Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le reniement des Protestants

Une offense à la vérité
Le silence des protestants
Bible et tradition
Quelques pensées d'Alexandre Vinet


Une offense à la vérité

Cette main tendue à l'erreur offense gravement la Parole de Dieu et la mémoire de ceux qui ont quitté l'Eglise de la Tradition pour l'amour de la vérité. Et les témoignages des prêtres convertis confirment tout cela. Par exemple « Du dogme catholique à la foi biblique », par L. Vogel « Du couvent à l'Evangile », par H.J. Hegger) ; « Pourquoi j'ai quitté le catholicisme », par Luis Padrosa ; « Mon chemin de Damas », par F. Lacueva (qui, depuis sa conversion, a été séquestré dans un couvent espagnol par les jésuites comme au plus obscur Moyen âge. Certains prétendent qu'il est retourné volontairement à l'Eglise de Rome, ce qui est une calomnie).

Il faut lire ces ouvrages pour savoir quels angoissants drames de conscience se livrent dans l'âme de certains prêtres et d'une foule de catholiques. Mais, au lieu de se porter à leur aide pour les amener à la foi biblique qui, seule, répond aux exigences de la conscience, la plupart des protestants assistent passifs à ces conflits intérieurs quand ils ne les ignorent pas totalement.

C'est pourquoi, lorsque les fils de la Réforme proclament que «ce qui nous unit (à Rome) est plus grand que ce qui nous sépare » ils se solidarisent avec l'erreur. Il est vrai que dans le vaste mouvement oecuménique il y a des Eglises presque catholiques par leur sacramentalisme et leur nostalgie de la prêtrise. Rien d'étonnant si de tels groupements travaillent au rapprochement. Il est cependant un grand nombre de protestants qui ne se reconnaissent aucun lien de famille avec la papauté. Qu'ils laissent donc aller l'iconolâtre Athênagoras vers le pape, mais qu'il aille seul sangloter sur l'épaule de Paul VI.

Tout cela n'empêche pas l'Eglise orthodoxe (de Grèce) de faire lire dans les églises des « lettres pastorales » ainsi conçues : « La foi évangélique est une maladie plus grave dans la nation que la lèpre et le choléra. N'ayez point de rapports avec les évangéliques. Ne leur vendez rien et ne leur achetez rien. » (Cité par le « Bulletin mensuel de Beatenberg », janvier 1965.) Voilà donc une Eglise membre du C.O.E. qui retarde sur l'heure de la grande fraternité qui prélude à l'unité.

Pour le moment il est dans la logique des événements de voir nombre de « frères séparés » sympathiser avec les émissaires de Rome plutôt qu'avec l'ensemble des chrétiens évangéliques réputés « dissidents », dont les églises ou communautés sont parfois dédaigneusement appelées « sectes ». Au fond, tout cela révèle le degré de parenté spirituelle des diverses Eglises et témoigne du genre de fondement, biblique ou non, sur lequel chacune est établie. C'est aussi sur ces bases (la foi biblique et la tradition) que se produiront à l'avenir les prises de position au sein des diverses familles religieuses de notre temps. En tout cas, la plupart des Eglises dites « fondamentalistes » ou de « professants » ont pris courageusement position contre le confusionisme de notre siècle oecuménique


Le silence des protestants

Les réactions protestantes se faisant moins vives en face (les légendes catholiques, la mariolâtrie, par exemple, peut se développer sans peine. On a même publié des ouvrages « protestants » qui invitent les héritiers de la Réforme à nourrir leur vie spirituelle aux révélations de Lourdes, Fatima et La Salette (exemples souvent cités par les prêtres catholiques et fournis par la Revue Luthérienne « Sancta », 19.37). D'autre part, le R.P. Devoyod, spécialiste de mariologie, a pu dévoiler la pensée catholique à lit Radiodiffusion, sans craindre la riposte protestante :

«La vie et le Saint-Esprit s'obtiennent par Marie... Marie commande à son fils qui est Dieu... Dieu s'est choisi une douce intermédiaire en Marie, ayons confiance en elle... Marie nous enfante à la vie spirituelle, c'est elle qui distribue les trésors de Christ... N'est-il pas logique que nous ayons une mère au ciel? La paternité appelle la maternité. Nous disons déjà «Notre Père qui êtes aux cieux», Dieu a voulu que nous puissions dire aussi: «Notre Mère qui êtes aux cieux. »

