Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Rencontre Oecuménique à Genève

C'est le titre d'un ouvrage que beaucoup connaissent sans doute, qui donne le compte rendu d'un dialogue public entre le cardinal Bea et le pasteur Marc Boegner, au mois de février 196.3, à Genève.

Il faudrait citer des pages entières pour montrer dans quels faux espoirs vivent beaucoup de protestants qui s'imaginent que la Rome conciliaire va bientôt devenir évangélique. Le prélat a très clairement rappelé aux nombreux disciples de Calvin présents dans la salle de la Réformation, qu'il ne sera, sous aucun prétexte et d'aucune manière, touché à quelque doctrine catholique que ce soit ! On se demande donc pourquoi les protestants se complaisent dans les rêveries, au lieu de reprendre courageusement le chemin de la foi biblique, en suivant l'exemple des vaillants héros d'autrefois qui savaient pourquoi ils étaient des croyants évangéliques.

Cependant, il est possible que les concessions les plus importantes soient faites un Jour, non par Rome mais par les Eglises de la Réforme, et que le rapprochement entre confessions se fasse par le biais de la tradition. Ainsi, le pasteur Marc Boegner a déclaré, s'adressant au cardinal Bea :

« ... il y a incontestablement, dans les Eglises issues de la Réforme, et dans toutes les Eglises membres du Conseil oecuménique, une compréhension croissante de la valeur de la TRADITION. A Montréal en particulier, je sais que la préoccupation de la valeur et de la signification de la tradition a été mise en lumière et je suis bien convaincu que nos frères orthodoxes, avec leur sens profond de la tradition, ont beaucoup aidé les protestants à en découvrir, peut-être d'une manière plus complète qu'auparavant, la valeur à laquelle vous vous référiez vous-même tout à l'heure, Eminence, en rappelant des paroles que nous avait adressées l'archevêque de Cantorbéry... » (p. 75).

Ces quelques phrases risquent de devenir une catastrophe pour la foi des protestants, car le jour où ils croiront aux fantaisies de la tradition, trahison catholique et orthodoxe, la porte sera ouverte à tous les compromis. D'autre part, il est navrant que les églises réformées aient besoin de recevoir des leçons de catéchisme des orthodoxes, si proches de Rome par leurs dogmes et si éloignés du culte « en esprit et en vérité ». Il est facile en revanche de comprendre la joie du représentant du pape à l'ouïe de la bonne nouvelle, puisqu'il a dit au pasteur Boegner, en reprenant ses propres termes :

« Je me réjouis beaucoup de vous entendre constater qu'il y a incontestablement, dans les Eglises de la Réforme et dans les Eglises-membres du Conseil oecuménique, une compréhension croissante de la valeur de la tradition, et que ce furent surtout les frères orthodoxes, qui ont un sens si profond de la tradition, qui ont beaucoup aidé leurs collègues protestants à en découvrir la valeur... » (p. 77).

Par ailleurs, au sein d'une atmosphère euphorique les deux conférenciers ont célébré les vertus bénéfiques du baptême des inconscients et le lien fraternel indestructible et profondément émouvant né de l'aspersion des nouveau-nés ! Ils ont constaté tous deux que le simple geste et les quelques paroles du prêtre ou du pasteur suffisaient pour faire de peuples entiers des membres de l'Eglise de Jésus-Christ. Nous l'avons dit déjà, aucun thaumaturge d'aucune époque n'a réussi un tel prodige : agir sur le fin fond de la personne humaine (si difficile à atteindre dans ce domaine) sans que celle-ci ne s'en aperçoive ! Voici tout d'abord les paroles du cardinal Bea :

« Le nom de « Frères dans le Christ » résume en effet tout ce que, en vertu du baptême, nous avons en commun de plus profond, ce par quoi nous sommes enracinés et fondés dans l'amour et ainsi dans le Christ. » (Cf. Eph. 3 : 17). Mais le saint homme n'a pas cité ce verset, qui déclare : « ... en sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi... ». Ce n'est pas la même chose : PAR LA FOI ou par le sacrement du baptême ! Il y a donc un manque flagrant d'honnêteté envers les textes bibliques au sein de notre monde religieux.

