Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les prétentions de l'Eglise de Rome

« La seule vraie Eglise... »
Les calomnies
L'interprétation des Ecritures
Le culte des morts
Une page d'histoire locale
La division entre les baptisés
Catholiques et protestants
Le « Romanisme » et les chrétiens catholiques


« La seule vraie Eglise... »

Le plus grand scandale dans l'attitude de cette Eglise est son incroyable arrogance de se faire passer pour « la seule vraie Eglise de Jésus-Christ ». Il y a dans cette affirmation tant d'orgueil, tant d'aveuglement et de mépris, qu'elle aurait dû suffire à tous les « observateurs » pour fuir la basilique vaticane, en suscitant en chacun d'eux un zèle nouveau d'évangéliste et de prédicateur de la Parole éternelle du Dieu de vérité. Si tant est qu'ils y croient encore. Hélas ! trop de protestants sont muets comme s'ils se sentaient coupables de leurs désaccords avec la « Sainte Eglise ». Aujourd'hui, ce qui compte, c'est l'unité ! Et pour la réaliser il faut à tout prix faire des concessions aux extravagances romaines. On passe sur des énormités sans même les mentionner, tandis qu'il en fallait autrefois cent fois moins pour quitter l'Eglise de la papauté.

En attendant, Rome va de l'avant avec une inqualifiable audace. Ne tenant aucun compte des reproches pourtant justifiés à l'encontre de ses dogmes fantastiques, l'Eglise romaine reproche sans cesse aux non-catholiques leur diversité. Ne reconnaissant qu'à contre-coeur les beaux fruits spirituels surgis en dehors de Rome et foncièrement injuste envers les « Eglises séparées », elle ne fait aucun cas de la vie chrétienne des autres croyants. Pourtant, quelle « nuée de témoins » les Eglises évangéliques n'ont-elles pas donnée au monde ! Sans même parler des hommes et des femmes hors ligne qui ont fait la gloire de l'Evangile, pensons simplement à la foi biblique elle-même. Elle a procuré à l'humanité la notion la plus haute et la plus digne de Dieu d'abord, de la vie chrétienne ensuite. Au lieu de cloîtrés mystiques, la foi évangélique produit simplement des hommes. Au lieu de dévots et bornés, l'Evangile fait des adorateurs « en esprit et en vérité ». C'est infiniment mieux que tous les saints du paradis catholique et que toutes les cathédrales de l'univers. Au surplus, nombre de biographies de serviteurs de Dieu, hommes et femmes, dépassent en beauté morale et en dévouement les « vies des saints » aux pluies de roses et aux « Avé » sans fin... Voyez en revanche les pays catholiques dans le monde : ils rendent témoignage de l'incurable misère des institutions romaines. Cependant, Rome est d'une totale indifférence envers tout ce qui vient d'ailleurs, répétant à tous les azimuts que « l'Eglise de Rome est la seule vraie Eglise de Jésus-Christ » ! Et tandis qu'elle détruit ainsi le témoignage et le vrai visage des croyants évangéliques, les chefs des Eglises protestantes font la cour au pape, sont reçus par les hauts dignitaires et prélats de « sa sainteté » et se taisent en face d'une vérité biblique qu'ils ont reçu mission de prêcher sur les places publiques.


Les calomnies

Beaucoup ont sans doute lu le témoignage accablant paru dans « Réforme » (du 10 novembre 1962). Il s'agit de la conclusion du catéchisme catholique de Juan Perrone, S.J., publié à Barcelone en 1950. Pour ceux qui ne s'en souviennent pas, voici un extrait :

« Le protestantisme est, à son origine, une révolte contre l'Eglise de Dieu, entreprise principalement par trois apostats pleins de toutes sortes de vices et de méchancetés. Par nature, la réforme n'est rien qu'un ensemble d'absurdités et de contradictions, clans la théorie comme dans la pratique; ses doctrines enseignent des dogmes horribles qui répugnent à la piété et sont en tous points contraires à la dignité et à la morale. Ce sont uniquement des hommes pervers qui embrassent ces opinions échevelées, et ils ne le sont pas moins ceux qui, aujourd'hui, essaient de les répandre et de les défendre ... Les propagandistes de la réforme sont des gens grossiers et pervers au plus haut point, en même temps qu'hypocrites... Ces gens usent d'astuces pour insinuer peu à peu leur Evangile diabolique qu'ils appellent la bonne nouvelle, mais qui, en réalité, est une nouvelle fatale, car elle n'est autre chose qu 'une ordure d'hérésies supérieurement ridicules et monstrueuses... »

