Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

JOSUE

Le livre de Josué a été longtemps peu servi par l'archéologie. Il a trait à une époque qui était peu connue jusqu'au commencement de ce siècle. Mais les découvertes de plusieurs savants, entre autres du Père Vincent et de M. R. Macalister, professeur d'archéologie celtique à l'Université de Dublin, autrefois directeur des fouilles du « Palestine Exploration Fund », ont apporté en ces dernières années des confirmations nombreuses et remarquables au livre de Josué. Nous n'oublierons pas de mentionner la magnifique découverte du Dr Kyle, l'année passée, à Kirjath-Sépher, découverte dont nous parlons plus loin en détail.

Nous commencerons par signaler un certain nombre de localités plus ou moins importantes qui ont été identifiées, montrant ainsi la rigoureuse exactitude de tout le récit, oeuvre d'un écrivain qui avait à sa disposition les sources les plus sûres. Nous les citerons dans l'ordre même où elles apparaissent dans le texte.

 

(VIII, 2) située à quatre heures environ au nord-ouest de Jéricho. « Le nom de AI signifie: monceau de pierres. On a trouvé un peu au sud de Béthel un village du nom de Tell-el-Hadjar, nom qui signifie en arabe: colline du monceau de pierres. Des tombes, de grands réservoirs, de nombreuses citernes creusées dans le roc montrent, d'après Harper, qu'il y a eu là une assez forte population (1). »

Gabaon (ch. IX, 3). « Aujourd'hui, sur l'emplacement de Gabaon, se trouve le village de Djib, à deux lieues environ au nord-ouest de Jérusalem, sur une colline isolée commandant de larges vallées et un important passage. »

Képhira (IX, 17). Aujourd'hui Kéfir, à trois lieues environ à l'ouest de Gabaon.

Bééroth (IX, 17). « Aujourd'hui Bireh, à trois lieues au nord de Jérusalem, ou, selon d'autres, Biddou, au sud-ouest et plus près de Gabaon. »

Kirjath-Jérarim( IX, 17). A la frontière de Juda et de Benjamin; aujourd'hui Kury-et-el-Enab, sur la route de Jérusalem à Lydde.

Jarmuth (X, 5). Aujourd'hui Jarmuk, au sud-ouest de Jérusalem, sur le chemin d'Ardod.

Eglon (X, 5). Au nord de Lakish, sur le chemin de Jérusalem à Gaza; aujourd'hui Adjlan.

Beth-Horon ou Béthoron (X, 10-11). Béthoron-le-Bas est aujourd'hui Beit-ur-el-tahti, reconnaissable à ses palmiers : Béthoron-le-Haut est aujourd'hui Beit-ur-el-foka. « De Béthoron-le-Haut, une autre descente et une autre montée conduisent à une autre éminence qui commande les hauteurs au-dessus d'El-Gib, le village moderne qui retient sous cette forme le nom de Gabaon. De là une descente en pente douce mène à ce village lui-même (2). » « C'est par la route dont on vient de lire la description, « par le chemin qui monte à Béthoron » (X, 10), que s'enfuyaient les Cananéens et que les poursuivaient les Israélites. La longue montée de Gabaon à Béthoron-le-Haut fut la première scène de la débandade des vaincus (3). »

Ajalon (X, 12). A l'issue du défilé qui descend dans la plaine, de la Haute à la Basse-Bethoron, se trouve encore aujourd'hui un village du nom de Jalô-Guézer ou Gézer (X, 33). A la frontière sud d'Ephraïm, ville lévitique, qui fut plus tard conquise par le roi d'Egypte, puis cédée à Salomon (1, Rois, (X, 16). Macalister a fait à Guézer des fouilles très intéressantes qui confirment ce que la Bible dit de cette localité qui joua si longtemps un rôle important.

Dor (XI, 2). « Au sud du Carmel bâtie par les Phéniciens, en vue de l'industrie de la pourpre, ayant son roi particulier (XII. 23), adjugée à la tribu de Manassé, quoiqu'elle fût dans la tribu d'Asser ; possédée ensuite par Ephraïm aujourd'hui Tantura. »

Aphek (XIII, 4). « Encore plus au nord, désignant le point le plus septentrional du territoire ; aujourd'hui Afka, près les sources du torrent Nahar-Ibrahini qui se jette dans la mer près de Sidon. »

Guiblites (XIII, 5). Habitants de Guébal (Byblos), port sur la Méditerranée, au nord de Beyrouth.

