Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE I.

Qu'est-ce que la Bible?

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La Bible est la Parole de Dieu.


Pour comprendre tout ce que renferme cette définition, représentez-vous que Dieu même, suspendant les lois de la nature, daigne vous parler face à face. Le ciel s'ouvre; une voix en descend, accompagnée de ces prodiges et de cette majesté qui attestent la présence du Maître de l'univers. Aucun doute n'est possible: c'est le Juge des vivants et des morts qui veut vous apprendre les secrets du temps et de l'éternité.

À l'ouïe de cette Parole souveraine, quelle profonde émotion, quel saint tremblement vous fait baisser le front dans la poudre! Les plus indifférents sont attentifs, et les plus légers deviennent sérieux. Vos passions se taisent; vous oubliez vos intérêts d'un jour; la terre disparaît à vos yeux; car vous sentez qu'il y a ici quelque chose de plus important pour vous que tous les biens visibles. Une seule et grande pensée vous domine: écoutons ce que dit le Seigneur!

Qui d'entre vous, dans ce moment solennel, refuserait de prêter l'oreille à la voix de Dieu? Qui oserait opposer à l'Intelligence infinie et infaillible les arguments de sa faible raison? Ne voyez-vous pas devant les rayons du soleil éternel qui vous inonderait de sa pure lumière, s'obscurcir et tomber le pâle flambeau qui tremble dans vos mains?

Seriez-vous assez insensés pour contester le droit de Dieu? Lui diriez-vous: Mon autorité propre vaut la tienne; j'accepte la moitié de tes révélations, et je rejette l'autre; je te suivrai jusque-là, mais je n'irai pas plus loin?

Ah! si le Créateur et le Conservateur des mondes vous parlait face à face, il nous semble que vous le béniriez du fond de vos âmes de vous avoir accordé une si grande faveur, et que vous lui demanderiez à genoux une seule chose de plus: la grâce de comprendre sa Parole et d'y obéir.

Eh bien! Notre supposition est une réalité. Dieu a parlé aux hommes; il leur a parlé plusieurs fois et en plusieurs manières, par les Prophètes, par les Apôtres, par son propre Fils; et c'est ce que vous déclarez vous-mêmes, quand vous dites: La Bible est la Parole de Dieu.

Cette Parole a-t-elle moins d'autorité pour avoir été écrite, au lieu de nous être directement adressée? Mais qu'importe la manière dont le Seigneur se révèle à nous? Qu'il le fasse par une voix vivante ou dans un livre, ses révélations ne changent point de caractère, et la seule question est de savoir s'il nous a réellement parlé.

On conçoit aisément, quand on veut y réfléchir, pourquoi Dieu nous a fait connaître ses commandements par les Écritures plutôt que de vive voix. Prenez une génération quelconque dans la durée des âges, et supposez que le Seigneur lui parle du haut des cieux: que deviendront les générations suivantes, si cette parole n'est pas aussitôt reproduite et fixée dans un livre?

L'enseignement divin, passant de bouche en bouche, et de siècle en siècle, ne sera-t-il pas défiguré par des inventions humaines? et l'erreur n'y occupera-t-elle pas bientôt une plus grande place que la vérité? Imaginez davantage; supposez que Dieu parle directement à chaque génération: ne serait-ce pas encore une moindre faveur et une méthode plus incertaine que celle d'une révélation écrite? Le Seigneur ne nous parlerait qu'une seule fois dans tout le cours de notre vie, tandis qu'il veut nous parler continuellement dans les saints livres. Formez toutes les conjectures possibles, et vous reconnaîtrez que la voie choisie de Dieu pour se communiquer à nous, loin de diminuer cette précieuse bénédiction, n'a fait que l'agrandir et la perpétuer.

Répondra-t-on qu'une révélation directe serait plus authentique, plus certaine qu'une révélation écrite? Nous pensons, au contraire, qu'au bout de quelque temps elle le serait beaucoup moins. Sans doute, elle nous frapperait plus fortement au premier abord; mais après quelques années, après quelques mois peut-être, l'incertitude renaîtrait dans nos âmes. On se demanderait: Avons-nous bien entendu la Parole du Seigneur? L'avons-nous fidèlement retenue?

Et alors, sans la Bible, à qui recourir? Le ciel est rentré dans son auguste silence; tout l'univers est muet; plus d'écrit qui mérite notre entière confiance; point d'être humain dont les souvenirs soient revêtus d'une suffisante autorité. Oh! qu'il nous vaut mieux avoir un livre dont le langage est toujours le même, un livre qui ne peut ni s'altérer ni périr! Et combien nous te rendons grâces, ô notre Dieu et notre Père, de nous avoir donné cette sainte Écriture qui demeure éternellement!

