Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

III. - D'ADAM A ABRAHAM



LES GENEALOGIES
LE DELUGE
LA TOUR DE BABEL
LE CHAPITRE DES NATIONS
DEUX PEUPLES RETROUVES
LES GENEALOGIES

Les chapitres IV et V de la Genèse sont surtout consacrés à nous donner deux généalogies : celle de Caïn et celle de Seth. Il est frappant de constater, dans les diverses mythologies païennes, l'existence d'une tradition relative au premier homme et, aussi, des généalogies ayant comme point de départ le premier homme. Toutes les religions antiques cherchent à remonter jusqu'à Adam, de même que toutes cherchent à expliquer les origines de la terre.

En ce qui concerne Caïn, nous remarquons que toutes les mythologies font, comme la Bible, du constructeur de la première ville le meurtrier de son frère ; de même les personnages de Jabal, Jubal et Tubal-Caïn ont des analogies dans presque toutes les religions antiques. Mais il n'y a rien, dans toute cette littérature profane, qui puisse se comparer à la description saisissante du meurtre d'Abel, telle que la Bible nous la donne. Cette page n'a rien perdu de sa force, de sa puissance morale. Il est impossible de trouver une. dénonciation plus éloquente de la haine et de la violence, une manifestation plus touchante de la valeur de la personne humaine. Mais cette page est aussi sublime du point de vue spirituel, car nous y voyons un contraste saisissant entre le culte en esprit, le culte de l'humilité et du sacrifice, et le culte de l'orgueil et du formalisme, contraste que notre Seigneur reprendra plus tard dans la parabole du pharisien et du péager et que saint Jean mettra en lumière dans son épître. (I Ep. III, 11-14).

En ce qui concerne les généalogies, nous verrons aussi combien le texte sacré l'emporte sur les documents profanes.

La chronologie biblique donne des chiffres vraisemblables, tandis que les chronologies païennes donnent des chiffres prodigieux. La chronologie babylonienne donne pour les dix rois primitifs une durée totale d'environ 432.000 ans! Les généalogies bibliques nous présentent des hommes vraiment humains, tandis que les généalogies païennes nous parlent de demi-dieux, de héros surnaturels. Surtout la Bible, même dans ses nomenclatures de noms propres, a une inspiration nettement monothéiste et morale. Elle fait remarquer la piété d'un Hénoc qui « marcha avec Dieu » et, d'autre part, elle met en lumière la grossièreté, la cruauté d'un Lémec qui souhaite d'être « vengé soixante-dix-sept fois ». Les généalogies païennes, au contraire, sont essentiellement polythéistes et dépourvues de toute préoccupation sainte. On peut dire, sans exagération, que les généalogies des chapitres IV et V de la Genèse, comme toutes les généalogies de l'Ancien Testament, portent, elles aussi, la marque de l'Esprit de Vérité, de l'Esprit qui glorifie Jéhovah parce qu'Il procède de Jéhovah. Les généalogies de la Bible sont dignes de la Bible.

« Les géants étaient sur la terre en ces jours-là. » (VI, 4). Les anciens croyaient que les hommes des premiers âges avaient été très grands et doués d'une force extraordinaire. :« Chez les Grecs, en particulier, dit la « Bible annotée » (1), on trouve la fable des Titans, hommes d'une taille colossale qui tentèrent d'escalader le ciel et furent foudroyés par Jupiter et les dieux de l'Olympe. Seulement la fable païenne les faisait naître du sol terrestre. » Le récit sacré a une autre allure. Il nous met en présence d'un phénomène d'une gravité extrême: l'influence de puissances malfaisantes et supra-humaines.


