Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L’ÂME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS

SOUS LA LOI, OU SOUS LA GRÂCE?

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Lorsque vous m’avez dit que le chemin est souvent long pour arriver à la jouissance pratique de ce que c’est que d’être en Christ, il m’a semblé que cela me donnait un peu de courage, car je le trouve long pour moi.

Faites attention cependant de ne pas perdre votre temps en route.

Il est certain que l’effort de Satan est de vous empêcher de saisir la position chrétienne, afin que votre vie ne glorifie pas le Seigneur qui vous a racheté.

Il voudrait vous priver aussi de la joie et de la force de la communion du Seigneur. Dieu ne désire pas nous tenir éloignés de Lui; Il a donné son Fils pour nous rapprocher de Lui-même.

Mais on n’ose pas aller à Lui lorsqu’on n’a pas une bonne conscience.

Précisément; et c’est pour nous en donner une que Christ a souffert.

Mais si l’on ne jouit pas de sa communion, c’est une preuve que la réponse à son appel n’est pas franche de notre côté.

Nous nous arrêtons peut-être comme Abram à mi-chemin, à Charran, — et tout notre temps se perd.

L’Esprit de Dieu ne commence à compter l’âge d’Abram que du jour où il sortit de Charran: il n’avait pas encore quitté la maison de son père, et la mort, seule rompit ces liens (voyez Actes VII, 4).

Mais regardons de plus près ce que Dieu dit au sujet de l’expérience d’une âme qui n’est pas encore délivrée du péché.

Vous
 verrez que cette âme est déjà convertie, régénérée!

Je croyais que la conversion et la délivrance étaient une même chose.

La conversion, c’est la SOUMISSION de la volonté à Dieu, la reconnaissance de son autorité.

La délivrance est tout autre chose, comme nous allons le voir.

Une plante des tropiques peut pousser des feuilles, témoignant ainsi de la vie, mais sans produire de fruit du tout, si elle n’est pas dans un climat qui lui convient. Or, la délivrance appartient à cet ordre de choses que l’on peut comparer à la production du fruit.

La vie se manifeste quelquefois par des efforts dans ce sens, quand bien même l’on est obligé de reconnaître leur inutilité. La loi rend de bons services dans cet état d’âme, car elle fait connaître les pensées de Dieu au sujet de la racine du mal qui existe en nous. C’est par la loi que le péché se découvre. Lisez le chapitre VII de l’Épître aux Romains, depuis le verset 7.

Il y est dit que le péché a trouvé une occasion par le commandement (vers. 8, 11).

Oui; c’est ainsi que la loi agit, lorsqu’elle vient en contact avec une nature corrompue. La défense même excite en nous le désir de faire ce qui est défendu. Cela prouve clairement jusqu’à quel point notre nature est sous l’empire du mal, sous ce qui est appelé, à la fin du chapitre, «la loi du péché».

C’est ce principe du péché qui agit, du moment que l’occasion se présente.

Est-ce donc la loi qui fournit cette occasion?

Évidemment; vous n’avez qu’à en faire l’essai vous-même. Donnez la permission à un enfant de fouiller tout ce qui est dans votre chambre, sauf un tiroir dans lequel vous lui défendrez de regarder; son attention et ses désirs se porteront vers ce tiroir-là, tandis que les autres choses auront comparativement peu d'intérêt pour lui.

C’est triste à penser!

C’est humiliant, en effet; mais ne vaut-il pas mieux connaître quel est notre état réel que de se bercer d’illusions, en nous imaginant capables de produire du bien?

Cette racine du mal dans le cœur de l’homme est une chose terrible.

D’autant plus terrible qu’elle ne peut en être ôtée! Mais n’est-il pas bon que l’existence en soit pleinement constatée?

Lorsqu’un jardinier connaît les mauvaises herbes que sa terre produit, il peut veiller aux premières petites pousses et les empêcher de grandir et ainsi de fructifier.

Je l’admets, et je comprends que c’est aussi notre devoir. Mais il m’est difficile de comprendre que la loi n’aide pas à juger et à ôter les mauvaises racines.

Vous éprouvez vous-même qu’elle ne peut pas les ôter, mais votre difficulté montre que vous confondez encore «les péchés» avec «le péché».

C’est par la loi que les péchés sont jugés. LEUR FIN, SELON LA LOI, C’EST LA MORT.

Et après?...

Un homme mort ne pèche plus de fait. Mais il est mort! C’en est fait de lui! Or, ce que nous cherchons, c’est la délivrance de la puissance du péché pour un chrétien vivant.

Que fait donc la loi?

Elle fait voir la racine du mal qui existe dans le cœur des hommes: «Par la loi est la connaissance du péché» (Romains III, 20).

On peut reconnaître des péchés par la conscience naturelle, mais on est ignorant de l’existence de CETTE TERRIBLE RACINE DU «PÉCHÉ» jusqu’à ce qu’elle soit mise en évidence par la loi: «Je n’eusse pas eu conscience de la convoitise si la loi n’eût dit: Tu ne convoiteras point».

La loi manifeste «LE PÉCHÉ» en l’excitant par le moyen de la défense imposée; ainsi elle nous fait voir que «la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas» (Rom. VIII, 7).

