Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SECONDE RECHERCHE.

COMMENT LA SANCTIFICATION SE MONTRE-TELLE DANS L'ÉGLISE DE DIEU?


«Faites donc votre compte, Rachetés de Jésus! que vous avez été constitués morts au péché, mais vivants pour Dieu en Christ, votre Seigneur. Car vous savez que vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous avez été baptisés en sa mort.
C'est pourquoi, Chrétiens! vous avez été ensevelis avec Christ, par le baptême en sa mort; afin que, comme Christ a été ressuscité des morts; par la gloire du Père, vous aussi vous marchiez en nouveauté de vie. Car si vous avez été faits avec lui une même plante dans la conformité de sa mort vous le serez aussi dans la conformité de sa résurrection; sachant ceci, que votre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit, et que dorénavant vous ne serviez plus le péché. Car maintenant, ô Pêcheurs que Dieu a justifiés par sa grâce! ayant été affranchis du péché, et faits serviteurs de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté, et pour fin la vie éternelle.
» — Rom. VI.

C'est ainsi que «l'Esprit de vie qui est en Jésus» parle à l'heureuse famille de Dieu, aux élus du Père. Il ne les incite pas à la Sainteté, en leur promettant que par elle ils seront faits enfants, mais, tout au contraire, «reconnaissant leur élection et leur adoption,» il leur dit d'entrée, «Vous êtes à Christ; et c'est pour cela qu'étant vivants par l'Esprit, vous devez crucifier la chair et ses convoitises, marcher selon l'Esprit, dépouiller le vieil homme avec ses affections, et revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu, dans une justice et une Sainteté parfaites.» Vous étiez ténèbres; maintenant vous êtes lumière: marchez donc dans la lumière; car il faut que vous soyez sans reproche et sans tache, comme enfants et imitateurs de Dieu, au milieu d'une génération corrompue, et qu'on voie en vous cette nation sainte, dont la vie est cachée avec Christ en Dieu, et qui a ses affections, non plus sur la terre, mais dans le ciel, sa patrie. — Rom. VIII, 2; 1 Cor. VI, 20; Gal. III, 26-29; V, 24, 25; 1 Cor. III, 22; Éph. IV, 21-24; V, 8-11; Phil. II, 15; Col. III, 1-3.

C'est-à-dire que Dieu, «le Père de la famille,» s'adressant à «ses chers enfants,» et leur montrant le monde et le ciel, les choses que la chair désire et celles qui sont de Jésus, leur déclare, que puisqu'ils sont «la race élue, son peuple particulier et le troupeau de sa conduite», ils doivent porter au milieu des hommes les caractères de ses bien-aimés, en manifestant deux choses, l'une, qu'ils ne sont pas du monde, mais qu'ils le haïssent; l'autre, qu'ils sont de Christ, et qu'ils s'honorent de lui appartenir.

1°. Et d'abord, qu'ils ne sont pas du monde; car ce fut la déclaration que le Souverain Sacrificateur fit au Père, lorsqu'il se consacrait pour les siens; et c'est aussi ce, que «l'amour de Dieu, répandu par le Saint-Esprit dans le cœur du fidèle, lui démontre, quand il lui dit, que tout ce qui est du monde, la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, et va périr; qu'il ne peut donc pas aimer ces choses: qu'au contraire, il doit les repousser ou les vaincre.» — Rom. V, 5; Jean II, 15-17; V, 3-5.

Et l'enfant de Dieu, docile à cette voix, selon l'homme intérieur, «détourne ses yeux de la vanité, et son cœur de l'amour des choses périssables.»
Mais que l'on remarque bien, que cet éloignement du monde chez le Chrétien n'est point le résultat de quelque disposition morose de son esprit, ni celui d'une contrainte qui lui soit imposée.
«Toutes choses lui sont permises, et toutes choses lui appartiennent; car il est l'affranchi de la Grâce et le cohéritier de Christ
Il est donc libre dans le domaine de son Père, et il peut y être dans l'abondance de tous les biens, ou puissant parmi les hommes, si son Roi le veut.
Mais c'est précisément parce qu'il est affranchi de la servitude du péché, et des chaînes de la corruption du présent siècle, qu'il élève ses pensées; ses sentiments, ses désirs et son espérance, en dehors de ce monde, vers des biens qui ne le tromperont pas, et vers le bien-aimé Seigneur qu'il leur préfère.

