Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA BIBLE ET LES SCIENCES.

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APOLOGÉTIQUE.

Si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes crieront. (Jésus-Christ.)


PREMIER ARTICLE.

Il ne faut pas s’étonner que les incrédules savants se moquent de nous et traitent la Bible avec un mépris croissant, quand ils nous voient tomber dans le piège des démonstrations scientifiques pour leur persuader la vérité chrétienne, au lieu de nous tenir sur le rocher de la foi et de les attaquer avec la folie de la prédication.

Qu’y a-t-il de commun en effet entre la Bible et les sciences, entre les dogmes révélés de Dieu et les découvertes faites par les hommes?

Il n’y a qu’une chose, c’est l’entendement humain; encore ne faut-il affirmer cela que dans un sens vague et très général. Dieu s’adresse à l’homme comme à un être intelligent, et l’homme cherche à s’instruire au moyen de son intelligence; voilà ce qu’on peut dire de plus précis; mais il y a une différence totale entre l’œuvre de l’un et l’œuvre de l’autre.

L’œuvre de Dieu a pour objet l’homme lui-même; la méthode que Dieu emploie, c’est la RÉVÉLATION; la fin qu’il se propose, c’est notre salut éternel. Mais les travaux scientifiques de l’homme ont pour objet la nature, le monde sensible; sa méthode, c’est l’observation, ou l’étude des faits; la fin qu’il se propose, c’est la connaissance de la nature.

Comment donc la science et la Bible pourraient-elles entrer en lutte, se heurter, se contredire mutuellement, si on ne les sort pas de leurs sphères respectives?

Ou comment pourraient-elles s’appuyer l’une l’autre, corroborer mutuellement leurs données et se fondre ensemble dans une véritable unité, si on ne les force l’une et l’autre à quitter les rôles très différents qui leur sont assignés par la nature des choses?

C’est cependant ce qu’on a tenté de faire bien souvent.

Par exemple, les incrédules ne cessent d’attaquer la Bible au nom de l’astronomie, depuis que Galilée a découvert le mouvement diurne.

N’est-il pas écrit, disent-ils, que Josué arrêta le soleil et la lune pour prolonger un jour de bataille et s’assurer la victoire?

Oui, cela est écrit; et même la Bible dit expressément (Jos. X, 13,14) que le soleil s’arrêta au milieu du ciel et ne se hâta point de se coucher environ un jour entier.

Donc la Bible n’est pas de Dieu; car si l’écrivain eût été inspiré, il aurait su que, pour obtenir la prolongation du jour, il fallait suspendre, non la course du soleil, mais la rotation de la terre.

Voilà les chrétiens fort embarrassés; ils s’ingénient à expliquer ce verset pour le mettre d’accord avec la science; et à force de le tordre, de l’étirer, de le retourner, de l’embrouiller, ils parviennent à lui ôter son sens naturel, qui est clair, net et précis. Et les savants de rire sous cape, en voyant jusqu’où peut aller l’obséquieuse dextérité des théologiens. (L'Église romaine n'y fait pas tant de façons: elle a contraint Galilée à renier avec serment sa belle découverte; et l'on assure qu’aujourd'hui - en 1858 - encore les professeurs du séminaire de St Sulpice, & Paris, enseignent que la terre est fixe et que le ciel tourne autour d'elle.)

Au lieu de se convertir à la Bible, ils s’en détournent plus que jamais.

Le moyen de respecter un livre que ses défenseurs nés respectent si peu?

Quoi donc, me dira quelque chrétien timoré, le verset dit-il vraiment que le soleil s’arrêta? Vraiment.

Mais alors....

Rassurez-vous, mon ami; Josué n’était point astronome; et le SAINT-ESPRIT AVAIT BIEN AUTRE CHOSE À FAIRE DANS CE MOMENT-LÀ, QUE DE LUI ENSEIGNER LA THÉORIE DU MOUVEMENT DIURNE.

On était au fort d’une bataille, les Hébreux ne pouvaient venir à bout de leurs ennemis: le général hébreu prie; puis il ordonne au soleil de s’arrêter; et quand il a vaincu, il couche par écrit le récit de sa double victoire.

Pourquoi voulez-vous donc qu’il raconte les choses en termes scientifiques, et qu’il nous donne à cette occasion un cours d’astronomie?

En vérité vous êtes plaisants les uns et les autres, incrédules et croyants.

Que nous resterait-il à faire ici-bas, si Dieu nous avait révélé les sciences dans sa Bible?

