Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le concile... l'unité... et après ?

Quels seront les lendemains de notre « chrétienté », après le concile et en ce temps d'oecuménisme à outrance ?

Un grand nombre d'excellents et fidèles croyants catholiques souhaiteraient très sincèrement que leur Eglise, non seulement simplifie ses formes, mais se rapproche du christianisme apostolique. Car seul un retour de toutes les Eglises a la source du Nouveau Testament produirait le climat favorable à une entente entre chrétiens. C'est-à-dire, il faudrait d'abord que tous ceux qui portent le nom de « Chrétiens » deviennent effectivement disciples de Jésus-Christ. Et puisque toutes les Eglises affirment que la Bible est la Parole de Dieu, qu'elles y retournent et l'Esprit de Dieu fera le reste ! Car nous croyons avec tous les autres chrétiens que parmi les catholiques il y a actuellement des hommes de bonne volonté tout à fait disposés à devenir des chrétiens bibliques. Mais ne va-t-on pas, en haut lieu, les mettre au pas (catholique) avant qu'ils n'aient atteint ce sommet sublime !

Ce serait assurément une vision grandiose si les 2.500 évêques du concile, rentrés chez eux animés de l'Esprit du livre des Actes des apôtres annonçaient avec la même force que l'apôtre Pierre « qu'il n'y a de salut qu'en JESUS-CHRIST ; car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 4 : 12).

Sans doute pourrions-nous assister à un renouveau magnifique, si l'Esprit de Dieu parvenait à agir sans se heurter aux oppositions humaines qui se dressent partout contre la vérité. « La repentance dont on ne se repent jamais » (2 Cor. 7 : 10) produirait alors les effets bénis mentionnés par Paul dans sa lettre aux Corinthiens : « Quel empressement ! Quelle crainte ! Quelle ardeur ! Quel zèle ! Quelle sévérité ! » Oui, quelle sévérité salutaire envers l'erreur, le mensonge, le péché et le mal sous toutes ses formes produirait l'Esprit de Jésus-Christ, en même temps qu'il unirait les croyants « dans l'amour parfait qui bannit la crainte » (I Jean 4 : 18).

Si toutes les ressources théologiques employées à justifier les vaines traditions étaient mises au service de la prédication du pur Evangile, il est certain que nous pourrions voir notre monde changer sous nos yeux. Car, ou il Evangile est une invention humaine, alors n'en attendons rien de plus ; ou il est «la puissance de Dieu » (Rom. 1 : 16), et dans ce cas Dieu petit faire des prodiges au milieu de nous. Or, de toute évidence les chrétiens évangéliques croient que l'Evangile est l'absolue vérité de Dieu.

Il faut le reconnaître, il est touchant de voir les efforts réellement sincères que font nombre de prêtres et de fidèles catholiques en vue de se rapprocher des autres croyants, pour les assurer de leur bon vouloir et pour leur prouver que réellement un vent nouveau souffle sur le catholicisme. Oui, il est émouvant de voir ces chrétiens s'efforcer de donner au monde une idée nouvelle de leur foi, et ils sont certainement très honnêtes dans leurs efforts pour rendre plus biblique une Eglise qui l'est si peu. Cependant, il est fort regrettable que derrière cette bonne volonté évidente se dresse l'ombre millénaire d'une institution qui ne veut pas changer. C'est là le drame.

Beaucoup de catholiques - prêtres et laïcs - souffrent, nous le savons, de voir ce qui devrait changer et doivent assister impuissants aux débats des évêques sans qu'on leur permette d'ouvrir leur coeur. Dans ces combats avec leur conscience, nous le proclamons hautement, les catholiques méritent une compréhension affectueuse et sans réserve de la part des croyants bibliques.

Pour le moment, de toute part on adresse aux chrétiens des appels a la réconciliation, les exhortant à revenir à de meilleurs sentiments. Mais les croyants réellement bibliques, qui n'ont jamais persécuté personne, n'ont aucune animosité envers ceux qui ne partagent pas leur foi. Et l'évangélisation n'est pas pour eux un prosélytisme de croisés, mais l'annonce de la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. A notre prochain, quel qu'il soit, nous témoignons respect, compréhension et amour chrétien. En tout cas, nos amis catholiques peuvent être assurés de notre entière et sincère sympathie. Du point de vue humain, nous éprouvons les mêmes aspirations de coeur et d'esprit, les mêmes besoins de salut et de pardon en Jésus-Christ. Seulement, le croyant le plus conciliant ne saurait renoncer à la vérité dont il est entièrement convaincu. Nous demandons donc à Dieu, en toute humilité, que tous les hommes soient attirés à LUI par son Fils, notre seul Médiateur parce que notre seul Rédempteur.