LE DELUGE

Il y eut manifestement, avant le Déluge, un déploiement inusité de forces démoniaques et une recrudescence du vice sous toutes ses formes, qui rendit le Déluge nécessaire. C'est cette notion que l'on retrouve dans toutes les mythologies et, en particulier, dans le récit babylonien. Voici comment ce récit débute : « Je veux te révéler, ô Izdhubar, l'histoire de ma conservation et te dire la décision des dieux. La ville de Schourippak, une ville que tu connais, est située sur l'Euphrate ; elle était antique et en elle on n'honorait pas les dieux. Moi seul j'étais leur serviteur, aux grands dieux. Les dieux tinrent conseil. Un Déluge fut proposé par Bel et approuvé par Nabou, Nergal et Adar. » Le texte sacré exprime cette notion du mal universel avec beaucoup plus de force et de grandeur morale. Tout d'abord, dans la Genèse, c'est la terre tout entière, c'est-à-dire toute l'humanité, et non point seulement une ville, qui est irrémédiablement gangrenée. Et quelle admirable définition de cette effroyable corruption : « L'Eternel vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre et que tous les desseins des pensées de son coeur n'étaient que mal continuellement. Et l'Eternel se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre et Il fut affligé en son coeur... Et la terre se corrompit devant Dieu et la terre se remplit de violence. Et Dieu vit la terre, et voici elle était corrompue, car toute chair sur la terre suivait une voie de corruption. » (VI, 5, 6, 11, 12).

Les apôtres, remplis du Saint-Esprit, n'auraient pas pu exprimer avec plus de profondeur psychologique, plus de vérité sainte, ce jugement du Dieu Tout-Puissant sur l'Humanité dévoyée.

Si nous continuons la comparaison entre deux textes, le texte biblique et le texte babylonien, nous verrons encore combien l'avantage est au premier, dans le fond et dans la forme.

Le récit babylonien est polythéiste. Le Déluge, nous venons de le voir, « est approuvé par Nabou, Nergal et Adar ». Le soleil est divinisé : « Schamasch (le soleil) vit le moment déterminé, et il l'annonça en ces termes... » Les autres éléments qui entrent en jeu pour provoquer le Déluge sont aussi divinisés: « Mouschari-ina-namari s'éleva des fondements du ciel en un nuage noir; Ramman tonnait au milieu du nuage et Nabou et Scharrou marchaient devant Nergal, le puissant, traîna après lui les châtiments Adar s'avança en renversant devant lui... L'inondation de Ramman se gonfla jusqu'au ciel. »

Tous les dieux se montrent singulièrement lâches « Dans le ciel les dieux prirent peur de la trombe et cherchèrent un refuge; ils montèrent jusqu'au ciel d'Anou. Les dieux étaient étendus immobiles, serrés les uns contre les autres comme des chiens... »

Au reste, ces dieux ne sont pas d'accord. Il en est qui regrettent qu'une famille ait pu échapper au malheur : « De loin, en s'approchant, Bel vit le vaisseau; Bel s'arrêta, il fut rempli de colère contre les dieux et les archanges célestes : Personne ne doit sortir vivant! Aucun homme ne sera préservé de l'abîme ! »

Dans le récit biblique, tout au contraire, c'est Dieu et Dieu seul qui intervient, qui intervient pour punir et aussi pour sauver; c'est Lui qui annonce à Noé ce qui va se produire, et le prépare pour la grande délivrance. Aucune méchanceté, aucune injustice en ce Dieu unique et saint, qui souffre infiniment d'être obligé de détruire ainsi presque toutes ses créatures. Les forces de la nature ne sont que des forces inconscientes, impersonnelles, d'ordre physique, dont Dieu se sert comme il Lui plaît, et non des divinités que l'homme doive adorer. Quel abîme entre la théologie de la Genèse et la théologie de Babylone! D'un côté, la vision nette des événements et leur exacte compréhension ; de l'autre côté, une vision confuse, étrange, parfois grotesque. D'un côté, la Révélation ; de l'autre côté les déviations d'une pensée contaminée par la superstition et le péché.

Cependant, il ne faudrait pas méconnaître l'appui que le texte profane apporte au texte sacré en le confirmant sur plusieurs points essentiels, et en montrant avec force qu'il y a bien eu un Déluge qui a laissé une trace indélébile dans la mémoire de tous les peuples de l'Antiquité. Les diverses versions profanes de cette catastrophe unique dans les annales humaines sont une preuve de plus que la catastrophe s'est en effet produite, bien que les traditions en soient parfois contradictoires sur certains points de détail.