Celle-ci nous a bien été donnée pour nous instruire d’une science, mais d’une seule, LA SCIENCE DU SALUT; parce que l’homme n’aurait pu la découvrir par ses propres lumières.

Quant aux autres sciences, faites-les vous-mêmes, en étudiant la nature. Et si vous m’en croyez, vous apporterez en même temps tous vos soins à écouter ce que la Bible vous dit de votre misère, du jugement de Dieu, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, en un mot de TOUT CE QUI CONCERNE VOS INTÉRÊTS ÉTERNELS.


Mais n’y cherchez pas la solution des problèmes astronomiques; vous perdriez votre temps.


***

Citons encore un exemple, celui du déluge.

Il s’est trouvé des savants qui ont révoqué en doute l’histoire de ce grand cataclysme, se fondant sur toutes sortes de considérations; ils auraient voulu entre autres qu’on leur montrât sur le sol des traces du séjour des grandes eaux.

À cette demande, des savants chrétiens se sont mis aussitôt à chercher; et voici deux de leurs plus fameuses découvertes. Scheuchzer, naturaliste zurichois, trouva dans le siècle dernier, près du lac de Constance, des ossements fossiles qui ressemblaient à des portions du squelette humain. Il les arrangea et reconstruisit une sorte de corps, qui avait trois pieds de long. Cela ne ressemblait à aucun animal connu, mais bien quelque peu à l’homme. Et Scheuchzer d’écrire mémoires sur mémoires, pour faire connaître au monde ce qu’il appelait un homme témoin du déluge.

Comme ce savant était fort estimé et digne de l’être, on le crut, et les incrédules eurent la bouche fermée pour quelque temps. Je vous dirai bientôt la fin de l’histoire.

Au bout d’un certain nombre d’années, comme on avait oublié le fossile de Constance, monsieur de Voltaire, qui avait juré de détruire le christianisme, recommença la croisade scientifique contre la Bible, et il se mit à vilipender entre autres l’histoire du déluge et à la traiter de fable. Mais comme on commençait alors à remarquer les coquilles fossiles de nos montagnes, les chrétiens en tirèrent avidement parti.

Ces coquilles n’avaient pas crû là comme des champignons; d’où venaient-elles, si non des eaux marines que le déluge avait promenées sur toute la face du globe?

Voilà les incrédules encore une fois réduits au silence. Mais Voltaire ne se laissait pas si aisément fermer la bouche: il répondit avec la stupide naïveté qui caractérise généralement ses élucubrations, que ces coquilles avaient été semées par les pèlerins qui, depuis plusieurs siècles, allaient en foule de lieux en lieux pour adorer quelque saint de renom.

Hé bien! que diraient aujourd’hui et Voltaire et les chrétiens de son temps, s’ils voyaient la multitude de fossiles, non seulement de coquilles, mais de poissons, de reptiles, de bêtes à quatre pieds, d’insectes, d’arbres et de plantes, que l'on trouve dans l’intérieur des rochers?

Sont-ce les pèlerins qui les y ont introduits?

Est-ce le déluge qui les y a déposés?

Ni l’un ni l’autre. Incrédules et croyants, tous se trompaient. Et nous voilà privés d’un argument qu’on croyait irréfutable. Reste le fameux fossile de Scheuchzer. Hélas! il a perdu, lui aussi, sa valeur apologétique. Cuvier l’a étudié soigneusement; et il a reconnu que le prétendu homme témoin du déluge n’était qu’une salamandre gigantesque.

Aujourd’hui ou sait que cette salamandre a vécu et a péri très longtemps avant qu’il y eût des hommes sur la terre.

Que va devenir notre histoire biblique du déluge, maintenant qu’elle est destituée de toutes ses preuves scientifiques?

Elle deviendra ce qu’elle pourra, mes amis. Si elle est véritable, comme cela est certain, elle subsistera par sa propre force, qui est celle de la Parole de Dieu. Et dût-on ne trouver jamais sur le sol de nos continents une seule trace de cette inondation passagère, nous n’en admettrions pas moins comme vrai le récit de Moïse, PARCE QU’IL EST CONTENU DANS LE LIVRE DE DIEU.

Cette raison est suffisante pour notre foi; et nous ferons voir bientôt qu’elle doit suffire à tout homme de bon sens, pour l’ensemble des récits que renferme la Bible.

Mais encore, disent quelques-uns, pourquoi ne voulez-vous pas que la science humaine serve la religion?

