Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE PAIN JETÉ

SUR LA SURFACE DE L'EAU

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Par l'auteur de:

LES BONS VIVANTS...


Quelques soldats français étaient montés sur le bateau qui se rendait de Mayence à Manheim. Grands parleurs et grands rieurs, ils faisaient beaucoup de bruit sur l'avant du vaisseau, qu'ils occupaient presque en entier, et où leurs propos badins excitaient la joie de l'équipage. L'un d'entre eux, surtout, jeune homme d'une figure agréable et ouverte, multipliait ses Bons mots avec autant d'assurance que de vivacité, et sa voix dominait toutes les autres.

Pour moi, s'écriait-il, au moment où je m'approchai de ces groupes joyeux, je suis un bon vivant, et les bons vivants sont toujours heureux: oui, toujours.

Dieu veuille te montrer le contraire! lui répondis-je en mon esprit: et aussitôt je me sentis pressé du désir d'être utile à cette âme.

Mais quel est le chrétien qui ne sache combien d'obstacles l'égoïsme, la fausse honte et la crainte des hommes élèvent contre le généreux sentiment de la charité! Hélas! je les trouvai tous en mon mauvais cœur....

Laisse ces moqueurs, me dit la paresse. Pourquoi te fatiguer pour rien, auprès d'un homme grossier, corrompu et endurci?

D'ailleurs, ajouta la dureté, la Sainte Écriture te dit de ne pas donner les choses saintes aux chiens: et tu ne vois que trop ce qu'est ce soldat et tous ceux qui l'entourent.

Et surtout, me répétaient la timidité et le respect humain, pourquoi te mettre en montre devant tous les passagers et t'exposer à des railleries et peut-être à leur mépris? Contente-toi de prier pour ces gens-là. Dieu saura bien leur envoyer sa lumière, s'il le trouve bon. C'est là tout ce qu'une charité prudente et raisonnable demande de toi: demeure donc tranquille.

Non! répliqua la foi, et la charité de Dieu avec elle. Non! tu ne resteras pas tranquille lorsque tu peux faire le bien, et tu ne diras pas que ce jeune homme soit «un chien» indigne de recevoir la parole de Dieu, jusqu'à ce que tu aies vu que cette folie qu'il fait paraître est de l'impiété, ou une révolte incurable.

Que t'importe, aussi, poursuivit la foi, que les mondains t'approuvent, ou qu'ils te blâment? Agis-tu pour leur plaire; et ton Seigneur, lorsqu'il a chargé sur lui une croix, a-t-il craint les moqueries et l'infamie la plus accablante?

D'ailleurs, reprit la charité, qui te dira que non seulement ce soldat et ses camarades, mais que plusieurs des passagers aussi, ne recevront pas une instruction durable de tes paroles, lors même que peut-être, ils s'en seront d'abord moqués?

De toute manière, s'écria la fidélité, la pensée que tu as eue de reprendre cet homme et de l'enseigner, cette bonne pensée, est venue de Dieu; et malheur à toi si tu enfouis par ta lâcheté ce talent que le Seigneur te confie à cette heure!

Eh bien donc! dis-je secrètement à Dieu, j'obéirai. Que ton bon Esprit soit avec moi et qu'il bénisse ce que je vais faire!

Et que Dieu, Lecteur chrétien, vous accorde aussi la même grâce, toutes les fois que l'occasion vous est offerte de faire quelque bien à une âme ignorante ou égarée! Qu'alors en vous, aussi, sa parole et son amour triomphent de tout prétexte, de toute répugnance, de toute infidélité, et qu'il vous rappelle, comme il le fit à mon cœur, que LE DEVOIR DE L'ENFANT DE DIEU DOIT ÊTRE ACCOMPLI, SOUS LES YEUX DU SEIGNEUR, ET POUR LUI PLAIRE, À LUI SEUL.


