Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

À VOUS MON PROCHAIN

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Ce monde, et aujourd'hui même

Qui que vous soyez qui lisez cette Lettre, vous êtes Mon Prochain, et je dois vous aimer comme moi-même. C'est pour cela que je vous écris; et si ce que je vais vous dire vous fait désirer de m'écouter plus au long, vous pourrez lire, à cet effet, le traité intitulé La Bonne Empiète, que j'ai aussi publié pour vous.

Comme vous, habitant de ce monde, et depuis bien peu de temps, (car, que sont nos années?) comme vous aussi je vais le quitter bientôt. Nos jours sont comptés, ils sont rapides, et notre vie se précipite, comme une ravine d'eau, vers son terme.

C'est donc bientôt qu'il sera dit de vous et de moi ce que nous disons aujourd'hui de ceux que le sépulcre engloutit journellement. — Oui, dans quelques ans, seulement quelques-uns, on ne nous verra plus, et l'on n'entendra plus notre voix sur la terre.

Le monde continuera son cours. Les villes seront peuplées, les campagnes se cultiveront, chacun aura ses affaires, ses intérêts, ses plaisirs, ses agitations, mais pour nous, nous ne serons plus comptés au milieu de toutes ces choses: nous aurons cessé de les connaître.

Mais où serons-nous allés?... Oh! Mon Prochain! que cette courte question est solennelle! — Où sera notre âme, dans peu de temps?

Dans l'éternité! répondez-vous. Au-delà du temps, au-delà de ce monde; dans la durée infinie qui vient après celle-ci.

Oui, dans L'éternité!...

Mais dans laquelle?

Car cette éternité, dit Dieu, est ou lumière ou ténèbres, ou vie ou mort. Dans laquelle des deux sera notre âme?

Pour moi, mon Prochain, je dois vous dire en sincérité, que je sais que mon âme sera dans l'éternité de vie et de lumière; et c'est parce que je possède ce bonheur, que je viens vous en parler, afin que si vous ne l'avez pas, vous puissiez connaître où il se trouve et l'y chercher, et que si vous en jouissez aussi, vous rendiez grâce avec moi à ce bon Dieu et Père qui nous l'a donné par sa miséricorde.

D'abord, sachez qu'il n'y a pas longtemps que j'étais à cet égard dans une assez grande indifférence. Je m'inquiétais peu de l'état final de mon âme et de tout mon être, et je vivais parce qu'il me fallait vivre et sans trop savoir pourquoi, si ce n'était pour satisfaire mes penchants et mes goûts.

Cette insouciance fit place à quelque inquiétude. La mort de mes contemporains, de mes proches, de mes parents, me cria de penser à la mienne, et ma conscience me prononça plus d'une fois, et d'une voix haute et distincte, les mots imposants de péché et de jugement de Dieu.

Alors je commençai secrètement l'examen de ma conduite. Je n'en parlais à personne, mais je m'en occupais souvent, à la promenade, chez moi, au milieu de mon travail, et la nuit dans mes insomnies; et je dus voir enfin que si Dieu me jugeait selon sa loi, qui m'était bien connue, je ne pouvais en aucune manière subsister devant lui.

Non pas que je fusse un homme déréglé ou méchant. Non, mon Prochain; je vous assure que si je parlais de ma conduite envers mes semblables, je pourrais dire avec droiture que j'étais un homme intègre, et que mes mœurs étaient simples et honnêtes.

Mais tout honnête homme que j'étais aux yeux du monde, devant Dieu j'étais un pécheur: car CE N'EST NI AUX GESTES, NI AUX BELLES PAROLES, QUE DIEU REGARDE, MAIS C'EST AU CŒUR; et mon cœur était loin, bien loin d'être pur.

J'y trouvai, en l'examinant, beaucoup de mauvais désirs et de passions terrestres et coupables, et surtout de l'idolâtrie, puisque je reconnus que j'aimais plusieurs choses, et d'abord moi-même, plus que l'Éternel.

Cette découverte m'humilia et me convainquit de mon état de condamnation devant la loi de Dieu. Ma bouche fut fermée, et je ne pus m'excuser en aucune manière; car cette loi m'ordonnait d'aimer Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme, de toute ma force, et de toute ma pensée, et autant que, je pouvais aimer; et je ne pus qu'avouer et confesser que j'avais aimé la créature plus que le Créateur.