L'évêque qui a donné « l'Imprimatur » à ce texte odieux était probablement présent à Rome pour parler de l'unité ! Si de telles publications ne provoquent plus un sursaut unanime d'indignation chez les protestants, il faut croire qu'ils ont réellement démissionné. Et le romanisme peut poursuivre tranquillement son oeuvre de falsification religieuse, en adressant aux autres les versets qui lui sont destinés « Il y aura de faux Christs, de faux prophètes et de faux miracles... Les hommes se détourneront de la vérité et se tourneront vers des fables... »

Mais l'idée fixe est de promouvoir l'unité. A tel point (lue l'on pourrait croire que tous les malheurs de la chrétienté et de l'humanité proviennent de la diversité des Eglises. Oubliant ses crimes et sa magie religieuse, l'Eglise catholique n'a plus qu'un seul cri de guerre : les chrétiens divisés doivent s'unir sous la houlette du berger romain

Comme si un rapprochement quelconque entre les Eglises pouvait améliorer la qualité des chrétiens ! En tout cas, nous ne savions pas que Rome avait changé de sentiments. Dans une brochure publiée ici, on appelle les chrétiens évangéliques « les envoyés du démon pour perdre l'âme des catholiques », et les Bénédictins ont répandu un tract avec cet avertissement très charitable et très « oecuménique » : « Quand vous voyez une religion qui rejette l'Eglise enseignante infaillible, repousse le Saint-Sacrement, fuit le prêtre, etc.... n'approchez pas : c'est le diable tout pur... vous avez alors devant vous un serviteur du diable. »

On peut sourire devant tant de sottise à l'usage des gens simples, pour enrayer les progrès de l'Evangile, mais on est indigné de la crédulité des protestants qui font confiance aux émissaires de Rome. L'important, pour eux, est de ne pas contrarier les chances de l'unité. Ainsi, autrefois la messe était un sacrilège, le purgatoire une injure a Dieu, les indulgences un blasphème, les statues une idolâtrie, etc. Mais de nos jours, le grand et inadmissible scandale se trouve dans la diversité des Eglises !

Sans doute certains hommes sont-ils moins intolérants. Parfois il sont même bienveillants et charitables, Mais il s'agit de la vérité et non pas des personnes. Les papes deviendraient-ils des modèles de courtoisie qu'il faudrait encore se méfier, aussi longtemps que les Saintes Ecritures ne seront pas le seul fondement de leur Eglise. Ce qui n'est pas pour demain.


L'interprétation des Ecritures

Or, malgré ses prétentions à l'infaillibilité, l'Eglise de Rome est fondée sur des interprétations erronées des Ecritures et sur des mythes. En lisant les ouvrages catholiques on se heurte sans cesse aux deux piliers du romanisme «( Tu es Pierre » et le « Pouvoir des clés ») qui soutiennent tout l'édifice, à tel point que l'on pourrait croire qu'il n'y a rien d'autre dans le Nouveau Testament.

Pour savoir qui est la « pierre angulaire » de l'Eglise de Jésus-Christ il n'y a qu'à se reporter aux paroles même de l'apôtre Pierre :

«C'est en vous approchant de Lui (du Seigneur), comme de la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais précieuse devant Dieu, que vous aussi, comme des pierres vivantes, vous formez une maison spirituelle... »

Quant au « Pouvoir des clés », dont l'interprétation catholique rend indispensables la confession et puis l'absolution (donc la prêtrise), nous possédons aussi ces clés qui « ouvrent » et qui « ferment » le Royaume de Dieu aux pécheurs perdus. C'est la prédication évangélique, c'est la « Bonne Nouvelle » qui « ouvre » et qui « ferme » l'accès au Royaume, selon qu'elle est reçue ou refusée par ceux qui l'entendent. Jamais Pierre n'a parlé d'autres clés et jamais il n'a fait usage d'un pouvoir absolutoire, même pas dans le cas très précis où il avait Simon le magicien à ses pieds, qu'il renvoie à Dieu pour obtenir le pardon.

Et puis, n'est-il pas écrit qu'un seul possède ce pouvoir, le Fils de Dieu lui-même, qui déclare à son apôtre Jean :

« Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clé de David, celui qui ouvre, et personne ne fermera; qui ferme, et Personne n'ouvrira... » (Apoc. 3: 7).

Rome est donc basée sur des contresens qui, à la longue, sont devenus des non-sens. Elle a d'abord mal interprété les textes bibliques les plus clairs pour en faire les assises de son pouvoir, dont les Ecritures ne fournissent pas la moindre esquisse. Avec le temps ces fausses interprétations sont devenues tellement contradictoires qu'il suffit d'en voir les effets pour se persuader de leur sophistication.

