Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA SAINTETÉ

(II) LES PREMIERS-NÉS

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La communication divine que Moïse entendit du milieu du feu dans le buisson, dut non seulement réveiller dans son cœur le souvenir de la bonté de Dieu envers les pères, mais aussi lui montrer qu'il avait un lien personnel avec le Dieu d'Abraham; car Dieu lui avait dit: «Je suis le Dieu de ton père,» (II nous est parlé de la foi des parents de Moïse dans le chapitre XI des Hébreux.)

Mais «Moïse cacha son visage, car il craignait de regarder vers Dieu.» Voilà l'effet que produit la présence de Dieu quand on ne le connaît pas comme un Dieu qui justifie.

La conscience humaine fait entendre sa voix du moment qu'il s'agit

de paraître devant Dieu, car nous sommes pécheurs.

C'est ainsi que Jacob, après avoir vu en songe la magnifique vision de l'échelle, se réveilla ayant conscience de la présence de Dieu et dit: Certes l’Éternel est en ce lieu-ci et je n'en savais rien. Et il eut peur et dit: Que ce lieu-ci est effrayant! C'est ici la maison de Dieu, et c'est ici la porte des cieux.

Assurément Dieu ne lui avait fait entendre que des paroles de grâce et de bonté; mais sa conscience le condamnait dans la présence du Dieu saint, et son âme fut remplie de crainte.

On voit la même chose dans le cas d'Ésaïe le prophète (voyez le chapitre VI de son livre). Il vit le Seigneur séant sur son trône haut et élevé et ses pans remplissaient le temple. Les séraphins se tenaient au-dessus de lui et ils criaient l'un à l'autre, disant: Saint, saint, saint est l'Éternel des armées; toute la terre est pleine de sa gloire.

Alors le prophète dit: «Hélas! moi, car c'est fait de moi, parce que je suis un homme souillé de lèvres et que je demeure parmi un peuple souillé de lèvres, et mes yeux ont vu le Roi, l'Éternel des armées.»

La réponse de la part de Dieu, tout en faisant voir la source de la détresse du prophète, y apporta aussi le remède. L'un des séraphins toucha sa bouche avec un charbon vif pris de l'autel des holocaustes et dit: «Voici, ceci a touché tes lèvres, c'est pourquoi ton iniquité est ôtée et la propitiation est faite pour ton péché.»

Dieu sait de quoi nous avons besoin.

Il agit par son Esprit pour produire «la vérité dans l'homme intérieur», afin que nous reconnaissions en sa présence notre véritable état, puis II nous fait connaître la rédemption en vertu de laquelle II est juste en justifiant celui qui croit en Jésus (Romains III, 26).

Avant que Christ eût souffert pour nos péchés, Dieu, sachant ce qu'il voulait faire pour les ôter, «supportait» les péchés, c'est-à-dire, II ne les imputait pas à ceux qui croyaient en Lui, bien qu'il ne pût pas alors diriger leurs regards vers une expiation déjà faite.

Le Psaume XXXII, cité dans le chap. IV de l'épître aux Romains, parle de ce pardon; dès la mort de Christ, Dieu a pu faire voir à tous qu'il était juste en l'accordant, en anticipation de l'œuvre de la rédemption (Romains III, 25).

Dieu, dans les sacrifices, présentait plusieurs types, qui, tous, montraient le grand principe d'après lequel, seul, la justice de Dieu peut être satisfaite à l'égard du péché; car «sans effusion de sang, il n'y a pas de rémission» (Hébreux, IX, 22).

Dieu se révélait comme le Dieu «qui ôte l'iniquité, le crime et le péché», et II faisait voir en même temps, quoiqu'en figure, que pour ôter le péché il faut le sang d'une victime parfaite.

Et si l'on est délivré du jugement par ce moyen, on est en même temps sanctifié, ou mis à part en sainteté pour Dieu.

C'est ainsi que nous lisons dans le chapitre IX de l'épître aux Hébreux, vers, 13, 14:

«Si le sang de boucs et de taureaux, — et la cendre d'une génisse avec laquelle on fait aspersion sur ceux qui sont souillés, — sanctifie pour la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ, qui, par l'Esprit éternel, s'est offert lui-même à Dieu sans tache, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes pour que vous serviez le Dieu vivant!»

Nous allons voir ce même principe en figure dans l'histoire de Moïse au moment où «la délivrance», dont Dieu lui avait parlé dans le buisson, allait s'accomplir.


* * *

Dieu avait dit à Moïse: «Le cri des enfants d'Israël est parvenu jusqu'à moi, et j'ai vu aussi l'oppression dont les Égyptiens les oppriment; maintenant donc viens, et je t'enverrai vers Pharaon, et tu retireras mon peuple, les enfants d'Israël, hors d'Égypte» (Exode III, 9, 10).

Après avoir envoyé neuf plaies sur les Égyptiens, Dieu en préparait une dixième, la dernière, qui devait frapper tous les premiers-nés du pays d'Égypte.

Il institua en même temps la Pâque, comme moyen de délivrance pour son peuple lorsque l'ange destructeur accomplirait son œuvre.

Le sang de l'agneau pascal, dont on faisait aspersion sur les poteaux et sur le linteau de la porte, garantissait la maison et tous ceux qui s'y trouvaient:

«Car, dit-Il, je passerai cette nuit-là par le pays d'Égypte, et je frapperai tout premier-né au pays d'Égypte, depuis les hommes jusqu'aux bêtes, et j'exercerai des jugements sur tous les dieux d'Égypte. Je suis l'Éternel. Et le sang vous sera pour un signe sur les maisons dans lesquelles vous serez; car je verrai le sang, et je passerai par-dessus, et il n'y aura pas de plaie à destruction parmi vous, quand je frapperai le pays d'Égypte» (Exode XII, 12, 13).

En même temps l'Éternel dit à Moïse: «Sanctifie-moi tout premier-né, tout ce qui ouvre la matrice entre les enfants d'Israël, tant des hommes que des bêtes; car il est à moi» (Exode XIII, 1, 2).

De même dans les Nombres (chapitre III, 13), nous lisons au sujet des enfants d'Israël: «Tout premier-né m'appartient depuis que j'ai frappé tout premier-né au pays d'Égypte.»

Dieu vient pour délivrer; le résultat de la délivrance est que l'on est mis à part pour Lui.

Le grand principe moral était ainsi clairement établi, bien que la destruction des premiers-nés ne fût qu'un exemple du jugement réservé à ce monde.

La délivrance correspond en étendue au jugement, et présente aussi la mesure de la sanctification personnelle qui se rattache intimement à la délivrance même:

«NE CRAINS POINT», est-il dit, «car je t'ai racheté, je t'ai appelé par ton nom; TU ES A MOI»,

et encore: «JE ME SUIS FORMÉ ce peuple-ci, et j'ai dit: Ils raconteront ma louange» (Ésaïe XLIII, 1, 21).

De même après avoir complètement délivré le peuple d'Israël du pays d'Égypte, Dieu leur envoie par Moïse ce message:

«Vous avez vu ce que j'ai fait aux Égyptiens, comment je vous ai portés sur des ailes d'aigle et vous ai amenés A MOI; maintenant donc, si vous obéissez exactement à ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous serez d'entre tous les peuples mon plus précieux joyau, quoique toute la terre m'appartienne; et vous me serez un royaume de sacrificateurs et UNE NATION SAINTE»  (Exode XIX, 4-6).

Mais la consécration à Dieu des premiers-nés en Israël fournit d'autres développements au sujet de la nature de la sainteté, et nous montre en quoi elle consiste, ainsi que l'étendue de son application pratique.

Dieu disait d'une manière spéciale au sujet de tout premier-né: «II EST À MOI.» Cela impliquait qu'on devait l'offrir en sacrifice; c'est ce qui avait lieu en effet quant aux bêtes pures. «Tu me donneras le premier-né de tes fils; tu feras la même chose de ta vache, de ta brebis et de ta chèvre: il sera sept jours avec sa mère, et le huitième jour tu me le donneras» (Exode XXII, 29, 30).

Quant aux bêtes domestiques impures, on devait les racheter: «Tu rachèteras avec un agneau le premier-né d'un âne.» Et le même principe tenait pour les hommes: «Tu rachèteras tout premier-né de tes fils» (Exode XXXIV, 20).

Or ce rachat des fils premiers-nés d'Israël se fit d'une manière remarquable; nous en trouvons les détails au commencement du livre des Nombres. Ils étaient remplacés par les Lévites.

«Voici, j'ai pris les Lévites d'entre les enfants d'Israël au lieu de tout premier-né qui ouvre la matrice entre les enfants d'Israël, c'est pourquoi les Lévites seront À MOI» (Nombres III, 12).

Dorénavant, les Lévites étaient consacrés au service de Dieu, pour soigner le tabernacle, et aider les sacrificateurs, et plus tard pour enseigner au peuple la loi de Dieu, Ils n'avaient aucun héritage comme tribu à part parmi les enfants d'Israël, mais ils devaient vivre des dîmes de tous les produits du pays apportés régulièrement par le peuple; car «toute dîme de la terre, tant du grain de la terre que du fruit des arbres, est à l'Éternel: c'est une sainteté à l'Éternel» (Lévitique XXVII, 30; Nombres XVIII, 21-24; Deutéronome XXVI, 12, 13).

En somme donc, nous voyons que la consécration qui découlait de la rédemption, était une consécration ENTIÈRE de la personne.

Comme le sacrifice était ENTIÈREMENT consumé sur l'autel, ainsi le racheté du Seigneur est considéré comme appartenant au Seigneur corps et âme; il est de toute manière mis à part pour son service.

Le Seigneur dit de ses brebis: «Je connais les miens»; Il a dit à son Père: «Ils étaient du monde, mais tu me les as donnés» (Jean X; XVII).

Par conséquent, l'exhortation de l'Esprit adressée au croyant porte qu'il présente son corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu (Romains XII, 1); puis encore: «Livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d'entre les morts étant faits vivants, — et vos membres à Dieu, comme instruments de justice; car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce (Romains VI, 13, 14).

Le chrétien doit vivre dans une dépendance complète de Dieu pour ce qui regarde tous les détails de sa vie, de manière à ce que la plénitude de la rédemption opérée en sa faveur se trouve reflétée, pour ainsi dire, dans sa vie pratique.

Il a été délivré du monde et du jugement qui doit atteindre le monde; SA VIE PRATIQUE DOIT DONC MONTRER QU'IL EST MORT AU MONDE ET VIVANT À DIEU; et que, reconnaissant qu'il est étranger et forain sur la terre, il recherche la patrie et la cité que Dieu lui a préparées, et possède déjà, par la foi, son héritage dans la Jérusalem céleste.

Là, on voit «l'assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux»;

là, on jouit de la présence et de la communion de Dieu, juge de tous, entouré qu'il est des esprits des justes consommés;

là, on trouve le comble du bonheur en Jésus, — Lui qui est le premier-né d'entre les morts, le médiateur d'une nouvelle alliance, — et le fondement de toute confiance devant Dieu, dans le sang d'aspersion qui parle mieux qu'Abel.

Là aussi, environné par des myriades d'anges, l'assemblée universelle, on apprend qu'ils sont «tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut» (Hébreux XI, 13-16; XII, 22-24; I, 14).

N'y a-t-il pas là de quoi nourrir l'âme et remplir le cœur de courage pour faire face à tous les ennemis spirituels, et à toutes les difficultés que nous avons à rencontrer dans la vie présente?

La foi accepte simplement ce que Dieu dit, et prend franchement la place qu'il nous donne «en Christ»; puis, dans l'obéissance, nous apprenons ce que c'est que de dépendre de Dieu en toutes choses.

«Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?»

«II nous a élus en Christ avant la fondation du monde, POUR QUE NOUS FUSSIONS SAINTS ET IRRÉPROCHABLES DEVANT LUI EN AMOUR, nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté; à la louange de la gloire de sa grâce, dans laquelle Il nous a rendus agréables dans le Bien-Aimé; en qui nous avons la rédemption, la rémission des fautes, selon les richesses de sa grâce» (Éphésiens I, 4-7).

Voilà un aperçu des vérités contenues dans la sanctification des premiers-nés.

Quel champ d'étude dans la parole divine nous est ouvert en rapport avec tout le service des Lévites!

Mais notre but actuel est de nous borner aux grands principes que nous avons cherché à relever; d'abord, comment la conscience devient «bonne» dans la présence de Dieu par le moyen du sang, à l'abri duquel on est placé; ensuite que l'absolu de la consécration personnelle correspond à l'étendue et à la perfection de la délivrance.

Moïse est allé pas à pas dans l'obéissance, apprenant de Dieu les merveilleuses leçons de sa grâce. «Par la foi, il a fait la pâque et l'aspersion du sang, afin que le destructeur des premiers-nés ne les touchât pas» (Hébreux XI, 28).

N'est-il pas un précieux exemple pour nous, un de ces témoins de la foi desquels nous sommes entourés?


 

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