Elle la sert fort bien, mais autrement que vous ne le pensez.

Vous voudriez qu'elle démontrât expressément la vérité de la Bible, c’est-à-dire son inspiration divine, ce qui est une vérité essentiellement religieuse, une vérité de foi. Mais si la science y parvenait, cela prouverait justement que l’homme trouve en lui la vérité de Dieu, qu’il n’a pas besoin d’une révélation, et que par conséquent la Bible n’en est pas une.


Le christianisme se trouverait ainsi rabaissé au niveau du naturalisme, et l’on en conclurait avec raison qu’il est de création humaine. La persistance que les incrédules mettent à le traiter de fable, au nom de la science, prouve au contraire qu’il les dépasse de toute la hauteur des cieux, que l’homme était incapable de le concevoir et de le produire, et qu’il est par conséquent d’un autre ordre que la science humaine. Les dénégations de celle-ci le servent donc bien mieux que ne le feraient ses démonstrations; puisqu’elles confirment ce que le christianisme dit de lui même, à savoir qu’il est au-dessus de la portée de l’homme naturel.

La sagesse humaine reniant le christianisme,

celui-ci ne peut avoir été produit par elle.

D’où il suit que le christianisme est une folie ou qu’il vient de Dieu.

On ne peut échapper à ce dilemme.

Les sciences exactes (comme elles se nomment) ne connaissent pas Dieu, elles l’ignorent. Ce sont les poètes, disent-elles, qui ont inventé les religions, en décrivant sous les noms d’esprits, de dieux, de ciel et d’enfer, comme sous des images brillantes ou terribles, les faits du monde actuel; ils ont transformé toutes choses selon le caprice de leur imagination, c’est-à-dire par un procédé analogue à celui de la folie; et il n’y a que les niais qui prennent ces rêveries pour des réalités.

La science, qui ne croit que ce qu’elle voit, qui cherche et décrit les faits, les faits réels, nus, tels qu’ils se présentent dans la nature, se rit du jeu des poètes. Les esprits, les dieux ou un seul Dieu, la vie à venir, ne se rencontrent point dans la nature. L’homme naturel ne les y voit que par une fantaisie de son imagination. La Bible est donc un recueil de poésies; un poème, si vous le voulez; une magnifique épopée, si cela vous fait plaisir; mais c’est tout.

Voilà, en dehors du sentiment religieux, le vrai langage de la science, le seul qu’elle puisse tenir. Le christianisme est donc nécessairement une folie à ses yeux.

Mais comme cette folie me sanctifie en me rendant heureux, j’en conclus qu’elle est la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu, en salut à tout croyant.

O mes amis chrétiens, nous n’aimons pas assez la vérité, parce que nous ne croyons pas assez en elle. Il faut qu’elle fasse son chemin elle-même; et elle le fera, car NOUS N’AVONS AUCUNE PUISSANCE CONTRE LA VÉRITÉ.

Proclamons-la sans relâche, c’est tout ce qu’elle demande; mais n’essayons pas de lui venir en aide par des moyens contraires à sa nature.

Le mensonge règne dans le monde, notre coeur en est plein; chassons le mensonge, ôtons-le de nos pensées et de nos oeuvres; ne l’employons à rien, pas même au service de la vérité; ce serait la desservir.

Ne tordons pas les Écritures pour les mettre d’accord avec les faits de la science.

Un fait est un fait; on ne peut le supprimer, ni l’amoindrir, ni l’agrandir, quelque effort qu’on fasse pour cela.

Le fait reste ce qu’il est, ce que Dieu a voulu qu’il fût.

Si les faits de la Science, lesquels sont de Dieu, ne se trouvent pas d’accord avec ceux des Écritures, lesquels sont aussi de Dieu, ne vous en alarmez point, ne vous en étonnez pas même; il y a beaucoup de telles choses en Dieu.

Qui a connu ses voies?

Qui a pénétré sa pensée?

Ses jugements sont un grand abîme!

Allons au plus pressé, qui est d’achever notre sanctification dans la crainte du Seigneur; il y a assez à faire là, et nous n’avons que peu de temps.

Laissons à Dieu lui-même le soin de se justifier devant la raison de ses adversaires; mais supplions ceux-ci de ne pas laisser écouler le temps de sa patience.

Tâchons de les réconcilier avec lui,

non par la science,

MAIS PAR LE SANG DE CHRIST.


H. BEHTHOUD.

Le chrétien évangélique 1858

 

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