Gardez donc le silence sur le choix des Chrétiens, vous, Amis du monde, qui ne voyez la portion de votre cœur que dans ce qui satisfait votre corps ou nourrit votre orgueil! Vous «ne les comprenez pas: ne les jugez donc pas non plus;» et s'ils vous paraissent s'attrister outre mesure, et, comme vous le dites, s'ensevelir tout vivants, sachez que l'apparence vous trompe, et que s'il est ici-bas de la vraie sérénité, du vrai repos, de la vraie vie et de vrais délassements, c'est dans ces cœurs qui, par l'Esprit de Christ qui les enseigne, discernent la fausseté de votre joie et le danger funeste de vos perfides plaisirs. — I Cor. II, 14, 15.

Non; les Chrétiens ne sont pas «les enfants de la femme esclave,» et ce n'est pas en gémissant qu'ils s'efforcent d'être saints.
Ils sont «le peuple de franche volonté; ils connaissent la voix de réjouissance; ils ont leur Roi; c'est dans la lumière du regard de sa face qu'ils marchent sous sa bannière, qui est Amour; et c'est d'un coeur entier et de bonne volonté, qu'ils se rendent au Tabernacle du Souverain, et qu'ils déposent leurs offrandes sur son autel.» — Gal. IV, 31; Ps. CX, 3; XX, 5; LX, 4; Cant. II, 41 Chr. XXVIII, 9; 2 Chr. XXIX, 31.

«O Israël de Dieu! Église de Jésus! qui est semblable à toi, Peuple que le Seigneur a sauvé! Les cieux répandent sur toi leur rosée; ta force est en ton Dieu; ton cœur est dans ses sentiers, et chacun de tes heureux enfants traverse avec vigueur la vallée brûlante de ce monde, pour se présenter en Sion, devant son Rédempteur!» — Deut. XXIII, 28, 29; Ps. LXXXIV, 5-8.

Tel est du moins le vœu et la réclamation de l'homme nouveau dans un enfant de Dieu. Si «la nature charnelle est encore en lui; si le péché combat encore en ses membres; si chaque jour il doit s'écrier, et à récidive, «Malheureux que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort!... » chaque jour aussi, il a sujet de «rendre gloire à Dieu de ce qu'il n'est plus sous la Loi, mais sous la Grâce, et de ce qu'ainsi le péché n'a plus de seigneurie sur lui.»
Les droits de l'Esprit dont il est scellé sont puissants, sont fidèles; et la Sanctification, comme un esquif qui, sur une mer agitée, semble englouti par les vagues, mais qui reparaît aussitôt à leur sommet, reprend son empire par-dessus les tentations, et s'élève chaque jour plus vers l'immortalité. — Rom. VII; VI, 14.

Ne demandez donc pas à un Chrétien d'être sans péché, car il vous répondrait, «Nous péchons tous en diverses manières, et si quelqu'un dit qu'il n'a point de péché, il se séduit lui-même, et la vérité de Dieu n'est pas en lui.»
Ne lui demandez pas non plus de vaincre en un jour ses ennemis, et d'être couronné déjà sur la terre, car il vous dirait, «qu'il faut auparavant, qu'étant armé de toutes les armes de Dieu, il combatte, il résiste, il demeure ferme et surmonte tout, jusqu'à ce que son Seigneur l'appelle en son repos

Mais demandez-lui quels sont les ennemis qu'il veut combattre et vaincre, et il vous répondra aussitôt, c'est le monde et les choses du monde; c'est Satan et les malices spirituelles; c'est mon cœur et ses mauvais désirs. — 1 Rois VIII, 46; 1 Jean 1, 8-10; Éph. VI, 11-18; 2 Tim. IV, 7, 8; Matth. XXV, 21.

C'est pourquoi, vous dira-t-il, si la convoitise de la chair me tente; si les appétits vicieux d'un corps de péché, si les passions et les désirs corrompus de mon cœur me sollicitent et me séduisent; si l'impudicité, la lasciveté, la souillure; si l'ivrognerie, la gourmandise et la dissolution; si la sensualité, la luxure, la mollesse, m'appellent et m'attirent ,... quelque attrait qu'elles aient pour ma nature terrestre et déchue, par la grâce de mon Dieu, je les repousserai et je fuirai leur approche.
Ni leurs théâtres, ni leurs banquets, ni leurs jeux, ni leurs danses, ni leurs fêtes et leurs chansons, ne seront mes plaisirs ou mes délassements.