***

Ce bon Dieu m'avait préparé l'œuvre dès le matin. En arrangeant mes effets, avant de partir, j'avais trouvé, parmi quelques papiers, un petit traité religieux, intitulé Les Bons Vivants. J'ignorais que je l'eusse encore; car depuis plusieurs jours j'avais regretté de n'avoir plus aucun traité à donner, croyant avoir distribué tous ceux que j'avais pris avec moi. J'avais donc mis ce traité dans ma poche, et lorsque j'entendis le soldat professer d'être «un bon vivant» je me rappelai cet écrit et j'eus la pensée de le lui donner.

C'était, en effet, celui qui pouvait le mieux convenir à cet homme. Non seulement son titre même s'appliquait au propos que le soldat avait tenu, mais encore les quatre pages de cette feuille semblaient avoir été écrites précisément pour répondre à l'exclamation du jeune homme et aux railleries de ses camarades, puisqu'elles mettent en scène des bons vivants, qui, après avoir entendu quelques mots sérieux sur la Bible, en concluent que, «si elle est vraie, ils ne sont que des impies; des ennemis de Dieu.»

Je pris donc à la main le traité, et m'avançant vers le soldat, je le lui offris et lui dis, en présence de ses camarades: «Vous êtes, avez-vous déclaré, un bon vivant, et vous vous êtes vanté d'être toujours heureux: Eh bien! lisez ceci; car c'est, vous le voyez, de bons vivants aussi qu'il y est parlé. Et que le bon Dieu, qui vous a entendu tout à l'heure, bénisse pour vous cette feuille!»

Amen! me dit un capitaine anglais avec qui j'avais eu dans la journée une conversation très agréable sur les choses du ciel, et qui s'était approché des soldats en même temps que moi. Dieu peut faire de grandes choses avec de bien faibles moyens, et combien de fois déjà n'a-t-il pas employé un humble écrit, tel que celui-là, pour amener à la repentance et à la foi des pécheurs encore plus égarés que ce pauvre jeune homme!

Le capitaine était resté près des soldats, et une demi-heure après que je les eus quittés, et comme je me disposais à me rapprocher d'eux, il revint à moi en me disant, que les soldats s'étaient tous rangés en cercle, afin d'écouter la lecture du traité, que «le bon vivant» leur avait faite à haute voix, et qui paraissait avoir touché deux ou trois d'entre eux.

Le «bon vivant,» du moins y avait été intéressé; car je parlais encore avec le capitaine, lorsqu'il s'approcha de moi, et me dit, avec le plus grand respect: La morale que vous ayez eu la bonté de me donner, Monsieur, est si belle, que je suis venu vous en remercier; parce que... je vous le dis sans détour... je crois qu'elle m'a touché le cœur.

Deux autres soldats se placèrent dans ce moment à côté du jeune homme, et pour moi, comprenant que Dieu ouvrait la porte à sa Parole, je dis au «bon vivant», avec beaucoup de sérieux, mais aussi du ton le plus cordial: Commencez-vous à voir qu'un bon vivant, comme vous vous nommez, pourrait bien n'être pas heureux toujours?

Le soldat. Que voulez-vous, Monsieur? Ce n'est pas tous les jours qu'on nous dit de bonnes raisons; et l'on vit comme on sait et comme on peut.

Le chrétien. Mais vous devriez savoir, je pense, qu'à toute heure Dieu vous voit, et que la folie ne lui plaît jamais.

Le soldat. La folie, Monsieur! Mais me suis-je conduit ici comme un fou?

Le chrétien. Hé! mon ami, laissez-moi vous parler sans réserve et comme un père à son fils

Le soldat, vivement. Dites seulement, Monsieur, et dites tout. Je vois que c'est pour mon bien que vous me parlez, et me voici devant vous pour tout entendre.

Le chrétien. Eh bien! répondez-moi sans arrière-pensée. Seriez-vous bien aise de mourir à cette heure et de paraître devant Dieu, tel que vous êtes; tel que vous avez été jusqu'à présent?

Le soldat, avec embarras. Ah! dame! Monsieur, ce n'est pas sûr que cela me plairait; car enfin, si ce qu'on nous dit est vrai, ce n'est pas tout le monde qui sera heureux de l'autre côté, je veux dire dans l'autre vie. Et quant à mon individu, je ne peux pas le cautionner, car il y a bien, oui, bien du mal chez moi.