L'ancien Jésuite, Luis Padrosa, écrit dans son témoignage :

«Après quinze ans de formation ecclésiastique approfondie, dix de prédication à de grands auditoires comme à des publics spécialisés et vingt-trois de vie religieuse dans la Compagnie de Jésus, j'en suis venu à la conviction que l'Eglise catholique romaine n'est pas la véritable Eglise de Jésus-Christ parce qu 'elle s'appuie sur de faux raisonnements au lieu de se fonder uniquement et exclusivement sur la Vérité. »

Par ailleurs, cette Eglise prend toutes les libertés avec les textes bibliques qu'elle cite souvent entièrement transformés, lorsqu'elle n'en invente pas pour les besoins de la cause, tel que celui-ci, paru dans un journal catholique : « Bienheureux ceux qui auront une vraie dévotion envers ma Mère Marie. Leur nom est inscrit dans le livre de vie. »

Mais pourquoi cette Eglise hésiterait-elle à faire dire aux Ecritures ce que bon lui semble, puisqu'elle se place au-dessus de la Parole de Dieu ? Voici ce qu'a dit et écrit l'abbé Jacquemet, de Paris, qui a prêché ici le carême :

« Certains parlent comme si, maintenant, un bon chrétien devait placer l'autorité de la Bible au-dessus de celle de l'Eglise. Inconsciemment ils rejoignent le Protestantisme ou la position des sectes. Il faut dire paisiblement que ce n'est pas sérieux...

« Ce n'est pas la Bible qui a fait l'Eglise: c'est l'Eglise qui a fait la Bible. La Bible est l'oeuvre de l'Eglise... Les auteurs du Nouveau Testament étaient tous des chefs de l'Eglise... »

En revanche, les Eglises évangéliques déclarent que c'est la Bible qui les a faites et qu'elles veulent lui rester soumises. Ce n'est pas la même chose. Il faut donc compter que Rome se défendra jusqu'à l'extrême limite de ses moyens pour conserver intacte sa dogmatique, tout en faisant croire au monde entier qu'elle est en train de devenir biblique et évangélique... Pour le moment elle fait « patte de velours » avec les Eglises séparées. Mais ne perdons pas de vue qu'elle saura se défendre si les circonstances changeaient, car aujourd'hui comme autrefois « la fin justifie les moyens... »

En plus, cette Eglise vit et agit comme si le 3e chapitre de l'Evangile selon Jean n'existait pas. Pas de « nouvelle naissance », pas de « conversion à Dieu » (Actes 2 : 38 et 3 : 19), ni de « régénération » (I Pierre 1 : 22-23) après une expérience de foi personnelle à l'âge de réflexion. Toute la vie religieuse est établie sur les sacrements, dont il est inutile de prouver l'inefficace et même le ridicule : il suffit de regarder vivre la « chrétienté » et de voir comment on use et abuse de ces rites magiques. Beaucoup de païens sont moins superstitieux qu'une foule de « chrétiens » sacramentalistes...

C'est pourquoi, quand nous lisons dans les catéchismes romains et sous certaines plumes protestantes que « le baptême fait de nous des membres de l'Eglise de Jésus-Christ », nous nous écrions : pure magie religieuse, dangereuse illusion et coupable aveuglement ! Selon les Ecritures, ce qui rend le pécheur chrétien et membre de l'Eglise de Jésus-Christ, c'est la repentance, la conversion à Dieu, la foi profonde et personnelle au Sauveur, l'obéissance à Ses exigences. Car le baptême, acte tout symbolique, n'a aucun effet sur le baptisé s'il n'a déjà la foi véritable.

Enfin, Rome prétend «que la Bible n'a pas recueilli toute la Parole de Dieu ; elle n'est pas toute la Révélation; une grande partie de l'enseignement est restée en marge des Ecrits, constituant le trésor vivant de la Tradition. » (Abbé Jacquemet).

A cela, il est facile de répondre que Rome, négligeant la Parole de Dieu, a épousé au cours des siècles une grande partie des erreurs et des légendes des peuples non-chrétiens, conquis par les « rois très catholiques », dont les armées étaient souvent les « missionnaires » de l'Eglise... En catholicisant ces fables païennes, l'Eglise romaine les a mises au compte de la Tradition qui n'est en réalité qu'une trahison. Rome a donc tout simplement substitué l'erreur humaine à la vérité divine. Il faut souhaiter que les vrais protestants aient le courage de le lui rappeler au cours des rencontres oecuméniques.

Tout porte à croire que très peu de catholiques connaissent la puissance de la Parole de Dieu quand elle est annoncée avec l'autorité qui lui vient de Dieu même. Nous avons demandé un jour au R.P. Couturier (de son vivant un fervent apôtre de l'oecuménisme catholique) pourquoi, dans une Eglise qui se veut « apostolique et sainte », les fidèles sont si loin de l'apostolicité et de la sainteté. Nous avions cité l'exemple de l'Espagne « très chrétienne ». Voici sa réponse (du 4 juin 1951) :

« Il n'est au pouvoir de personne, pas même du Pape, de forcer les lois de la nature. L'Espagne a un immense retard de civilisation, de culture. Elle est au stade de l'union des deux pouvoirs, à peu de choses près comme au temps de Charles-Quint. Aucun coup' de baguette magique, aucun ordre ne peut changer, en quelques jours la mentalité invétérée d'un peuple. Cela c'est du réalisme. La grâce ne peut agir sur une mentalité que lentement. Sauf des cas individuels comme Saint Paul... ...»

Cette citation prouve combien peu d'hommes d'Eglise connaissent l'efficacité de la Parole et de l'Esprit de Dieu. Leurs sacrements les ont habitués à une terrible médiocrité religieuse au sein des peuples, malgré les âmes d'élite qui vivent dans les différentes communautés. Si la grâce. dont parle l'Abbé Couturier, n'a pas réussi à changer le coeur des Espagnols (et des autres) en presque deux millénaires, il faut en conclure (et c'est là aussi du réalisme !), que quelque chose ne va pas au sein de l'Eglise infaillible et de la chrétienté en général.

En vérité, Rome est une puissance rétrograde, et c'est le protestantisme (le vrai, l'authentique « levain évangélique ») qui aurait pu sauver le monde s'il était resté fidèle à sa magnifique vocation. Mais, quelle amère déconvenue! Comment donc les héritiers de la Réforme, au lieu de poursuivre leur marche en avant, peuvent-ils aujourd'hui renier - en partie du moins - la puissance régénératrice et libératrice de la Vérité ? Comment ont-ils pu préférer au « bon combat de la foi » (1 Tim. 6 : 12), qui est au centre de la vie chrétienne, une lâche reddition sous prétexte que l'unité avec l'erreur vaut mieux que la division pour l'amour de la vérité ! Dieu lui-même n'est-il pas séparé de l'erreur et ne se tient-il pas du côté de la vérité ?


Le culte des morts

Pendant toute la durée du concile les « pères » ont prié devant les dépouilles des pontifes défunts, dont surtout Jean XXIII... C'est donc à des morts que l'on s'adresse en faveur des vivants. Ce n'est pas très biblique, pour le moins, et le monde n'est pas près de se convertir si son salut doit venir de la nécropole romaine. Car il est écrit : « Un peuple ne doit-il pas consulter son Dieu ? S'adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? A la Loi et au témoignage! Si le peuple ne parle pas ainsi, il n'y aura pas d'aurore pour lui ! » (Esaïe 8 : 19-20.)

Les protestants feront-ils l'unité devant les ossuaires romains où règne la mort ou retourneront-ils délibérément à la Parole de Dieu qui est vivante et qui dure éternellement ? Presque tout le culte catholique est un culte des morts, auxquels on s'adresse beaucoup plus qu'au Dieu souverain, Maître de la Vie, et à Jésus-Christ « qui est vivant aux siècles des siècles » (Apoc. 1 : 18). Dans tous les lieux de Pèlerinage (Ars, par exemple) où se trouvent les reliques des « saints », on prie devant des momies et on y adore « un dieu fait de main d'homme», c'est-à-dire l'hostie !

Depuis que le pape reçoit à Rome les chefs de l'oecuménisme, on aurait pu penser qu'il renoncerait au culte des reliques. Mais il n'en est rien, puisqu'il a envoyé aux orthodoxes grecs, en pleine période conciliaire, le crâne de Saint-André comme gage de bonne volonté et en témoignage d'amitié. La chose a été prise très au sérieux par les catholiques, dont un journal a écrit :

«Passant à la question de l'Unité des chrétiens, le Saint-Siège fait savoir que les reliques de l'Apôtre André amenées à Rome en 1462 seraient restituées à l'Eglise orthodoxe de Grèce qui considère l'Apôtre comme son fondateur. l'Eglise de Grèce encore réticente à l'égard de Rome est ainsi invitée par ce geste d'amitié à entrer dans la marche convergente vers l'unité. » («La Paix», 9-7-1964).

Est-ce là l'Eglise du renouveau biblique? Le plus invraisemblable dans tout cela, c'est qu'une partie du protestantisme a fini par prendre au sérieux l'Eglise du culte des morts, des saints, des scapulaires, des reliques et du rosaire, l'Eglise des indulgences et du purgatoire... Rome ne peut que s'en trouver flattée, puisque son terrible passé et ses pernicieuses superstitions se trouvent ainsi relégués a l'arrière-plan. Mais en cas d'unité avec Rome les tenants de l'oecuménisme devraient aussi endosser tous les graves scandales de « l'Eglise-soeur », lesquels ont blessé irrémédiablement la conscience de foules innombrables qui jamais ne reviendront plus à la foi. Pour beaucoup de croyants, chercheurs, sceptiques et aussi pour beaucoup d'incroyants intègres, ce revirement reste inexplicable. D'autant plus qu'un grand nombre de consciences offensées ont des raisons très valables pour ne pas croire. En tout cas le prestige des Eglises de la Réforme n'y gagne rien.