Autres citations du cardinal

« Le Décret conciliaire sur l'oecuménisme reconnaît pleinement les effets profonds du baptême, c'est-à-dire que tout baptême valide unit organiquement le baptisé au Christ, le rend fils adoptif de Dieu et fait que tous les baptisés sont vraiment frères dans le Christ. » (p. 48).

« Finalement il reconnaît (le Décret) que l'Esprit Saint ne dédaigne pas (!) de se servir des Eglises ou des Communautés ecclésiales non-catholiques comme des moyens de salut, et ainsi les gestes sacrés de la religion chrétienne qu'elles accomplissent, comme leurs fonctions liturgiques, peuvent sans doute, réellement engendrer, respectivement augmenter, la vie de la grâce... Le Décret considère ces Communautés comme nées de l'acte divin du baptême... » (p. 49).

A ces paroles de magisme religieux, le pasteur Boegner a répondu :

« En tout cas, Eminence, ce que vous avez dit, à la fin de votre exposé, et en conclusion de tout votre propos, n'a pas pu ne pas émouvoir tous ceux qui vous ont entendu. Vous avez fait allusion à la plénitude de vie à laquelle tous les baptisés sont appelés, et il est bien certain, entre autres, que le Concile a contribué à faire du sacrement du baptême, oserai-je dire, le sacrement oecuménique par excellence. » (P. 89).

Il faut le dire nettement : l'oecuménisme navigue en pleine confusion. Catholiques et protestants s'accordent, Bible en mains, à faire d'un sacrement purement catholique-romain la base de l'unité chrétienne ! Car ce sacrement est la propriété absolue de l'Eglise romaine. Si après tout cela il reste des protestants qui s'étonnent que le Saint-Esprit ne s'intéresse pas à l'unité qui se prépare, c'est à se demander avec quels verres déformants ils lisent leur Nouveau Testament.

Parmi les réactions heureuses au sein du . il faut signaler la formation, à Paris, d'une « Equipe de membres Réformés de l'alliance évangélique », qui déclare dans son texte constitutif :

« Nous entendons redoubler de vigilance et de prières pour que nos Eglises ne s'engagent pas dans des voies contraires à la vocation d'Eglises du Christ et de la Réforme. Nous voulons être plus attentifs que jamais aux exhortations de II Timothée 4 : 1-5.

« Nous désirons aussi nous appliquer avec plus d'ardeur à l'étude de la Bible et à la recherche d'une vraie piété, en vue de l'évangélisation. Nous espérons qu'un élan nouveau et un rayonnement beaucoup plus grand seront donnés au témoignage évangélique dans notre pays. Pour cela, nous nous appuierons uniquement sur la Parole de Dieu et l'action du Saint-Esprit (I Cor. 2 : 4-5). Nous prêcherons la Croix, la repentance, la conversion et une vie régénérée entièrement consacrée en Jésus-Christ... » (Extrait).

Souhaitons que le pasteur Gonin (3, rue Henri-Protat, à Creil, Oise) puisse amener beaucoup de protestants à souscrire à la belle Confession de foi de « l'Equipe », dont voici le Point 4 :

« L'obligation faite à chacun de s'approprier personnellement le salut par la foi (Héb. 4 : 2) ; par suite, l'impérative nécessité de la repentance, de la conversion et de la nouvelle naissance à la base de toute vie chrétienne authentique. » (Jean 3 : 5-6).

Pour le moment le vent oecuménique est favorable à Rome. Et Genève comme Taizé peuvent se vanter de jouir de la faveur du pape et des cardinaux, de plusieurs académiciens et professeurs de facultés. Mais tant que la VERITE ne sera pas du côté de ces éminentissimes personnages, aucun d'eux ne saurait intimider le plus modeste croyant biblique dont la foi est fondée sur le ROC :

« Ne vous laissez pas faire la loi par la multitude : Dieu est plus grand que la multitude. Ne vous dites pas : Je suis un grain de sable ; comment résisterais-je à cette tempête de l'opinion qui soulève et tourmente dans l'air cette poussière dont je fais partie ? Imperceptible grain de sable, vous pèserez comme un rocher, c'est-à-dire de tout le poids de la VERITE, sur ce terrain qu'emporte l'ouragan. » (A. Vinet).


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