Dieu nous fait passer par la tutelle de la loi, afin de nous faire connaître ce que nous sommes. On est mis à l’épreuve et trouvé en défaut sur tous les points.

La mort, — la sentence que la loi passe sur le pécheur, — nous est appliquée moralement; le cœur et la conscience sont exercés en pratique à cet égard; et puis Dieu nous fait voir que, comme nous avons été identifiés avec Christ dans la ressemblance de sa mort, AINSI NOUS TROUVONS EN LUI, DANS SA RÉSURRECTION, UNE NOUVELLE PUISSANCE DE VIE PAR LE SAINT-ESPRIT, QUI NOUS AFFRANCHIT DE «LA LOI DU PÉCHÉ».

Il faut toutefois que nous soyons éprouvés jusqu’au bout sous la loi pour que la conscience soit exercée jusqu’au fond.

Vous avez dit que l’âme qui passe par ces exercices est déjà régénérée, n’est-ce pas?

Oui: cela est évident d’après les versets 15 et 22.

On ne peut pas dire d’un homme inconverti qu’il «prend plaisir à la loi de Dieu».

Du moment qu’il y a des efforts sérieux après le bien, pour plaire à Dieu, n’est-ce pas une preuve que l’on a la vie de Dieu?

L’homme naturel ne cherche pas Dieu; il marche dans l’indépendance et l’indifférence.

Si donc on ne peut pas garder la loi, étant déjà régénéré, quelle espérance y a-t-il pour un croyant de marcher selon la vraie sainteté?

il n’y en a aucune avant qu’il ait reconnu son impuissance totale; mais alors Dieu lui fait voir une puissance en dehors de lui qui se déploie, NON PAR DES EFFORTS CONTRE LE MAL, mais comme étant le développement de la vie de Christ, tout comme un arbre bien planté, soigné et arrosé, produit le fruit que le cultivateur en attend.

Le chapitre V de l’Épître aux Galates parle du «fruit de l’Esprit» en contraste avec «les œuvres de la chair» (voyez les versets 19 et 22).

Si je vous comprends bien, la lutte qui est dépeinte dans ce chapitre VII des Romains n’est donc pas ce qu’un chrétien doit toujours ressentir?

Certainement non. C’est le chemin par où l’on arrive en pratique à jouir de la délivrance.

On est sous la loi dans le chapitre VII, tandis que l’état chrétien est clairement exprimé au chap. VI, 14, dans ces termes: «Vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce». Il est donc évident que, lorsqu’on est affranchi, on n’est plus «sous la loi».

Il me paraît bien difficile de comprendre que la connaissance de mon impuissance contre le mal puisse être un moyen de me mettre en état d’éviter d’y tomber.

Pourquoi?... Si vous n’aviez pas de confiance en vous-même, vous auriez recours à un autre. La difficulté n’est pas là.

Ce qui est difficile, cher ami, c’est de nous voir mettre de côté, comme une chose tout à fait mauvaise.

On reconnaît, que les péchés sont mauvais, mais on chérit l’être qui les commet, on espère trouver quelque bien en lui.

Mais, dans la croix de Christ, Dieu a mis de côté et condamné non seulement les péchés, mais aussi l’homme qui les commet.

La puissance contre le mal se trouve en Dieu, mais on ne s’en sert pas en pratique avant que d’avoir fait la découverte, sous la loi, que l’on est impuissant en soi-même.

Vous parlez toujours d’une âme sérieuse, convertie, et qui cherche véritablement le bien?

Précisément.

Quelles sont donc les expériences que fait une telle personne placée sous la loi?

Elles peuvent se réduire à trois, d’après notre chapitre:

I. D’abord, on reconnaît que la loi est bonne. Ce n’est pas la faute de la loi si, par son moyen, il est démontré que je suis méchant.

Le fait que l’on veut s’en servir pour brider la chair est une preuve qu’on la reconnaît bonne: «Le commandement est saint et juste et bon» (vers. 12).

II. On fait la découverte qu’il y a deux principes opposés en nous, l’un qui veut le bien, l’autre qui fait le mal. Et Dieu nous fait la grâce d’en décrire le résultat ainsi: «Si je pratique ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais c’est le péché qui habite en moi» (vers. 15, 17, 19, 20). Non pas que cela excuse le mal en aucune façon; mais le fait est constaté.

III. Le mauvais principe est le plus fort, et je me trouve captif de la loi du péché qui existe dans mes membres (vers. 23). C’est alors que je reconnais qu’en moi, c’est-à-dire dans ma chair, il n’habite point de bien (vers. 18); et j'en suis réduit à crier: «Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort?»

Mais de ce cri de désespoir même sortent les actions de grâces, ainsi que nous lisons: «Je rends grâces à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur».

La loi a accompli son œuvre précieuse en me faisant voir toute ma misère: puis Dieu me conduit dans la jouissance d’une position toute nouvelle, où j’ai à marcher dans sa dépendance, n’ayant plus aucune confiance en moi-même, mais vivant de la vie de Christ, occupé de ses intérêts et croissant dans la grâce sous laquelle j’ai été placé.