Le chrétien. Cela étant, cher jeune homme, je dis que celui qui, dans le temps du choléra, sent qu'il l'a déjà dans les veines, et qui, cependant, ne s'en inquiète pas; qui se met à rire et à chanter, et qui se vante de la parfaite santé qu'il possède, n'est vraiment qu'un insensé, et que sa gaîté n'est que de la folie.

Le soldat. Je le crois bien! car si l'on a la mort dans l'estomac, c'est bien le moins qu'on demande et qu'on prenne un remède.

Le chrétien. C'est pourquoi je dis, moi, qu'un jeune homme qui a le péché dans son âme, et qui d'un jour à l'autre peut mourir, et par conséquent rencontrer le châtiment de son péché, je dis que cet homme-là est un fou, oui, un insensé, si, au lieu de chercher et de prendre le remède qui guérit l'âme, il se moque et se rit de son mal, et que, tout en avançant vers le jour du jugement de Dieu, il ne songe qu'à boire et à manger, en chantant qu'il est un bon vivant, et qu'un bon vivant est toujours heureux.

Les soldats étaient tous trois fort intéressés, et le plus jeune reprit la parole en soupirant, et me dit: Il est sûr, je l'avoue, qu'on ne pense guère à tout cela. Et cependant, tenez, Monsieur, tel que vous me voyez, je ne suis pas un impie. Non, le Dieu du ciel le sait. Je pense plus souvent que je ne le dis à ce qui viendra après cette vie, et...

Il se tut et baissa la tête en rougissant. Il paraissait ému: je lui en fis la remarque, et il me répondit avec sentiment et à demi-voix: Je voulais dire, Monsieur, que quand j'étais enfant, ma bonne mère, qui était une digne femme, m'avait appris beaucoup de bonnes choses, et que, je sens qu'il m'en reste encore quelque peu dans le cœur. De plus, Monsieur, je vous dirai qu'on m'avait destiné à l'église, et que même j'avais déjà fait mes premières classes. Vous voyez donc que je ne suis pas plus ignorant qu'un autre, et que, quant à la religion, j'en ai, tout de même; quoique pas trop: c'est vrai!

Le chrétien. Eh bien donc! vous êtes comme serait un étudiant en médecine, qui, ayant le choléra, n'y ferait aucune attention. Il serait d'autant plus fou, qu'il serait plus capable de discerner son mal.

Le soldat. Je n'ai rien à répondre, et je conviens de mon tort. Mais que voulez-vous qu'un soldat fasse? Dame! ce n'est pas au quartier qu'on apprend la morale: il faut donc qu'on aille comme tous les autres vont.

Le chrétien. Ce qui veut dire, je pense que si toute votre compagnie se moque de Dieu et du jugement dernier, il faut qu'avec elle vous blasphémiez et que vous alliez à la rencontre de la malédiction et de l'enfer! — Dites-moi, n'est-ce pas là le comble de la folie?

Le soldat, humblement. Je l'ai dit déjà, et je le répète: C'est là mon tort et mon mal; mon grand mal. Mais qu'y faire, Monsieur?

Le chrétien. Craindre Dieu qui vous voit, mon ami, et vous soumettre à Jésus-Christ, pour avoir par lui le pardon de vos péchés et la vie éternelle.

Là-dessus j'exposai la doctrine de l'Évangile, en lisant ici et là les passages d'un Nouveau-Testament que j'avais à la main. Je montrai donc aux soldats, qui tous trois étaient très attentifs, ce que dit la Parole de Dieu sur le châtiment éternel que mérite le péché, et sur l'impossibilité où est l'homme, soit d'anéantir ses péchés, soit de les racheter par sa conduite, quelque bonne et vertueuse qu'il la suppose.

