La
plante
de la Sainteté n'est pas indigène ici-bas. Elle le fut au
commencement du monde, quand «l'homme
portait l'image de Dieu, et que ni le péché ni la mort n'avaient
atteint son âme.»
Alors l'ouvrage du Saint des saints était saint comme Celui qui «l'avait
fait;
alors il était béni.»
Mais la révolte de l'homme l'ayant précipité dans la malédiction,
«la gloire de l'Éternel le quitta,»
et la Sainteté retira dans les cieux sa lumière.
Adam pécheur et déchu «engendra des fils à
son image.»
Son
âme
était souillée; celles de ses enfants le furent aussi .... «Le
pur
ne fut point tiré de l'impur, et toute sa race conçue dans le
péché et formée dans l'iniquité, porta sa ressemblance.»
Gen.
I, 26-28; II,
7; Eccl.
VII, 29; Rom.
III, 12, 23;
Gen.,V,
3; Job
XIV, 4; Ps.
LI, 5.
Cependant
l'Éternel-Dieu,
qui avait ses élus dans cette race criminelle, n'abandonna pas
entièrement l'homme aux ténèbres de sa révolte; mais il maintint
en lui un témoin de sa sainte origine, dans «cette
lumière
qui l'éclaire quand il vient au monde; dans cette œuvre de la
Loi, qui est écrite dans son cœur;» et la conscience
fut ainsi l'attestation de l'Éternel, qu'il est présent au milieu
des humains, et qu'il sonde leurs pensées.
Jean
I,
9; Rom.
II, 15; . 1
Chr. XXVIII, 9; Apoc.
II, 33; Jérém.
XVII, 10.
Mais quel honneur l'homme a-t-il rendu à ce témoin de Dieu ?... Il
l'a méprisé!
Son
esprit
et son cœur se sont ligués contre la sainteté de ses réclamations,
et après avoir renié les «attributs de Dieu
qui resplendissent dans les œuvres de ses mains, ils ont changé
sa vérité en un mensonge, et la gloire de Dieu incorruptible en
de viles idoles; et par le juste jugement du Créateur qu'ils
insultaient, ils ont été abandonnés à d'abominables désirs, et
sont devenus, tous ensemble, inutiles et vains, remplis de
méchanceté et de souillures, et destitués, devant Dieu, de toute
vertu et de toute justice.»
Voilà ce qu'est l'homme, dit «Celui qui
connaît les cœurs et les pensées,» les intentions et les
démarches. «L'homme est esclave de la corruption
et
du péché; il est une fausse race, un enfant de désobéissance et
de colère, un être retranché de la vie et de la gloire de Dieu.»
Rom.
chap.
I, II, III;
Eph.
II, 1-3; Es.
I, 3, 4; 2
Pier. II, 19; Rom.
VI, 17, 20; Es.
LVII, 4, Col.
III, 6; Jérém.
XXIII, 25.
Qu'il
creuse
donc et fouille le sol de sa nature,... jamais il n'y trouvera,
dit Dieu, «l'or pur du sanctuaire:»
LA SAINTETÉ!
C'est au ciel qu'est ce trésor du ciel, et c'est du ciel qu'il
faut qu'il redescende, pour que la terre en soit enrichie! Apoc.
III,
18-25.
Si quelque âme, troublée par un cri soudain de la conscience, ressent de la terreur sur son état futur; si elle frémit à la vue de sa corruption, et qu'en voyant les appuis de sa sécurité chanceler et se rompre, elle ait recours à des réformes et à des pratiques: si, chez toutes les nations de la terre, depuis les plus sauvages jusqu'aux plus policées, cet effroi produit, chez les unes, de stupides ou honteuses superstitions, chez les autres, les superbes prétentions de la philosophie;... que sont, après tout, ces œuvres de l'homme, sinon la preuve qu'une âme qui n'a point de paix s'agite pour en trouver, et que la conscience, affamée de repos, cherche à tout prix, quelque aliment qui la trompe ou qui l'endorme!
La
Sainteté
se trouverait-elle dans des pratiques ou des
rêveries?
Ah! que le principe de tout ce travail se montre seulement, et
l'on verra, d'un côté; que la peur et de l'autre, que l'orgueil,
sont les deux sources qui l'alimentent; et que telle dévotion,
telle sagesse, telles vertus et telles mœurs que tant de gens
admirent, sont, devant Dieu, aussi mortes au dedans, que
mensongères au dehors.
Qu'on
en
juge par quelques faits:
On nous dit qu'un homme, notoirement connu comme irréligieux et
déréglé dans sa vie, vient de réformer tellement ses habitudes et
ses paroles, que non seulement l'ordre préside à toutes ses
affaires, mais que la Bible est maintenant dans sa bouche, et
qu'il est le plus rigoureux observateur du culte et des usages de
son Église.
Ce contraste est surprenant, en vérité. «Le
more (l'Éthiopien)
a donc changé sa peau et le léopard ses taches!»
Cet homme, de profane qu'il était, est donc devenu saint?
Oui, si c'est pour l'amour de son Dieu qu'il a fait ces choses: si
c'est la foi qui a offert ces sacrifices. Mais «qu'est
ce
meuglement de bœufs et ce bêlement de brebis qui se font
entendre?»
Que sont ces regrets cachés de ce cœur qui regarde encore vers le
péché, et qui ne s'en détourne que parce qu'il entend «la
voix
de tonnerre des commandements de la Loi ?... »
Ainsi donc, si l'on ôtait les menaces du Juge et «le
jour
de sa vengeance,» on enlèverait aussi ces réformes! et «le
chien retournerait à ce qu'il avait vomi! et
ce cœur charnel ressaisirait ses idoles, et se moquerait plus
ouvertement que jamais du Dieu Fort!»
Ah! cet homme ne fut jamais changé: il a peur du châtiment; et
c'est tout... La Sainteté n'est pas là! Jérém.
XIII,
23; 1
Sam. XV, 14; Ex.
XX, 18. 2
Thess. I, 8; 2.
Pier. II, 22; Ézéch.
VIII, 10; Ps
XXXV, 16.
Ou
bien,
ce qui est moins rare, c'est un homme qui, dès sa jeunesse, a fui
le train grossier du vulgaire, et s'est fait remarquer par
l'élévation de ses sentiments et l'intégrité de ses démarches. Sa
conduite est sans tache, ses mœurs sans reproche, l'ordre de sa
maison est en exemple, et sa religion est aussi constante que
vénérée.
Quel modèle, qu'une telle vie! Que de Sainteté dans une
âme !...
Oui, si c'est l'amour de Dieu qui fait naître cette flamme et qui
la nourrit; si c'est par la foi que les chemins de cet homme
furent ainsi dressés.
Mais «qu'est ce feu étranger, qu'est ce
parfum du monde, qu'est cet encensoir de faux or que l'on voit
en sa main?»
Que sont cet «amour de lui-même et ce désir
de la gloire des hommes,» qui ont échauffé son cœur, et qui
l'ont fait agir?...
Jésus n'a donc été pour rien dans ses sentiments et dans son
culte?
L'humilité ne fut donc jamais dans cette âme, et ce ne fut pas
pour obéir, mais ce fut pour s'admirer elle-même et se faire
adorer, qu'elle se para de ces brillants
atours!... Ah! cette âme ne fut jamais droite: la Sainteté n'est
pas là non plus! — Lév.
X,
1, 2; Nomb.
XVI, 6, 17;
Ex.
XXX, 37, 38; Luc
XVIII, 11; Jean
XII, 43.
Mais il est une personne humble et modeste en toutes ses voies, qui fuit les éloges et les regards, et qui marche, sans se lasser, dans les sentiers de la Parole. La tempérance, la justice et la piété, semblent ne la quitter jamais; et sa fuite de toute dissipation, de toute joie mondaine, comme aussi sa constante application aux œuvres de bienveillance et de charité , forcent l'admiration générale, et la font regarder comme un des beaux ornements de l'Église. C'est là, sans doute, une âme sainte; un disciple béni du Seigneur !... Oui, si c'est par l'amour de son Dieu qu'elle porte ces beaux fruits: si c'est la foi qui en est la substance et la saveur.
Mais
un
intérêt charnel est dans le fond de cette âme, et ce cœur calcule
avec Dieu .... C'est pour effacer enfin ses péchés, c'est pour
mériter enfin le ciel, qu'elle pratique ces vertus, qu'elle se
soumet à ces privations, qu'elle accomplit ces sacrifices. Ces
fruits sont donc terrestres; l'Esprit de Christ ne les a pas
formés. La Sainteté n'est pas là davantage. — Job
XXII,
2, 3; Rom.
X, 3; Luc
XVIII, 18-23.
Non,
non,
ni des réformes extérieures, ni la vie la plus morale, ni les
dévotions les plus suivies, ni les œuvres
les plus éclatantes de renoncement à soi-même ou de philanthropie,
ne sont la Sainteté.
Si ce travail est utile ici-bas: si ces vertus ont leur place et
leur avantage pendant que l'homme agit sur la terre; si alors le
prisonnier, par sa bonne conduite, rend sa prison plus
supportable, c'est au présent siècle que s'arrête leur efficace;
et si vous n'avez que ces titres à fournir au dernier jour, ô
Consciences troublées! Cœurs pharisiens! Âmes qui recherchez votre
justice! toute votre attente périra; «votre
or ne sera que du plomb et votre argent que de l'écume,»
et vous apprendrez alors que «vous avez
fatigué vos âmes pour néant et dépensé vos désirs et vos forces
pour des choses qui ne devaient ni vous rassasier; ni vous
nourrit: pour une justice qui n'avait point d'accès au royaume
des cieux.»
Non,
la
Sainteté n'est pas dans l'homme pécheur! —
Jérém.
IV,
1; Ézéch.
XXII, 18; És.
LV, 1, 2; Matth.
V, 20.
Mais c'est en Dieu, c'est en Dieu seul qu'elle réside; et c'est
en «Jésus, qui seul est venu de
Dieu,» que l'Église la contemple et la puise! «Descendant
du
Père des lumières, comme tout don parfait,» (Jacq.
I,
17), elle
habite, par le Saint-Esprit; dans un cœur renouvelé, dans un
membre vivant du corps de Christ, pour y agir par l'amour de
l'Éternel et pour sa gloire. Elle est la vie «du dernier
Adam,
de l'Homme céleste, dans ceux qui sont nés de lui,» (1
Cor. XV, 45-47); et sa divine nature se
montre en leurs œuvres,
1° Par son Principe, qui est l'amour gratuit de Dieu;
2° Par sa Substance, qui est le caractère de Dieu manifesté en Christ;
3° Par son Accomplissement, qui est le glorieux pouvoir de l'Esprit d'adoption.
I.
D'entrée, donc, vous voyez comment la Sainteté est distincte de
toute imitation que l'homme en peut faire. Les rudiments de la
Morale humaine sont tirés d'un trésor terrestre: ils sont
charnels, car ils proviennent de l'esprit de ce monde: ils sont
donc morts quant au ciel.
La Sainteté, au contraire, qui est la volonté de Dieu en Jésus,
découle d'une source éternelle et vivante; et par l'efficace du
Saint-Esprit, elle se révèle à l'âme que Dieu a ressuscitée. Ses
actes sont donc vivants: ils sont donc opposés, autant
qu'il est possible, à ceux de la Morale humaine, puisque ceux-ci
sont morts quant à Dieu.
Ainsi donc la Sanctification; qui est la recherche de cette Sainteté, est céleste dans son Principe, qui est de Dieu: et ce Principe est l'Amour éternel et gratuit que le Père a montré à l'Église en Jésus, et que l'Esprit communique aux élus.
Ce
Principe, — faites-y
bien attention! — ne monte pas de l'homme à Dieu, comme celui que
la Morale humaine essaie d'établir; mais il descend de la Grâce de
Dieu jusqu'à la misère de l'homme. Il est une volonté, un don du
Souverain: une création que son Esprit forme dans un cœur
qui était mort.
Et comme «Dieu est charité,» et que
c'est ainsi qu'il se manifeste à sa famille, le Principe de la
Sanctification est cette Charité même: C'est l'amour de Dieu dans
ses élus: c'est l'amour des élus pour leur Père.
Quelle
différence
donc entre les vertus humaines et celles du Chrétien!
Quelle distance entre les deux sources de ces deux effets!
L'une sort avec peine, dans la nuit de ce monde, d'un cœur endurci
et corrompu par le péché; et c'est la crainte, l'orgueil ou
l'intérêt qui l'alimente.
L'autre, jaillissant à flots, par le bon plaisir du Père, du
Rocher qui est Christ, apporte, sous la glorieuse lumière de
l'Esprit Saint, son onde vivifiante dans un cœur qu'elle remplit
de joie; L'une donc, la source de la vertu de l'homme, est dans le
sol desséché de la terre: l'autre, la source de la Sainteté, est
dans le ciel; dans le riche et inépuisable sol de la Grâce: dans
la plénitude même de la vie de Dieu.
Ce
n'est
donc que chez un homme qui connaît cette Grâce, que la
Sanctification peut se trouver.
Aussi longtemps qu'une âme a peur du châtiment, elle
redoute
Dieu comme un juge; elle regarde à la Loi comme un esclave à sa
chaîne, et l'obéissance est pour elle une contrainte. Les mots, Il
le faut! ou Dieu punira: Il le faut! pour que
Dieu récompense, précèdent tout désir, accompagnent toute
œuvre. Dieu n'est pas aimé: Dieu n'est pas servi!
Mais que la Grâce de Dieu en Jésus se manifeste à cette âme, et voyez quel changement s'opère aussitôt dans ses œuvres! Que Dieu dise à cet homme, Je t'ai fait mon enfant en mon Fils, et je suis pour toujours ton père !... et qu'ainsi la «colère à venir ne soit plus et que la condamnation disparaisse» pour son âme; que «la paix, la joie et l'espérance de l'Évangile y viennent demeurer; que l'efficace du Consolateur s'y fasse sentir, et que ce pécheur, uni maintenant à Jésus et scellé du sceau de l'élection,» puisse dire à Dieu librement:
«Tu as fait passer mes péchés comme une nuée, et mes forfaits comme un épais nuage; tu m'as aimé, et tu m'as racheté; tu m'as revêtu des vêtements du salut, et couvert du manteau de ta justice; je me réjouirai donc et je m'égaierai en toi, mon Rédempteur!... » puisqu'on voit si tout le désir de cet homme, qui n'a plus peur de Dieu, n'est pas de connaître et d'accomplir «la volonté de son Père, laquelle est devenue pour lui bonne, agréable et parfaite; de garder la Parole et les commandements de son Sauveur; de ne plus vivre ni pour les convoitises de la chair, ni pour le monde, mais pour son Dieu et par son Esprit, et pour se réjouir en sa lumière» — Jean III, 16, 5:65; Rom. V, 1; VIII, 1; XIV, 17; Eph. I, 13, 14; Es; LXI, 10; Rom. XII, 2; Éph. VI, 6; Col. IV, 12; 1 Jean II, 17.
N'est-ce
pas
là le Principe de la vie nouvelle de cet homme, qui de pécheur
condamné et tremblant qu'il était, est devenu Chrétien?
N'est-ce pas parce qu'il sait que «la
miséricorde de l'Éternel est sur lui; parce qu'il appelle Dieu
son père; parce qu'il est assuré de le voir dans les cieux ;...
»
N'est-ce pas pour cela, c'est-à-dire à cause de cet amour gratuit
et infini de Dieu, que ce Chrétien «désire
être saint comme son Père est saint, et de marcher d'une manière
digne de son éternelle et glorieuse élection?» — 1
Cor. VI, 17, 20; És.
XXXV, 10; Rom.
XII, 1; 1
Pier. I, 16, 17;
Héb. X, 10, 14; 2
Cor. III, 18.
Où
placeriez-vous
en ces motifs les principes de la Morale humaine?
Quel mélange, même, en feriez-vous avec celui de la Sainteté?
Le feu de celui-ci ne consumerait-il pas tout ce chaume, et ne
prouverait-il pas aussitôt, que si la vertu terrestre germe et
croît sur la terre, la Sanctification a son Principe aux
cieux?
II.
Elle y trouve aussi sa Substance, qui est Jésus,
le
Sauveur. Oui, «ce bien-aimé Fils du Père,
qui est la resplendeur de sa gloire et l'image empreinte de sa
personne, ayant en lui-même la plénitude de la Divinité,»
est substantiellement la Sainteté de son peuple.
C'est «en lui que le fidèle, par l'Esprit de
liberté qu'il a reçu, contemple, à face découverte, la gloire de
Dieu, lequel personne n'a jamais vu, mais qui est révélé dans la
personne du Fils; et par cette contemplation vivante, il est
transformé à l'image du Seigneur, de gloire en gloire, et fait
vivant de sa vie.» — Héb.
I,
3; Col.
I, 19; II,
9; Jean
I, 18; 2
Cor. III, 18; Rom.
V, 10.
Car non seulement le Seigneur Jésus est le modèle accompli de toute Sainteté, mais, comme il est «la Tête du Corps de l'Église, et qu'en lui, I’Époux, réside à toujours la vie de son Épouse,» c'est en lui essentiellement qu'est la substance et le pouvoir de cette lumière, de cette sagesse, de cette pureté, de cette nature divine, qui est LA SAINTETÉ des siens.
Aussi la Parole dépeint-elle cette relation de Christ avec son Église. sous les images de la plus intime union. C'est une Tête et son corps; c'est le Fondement et l'édifice; c'est un Cep et ses sarments; c'est un Père, un Époux, un Frère, un Ami; c'est une communion parfaite, une parité de sentiments, d'affections, de volontés, de force, de victoire, de triomphe et de gloire; et pour que cette Église, si honorée et si bénie, comprenne que ce n'est qu'en son Rédempteur qu'elle a la substance et le développement de sa Sainteté, le Seigneur Jésus lui dit que c'est lui qui est pour elle «le Pain de vie; que cet aliment des cieux est sa propre chair, qui est véritablement une nourriture, et son propre sang, qui est véritablement un breuvage; et que l'âme qui s'en nourrit et qui s'en abreuve, demeure en lui, comme lui-même en elle, et par lui vivra éternellement.» — Eph. I, 22, 23; II, 19-22; V, 23-27, 32; És. IX, 6; Ps. XXII, 23; Jean VI, 48-58; Gal. II, 20.
Jésus
est
donc le Trésor de la Sainteté pour son peuple. «Hors
de
lui elle n'existe pas:», car hors de lui n'existe aucune
vie, et la Sainteté est la vie.
Mais aussi comme il en est la plénitude, toute âme qui lui est
unie, reçoit de ce Chef vivant les attraits et les mouvements de
la vie, et par ses désirs, ses paroles et toutes ses œuvres,
manifeste que ce n'est pas sa propre volonté qu'elle recherche que
ce n'est pas, surtout, pour mériter que Dieu l'aime
qu'elle agit; mais que c'est «son Sauveur
qui vit en elle, et que c'est de la volonté de son Père qu'elle
aime à se nourrir, par la puissance de l'Esprit qui l'a scellée.»
— Jean
XV,
1-5; IV,
34; Eph.
I, 13; Phil.
IV, 13; Rom.
Vlll, 14.
III.
C'est par Dieu qui est en cet Esprit, en effet, que la vie de
Jésus, se communique aux âmes à qui Jésus
s'est uni.
Comment en serait-il autrement?
Comment le sarment recevrait-il son accroissement du cep, si ce
n'est par la sève?
Comment le Chrétien recevrait-il de Dieu en Christ la Sainteté, si
ce n'est par l'Esprit de vie?
Comment donc supposer, d'un côté, qu'une âme qui n'a pas l'Esprit
de Dieu, puisse accomplir une seule œuvre de Dieu; et d'un autre
côté, qu'une âme abreuvée de cet Esprit, puisse ne pas en porter
les fruits célestes!
Cet
homme
est-il Chrétien; c'est-à-dire, est-il par la foi de son cœur uni à
Jésus ?... il reçoit l'Esprit de la Promesse, qui vient habiter en
lui pour toujours.
Cet Esprit est un seul Dieu avec le Fils, en qui réside la
plénitude. Il n'en est pas une influence et comme un agent séparé;
mais il est Dieu avec Jésus, et c'est en Jésus, c'est en ses
membres, qu'il agit et opère.
L'homme donc que cet Esprit a baptisé, qu'il a scellé, qu'il fait
vivre, vivra de la vie qui est en Jésus, aussi nécessairement que
l'homme du monde vivra de la vie de l'esprit du monde. «Ce
qui
est né de la chair est chair; ce qui est né de l’Esprit est
Esprit.» — Jean
III,
6.
C'est pourquoi, comme l'Esprit de la Promesse n'est donné à une âme «qu'après qu'elle a cru le témoignage de Dieu,» c'est-à-dire, qu'après qu'elle «a été justifiée par la foi,» c'est alors seulement; aussi, que la Sanctification se fait connaître à cette âme, et paraît en ses œuvres: Les Bonnes Oeuvres ne commencent dans l'homme, qu'après que ce pécheur est justifié. — Éph. I, 13; I Jean V, 9-12; Rom. IV, 24, 25; V, 1.
Doctrine bien simple, quand il s'agit d'un arbre que nos mains ont planté. Alors chacun comprend et dit, que l'arbre doit être greffé, pour que les fruits n'en soient plus sauvages; et chacun dit aussi, que c'est la sève et la force des racines et du tronc qui nourrissent les branches et font croître les fruits.
Mais s'agit-il d'un arbre spirituel, d'une âme et de ses œuvres ?... à l'instant la doctrine est méconnue; on ne la comprend plus; on la nomme abstruse; on la raille, on la honnit; et il suffit, d'ordinaire, qu'un Ministre dise aux âmes, soyez d'abord justifiées; ayez et possédez avant tout, le pardon de vos péchés; puis vous songerez aux Bonnes Oeuvres!... pour qu'on s'étonne, comme s'il disait une folie; pour qu'on le repousse comme un dangereux novateur; pour qu'on publie qu'il est un ennemi de la Sainteté: qu'il abolit les Bonnes œuvres!
Mais quelle que soit l'incrédulité ou l'ignorance de ceux qui parlent ainsi, la Vérité de l'Évangile n'en déclare pas moins, que «Jésus a été fait, de la part de Dieu, la Sanctification de son Église, après qu'il lui a été donné pour justification;» qu'une âme doit être «créée en lui de nouveau,» avant qu'elle puisse agir pour lui; et que l'Esprit d'adoption, qui n'est donné «qu'après la foi,» doit sceller cette âme avant qu'elle puisse «appeler Dieu son Père,» et garder ses commandements par amour . — 1 Cor, I, 30; Tite II, 14; Rom. VIII; 1-16; 1 Pier. I, 17, 18.
C'est donc au Saint-Esprit, et à lui seul, que l'Évangile attribue l'Accomplissement de la Sanctification dans l'Église, comme c'est à l'Amour de Dieu qu'il en assigne le Principe, et à la plénitude de Christ la Substance.
C'est donc à Dieu, qu'en concluant notre première Recherche, nous rendons toute gloire. C'est en lui, disons-nous, en lui seul, et nullement en l'homme, qu'est la source, le trésor et l'efficace de la Sainteté: c'est donc en lui, par lui et pour lui, que toute âme manifestera qu'elle est sainte, si cette grâce lui est parvenue.
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