Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
Récentes découvertes (1920-1939) - (suite)

H. - Guérar

Sous la direction de Sir Flinders Petrie, l'Ecole britannique d'Archéologie égyptienne a fouillé, en 1926, le Tell Djemmeh, à 15 kilomètres au sud de Gaza, et découvert une partie de la ville de Guérar.

A chaque couche successive de reconstruction correspond une période de l'histoire.

Ces couches sont si bien marquées que les objets découverts successivement ont aidé à dater des objets analogues trouvés dans d'autres chantiers.

Guérar semble avoir eu l'importance économique de Gaza à l'heure actuelle en ce qui concerne la production des armes, des objets de métal et des vêtements à l'usage des Edomites et des Amalécites du nord-ouest de l'Arabie.

Guérar avait une grande importance stratégique, car elle commandait les routes allant d'Egypte en Palestine. Dans les années où il pleut suffisamment, la contrée est excellente pour la culture du blé. Elle l'était depuis une période très reculée comme le montrent les immenses greniers de la période persane, l'abondance des faucilles de l'âge du fer, les faucilles de silex du temps des Hyksos, et comme le montre encore ce que nous dit la Bible au sujet d'Isaac recueillant le centuple de ce qu'il avait semé (Gen., XXVI, 12). C'est pour cette raison économique, sans doute, que la contrée était occupée par les Philistins. Une civilisation avancée établie sur un sol rocheux comme celui de la Crète exigeait l'importation du blé. Les Crétois trafiquaient avec l'Egypte et côtoyaient la Palestine 3.000 ans avant Jésus-Christ, c'est pourquoi ils durent connaître ce pays et sa production longtemps avant Abraham. Nous pouvons nous représenter maintenant Abimélec (un titre de vice-roi: « Mon père est le roi ») comme un résident chargé, avec une garde (1), de surveiller l'exportation des blés. Ce besoin d'exportation explique pourquoi les Philistins voulurent empêcher Isaac de s'établir à Guérar avec des troupeaux et un grand nombre de serviteurs.

La découverte, à Guérar, d'anneaux en or datant des XVIIIe et XIX' dynasties rappelle l'histoire de Gédéon et des anneaux d'or pris à des Ismaélites (Juges, VIII, 24-26) : « L'allusion aux Ismaélites portant des anneaux d'or ne pouvait guère dater d'une époque plus tardive, et montre que la narration des Juges est contemporaine des événements (2). »


I. - Beth-Palet

Après Guérar, l'Ecole britannique d'Archéologie égyptienne s'est transportée à Tell Fara, à 15 kilomètres au sud de Guérar. Cette contrée désertique ne peut être cultivée que dans les années où il pleut suffisamment. C'est le dernier point d'eau important sur la route d'Egypte. Fara veut dire en arabe: échapper. Ce nom convient bien à une cité construite au bord du désert et permettant d'échapper aux périls qui ont pour cause les Bédouins et la soif. Comme le verbe hébreu phalat a le même sens d'échapper, il est naturel de chercher ici le site de Beth-Palet, ville citée, lors de l'occupation de la Palestine par les Israélites, parmi celles situées « à l'extrémité de la tribu des fils de Juda » (Josué, ÅÃ, 21-36). C'était la patrie de deux des trente vaillants hommes de David, Hélets et Achija. Hélets est mentionné dans II, Samuel, XXIII, 26 et I, Chroniques, XI, 27, Achija dans I, Chroniques XI, 36. Hélets (I, Chron., XXVII, 10) figure parmi les douze généraux. Les Chroniques mettent Palon au lieu de Péleth. Les gardes du corps de David sont intitulés les Péléthiens (II, Sam., XV, 18).

Après le retour de l'exil, Beth-Palet figure parmi les neuf villes réoccupées dans la région (Néh., XI, 25-30).

La saison de 1927 a permis de déblayer les niveaux supérieurs de la cité et d'atteindre la couche correspondant à la XVIIIe dynastie. L'effort s'est surtout porté sur les cimetières dont les tombes remontent à l'occupation israélite. Les principaux objets découverts sont un lit de bronze de facture mésopotamienne et une grande cuiller dont le manche d'argent représente une jeune fille en train de nager. Ces deux objets datent de la XXIIIe dynastie (époque de Joas et Ozias) ; comme ceux de Guérar (fouilles de 1926), ils ont été exposés à l'University College de Londres (3).


J. - Meguiddo

La ville célèbre de l'ancienne plaine de Jizréel commence à livrer le secret de son histoire. Les fouilles ont commencé en 1926 sous la direction des Drs C. P. Fisher et J. H. Breasted ; elles ont donné déjà des résultats intéressants. Ce fut à Meguiddo que mourut le roi de Juda Josias des mains du Pharaon Néco, lorsque celui-ci « montait contre le roi d'Assyrie » (II, Rois, XXIII, 29, 30).

« L'une des premières découvertes, faites dès le début des fouilles, a été un fragment de monument du Xe siècle avant Jésus-Christ, élevé jadis par le roi Shashanq en souvenir de sa conquête de Meguiddo et d'un certain nombre de cités de Palestine, y compris peut-être Jérusalem. Ce monarque est généralement identifié avec Sisak, roi d'Egypte, qui envahit Jérusalem et en pilla le temple, d'après I, Rois, XIV, 25 et II, Chron., XII. Si tous les fragments du monument peuvent être retrouvés et réunis, on s'attend à ce qu'il apporte une confirmation très précieuse à l'histoire biblique de cette invasion. Sa découverte au début même du travail est un grand encouragement pour les recherches, qui doivent durer cinq ans, tout le long des saisons sèches.

« La colline en question représente environ cinq hectares et demi de terrain à déplacer soigneusement, couche après couche. Les archéologues expérimentés estiment que les couches supérieures ne doivent pas contenir grand'chose, pour la période postérieure au VIIe siècle avant Jésus-Christ, mais qu'ensuite les surprises ne seront pas improbables pendant l'examen des niveaux inférieurs.

« Tous les amis de la Bible s'intéresseront à l'histoire que ce sol paraît devoir révéler sur les grands jours de conquêtes, à une époque où les principaux témoins historiques ont été littéralement enfermés dans le sein de la terre, la plus sûre et la plus conservatrice des bibliothèques (4). »

Les fouilles ont été reprises par l'Institut oriental de Chicago. Elles ont abouti à la découverte des écuries de Salomon (5). La porte de la ville ressemble à la porte du sud à Carkémish; un archéologue, M. Guy, pense qu'elle a été copiée sur un original hittite par les maçons phéniciens au service du roi Salomon.

On a trouvé, il y a quelques années, dans les ruines de Meguiddo, un sceau de jaspe au nom de Shéma, serviteur de Jéroboam, et un autre au nom d'Asaph. Des fouilles plus récentes autorisent pour ces sceaux la date du VIIIe siècle, au plus tôt, ce qui correspond au règne de Jéroboam (784-744). Meguiddo serait tombée en 733 entre les mains des Assyriens qui la rebâtirent en partie.

On vient de découvrir à Meguiddo un magnifique ivoire, une sorte de corne. à boire. L'ivoire a été d'un usage fréquent en Palestine, à l'époque monarchique. Les ivoires du palais d'Achab sont célèbres.

Meguiddo offre pour les amis de la Bible un intérêt particulier, car c'est le site indiqué comme devant être le champ de bataille de l'Armageddon (Apocalypse, XVI, 16).

Citons encore, à propos de Meguiddo, le témoignage du professeur Woolley, l'archéologue d'Ur, en Chaldée: « Quand, à Meguiddo, par exemple, j'ai pu voir les ruines, encore évidentes et incontestables, des écuries dans lesquelles Salomon plaçait ses chevaux dans cette cité, que l'Ancien Testament décrit comme ayant été l'une des « villes pour les chars (6) de Salomon, j'ai compris alors que ce n'est pas seulement à Ur que l'historicité de l'Ancien Testament est pleinement confirmée par l'archéologie » (7).


K. - Samarie

Les fouilles, commencées en 1908 et continuées en 1925 par l'Université d'Harvard furent reprises encore en 1931 par l'Ecole anglaise de Jérusalem. Les archéologues ont été pleinement récompensés de leurs travaux et ont fait de nombreuses découvertes qui toutes confirment ce que la Bible nous dit de l'ancienne capitale du Royaume d'Israël.

Nous lisons dans le 1er livre des Rois (XVI, 23-24) - « La trente et unième année d'Asa, roi de Juda, Omri régna sur Israël. Il régna douze ans. Après avoir régné six ans à Thirstsa, il acheta de Schémer la montagne de Samarie pour deux talents d'argent ; il bâtit sur la montagne et il donna à la ville qu'il bâtit le nom de Samarie, d'après le nom de Schémer, seigneur de la montagne. » Or, les archéologues n'ont trouvé aucun vestige antérieur à l'époque d'Omri, ce qui confirme ce que la Bible nous dit de la fondation de Samarie par Omri.

On sait que Samarie fut embellie et agrandie par Achab, fils et successeur d'Omri et par sa femme Jézabel. Samarie fut alors extrêmement prospère et rivale de Jérusalem. Mais sa richesse même fut cause de sa ruine en provoquant une corruption et une impiété qui excitèrent la juste colère du Seigneur. Samarie succomba en 722 sous les assauts du roi d'Assyrie.

Les fouilles les plus intéressantes sont celles du palais d'Omri, considérablement agrandi par Achab. La Bible parle d' « une maison d'ivoire » qui fut bâtie par Achab (I, Rois, XXII, 19). Or on a retrouvé dans les ruines de nombreuses plaques d'ivoire sculpté qui proviennent, à n'en pas douter, de la maison d'ivoire mentionnée dans le livre des Rois. Plusieurs de ces plaques sont revêtues d'images de divinités égyptiennes, ce qui révèle l'influence pernicieuse du paganisme égyptien sur Samarie. Mais il est probable que l'artiste ou les artistes étaient israélites, car on ne trouve sur ces sculptures aucune trace d'hiéroglyphes. Les relations de Samarie avec l'Egypte sont aussi confirmées par la découverte de fragments de vase portant le nom du Pharaon Osorkon II (874-853 av. J.-C.), le contemporain d'Achab. Le prophète Amos fait allusion à l'emploi abondant de l'ivoire à Samarie. Nous lisons au chapitre III (14-15) de sa prophétie, ces paroles que les fouilles nous aident à mieux comprendre : « Le jouir où je punirai Israël pour ses transgressions, je frapperai sur les autels de Béthel, les cornes de l'autel seront brisées et tomberont à terre. Je renverserai les maisons d'hiver et les maisons d'été ; les palais d'ivoire périront, les maisons des « grands disparaîtront, dit l'Eternel. »

N'est-il pas remarquable que, 2.800 ans après la chute de Samarie, des archéologues retrouvent les petites plaquettes sculptées qui garnissaient les lits (Amos, VI, 4), les tables, les fauteuils et les trônes du roi d'Israël.

Autre confirmation du récit sacré: Achab, poursuivi par le roi de Syrie, mourut sur son char, et son char fut ensuite lavé dans une sorte d'étang : « Le roi fut retenu dans son char en face des Syriens, et il mourut le soir. Le sang de la blessure coula dans l'intérieur du char... Ainsi mourut le roi qui fut ramené à Samarie ; et on enterra le roi à Samarie. Lorsqu'on lava le char à l'étang de Samarie, les chiens léchèrent le sang d'Achab, selon la parole que l'Eternel avait prononcée. » (XXII, 35-38). Or, les archéologues croient retrouver cet « étang » dans la piscine d'un peu plus de 10 m. sur 5 m., découverte dans la cour du palais d'Achab.

Un archéologue français écrit au sujet des fouilles de Samarie : « L'importance des constructions israélites mises à jour met en pleine lumière la grandeur de Samarie à l'époque d'Achab, au IXe siècle avant notre ère. La ville était justement fière de ses murailles qui ne cédèrent qu'après trois ans de siège par les Assyriens ; fière aussi de ses palais, de ses temples, de ses belles maisons particulières. Sa richesse et sa puissance se faisaient sentir au loin... Les produits du sol israélite affluaient en Samarie, et de là Israël expédiait à Tyr son vin, son huile, son blé, sa cire, son miel. L'enrichissement fut tel que dans Samarie s'élevèrent bientôt de riches villas en pierre de taille (Amos, III, 15). Un mercantilisme effréné s'ensuivit, malgré les appels et les dénonciations des prophètes. Les femmes qu'Amos qualifiait de « génisses de Basan » (Amos, IV, 1) et qui vivaient dans leurs châteaux de Samarie, poussaient leur maris à opprimer le pauvre. La transformation économique fut si rapide que chacun ne pensait qu'à vider ses greniers ; si bien, qu'à plusieurs reprises les réserves s'épuisèrent... Quand les pauvres étaient affamés, ils se vendaient aux riches marchands, pour un prix infime, celui d'une paire de sandales, dit Amos (Amos, VIII, 4-6). Ces marchands les envoyaient aux Tyriens, qui les expédiaient à travers les mers. »

A Samarie, comme dans toute la Palestine, la Bible si injustement décriée par des calomniateurs sans scrupule, se trouve justifiée jusque dans les moindres détails de ses récits.


L. - Jéricho et Ay

Les fouilles de Jéricho, entreprises en 1912 par des savants allemands, avaient été interrompues pendant la guerre. Elles furent reprises en décembre 1929 par le savant anglais, John Garstang, professeur d'Archéologie à l'Université de Liverpool. Sir Charles Marston fut le principal animateur et bienfaiteur de ces travaux coûteux ; les amis de la Bible lui doivent, ainsi qu'à feu Lord Melchett, une grande reconnaissance.

Les fouilles se sont montrées riches en heureuses découvertes, toutes confirmant la Bible, et en particulier ce qu'elle dit de la prise de Jéricho par Josué (Josué, VI). Déjà, en 1931, John Garstang pouvait faire les déclarations suivantes : « J'ai fait creuser une douzaine de longues et profondes tranchées dans les flancs de la petite colline qui portait Jéricho, à deux kilomètres du village actuel d'El Réta. J'ai retrouvé les vestiges d'un premier rempart de pierres datant de 1800 avant J.-C., et d'une double muraille de briques, plus jeune de deux cents ans. La stratification de ces restes me permet d'affirmer que ces remparts se sont bien écroulés. L'étude des briques et du sol confirme, d'autre part, très nettement, l'incendie de la cité. On pourrait y recueillir des quintaux de cendres et de débris brûlés. »

Depuis 1931, les travaux se sont poursuivis toujours plus fructueux, pendant quatre ans. Voici les principaux résultats de ces travaux. Tout d'abord en ce qui concerne les fortifications de la ville. Elles étaient imposantes et susceptibles d'inspirer l'effroi aux Israélites, mal outillés pour un tel siège. Les remparts étaient formés de deux pans de murs parallèles, bâtis avec des briques séchées au soleil. Le mur extérieur avait deux mètres d'épaisseur, l'autre environ le double. Chacun semble avoir eu environ dix mètres de haut ; un espace de cinq mètres les séparaient. Cependant la construction de ces remparts semble avoir été défectueuse. Les fondations, composées de plusieurs couches de pierres de différentes tailles et mal égalisées, avaient aussi leurs défauts. Ces imperfections expliquent en partie la rapidité avec laquelle les remparts, malgré leur largeur et leur hauteur, se sont écroulés.

Pour contester la réalité du miracle glorifié par la Bible, on a essayé d'expliquer la chute des murailles de Jéricho par des travaux de sape entrepris sur l'ordre de Josué. Mais cette supposition est inadmissible en face des fouilles qui ont révélé ce fait essentiel : Les murs de la cité sont tombés à plat vers L'extérieur. Citons à ce sujet Sir Marston: « En 1932, un examen minutieux du mur extérieur permet de constater qu'il avait glissé, ou qu'il avait été poussé sur la pente qu'il. dominait. Les débris accumulés à l'endroit que l'on supposait avoir été miné furent déblayés. On s'aperçut alors que les stries du terrain, à la fois sous les fondations et sur la surface où s'écroulèrent les murs, n'étaient ni brisées ni bouleversées par en dessous. Elles avaient seulement été éraflées de haut en bas par le poids énorme des murs écroulés. » (p. 160).

La Bible n'indique pas explicitement la force qui a provoqué la chute presque totale et simultanée des murs. Elle déclare seulement que cette chute s'est produite, selon la parole de l'Eternel à Josué, au moment précis où, le septième jour, pour la septième fois, le peuple fit le tour de la ville (Josué, VI, 15-21). Mais rien ne nous empêche de penser, avec Sir Marston, que Dieu s'est servi d'un tremblement pour provoquer, au moment choisi par Lui, la chute des remparts. Lors du passage de la mer Rouge, Dieu « refoula la mer par un vent d'orient, qui souffla avec impétuosité toute la nuit ; il mit la mer à sec et les eaux se fendirent » (Exode, XIV, 21). L'emploi du vent violent d'orient n'enlève rien à la réalité du miracle. L'hypothèse du tremblement de terre est d'autant plus vraisemblable que de tels phénomènes sont assez fréquents dans cette région. La dépression qui coupe la Palestine du nord au sud et aboutit à la fois à la plaine du Jourdain et à la mer Morte offre un champ propice aux secousses sismiques, preuve en soit le tremblement de terre de 1927 qui se propagea à travers cette dépression à l'est et à l'ouest. Les bâtiments à l'intérieur de la cité incendiée témoignent, comme les murailles, d'un même phénomène sismique. Au reste, le Psaume CXIV (1-7), qui fait allusion au passage du Jourdain par Josué, fait nettement mention d'une secousse sismique : « Quand Israël sortit d'Egypte, quand la maison de Jacob s'éloigna d'un peuple barbare, Juda devint son sanctuaire, Israël fut son domaine. La mer le vit et s'enfuit, le Jourdain retourna en arrière ; les montagnes sautèrent comme des béliers, les collines comme des agneaux. Qu'as-tu, mer, pour t'enfuir, Jourdain, pour retourner en arrière ? Qu'avez-vous, montagnes, pour sauter comme des béliers, et vous, collines, comme des agneaux ? Tremble devant le Seigneur, ô terre... »

L'épisode de Rahab trouve aussi une confirmation indirecte dans les fouilles du Dr. Garstang. Il est dit (Josué, II, 15) que la maison de Rahab « était sous la muraille de la ville ». Les fouilles ont révélé qu'en effet des maisons étaient construites sur les remparts, ou plutôt à cheval sur les remparts de manière à relier les deux murailles, sans doute dans la pensée de fortifier les murailles, comme plus tard on construisait des maisons sur les ponts pour les rendre, pensait-on, plus solides. Il est probable que la maison de Rahab se trouvait près de la citadelle, dont les fondations étaient particulièrement solides et semblent avoir moins souffert du tremblement de terre que les remparts. C'est peut-être à cette proximité de la citadelle qu'il faut attribuer la facilité avec laquelle les espions envoyés par Josué purent s'échapper de la maison de Rahab sans être vus des collines voisines (Josué, 11, 15, 16).

De Dr Garstang a pu vérifier ce que la Bible dit de l'incendie total de la ville (Josué, VI, 24). Il a constaté que « Jéricho fut systématiquement incendiée ». On a trouvé des vivres dans les maisons, du blé, de l'orge, des lentilles, des oignons, des dattes, des morceaux de pâte, le tout réduit à l'état de charbon, par l'ardeur extrême du brasier, mais conservé ainsi pendant plus de trois mille ans. Ces témoins muets attestent l'authenticité des faits rapportés à propos de la destruction de Jéricho. Pourquoi ces vivres n'avaient-ils pas été ni pris, ni mangés par les envahisseurs ? Le texte sacré fournit la réponse à cette question : « La ville sera mise à l'interdit et dévouée à l'Eternel, elle et tout ce qui s'y trouve » (Josué, VI, 17). Nous lisons ensuite : « Seulement vous vous garderez de l'interdit, de peur qu'en prenant de l'interdit, vous ne vous mettiez en interdit, et que vous ne mettiez le camp d'Israël en interdit, et que vous ne le troubliez (Josué, VI, 18). Après cela, on comprend que les vivres n'aient pas été touchés (8). »

Encore un trait biblique, confirmé par les découvertes de Jéricho : « Josué dit au peuple : Tout l'argent et tout l'or, tous les objets d'airain et de fer, seront consacrés à l'Eternel, et entreront dans le trésor de l'Eternel. » (Josué, VI, 19). Cet ordre fut exécuté fidèlement : « Ils brûlèrent la ville et tout ce qui s'y trouvait ; seulement ils mirent dans le trésor de la maison de l'Eternel, l'argent, l'or et tous les objets d'airain et de fer. » (VI, 24). Or, les archéologues ont été frappés, en étudiant les ruines de Jéricho, par l'absence totale de tout métal précieux, absence qui s'explique aisément par les interdictions que nous venons de rappeler.

Ainsi, jusque dans les moindres détails, les fouilles ont confirmé le texte biblique, établissant la véracité d'un récit particulièrement contesté. Le chapitre VI de Josué est l'un de ceux qui ont le plus servi aux attaques d'une critique sceptique ; il devient maintenant l'un de ceux qui révèlent le mieux le mal-fondé de ces attaques.

Après la prise de Jéricho, ce fut le tour d'Ay (ou M) (Josué, VII). Cette ville avait été prospère au IIIe millénaire, nous disent les archéologues ; elle était ensuite tombée dans une longue décadence. Cependant, au temps de l'invasion israélite, elle semble avoir retrouvé un certain éclat. Bien qu'elle eût donné aux espions de Josué l'impression d'être peu peuplée (Josué, VII, 4-5), elle avait douze mille habitants, hommes et femmes et était sous la domination d'un roi (VIII, 22 et 25).

Le nom d'Ay qui signifie « ruine » et que la ville portait alors lui avait sans doute été donné au temps de sa décadence, consécutive à quelque grande défaite. M. Dussaud pense que le nom primitif de la ville, au temps de sa prospérité, était Beth-Aven dont il est question au chapitre VII, 2, et qu'il faut traduire ainsi ce verset : c Josué envoya de Jéricho des hommes vers Ay, qui est dans Beth-Aven, à l'orient de Béthel. » Ce verset indiquerait que Ay avait été bâtie dans l'enceinte occupée autrefois par Beth-Aven. M. R. Dussaud écrit dans la « Revue de l'Histoire des Religions » (juin 1937) : « Nous disposons de plusieurs textes d'où il appert nettement qu'il existait une ville de Beth-Aven, distincte de Beth-el, mais dans son voisinage. Dès lors, nous pouvons revenir à Josué VII, 2 et constater que, précisément, ce verset distingue très nettement entre Beth-Aven et Beth-el. Il n'y a donc aucune raison pour ne pas lui faire confiance. »

Voilà donc une nouvelle affirmation biblique, souvent contestée, qui vient de trouver une confirmation certaine et donner ainsi son appui, non seulement au récit de la prise d'Ay, mais à tout le livre de Josué.


M. - Lachis (ou Lakhis)

L'archéologue J. L. Starkey a retrouvé les ruines de cette ancienne place forte dans le Tell Durveir, situé à 45 km. au sud-ouest de Jérusalem et à 40 km. au nord-est de Gaza. Les fouilles commencées pendant l'hiver de 1932-1933 ont été poursuivies par Mr. Starkey de la « Wellcome Achoeological Research Expedition » jusqu'au début de janvier 1938. Mais le 10 janvier, le vaillant explorateur a été assassiné par des indigènes fanatiques. Cependant les travaux ont continué après sa mort, donnant des résultats de plus en plus concluants.

Lachis est mentionné sept fois dans l'Ancien Testament. La ville fut assiégée et prise par le roi assyrien Sennachérib (704-681), au temps du roi de Juda Ezéchias. Il est question de ce siège au second livre des Rois (XVIII, 14-17). Plus tard, elle fut prise par le roi babylonien Nebucadnesar, au temps du roi Sédécias et du prophète Jérémie (Jérémie, XXXIV, 6-7).

Ce fut Jérémie qui fut chargé d'annoncer à Sédécias la ruine imminente de Jérusalem et des villes de Juda, Azéka et Lachis. Ce détail a certes son importance pour expliquer certains textes trouvés en 1935 à Lachis sur des tessons de vases.

La « Revue Biblique » vient de publier une étude de M. R. de Vaux sur les « Ostraka de Lachis » (numéro d'avril 1939). Elle donne le texte de quelques Ostraka. Ce sont des fragments de lettres adressées à Yaosh, gouverneur de Lachis à l'époque où la ville est déjà menacée et prévoit sa ruine. L'un de ces Ostraka (le n° III) contient ces mots : « Missive arrivée à Shallum, fils de Yadduà, de la part du prophète. » Qui est ce prophète ? Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que ce soit Jérémie lui-même, ainsi que le suggère M. Dussaud dans une communication faite récemment à l'Académie des Inscriptions, sous ce titre : « Le Prophète Jérémie et les lettres de Lakhis ». Si ce n'est pas Jérémie, c'est du moins l'un des prophètes de Juda. Cette mention du « prophète » nous révèle l'action et l'influence des prophètes dans la vie du peuple et nous montre quelle part ils prenaient à toutes ses souffrances. Elle confirme implicitement ce que le livre de Jérémie nous dit du rôle de Jérémie à l'approche et en face du conquérant babylonien (Jérémie, XXXIV).

Les Ostraka offrent pour les amis de la Bible un autre intérêt. Ils nous prouvent que, bien avant l'Exil, l'hébreu biblique était en usage, car les caractères employés par le scribe sont du pur hébreu ancien. « Cela prouve, dit M. R. de Vaux, que l'ensemble de notre Bible représente le dialecte judéen tel qu'il était parlé à l'époque monarchique. » C'est un argument de plus, et non des moindres, en faveur de l'authenticité de nos livres saints.

Le scribe écrivait avec un stylet de bois ou de jonc taillé en biais et dont l'extrémité était amincie. Il fallait souvent tailler la pointe du stylet avec un canif. L'encre était à base de fer et de carbone. Ces détails indiquent que l'écriture était alors d'un usage courant.


N. - Pétra

Les fouilles de Pétra ont été entreprises en 1929 sous les auspices de la « Palestine Exploration Fund ». Elles ont permis de mieux connaître une région, fort négligée de la Terre Sainte et de découvrir les ruines d'une cité unique au monde, Pétra, la ville des rochers.

Pétra n'est pas mentionnée sous ce nom dans la Bible (9), mais la Bible fait à plusieurs reprises allusion à cette ville orgueilleuse. Le prophète Abdias parle d'elle quand, s'adressant à Edom, il s'écrie : « L'orgueil de ton coeur t'a égaré, toi qui habites le creux des rochers, qui t'assieds sur les hauteurs, et qui dis en toi-même: Qui me précipitera jusqu'à terre ? Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui de l'aigle, quand tu le placerais parmi les étoiles, je t'en précipiterai, dit l'Eternel. » (Abdias, 3-4). Cette description donne une idée très juste de Pétra ; tous les voyageurs sont émerveillés de la position audacieuse, presque imprenable, de l'antique capitale des descendants d'Esaü.