En Roguel (XV, 7). « Au sud-ouest de En-Semès source qui se trouve dans la banlieue de Jérusalem (Il, Sam., XVII, 17 ; I, Rois, I, 9) au sud de la ville, renommée encore aujourd'hui pour l'abondance de ses eaux et connue sous les noms de fontaine de Job, ou de Néhémie. Elle jaillit au sud de Siloé, à l'endroit où se rencontrent les vallées du Cédron et de Hinnom. »

Ksalon (XV, 10). Aujourd'hui Kesla, au sud-ouest de Saris.

Beth-Semès (XV, 10). Ville lévitique, dans la tribu de Juda (XXI, 16) sur la frontière de Dan. L'arche de l'alliance y fut déposée (I, Sam., VI, 9). Aujourd'hui En-Schems, à deux lieues et demie au sud-ouest de Kesla.

Thimna (XV, 10). Ville qui plus tard fut adjugée à Dan (XIX, 43). Aujourd'hui, Tibneh, à l'ouest de En-Schems.

Jabnéel (XV, 11). Aujourd'hui Jebna à une demi-lieue de la mer et à environ quatre lieues au sud de Jaffa.

Molada (XV, 26). Appelée Malatha par Joseph; aujourd'hui Tell-Milh, à quatre lieues à l'est de Béerséba.

Tsoréa (XV, 33). Aujourd'hui Sara, village sur une haute colline au nord du Wadi Sarar, affluent du Sorek.

Esthaol (XV, 33). Aujourd'hui Eschua, à trois quarts de lieue de Sara.

Janoah (XV, 34). Aujourd'hui Janouah, au sud-est de Sara.

Socho (XV, 35). Fortifiée par Roboam, ainsi qu'Adullam et Azéka (II, Chron. XI, 7-9) et sous Achaz, prise par les Philistins (II, Chron., XXVIII, 18) ; aujourd'hui Schuweikeh, à deux lieues et demie au nord-est de Beit-Djibrin.

Beth-Thappuach (XV, 53). Aujourd'hui Et-Taffuh, à deux lieues à l'ouest d'Hébron, sur une haute montagne couverte de ruines.

Maon (XV, 55), patrie de Nabal (I, Sam., XXV, 2), à la frontière du désert de Juda qui s'appelle le désert de Maon (1, Sam., XXIII, 25) ; aujourd'hui Ten-Maïn, à quatre heures au sud d'Hébron.

Carmel (XV, 55). 1, Sam., XXV, 2. Mentionnée sous Ozias; à l'époque romaine bourgade importante, aujourd'hui Kermel, au nord de Maon.

Ziph (XV, 55). Dans le désert de ce nom (I, Sam., XXIII, 5), ville fortifiée par Roboam (II, Chron., XI, 8) ; aujourd'hui Tell-Zif, sur un rocher de cent pieds de haut, à une heure et trois quarts au sud-est d'Hébron.

Juta (XV, 55). Ville lévitique (XXI, 16). Aujourd'hui Jata, gros bourg à deux lieues au sud d'Hébron.

Halhul (XV, 58). Au temps d'Eusèbe, Allula; aujourd'hui Halhûl, à une heure et demie au nord d'Hébron.

Guédor (XV, 58). Aujourd'hui Guédour, à une heure et demie au nord de la précédente.

Les eaux de Jéricho (XVI, 1). 11, Rois, 11, 19. La fontaine d'Elisée, aujourd'hui la fontaine du Sultan, source très abondante à une demi-lieue au nord-ouest de Riha, la moderne Jéricho.

Ataroth (XVI, 2). Aujourd'hui Atara près de la Basse-Béthoron.

Beth-Séan(I, Sam., XXXI, 10-12). Aujourd'hui Beisan, pauvre village à deux heures à l'ouest du Jourdain.

Silo (XVII, 1). Aujourd'hui Seilein, est à huit heures au nord de Jérusalem et à quatre au sud de Naplouse (Sichem).

Rama (XVIII, 25). Aujourd'hui Er-Rama, village situé parmi des ruines sous une colline à deux lieues au nord de Jérusalem.

Mitspé ou Mitspa (XVIII, 26). (Voir Juges, XX, 1 ; I, Sam., VII, 5). Aujourd'hui Nebi-Samwil (prophète Samwil) à une demi-heure au sud de Gabaon.

Kisloth-Thabor (XIX, 12). Aujourd'hui Iksal, sur une hauteur rocheuse à l'ouest du Thabor.

Dabrath (XIX, 12). Ville lévitique (XXI, 28), aujourd'hui Daburi ou Déburich, au pied occidental du Thabor.

