Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les frères de Taizé

Leur catholicisme
Les activités de Taizé


Leur catholicisme

Chacun connaît ces « frères » protestants tourmentés par la nostalgie du sacerdoce romain, que leurs lointains ancêtres ont sans doute eu tort de quitter au moment de la Réforme! Aux trois-quarts catholiques, leur « prieur» a voisiné, à l'ouverture du concile, avec « le très saint père » dans toute sa gloire pontificale.

Le Pasteur Schutz a livré lui-même ses impressions au journaliste catholique Jean Toulat :

« Tous les malins, en arrivant à Saint-Pierre, je vais m'agenouiller avec de nombreux évêques dans une chapelle latérale où nous disons au Seigneur notre inquiétude et où nous retrouvons la paix du Christ... A Taizé je suis dans une sérénité totale, persuadé que le concile est une grâce de Dieu exceptionnelle. Dieu, dans sa miséricorde, nous sort de notre sombre histoire de quatre siècles d'opposition, de contre-Réforme et d'anti-catholicisme... Nous sommes en contact avec une multitude d'évêques, nous en invitons chaque jour à notre table, midi et soir... Ces agapes fraternelles préfigurent le repas eucharistique que nous prendrons ensemble, où la présence réelle du Christ, source et accomplissement de l'unité, deviendra réalité commune. Le seul dialogue a ses limitations. L'amitié spirituelle elle-même n'est qu'un moyen d'approche. Communier ensemble au Corps du Christ, c'est tout...

«Jean XXIII était pour nous un père, tout simplement. Il savait nos difficultés. Il nous a manifesté un amour étonnant. Nous étions en communion si profonde que, lorsque J'ai appris sa mort, le soir du 3 juin, en me rendant aux complies, j'ai voulu faire mémoire de lui devant mes frères et la foule présente à Taizé... »

(«La Paix », 12-11-1964).

Voilà donc une confession qui en dit long ! Que penseront les vrais protestants de cette « sombre histoire de quatre siècles d'opposition » ? 11 est évident que si l'on avait fidèlement prêché, dans tous les temples, l'Evangile de Jésus-Christ au cours des siècles passés, certainement qu'ils n'auraient pas été « sombres » mais « lumineux » pour le monde entier. Car il est écrit que « la Parole de Dieu est vivante et efficace », et que « l'Evangile est la puissance de Dieu pour le salut de tout croyant ». Quant au « repas eucharistique » avec la « présence réelle », c'est le plus pur catholicisme. On se demande simplement comment le « prieur » a pu quitter Rome sans déchirement !

Au reste, à beaucoup d'égards la théologie de Taizé est entièrement copiée sur Rome. Dans leurs différents ouvrages les « frères » en donnent la preuve. Ils sont donc plus catholiques qu'évangéliques, puisqu'ils croient à l'efficace des sacrements pour devenir chrétien, à la présence réelle du Christ dans « l'eucharistie », à la nécessité de se confesser à un homme pour obtenir « l'absolution », à l'intercession de la Vierge Marie, qu'ils citent aussi dans leurs prières, etc., sans oublier les nombreux emprunts de termes catholiques pour parler de leurs « offices » religieux. Est-ce aux « frères » que pensait le pape Paul VI lorsqu'il a fait cette prière à la Vierge, devant les « pères conciliaires » :

« 0 Marie, nous Vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d'autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd'hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste. » (Documentation Catholique, 3-11-63, cité par R. Pache dans le «Chrétien Evangélique»).

Bien sûr, nul ne doute du zèle, ni de l'humilité, ni des qualités morales des hommes de Taizé. Mais lorsqu'ils déclarent que l'unité facilitera le retour à la foi de notre monde « déchristianisé » (qui, en vérité, n'a jamais été réellement chrétien), nous disons que c'est une vue de l'esprit sans rapport avec la réalité. Car ce n'est pas la diversité des Eglises qui est responsable de l'incrédulité et de l'indifférence croissantes de notre génération, mais l'absence de foi, de convictions et d'une vie chrétienne authentique chez les foules « baptisées » par pure superstition. Et lorsque Taizé proclame que rien n'est plus urgent que l'unité, les croyants évangéliques répondent que c'est le retour à la fidélité biblique qui sauvera la foi et rien d'autre. C'est là une question de vie ou de mort pour ce qu'on définit par le terme très vague et diversement interprété de « religion ». Et la pire des confusions de l'histoire serait une « unité » sans un retour à la source de l'Evangile, sans la régénération par la Parole de vérité et par l'Esprit de Dieu, au lieu de la routine sacramentelle.

Taizé sera bientôt, comme Ars, un lieu de pèlerinage, pour les oecuménistes impatients d'abjurer ce qui leur reste de foi biblique. Déjà les moines protestants ont édifié à Taizé « l'église de la Réconciliation ». A l'origine et dans la pensée de ses auteurs il s'agissait de la réconciliation franco-allemande, et puis ils en ont fait un centre de propagande pour l'unité avec « la sainte Eglise, en dehors de laquelle il n'y a pas de salut... » Ainsi, au sous-sol les prêtres célèbrent leur messe en toute quiétude, quand les frères du rez-de-chaussée, en bons voisins, ne leur prêtent leur concours par surcroît. Beau progrès dans l'évangélisation de notre monde paganisé ! Il faut ajouter que Paul VI a remis personnellement au « prieur » un calice pour les prêtres qui célèbrent la messe dans la crypte de cette église.