Voici les diverses rencontres du texte biblique et du texte babylonien: Tous deux mentionnent l'ordre divin de construire l'arche ; - les dimensions de l'arche, quoique ces dimensions, vraisemblables avec Moïse, deviennent formidables avec l'auteur profane ; - l'ordre divin de conserver, les êtres vivants ; - l'énumération de ceux qui doivent entrer dans l'arche, hommes et animaux ; - la construction de l'arche le goudronnage de l'arche ; - les approvisionnements l'entrée dans l'arche d'un homme juste et de sa famille la fermeture de l'arche ; - le commencement du Déluge; - la description du Déluge; - la fin du Déluge; - l'ouverture de la fenêtre ; - la diminution de l'eau ; - l'arrêt de l'arche ; - le dessèchement graduel de la terre ; - l'envoi des oiseaux ; - la sortie de l'arche ; - l'oblation du sacrifice ; - l'acceptation par Dieu du sacrifice ; - les promesses de Dieu les faveurs accordées à l'homme sauvé du Déluge.

Sur tous ces points de contact, le récit biblique manifeste toujours son éclatante supériorité. L'hypothèse d'après laquelle le récit Mosaïque ne serait qu'une édition revue et corrigée du récit babylonien est psychologiquement inadmissible. Quel homme aurait été capable de purifier à ce point une tradition aussi mélangée, aussi fausse de pensée, aussi puérile de détails ? Ceux qui refusent à Moïse la conduite de l'Esprit-Saint dans la rédaction de son oeuvre sont obligés de réclamer un miracle plus grand encore, en lui attribuant, ou à un autre écrivain, l'étonnante faculté de tirer de la lumière d'un texte ténébreux, de le refaire si complètement et si parfaitement qu'il apparaît comme entièrement nouveau. Le récit biblique ne doit rien au récit babylonien. Que lui devrait-il qu'il n'aurait déjà ? Pourquoi aurait-il fait des emprunts à un texte dont il est si éloigné par la conception de Dieu et de la nature ? il n'y a qu'une solution de ce problème que l'on a compliqué à plaisir: c'est que la tradition biblique, parvenue à Moïse et confirmée en lui par le témoignage de l'Esprit, est la vraie, celle qui a le sceau de Dieu Lui-même, celle qui est digne de Dieu et qui est toute à sa gloire ; tandis que la tradition babylonienne et les autres sont visiblement déformées ; non point l'eau pure que l'on vient de puiser à une source, mais l'eau corrompue dans les sables de la plaine. Qui oserait remplacer, dans l'Ancien Testament, le texte Mosaïque par le texte profane ?

Rien ne nous empêche de croire que la vraie tradition s'est transmise dans la famille providentielle, dans la famille de Seth, d'abord par. Noé, puis par Abraham, Isaac et Jacob, puis par Joseph et aboutissant ainsi à Moïse.

Quoi qu'il en soit, s'il est légitime de juger l'arbre d'après ses fruits, nous pouvons dire, sans la moindre. hésitation, que l'arbre biblique est excellent, puisque son fruit est excellent, surtout lorsqu'on le compare aux fruits misérables des arbres païens.

Un autre service que le récit babylonien a rendu au récit sacré, c'est qu'il l'a délivré des calomnies des critiques. On sait que les critiques ont cherché à disloquer la narration du Déluge, comme d'ailleurs presque toutes les narrations de l'Ecriture sainte. Ils ont prétendu que ce récit était l'oeuvre d'au moins deux rédacteurs, vivant à bien des années d'intervalle et animés de tendances opposées l'un, le Jéhoviste, animé d'un esprit vraiment agréable au Seigneur, l'autre, l'Elohiste, animé d'un esprit tout à fait opposé aux pensées divines, d'un esprit païen. Leur procédé est des plus simples : tout ce qui leur déplaît dans le texte, tout ce qui ne cadre pas avec leurs théories, ils le rejettent comme étant « Elohiste » ; tout ce qui leur convient est, au contraire, agréé sous le vocable « Jéhoviste ». Le malheur est, pour ces étranges équilibristes, que le texte babylonien contient des détails attribués à ces deux prétendus documents.

D'un coup, tout l'édifice des soi-disant contradictions s'écroule. On ne peut pourtant pas, en effet, trouver de l'Elohisme et du Jéhovisme dans le récit babylonien!