Une page d'histoire locale

Comme complément d'information, introduisons ici une page d'histoire locale du catholicisme, puisque l'auteur de cette petite brochure se trouve actuellement dans le département français de la Martinique.

Le pays, catholique depuis plus de 300 ans, a été livré aveuglément et radicalement à l'influence romaine, mais pour quel résultat ! Sait-on qu'en pays catholiques les magiciens même sont « chrétiens » ? Au mois de février le plus redoutable « sorcier » de l'île a mis fin' à ses jours. Nul ne sait combien de décès il avait sur lit conscience (s'il en avait une !), ni les souffrances qu'il a causées dans les foyers. Baptisé dans son enfance, donc « chrétien » catholique, il allait à la messe tous les matins, au vu et au su de tout le monde, et c'est en quittant son « prie-Dieu » qu'il est allé se pendre, après avoir fait dire une messe à son intention, ont écrit les journaux. Nombre de malfaiteurs de ce genre, appelés « quimboiseurs », continuent à faire fortune dans le pays au moyen de toutes sortes de charmes et arts magiques, Mais jamais nous n'avons lu un article d'un représentant de l'Eglise contre ces pratiques maléfiques, jamais nous n'avons entendu parler d'une démarche officielle contre le fléau N° 1 des Antilles. Au contraire, la magie s'est aussi emparée de la religion, puisque les prêtres « bénissent » tout ce que l'on veut, maisons, autos, chiens, chevaux, clowns.... enfin, les vivants et les morts. L'un d'eux a récemment répondu à un sceptique : «

Si cela ne fait pas de bien, cela ne fera pas de mal ! » Certains superstitieux vont plus loin. Ils placent parfois subrepticement un minuscule billet avec une imprécation 'contre leurs ennemis sous la médaille ou le crucifix qu'ils tiennent dans le creux de la main, pour les faire « bénir ». Le « pouvoir » du prêtre doit alors nuire à autrui. L'eau bénite et l'hostie figurent parmi les talismans les plus recherchés. Pourtant, toutes ces malheureuses victimes des pires contrefaçons religieuses sont « baptisées » et font partie d'une Eglise que nombre de protestants veulent rejoindre pour faire l'unité, Unité voulue expressément par Jésus-Christ, affirment-ils.

Comment donc Jésus pourrait-il être l'auteur de la plus grande confusion de l'histoire ? Comment pourrait-il demander le rapprochement de la Vérité avec l'erreur, après avoir inspiré ces paroles à son apôtre Paul : « Ne prenez aucune part aux oeuvres stériles des ténèbres, mais plutôt réprouvez-les ! »

L'Eglise catholique, en saison de « carême », offre le pardon au rabais. Car on apprend aux fidèles que la pénitence (invention romaine pour éviter la repentance biblique) consiste à supprimer quelques cigarettes et quelques apéritifs... Un article intitulé « La mi-Carême » avertit les catholiques en ces termes : « C'était hier, le jour des Cendres : voici que nous avons dépassé la pause de la mi-Carême. Nous avons repris notre marche vers Pâques et le renouveau avec le Christ ressuscité ! ... Il vous reste quelques jours pour le préparer : profitez bien de cette fin de carême... Il vous reste bien peu de jours : vite, profitez-en ! » On croirait entendre un camelot faire sa réclame pour une quelconque marchandise, mais c'est ainsi que l'on offre le pardon de Dieu, en solde...

Quant au « renouveau avec le Christ ressuscité », c'est moins qu'une pieuse formule, c'est une simple parodie religieuse. Car les habitudes coupables ne sont ni freinées ni corrigées pendant le carême. Dès la « semaine-sainte » la Radio invite la population aux nombreuses festivités mondaines qui marquent les « journées pascales », où messes et kermesses sont familièrement entremêlées. Les rites superstitieux atteignent leur point culminant le vendredi-saint. Les foules de brebis égarées s'en vont alors faire « bénir » leurs talismans. Les magiciens eux-mêmes sortent de leurs repaires pour faire des « réserves de puissance » en ce jour anniversaire de la mort du Christ, où l'Eglise offre ses absolutions à vil prix. Ayant une excuse à tout, l'Eglise met souvent les misères morales des populations catholiques au compte de leur « folklore », prônant partout sa maternelle compréhension envers les coutumes des peuples qui lui sont confiés.