Au lieu d’être accablée par les foudres de la loi, l’âme sauvée s’épanouit sous les doux rayons de la grâce de Dieu dans la connaissance de l’adoption (Rom. VIII, 15-17).

Or, cette nouvelle position est ainsi décrite: «Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous» (Romains VIII, 9).

Je commence à comprendre que la loi ne s’applique pas à quelqu’un qui est «DANS L’ESPRIT»; car elle s’adresse à l’homme dans la chair.

Oui, et elle excite le péché à se manifester; n’oublions pas cela. Elle a été ajoutée à cause des transgressions, c’est-à-dire pour les faire ressortir, «afin que le péché, par le commandement, devînt excessivement pécheur» (vers. 13; Galates III, 19).

La loi n’a donc plus rien à faire pour le chrétien, du moment que celui-ci a réalisé son état?

Non; mais c’est une œuvre profonde que celle dont nous avons parlé. L’apôtre montre, par la comparaison d’une femme mariée, que la mort brise tous les liens avec le premier mari. Le petit changement (Dans la parabole, le mari meurt; dans l’application, c'est celui qui correspond à la femme qui meurt.) nécessaire dans l’application de la parabole ne touche pas le principe.

Quels sont ces «maris»?

Le premier, c’est la loi; le second, c’est, Christ ressuscité.

Il est dit: «Vous avez été mis à mort à la loi par le corps du Christ pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu» (verset 4). Impossible de trouver un raisonnement plus clair pour nous faire comprendre que l’on ne peut être en même temps sous l’autorité de la loi et uni à Christ.

Les deux montagnes, de Sion et de Sinaï (Hébreux XII, 18-24), nous font voir le même contraste.

J’entrevois un peu la grandeur de la délivrance.

Dieu en soit béni! Mais n’en restez pas à une conception intellectuelle!

Il faut y être avec Dieu. Vous verrez toujours plus que notre cœur naturel n’aime pas à sentir sa faiblesse; mais Dieu nous apprend en pratique que sa force s’accomplit dans la faiblesse (2 Corinthiens XII, 9).

Le cœur résiste aussi longtemps que possible à la terrible découverte de ce que nous sommes.

- Dieu savait ce qu’il faisait en donnant la loi;

- Il sait aussi l’effet quelle produira toujours sur une âme sincère qui lui est soumise.

Ne pouvons-nous pas le bénir de ce qu’il nous instruit de cette manière? L’effet de la loi est ainsi de nous mettre à mort (Romains VII, 4, 18; Galates II, 19).

Comment entendez-vous cela?

C’est qu’il faut être mort moralement pour pouvoir vivre à Dieu.

La doctrine se trouve dans la mort et la résurrection de Christ; mais il faut aussi que l’âme l’éprouve en pratique et d’une manière personnelle; il est dit: «Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché» (Romains VI, 11).

Nous trouvons donc d’un côté le caractère de la vie sainte au point de vue négatif, dans le fait qu’un homme mort ne pèche pas.

De l’autre côté, nous voyons une œuvre profonde opérée dans l’âme lorsqu’on est sous la loi, — et qui, par son moyen, nous amène en pratique à cet état de mort.

Découvrant le péché dans sa racine, nous acceptons la sentence de la mort écrite en nous-mêmes, et nous l’y maintenons par la foi, pour que la puissance de Dieu se déploie en nous par le Saint-Esprit, en nous occupant uniquement de Christ et non plus de nous-mêmes. Voilà ce qui est appelé: «la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus» (Romains VIII, 2).

Nous vivons à Dieu; et Dieu dit que «le péché ne dominera pas sur vous, PARCE QUE VOUS N’ÊTES PAS SOUS LA LOI, MAIS SOUS LA GRÂCE» (Romains VI, 14).

Je pense avoir maintenant répondu à vos difficultés.

Je vous en remercie. Que le Seigneur lui-même me fasse comprendre toute sa volonté!

Demandons-le-Lui, et qu’il nous donne à tous de sonder davantage sa parole, afin que nous vivions d’elle, et que nous jouissions toujours plus de la position merveilleuse d’être «EN CHRIST» et agréés de Dieu par Lui.

Il y a trois passages que je désire vous laisser, qui me semblent résumer la position chrétienne, l’œuvre de la foi qui la saisit et qui la retient avec Dieu, et puis la manière dont la marche qui y correspond est produite en pratique par les fidèles soins de Dieu.

Le premier est Colossiens III, 3: «Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu».

Le second, Romains VI, 10, 11: «En ce que Christ est mort, il est mort une fois pour toutes au péché, mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu. De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus».

Le dernier est 2 Corinthiens IV, 10, 11: «Portant toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle.»

La dernière partie de ces versets montre comment Dieu nous conduit par sa providence dans des circonstances où l’on se trouve en face de la mort quant au corps, pour que la vérité et la puissance morale de la mort soient mieux saisies dans l’âme. Puissions-nous comprendre de plus eu plus le sens de ces paroles de l’apôtre:

«POUR MOI, VIVRE C’EST CHRIST»

(Philippiens I, 21).





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