Voici un exemple, mis en lumière par l'abbé Vigouroux, qui montrera combien la thèse critique vient se briser contre le texte révélé par l'archéologie : « Les critiques prétendent généralement que les cinq premiers versets du chapitre VII de la Genèse sont une narration parallèle à celle des versets 13 à 22 du chapitre VI, qui serait de l'écrivain Elohiste. En réalité, cette seconde section contient l'ordre de construire l'arche, tandis que la section du commencement du chapitre VII annonce l'imminence de la catastrophe et décrit l'entrée dans l'arche. Comme pour confondre les affirmations des ennemis de la Bible et attester la fausseté de leurs conclusions, nous rencontrons à côté l'un de l'autre, dans la légende l'Erech, ainsi que dans la Genèse, les deux ordres divins, avec cette seule différence qu'à Erech le second ordre divin est donné la veille du Déluge, et d'après Moïse, sept jours auparavant.

« Après une longue description de l'arche de Noé, de sa famille et des animaux qui sont dans l'arche, description dans laquelle Dieu est toujours appelé Elohim, la Genèse dit que Jéhovah ferma la porte de l'arche. La tablette assyrienne contient aussi ces deux épisodes ; seulement ce n'est pas un dieu, mais Hasiandra qui ferme la porte du navire.

« On trouve ainsi dans la légende cunéiforme les passages élohistes (soi-disant élohistes) et les passages jéhovistes (soi-disant jéhovistes) de la Genèse... La tablette assyrienne nous prouve que les diverses sections du récit de la Genèse ne sont pas des passages parallèles, sans cohésion et sans unité, cousus entre eux, bon gré mal gré, par un rédacteur peu intelligent, longtemps après Moïse (2). »


LA TOUR DE BABEL

L'épisode de la Tour de Babel touche par deux traits à l'archéologie. Tout d'abord, la mention de la méthode employée pour construire la ville et la tour : « Ils se dirent entre eux: Allons, faisons des briques et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de mortier. » (XI, 3). - « A défaut de pierres, qui n'existent pas dans les terrains d'alluvion de la Babylonie, le sol leur fournit de la terre à briques et du bitume. Pour les constructions ordinaires, on emploie en général des briques séchées au soleil ; mais quand on veut que les briques soient plus durables, on les cuit au feu. Les ruines de Babylone attestent que les briques étaient les matériaux essentiels de la construction, et que le bitume servait de ciment (3). »

Notons ensuite que, sur la rive occidentale de l'Euphrate, là où se trouvait l'ancienne Borsippa, on montre les ruines d'une tour qui s'appelle Birs-Nimroud et qui indiquerait, d'après la tradition, l'emplacement de la tour de Babel elle-même. Nébucadnetsar avait construit là un temple à Bel-Nébo; on a trouvé de lui une inscription où il raconte qu'il a fait restaurer la tour de Borsippa qu'un roi ancien avait commencé à élever, mais sans pouvoir l'achever. Cette tradition est généralement admise et elle est très plausible.

Ce qui est certain, c'est que l'Humanité a d'abord parlé une seule langue. C'est la conclusion des travaux des savants modernes qui se sont livrés à l'étude des langues ; ils leur trouvent, à toutes, un fond commun témoignant d'une origine commune. Mais cette question intéresse bien plus l'ethnologue que l'archéologue.


LE CHAPITRE DES NATIONS

Avant d'arriver à Abraham et à l'établissement du Peuple de la Promesse, nous nous arrêterons à l'étude du chapitre X de la Genèse que l'on a appelé le chapitre des Nations. Longtemps on a considéré cette nomenclature avec mépris, sans lui accorder la moindre importance; mais, de plus en plus, l'exactitude de ses informations et leur extrême valeur se manifestent aux yeux de l'étudiant impartial.

Deux faits nous révèlent la grande ancienneté de ce document unique. Le nom de Ninive n'est donné qu'à l'un des quartiers de la grande ville et ne comprend pas, comme plus tard, toutes les parties qui la composent ; de plus, le nom de Tyr n'est pas mentionné. Notons aussi la connaissance approfondie que l'auteur du document a certainement de l'Egypte, de l'Arabie et de Canaan, à une époque très reculée de leur histoire.

A l'encontre des tableaux analogues à celui-ci dans les littératures païennes, le tableau de la Genèse se place à un point de vue universaliste, sans donner une importance exclusive, ni même simplement spéciale, à une nation. C'est toute l'humanité qui nous apparaît, tous les peuples qui vont être au bénéfice de la grande Promesse faite à Abraham : « Toutes les nations de la terre seront bénies en toi. » Tous les hommes se révèlent à nous, dans cette page sublime, unis dans la même origine et la même destinée. Il est remarquable de rencontrer cette magnifique explosion d'universalisme au moment même où l'auteur va entrer dans le particularisme nécessaire, providentiel, de l'histoire d'Israël, comme pour bien montrer que le particularisme Israélite est mis entièrement au service de l'universalisme international.

