Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Récentes découvertes (1920-1939)


A. - Jérusalem

Ophel. - Le chantier principal des fouilles effectuées à Jérusalem porte le nom d'Ophel. Ophel, c'est la pente qui se trouve immédiatement au sud de la vaste terrasse où s'élevait le temple de Salomon et qui se prolonge en une sorte de presqu'île entre la vallée du Cédron, à l'est, et du Tyropéon, à l'ouest (1). Au bas de la pente d'Ophel proprement dite, la colline est resserrée comme en une sorte d'isthme, puis elle s'élargit un peu à nouveau pour se prolonger jusqu'au dessus du confluent du Cédron et du Tyropéen. C'était là l'antique acropole cananéenne, la Sion primitive, ou Cité de David (2). Ce terme de Sion s'étendit plus tard à la partie la plus élevée de la colline où s'élevèrent les Temples successifs.

Le Sinnor.- Pourquoi les Cananéens avaient-ils construit leur acropole aussi bas ? C'est à cause du voisinage de l'eau. La preuve en est la communication couverte entre le plateau et la source qui coulait hors des murs, au bas des escarpements de la côte. Il s'agit de la Fontaine de la Vierge, aux flancs de la vallée du Cédron. « Mais David s'empara de la forteresse de Sion : c'est la cité de David. David avait dit en ce jour : Quiconque battra les Jébusiens et atteindra le canal... » (II, Sam., v, 7-8). Le mot traduit par canal est celui de sinnor. I, Chron., XI, 6 complète ainsi: « Quiconque battra le premier les Jébusiens sera chef et prince. Joab, fils de Tseruja, monta le premier et il devint chef. » Le R. P. Vincent, d'après Ps. XLII, 8, où sinnor a le sens de cataractes, pense qu'on peut admettre qu'il s'agit d'une conduite d'eau. Il voit dans le sinnor le tunnel ascendant qui a été retrouvé en communication avec les canaux souterrains alimentés par la source, et M. Weill ajoute: « Par cette voie très dissimulée et très difficile, accessible toutefois à une petite troupe d'hommes résolus, la forteresse aurait été enlevée (p. 13). »

L'un des archéologues qui ont fait des fouilles à Ophel écrivait en 1927 dans le journal écossais « The Aberdeen Press »: « Notre plus grande découverte est le grand mur oriental de la forteresse des Jébusites, prise par David, comme le rapporte II, Samuel, v, 6-10. Ce mur est celui-là même que David dut traverser pour arriver à la forteresse, C'est celui sur lequel le peuple se tint debout et écouta le Rabsçaké envoyé à Jérusalem par Sanchérib en 701 avant Jésus-Christ, pour demander à Ezéchias et aux Israélites d'accepter la souveraineté de Sanchérib (II, Rois, XVIII, 13).

« Désormais, tout visiteur, à Jérusalem, peut donc voir une grande partie (environ 200 mètres) du mur de la Sion primitive, la Cité de David, et se dire qu'il a sous les yeux tous les événements de la vie de David, de Salomon et d'Ezéchias, tels qu'il en a le récit dans les pages de la Bible. »

Le Millo. - Une fois maître de la citadelle, David s'y fit construire un palais (II, Sam., v, 11). Qu'est-ce que le millo de II, Sam., v, 9 et de I, Chron., XI, 8 ? Il faut examiner le passage I, Rois, XI, 27 - « Salomon bâtissait Millo et fermait la brèche de la cité de David, son père. » Le texte grec a : « Salomon bâtissait la citadelle ; il ferma l'enceinte de la cité de David, son père », et le texte latin : « Il égalisa la muraille. » Or, millo signifie en hébreu: remplissage, comblement, remblai.

Où se trouvait la brèche ? Il y a deux solutions suivant qu'on admet que la ville s'étendait déjà au delà du Tyropéon ou seulement entre le Tyropéon et le Cédron. Dans le premier cas, le millo aurait fermé, comme par une sorte de barrage, la vallée du Tyropéon ; dans le second cas, il aurait simplement fortifié l'étranglement en forme d'isthme et relié par un terre-plein l'acropole cananéenne au quartier l'Ophel, c'est-à-dire au glacis bombé descendant de l'esplanade du Temple.