Les activités de Taizé

Le but des « frères », dit-on, serait d'abord l'unité et puis tout de suite après l'évangélisation en collaboration avec le clergé romain. Nous ne savons pas quel sens les « frères » de Taizé donnent au terme « évangéliser ». Pour les chrétiens bibliques, c'est amener des pécheurs repentants à la connaissance de Jésus-Christ. qu'ils recevront comme Sauveur et Maître, et Lui-même en fera de « nouvelles créatures ». Il s'agit là des catholiques, précisément, qui ignorent tout du salut par grâce au moyen de la foi ; mais aussi des protestants qui n'ont pas fait l'expérience de foi personnelle avec leur Sauveur, et puis des foules qui vivent dans l'indifférence. Or, pour Rome, accepter sa dogmatique suffit pour être chrétien, la magie des sacrements fera le reste. Réciter le credo catholique suffit, sans même que soit mentionnée la « nouvelle naissance » selon l'Evangile (Jean 3). Autant dire que nous entrons là dans le monde de la rêverie pieuse.

Ensuite, on feint d'oublier que l'indifférence croissante et l'aversion pour les choses religieuses, en France et ailleurs, sont dans une large mesure l'aboutissement fatal et irréparable des abus, scandales et fautes graves de l'Eglise de Rome. C'est elle qui a détruit le sentiment de piété, autrefois partout présent au fond des coeurs, en blessant de mille manières les consciences ; c'est elle qui a revêtu la foi chrétienne de ce dérisoire accoutrement de superstitions et de légendes qui rebutent tant de catholiques clairvoyants. Et c'est vers ce « Siège apostolique » que nombre de protestants tournent leurs regards nostalgiques.

Il arrive aussi que l'on entende parler de « pasteurs » qui, dans l'euphorie de la collaboration avec les collègues romains, renvoient au curé les catholiques qui veulent se rapprocher de la foi biblique. Rien n'est plus déshonorant ni plus indigne d'un homme qui se veut serviteur de Jésus-Christ. Et nous ne pouvons accepter que les méthodes de Taizé soient citées en exemple par les prêtres, comme cela nous est arrivé récemment, quand l'un d'eux nous a parlé élogieusement du « prieur » qui renvoie à leur église les catholiques qui viennent le consulter. Or, l'Eglise romaine préfère que ses « fidèles » restent dans 1'ignorance, plutôt que de les savoir convertis à Christ selon la foi évangélique.

Ainsi, sous prétexte qu'il faut être tolérant, bienveillant et charitable (sur le nouveau modèle oecuménique) on ne craint pas de sacrifier tout ce qui fait la grandeur unique et la beauté sublime de la foi évangélique: la régénération par le Saint-Esprit et par la Parole de Dieu (1 Pierre 1 : 23), et puis le culte « en esprit et en vérité » offert à Dieu par ceux qui sont « affranchis par la vérité » (Jean 8 : 32) et « consacrés » au service de Jésus-Christ (Eph. 2 : 19-22).

Sans doute faut-il être tolérant, bienveillant et charitable jusqu'au sacrifice. Tous les chrétiens le savent très bien, depuis leur première rencontre avec l'Evangile. Toutefois, cet amour indispensable nous le devons à notre prochain seulement, et non pas aux idées fausses et aux fausses doctrines. Jésus nous en a lui-même donné l'exemple, en parlant avec une extrême douceur aux âmes « chargées et fatiguées », cependant qu'il s'indignait saintement des abus religieux et des formes hypocrites des vaines traditions. Nous avons dans l'Evangile des appels de pure miséricorde divine, adressés aux pécheurs repentants et aux brebis égarées du droit chemin. Mais nous y trouvons aussi des reproches tels que les chefs du peuple n'en avaient jamais entendus. Notre devoir consiste donc à publier la vérité et à aider notre prochain à trouver le chemin du salut offert aux hommes en Jésus-Christ. C'est là la vocation suprême des croyants.

Une précision s'impose ici. Il faut bien spécifier que les chrétiens évangéliques ne sont ni fanatiques ni sectaires. Au contraire, ils souhaiteraient ardemment que tous les habitants de la terre fussent sauvés et que tous partagent un jour la joie du ciel avec notre Seigneur Jésus-Christ. Tous les croyants en seraient infiniment heureux et rassurés quant à l'avenir éternel d'une foule d'inconvertis. Malheureusement, les textes bibliques ne le disent pas. Il faut donc poursuivre l'évangélisation du monde et annoncer le message du salut en toute vérité (2 Tim. 4 : 1-5). Par ailleurs, les Ecritures sont trop formelles pour que nous puissions croire qu'un simple sacrement suffise pour décider de l'éternité des foules baptisées. D'un bout à l'autre du Nouveau Testament nous trouvons un langage autrement solennel que celui des catéchismes traditionalistes. C'est donc le seul souci de fidélité à Dieu qui guide les croyants bibliques dans leur combat pour la vérité.


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