Nous allons donner les noms des divers peuples du chapitre X qui ont été identifiés, et nous verrons ainsi quelle confiance il faut accorder à cette page qui est une merveille de précision et d'exactitude.

 

1° LES QUATRE FILS DE CHAM. - Cush. En égyptien, Casch, Cisch ou Cesch; en assyrien, Casou. Ce terme désigne un peuple de couleur foncée, au sud de l'Egypte, dans la Nubie et l'Abyssinie actuelles. Ils sont sans doute venus des plaines de la Babylonie.

Mistraïm, désigne les Egyptiens. Ce nom apparaît en assyrien sous la forme Mousour ou Mousourou.

Put désigne sans doute un peuple voisin des Libyens, le long de la côte septentrionale de l'Afrique.

Canaan ce peuple paraît être venu du sud et avoir envahi peu à peu la Palestine ; il s'est subdivisé en diverses tribus.

 

2° LES CINQ FILS ET LES DEUX PETITS-FILS DE CUSCH.- Séba, même race que Cusch. Josèphe dit que Séba était l'ancienne capitale de l'ancien empire de Méroé, situé entre l'Egypte et l'Abyssinie.

Havila, ce peuple a surtout séjourné en Arabie, sur la côte orientale de la mer Rouge.

Sabetha, sans doute le peuple qui habitait au sud de l'Arabie avec la ville de Sabatha dont parlent Strabon et Ptolémée.

Raama, sans doute la ville de Regama indiquée par Ptolémée, au fond d'une baie du golfe Persique.

Sabthéca, sans doute la Samudaké de la côte orientale du golfe Persique.

Schéba, d'où est venue la reine qui visita Salomon; pays renommé pour son or. Probablement le peuple des Sabiens dont parlent les géographes anciens, dans l'Arabie Heureuse ou même septentrionale. Peuple de commerçants audacieux et prospères. La nation Sabéenne a été longtemps puissante et riche.

Dédon, sans doute voisin d'Edom. On a trouvé, en Arabie septentrionale, les ruines d'une ville appelée Daïdam.

 

3° NIMROD, nommé à part à cause de sa réputation, de ses conquêtes, de son énergie.

Il est frappant de voir que le récit sacré lui attribue la domination du pays de Babel et la construction de villes en Assyrie. Deux faits sont à relever dans cette information: 1° Babylone a précédé Ninive, ce que l'archéologie, de son côté, déclare depuis quelques années. On sait maintenant que la culture assyrienne est bien, en effet, d'origine babylonienne et que Ninive a été longtemps vassale de Babylone. 2° Le texte mentionne quatre localités dans chaque région, quatre localités constituant une sorte de confédération. Voici les noms de ces localités :

 

A. - Babel, désigne les débuts de Babylone elle-même. Erech (en assyrien Uruk ou Warka), qui est devenu une ville considérable et que l'on a commencé à explorer dernièrement. Accad, apparaît fréquemment dans les inscriptions assyriennes ; ancienne province au nord de Babylone. Calné, sans doute Ctésiphon, sur la rive orientale du Tigre.

B. - Nimrod est aussi présenté par le texte sacré comme ayant fondé quatre villes en Assur: Ninive, Rehoboth-Ir, Calach et Résen. Deux d'entre elles, Ninive et Calach, ont fini par constituer un tout qui, sous le règne de Sennachérib (705-684) a pris le nom de la plus importante des deux Ninive.

 

4° LES DESCENDANTS DE MITSRAIM. - Quelques-uns n'ont pu encore être identifiés: Les Ludim, les Naphtuchim, et les Anamim. D'autre part, nous connaissons les Lehabim, qui sont les Libyens, nommés Lubim, à côté de Put, dans Nahum III, 9 ; et les Pasthrusim, habitants de la Haute-Egypte, appelée par les prophètes Pathros (Esaïe, XI, 11, Jérémie, XLIV, 1, 15 ; Ezéchiel, XXIX, 14).