Les tombeaux royaux. - « David se coucha avec ses pères et il fut enterré dans la ville de David. » (I, Rois, II, 10). Ce renseignement nous est fourni par le livre des Rois et des Chroniques pour treize règnes successifs, de David à Achaz. « Les rois dormirent en paix jusqu'à l'époque romaine, écrit M. Weill, s'il est vrai que la nécropole davidique fut pillée par Hyrkan 1er et après lui par Hérode. Rappelons le témoignage de Josèphe, d'après qui le grand-prêtre Hyrkan fit ouvrir l'hypogée pour en tirer les trésors nécessaires à la rançon de Jérusalem sous Antiochus : on ouvrit « un des caveaux funéraires du sépulcre de David », et, plus tard, Hérode en ouvrit un autre, mais sans parvenir aux sarcophages mêmes des rois, lesquels étaient enfouis sous terre si habilement qu'ils étaient invisibles même à ceux qui entraient dans le sépulcre. Ailleurs, le même Josèphe dit encore (3) qu'après la violation du sépulcre, Hérode construisit un monument expiatoire « sur la bouche » ou « auprès de la bouche » ; il dit aussi qu'on « descendait », par cette bouche, dans l'hypogée. Ces diverses mentions de sarcophages enfouis, de caveaux distincts dans un même mnêma (4), d'entrée par un puits de descente, ont conduit M. Clermont-Ganneau à concevoir la nécropole royale comme une catacombe à entrée unique, avec chambres intérieures... ; certains grands tombeaux judéens de la Cité de David s'ouvraient effectivement par des puits verticaux organisés de la même manière (p. 38). »

Nous résumerons la conclusion des fouilles avec le baron Edm. de Rothschild, dans son introduction au livre de M. Weill: « Nous vîmes sortir de terre quelques-uns des tombeaux de la nécropole royale dont la recherche avait été le premier objectif des fouilles. En condition lamentable, hélas! profanés de longue date, envahis de toutes les manières et gravement endommagés, pour finir, à l'époque romaine. Ils restent néanmoins reconnaissables, grandes chambres souterraines de plan carré ou creusées suivant le rude et simple dessin d'un tunnel droit sous une voûte en cintre ; et l'une des plus anciennes de ces galeries a conservé le sarcophage du primitif occupant, une cuve taillée en plein roc, au fond de l'avenue d'accès, et qu'avaient fermée de lourdes dalles. On ne peut savoir pour quel prince, David lui-même, ou l'un de ses successeurs judéens, fut incisée dans la montagne cette syringue (5) avec son lit funéraire. Mais nous sommes loin de posséder la nécropole dans son entier. Dans les limites où notre travail fut confiné par les circonstances, nous avons seulement levé un coin du voile qui couvre l'acropole davidique, et seulement obtenu un petit nombre de tombeaux dont l'ensemble, bien probablement, occupe tout l'espace d'un bord à l'autre de son étroite plate-forme (pp. 7 et 8). »

Depuis qu'a paru l'ouvrage de M. Weill, les fouilles ont été poursuivies, dans le chantier de Rothschild, en 1923 et 1924. Le Palestine Exploration Fund a continué parallèlement en 1928. En 1925, l'aire nord de l'acropole était fouillée jusqu'au roc et l'on découvrait une tour du rempart jébusien (6).

La synagogue des affranchis.- Les fouilles d'Ophel ont permis de découvrir une inscription qui confirme un détail du livre des Actes des Apôtres (6 : 9). Voici le texte de cette inscription: « Théodotos (de la famille) de Vettenos, prêtre et archisynagogue (7), fils lui-même d'archisynagogue, a construit la synagogue pour la lecture de la Loi et l'enseignement des préceptes, ainsi que l'hôtellerie, et les chambres, et les installations des eaux pour l'hospitalisation de ceux qui en ont besoin, venus de l'étranger ; (synagogue) qu'ont fondée ses pères, et les Anciens, et Simonidès (8). » L'auteur ajoute: « La situation de clientèle où se trouve notre Théodotos vis-à-vis d'un personnage romain évoque aussitôt le souvenir de la synagogue des libertini, affranchis romains dont parlent les Actes des Apôtres (P. 189). »

« L'opulente communauté de Rome, écrit le R. P. Vincent (9), envoie périodiquement des pèlerins de plus en plus nombreux au Temple, redevenu somptueux au point de compter parmi les merveilles du monde. A l'instar des groupes asiates, alexandrins et autres, les libertini romains sont désireux de posséder dans la Ville Sainte leur centre particulier, où ils puissent, en dehors des heures de service liturgique dans le sanctuaire, vaquer à d'autres exercices religieux et à l'étude de la Loi, sans être obligés de s'égrener à travers les hôtelleries communes de la cité. »


B. - Silo

A une quarantaine de kilomètres au nord de Jérusalem, dans la direction de Naplouse, se trouve le site de Seïloun, où des sondages préliminaires ont été effectués en 1922 par le Dr Aage Schmidt, de Copenhague. Les fouilles ont été entreprises en 1926. c Silo qui ne fut pas une acropole cananéenne, jouissait pourtant de conditions trop avantageuses à beaucoup d'égards pour que le site fût resté absolument désert avant l'époque de la conquête israélite, ou sa position au coeur de la région soumise dès l'abord attira l'installation du Tabernacle et, par le fait même. une agglomération de quelque importance dans l'ère des Juges. "exode de l'Arche, un peu plus lard la centralisation monarchique à Jérusalem et la construction du Temple. justifient l'espèce de déclin suggéré par les sondages (10)... »

Le Dr Schmidt, qui prit part aux fouilles de Kirjath-Sépher, avec le Dr Kyle, a fait à Silo des constatations fort intéressantes au point de vue biblique, surtout en se basant sur l'étude de la poterie trouvée dans les ruines. A la surface des ruines, il a trouvé, comme on pouvait s'y attendre, des fragments de poterie arabe, datant probablement de l'an 700 de notre ère. Au-dessous apparaît la poterie byzantine de l'an 600 (ap. J.-C.). Dans les fouilles inférieures, on arrive d'un coup aux vestiges de l'Age du fer (première période), ce qui nous ramène à l'époque qui va de l'invasion israélite en Palestine jusqu'au moment où Silo fut abandonnée, vers la fin de la vie de Samuel.

Ce silence des siècles, ce passage sans transition des vestiges datant de Samuel aux vestiges datant de l'an 600 de notre ère, est, des plus significatifs. Il ne peut s'expliquer que par l'abandon de Silo depuis le départ de l'Arche (I, Sam., IV, 11) jusqu'en 600 de notre ère.

Ainsi se trouve pleinement justifiée la déclaration solennelle de Jérémie relativement à la ruine totale de Silo, longtemps avant l'époque de ce prophète : « Je ferai de cette maison, sur laquelle mon nom a été invoqué, dans laquelle vous mettez votre confiance et de ce lieu que j'avais donné à vous et à vos pères, ce que j'ai fait de Silo. » (Jérémie VII, 14 ; et XXVI, 6).

.

C - Sichem

Le site de l'ancienne Sichem n'est pas à Naplouse même, mais à 1.500 mètres, à l'entrée de la vallée, au tertre de Balata, non loin du « tombeau de Joseph » et du « puits de Jacob ». Les fouilles, commencées en 1914, ont été reprises en 1926 par le professeur allemand Sellin, assisté du professeur hollandais Böhl.

Avec les remparts, on a découvert, à l'orient, une porte monumentale, dont le vestibule est tout à fait approprié aux réunions des anciens et aux conciliabules judiciaires (cf. Gen., XXXIV, 20).

Une autre porte servait en même temps d'entrée au palais, directement appuyé sur la muraille et auquel on accédait par de longues rampes. Ce palais daterait du XVIIIe siècle avant Jésus-Christ.

Le temple, aux murs épais, était divisé par des colonnes en trois nefs symétriques et daterait des XIVe ou XIIIe siècles, ce qui se trouve précisément avant la période où Abimélec rasa la ville (Juges, IX, 45). Il s'agit ici du temple de Baal-Bérith dont il est fait mention dans le livre des Juges (IX, 1, 4) : « Abimélec se rendit à Sichem. Ils lui donnèrent soixante et dix pièces d'argent de la maison de Baal-Bérith. »

Il est inutile d'insister sur l'intérêt que présentent les fouilles de Sichem pour les amis de la Bible. On retrouve Sichem depuis Abraham, qui y bâtit un autel, jusqu'aux temps évangéliques. C'est auprès du puits bâti par Jacob, que Jésus instruisit la femme samaritaine.

On a aussi trouvé à Sichem un certain nombre de tablettes avec inscriptions en cunéiforme datant de l'époque des lettres de Tell-El-Amarna. Les fouilles continuent.


D. - L'autel de Josué sur le mont Ebal

En septembre 1922, le R. P. Raphaël Tonneau a recherché, sur le mont Ebal l'emplacement de l'autel élevé par Josué (Jos., VIII, 30-35), d'après les ordres donnés par Moïse (Deut., XI, 29-30 et eh. XXVII). L'Ebal et le Garizim ont été connus de tout temps comme les montagnes encadrant la vallée de Naplouse, mais l'historien Eusèbe, suivant en cela une tradition qui a été reconnue fausse, les localisait près de Jéricho. Une autre objection venait du fait que les plateaux formant le sommet des deux montagnes étaient trop distants pour que les voix aient pu être entendues. N'ayant trouvé sur le plateau de l'Ebal aucune trace possible d'autel, le R. P. Tonneau eut l'idée d'explorer les pentes. C'est alors qu'il remarqua, à la fois sur la pente de l'Ebal et sur celle du Garizim, deux, combes ou amphithéâtres naturels se faisant face : « L'arche, les prêtres au centre de la vallée, les masses des tribus étagées de part et d'autre sur les gradins naturels des deux vallons, les voix pouvaient retentir avec un écho sonore dans ces enceintes dominées par les hautes parois des montagnes, et la cérémonie se dérouler dans l'ordre prescrit (11). »

Dans la combe de l'Ebal, il découvrit six pierres, ou stèles, formant une sorte de demi-cercle et, au milieu, une grosse pierre horizontale. Tout répondait parfaitement aux exigences des textes, notamment à celles d'Exode XX, 25 : « Or notre monument est bâti de pierres brutes. Sa structure permet de croire que c'était un autel : en tel lieu, pourquoi ne serait-ce point l'autel de Josué, heureusement conservé, grâce à la malédiction qui, en retentissant sur l'Ebal, en éloigna dans la suite tout culte et tous chercheurs, de souvenirs (12) ? »


E. - Beth-Shéan (Beisan)

Le tertre de Beisan, inexploré jusqu'en 1921, se trouve non loin du Jourdain, sur la ligne du chemin de fer de Haïffa à Damas. Les fouilles ont été entreprises et se poursuivent par les soins de l'University Museum de Philadelphie.

Dans les étages successifs des civilisations qui se sont succédé à Beisan, il paraît n'y avoir aucune place pour la période israélite, mais le directeur des fouilles, M. Fisher, en donne l'explication suivante : « Quand les Israélites eurent pris possession de la ville, vraisemblablement à l'époque de David, ils s'installèrent dans les édifices égyptiens », et la Revue Biblique ajoute: « Les indices d'un violent incendie - qui a calciné les murailles de briques de la XIXe dynastie et pratiquement anéanti les vestiges de l'occupation momentanée par les Philistins - paraissent correspondre à la conquête davidique (13). » L'influence philistine se retrouve dans des urnes funéraires à la partie supérieure desquelles est sculptée une sorte de masque.

Une stèle de Ramsès II permet de considérer une fois de plus ce dernier comme le Pharaon de l'oppression des Israélites en Egypte, « à cause de la mention des Sémites qu'il a employés à ériger la ville de son nom dans le Delta » (14).

Dans un des sanctuaires de l'époque égyptienne on a reconnu sur une stèle, et sous des emblèmes égyptiens, la figure d'Astarté à qui était consacré le temple : « Et celui-ci est de très particulier intérêt pour les biblistes à cause de sa relation avec l'histoire de Saül, I, Samuel, 31, 10. Vieux sanctuaire cananéen, maintenu en vénération par les Pharaons des XIXe et XXe dynasties, ou temple érigé par l'un ou l'autre de ces Pharaons à la déesse de ce lieu, ce temple d'Astarté demeura en exercice après l'effondrement de la suzeraineté égyptienne aux jours de Ramsès III. Les nouveaux maîtres de Beisan, ces Philistins dont les premières fouilles avaient déjà livré la trace, se substituèrent aux Egyptiens dans le culte de la divine maîtresse de céans. C'est dans son temple qu'après leur victoire sur Israël et la tragédie lugubre du mont Gelboé ils exposèrent l'armure de Saül (15). » Voici ce que dit le texte sacré : « Les Philistins déposèrent les armes de Saül dans le temple d'Astarté et ils attachèrent son corps à la muraille de Beth-Shéan. » (I, Sam., XXXI, 10).

Dans un sanctuaire d'Astarté antérieur (XVe siècle) on a retrouvé deux cornes de jeune taureau à la place même où il a été sacrifié, jeune taureau d'environ trois ans, ce qui rappelle l'âge des victimes bibliques. (Cf. Gen., XV, 9). Des rouleaux de terre cuite figurant des pains votifs font penser, d'une part aux pains de proposition (Lév. XXIV, 8) et, d'autre part, à la coutume d'offrir des gâteaux à la Reine du Ciel (Jér., VII, 17-18) (16).

« L'Expédition du Muséum de l'Université de Pennsylvania, sous la direction de M. Alan Rowe, a continué ses fouilles au tell de Beisan (Scythopolis), du mois d'août au mois de décembre 1927. Les résultats obtenus dépassent assurément les espérances, puisqu'on compte deux nouveaux temples et un mobilier du plus haut intérêt.

« Pour donner une idée de l'ensemble, voici la liste sommaire des principales découvertes accomplies, depuis 1921, dans la partie sud-ouest de la colline :

« 1° Au sommet, sous quelques ruines médiévales, deux églises byzantines

« 2° Epoque gréco-romaine, un grand temple grec dédié probablement à Dionysos;

« 3° Niveau de Ramsès II, un grand temple où M. Alan Rowe propose de reconnaître le temple de Dagon mentionné par I, Chroniques, X, 10, et un autre temple, au nord du précédent, qui paraît bien être le temple d'Astarté où', après la défaite de Gilboa, les Philistins déposèrent les armes de Saül (I, Samuel, XXXI, 10). Une stèle de Ramsès II, une statue de Ramsès III.

« 4 Niveau de Séti 1er. Les temples précédents à un état plus ancien. Deux stèles de Séti 1er dont l'une souligne l'importance stratégique de Beisan ;

« 5° Niveau d'Aménophis III, installation cultuelle similaire, mais plus ancienne;

« 6° Niveau de Thoutmès III, exploré en 1927 ; un grand temple dédié à un dieu du nom de Mékal, un petit temple probablement à Astarté.

« L'attribution de ces divers niveaux est garantie par les inscriptions et les petits objets qui y ont été recueillis. Le démontage s'opère d'ailleurs avec sûreté, le sol de chaque étage étant resté intact avec une épaisseur moyenne de 1 mètre à 1 m. 50 pour chaque période. On retrouve ainsi les vestiges de chacun des édifices qui se sont succédé dans ce coin sacré de l'antique Beisan, fondations de murs en briques, bases de colonnes, autels et autres petits monuments.

« Le grand sanctuaire de Thoutmès III, dont l'exploration n'est d'ailleurs pas terminée, est particulièrement intéressant parce que M. Rowe pense, et sans doute à bon droit, y avoir trouvé les éléments essentiels du culte sanglant qui s'y pratiquait, non seulement la cella avec son autel, la chambre à immolation et pièces annexes, mais aussi divers objets, récipients, ustensiles destinés aux usages liturgiques, voire même quelques ossements du dernier taureau immolé et le poignard qui a servi à l'égorger (17). »

Beth-Shéan est mentionnée à plusieurs reprises dans la Bible : Josué, XVII, 11, 16 ; Juges, I, 27 ; I, Rois, IV, 12 ; I, Chroniques, VII, 29 ; I, Samuel, XXXI, 10, 12 ; II, Samuel, XXI, 12.

« Beth-Shéan fut un point stratégique pendant plus de quarante siècles : forteresse dominant la plaine de Jizréel à son ouverture sur la vallée du Jourdain, elle gardait la grande route d'Asie aux rivages de l'Egypte et de la Méditerranée. » Aujourd'hui, nous l'avons dit, une ligne ferrée y passe.

« Sous le nom de Nysa ou Scythopolis, Beth-Shéan fut, aux débuts de l'ère chrétienne, la principale ville de la fameuse « Ligue des cités », ou Décapole (Marc v, 20 ; VII, 31), et la seule des dix se trouvant à l'ouest du Jourdain (18). »

Beth-Shéan fut l'une des villes de Palestine les plus hostiles aux Israélites et où l'influence égyptienne se fit le plus longtemps sentir. Tout ce que l'archéologie nous apprend sur elle est en pleine harmonie avec les données bibliques que nous montrent en Beth-Shéan l'une des forteresses du paganisme au sein des douze tribus.


F. - Tibériade

En 1921, à Tibériade, dans les ruines d'une synagogue, la Société Hébraïque d'Exploration et d'Archéologie palestiniennes a fait la découverte suivante: « Une menôrah (19) en ronde bosse a excité le plus vif enthousiasme dans les milieux israélites, où on l'a considérée comme la première interprétation plastique aujourd'hui retrouvée du Chandelier d'or dont Dieu donna le modèle à Moïse pour le Tabernacle. Il s'agit d'une dalle calcaire, épaisse d'environ 0 m. 13, découpée en demi-circonférence qui aurait 0 m. 60 de diamètre. Une face est demeurée fruste ; sur l'autre sont creusés des sillons concentriques dessinant une tige centrale et six branches rayonnantes chanfreinées, dont le plat est orné d'un réseau continu de grenades à fleurs épanouies ciselées en léger relief. Une traverse à face lisse relie les sept tiges par leur sommet et porte sur sa tranche supérieure sept cavités destinées à recevoir des lampes en terre cuite ou en métal... Cette menôrah fut peut-être hâtivement cachée à l'heure de quelque catastrophe imminente où la synagogue devait pour jamais sombrer, car elle paraît avoir été découverte enfouie avec précaution sous le dallage, assez près, d'ailleurs, de l'édicule de la Thorah (20), dans le sud de la nef orientale (21). »


G. - Kirjath-Sépher

L'une des récentes découvertes les plus remarquables est celle de Kirjath-Sépher. Jusqu'en 1926, cette ville n'était connue que par la Bible (Josué, XV, 13-19 ; Juges, 1, 12). Aucun document profane n'y faisait allusion. Forts de ce silence, certains critiques avaient mis en doute l'existence de cette cité. En 1926, le savant archéologue américain Melvin Grove Kyle a eu la bonne fortune de retrouver les ruines de Kirjath-Sépher dans le Tell Beit-Mirsim, au sud-ouest d'Hébron.

Au début de mai 1926, il pouvait envoyer au grand journal américain, le Sunday School Times, de Philadelphie, le câblogramme suivant: « Josué, XV, 13-19 confirmé. Champ et sources reconnus (22). Kirjath-Sépher complètement identifiée. Remarquables trouvailles dépassant de beaucoup notre attente. Murailles primitivement hautes de 35 à 40 pieds. Grande porte compliquée dénotant cinq phases de construction, trois cananéennes et deux israélites. Formidable couche de cendres montrant que la ville fut brûlée trois fois. Traces de combats terribles. Ensemble tout à fait unique de châsses: probablement un temple cananéen. Remarquable système de canalisation. »

Les fouilles se sont poursuivies en 1927 et en 1928, sous la dépendance du Xenia Theological Seminary, de Philadelphie. Elles ont été de plus en plus productives et ont pleinement confirmé les constatations du début.

L'année 1927 a permis au Dr Kyle de mieux se rendre compte de l'extraordinaire dimension des remparts. Nous sommes ici en face d'une de ces villes puissamment fortifiées, dont il est question au livre des Nombres (XIII, 28), et qui causèrent une si grande frayeur aux espions envoyés par Moïse en Canaan. Les murs d'origine cananéenne donnent bien l'impression d'avoir été bâtis par des géants (Nombres, XIII, 33).

Les archéologues ont été fort surpris de découvrir dans le sous-sol les traces d'une canalisation compliquée. Mais ce qui les a intéressés plus encore ce sont leurs découvertes de cette année (1928).

Tout d'abord, des signes certains de l'industrie de la teinturerie à Kirjath-Sépher. On croyait jusqu'à présent que les Israélites ignoraient cette industrie et dépendaient à cet égard de leurs voisins, surtout des Phéniciens. Mais, en plusieurs endroits, des vestiges de teintureries ont été récemment découverts. L'organisation de ces teintureries ressemble beaucoup à celle des teintureries modernes en Palestine, puisque les indigènes qui travaillent aux fouilles se sont écriés en trouvant ces ruines : « Voilà qui ressemble tout à fait aux teintureries d'Hébron! »

Non seulement la teinturerie, mais le tissage. Kirjath-Sépher fut un centre d'industrie textile. C'est aussi ce qui ressort des fouilles de cette année. A en juger par le nombre considérable de poids à métiers que l'on trouve partout, il semble bien qu'il y ait eu un métier à tisser dans chaque famille.

Une étude particulièrement intéressante est celle des rues et des maisons. Nous donnons ici la parole au Dr Kyle : « La partie de la ville que nous avons découverte cette année est contiguë à la grande Porte orientale, au sud-ouest de cette Porte. Nos fouilles sont bordées par le grand mur de fortification de 14 pieds. A l'intérieur de cette enceinte nous avons trouvé un réseau très compliqué de casemates, de petites chambres, et d'étroits passages sans aucune issue, formant, du moins la plupart, une sorte de cul-de-sac. Ces casemates servaient de dépôt d'aliments et de munitions pour les soldats chargés de défendre le mur protecteur ; mais aussi elles pouvaient, en cas d'invasion, servir de trappes, d'impasses, où les ennemis se trouveraient pris, incapables de s'échapper.

« De cette ligne de casemates, trois rues partaient dans la direction de la partie de la ville que nous avons explorée. L'une de ces rues aboutissait au quartier des teinturiers. Au centre de cette partie de la ville se trouve une petite place et presque au centre de cette place on peut voir encore une citerne très profonde, d'environ 25 pieds, plongeant dans le roc qui gît sous la ville. La partie supérieure de cette citerne ressemble au goulot d'une bouteille. Une large pierre couvre la citerne. L'orifice par lequel on puisait l'eau est étroit (23). »

M. Kyle fait remarquer que les habitants de Kirjath-Sépher, comme ceux de la plupart des villes de l'Antiquité, laissaient s'accumuler les décombres et les détritus dans les rues, de telle sorte que le niveau des rues avait sans cesse tendance à s'élever et à dépasser le rez-de-chaussée des maisons. Les guerres et les ruines qui les accompagnant venaient périodiquement ajouter de nouveaux matériaux aux voies de communication. Ajoutez à ces éléments l'influence du temps, du climat et des intempéries, et il sera facile de comprendre comment tant de villes, autrefois prospères, se sont peu à peu ensevelies et ont fini par disparaître sous d'épais monticules de terre et de pierres.

Quant aux maisons découvertes jusqu'à présent, elles offrent un plan à peu près uniforme. La plus importante comprend une grande chambre entourée de plusieurs chambres de dimension restreinte qui servaient, sans doute, de chambres à coucher. Dans la chambre principale apparaissent plusieurs colonnes qui devaient soutenir un ou deux étages. Dans cette chambre aussi l'on distingue un endroit surélevé qui servait probablement de cuisine.

On a trouvé, en diverses maisons, de grands rouleaux en pierre dont on se servait pour aplanir le sol revêtu de ciment. Ailleurs, on a pu mettre la main sur deux faucilles analogues à celles que le paysan palestinien emploie encore, tant il est vrai que, dans ce pays si antique, les coutumes persistent à travers les âges.

Notons enfin la découverte fort précieuse de nombreux fragments de poterie, appartenant pour la plupart au premier âge du fer, de l'an 900 (24) à l'an 600 avant Jésus-Christ. Ces fragments sont de qualité moyenne avec deux types principaux : ceux de couleur noire et ceux de couleur brunie. Ce dernier type est souvent artistique et fait honneur à l'industrie de cette époque. On a retrouvé un grand nombre de petits flacons de couleur noire employés par les Israélites pour conserver leurs parfums, comme aussi des récipients à longs goulots ; plusieurs de ces récipients, de ces « amphores » destinées à porter l'eau, ont des fonds pointus qui ne pouvaient tenir que dans des trous spéciaux creusés dans la pierre d'orifice des puits.

L'étude de ces diverses poteries est fort intéressante au point de vue de la chronologie. Elle permet de suivre en une certaine mesure l'histoire d'une ville. Les fragments dont parle le Dr Kyle ont trait à la période israélite et nous mènent jusqu'au règne d'Ezéchias. Il semble bien que la ville ait été détruite sous ce règne lors de la campagne de Sennachérib en Palestine (25). Plusieurs des tessons trouvés portant des inscriptions. Comme la Bible nous le montre, on avait l'habitude, à l'époque des prophètes, d'écrire sur des fragments de poterie. Cette donnée biblique est ici, comme en plusieurs autres localités, confirmée par l'archéologie.

En résumé, les fouilles de Kirjath-Sépher témoignent d'une civilisation avancée, non seulement à l'époque d'Ezéchias, mais dès le début de l'occupation israélite et même au temps de la domination cananéenne. Aussi, le Dr Kyle a-t-il pu envoyer de Jérusalem à Philadelphie, le 21 avril de cette année (1928), le message suivant : « Les conclusions précédemment formulées en ce qui concerne la civilisation de Kirjath-Sépher sont pleinement confirmées. »

Nous pouvons dire sans crainte de nous tromper que la description faite par la Bible de la Palestine cananéenne et israélite correspond parfaitement aux révélations de l'archéologie. Au reste, le professeur Kyle formule lui-même cette conclusion en termes très explicites, dont certains feraient bien de tirer profit :

« Depuis cinquante ans, la critique et l'exégèse biblique, sous l'empire d'une science qui prétend tout diriger, n'ont pas cessé d'affirmer que l'époque patriarcale et celle qui lui a succédé jusqu'au temps des prophètes avaient été, en Palestine, un temps de civilisation inférieure. Commençant par la vie nomade, le peuple n'était parvenu, disait-on, que par des degrés successifs et lents au niveau le plus élevé des temps d'Amos et d'Ezéchias. Il résultait que le développement complet de la civilisation ne pouvait prendre place, d'après ces thèses, qu'après la fin de la période des prophètes. C'est sur de tels fondements qu'a été édifiée la grande théorie de la reconstruction des Ecritures, à laquelle beaucoup ont ajouté foi comme à des vérités éternelles.

« Or, les résultats obtenus à Kirjath-Sépher et en réalité partout ailleurs où la civilisation patriarcale apparaît, rendent une pareille théorie complètement insoutenable. Les faits que nous révèlent l'archéologie rendent totalement absurde la thèse d'une Palestine patriarcale bonne pour des hommes ou des bêtes sauvages. Les fortifications de Kirjath-Sépher dénotent un art militaire avancé ; les exquises poteries qu'on y trouve attestent des progrès réalisés parallèlement dans l'art céramique un savant système de poids et mesures témoigne d'un haut développement commercial.

« Bref, en présence d'une confirmation aussi exacte que suggestive de faits et d'allusions contenus dans la Bible, toute cette science de l'heure présente qui aime à s'appeler « moderne » en refusant confiance aux données bibliques, toute cette science demeure sans fondement. »


1) Le Tyropéon est un terme employé par l'historien Josèphe pour désigner la vallée, actuellement comblée dans sa partie supérieure. qui Jérusalem en deux parties inégales.

2) Consulter le livre de M. Raymond WELL : La Cité de David (Paris, Geuthner, 1920).

3) Ant. Jud., XVI, 7. 1.

4) Monument commémoratif.

5) Sorte de galerie souterraine.

6) Revue biblique, 1926 p. 123.

7) Cf. Marc, v. 22.

8) WEILL, Cité de David. p. 186.

9) Revue biblique. 1921 p. 276.

10) Revue biblique, 1927, p. 419.

11) Revue biblique, 1926. p. 102.

12) Revue biblique, 1926, p. 109.

13) 1924, p. 426.

14) Revue biblique, 1924, p. 428, note 2.

15) Revue biblique 1926, p. 126.

16) Revue biblique'. 1928, p. 128 et 132.

17) Syria, 1928, p. 124-125.

18) Christian Herald, numéro du 15 mai 1926.

19) Chandelier (Exode, XXV, 31 ; XXXVII, 17 sq).

20) Où l'on conservait les rouleaux du Pentateuque.

21) Revue biblique, 1922, p. 119.

22) Allusion aux « sources supérieures et inférieures » du v. 19. Ce sont deux puits d'eau excellente et qui portent encore ce double nom.

23) Article du Sunday School Times, 23 juin 1928. P. 376.

24) On fait généralement remonter les débuts de l'âge du fer jusqu'aux XIe et XIIe siècles av. J.-C.

25) II Rois, XVIII, 13 ; Il Chroniques, XXXII, I.

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant