Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

La mariolâtrie romaine

Avec nombre d'autres croyants nous nous demandions comment allait évoluer le culte de la Vierge catholique (qui n'a rien à voir avec l'humble Marie de Nazareth, étrangère à l'exaltation de la « Reine du Ciel »). Dans ce dessein nous avons consulté une série de revues mariales, dont surtout « Le Règne de Jésus par Marie ». A moins d'être aveugle ou de mauvaise foi, il saute aux yeux que le culte de la Vierge que l'Eglise appelle « Mère du Créateur », « Maison d'or », « Porte du Ciel », « Refuge des pécheurs », etc., etc. est en plein développement et que l'unité même des Eglises est attendue de Notre-Dame de Massabielle et de Fatima

A lire ces journaux, publiés en pleine période conciliaire et d'oecuménisme, on pourrait croire que c'est Marie qui nous a fait don de Jésus et non pas Dieu, et que c'est à elle que nous devons notre salut et non pas au Dieu des Saintes Ecritures. Aussi la Revue en question mériterait-elle plutôt le titre « Le Règne de Marie à la place de Jésus ». Car l'ensemble des textes n'est qu'une glorification sans retenue des lieux de pèlerinage consacrés à l'Immaculée Conception, avec le culte du rosaire le plus fanatique qui se puisse concevoir. Car, chose étrange, la Vierge catholique aime par dessus tout le rosaire (composé de quinze dizaines d'ave, précédées chacune d'un pater). Elle en a explicitement demandé la récitation lors de toutes ses apparitions ici-bas ! ! Non seulement ce détail suffirait pour faire tomber l'édifice marial, mais on ose demander aux catholiques de « prier » de cette manière-là pour le retour des « frères séparés » au bercail romain !

A lire ces publications, un lecteur non prévenu n'hésiterait pas à déclarer qu'une religion qui pratique un tel culte est sans doute soumise à une Déesse qui trône dans le ciel, entourée de tous les anges de l'univers (elle est aussi la « Reine des anges ») et à qui le Père, le Fils et le Saint-Esprit rendent de perpétuels hommages... Mais on appelle cela le plus authentique christianisme apostolique ! Et la plupart des protestants se taisent, pour l'amour de l'unité, devant ces outrages à la Bible à laquelle les fils de la Réforme doivent leur existence. Il n'y a qu'à ouvrir les publications mariales pour être renseigné, surtout les revues publiées sous l'autorité spirituelle de « saint Louis-Marie de Montfort » :

« Nous avons trois degrés à monter pour aller à Dieu : le premier qui est le plus proche de nous et le plus conforme à notre capacité, est Marie. Le second est Jésus-Christ; et le troisième est Dieu le Père. »

Pour revenir au dialogue Bea-Boegner, de Genève, il faut citer ici la phrase du pasteur Boegner en conclusion des prétentions cardinalices :

« Lorsque nous avons entendu votre exposé, nous avons eu l'impression que vous avez la conviction profonde et nous la respectons, que l'Eglise romaine a atteint déjà une plénitude à laquelle nous n'avons pas encore pu accéder, nous frères séparés d'elle. »

Ces mots « et nous la respectons » sont incompréhensibles quand on connaît les présomptions insensées du sacré-collège et la fausseté de la doctrine de Rome. Il aurait fallu ouvrir les yeux au cardinal Bea, à ce moment-là et lui rappeler qu'un grand nombre de catholiques s'adressent à une divinité étrangère à la Bible. Mais voici la réponse, ô combien apaisante et arrangeante, du représentant du protestantisme :

« Puis-je peut-être avancer cette conviction, qu'aucune Eglise, quelle qu'elle soit, n'a atteint la plénitude à laquelle elle est appelée par son Seigneur ? »

En attendant, l'enseignement pontifical encourage et exhorte les fidèles à recourir aux « vaines redites » formellement rejetées par Jésus dans ses paroles sur la prière (Matthieu 6 : 7). Mais il paraît que l'Eglise évolue et se spiritualise... C'est donc elle seule qui interprète correctement les paroles de l'Evangile. Ecoutons les « saints-pères » :

« De toutes les prières, le rosaire est la plus belle et la plus riche en grâces, celle qui plaît le plus à la Très Sainte Vierge Marie. Aimez donc le rosaire et récitez-le avec piété tous les jours : c'est le testament que je vous laisse. » (Saint Pie X).

« Dites à vos prêtres qu'ils prient beaucoup ; dites-leur que le Pape récite son rosaire tous les jours. Tant que le Pape n'a pas récité son rosaire, sa journée n'est pas finie. » (Pie XI).

« Ce n'est pas par la force, ni par les armes, ni par la puissance humaine, mais par le secours divin obtenu grâce à celte prière du rosaire que l'Eglise, forte comme David avec sa fronde, pourra affronter sans trembler l'ennemi infernal. (Pie XII).

« Parmi les différentes formes de dévotion individuelle brille le Saint Rosaire, cette prière splendide, cet exercice incomparable de dévotion avec l'aide de la fulgurante lumière des 15 mystères... » (Jean XXIII).

« Votre Rosaire vous enseigne la piété religieuse, la plus simple et populaire et en même temps la plus sérieuse et la plus authentique (!), elle vous apprend à unir l'oraison aux actes communs de la journée, sanctifie vos amitiés et vos occupations... Votre Rosaire est une échelle que vous montez ensemble tout doucement, à la rencontre de la Madone, c'est-à-dire de Jésus... On parle à Marie pour arriver à Jésus. Elle l'a apporté au monde, elle est la Mère de Jésus, elle nous présente à lui si nous lui sommes dévoués... » (Aux enfants du Rosaire, 10-5-1964, par Paul VI).

Il faudrait citer les faussetés effarantes et les naïvetés mises au compte (le Joseph, l'humble époux de Marie ! On n'en finirait pas. Voici une des citations attribuées à Joseph :

« Dieu m'a établi père du roi et seigneur de toute sa maison ; il m'a élevé pour que je sauve beaucoup de peuples. Venez à moi et je vous donnerai tous les biens. » (2e réponse des Matines de la solennité de saint Joseph).

Ecoutons à présent le cardinal Bea, grand spécialiste des questions de l'unité des chrétiens, qui est tout autant à l'aise dans la salle de la Réformation à Genève que parmi les foules superstitieuses de Fatima. Ce n'est pas pour rien qu'il est président du Secrétariat pour l'Unité, donc qu'il travaille de toutes ses forces pour l'Eglise catholique et romaine. A Munich, lors du Congrès Eucharistique, il a dit:

« Bien expliquer la place de Marie, amener nos frères séparés à l'étude de Marie, c'est les ramener à l'Unité de l'Eglise, à l'Eglise elle-même. »

Mais il y a mieux. Voici quelques extraits de son discours de Fatima, du 13-5-1964. N'oublions pas que cet homme était pendant dix-neuf ans, à Rome le directeur de l'Institut Biblique, donc il connaît très bien les Saintes Ecritures. Mais il était aussi, et c'est très différent, le confesseur et le conseiller intime de Pie XII :

« Comment se présente aujourd'hui, aux yeux de la Vierge très sainte, la famille humaine ? Hélas ! Déplorablement divisée. Il y a approximativement 900 millions de chrétiens répandus sur toute la terre - près d'un tiers de la famille humaine. Mais combien, malheureusement, divisés ! Un peu plus de 50 % sont des catholiques romains, tous les autres forment des groupes divers, considérables en nombre, tant en Orient, surtout avec les orthodoxes, qu'en Occident, avec les luthériens, les réformés, les baptistes, les méthodistes.