Voila les hommes du « renouveau biblique » romain. Il n'est pas exagéré de dire que l'Eglise catholique est de plus en plus l'Eglise de la Vierge Marie et de moins en moins celle de Jésus-Christ. Entendons-nous : de la Vierge catholique, fabriquée par l'Eglise, et non pas de Marie, l'humble femme des Evangiles. Que Dieu nous préserve de toute « unité » avec de tels prédicateurs de fables, qui méprisent la vérité et qui un beau jour proposeront à la « chrétienté » le dogme de la « Sainte-Quaternité ». Mais comment les « frères séparés », encore convaincus de la révélation biblique (beaucoup, hélas ! n'y croient plus), ne se lèvent-ils pas pour dénoncer de tels outrages à l'Evangile ! Les fils de la Réforme ont-ils donc quelque chose de commun avec les disciples d'Ignace de Loyola ? Peuvent-ils croire à la fois à l'enseignement de l'apôtre Paul et a celui de Bernadette Soubirous ? L'unité se fera-t-elle aux dépens du témoignage chrétien ? Or, en attendant ]'imité, c'est déjà la collaboration et les rencontres toujours plus fréquentes entre pasteurs et membres du clergé. Nombre de manifestations publiques ont lieu partout, avec pasteurs et évêques, sans que cela ne suscite la moindre réprobation - nous vivons les temps euphoriques de l'oecuménisme unificateur... Tel aussi cet appel des deux aumôniers (catholique et protestant) dans le « Bulletin de l'Aumônerie Protestante » (janvier 1961), qui n'est qu'un modeste exemple parmi beaucoup d'autres :

« Le temps est là aussi, où les uns et les autres, en particulier catholiques et protestants, ont découvert, dans le combat et le témoignage qu'ils sont appelés à livrer au nom de Jésus-Christ, que ce qui les unit est plus fondamental que ce qui les divise. Ce qui les unit, c'est le même commandement et la même promesse de Dieu, et le même souci d'obéissance à l'unique Seigneur de l'Eglise. »

Or, avec de très nombreux chrétiens (beaucoup plus qu'on ne il imagine), nous doutons de ce « souci d'obéissance » à l'unique Seigneur de l'Eglise. S'il y a souci d'obéissance, c'est à la papauté, mais non pas au Christ des Ecritures. Dans beaucoup de pays catholiques où l'Eglise est encore au pouvoir, les chrétiens évangéliques sont assimilés aux malfaiteurs, aux athées et à tous les autres ennemis de la « Sainte Eglise ». En Espagne et en Amérique du Sud ils sont même persécutés. Beau souci de servir l'unique Seigneur


Bible et tradition

Les faits prouvent sans cesse que la grande infidélité à la Parole de Dieu est d'avoir rejeté l'expérience de foi individuelle, qui exige un engagement personnel de l'être tout entier : esprit, coeur, conscience et volonté. C'est l'acte de foi par lequel un pécheur devient chrétien. Or, en laissant supplanter la « nouvelle naissance » (que Jésus a pourtant formellement exigée) par des sacrements qui doivent agir sans la participation réfléchie du croyant, on a radicalement faussé les méthodes apostoliques et ouvert la voie à la pire confusion de l'histoire. Au lieu d'hommes et de femmes librement et joyeusement engagés an service de Dieu, ce sont des peuples entiers qui sont devenus « chrétiens » par une simple formule liturgique. Et au lieu de revenir aux méthodes qui ont fait la grandeur du christianisme à ses origines, les théologiens protestants répandent à leur tour les idées catholiques de la doctrine de l'opus operaturn, donc de l'action surnaturelle des symboles évangéliques. Nous n'en citerons qu'un seul, le professeur 0. Cullmann, qui écrit au sujet du baptême :

«L'événement essentiel de l'acte baptismal, c'est l'agrégation au corps de Christ. A l'instant de l'événement, le baptisé se borne à être l'objet passif de cet acte de Dieu, il est incorporé par Dieu... Comme au Calvaire, c'est donc également Dieu qui, en Christ, agit dans le baptême. Cette adjonction » est un acte souverainement libre de Dieu qui ne dépend ni de notre comportement humain, ni clé notre foi... Le Christ agit dans le baptême, tandis que le baptisé est l'objet passif de cette action... Le rôle joué par la naissance naturelle est semblable dons l'Eglise chrétienne et dans la Communauté juive... Un enfant né d'un mariage de parents baptisés fait partie d'emblée, par sa naissance même, du corps de Christ. » (Le baptême des enfants).

Inutile de dire que beaucoup de pasteurs emboîtent ce pas, bien qu'ils sachent tous que ce n'est pas là la doctrine du livre des Actes des apôtres. Evidemment, il est plus commode de baptiser des nouveau-nés que d'amener des volontés rebelles à la conversion à Jésus-Christ. Mais il faut aussi comparer les résultats. C'est pourquoi, face aux suites désastreuses de ces coutumes, qui vident les temples, un grand nombre de représentants du protestantisme officiel ne voient pas d'obstacles majeurs à ce que se fasse un jour l'unité avec les autres Eglises sacramentaires. Rien n'est plus fatal ni plus catastrophique pour la foi, que de devenir « chrétien » comme on devient citoyen de son pays, par la naissance tout simplement.

Mais à quelle acrobatie théologique faut-il se livrer pour justifier la théorie des sacrements et pour expliquer comment un croyant biblique peut tout à la fois fonder sa vie chrétienne sur les Ecritures et sur des rites étrangers à la Parole de Dieu ; comment on peut n'être pas « né de nouveau » par l'Esprit d'En-haut (Jean 3 : 6-8) pour devenir disciple de Jésus-Christ et parvenir néanmoins à cette vie spirituelle par le moyen détourné de la tradition. Il est vrai, certains théologiens prétendent que l'aspersion des nourrissons est la « nouvelle naissance » dont Jésus a parlé à Nicodème et dont Paul a écrit aux Romains (chap. 6: 1-11).

Devant ces faits, quoique très fraternellement disposés envers tous les croyants « en Christ » et priant sincèrement pour les meilleures bénédictions divines sur eux tous, un grand nombre de chrétiens évangéliques se désolidarisent au nom de la vérité de toute tentative de rapprochement aux dépens des Saintes Ecritures, se souvenant comme d'une devise des paroles de l'apôtre Pierre : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes ».

La plupart de nos lecteurs connaissent probablement le courageux livre de Frédéric Hoffet : « Politique romaine et démission des protestants », dont nous ne citerons qu'une seule phrase, mais nous conseillons vivement à tous les amis de la vérité de méditer cet ouvrage :

«Chaque jour apporte dans tous les pays du monde, à celui qui a des yeux pour voir, de nouveaux exemples de la démission des protestants et de l'absence chez eux des réflexes les plus élémentaires de fierté, de dignité et de courage devant les entreprises romaines. » (p. 143).

Il est indispensable aussi que tout chrétien fidèle au témoignage des Ecritures lise la brochure documentaire de M. René Pache : « Les tendances catholicisantes au sein du protestantisme ».

La dernière citation sera empruntée à « Réforme » (no 968, Le grand Débat) :

« La vraie question ne consisterait-elle pas pour le protestantisme à choisir sans plus tarder entre l'impatiente redécouverte de ce qu'il est, afin de le dire à tous les hommes... et 'la timide et morose attente que Rome d'ici cinquante ans (ou quelques siècles) ait enfin retrouvé son obéissance au seul miroir de Jésus-Christ.

« Si le protestantisme optait pour la seconde voie, l'unité chrétienne serait aisée dans cinquante ans ( ou quelques siècles), car le protestantisme n'existerait plus. »

(G. RICHARD-MOLARD.)


Quelques pensées d'Alexandre Vinet

Beaucoup de protestants affectent de parler de la faiblesse du catholicisme et sonnent déjà ses funérailles. Mais, s'il n'est pas fort de sa force, il se peut qu'il soit fort de notre faiblesse ; c'est aussi une manière d'être fort... (Essai sur la Manif. p. 485).

L'Eglise du libre-examen ne saurait être qu'une société des consciences. Il faut qu'elle abjure son principe ou qu'elle consente à la liberté. Son chef est à Rome ou dans le Ciel. (Essai sur la Manif. p. 482).

La réaction de la morale contre le rite est le vrai fait de la Réforme, sa gloire, le titre qui lui appartient. (Moralistes des XVIe et XIIe s.).

En réhabilitant la morale dans la religion, les réformateurs remirent le christianisme à l'usage de la vie. (Etudes sur la Lit. au XIXe s.).


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