les eaux arrivèrent de la source au réservoir. » Les archéologues sont d'accord pour reconnaître dans cet aqueduc celui dont parle le texte sacré, et qu'il attribue à Ezéchias (II Rois, XX, 20, et II Chroniques, XXXII, 30).


P. - TEXTES DECHIFFRES

Les découvertes ne se font pas seulement dans le sol de l'Orient à mesure que les fouilles sont effectuées. Elles se font aussi plus tard dans les musées ou dans les collections particulières à mesure qu'on parvient à déchiffrer des textes précédemment acquis.

L'année 1923, sous ce rapport, a été très importante, car elle a vu la publication de deux documents intéressant de très près l'histoire biblique.

Prenons d'abord ce qui se rapporte à l'histoire la plus ancienne.

L'assyriologue Langdon a déchiffré et publié un prisme chronologique de la collection de M. Weld-Blundell (Oxford). Ce prisme donne la liste de dix rois antédiluviens et mentionne le Déluge. Il est écrit en sumérien, langue qui fut détrônée par le babylonien sémitique, ou acadien. Le sumérien, pour lequel furent inventés les signes cunéiformes, subsista comme langue liturgique :

 
« Quand la royauté descendit des cieux.
A Eridu fut la royauté.
A Eridu Alulim fut roi.
Il régna 28.800 ans... »

Ainsi commence notre prisme. Plus loin, il est question d'Enmenluanna, qui régna 43.200 ans à Badtibira. Ce nom signifie « mur des forgerons », et l'assyriologue Sayce fait de tibira l'équivalent de tubal dans Tubal-Caïn (Gen., IV, 22), tout en faisant remarquer la parenté entre le nom de Caïn et une racine arabe qui signifie forger.

Après le huitième règne

« Le Déluge s'avança.
Après la montée du Déluge..
A Kish fut la royauté. »

Kish, où des fouilles importantes se poursuivent, a été considéré comme un faubourg de Babylone.

Une autre tablette de la collection Weld-Blundell, ainsi que la liste du prêtre babylonien Bérose (10) IIIe siècle avant J.-C., mentionne dix rois au lieu de huit, dont le dernier, Ziûsuddu, ou Atra'hasis (Xisuthros. de Bérose), est le Noé babylonien.

Le second texte nous rapporte une histoire relativement plus récente, celle de la chute de Ninive, dont il donne la date exacte.

La Bible fait remonter l'origine de Ninive à Assur (Gen., X, 11). Le second livre des Rois énumère plusieurs monarques assyriens dont la puissance était singulièrement menaçante pour le royaume de Juda, et pour celui d'Israël, qui finit par succomber en 722, à la conquête de Salmanasar. Parmi les prophètes qui ont parlé de Ninive, nous citerons Jonas, Nahum et Sophonie (II, 13-15)

Quel écho ne dut pas faire retentir à Jérusalem la nouvelle de la chute de la cité orgueilleuse qui ne sut persévérer dans l'humilité après la prédication de Jonas !

Il faut savoir gré à M. Gadd d'avoir déchiffré une tablette qui dormait dans les réserves du British Museum, sorte de communiqué officiel des événements qui se succédèrent entre 616 et 609. C'est en 612, et non pas en 606 comme on le croyait jusqu'ici, que Ninive tomba sous l'effort combiné des Babyloniens, des Mèdes et des Scythes. Josias régnait encore à Jérusalem.

Notre tablette nous apprend aussi que l'armée assyrienne s'était repliée sur Charan (ou Harran), l'ancienne ville d'Abraham, où les Assyriens se donnèrent un dernier roi : Assuruballit ; mais Charan, dernier rempart de l'empire assyrien, finit par succomber en 610. Le secours d'une armée venue d'Egypte avait été vain. On se rappellera à ce sujet comment les prophètes avertissaient leur peuple de l'inutilité des secours égyptiens.

Le département des Antiquités Orientales du Musée du Louvre continue la publication des textes cunéiformes. En 1927 a paru le tome IX (Les textes Assyro-Babyloniens) sous la direction du Dr Contenau. Plusieurs de ces lettres sont particulièrement intéressantes au point de vue biblique.

C'est ainsi que les expéditeurs de la lettre 108 portent des noms ouest-sémitiques que l'on trouve dans la Bible :

Ba-ri-ku-ilu (job, XXXII, 2-6 « Barakeel »)

Ha-ia-pi (Jérémie XL, 8 « Ephaï »)

La lettre 99 est un document de première valeur.