« Tous ces chrétiens ont reçu le baptême par lequel ils sont organiquement unis au Christ et à son Corps Mystique. Par la grâce, ils sont fils adoptifs de Dieu et donc entre eux réellement frères. Ils aiment le Christ et possèdent son Esprit mais, séparés de l'organisme visible de la seule vraie Eglise fondée par le Christ, ils se voient privés de beaucoup de secours et de grâces que le Seigneur a confiés à son Eglise. Ils n'ont pas de guide dans les questions de foi et de doctrine. Ils n'ont pas d'autorité suprême qui veille sur leur vie morale et sociale. »

Nous ignorons si quelque « frère séparé » a répondu au cardinal Bea comme il l'aurait mérité. En tout cas les protestants savent à présent de quels trésors ils sont privés, même s'ils sont fidèles à la Bible. Quant à « la vie morale et sociale » des pays catholiques, on aimerait demander au cardinal de quel droit il déforme ainsi la vérité. Mais l'Histoire est meilleur juge que lui, puisqu'elle nous apprend que ce sont les pays restés sous le joug de Rome qui sont à tous égards en retard sur les autres. Sans doute que les Portugais qui ont entendu ce discours, obnubilés par les fastes des cérémonies mariales, y croient de toute leur ignorance. Cependant, lorsqu'on pense à ces foules immenses qui suivent dévotement la Madone en plâtre de Fatima et à qui on offre pour toute consolation la récitation du rosaire, une véritable affliction remplit le coeur des croyants bibliques. Quelles tromperies sont officiellement répandues pour conserver les foules soumises à « la seule vraie Eglise de Jésus-Christ », celle des « vaines redites » !

Venons-en à la conclusion de ce discours plein de sophismes :

« Mais, interrogeons-nous, comment la Vierge collabore-t-elle avec le Christ en vue de l'Unité des chrétiens ?... Pour y collaborer, Marie avait été préparée par ses dons de grâce unique à commencer par son Immaculée Conception, dons qui permirent à l'Ange de la saluer comme « pleine de grâce »... Ses soins les plus tendres et les plus empressés de Mère ne vont-ils pas à ses fils (séparés !) qui ne jouissent pas de la plénitude de l'influx du Christ ? N'ont-ils pas le plus besoin de son aide ?

« Nous devons montrer amour, respect, considération à nos frères, malheureusement séparés de nous. Et c'est de notre amour que naîtra l'engagement sacré à faire tout notre possible pour qu'ils en arrivent à jouir de la plénitude de la grâce confiée par le Christ à son Eglise. Cela se fera lorsqu'ils seront parfaitement unis dans la foi et dans l'usage des mêmes sacrements, et dans la soumission aux mêmes Pasteurs, unis non seulement entre eux mais avec le Souverain Pontife. »

Une seule conclusion s'impose : Les protestants se font des illusions sur les intentions romaines, au lieu d'aller annoncer à toute créature le glorieux Evangile libérateur des âmes et des consciences, le seul remède aux détresses de la terre et le seul qui ne trompe pas.

Nous laisserons le dernier mot à Alexandre Vinet

« Dans un christianisme déjà débilité, le culte de la Vierge a débilité ce qui restait de christianisme. » (Semeur, tome X, p. 16).

« Un Evangile qui adore la Vierge, qui la fait entrer en part de la puissance médiatrice et de la divinité du Messie, est un autre Evangile que celui de Jésus-Christ. » (Tome XII, p. 174).

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Puisqu'il a été question de la prière, rappelons que catholiques et protestants ont célébré ensemble une grande victoire : la publication d'un texte commun du « Notre Père ».

On dirait que les chrétiens ne savent plus prier en dehors du Pater ! Est-ce donc une prière magique ? On pourrait le croire. Car tandis que Jésus nous a donné un simple modèle de prière, on en a fait dans certains milieux une formule incantatoire, et un culte sans le « Notre Père » n'est pas, pour beaucoup de protestants, un culte complet. Mais où donc est l'élan du coeur vers le Père céleste, de la part de ses rachetés, quand il est écrit que « c'est de l'abondance du coeur que la bouche parle » !

Des pasteurs ont écrit que des paroles identiques récitées lors des rencontres oecuméniques pouvaient rapprocher les « baptisés ». Ceux-ci ont à présent en commun l'aspersion des innocents et le Pater : le monde verra bientôt que tout ira beaucoup mieux pour notre chrétienté... Hélas ! Tous les sacrements et tous les Pater récités ensemble ne suffiront pas à faire des nations dites chrétiennes le « peuple de Dieu » de la nouvelle alliance. Pour cela il faut toute la vérité, la puissance du Saint-Esprit et des coeurs bien disposés.


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