Les Casluchim sont donnés comme les ancêtres des Philistins. On ne sait rien de précis ni sur les Casluchim, ni sur l'origine des Philistins. Cependant plusieurs savants pensent qu'ils viennent des Crétois et il serait vraisemblable que les Casluchim soient, en définitif, les Crétois. Ce qui pousse à le croire, c'est la mention de Jérémie XLVII, 4, qui indique que Caphthor, la patrie des Philistins, est une Île.

 

5° LES DESCENDANTS DE CANAAN.- Sidon, le nom de la plus ancienne ville des Phéniciens, bien plus ancienne que Tyr. Dans les inscriptions assyriennes il est souvent fait mention de « Sidou-nou », les habitants de Sidon.

Heth, fondateur du peuple puissant des Hittites, dont nous parlerons en détail à la fin de ce chapitre. Ce peuple commence à être connu après de longs siècles de disparition totale.

Jébus, père des Jébusiens qui habitent Jérusalem.

L'Amorrite: peuple plus ancien et plus puissant que les Hittites, et qui a joué un grand rôle au cours du troisième millénaire. Nous en parlerons aussi à la fin de ce chapitre.

Le Guirgasien: peuple non encore identifié.

Le Hévien: non encore identifié.

L'Arkien: on retrouve le nom de Arké ou Arka chez les historiens anciens et dans les inscriptions assyriennes ; il désigne une ville située au pied de Liban, ville qui était fortifiée au temps des croisades et qui est maintenant en ruines.

Le Sinien: Jérôme parle d'une ville nommée Sin, près d'Arka.

L'Arvadien: c'est sans doute le peuple souvent mentionné chez les auteurs anciens sous le nom de Aradiens et dans les inscriptions assyriennes sous le nom de Arvada.

Le Tsémarien : les inscriptions assyriennes parlent souvent d'une ville de Simir à côté d'Arka.

Le Hamathien: Hamath, dans la région de Damas, est souvent mentionnée dans l'Ancien Testament et les inscriptions en parlent aussi.

 

6° LES DESCENDANTS DE SEM.- Elam: apparaît dans le& inscriptions assyriennes sous la forme Ilamtou.

Assur: très souvent mentionné en cunéiforme.

Arpacsad: probablement le peuple habitant la contrée située sur le versant méridional de l'Arménie et que les Grecs appelaient Arrapachitis.

Lud, les Lydiens.

Aram: race considérable des Araméens occupant le territoire compris entre la Méditerranée à l'ouest, le pays de Canaan et le désert Syrien au sud, le Tigre à l'est, et la chaîne du Taurus au nord. La langue araméenne fut longtemps la langue internationale.

 

7° LES QUATRE FILS D'ARAM. - Uts: non identifié Hul: non identifié Guéther : non identifié Mas: sans doute se rapportant au mont Masius au nord de la Mésopotamie.

 

8° LES DESCENDANTS D'ARPACSAD.- Sélah: non identifié ; Héber: ancêtre d'Abraham; c'est de lui qu'est venu le nom d'Hébreu ; Péleg : non identifié ; Joktan : le nom de Kabtan désigne, parmi les Arabes, une contrée de la partie septentrionale de l'Yémen.

 

9° LES JOKTANIDES. - Almodad: sans doute le Mavaddad des inscriptions sabéennes ; Séleph : Ptolémée parle d'une tribu appelée les Salapiens, qui habitait au centre de l'Arabie; Hatsarmaveth: Hadramaut dans les inscriptions sabéennes, et encore maintenant en usage ; il désigne une contrée insalubre sur la côte septentrionale de l'Arabie, à l'est de l'Yémen. Stralon parle des Hatramotites. Jerach: non identifié Hadoram: non identifié Uzal: d'après les traditions arabes, c'est le nom primitif de Sana, capitale de l'Yémen; Dikla: non identifié ; Ophir: les uns le situent en Arabie ; d'autres dans l'Inde. Sophir désignait l'Inde, chez les anciens Egyptiens (4) ; Jobab non identifié.


1) Bible annotée. Genèse, p. 143.

2) Abbé F. VIGOUROUX, La Bible et les Découvertes modernes. tome 1, P. 251-253.

3) Bible annotée, Genèse, p. 191.

4) Voir le chapitre sur « Les rapports de Salomon avec Ophir ».

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