Nahalat (XIX, 15). Ville lévitique (XXI, 35). Aujourd'hui Maalal, ruine au sud-ouest de Nazareth.

Beth-Léhem (XIX, 15). Aujourd'hui Beit-Lahm, dans la partie sud-ouest du territoire de Jérusalem, dans le Wadiel-Mélik, le dernier affluent nord du Kison.

En-Gannim (XIX, 21) (« source des jardins ») ; ville lévitique (XXI, 29) ; aujourd'hui Djénin, village avec jardins et plantations, d'arbres, dans la partie méridionale de la plaine de Jizréel.

Hali (XIX, 25). Aujourd'hui Julis près d'Akko.

Sichor-Libnath (XIX, 26). Aujourd'hui le Narh-Jerka qui, au sud de Dor, formait la limite entre Asser et Manassé,

Caboul (XIX, 28). Aujourd'hui Cabul, à quatre lieues au sud-est de Saint-Jean-d'Acre.

Kana (XIX, 28). Aujourd'hui le village chrétien de Kana, à deux heures et demie au sud-est de Tyr.

Aczib (XIX, 29). L'Ekdippa des Grecs et des Romains, aujourd'hui un simple village à trois lieues au nord de Saint-Jean-d'Acre, au bord de la mer.

Rama (XIX, 35). Aujourd'hui Rameh, grand village bien bâti, habité par des chrétiens et des druses, entouré par de belles plantations d'oliviers, au sud-ouest de Safed.

Ajalon (XIX, 42). Elle demeura aux Cananéens (Juges, I, 35) ; elle fut attribuée aux Lévites (XXI, 24) ; mentionnée dans les guerres contre les Philistins (I, Sam., XIV, 31; I, Chron., VIII, 13). Aujourd'hui, village de Jalo.

Jud (XIX, 45). Aujourd'hui Jehudich, à deux heures au nord de Ludd ou Diospolis.

Bené-Barak (XIX, 45). Dans les inscriptions assyriennes Banaïbarka; aujourd'hui Ibu-Abrak, entre Jaffa et Jéhudich.

Léschem (XIX, 47) ou Dan. Aujourd'hui Tell-el-Kadi, au pied de l'Hermon, un peu au nord-ouest de Banias.

Thimnath-Sérah (XIX, 50). Identique avec Thin-math-Hérès (Juges, 11, 9) ; aujourd'hui Tibneh, à sept lieues au nord de Jérusalem.

Anathoth (XXI, 18). Patrie de Jérémie (Jérémie, 1, 1) aujourd'hui Anata, à une lieue au nord de Jérusalem.

Almon (XXI, 18). Alémeth dans I, Chron., VI, 60. Aujourd'hui Almit, à vingt minutes au nord-est d'Anathoth.

Telle est la liste à peu près complète des localités mentionnées dans le livre de Josué et qui ont été identifiées sûrement. D'autres localités paraissent aussi avoir été identifiées, mais l'accord n'est pas complet à leur sujet. Dans le doute, nous avons préféré ne pas les mentionner.

Au reste, d'autres confirmations frappantes sont apportées par les découvertes au témoignage de notre livre. Voici quelques détails qu'il vaut la peine de mentionner:

1° « Acan dit à Josué: J'ai vu dans le butin une belle robe de Sinéar. » (VII, 21). La plaine de Sinéar ou de Babylone était célèbre pour les magnifiques vêtements qu'elle livrait au commerce. Les productions de l'art et de l'industrie de l'Orient arrivaient en Palestine et jusque sur les rives de la Méditerranée par les caravanes (Genèse, XXXVII, 25) qui se rendaient en Egypte. On comprend donc qu'un vêtement aussi précieux ait pu se trouver dans le butin d'une ville cananéenne. D'après Josèphe, c'était une cotte d'armes tissée d'or, appartenant au roi de Jéricho. (Bible annotée).

2° « Tout Israël le lapida, et on les brûla et on les tua à coups de pierres. Et ils élevèrent sur lui un grand tas dé pierres qui a subsisté jusqu'à ce jour. » (VII, 25-26). Ce trait est confirmé par les moeurs modernes. Encore maintenant, en Orient, on couvre de pierres la tombe des malfaiteurs, pour inspirer l'effroi du crime (Il Sam., XVIII, 17).

3° « Ils prirent vivant le roi d'Aï et l'amenèrent à Josué. » (VIII, 23). C'était l'usage, dans le monde antique, de conduire au général en chef les rois ou les généraux pris dans la bataille pour qu'il décidât de leur sort. Il assignait une récompense à ceux qui les lui amenaient. (Bible annotée).

4° « On ensevelit Josué dans le territoire qu'il avait eu en partage à Timnath-Sérah, dans la montagne d'Ephraïm, au nord du mont Gaas. » (XXIV, 30). Le docteur Victor Guérin prétend avoir retrouvé le tombeau de Josué en 1863. Il a retrouvé, dans la région désignée par l'Ecriture, un vaste tombeau contenant huit excavations dont la principale pouvait être celle de Josué. Détail frappant : En 1870 l'abbé Richard a trouvé, dans les casiers de cette chambre funéraire, et au dehors de cette chambre, un grand nombre de couteaux en silex qu'il croit être ceux dont Josué se servit, d'après la version des Septante, pour circoncire le peuple à Guilzal. L'abbé Richard a constaté une ressemblance frappante entre les couteaux du tombeau et ceux qu'il avait ramassés dans la plaine du Jourdain à Guilgal, là où la circoncision du peuple fut pratiquée.

5° La confirmation archéologique la plus remarquable est aussi la plus récente. En mars 1926, le distingué professeur archéologue, M. Kyle, pouvait envoyer au « Sunday School Times » de Chicago, un télégramme dans lequel il annonçait qu'il venait de découvrir les ruines de Kirjath-Sépher, et que les données bibliques concernant cette ville étaient pleinement confirmées. Nous citerons ce propos, intégralement, l'excellent article que M. Robert de Jarnac a consacré à cette remarquable découverte dans le numéro du 15 janvier 1927 du journal « Le Chrétien Evangélique ».

« La revue Bibliotheca Sacra, de Saint-Louis, Etats-Unis sous la plume de son rédacteur en chef, le professeur Melvin Grove Kyle, publie, dans son numéro d'octobre, les résultats des fouilles exécutées en 1926, près d'Hébron, à Tell Beit Mirsim, emplacement reconnu pour être celui de Kirjath-Sépyer, ou Débir (Josué, X, 38-39 ; XV, 13-19).

Le regretté professeur Ed. Naville (4) faisait remarquer, vu la signification du nom de Kirjath-Sépher, « cité des livres », qu'il aurait pu exister là un dépôt de documents comme on en retrouve à Babylone. Dans ce sens, rien n'a été découvert, mais, sous d'autres rapports, les résultats de ces fouilles ont une très grande importance.

Notons en passant qu'on a retrouvé les sources supérieures et inférieures de Josué, XV, 19, auxquelles on atteignait par des puits. Il existe six margelles usées par le frottement de cordes employées pour puiser l'eau.

Cette coutume, générale en Palestine, de ne jamais rien déblayer et de reconstruire en superposant se retrouve principalement dans les ruines de la cité elle-même.

La ville offre le caractère des « villes fortifiées » (Nom., XIII, 28) qui effrayèrent les espions envoyés par Moïse en Canaan, et les murs d'origine cananéenne donnent bien l'impression d'avoir été bâtis par des géants (Nom., XIII, 33).

Cinq couches de cendres, dont on peut identifier l'époque grâce aux poteries des vestiges intermédiaires, montrent que la ville a été détruite successivement :

1° A la fin du temps des patriarches, vers 1800

2° Sous Josué, par Othniel (Jos., XV, 13-19), et le professeur Kyle écrit à propos de cet étage de débris : « Tout ce qui est en dessous est cananéen, tout ce qui est en dessus est israélite » ;

3° Peu de temps après - « Le seul indice que nous ayons c'est l'oppression d'Israël par Cushan-Rishathaïm, alors qu'Othniel était encore en vie. » (Juges III, 7-11) ;

4° Probablement par Sisak, roi d'Egypte (I, Rois, XIV, 25) ;

5° Par Nébucadnetsar, voir 600 avant J.-C.

« Ainsi, écrit encore le professeur Kyle, la stratification de Kirjath-Sépher présente l'aspect le plus complet de l'histoire de la Palestine qui puisse être donné dans les sites déjà fouillés, et cela sur une période s'étendant d'environ 2000, temps d'Abraham, jusqu'à 600, destruction par Nébucadnetsar. Cela recouvre environ 700 ans d'histoire cananéenne et, faisant suite, toute l'étendue de l'histoire d'Israël, depuis la conquête de Canaan jusqu'à l'exil de Babylone (5). »

6° L'archéologie apporte une confirmation précieuse non seulement à l'enseignement historique, mais aussi à l'enseignement moral du livre de Josué et nous aide à mieux comprendre pourquoi le Seigneur a ordonné aux Israélites d'exterminer les Cananéens. Ce que la Bible nous dit de la corruption profonde et de l'idolâtrie répugnante des Cananéens est mis en pleine lumière par les travaux de savants tels que R.-A.-S. Macalister et le Père Vincent. Les fouilles de M. Macalister devaient mettre en pleine lumière les pratiques barbares des vieux rites de Canaan. En déblayant les couches primitives du haut-lieu de Ghézer, M. Macalister a découvert, sur la plate-forme avoisinant les stèles, un véritable cimetière d'enfants (6). Les corps étaient dans une grande jarre, corps d'enfants de moins d'une semaine. Ces enfants ont certainement été ensevelis vivants. On a aussi trouvé de ces jarres lugubres à T'Annak et à Mégiddo. On a même trouvé sous des fondations deux enfants dans une même jarre. Il s'agit là évidemment de sacrifices offerts aux divinités sanguinaires des Cananéens. « Est-il besoin de souligner, écrit le Père Vincent, le relief que prennent, à la lumière de ces découvertes, les passages bibliques flétrissant la cruauté, non moins que la licence des vieux cultes cananéens et reprochant aux Israélites de s'y laisser attirer avec une complaisance coupable ? Ce labeur incombera désormais aux exégètes quand ils voudront bien bénéficier de l'apport précis que leur fournit l'archéologie sur ce point... Jusqu'aux derniers jours de la monarchie israélite, les hauts lieux rivaliseront avec le temple de Jérusalem, les Baals et les Astartés disputeront à Yahvé les offrandes d'Israël et, tandis que, sur l'autel, des holocaustes des victimes animales suffiront à honorer Dieu, on continuera d'immoler les victimes humaines aux cruelles exigences d'idoles qu'on n'a pas pu se défendre de vénérer ou de redouter à l'exemple funeste de Canaan.»

Sur l'immoralité répugnante des Cananéens, les fouilles ont apporté des témoignages nombreux et irrécusables, tellement grossiers que l'on ne peut en parler en détail. Il est impossible à un peuple de descendre plus bas dans l'abjection et la perversité. La nécessité s'imposait, pour les Israélites, de détruire ces populations gangrenées. Ce qui nous étonnerait ce serait d'apprendre que l'Eternel a eu de l'indulgence pour de tels débordements et a reculé devant les moyens radicaux pour en détourner son peuple.

Nous savons, par le texte sacré, que les Israélites n'obéirent pas intégralement aux ordres du Seigneur et ne furent que trop disposés à pactiser avec les Cananéens, dans le désir de les imiter. Les fouilles, en particulier celles de Ghézer, ont montré qu'en effet l'occupation du pays par les Israélites a été incomplète et que, si la pénétration a été tout d'abord rapide en certains points, elle a été, par ailleurs, très lente.

Ainsi, tout ce que nous avons de Canaan, tant au point de vue des moeurs et de la religion, qu'au point de vue historique, à l'époque de la conquête, est en pleine harmonie avec les données du livre de Josué dont la valeur apparaît de plus en plus en pleine lumière. Que dire, en face de ce témoignage si positif de la science archéologique, de critiques qui en sont encore à jeter le discrédit sur ce livre, ,comme sur tant d'autres pages des Saintes Ecritures ? Que dire, en particulier, de cette assertion déconcertante parue dans un ouvrage récent : « Le livre de Josué, où les traditions tardives ont introduit beaucoup de conventionnel ». OÙ est le « conventionnel », où sont les « traditions tardives », dans une histoire qui porte la marque du vrai jusque dans ses moindres détails et que les fouilles ne cessent de justifier ?


1) Bible annotée. Josué, p. 22. Pour l'étude de ces diverses localités, nous nous sommes surtout aidé de la Bible annotée.

2) STANLEY. Sinaï and Palestine, 1875, p. 207 et 208.

3) Abbé F. VIGOUROUX La Bible, tome III, p. 189.

4) Archéologie de l'A.T. p. 149.

5) Dans le chapitre XXIII (Récentes Découvertes), nous donnons des informations complémentaires relatives à Kiriath-Sépher.

6) Les sacrifices d'enfants étaient aussi pratiqués en Syrie et en Mésopotamie, au II' millénaire. On a retrouvé en Plusieurs endroits des jarres avec des ossements d'enfants, en Particulier dans les ruines du temple de Nin-Egal.

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant