Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le Concile

Peu de changements importants
L'inspiration du Saint-Esprit
Les déceptions

Peu de changements importants

Beaucoup de discours, de discussions et de votes, des monceaux de textes, de nombreuses cérémonies et des voyages spectaculaires du pontife romain ont marqué les quatre sessions de Vatican Il. Peut-on dire que le visage de l'Eglise de Rome en sera changé profondément ? C'est l'avenir qui le dira, puisqu'il faudra appliquer et développer ce qui a été décidé.

Il faut s'attendre à une avalanche d'articles et d'ouvrages divers qui vont analyser, vanter et juger les travaux conciliaires. Selon l'avis des théologiens catholiques, c'est la liturgie qui va subir la plus importante transformation. Ce qui, en vérité, ne sera qu'un infime et dérisoire changement. Et cependant, déjà on signale le désarroi des fidèles devant les quelques réformes survenues ! Le R.P. Congar ne s'est même pas gêné de dire, à la Radio, qu'il avait reçu une lettre d'un sceptique lui faisant remarquer que « les sept collines ont accouché d'une souris ! »

Les vieilles erreurs romaines (la messe et ce qui s'y rapporte) ne seront pas « réformées » mais simplement retransmises dans la langue des peuples au lieu du latin hermétique auquel les fidèles ne comprennent rien. L'étonnant est qu'il ait fallu si longtemps pour reconnaître le non-sens séculaire de prier et de parler dans une langue « morte » ! Si n'importe qu'elle autre société humaine avait persévéré dans une telle aberration, il y a longtemps qu'on l'aurait tournée en dérision.

Ceux qui ont lu les ouvrages du pasteur Richard-Molard

« Un Pasteur au Concile » et « L'hiver de Vatican II », sont renseignés sur les déceptions causées par le concile aux catholiques eux-mêmes, qui en attendaient des changements plus profonds. Parmi les grands utopistes figurent nombre de protestants qui n'ont pas abandonné l'illusion que Rome pourrait un jour ne plus être Rome ! Mais l'Eglise de la Tradition ne peut se réformer sans risquer de disparaître. On ne peut retirer son soubassement à un édifice sans qu'il ne s'effondre. Rome le sait mieux que quiconque. Car ses bases sont humaines plus que divines.

En Plus, les écrits du pasteur Richard-Molard font entrer le lecteur dans les arcanes des tractations, oppositions, résistances et déceptions de cette assemblée de prélats, qui se voulait guidée par le Saint-Esprit et entièrement soumise à lui. Pourtant, combien de fois l'esprit humain le plus réfractaire aux changements espérés était-il à l'oeuvre, plutôt que l'Esprit qui a inspiré les textes du Nouveau Testament auxquels l'Eglise romaine refuse de se soumettre ! Car la vérité révélée dans les Ecritures n'est pas le fondement de la religion catholique. Or, l'Esprit de Dieu ne se contredit jamais et il n'entre dans aucune manoeuvre humaine. Trop souvent ou a attribué au Saint-Esprit ce qui n'avait aucun rapport avec la pensée de Dieu.

Cependant, la nouveauté était la participation d'observateurs protestants à un concile de Rome. Ils ont même assisté à la messe pontificale en présence du pape et des « princes de l'Eglise ». Sans doute sommes-nous loin des temps où les vaillants Huguenots se faisaient enchaîner sur les galères pour avoir refusé de croire à la magie de la transsubstantiation, la plus audacieuse et la plus odieuse falsification religieuse de tous les temps.

Il y a plus. Les protestants ont dû assister à la longue énumération de toutes les hérésies romaines rejetées par les chrétiens évangéliques. Et pour finir, ils ont dû écouter les litanies à tous les saints du paradis catholique pour la bonne réussite du concile ! Sans oublier la phrase prononcée par le pape en personne : « Je professe cette foi catholique, en dehors de laquelle on ne peut être sauvé » ! Le serment que les pères conciliaires ont dû prêter devant le pape est le plus complet résumé des pires déformations et falsifications de l'enseignement biblique.