«Comment ferais-je un si grand mal et pécherais-je contre mon Dieu! Comment mon corps où le Saint-Esprit habite»; comment mon esprit qu'éclaire la vérité de Christ; comment mon cœur que son amour a touché; comment mon âme, qui est vivante et qui doit le voir dans les cieux; mépriseraient-ils sa lumière, sa communion, sa tendresse et l'espérance de sa gloire!
Comment un racheté de Jésus irait-il s'associer aux esclaves du Prince de ce monde, aux méchants et aux profanes qui blasphèment son Nom!
Comment un héritier du ciel, ressuscité avec Christ, enfouirait-il son talent dans la boue, et dépenserait-il son bien dans la débauche, pour périr de faim au milieu de la détresse! — 1 Jean II, 15, 16; Gal. V, 19; Gen. XXXIX, 9; 1 Cor. VI, 13-19; Matth. XXV, 18; Luc XV, 13-16.

C'est pourquoi, vous dira-t-il aussi, si c'est la convoitise des yeux qui me tente; si ce sont les richesses, l'or et l'argent, les ameublements précieux, les choses rares et coûteuses, qui me présentent leurs trésors; si l'avarice, si le désir de posséder, d'entasser, d'accumuler des biens, fait sentir sa soif à mon cœur,... par la grâce de mon Dieu, je me rappellerai, que «mon trésor est au ciel, où Jésus mon Sauveur est vivant et prie pour moi; que la figure de ce monde passe; que je n'ai rien apporté en naissant, et qu'en mourant je n'emporterai rien; que ce n'est pas dans l'abondance des biens que j'ai la vie, et que si je devenais idolâtre des richesses injustes, la rouille de mon or et de mon argent s'élèverait en jugement contre moi devant Dieu; qu'un piège serait tendu par elles sur mon sentier; que mille désirs insensés et pernicieux, que des maux sans nombre m'envelopperaient ici-bas, et que je périrais avec un trésor que les vers auraient consumé, et que les larrons m'auraient ravi.

Non, un racheté de Christ, qui doit servir son Dieu, ne sera pas l'esclave d'une matière qui finit. Non, le disciple, la brebis, l'ami du Fils de l'homme, de Celui «qui n'eut pas un lieu où reposer sa tête,» ne dira pas à ce monde qu'il va quitter, Tu es mon repos et la possession de mon âme! — Matth. VI, 19-21; 1 Cor. VII, 31; 1 Tim. VI, 7-10; Luc XII, 15; Jacq. V, 3; Luc IX, 58.

C'est pourquoi, vous dira-t-il encore, si l'orgueil de la vie vient me tenter; si c'est la force, la beauté, les talents, le savoir et le génie; si c'est le crédit, l'autorité, l'influence; si c'est la grandeur et le pouvoir, qu'il me présente, en me montrant avec eux ma propre gloire et celle des hommes, l'admiration, les éloges, la célébrité, un rang supérieur, une puissance étendue,... moi, misérable pécheur, digne de malédiction, et qui ne subsiste que parce que mon Dieu «s'est anéanti jusqu'à la forme de serviteur,» que parce qu'il m'a racheté en s'attachant à un gibet, je ne mépriserai ni ses humiliations, ni ses souffrances, en les repoussant de moi, ou en estimant que «je vaille mieux que mon Seigneur;» et  puisque son anéantissement m'a fait «roi et sacrificateur à mon Dieu,» je ne dérogerai pas à ma dignité céleste en m'abaissant aux louanges d'ici-bas. Non, l'ambition et les rivalités d'une sombre et impure prison ne cacheront pas à un fils de roi la couronne qui lui est promise! — Phil. II, 5-8; Jean XIII, 16; Apoc. I, 6.

O Monde ! rougis et sois confus, en présence d'un racheté de Christ! «sa foi te surmonte,» et il le foule à ses pieds, avec la pompe et tes promesses !
Tu avais élargi et orné ta coupe; tu l'avais emplie de tes convoitises et de ton orgueil; tu l'avais offerte en souriant au disciple de Celui que tu crucifias, et tu lui disais d'y boire à longs traits et de s'enivrer de ses délices; mais ce Chrétien, ô Monde! a regardé vers la croix où tu attachas son Seigneur, et il ne t'a répondu, qu'en renversant ta coupe, avec ces mots: «Jésus t'a vaincu, et c'est lui qui me fortifie!» — 1 Jean V, 4, 5; Jean XVI, 33; Phil. V, 13.

2°. Mais ce n'est ici, dans l'Enfant de Dieu, qu'un préparatif à la Sanctification. Repousser le mal du monde, et s'en détourner, est sans doute le premier pas vers le ciel, mais aimer le bien et s'y adonner; mais écouter la voix céleste de Jésus, et la suivre au chemin sacré c'est la marche c'est la force, le progrès et l'accomplissement de cette Sainteté qui est la vie de l'Église. Hors des ténèbres et vers la lumière, est sa devise et son symbole....
Oh! les employez-vous, Vous qui vous dites Chrétiens? Hélas! ne les oubliez-vous pas! Ne les méprisez-vous pas!

Cependant c'est ici la gloire de l’Épouse du Fils de Dieu. Comme David, tiré du parc des brebis pour être couronné, ne crut pas qu'il lui suffirait de quitter la bure et la houlette, mais pensa qu'il prendrait aussi le manteau et le sceptre d'un roi; de même aussi, le pauvre pécheur, qui a été appelé par la Grâce du milieu du troupeau du monde, pour être fait héritier du ciel, ne pense pas qu'il lui suffise d'être nettoyé des souillures de la terre, mais songe aussi, et surtout, à «se vêtir des habits de lumière» qu'il doit porter dans le palais de Dieu, et que l'Esprit de son Père lui présente déjà par la main de Jésus.

Ce glorieux Seigneur, Jésus lui-même, en qui réside la plénitude de beauté, de majesté, de magnificence; Jésus, dans la personne duquel sont réunis tous les trésors de la vie et de la sainteté se tient devant lui: il le contemple, il l'admire; il l'aime, il le chérit, il l'adore; et dans le ravissant de son cœur, il veut lui ressembler; il voudrait «le revêtir; il voudrait n'être que son image.» — Éph. V, 8; 1 Thess. V, 5; Apoc. XVI, 3; Gal. III, 27; Col. III, 10

C'est maintenant donc que le Monde va s'indigner, et préparer sa haine et ses reproches. Si les mondains s'irritent déjà contre un enfant de Dieu, lorsque ce fidèle jette au feu leurs romans et leurs cartes, méprise leurs comédies et leurs festins; fuit leurs rendez-vous irréligieux, et dédaigne leurs éloges et leurs caresses, que feront-ils, lorsque ce Chrétien se montrera devant eux dans des habits de lumière, et avec le nom de Jésus sur son front?
S'ils se sont indignés, quand ce disciple de la Bible leur a dit que leurs convoitises ne sont que ténèbres de mort, de quel courroux seront-ils émus, quand il leur montrera ce Sang de l'Alliance éternelle qui l'a lavé de ses souillures, ce Roi de Sion qui siège dans les cieux et qui possède son cœur, et cette Gloire à venir pour laquelle seule il veut vivre ici-bas?
Ah! c'est alors que les mondains sont outrés.


c'est quand les Chrétiens paraissent devant eux dans les vêtements de leur famille, dans les couleurs de leur patrie, dans la robe sans tache de la Foi, de la Charité et de l'Espérance; dans ce costume de lumière sur lequel brillent les joyaux des cieux, l'élection du Père, le sacrifice sanglant du Fils, et la paix, la joie et la consolation de l’Esprit-Saint,... c'est alors que le Monde, s'il n'est dompté, s'il n'est renversé par cette splendeur, s'il n'est forcé de lui rendre hommage, la repousse et la maudit. 

Aussi n'est-ce que dans l'épreuve et sous la croix que la Sanctification s'accomplit dans le peuple élu. Si c'est la chair et le sang que le Chrétien crucifie en fuyant les ténèbres du monde, c'est à son repos, c'est aux douceurs extérieures de la vie, c'est même à cette vie-là qu'il renonce en s'avançant, sur les traces de Jésus, vers l'immortalité bienheureuse. «Le Maître et le Seigneur n'a-t-il pas souffert ces choses? Comment ses serviteurs et ses servantes seraient-ils mieux traités?»
Les mondains «ont haï sans cause» Celui qui parut devant eux comme le soleil en son éclat: comment ne haïraient-ils pas aussi les âmes qui en réfléchissent un rayon?
La Sainteté a provoqué la fureur des enfants de ténèbres, lorsqu'elle resplendissait dans sa plénitude: comment leur serait-elle moins détestable quand elle reluit sur ceux qui l'ont trouvée? — Matth. X, 24, 25; Jean X, 25.

Mais, comme le monde est vaincu par le mépris dont un Chrétien couvre ses vanités, ainsi l'irritation, les calomnies, les bassesses, les insultes, les coups, les persécutions, et même les haches et les bûchers du monde, seront vaincus par «l'onction du Saint qui est sur l'Ami de Jésus;» et si les mondains s'égaient et se félicitent quand ils ont raillé les citoyens des cieux, ou qu'ils les ont «chassés de leurs Synagogues, et fouettés dans leurs Consistoires,» les Chrétiens, à genoux devant leur Père, et humiliés sous sa main, «priant pour ceux qui leur courent dessus et qui les persécutent,» seront «plus que vainqueurs de leurs injustices et de leurs opprobres;» et en se relevant de leur adoration, ils rencontreront sur leurs faces «le regard même de leur Dieu, qui pour leur âme est une délivrance.» — 1 Jean II, 20; Matth. X, 17-42; Rom. VIII, 34-38; Ps. XLII, 6.

Tu ne leur peux donc rien, ô génération incrédule, ignorante, abusée! Non, «tu ne toucheras pas les Saints de l'Éternel!» Il te l'a défendu, quoique tu le nies; et au dépit que te causera l'inutilité de tes atteintes, se joindra, dans ta conscience, le honteux reproche de n'avoir haï et frappé les Chrétiens, que parce qu'ils aimaient la Sainteté! — 1 Chr. XVI; 22; És. XXVII, 3-5.

Le Seigneur les en a prévenus: «Vous serez haïs de tous à cause de mon Nom,» leur a-t-il déclaré.
«Si vous étiez du monde, le monde vous aimerait aussi; mais c'est parce que vous n'êtes pas du monde, qu'il vous hait et rejette;» et les Disciples d'un tel Maître, «ayant sagement calculé ce que coûtera la tour qu'ils doivent bâtir, renonçant à eux-mêmes et regardant toutes choses comme une perte, en comparaison de la connaissance et de l'amour de Jésus, sortent du camp du monde, chargés d'une croix, il est vrai, mais avec le Cantique de l'Agneau dans leurs bouches.» — Luc XIV, 28 ; Phil. III, 8; Héb. XIII, 13; Matth. X, 33; Es. XXXV, 10; Apoc. V, 9.

Oh! quel contraste entre ces Amis du Sauveur, qui recherchent ainsi la Sanctification, et l'Hypocrite, qui se retourne dans son cœur vers Sodome, qui secrètement renie Jésus, quand cet humble Sauveur est souffleté, et qui refuse de le suivre, quand le monde siffle et hoche la tête!

Tout est faux dans ce faux disciple. S'il a les dehors, le langage, les habitudes des enfants de Dieu, il n'a ni admiration dans l'esprit pour la sagesse de Jésus, ni adoration dans le cœur pour sa charité, ni amour dans l'âme, pour sa personne et sa gloire. Il parle de lumière, mais il agit ténèbres; et ce qu'il recherche le moins tout en répétant les lois de la Sanctification, c'est la Sainteté qu'elles renferment.

Gardez-vous donc de confondre le racheté de Jésus avec l'homme rusé, Vous qui voulez juger droitement des choses de l'Évangile!
Gardez-vous surtout de jeter sur le Chrétien le manteau qu'a laissé tomber l'Hypocrite, et d'accuser la foi du fidèle, parce que l'infidèle est un traître. Regardez plutôt au Livre de Dieu, et voyez ce que doit être le pécheur que l'Esprit-Saint a renouvelé; puis, par un examen aussi facile qu'il est édifiant, concluez, que le Disciple qui ne marche pas comme a marché le Maître, ne fut jamais enseigné par lui; mais que celui-là est de Jésus; qui reproduit en ses mœurs le caractère et la Sainteté du Fils de Dieu

Et pourquoi les reproduit-il?
C'est, nous l'avons vu, parce que son cœur est régénéré; parce que l'Esprit de Jésus y habite, et qu'il est impossible que la Charité, qui est la vie de Dieu en son Fils, ne se déploie pas dans son âme.
Aussi qu'on voie comment, à côté des vertus courageuses de l'Épouse de Christ, se trouvent les douces émotions et les affections cordiales de la piété, de l'amour du prochain et de la fraternité; et comment ainsi celle qui est «redoutable au monde, comme des armées qui marchent à enseignes déployées, est belle aussi comme Tirtsa et agréable comme Jérusalem, distille de ses lèvres des rayons de miel, et porte en ses vêtements les parfums les plus exquis.» — Cant. VI, 4; IV, 11.

