Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

La théologie de Taizé

Il est possible que nombre de protestants ignorent la théologie qui se façonne à Taizé et que l'on essaiera d'introduire dans les églises, à la faveur de l'oecuménisme et de la hantise de l'unité. Les frères de Taizé cherchent à tout prix à mettre d'accord l'Evangile et la tradition, la Bible et sa négation. C'est pourquoi, si les protestants acceptent cette théologie ils tomberont dans les mêmes ritualismes que leurs frères romains : ils auront des pasteurs-prêtres, iront se confesser pour obtenir leur absolution et se serviront du même langage de sacristie qu'à Taizé, où tout se catholicise rapidement. La preuve, ces quelques extraits de l'ouvrage « Amour et vérité se rencontrent », par Max Thurian, frère de Taizé :

La Vierge Marie. Dieu a comblé Marie de grâce afin de la préparer à devenir sa sainte Mère...

Marie est appelée « mère de Dieu » par toute la tradition, Le Concile d'Ephèse (en 431) qui a défini ce titre a voulu par là affirmer à la fois la totale divinité du Christ et sa totale humanité...

Marie est figure de l'Eglise. Dans sa maternité unique du Fils de Dieu, elle montre à l'Eglise sa vocation de mère des fidèles : l'Eglise enfante les fils de Dieu le Père, frères de Jésus, par la Parole et le baptême ; elle les nourrit par cette même Parole et l'eucharistie ; elle les console par l'absolution ; elle les conduit par le magistère de ses pasteurs...

Dans sa vision de l'Apocalypse, saint Jean a vu l'Eglise glorieuse sous les traits d'une femme dans le ciel, et celte femme a pris le visage de Marie. Regarder à Marie, c'est regarder à l'Eglise...

Les sacrements. Alors que la Parole de Dieu s'adresse à une intelligence et à un coeur qui doivent être instruits pour la comprendre, afin qu'elle devienne vraiment Parole de Dieu pour celui qui l'entend, le sacrement atteint l'être immédiatement, accomplit objectivement ce qu'il signifie, sans la médiation de l'intelligence et du coeur, quand bien même il exige l'oeuvre de l'Esprit Saint agissant sur la foi pour porter les fruits de l'acte qu'il signifie et accomplit. Celui qui est baptisé est totalement mis au bénéfice de la rédemption accomplie par le Christ, même s'il ne comprend pas ce qui se passe pour lui...

Le sacrement est un signe concret ou matériel, institué par le Christ et pratiqué par les apôtres et l'Eglise après eux, qui engage la présence et l'action de Dieu. Dieu, présent dans l'acte sacramentel, accomplit l'action spirituelle signifiée matériellement par le sacrement.

Le baptême. Le baptême est le signe visible et le sacrement efficace de la rémission totale du péché. L'homme naît dans l'état du péché originel qui le sépare de Dieu. Mais le Christ a vécu, est mort et ressuscité, pour réconcilier l'homme avec Dieu. Par le baptême, Dieu applique à chacun le pardon total que le Christ nous a acquis dans sa mort rédemptrice. Par le baptême d'eau, l'homme, séparé de Dieu par le péché originel, est rétabli dans une communion parfaite avec lui. Le baptême est une plongée dans la communion du Christ qui purifie de tout péché.

L'eucharistie est le signe visible et le sacrement efficace de la présence réelle et de l'oeuvre sanctificatrice du Christ dans son Eglise : il nourrit les membres de son Corps ecclésial par son Corps et son Sang eucharistiques, par sa personne Même, réellement présente.

La raison profonde de notre foi en la présence réelle et vivante de Jésus-Christ dans l'eucharistie, c'est que lui-même, au soir du jeudi-saint, nous a laissé ce sacrement de sa présence en disant : « Ceci est mon corps... ceci est mon sang. »

Aujourd'hui, dans une même volonté de fidélité et dans une perspective oecuménique, nous pouvons résumer ainsi notre foi en la présence réelle du Christ dans l'eucharistie :

a) Le corps et le sang du Christ, toute son humanité et sa divinité, sont réellement présents dans l'eucharistie...