La Bible parle souvent (au moins trente fois) d'Edom et des Edomites. L'importance donnée par elle à ce peuple est confirmée par les inscriptions babyloniennes et égyptiennes. Quant aux autres villes d'Edom mentionnées dans l'Ecriture, elles ont été aussi identifiées : Bots'ra et Theman. La Bible parle sept fois de ces deux localités et trente fois du pays ou de la montagne de Séir (ou Séhir).

Si la Bible parle de la force et de l'orgueil de Pétra et d'Edom, elle parle aussi de leur ruine totale et l'effroyable solitude de ces régions confirme d'une manière saisissante les prédictions des prophètes : « Edom sera réduit en désert. » (Joël, III, 19). « A cause de ta violence contre ton frère Jacob, tu seras couvert de honte, et tu seras exterminé pour toujours. » (Abdias, I, 10). « Ecoutez la résolution que l'Eternel a prise contre Edom, et les desseins qu'il a conçus contre les fils de Théman : certainement on les traînera comme de faibles brebis, certainement on ravagera leur demeure. » (Jérémie, XLIX, 20).


O. - Byblos

Il s'agit du village actuel de Djebeil, sur la côte, à mi-route entre Beyrouth et Tripoli, de la Gebal de I, Rois V, 18 et d'Ezéch., XXVII, 9, de la Byblos des Grecs.

En 1922, la revue Syria nous rapportait que l'éboulement fortuit d'une falaise avait permis de découvrir des tombes princières avec tout leur mobilier. L'une de ces tombes connaît le sarcophage d'Ahiram, roi de Byblos, en même temps que des tessons d'un vase d'albâtre marqué du cartouche de Ramsès II. L'importance de cette découverte est très grande en ce que les critiques de la Bible ne pourront plus invoquer l'absence avant le IXe siècle (Achab) de tout exemple d'écriture phénicienne (dont l'écriture cananéenne ou ancien hébreu n'est qu'une variante) (10). Le sarcophage d'Ahiram nous donne, en effet, la preuve que cet alphabet était connu du temps de Moïse. M. René Dussaud écrit dans Syria (11), à propos des tessons trouvés naguère à Samarie dans le palais d'Achab : « Pour manifester un tel particularisme dès le début du IXe siècle, il faut que les Israélites aient été depuis longtemps en possession de l'écriture ; il faut aussi qu'ils en aient fait grand usage... Mais les documents importants étaient tracés à l'encre sur papyrus. Vers l'an 1100 avant notre ère, à propos du voyage à Byblos de l'Egyptien Wen-Amon, on nous dit que ce dernier apportait, dans sa cargaison, cinq cents rouleaux de papyrus. »

Le chantier des fouilles de Byblos continue à être exploité avec le plus grand soin.


1) Picol (Genèse, XXI, 32) est un nom égyptien qui signifie : le Syrien (PETRIE, Egypt and Israël, p. 21).

2) Catalogue of Palestinian Antiquities from Gerar. London, 1927.

3) Catalogue of Palestinian Antiquities from Beth-Phelet, London, 1928.

4) Christian Herald, numéro du 24 avril 1926.

5) Le premier livre des Rois nous apprend que Méguiddo fut bâtit par Salomon (IX, 15).

6) I Rois IX, 19.

7) « Evangelical Christendom » (juillet-août 1930).

8) « La Bible a dit vrai », p. 166, 167.

9) On a identifié Pétra avec Séla (ou Sélah) de la Bible (II Rois, XIV, 7).

10) Les fouilles de Ras-Shamra ont donné, depuis celles de Byblos, des résultats plus concluants encore sur l'ancienneté de l'écriture alphabétique.

11) 1926, p. 333.

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