Puis, quand j'eus clairement démontré que ni le chagrin d'un homme coupable, ni ses larmes, ni ses aumônes, ni ses jeûnes ou ses prières, ne peuvent enlever une seule de ses fautes, je parlai avec chaleur de l'amour infini de Dieu qui nous a donné un Sauveur parfait et tout-puissant, dans la personne de son Fils, et je montrai comment Jésus est venu des cieux, et de la part du Père, pour racheter, par son précieux sang, son Église et pour donner à tout pécheur QUI CROIT EN LUI, non seulement le pardon gratuit de ses péchés, mais encore l'assurance de la félicité qui a été préparée dans le ciel, avant même que le monde fût créé, pour tous les bénis de Dieu.

Les soldats écoutaient, et «le bon-vivant» en particulier témoignait par les gestes de sa tête que mon enseignement se faisait jour dans son esprit. Cela veut donc dire, s'écria-t-il tout à coup, que même un homme qui aurait été sans religion pendant vingt ans, peut-être; tenez, un voleur, un brigand, un païen, s'il venait à croire de tout son cœur en Jésus-Christ, et bien! que le Père éternel lui pardonnerait tout, sans lui rien redemander ensuite?

Bien entendu, s'il te plaît, ajouta un de ses camarades, que cet homme-là se réformerait.

Çà s'entend de soi-même, répliqua le jeune homme. Il est bien clair que si un brigand... tiens, le bon larron sur la croix, par exemple.... que si ce brigand se met à devenir religieux, et que Dieu lui pardonne, ce ne sera pas pour qu'il recommence ses coquineries Mais ce qui me plaît, là-dedans, c'est ce pardon qu'on peut avoir, si l'on s'en remet franchement au Sauveur. Je l'avoue, cela me paraît superbe; et, surtout, c'est bien facile: car quoi de plus simple que de recevoir son pardon, quand on nous le donne par bonté, et sans qu'il nous coûte rien?

Rien de plus simple, repris-je, en appuyant sur les passages que je lisais: car qui est-ce qui ne comprendrait pas cette parole du Sauveur lui-même: «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle?» Et cette déclaration de St. Paul, qui ne la voudra pas croire? «Cette parole est certaine, et digne d'être entièrement reçue, que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver des pécheurs, dont je suis le premier?»

Çà fait du bien, répétait le jeune soldat. Çà console et l'on se sent tout encouragé.... C'est pourtant un grand bonheur, ajouta-t-il, en s'adressant à ses camarades, de rencontrer un monsieur d'instruction qui vous remette ainsi au pas, Qu'en dis-tu, Laflèche? Laflèche, (c'était le plus âgé des deux camarades), remarqua que ce n'était pas le plus important d'être enseigné, mais que le principal dans cette affaire, c'était de garder dans le cœur ce qu'on avait appris.

C'est tout juste mon idée, reprit le soldat, et cela s'entend de soi-même.... Aussi je te réponds bien que si jamais je puis avoir ce même livre où le monsieur nous a lu, ce ne sera pas pour le renier.

Cette déclaration du soldat retentit dans mon cœur comme un ordre de la part de Dieu de donner mon Nouveau-Testament à ce jeune homme. Mais ce ne devait pas être facile. Ce livre était un ancien ami, qui plusieurs fois déjà m'avait nourri et consolé en divers voyages et qui portait sur ses marges bien des notes, bien des souvenirs. Me séparer de ce volume me semblait être comme la mort d'un compagnon intime, d'un confident, et mon esprit répugnait à une telle privation.

Il y eut donc encore un plaidoyer entre mon pauvre cœur et la charité; mais comme toujours, quand c'est Dieu qui plaide, l'amour l'emporta sur l'égoïsme, et le volume dut appartenir au soldat.

Je vois encore devant mes yeux le moment où je le lui donnai. Le soleil qui s'était couché derrière de lointaines collines, reflétait ses dernières lueurs sur les eaux du fleuve que notre bâtiment remontait, et dont les bords étaient éclairés des plus douces teintes. J'étais debout, avec les trois soldats et le pieux capitaine, sur l'avant du bateau, et personne que Dieu ne faisait attention à ce qui se passait entre nous. Ce fut alors que je présentai le volume sacré au jeune soldat, en lui disant: C'est ici la Parole même du Seigneur: c'est là que j'ai lu tout ce que vous venez d'entendre, et de bien plus grandes choses encore s'y trouvent en abondance. Ce volume-ci m'a été précieux depuis bien des années et beaucoup d'argent ne pourrait le remplacer pour moi: Mais, il faut que vous le lisiez; et c'est pour cela que je vous le donnerai, si, devant l'Éternel Dieu qui m'entend et qui vous voit, vous faites ces deux promesses i l'une, que vous conserverez ce volume, s'il vous est possible, toute votre vie; et l'autre, que, chaque jour de votre vie, autant du moins que vous le pourrez, vous lirez quelque portion de ce livre.