Je fus donc réduit au silence, ayant dans le cœur la conviction que si je paraissais devant Dieu avec ma justice humaine, je serais condamné et perdu.

Et telle est aussi votre position, mon Prochain; car je ne pense pas que tout honnête et intègre que vous puissiez être, vous ayez aimé et que vous aimiez Dieu de toute la puissance de votre âme.

Et si vous n'avez pas été intègre? si vous avez été et que vous soyez encore ou ivrogne, ou adultère, ou avare, ou intéressé et avide, ou jaloux, ou haineux et vindicatif, ou intempérant, ou paresseux, ou médisant, ou irréligieux, — quelle ne doit pas être votre conviction, que si vous paraissez dans cet état au jugement de Dieu, vous serez confus et repoussé du séjour de la lumière dans celui des ténèbres?

Quant à moi, je le compris et je le crus sincèrement. Oui, dès que j'eus vu clairement que j'étais ainsi pécheur, je crus ce que Dieu dit du péché, savoir que son salaire est la mort, c'est-à-dire la malédiction, les ténèbres du dehors.

Je ne contestai donc point avec Dieu, et je n'essayai pas de secouer la tête et de dire: «Cela ne sera pas; ce sont des craintes puériles; qu'ai-je à m'inquiéter et à me troubler? Dieu ne sera pas si sévère.»

Je ne parlai point ainsi, mais je m'humiliai franchement, et je me mis à lire attentivement la Parole de Dieu, la Sainte Bible, afin d'y chercher comment je pourrais échapper à ce terrible et juste jugement.

Ce fut dans ce Livre de vérité, que je trouvai la réponse que je désirais. J'y lus qu'en moi-même je n'avais aucun moyen d'écarter ma condamnation; que tout ce que je pourrais ou imaginer, ou pratiquer, ou faire, serait nul, parce que tout cela, sortant de mon cœur, serait souillé comme lui; mais qu'en Dieu était ce qui ne se trouvait pas en moi, et que si je ne pouvais me procurer mon pardon, Dieu le donnait par grâce.

La première fois que je compris ce beau mot de grâce, il fit une vive impression sur mon esprit. Je vis alors, comme tout à-coup, que le pardon des péchés et l'entrée dans le ciel, sont un don et un don gratuit, pour la possession duquel un homme n'a rien à faire, et ne peut rien faire, mais que Dieu dispense aux pécheurs selon son bon plaisir, et par un acte libre et souverain de sa miséricorde.

Je m'humiliai donc en mon cœur devant Dieu, et je lui dis: «Seigneur! je serai condamné et perdu, si tu ne me fais grâce par ta pure clémence et par ta bonté magnifique.»

Telle fut ma confession et ma prière, et le Fils de Dieu, Jésus-Christ, le Sauveur, me fut révélé; c'est-à-dire que Dieu m'ouvrit l'intelligence et le cœur, pour comprendre et croire ce qu'il dit de son Fils bien-aimé, en qui et par qui il fait grâce au pécheur.

Sans doute j'avais bien souvent lu et prononcé le nom du Seigneur Jésus, mais jamais je n'avais compris qu'il est proclamé aux pécheurs, comme une caution parfaite à des débiteurs ruinés et faillis, et.... qu'aucun homme ne peut être agréable au Seigneur.

Je l'appris alors dans la Parole de Dieu. — J'y lus comment Dieu justifie, c'est-à-dire tient pour absous, et décharge de toute condamnation quiconque a recours à Jésus-Christ, en croyant qu'il est le Fils de Dieu, le Sauveur, et en se confiant sincèrement à ce qu'il a fait pour racheter son peuple.

Vous sentez, cher Prochain, que comme je souhaitais ardemment de trouver et de posséder sûrement le pardon de mes péchés, comme aussi d'entrer dans le ciel quand je quitterais cette première vie, je m'occupai sérieusement de ce qui concerne le Sauveur, et que je lus et relus ce qui est dit de lui et de sa grâce dans le Livre de Dieu.

Que vous dirai-je de plus?

J'ai cru de cœur en Jésus-Christ. Oui, je suis certain que dans mon âme je crois le témoignage que la Bible rend de lui, savoir qu'il est le Fils de Dieu, et non pas une créature, mais le Fils même de Dieu, issu du Père et venu de son sein; et qu'en lui est la Vie éternelle, que Dieu a donnée, en pur don et par grâce, afin que quiconque croit au Nom de Jésus ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle.