Dans chaque église catholique, la veille de Pâques, les prêtres demandent aux fidèles : « Renoncez-vous à Satan et à ses oeuvres ? » Et tous répondent : « Nous y renonçons ! » S'il en est un qui s'amuse, c'est bien le diable lui-même, car il se porte très bien depuis que tous les baptisés ont renoncé à ses oeuvres... du bout des lèvres. Les diseurs de bonne aventure, les pronostiqueurs et les marchands d'horoscopes n'ont jamais fait de meilleures affaires...

Cependant, selon les théologies catholique, taizéiste et parfois protestante, le « baptême » incorpore l'enfant à l'Eglise de Jésus-Christ ! En vérité, tout cela n'est qu'un pitoyable travestissement des symboles évangéliques, une redoutable séduction du « Père du mensonge ». Mais la faute n'en est pas aux peuples trompés, mais a leurs chefs religieux qui « retiennent la vérité injustement captive » (Romains 1 : 18). Si donc les chrétiens évangéliques qui annoncent le message libérateur de Jésus-Christ sont accusés de faire du prosélytisme et d'entraver les efforts d'unité, tant pis pour l'unité et « bon courage » aux chrétiens fidèles à la Parole de Dieu.

Ajoutons cette vérité évidente que les vrais chrétiens catholiques souffrent naturellement de cet état de choses, nous le savons. Mais ce n'est pas en faisant l'unité avec leur Eglise que ces croyants trouveront la paix de leur conscience. Pour cela, il faut que la vérité de l'Evangile les affranchisse. (Jean 8 : 32.)


La division entre les baptisés

L'état spirituel des baptisés est souvent un si grand déshonneur pour le christianisme, qu'il est inconcevable que des hommes haut placés en soient inconscients. Ainsi, Mgr Martin, archevêque de Rouen, a présenté au concile le rapport sur l'oecuménisme, en disant : « La division entre les baptisés dure depuis des siècles, elle est une cause de scandale pour les chrétiens et non-chrétiens, elle est contraire à la volonté du Christ, elle paralyse l'évangélisation du monde et l'élargissement du Règne de Dieu... »

Si le prélat avait parlé de la « division entre les disciples de Jésus-Christ », cela pourrait donner à réfléchir, mais entre les baptisés ! Autant parler de la division entre les Français ou les Européens, puisqu'ils sont presque tous baptisés. Mais, la division entre quels baptisés ? Tous les aspergés par pur formalisme, par pur automatisme qui, dès leur adolescence, sombrent dans la plus totale indifférence religieuse ? Et ce sont ces baptisés-là qui veulent évangéliser le monde, d'après Mgr Martin ? En tout cas, nous savons comment Rome a « évangélisé » les peuples, autrefois. Dieu préserve ses serviteurs de retourner à de semblables méthodes !

Il paraît qu'en faisant le décompte des baptisés, on arrive au nombre de 500 millions de catholiques et à peu près autant de non-catholiques. Cependant, dans le livre « La France, pays de mission? », par l'Abbé Godin et Y. Daniel, il est question de la situation effective, et les statistiques attestent que 10 % seulement des Français pratiquent encore leur religion. D'après Mgr Ancel, dans la région parisienne c'est 1% des ouvriers qui, à certains endroits, sont restés catholiques pratiquants. Si les autres pays catholiques sont à l'avenant, nous sommes loin des statistiques officielles. Mais il y a plus. Dans plusieurs pays le paganisme se mêle si étroitement à la religion que le christianisme se réduit à une simple façade. Et ce sont là les chrétiens que Mgr Martin veut réunir ?

Non seulement ce sacrement du baptême n'est rien et ne vaut rien, mais il est un péril incalculable pour l'âme du pécheur que Dieu appelle à la repentance et à la « nouvelle naissance » biblique. Combien de fois n'a-t-on pas répété cet argument trompeur, à l'encontre des appels de l'Esprit et de la Parole de Dieu : ( Mais, pourquoi me convertir ? J'ai déjà été baptisé dans mon enfance, il ne me manque rien ... ! » Nous n'hésitons pas à dire que ce sacrement a fermé la porte du royaume de Dieu à une foule de pécheurs induits en erreur par la plus malfaisante des traditions.