Je m'étais tu et nous étions tous silencieux. Le jeune homme était étonné et saisi, et ce ne fut qu'avec effort, mais avec ferveur, cependant, qu'il me dit: «Devant le Dieu du ciel qui m'entend et qui lit dans mon cœur, (et en prononçant ces mots, il appuya sa main droite sur sa poitrine,) je vous le promets et vous le jure!»

Que Dieu vous aide! ajoutai-je. Tenez, mon ami. Ce livre n'est plus à moi: il est à vous. C'est Dieu qui vous le donne. Souvenez-vous de votre promesse et lui soyez fidèle!

Il y eut un silence de quelques moments. Le jeune homme avait pris le livre; il le tenait dans ses deux mains, devant lui, et il paraissait absorbé dans un seul sentiment. Enfin il se tourna vers moi et me dit, avec émotion: Je n'ai plus ni mon père, ni ma mère, ils sont morts tous les deux; .... mais... ce soir le bon Dieu vient de m'envoyer... un vrai père, pour mon âme!

Il prit ma main qu'il baisa en la mouillant de ses larmes: et pour moi, trop faible pour contenir les miennes, je le quittai et je me retirai vers l'autre côté du vaisseau, où je m'assis pour prier le Seigneur de bénir et d'achever l'œuvre qu'il venait de faire, et d'adresser à cette âme sa Parole par l'efficace de son Esprit.

Le capitaine me rejoignit quelques moments après et me dit, que tous les soldats étaient descendus dans la cabine, et que là plusieurs d'entre eux avaient commencé à railler «l'ex-bon-vivant» et à lui demander s'il devait bientôt entrer au couvent ou leur faire le prône. Mais ajouta le capitaine, ce qui m'a réjoui et ce qui me fait espérer que Dieu a déjà béni ce jeune homme, çà été la fermeté qu'il a montrée en présence de tous ces moqueurs. «Vous pouvez me persifler et me mépriser tant qu'il vous plaira, leur a-t-il dit, en élevant dans sa main son livre; je ne m'en soucierai pas. J'ai promis devant Dieu de garder ce livre toute ma vie; et personne ne me l'ôtera. J'ai promis aussi, et je l'ai juré, d'y lire chaque jour; et je le lirai, et vous le verrez, et vous l'entendrez même, si cela vous arrange!»

Que Dieu soit donc glorifié, Lecteur, et qu'il accomplisse ce que son amour a commencé. Je ne sais qui est ce soldat, et il ignore aussi mon nom. Jamais, sans doute, nous ne nous rencontrerons de nouveau en ce monde; mais, dans mon cœur et en la présence de notre bon Seigneur et de notre Père, j'ai l'espérance que c'est Dieu même qui a conduit toute cette affaire: que c'est lui qui m'a fait entendre les propos du «bon vivant;» que lui aussi a voulu que je trouvasse le traité; qu'il en a béni la lecture; qu'il a rendu le soldat attentif à mes paroles; qu'il lui a donné, lui-même, son Évangile, et qu'il a ordonné, dans sa grâce, que «ce pain, qui a été jeté sur la surface de l'eau, se retrouve quand le temps de Dieu sera venu.» (Eccl. XI, 1.)

Oui, Lecteur, la douce espérance de mon âme est, qu'au jour de Christ, lorsque toutes les nations de la terre seront assemblées devant lui, en jugement, le soldat sera nommé parmi les bénis du Père, et qu'alors il sera dit que son âme fut appelée en ce monde, d'abord par le petit traité, puis par le volume que lui donna son frère.

FIN.

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