b) Le Christ s'empare souverainement, par le Saint-Esprit et par sa Parole, des éléments du pain et du vin, il les attire à lui et les assume dans la plénitude de son humanité et de sa divinité, en sorte qu'ils deviennent réellement son corps et son sang, selon l'Evangile.La confession. Le ministère de l'absolution fait partie de la mission des apôtres et de l'Eglise... Le Christ ne dit pas que les péchés seront remis à ceux qui, par la foi, s'approprieront la promesse de pardon, annoncée dans la prédication. Il dit : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. » Nous avons là un exemple d'acte sacramentel..L'ordination. Sans l' ordination, l'Eglise ne pourrait pas être assurée que les ministres qu'elle institue dans leur charge ... sont vraiment revêtus de la puissance de l'Esprit Saint pour leur ministère, sont vraiment aptes à transmettre la Parole de Dieu, à célébrer les sacrements du Christ... Le Christ n'est pas lié par la seule ordination des ministres. Mais celle-ci est indispensable pour transmettre le Saint-Esprit qui unit les apôtres à leurs successeurs et leurs collaborateurs dans la garde fidèle du bon dépôt... L'Esprit est donné par l'imposition des mains des apôtres (Actes 8 : 18). Ils sont toujours présents à l'Eglise et ce sont toujours eux qui continuent à assurer la succession ininterrompue par la garde du bon dépôt, pour la tradition authentique de l'Evangile.

Le pasteur est le ministre du Christ-Prêtre : il célèbre l'eucharistie... Le pasteur est le ministre du Christ-Roi: il incorpore de nouveaux fidèles au Corps du Christ par le baptême, les associant au sacerdoce royal et prophétique; il consacre des serviteurs de l'Eglise par la confirmation ; il combat contre le péché et contre le mal par l'absolution et l'imposition des mains aux malades ; il bénit le mariage et toute situation humaine en vue de la sanctification ; il partage les dons de l'Esprit qu'il a reçus, en imposant les mains aux nouveaux pasteurs, avec ses collègues, sous la conduite de l'évêque représentant l'unité de l'Eglise...

Ainsi soit-il, dira le pape, car nous sommes ici en plein catholicisme romain. Mais il est trop tard, hélas, pour les Eglises de la Réforme, pour désavouer la théologie et les activités de Taizé. Aujourd'hui, si le protestantisme blâmait les moines de Taizé, l'ensemble des hiérarchies catholique et orthodoxes blâmeraient les protestants ! Ce qu'on veut éviter à tout prix. Taizé entraînera donc le protestantisme vers Rome à une vitesse accélérée.

Rappelons en conclusion de ce chapitre que la communauté a fêté en 1965 ses vingt-cinq ans et qu'elle vient d'inaugurer une chapelle orthodoxe, en présence du cardinal Martin et autres prélats, archimandrites et recteurs... La chapelle sera donc ouverte aux offices de toutes les béatitudes, de tous les métropolites, patriarches oecuméniques et exarques du monde entier qui viendront y vénérer les « saintes icônes » !

Un journal de Genève a décrit la Journée-anniversaire en termes que l'on eût cherché en vain, autrefois, sous la plume d'un authentique protestant, en parlant des dignitaires ecclésiastiques, de la vie monastique au sein de l'Eglise protestante, du Saint-Sacrifice, des splendides reproductions d'icônes très anciennes, des complies des moines de Taizé du grand office eucharistique réformé et des vêpres...

Et puis ce fut la lecture des télégrammes de voeux du pape Paul VI, des cardinaux Ottaviani et Bea, d'Athénagoras et autres saints personnages... Il est facile de comprendre que la communauté de Taizé, ainsi choyée et adulée, flattée et louée, n'accorde pas la moindre attention aux protestations de modestes chrétiens évangéliques ni à la réprobation des protestants qui crient leur indignation devant les reniements de la foi des réformateurs et des résistantes de la Tour de Constance.

Assurément, tous les chrétiens évangéliques seraient ravis si Taizé était devenu le centre biblique d'évangélisation de la France, autrefois « fille aînée de l'Eglise » et aujourd'hui fille aînée de l'incrédulité ! Mais pour être un centre de catholicisation du protestantisme, il n'y a vraiment pas lieu de chanter le Gloria...


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