Or, beaucoup de protestants passent outre et ne s'arrêtent plus à pareilles offenses à la vérité. Rome doit en être la première surprise et on comprend que les « observateurs » des Eglises séparées aient été reçus avec une particulière bienveillance. Rome sait qu'elle travaille pour son propre compte, en se faisant des amis dans tous les milieux et déjà elle en récolte les premiers fruits. Sa dogmatique antiévangélique rencontre beaucoup d'indulgence chez les protestants qui « essaient de comprendre » le tortueux enseignement catholique, en multipliant colloques et dialogues dans la meilleure version oecuménique. D'autres se prononcent déjà contre toute activité de « prosélytisme », inconvenant en ce siècle de « l'unité ». Rome, très diplomate, réussira certainement à diviser de plus en plus les protestants à son propre sujet, ce dont elle sera sans doute seule à profiter.


L'inspiration du Saint-Esprit

L'Eglise de Rome est persuadée que tout concile est l'oeuvre de Dieu et que l'Esprit-Saint en est l'animateur. Plusieurs pasteurs (oecuméniques) partagent cette idée et dans leur prière dominicale ils ont demandé que l'Esprit de Dieu dirige les travaux du concile Vatican II.

Assurément, tous les chrétiens auraient souhaité que ]'Esprit « qui conduit dans toute la vérité » (Jean 16 : 13) dirige effectivement cette grande assemblée pour la mettre sur le chemin de la vérité. Car si l'Esprit du livre des Actes des apôtres avait animé réellement le concile, nul ne reconnaîtrait l'Eglise de Rome dans quelque temps. Elle ressemblerait aux assemblées chrétiennes des premiers siècles et le monde entier en serait émerveillé ! En tout cas, les présentes pages seraient immédiatement vouées au feu par leur auteur qui publierait, à leur place, une humble prière d'action de grâces pour un tel prodige...

Hélas ! Rien ne nous permet d'y croire et cela est très dommage. C'est pourquoi nous nous étonnons que des pasteurs protestants soient si sûrs que le concile fut suscité par Dieu et dirigé par Lui. Dans ce cas, est-ce le Saint-Esprit qui a dirigé les papes et les précédents conciles quand ils ont défini les différents dogmes romains ? (Par exemple : le purgatoire, la messe, l'Immaculée conception, l'infaillibilité pontificale ... ) Si oui, il faut absolument qu'ils y croient aussi s'ils ne veulent pas désobéir à l'Esprit de vérité qui, selon l'Eglise de Rome, est à l'origine de toutes ses inventions. Cependant, pour beaucoup de vrais chrétiens, les conciles étaient des oeuvres humaines, des entreprises voulues et dirigées par des hommes d'Eglise.

Au demeurant, on sait le peu de cas que les « papes infaillibles » font du Saint-Esprit, dont ils ont pris la place dans toutes les définitions dogmatiques. Comment, dans ces conditions, le Saint-Esprit accorderait-il son assistance et donnerait-il ses directives à une organisation humaine qui a formellement rejeté l'avertissement du livre de l'Apocalypse (22 : 19) et de l'apôtre Paul (Galates 1 : 6-12), et qui, à l'heure du concile, décide souverainement de ce qui va changer et de ce qui va demeurer ! Il y a donc des prières que l'on ne peut prononcer en toute bonne conscience, car avant de demander l'assistance divine il faut obligatoirement se soumettre à l'autorité de la Parole de Dieu telle qu'elle nous a été révélée. On ne peut tout de même pas demander la lumière de la sagesse d'En-haut avec l'arrière-pensée de ne l'accepter qu'à condition qu'elle ne vienne pas déranger les nombreuses hérésies accumulées au cours des siècles ! Même un père terrestre n'accéderait pas aux désirs de son enfant aussi longtemps que, sciemment, il mépriserait les directives déjà reçues. Il n'y a donc qu'une seule prière qui s'impose en faveur de l'Eglise catholique : que Dieu ouvre les yeux des aveugles et fasse que les multitudes égarées parviennent à la foi de Jésus-Christ. Ce qui, pour le moment, paraît bien difficile à réaliser pour une institution qui, d'avance, déclare qu'il ne sera touché à aucun article de foi actuellement établi. Comment peut-elle alors prétendre vouloir remonter à la source des Ecritures ?

Ajoutons que le pasteur Marc Boegner a assisté comme invité aux deux dernières sessions du concile. Sans doute M. Boegner, qui est l'un des promoteurs du mouvement oecuménique, a-t-il été bien accueilli à Rome et cet accueil a-t-il réjoui nombre de protestants... D'autant plus qu'il avait déjà envoyé un grand coup de chapeau à Paul VI dans la préface du livre « Un Pasteur au Concile », où il écrit :

«On a reproché au pape de n'être pas intervenu, de n'avoir pas suffisamment guidé le concile: quelle sagesse au contraire, quel sens des maturations nécessaires, quel respect des devoirs et des responsabilités des Pères, quelle fidélité à l'événement prophétique créé par Jean XXIII, ou plus exactement par le Saint-Esprit posant à l'Eglise romaine des questions d'une extrême gravité et la préparant peu à peu à lui répondre, devant un monde qui l'observe, l'écoute et la jugera l!»

A notre humble avis - et sauf le respect de son auteur - cette citation ne répond pas aux méthodes employées par l'Esprit de vérité tout au long du livre des Actes des apôtres. Cette circonspection qui ménage l'erreur, ces subtiles précautions et cette étrange réticence étonnent de la part du Saint-Esprit, qui « prépare peu à peu » (I'Eglise du suprême despotisme religieux) « à lui répondre » ! Et cela quand cette Eglise autoritaire y sera disposée ! Car l'Esprit de Dieu a en face de lui une puissance extrêmement volontaire, susceptible et ombrageuse... C'est pourquoi on se demande comment le Saint-Esprit pourra jamais s'entendre avec une institution qui a inventé le jésuitisme et ses restrictions mentales. Il est vrai que « Saint Ignace » a été canonisé et vit donc déjà dans le ciel (catholique).


Les déceptions

Après les quatre sessions de Vatican 11, peut-on dire de ceux qui, dès le début, ont douté de l'orientation biblique du concile, qu'ils étaient très loin de la vérité ? Dès la fin de la 36 session l'envoyé spécial de « Réforme » avait intitulé son article de clôture : « Une douleur partagée » :

« Prévisible... mais inadmissible! Tels sont les termes qui rendent peut-être le mieux le sentiment général que l'on ressent à la fin de la troisième session de Vatican II. Il semble qu'en quarante-huit heures la communion d'espérance s'est muée en communion de souffrance et la joie en ténèbres. jusqu'à la limite de nos forces, il faudra croire que « la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu plus forte que les hommes... », mais le spectacle qui a été donné au monde les 19, 20 et 21 novembre ne peut que confirmer les incroyants dans leur incrédulité et pourrait faire douter les chrétiens eux-mêmes de la sagesse de Dieu. » (N° 1028, du 28-11-64).

 

A notre tour de nous écrier : « Inadmissible » 1 Oui, il est difficile d'admettre que des protestants parlent ainsi des incroyants et des chrétiens et citent les paroles de Paul aux Corinthiens à propos de l'échec d'un concile qui n'est, c'est prouvé, qu'une oeuvre humaine. Pourquoi donc les protestants ont-ils mis leur espérance dans une entreprise d'une telle fragilité ? N'auraient-ils pas mieux fait de prendre leur Bible et d'aller sur les places publiques proclamer le glorieux message évangélique à ces foules trompées et déçues par une religion qui refuse d'obéir à la Parole de Dieu ? Mais laissons encore la parole à l'envoyé spécial de « Réforme » -

« ... L'épilogue lamentable de cette session était certes prévisible selon la malice des hommes pour quiconque a suivi le farouche affrontement des deux « fidélités » opposées selon l'art oratoire d'un commentateur catholique, il n'en demeure pas moins vrai qu'il est inadmissible pour l'espérance et pour la foi dans la sagesse de Dieu!

« Nous avons suffisamment dit, dès le début de cette session, que la minorité conservatrice catholique, détentrice du pouvoir effectif, cherchait à bloquer le Concile par tous les moyens. Elle désirait que cette session soit la dernière, elle est intervenue à chaque instant pour déformer les textes, les affaiblir, les édulcorer, elle l'a fait avec toute la gamme de moyens dont elle dispose... »

Mais la déception la plus grande a été causée par l'ajournement de la déclaration sur la liberté religieuse, finalement adoptée à la dernière session, sous la pression des consciences et par crainte que le monde ne juge sévèrement un nouveau renvoi...

« ... à la clôture Paul VI déclare calmement que le manque de temps n'a pas permis de la promulguer. C'est à peine croyable. C'est en tout cas un acte manifestement anticonciliaire où 300 évêques au grand maximum ont dominé les quelques 2.200 autres. L'argument fallacieux des premiers - combien de fois ne l'ai-je pas entendu à Rome ? - était que cette déclaration devait être parfaitement au point puisque le monde entier l'attendait.

«Frères catholiques, puis-je vous dire que le monde n'a jamais rien attendu sur ce point de l'Eglise romaine et que désormais, après ce double retard, il l'attend moins que jamais. Vous vous êtes disqualifiés pour traiter de la Liberté. Vous auriez dû être les premiers à en parler, voici des siècles... Maintenant vous avez perdu une occasion et quoi que proclame la session de 1965 elle ne pourra pas réparer le mal. » («Réforme », No 1028).

Au surplus, à la surprise générale, surtout des « observateurs », le pape a déclaré lors de la cérémonie de clôture de la 3e session :

« Nous souhaitons qu'avec la promulgation de la constitution sur l'Eglise, couronnée par la proclamation de Marie, mère de l'Eglise, c'est-à-dire de tous les fidèles et de leurs pasteurs, le peuple chrétien s'adresse à la Vierge avec plus de confiance et d'ardeur encore et qu'il lui rende le culte et l'honneur qui lui sont dus. »

Sans doute ces paroles du pape ne changent-elles ni les desseins de Dieu ni le contenu des Ecritures. Cependant, elles témoignent une fois de plus de la liberté que se permet Rome à l'égard des Ecritures et de l'absence totale de toute inspiration du Saint-Esprit dans de pareilles (4 proclamations ». D'ailleurs, l'action de l'Esprit-Saint ne devait pas être aisée au milieu d'une assemblée aussi divisée, puisqu'on a parlé de « forces obscures et rétrogrades, de la majorité anti-Curie, de ceux qui sont sous la coupe d'Ottaviani, de manigances, d'intégristes et de progressistes, de réformistes et de libéraux, d'ultimes batailles, de solutions de compromis, de situations paradoxales et irritantes... etc... etc... ».

Enfin, voici un court passage de la « Lettre pastorale » de l'évêque de la Martinique, publiée dès son retour du concile :

«Sont pleinement incorporés à l'Eglise ceux oui, ayant l'Esprit du Christ, acceptent l'organisation de l'Eglise, les moyens de salut qu'elle offre à ses fils dans les sacrements, la direction de ses chefs, Pape et Evêque. Ne peuvent être sauvés ceux qui, sachant que l'Eglise catholique a été établie par Dieu, refusent cependant d'entrer en elle ou de demeurer en elle... »


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