Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Un grand Protestant oublié

S'il est un fils de la Réforme qui fait grand honneur au protestantisme, c'est bien Agénor de Gasparin, dont les écrits admirables de courage et de foi ont été, malheureusement, entièrement oubliés par la plupart des protestants. Il n'est pas rare d'entendre des pasteurs citer, dans leurs sermons, des saints catholiques ou des écrivains de cette église, mais fort peu citent des textes de ce fidèle chrétien évangélique. Voici donc ce qu'il écrivait, il y a un peu moins d'un siècle. Que dirait-il aujourd'hui, en face de l'oecuménisme et de Taizé !

« Ce qu'il y a de pis au monde, c'est la corruption de quelque chose de bon. Les religions païennes ont gâté la conscience, le christianisme corrompu a failli la tuer.

« Voici des hommes qui déclarent qu'un concile général présidé par le pape est l'organe infaillible du Saint-Esprit ; et ces hommes intriguent pour déterminer l'action du Saint-Esprit, ces hommes protesteront contre telle ou telle décision du Saint-Esprit, et ces hommes, le moment venu, interpréteront la décision du Saint-Esprit dans un sens absolument contraire à son vrai sens ! ...

« Prenons la première des libertés, celle qui sert de base a toutes les autres, celle qui tient de plus près à la conscience : la liberté religieuse. Sans la conscience, je veux dire sans la foi, la liberté religieuse ne s'établit point.

« Les hommes qui croient à la vérité, croient à la puissance qu'elle possède et au Dieu qui la maintient ; ils n'infligeront pas à la vérité l'injure de la faire garder par des gendarmes. Les hommes qui sentent la valeur de leur conscience, éprouvent un immense besoin de respecter la conscience d'autrui ; ils ne la feront violenter par qui que ce soit, fût-ce pour lui imposer l'Evangile ; car ce serait renier l'Evangile, ce serait renier la conscience, ce serait renier tout...

« La liberté religieuse, en un mot, n'a paru sur terre qu'avec l'Evangile ; et c'est quand l'Evangile, tiré au grand jour par la Réforme, s'est mis à rayonner, que la liberté religieuse a pénétré dans nos moeurs, qu'elle a transformé nos lois.

« Pour cette liberté-là comme pour toutes, les beaux esprits n'ont fait que recueillir ce que les grands coeurs avaient semé.

« Sans les puritains et les huguenots, sans les persécutés et les vaincus, nous en serions encore aux religions nationales et au principe païen. » (La Conscience, p. 234-236).

« Disons-le hautement : les consciences ont été froissées à l'endroit de la religion.

« Un puissant effort de sincérité, une énergique réaction de conscience dans les questions de foi, il nous faut tout cela.

« Il faut que l'on sente que nous sommes des hommes de vérité, servant le Dieu de vérité. Vrais vis-à-vis de nous-mêmes, vrais vis-à-vis des autres, ne fardant rien de ce qui est flétri, n'embellissant rien de ce qui est laid, avouant nos erreurs quand elles existent, n'employant aucun sophisme pour justifier ce qui n'est pas justifiable, conservant dans toute sa dignité cette grande et sainte conviction de l'Evangile qui est notre paix - que nous n'avons jamais eu tant de motifs de serrer sur notre coeur, heureux que nous sommes de posséder sa splendeur dans un temps où les ténèbres se font - nous glorifierons notre profession chrétienne aux yeux du monde entier...

« Rétablissons dans sa magnifique intégrité le véritable Evangile qui n'est pas, lui, en conflit avec la conscience. Nous n'avons point à l'arranger, mais à le présenter tel qu'il est ; revenant à sa pureté, simplement, hautement, par delà les interprètes, par delà les théologies, par delà les réformateurs.

« L'Evangile, religion de vérité, révélation du Dieu de vérité, l'Evangile qui accomplit notre sanctification par la vérité l'Evangile qui opère notre affranchissement par la vérité l'Evangile nous place à l'austère école du vrai. Il ne nous enseigne ni les beaux mensonges, ni les erreurs nécessaires, ni les salutaires illusions il nous transporte dans une région où la vérité rayonne la vérité qui est le moyen, la vérité qui est le but. (La Conscience, p. 77 et 79).


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