Nous avons lu aussi des phrases comme celle-ci

« L'Eglise catholique se renouvelle et se réforme constamment elle-même, en continuité avec ses origines apostoliques... » Une foule de chrétiens non-catholiques attendent avec impatience le jour où l'Eglise de Rome se sera « renouvelée » assez pour être réellement apostolique, donc biblique, comme les églises des apôtres Alors le dialogue entre chrétiens deviendra facile. Car il ne peut y avoir une autre base que les Saintes Ecritures, et tant que Rome n'y retournera pas, aucun concile ne réussira à donner un nouveau visage à une institution (lui s'est graduellement défigurée en s'éloignant du modèle de la foi du premier siècle.

Beaucoup se demandent si Rome veut réellement remonter jusqu'à la Source ! Nombre de catholiques le souhaitent ardemment, mais le pape leur a dit clairement que l'Eglise ne le peut pas, et c'est dramatique. Lors d'une audience générale hebdomadaire à Castelgandolfo, au cours de l'été 196,31 le pape a mis en garde « ceux qui prennent occasion des problèmes soulevés par le concile et des discussions qu'il provoque pour susciter, en eux et chez les autres, un esprit d'inquiétude et de réformisme radical, aussi bien dans le domaine doctrinal que dans le domaine disciplinaire.

« Comme si c'était une occasion propice pour mettre en question des dogmes et des lois que l'Eglise a inscrits dans les tables de sa fidélité au Christ-Seigneur! Comme si le Concile autorisait chaque opinion particulière à démolir le patrimoine de l'Eglise, toutes les acquisitions que sa longue histoire et son expérience lui ont assurées au cours des siècles 1

« Voudraient-ils, ces gens, que l'Eglise revienne à son enfance, en oubliant que Jésus a comparé le Royaume des cieux à une toute petite graine, qui doit pousser et devenir un arbre feuillu, et qu'il a annoncé le développement, par l'oeuvre du Saint-Esprit, de la doctrine qu'il a enseignée ? ... »

Ainsi, les papes et les théologiens légitiment les innovations de leur Eglise en comparant sa doctrine à un arbre en perpétuelle croissance, qui donne naissance constamment à de nouvelles branches, à l'image du grain de sénevé de la parabole. De cette manière s'expliquerait le développement déconcertant de la dogmatique romaine. Mais le raisonnement ne tient pas, car un arbre, quelle que soit sa taille, ne porte que des fruits de son espèce. Il faut donc, dans le domaine évangélique, que les fruits restent strictement conformes au type de l'Evangile. Ce qui n'est nullement le cas pour l'Eglise de Rome ; car plus l'arbre théologique grandit, plus il devient méconnaissable et plus il est en contradiction avec la parole de Jésus-Christ.

A la vérité, ce ne sont pas des branches saines qui croissent sur le tronc apostolique, mais des broussailles qui y ont été greffées à tort, des lianes parasites et une végétation adventice qui entortillent l'arbre et l'étouffent, comme cela se voit si souvent dans les forêts tropicales. Comment, dans ces conditions, peut-on faire croire au monde que les inventions du système religieux catholique font partie de la saine doctrine évangélique !

Au sujet de l'unité il faut bien préciser qu'aucune institution religieuse n'a le droit de se déclarer « seule Eglise de Jésus-Christ », ni seule dans la vérité, ni seule bénie de Dieu. Il est donc impossible que l'une des Eglises revendique l'exclusivité des directives du Saint-Esprit. Et l'Eglise romaine moins que toutes les autres.

Au reste, le Saint-Esprit n'est pas donné à une institution, en tant qu'Eglise, mais à des croyants individuellement, après une sincère repentance et par la foi profonde au Sauveur. Le livre des Actes nous en donne de nombreux exemples et l'expérience confirme cela sans cesse. C'est pourquoi, plus une église locale se compose de membres ainsi transformés par la grâce divine, plus elle est forte et inébranlable et plus elle est dirigée par l'Esprit de Dieu.

Il est écrit : « L'Esprit souffle où il veut ! » Une Eglise ne peut donc disposer de l'Esprit de Dieu à son gré ni limiter son action selon ses intérêts temporels. Dieu est le Père de toute créature qui s'humilie devant LUI et qui obéit à Sa volonté. La foi chrétienne est une question de coeur et de conscience ; elle demande un esprit bien disposé et non pas l'affiliation à une organisation religieuse terrestre. Or, on rencontre Jésus-Christ dans les Ecritures et nos relations avec Dieu dépendent de notre foi personnelle et non pas d'un magistère qui supplanterait notre propre conscience.