Nous n'avons pas dessein de prouver ici la divine inspiration de la Bible. Les hommes les plus éminents par la science et par le génie l'ont fait tour à tour, depuis dix-huit cents ans. On dirait que Dieu les a envoyés, d'époque en époque, pour ranimer, par leurs admirables travaux, la foi toujours prête à défaillir dans le cœur des pauvres créatures humaines. Ils ont étudié le sujet sous ses aspects les plus divers; et, après avoir soigneusement examiné l'histoire, la prophétie, les miracles, la doctrine et la morale du volume sacré, ils ont adopté, sous une forme ou sous une autre, cette conclusion d'un profond penseur du dernier siècle (Locke.): «La Bible a Dieu pour auteur, le salut pour fin, et la vérité sans aucun mélange d'erreur pour contenu

Qu'il nous soit permis, cependant, de citer en faveur de la divinité des Écritures les naïves déclarations de quelques pauvres sauvages nouvellement convertis.

Un prince africain, nommé Haïmbanna, vint à Londres, des environs de Sierra Leone, en 1791. On prit beaucoup de soins pour le convaincre de la divine inspiration de la Bible. Il fut enfin persuadé. On lui demanda quelle était la preuve qui avait produit sur son intelligence l'impression la plus forte, et il répondit: «Quand j'ai vu tous les gens de bien respecter la Bible et lui donner le nom de Parole de Dieu, et tous les hommes pervers la mépriser, j'ai compris qu'elle doit être effectivement ce qu'elle est pour les gens de bien: la Parole de Dieu.»

Voici une autre fait qui s'est passé, il y a peu d'années, dans une des îles de la mer du Sud. Des marins étrangers y entendirent, dans une assemblée de missions, la doctrine de l'Évangile annoncée par des indigènes. Là-dessus une discussion s'éleva entre eux; quelques-uns prétendaient que ces insulaires ne faisaient que répéter machinalement la leçon qu'on leur avait enseignée. Pour vider le débat, ils s'adressèrent à l'un des missionnaires. Celui-ci invita les étrangers à revenir l'après-midi. Douze à quinze natifs furent appelés à cette nouvelle réunion. Le missionnaire se contenta de leur dire: Ces messieurs veulent vous faire quelques questions.

Les marins leur demandèrent alors: Croyez-vous que la Bible soit la Parole de Dieu?

Certainement nous le croyons, s'écria l'un d'eux au nom de tous.

Mais sur quoi le croyez-vous? Pouvez-vous nous donner de bonnes raisons pour montrer que la Bible est la Parole de Dieu?

Oui, répondit l'insulaire qui avait déjà parlé. Voyez avec quelle puissance la Bible a renversé de fond en comble les coutumes auxquelles nous avions été assujettis de temps immémorial. Pensez-vous que des raisonnements humains auraient pu abattre cette vieille idolâtrie qui pesait sur nous? Non, assurément, et la Bible, étant venue à bout d'une pareille tâche, ne peut pas être un livre d'homme.

Je crois que la Bible est la Parole de Dieu, dit un deuxième indigène, à cause de l'excellente religion qu'elle contient. Nous avions aussi une religion, nous, mais que c'était une misérable chose en comparaison du salut qui nous est annoncé dans la Bible! Là nous apprenons que nous sommes pécheurs, que Dieu nous a donné son Fils Jésus-Christ pour mourir à notre place, et que nous sommes sauvés par cette œuvre d'amour. Or, ce système de grâce, d'où peut-il venir sinon de la sagesse de Dieu? Et cette même doctrine qui nous sauve ne nous conduit-elle pas à la sainteté?

Quant à moi, dit un troisième insulaire, en se servant d'une comparaison empruntée à la simplicité de ses idées, lorsque je me regarde moi-même, je trouve que tout mon corps est pourvu de ressorts admirables. Si je veux saisir quelque chose, j'ai des ressorts dans mes mains pour exécuter ma volonté; s'il me vient une pensée, et que je veuille l'exprimer, j'ai des ressorts qui font mouvoir ma langue et mes lèvres; si j'ai l'intention de marcher, j'ai dans mes pieds des ressorts qui m'obéissent. Je reconnais que c'est Dieu qui a si merveilleusement arrangé mon corps. Et comment ne reconnaîtrais-je pas aussi que c'est lui qui a fait la Bible, puisqu'elle s'adapte si bien à tous les besoins de mon âme? Oui, la Bible est la Parole de Dieu, comme mon corps est l'ouvrage de Dieu.