Cette déclaration, ou plutôt cette Promesse de Dieu, m'est devenue très claire. Elle dit que tout pécheur qui se réclame du Sauveur devant Dieu, comme un failli se réclame d'une caution devant le juge, reçoit de Dieu la rémission de ses péchés et le don de la vie éternelle; et cela par un effet de la miséricorde divine, qui pardonne ainsi, parce que c'est ainsi qu'elle veut pardonner.

Ici donc encore, je ne prétends pas en savoir plus que Dieu, et loin de contester avec lui, je m'humilie; bienheureux que je suis de recevoir gratuitement, et pour l'amour du Nom de Jésus, en qui je crois, tout mon pardon, et de plus la vie éternelle.

Je suis donc assuré, DE LA BOUCHE MÊME DE DIEU, que puisque je crois en Jésus-Christ, (savoir, qu'il est venu de Dieu et qu'il est le Sauveur,) j'ai actuellement mon pardon; en sorte que si je meurs, même soudainement, je n'irai pas dans l'éternité de mort, nais dans celle de vie.

Telle est mon assurance, mon Prochain. Vous voyez qu'elle ne se repose pas sur mes vertus ou sur mes bonnes œuvres, mais sur la grâce de Dieu en Jésus-Christ. D'où vous pouvez conclure qu'elle est solide; attendu qu'elle est appuyée, non point sur mes propres opinions, ou sur mes désirs, mais sur la Parole, sur la Promesse de Dieu même, laquelle est le rocher des siècles et subsistera éternellement.

Vous pouvez aussi conclure qu'un homme qui a cette assurance est bien éloigné de se plaire au péché, comme s'il voulait mépriser un tel pardon, et ne montrer envers Dieu que de la révolte et de l'ingratitude, au lieu de l'amour et de l'obéissance.

Je disais bien autrefois, quand j'étais incrédule, que si un homme se croyait déjà sauvé et sûr de son salut, il se laisserait aller à tous les désordres; mais j'ai vu tout le contraire dans la Bible.

J'y ai vu que le Saint-Esprit, qui a rendu cet homme capable de comprendre et de croire la grâce de Dieu en Jésus, enseigne aussi à ce pécheur justifié, à faire ce qui est agréable à son Père et à son Sauveur, qu'il le conduit sur les traces mêmes de Jésus, et par un chemin de lumière et de sainteté, du côté de la demeure de Dieu, et par conséquent chaque jour plus loin du monde et de sa souillure.

Félicitez-moi donc, ô mon Prochain! car mon âme est heureuse. — Je connais Jésus et je l'appelle MON SAUVEUR; car il me dit que celui qui croit en son Nom a la vie éternelle, et qu'il est passé de la mort à la vie véritable, à la vie même de Dieu.

Je connais Dieu, et je l'appelle, non seulement sans crainte, mais avec confiance, mon Père; car il désire que tout pécheur qui croit au Nom de son cher fils Jésus, est fait enfant de Dieu.

Je connais aussi le Saint-Esprit; car c'est lui qui me réserve dans son ciel l'héritage qu'il m'a préparé avant que le monde fût.

Mais serait-ce assez pour vous de m'estimer heureux, ô mon Prochain! Et à la vue de cette paix profonde dont votre semblable jouit, demeureriez-vous indifférent, ou même incrédule?

Dieu le sait: car c'est lui seul qui ouvre et qui ferme les cœurs des hommes, et c'est à lui qu'il appartient de donner à mes avis quelque poids sur votre esprit et sur votre volonté; et de vous faire comprendre et sentir que celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, mais que la colère de Dieu demeure sur lui.

Du moins, mon Prochain, ai-je fait à votre égard tout ce que je pouvais. Nous marchons ensemble; nous avons rencontré la gueule béante d'un gouffre; j'ai trouvé le moyen de le franchir, c'est-à-dire que Dieu me l'a montré; et en me retournant vers vous, je vous ai dit: «Voilà le gouffre de la mort; mais c'est ici le sentier de la vie: Montez du côté de Jésus!»

Si vous ne l'avez pas fait encore, croyez, et ainsi trouvez la vie. Si vous l'avez fait, dites et répétez avec moi: Oh! que la miséricorde de Dieu en Jésus est magnifique et fidèle!

Votre Prochain et compagnon de voyage vers l'éternité.

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