En tout cas, si les peuples « chrétiens » tels qu'ils sont répandus sur terre formaient, du seul fait d'avoir été baptisés, le « Corps de Christ », ne semble-t-il pas que toute inquiétude pourrait être bannie des consciences, chez tous ceux qui sont dans l'oeuvre missionnaire, au sujet de l'évangélisation du monde et du salut des peuples non-chrétiens ? Si l'eau lustrale et la formule baptismale suffisent pour être sauvé, point de doute, tout le monde est sauvé, car en quoi les peuples non-chrétien sont-ils moins consciencieux dans leurs pratiques que les baptisés de la « chrétienté » ? On répondra : Mais, les baptisés adorent au moins le vrai Dieu! En vérité, la plupart n'adorent rien du tout, sinon chacun son idole préférée... Et puis: Les baptisés croient tout de même à Jésus-Christ! Mais ils ne lui obéissent pas.

Il est donc facile de conclure : si les Eglises dites « chrétiennes » ne retournent pas aux principes bibliques pour obtenir la vie nouvelle par la foi au Seigneur, elles pourront sans plus tarder se poser la question : « Si le sel perd sa saveur, à quoi sert-il ? » Les Eglises essaieront donc d'abord de faire l'unité entre elles, pour tenter de la faire plus tard avec les autres cultes monothéistes, et nul ne sait où cela peut s'arrêter... A Rome, il existe déjà le secrétariat pour les non-chrétiens, qui semble vouloir constituer un front commun contre l'athéisme. Et le modérateur de l'Eglise Unie du Canada, le Dr E.M. Howse, a milité comme l'un des chefs de l'Union Islamo-Chrétienne. Sans doute le monde verra-t-il un jour « un seul troupeau », mais Jésus-Christ n'en sera pas le berger. Cependant, Il restera toujours le « Souverain Pasteur » de ceux qui auront « gardé Sa Parole et oui n'auront pas renié Son nom » (Apoc. 3 : 8). Souhaitons de tout coeur qu'il s'en trouve quelques-uns dans toutes les Eglises de la terre, car c'est à eux que Jésus déclare : « Sois vigilant, et affermis le reste qui est près de mourir. » Ce n'est donc pas l'unité des Eglises et des religions qui importe, mais la fidélité dans le témoignage à rendre à la vérité. Dieu fasse qu'un grand nombre de brebis égarées passent ainsi des ténèbres à Sa merveilleuse lumière !

Pour les chrétiens qui discernent les signes des temps, le plus important est de demeurer vigilants et actifs au service de Jésus-Christ. Les Lettres aux sept Eglises locales de l'Apocalypse nous rappellent sans cesse la solennité de la vocation chrétienne et la grandeur de la mission des témoins de « CELUI QUI EST, QUI ETAIT ET QUI VIENT » ! (Apocalypse 1 : 4.)

« Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises ! »


Catholiques et protestants

L'un des « grands » de l'oecuménisme nous a écrit naguère :

«Nous devrions avoir la simplicité de constater qu'en dépit de ses erreurs, de ses hérésies, de son idolâtrie et de tout ce que nous condamnons au nom de l'Evangile dans l'Eglise romaine, il y a en elle des âmes de prière et de sainteté qui n'ont qu'un désir, celui de vivre dans une communion totale de Jésus-Christ. »

Hâtons-nous donc de dire que nous partageons naturellement cette conviction. Nous croyons évidemment qu'il y a des chrétiens consacrés et fidèles dans cette Eglise romaine, comme il s'en trouve aussi dans les autres Eglises. Nombre d'âmes nobles et dévouées y recherchent la volonté du Seigneur et parviennent à trouver le salut. La vérité biblique ne s'arrête pas à la porte des églises et des temples, elle parle directement aux coeurs droits et bien disposés, et les conduit à la connaissance du Sauveur. Beaucoup de catholiques lisent à présent la Bible avec une assiduité qui pourrait humilier un grand nombre de protestants. Aussi, d'après l'expérience, les meilleurs protestants sont les catholiques sincèrement convertis à Jésus-Christ. Leur amour pour la Parole de Dieu et leur zèle dans le témoignage chrétien leur font grand honneur. La plupart sont à tous égards admirables.

Il faut donc préciser que si nous rejetons le système religieux romain, nous témoignons en revanche la plus sincère sympathie à nos amis catholiques. Si au moins ils pouvaient tous entendre l'Evangile intégral ! Quelle moisson de vrais disciples en résulterait pour Jésus-Christ! Et combien dépasseraient à beaucoup d'égards la ferveur d'une quantité de protestants de naissance, qui se reposent sans rien faire sur une fausse interprétation des paroles bibliques : « Vous êtes sauvés par grâce, au moyen de la foi... »