Méditons sur les réponses de ces humbles chrétiens, qui ne se sont pas égarés en cherchant beaucoup de discours (Ecclés. VII, 29 — voici ce que j’ai trouvé, c’est que Dieu a fait les hommes droits; mais ils ont cherché beaucoup de détours.); et, sans entrer dans de stériles controverses, comprenons bien ce que doit être pour nous un livre que nous regardons comme divinement inspiré.

La Bible étant la Parole de Dieu, il en résulte, d'abord, qu'elle nous est nécessaire. Aucune œuvre du Créateur n'est inutile. Il n'y a pas, sur toute la face du globe, un seul brin d'herbe, un seul grain de sable qui n'ait sa nécessité dans l'ensemble des êtres, et qui ne concoure à maintenir l'ordre universel. Comment donc le Seigneur eût-il fait une chose inutile dans l'œuvre qui émane le plus immédiatement de son Esprit? S'il a donné la Bible à tous, c'est qu'elle est certainement nécessaire pour tous.

Il y a plus. Quand on réfléchit que la Bible est le travail d'une longue suite d'écrivains inspirés; qu'il a fallu quinze siècles pour achever cet admirable monument des révélations d'en haut; que, dans cette vaste période qui embrasse plus du quart de la durée actuelle du monde, le Seigneur a construit, jour par jour, pierre à pierre, pour parler ainsi, l'édifice des Écritures; qu'il a fait concourir à ce grand dessein tous les peuples et tous les événements de l'histoire, et qu'il y a joint ce qu'il pouvait seul accomplir, des miracles sans cesse renouvelés, depuis ceux de Moïse jusqu'à ceux de l'âge apostolique: à ce magnifique spectacle, ce serait trop peu de dire que la Bible nous est nécessaire; il faut ajouter qu'elle est pour nous d'une nécessité suprême, et qui dépasse toutes nos conceptions.

La Bible étant la Parole de Dieu, il en résulte encore qu'elle est vraie dans le sens le plus élevé du mot, vraie d'une vérité absolue,

  1. Dieu possède la toute-science: comment se tromperait-il?

  2. Dieu est la vérité même dans son essence immuable: comment voudrait-il nous tromper?

Les hommes tombent dans l'erreur par infirmité d'esprit, ou enseignent l'erreur par calcul. Notre propre intelligence nous égare; notre cœur nous séduit et nous enveloppe de ténèbres. De quelque côté que nous tournions les yeux, l'illusion et le mensonge nous assiègent; mais Dieu sera toujours reconnu véritable. «Il a dit, et ne le fera-t-il point? Il a parlé, et ne le ratifiera-t-il point (Nomb., XXIII, 19.)?»

Ce caractère de vérité entraîne celui de perpétuité. Le faux passe, n'ayant rien de solide hors de soi pour le soutenir; le vrai demeure, parce qu'il est appuyé sur la réalité des choses. La Bible a vu s'élever devant elle et contre elle des milliers de systèmes, puis elle les a vus s'évanouir. Seule, depuis les temps anciens, elle est restée debout; seule, elle subsistera encore, lorsqu'il n'y aura plus de temps. Dépositaire de la vérité qui est en Dieu, elle partage son immutabilité. «Le ciel et la terre passeront, a dit le Seigneur, mais mes paroles ne passeront point (Matth., XXIV, 35.)

Voilà donc un fondement stable et assuré. Laissons les enfants du siècle s'épuiser vainement à découvrir les bases de la certitude. Qu'ils essaient d'établir sur ce qu'il y a de plus variable au monde, sur la pensée humaine, des convictions invariables: nous avons, nous, une ancre ferme qui nous garantira du naufrage. Et combien ne doit-il pas nous être précieux de pouvoir dire:

J'ai dans ma Bible une révélation certaine, immuable comme le Dieu qui l'a enseignée, quand nous contemplons la ruine immense des systèmes humains, et que nous voyons les hommes les plus illustres emportés çà et là à tous vents de doctrine, jusqu'à ce qu'ils s'en aillent mourir sur un écueil; l'esprit vide et le cœur désespéré?

Enfin la Bible étant la Parole de Dieu, son contenu est absolument obligatoire pour toute créature humaine.

S'il y a quelque part une obligation sainte et inviolable, elle est là. Nous appartenons entièrement, corps et âme, pour la vie présente et pour la vie à venir, à Celui qui nous a créés; nous sommes à lui, avant d'être à nous-mêmes. Or, c'est le Dieu qui possède sur nous ce droit primitif et souverain, c'est le Roi des rois qui parle dans les Écritures. C'est lui qui nous y révèle sa loi; et pourrions-nous, sans folie, chercher ailleurs la règle de nos actions? Le Seigneur commande: il suffit. Ou nous sommes les plus inconséquents de tous les êtres, ou nous obéirons. «Parle, ton serviteur écoute (1 Sam., III, 10.):» c'est le langage de la raison aussi bien que celui de la foi, pour quiconque admet sincèrement la divine inspiration de la Bible.