« Il s'agit, dit la Revue Biblique (janvier 1927, p. 152) d'un message envoyé par Nabuchodonosor II, encore prince héritier, à trois personnages pour leur annoncer la campagne de Nabopolassar au pays de Harran, campagne qui devait mettre fin à l'Empire assyrien.

« Voici la traduction de Thureau-Dangin pour la partie de ce document qui a été conservée : « Lettre de (ilu) Nabu-kudurusur, à (ilu) Ninurta-sar-usur, (ilu) Nabu-nadim-sum et (ilu) Mar-duk-etir. Salut à vous ! Que Bël et Nabou décrètent votre salut ! Le roi s'en est allé au pays de Harran (Har-ra-nu) ; une force nombreuse de Mèdes (Ma-da-a-a) s'en est allée avec lui. Quiconque aime le roi et m'aime, moi aussi, père et enfant.. »

« Malgré l'absence des dernières lignes, cette missive illustre, de saisissante façon, la campagne racontée par la chronique de Gadd. On voit clairement que les alliés de Nabopolassar, dans la marche sur Harran, sont des Mèdes et que, par conséquent, les fameux Umman-Manda qui, d'après les récits de Nabonide et la relation de la chronique, furent les auxiliaires de l'armée babyIonienne et les destructeurs de Harran, doivent s'identifier avec les Mèdes et lion avec les Scythes. C'est donc sous les coups des Babyloniens et des Mèdes que, l'an 610 avant Jésus-Christ, tombait la ville de Harran, comme étaient tombées Assur et Ninive.

« Thureau-Dangin signale que, d'après Josèphe (Antiq. Jud, X, 5), la campagne de Nechao vers l'Euphrate avait pour objectif de combattre « Les Mèdes et les Babyloniens qui avaient mis fin à l'Empire des Assyriens ».

Les Anakim

En mars 1927, devant l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, M. R. Dussaud a examiné les textes en hiératique récemment découverts en Egypte et publiés par M. Sethe. Il a montré l'intérêt de ces documents, remontant à 2.000 ans avant notre ère, pour la géographie de la Palestine, de la Phénicie et de la Syrie. Il a insisté sur l'appui qu'ils donnent à certains passages de l'Ancien Testament et, en particulier, sur le fait qu'ils font mention des Anakim. C'est la première fois, sauf erreur, que ce peuple apparaît dans les documents profanes. Il est question des Anakim à diverses reprises dans l'Ancien Testament (Nombres, XIII, 29, Deutéronome, IX, 2 ; Josué, XV, 4 ; Juges, I, 20).

On trouve, dans ces textes hiératiques, une énumération de vingt peuples ou villes asiatiques, dont une quinzaine peuvent être identifiés. En tête de liste apparaît Byblos, puis la Tyr continentale. Il y est question des Amorrites (les Amorrhéens de la Bible) et de Jérusalem, dont c'est ici la plus ancienne mention.

Ajoutons, à ce propos, que la plupart des noms de peuples ou de villes mentionnés dans la Bible sont maintenant identifiés, grâce surtout aux découvertes des vingt-cinq dernières années. Le jour viendra sans doute bientôt où tous les noms bibliques de peuples et de villes seront retrouvés. De plus en plus, la Bible se révèle rigoureusement exacte jusque dans les moindres détails.


1) KYLE, Moses and the Monuments.

2) Les Hittites.

3) Sud de la Palestine.

4) KYLE, Moses and the Monument, p. 114.

5) Revue archéologique. 1919 juillet-décembre, p. 78 et 179.

6) Revue archéologique, janvier-juin 1922, p. 137.

7) KYLE. Problem of the Pentateuch (composition of the Pentateuch).

8) Inscriptions babyloniennes de l'Université de Yale (E.U.), vol. I.

9) Revue archéologique, juillet-décembre 1919. J. Six, La maîtresse pierre du coin.

10) Le texte de Bérose, dont les fragments se trouvent dans la Chronique d'Eusèbe, nous avait déjà habitués à ces chiffres fabuleux où l'on compte la durée d'un règne par le sar (3.600 ans). Pour cette numération il suffisait de trois signes cunéiformes : le ner (600 ans), le sar-ù (10 fois 3.600 ou 36.000 ans). Mais quelle idée la mentalité des prêtres ou des astrologues babyloniens se faisait-elle d'un ner ou d'un sar, voilà ce que nous n'arrivons pas à comprendre.

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