Il est inutile de préciser que les croyants évangéliques rejettent l'idée du salut par les oeuvres. Cependant, selon les paroles de Jésus l'oeuvre la plus grande de toute la vie humaine est de croire de la bonne manière : « L'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé ! » En vérité, croire selon l'Evangile est tout le contraire de l'inaction. C'est pourquoi, lorsqu'on entend certains protestants inactifs défendre « le salut par grâce » on a presque envie de leur dire : n'essayez tout de même pas de justifier « le salut par inertie », en vous figurant que la grâce divine s'accommode de votre insouciance et de votre négligence. Car, à l'inverse des catholiques qui essaient de « mériter le ciel », nombre de protestants tombent dans une totale indifférence au sujet de leur avenir éternel, s'imaginant que Dieu s'en occupe sans qu'ils y participent. Sauf une fois l'an, le Vendredi-Saint ! Ce jour-là les temples sont trop petits, quand toute la masse des indifférents y afflue et s'approche de la « table sainte ».... Etrange religion, où il suffit de « faire ses Pâques » pour être en règle avec Dieu et avec sa conscience.

En tout cas, c'est ainsi que les choses se passent dans notre Alsace protestante, dont nous connaissons les coutumes. Rien d'étonnant à ce qu'on y travaille pour l'unité. Les protestants viennent d'inaugurer à Strasbourg un Centre Luthérien d'Etudes oecuméniques, en présence de l'archevêque et du clergé catholique. Au reste, beaucoup de protestants se passent aisément de leur temple et sont capables de vivre pendant des années sans participer à un culte évangélique.

Puisqu'ils ne protestent plus, ils n'ont même pas toujours le courage de dire ce qu'ils croient. Beaucoup prétendent que l'unité va tout arranger. Cependant, s'ils n'ont pas dans leur coeur l'amour de la vérité et celui de leur Sauveur, aucune organisation terrestre ne pourra jamais remplacer l'action de l'Esprit dans l'âme du croyant. « Ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas de ce que je t'ai dit Il faut que vous naissiez de nouveau. » (Jésus : Jean 3 6-7.)


Le « Romanisme » et les chrétiens catholiques

(Par un ancien membre de l'Ordre des Carmes, converti à Jésus-Christ, professeur d'enseignement évangélique.)

... Aujourd'hui encore l'Eglise romaine continue à se recruter par la vertu du baptême des nouveau-nés... Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas de véritables enfants de Dieu dans le « romanisme ». Il y en avait pendant les longs siècles qui ont précédé la Réforme, car au sein de la chrétienté a toujours subsisté la véritable Eglise de Jésus-Christ qui a les promesses du Seigneur. Elle y était plus cachée que dans les catacombes, mais on pouvait discerner, çà et là, les manifestations de l'Esprit.

La doctrine de Rome n'est plus la doctrine de Jésus-Christ telle qu'elle est contenue dans les Ecritures. L'histoire des dogmes fait apparaître une évolution dont on peut reconnaître les causes : influences judaïsantes et influence du paganisme, superstitions populaires, élaborations savantes des théologiens faisant appel à la philosophie. Et ces causes ne peuvent être supprimées par des essais de justification proposés par les théologiens : existence d'une révélation non écrite, transfert à la chrétienté des privilèges spirituels de l'Eglise de Jésus-Christ, multiples hypothèses explicatives de l'évolution du dogme : création d'un privilège d'infaillibilité longtemps disputé entre les Conciles et les papes, et attribué tardivement à ces derniers.

Ce qui caractérise Rome est non seulement la multiplication des erreurs mêlées à des éléments de vérité, mais l'organisation en système de ce mélange et la prétention du « romanisme » de l'imposer comme étant la doctrine même de Christ, et cela d'une façon qui exclut toute réforme. A l'autorité de Christ est substituée l'autorité romaine déclarée infaillible. Ce qui fait que, pour Rome, reconnaître son erreur équivaudrait à un suicide et à la disparition du romanisme.

Nous ne nions pas que dans la doctrine de la chrétienté. dans sa discipline et dans les fins qu'elle poursuit, il y ait des éléments chrétiens dont vivent les enfants de Dieu qui y sont enfermés. Cela explique le caractère composite de la chrétienté, où se rencontrent des manifestations très pures et très élevées de l'esprit de Christ, en même temps que des pensées et des actions entièrement étrangères à l'Evangile. (Extraits.)

Les tentatives de réforme, qui se sont toujours produites dans la chrétienté romaine, ont maintenu quelques éléments de vie dans un milieu singulièrement corrompu. Aussi doit-on considérer avec respect ceux qui, dans des conditions difficiles, ont cependant réussi à atteindre un niveau remarquable de vie spirituelle. Les limites, qui leur étaient imposées par la chrétienté elle-même, ne doivent pas faire douter de la qualité de ce qu'ils ont pu faire... » (Extrait.)

Gabriel MILLON.

 

Tous les ouvrages et cours de théologie du Professeur Millon peuvent être obtenus a son adresse: - 51, rue Vauban, Mulhouse (Haut-Rhin).


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