Mais, quelle unité Jésus-Christ veut-il parmi ses disciples ? Une fusion de tous en un seul organisme visible et hiérarchisé comme un empire, ou simplement cette unité d'esprit et de coeur qui est la vraie marque des chrétiens depuis la Pentecôte ? Voici les textes :

« J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu m'as donnés du milieu du monde... Et ils ont retenu ta parole... Je prie pour eux ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi... Père saint, garde-les ! Ils ne sont pas du monde, de même que je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité... Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée. afin qu'ils soient UN, comme nous sommes UN... »

Dans la pensée du Sauveur il ne s'agit donc que des vrais disciples, qui prennent la foi au sérieux et qui seront unis en esprit, dans l'amour et dans l'obéissance à la Parole de Dieu. Pour cela il faut, d'une part abandonner l'état d'esprit que Jésus appelle « le monde », et puis se prononcer en toute conscience pour la vie chrétienne. En vérité, cette unité existe entre les croyants dont le coeur est ouvert aussi bien que l'esprit. La grande erreur consiste à confondre cette unité, voulue de notre Seigneur, avec l'unité des Eglises réalisée grâce aux conciles et aux débats de théologiens.

Pourtant, beaucoup pensent que les foules sans religion se convertiront au christianisme le jour où l'unité de toutes les Eglises se réalisera ! Nous n'en voyons pas les raisons, sauf si les chrétiens étaient à ce moment-là de meilleure qualité, si leur vie et leur comportement changeaient en même temps ! Alors, sans doute, le monde serait-il convaincu de l'utilité de la religion. Autrement, c'est pure illusion.

On parle aussi beaucoup de « l'ouverture au monde », et cette expression risque de provoquer une nouvelle confusion. Car L'EVANGILE est ouvert au monde, c'est le MONDE qui refuse de l'entendre. Que faire ! Mondaniser la religion ? On l'a fait ! Moderniser la religion ? Elle l'est ! C'est le monde qui doit s'ouvrir a la vérité et ce sont les chrétiens qui doivent la lui présenter dignement, non pas en dépouillant de sa grandeur en le rendant plus humain (dans le sens inférieur), mais en le présentant dans toute sa beauté divine. Alors beaucoup écouteront le message de Jésus-Christ, qui produira un irrésistible attrait sur les coeurs et les esprits insatisfaits des broutilles de ce monde. Ainsi donc, à cause des consciences qui cherchent sincèrement Dieu, il faut à tout prix éviter un nouveau scandale.

Pour supprimer « le scandale des divisions », dit-on, il faut faire l'unité avec n'importe quelle doctrine ! Les dirigeants de beaucoup d'Eglises sont prêts à susciter un nouveau scandale, plus grave que celui qu'ils veulent faire cesser. Car ceux qui sont choqués du nombre des confessions dites chrétiennes, le sont aussi, et bien plus, par les articles de foi (lue les Saintes Ecritures et la conscience réprouvent. Et si les églises évangéliques se joignaient aux entreprises de rapprochement, il faudrait logiquement qu'elles se taisent en face des offenses faites à la vérité. Pour les catholiques convertis et pour les chercheurs de bonne foi il y aurait là un scandale plus pénible encore : c'est de voir l'Evangile se compromettre avec une dogmatique étrangère a la Parole de Dieu. En tout cas, pour eux l'Evangile ne serait plus la vérité. C'est pour cela que beaucoup de croyants bibliques préfèrent vivre en dehors de l'oecuménisme, qu'on « leur fasse bonne ou mauvaise réputation » (2 Cor. 6 : 8). Mais s'ils refusent de faire alliance sur le plan des idées et de la foi, ils n'oublieront pas pour autant de témoigner constamment à leurs très nombreux amis non-évangéliques, parmi lesquels surtout les catholiques, leur plus sincère bon vouloir et leur total dévouement.

Le point capital n'est donc pas de travailler à établir une seule Eglise sur terre (dans laquelle d'ailleurs beaucoup entreraient avec leurs idées fausses), mais d'agir en sorte que les chrétiens qui confessent le nom de Christ deviennent tous d'authentiques disciples. Alors, très certainement, des foules d'incroyants se convertiront et donneront gloire au Dieu des chrétiens, et on verra les moqueurs s'humilier et se mettre en quête de cette foi admirable qui transforme la vie des croyants. C'est donc à cette foi que nous rendons témoignage et c'est à cela que nous travaillerons, humblement et avec l'aide de Dieu, très sûrs que c'est dans cette voie que nous rencontrerons la pleine et entière approbation divine. Sûrs et forts aussi de cette déclaration de l'apôtre Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »

Edmond ITTY, pasteur-missionnaire,

Eglise Evangélique Baptiste, Fort-de-France (Martinique).


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