La plus grande des vérités chrétiennes, c’est l’amour de la vérité.
PASCAL.
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Jamais
on ne fait le mal si pleinement et si gaiement que quand on le
fait par conscience.
PASCAL.
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C’est par un miel goûté au bord du vase, par cet acompte pris sur les joies futures de la piété chrétienne, que bien des âmes ont été gagnées; mais il n’en reste pas moins vrai que c’est dans la conscience, dans les remords, dans l’humiliation, que doit s’ensevelir, pour en sortir plus tard, verdoyant et fleuri, le germe de notre résurrection morale.
VINET.
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Un poète grec prétend que la plus vive des jouissance est la soudaine délivrance de la douleur. Il y a un bonheur plus noble et plus grand: le ravissement d’une conscience soudainement délivrée d’une pensée coupable.
E.-L.. BULWER.
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La charité a quelquefois pour vraie forme la rudesse; la douceur est quelquefois une trahison; il peut y avoir de la charité dans la véhémence et dans l’indignation.
VINET.
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IL FAUT...; JE PEUX...; JE VEUX....
«Il faut..., il faut..., quelle herbe amère!»
Votre croix est pesante; quoi d’étonnant?
À la question: «Comment va-t-il?»
Vous répondez: «II faut bien souffrir!»
IL FAUT... DURE PAROLE.
Deux mots adoucissent pour moi toutes les souffrances:
JE PUIS et JE VEUX;
LE DERNIER EST LE MEILLEUR;
le premier (je puis) rend la croix supportable,
LE SECOND LA REND AGRÉABLE.
Comment va-t-il?
«Tolérablement;»
cela peut aller.
Comment va-t-il?
«BIEN;»
c’est être heureux.
Ne dois-je donc pas souffrir?
Certainement; il le faut. C'est par beaucoup d'afflictions que nous devons entrer dans le royaume de Dieu. (Act. XIV, 22.)
Jésus dut souffrir. (Luc XXIV, 26.)
Dieu l’a ainsi voulu dès l’éternité; sa volonté doit s’exécuter. Sa parole l’a déclaré; CE QU’ELLE DÉCLARE S’ACCOMPLIRA.
Je suis homme; l’homme est un petit monde. En lui se résument, comme en un centre, toutes les souffrances du monde.
Ainsi donc, je dois souffrir, parce que je suis homme.
Je suis chrétien; le chrétien porte la croix: Christ dans le cœur, sa croix sur les épaules. Je DOIS donc souffrir, parce que je suis chrétien.
Combien j’aime mieux dire: «JE PUIS SOUFFRIR;» car je puis tout en Christ, qui me fortifie! (Phil. IV, 13.)
Si je suis sans force, je puis cependant porter ce dont Dieu me charge: faible en moi, FORT EN DIEU.
Sa force s’accomplira dans mon infirmité; car c’est ainsi qu’il préfère se glorifier.
Je ne ferai point à Dieu l’affront de m’écrier:
«C’est insupportable; je n’y tiens plus!»
Dieu, qui porte le ciel et la terre, serait-il si faible qu’il ne pût porter ni moi, ni mon épreuve?
Ou bien, serait-il si impitoyable, qu'il chargeât sur mes épaules un fardeau qui dépasserait mes forces?
Certes non. La croix recèle la plus haute puissance de Dieu dans l’homme.
Mais je ferai mieux encore; je dirai à la croix: «JE VEUX TE PORTER.»
Cette détermination suffira pour l’enlever et la rendre légère.
Si je m’enfuyais, en lui tournant le dos, elle me poursuivrait sans relâche. En l'abordant en face, en l’accueillant comme un hôte bienvenu, en l’invitant à accomplir son œuvre jusqu’au bout et quoiqu’il arrive, la scène change et la victoire m’appartient.
Rappelons-nous, chers amis, que:
LA VOLONTÉ DE DIEU DEVIENT LA NOTRE
DÈS QUE NOUS VOULONS LA SIENNE.
Si je supporte volontairement, Dieu prend plaisir à m’épargner.
Notre volonté soumise lui suffit.
Plus vite elle est gagnée,
plus tôt nous sommes délivrés.
MULLER 1664.
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L’homme est esclave et porte sa chaîne; mais il n’est pas né pour cela; il n’a pas perdu l’espoir de recouvrer sa liberté; si nous nous sentons déjà heureux d’avoir pu comprimer une convoitise, combien le serons-nous davantage lorsque, la chaîne tombée, il ne s’agira plus seulement de comprimer!
Oui certes, l’homme est grand et d’origine divine; mais celui qui le sent perd précisément alors l’envie de s’en vanter; les larmes lui viennent aux yeux en voyant comment ce grand et ce divin est, contre sa nature, comprimé en nous, lorsqu’il devrait dominer.
CLAUDIUS.
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Les tentatives de délivrance que l'homme essaie dans le domaine des sciences et des arts sont dignes de louanges et nobles; mais ces derniers (les arts) ne sont tout au plus, — les anciens le savaient déjà,— qu’un moyen et nullement le but.
Celui qui en fait le but de ses efforts et s’y attache, vend son droit d’aînesse pour un potage aux lentilles; descend de cheval dans le désert pour faire admirer sa monture et l’admirer lui-même, tandis qu'il devrait s'en servir pour gagner la terre promise et l'asile hospitalier.
CLAUDIUS.
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Regardez aux idées plus qu’aux mots, et aux sentiments plus qu’aux idées. Le sentiment ou l’affection est la véritable réalité morale. Combien d’hérésies de pensées se corrigent dans le cœur! Et, en revanche, combien d’orthodoxes dont le cœur est hérétique! On nous refuse le mot, on nous concède la chose, ou bien on nous refuse la chose en nous accordant le mot.
VINET.
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Le chrétien évangélique 1858
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