Elle aime son Dieu: et sa Sainteté se montre, ici, dans le culte qu'elle lui rend et dans l'honneur qu'elle lui attribue; dans une adoration profonde; dans des prières tendres et ferventes; dans l'étude de sa Parole; dans le chant de ses louanges; dans sa joie à parler de lui, de sa grâce, de sa justice, de ses fidèles promesses, de ses secours, de ses délivrances; dans sa soumission à tout ce qu'il veut; dans sa résignation à tout ce qu'il dispense; dans le sacrifice qu'elle lui présente de tout son désir et de tout son être.

Elle aime aussi le peuple de Dieu; et la Sainteté de ses enfants se montre ici par les témoignages qu'ils se donnent de leur honneur, de leur estime, de leur sincère attachement, soit entre eux, soit par des avis mutuels, par des secours, par des consolations, soit devant le monde, en servant ensemble le Seigneur, en célébrant d'un même cœur la fête de la Cène, et en forçant, par leur union, ceux qui les blâment à dire «qu'ils sont de Dieu, puisqu'ils ont son Esprit.»

L'Épouse de Christ, enfin, aime son prochain, c'est-à-dire tous les hommes; aussi les Chrétiens ne font-ils de mal à personne, et sont-ils les premiers à faire du bien à tous.
C'est par amour qu'ils les enseignent, qu'ils les avertissent, qu'ils les retiennent, lorsqu'ils les voient se jeter dans les voies de l'irréligion, de l'injustice ou du désordre.
C'est par amour, aussi, qu'ils leur offrent, qu'ils leur donnent, qu'ils les prient de recevoir la Parole de l'Éternel, le Livre de vie, et qu'ils établissent au milieu d'eux, sans calculer ni dépenses, ni travaux, ni sacrifices, les Écoles qui préserveront leurs enfants, les Sociétés qui soulageront leurs maux, les Entreprises qui porteront la civilisation, la paix, la liberté, et par-dessus tout, l'Évangile et ses bienfaits, au sein de leurs peuplades, de leurs cités, de leurs royaumes.

Oui, c'est par amour que tout cela se prépare, s'entreprend, se soutient et s'accomplit chez les Chrétiens; et c'est ainsi que «leur lumière luit devant les hommes,» et qu'au jour de la miséricorde de Dieu, les nations qui avaient d'abord maudit Jésus et son Église, s'écrient avec un transport de gratitude, «Oh! que sont beaux sur les montagnes les pieds de ceux qui nous apportent de bonnes nouvelles! Béni soit celui qui est venu jusqu'à nous au nom du Seigneur! Béni soit Emmanuel et son peuple!» — Matth. V, 16; Rom. X, 15; Matth. XXI, 9; Ps. LXXXIV, 4.

Apprenez donc de l'Église ce qu'est la Sainteté, Moralistes et Philosophes, qui vous plaisez à spéculer sur les facultés et les sentiments de l'homme!
Cessez une fois d'en chercher la lumière dans la nuit du monde. Regardez au ciel: car elle y habite; et, — si cela vous est donné ! — écoutez Jésus, car c'est son Esprit qui l'enseigne et qui la démontre. Et si vos Essais ne paraissent devant elle que le jeu puéril de quelques belles phrases; si vos principes les plus étudiés ne sont, sous son éclat, que de frivoles pensées et d'inutiles sentences, ne calomniez pas, pour cela, «la science des saints et la sagesse des parfaits,» et ne l'appelez ni exaltation d'esprit, ni singularité, ni méthode outrée; car en parlant ainsi, ce serait la Vérité même et l'Esprit éternel que vous blâmeriez; et que feriez-vous en cela, qu'ajouter des ténèbres à votre ignorance, et de l'obstination à votre folie?

Qu'un esprit judicieux s'humilie plutôt ici, et qu'il reconnaisse; que si la Sainteté a sa source et son efficace en Dieu, la Sanctification, qui en est la recherche et l'évidence, a de même, dans le cœur du Chrétien, pour Principe la Grâce de l'Éternel, et pour Démonstration l'œuvre de l`Esprit-Saint, soit dans la fuite et l'horreur du mal et de la mort du monde, soit dans l'amour généreux et soutenu du bien véritable, de la vie et de l'imitation de Jésus.

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