Quel privilège de connaître cette infaillible autorité! et quelle sagesse d'y obéir! Nous vivons dans un siècle où l'esprit d'insubordination a soufflé sur les âmes. On ne veut plus relever que de soi; les supériorités de l'âge, de la science, du pouvoir humain, ont été méconnues; et qu'en est-il résulté?

L'homme a toujours besoin d'un maître; à défaut d'un bon, il en prend un mauvais. Indépendant du devoir, il devient esclave des passions, et jamais la créature n'a gémi sous une servitude plus honteuse que depuis qu'elle a prétendu s'affranchir de tout frein religieux et moral.

Heureux donc celui qui cherche dans les Écritures la volonté de Dieu, et qui, l'ayant trouvée, y subordonne la sienne! Nous ne voulons aujourd'hui rien de moins pour nous soumettre, mais aussi que pourrions-nous vouloir de plus?

Nécessité, vérité, perpétuité, autorité, tout ce qu'il y a de plus essentiel pour nos âmes est donc renfermé dans cette simple et courte définition: LA BIBLE EST LA PAROLE DE DIEU.

On s'explique ainsi pourquoi la sainte Écriture a inspiré à tant de chrétiens un attachement si profond qu'ils l'ont placée au-dessus de tous les trésors du monde. Plusieurs ont sacrifié pour elle leur fortune, leur patrie, leurs joies domestiques, leur vie même. Ils l'ont portée dans l'exil et dans les déserts; ils l'ont élevée entre leurs bras sanglants jusque sur les degrés de l'échafaud: bénissant Dieu de leur avoir remis le sacré dépôt de sa Parole, et saluant d'un chant de triomphe ce glorieux étendard de leur foi, au moment où il ouvrait devant eux le chemin du ciel.

L'histoire ecclésiastique raconte qu'un chrétien d'Afrique, nommé Félix, ayant reçu l'ordre de livrer les Écritures qui appartenaient à son église pour être brûlées, répondit qu'il aimait mieux être brûlé lui-même que de commettre un tel acte d'apostasie. Il fut envoyé à Carthage devant le préfet du prétoire. Ce magistrat, irrité des refus de l'intrépide confesseur, le fit charger de chaînes et transporter en Italie. Pendant le voyage, le martyr demeura quatre jours au fond du vaisseau, sans boire ni manger, mais rien ne put ébranler sa résolution. Arrivé devant de nouveaux juges, on lui demanda encore une fois s'il avait les Écritures, et s'il consentait à les livrer. — Oui, je les ai, répondit Félix, mais je ne m'en séparerai jamais. Sur cette réponse, il fut condamné à avoir la tête tranchée. — Je te remercie, Seigneur, s'écria le fidèle martyr, de m'a voir permis de vivre cinquante-six ans pour garder et prêcher ta Parole. Je te donne volontiers ma tête en sacrifice, ô Seigneur Jésus, Dieu du ciel et de la terre, à toi qui es vivant de toute éternité!

Un pauvre matelot suédois a offert dernièrement un exemple non moins remarquable d'attachement pour le livre du Saint-Esprit. Nous laisserons parler un témoin oculaire. «Un vaisseau, venant de Stockholm, fut jeté sur nos côtes par une effroyable tempête, et complètement brisé. L'équipage poussait des cris de détresse, mais il était impossible de lui porter secours. La foule, rassemblée sur le rivage, contemplait dans une morne douleur cette scène épouvantable. Tous les matelots périrent à l'exception d'un seul. Celui-ci, soutenu par un débris du navire, fut jeté sur le bord, sans connaissance, moitié nu, et l'on se hâta de lui prêter assistance. Les spectateurs remarquèrent un petit paquet fortement attaché autour de sa ceinture par un mouchoir. — Qu'est-ce que cela? disait-on, et chacun faisait des conjectures à sa manière. — C'est son argent. — C'est sa montre. — Non, ce sont les papiers du bâtiment.

» On déplia le mouchoir, et quelle ne fut pas la surprise générale en voyant que c'était une Bible! Le matelot avait voulu la sauver, comme son meilleur trésor. Sur la feuille blanche de cette Bible il y avait une prière écrite par le père du marin. Il suppliait le Seigneur de convertir son fils et de le bénir.» Dieu avait entendu cette prière, et l'avait exaucée.


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