Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L’AME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS

LA LOI ET LA SAINTETÉ

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Je vois bien que les Écritures sont très positives au sujet de la rédemption et de la valeur de l’œuvre de Christ, mais je remarque chez beaucoup de personnes pieuses, qui croient au Seigneur Jésus-Christ, peu ou point d’assurance quant à leur salut final.

N’ont-elles pas raison de se méfier d’elles-mêmes?

Et ne serait-ce pas une grande présomption de ma part de prétendre à une position plus élevée?

Il est évident que le chrétien sincère ne peut que se méfier de son propre cœur toujours rusé (Jérémie XVII, 9); le Seigneur a dit: «Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire» (Jean XV, 5).

Il faut demeurer en Lui afin de porter du fruit; et l'on ne doit jamais regarder à l’homme; bien au contraire, «FIXANT LES YEUX SUR JÉSUS», nous avons à nous soumettre en toutes choses à ce que Dieu a dit, et courir avec patience la course qui est devant nous.

Mais ne serait-ce pas de l’orgueil que de prétendre à une telle assurance?

L’apôtre Paul lui-même n’a-t-il pas dit qu’il ne pensait pas avoir atteint la perfection?

L’apôtre n’avait aucun doute quant à son salut. Il avait toujours confiance, sachant en qui il avait cru (2 Corinthiens V, 6-8; 2 Timothée I, 12; Philippiens I, 20-24).

Dans le passage même auquel vous avez fait allusion, il affirme que Christ «l’avait saisi» (Philippiens III, 12); et le Seigneur ne perd rien de tout ce que le Père lui a donné (Jean VI, 39; X, 27-30).

Mais parce que Paul avait cette ferme assurance, son cœur ne pouvait se contenter d’autre chose que de l’accomplissement des pensées de son Seigneur, savoir, que les siens soient avec Lui dans la gloire (Jean XII, 26; XVII, 24); or, l’apôtre n’y était pas encore; à cet égard, il dit qu’il n’avait pas encore reçu le prix, et n’était pas parvenu à la perfection.

La terre n’avait aucun attrait pour lui; s’il désirait y rester, ce n’était que pour y prêcher Christ, et souffrir pour le nom de Christ là où Christ avait souffert (Philippiens I, 20, 26). Son cœur et ses pensées étaient avec le Seigneur en haut; par conséquent, il vivait ici-bas comme un homme céleste.

Je pense que, parmi les chrétiens, il n’y en a pas beaucoup comme Paul; n’y aurait-il pas du danger à avoir trop de confiance en soi-même, si l’on s’appropriait de tels sentiments?

La parole de Dieu, cher ami, nous fait voir ce que Dieu pense au sujet de la position et de la marche chrétiennes; voilà ce qui est de toute importance pour la conscience.

L’apôtre a été un précieux exemple que Dieu nous a donné; un modèle que nous avons à imiter en suivant Christ comme il l'a fait (Philippiens III, 17; 1 Corinthiens XI, 1).

On n’a pas du tout de confiance en soi-même lorsqu’on marche avec Dieu et que l'on est soumis à sa parole.

On ne pense pas à soi, mais à Christ.

D’ailleurs, on n’a jamais raison de mettre en question ce que Dieu dit, c’est «faire Dieu menteur».

Satan voudrait nous engager à baisser le niveau de la marche chrétienne, afin de donner entrée à la mondanité, à la conformité au présent siècle, pour que le témoignage du Seigneur soit annulé en pratique.

Il me semble pourtant impossible que bien des doutes n’assaillent le cœur qui cherche à suivre le Seigneur en tout. On glisse si facilement dans diverses formes de mondanité.

On a besoin d’être gardé continuellement par Dieu, de veiller et de prier (Matthieu XXVI, 41). Mais les doutes dont vous parlez viennent de ce qu’on confond la nouvelle position du croyant, — «EN CHRIST», — avec sa conduite pratique.

Le cœur naturel est porté à l’égoïsme; on veut s’occuper de soi d’une manière ou d’une autre.

Quand on est inconverti, on suit ses penchants naturels et sa propre volonté; converti, on s’occupe de soi pour s’efforcer à y trouver ou à y produire quelque bien; on s’empare même de la loi de Dieu dans ce but, parce que la loi montre ce que l'homme naturel est responsable de faire.

Ce seul fait devrait nous faire comprendre que cet usage de la loi n’est pas l’œuvre de l’Esprit de Dieu; car:

- on rabaisse le niveau de la morale chrétienne en cherchant des règles dans ce qui a été donné pour brider la chair,

- et non pour développer en nous la vie de Christ, chose que la loi ne peut pas faire.

Par ce moyen, Satan réussit à confondre le chrétien avec le monde, et à faire perdre complètement de vue ce que c’est que d’être «EN CHRIST». Voilà pourquoi l’apôtre Paul a tellement combattu cet esprit légal dans l’Épître aux Galates et ailleurs.

Ne faut-il pas, cependant, chercher le bien pour que la marche corresponde à la profession chrétienne?

Certainement; mais il faut le faire selon Dieu et non selon l’homme;

C’est mettre le vin nouveau dans de vieilles outres. Ou bien encore on veut déchirer un morceau du nouveau vêtement du christianisme pour raccommoder le vieux judaïsme reconnu usé et mauvais: le nouveau vêtement est ainsi gâté, et le vieux n’a qu’une plus mauvaise façon. (Voyez Luc V, 36, 37.)

Or Dieu nous fait voir le bien absolu en Christ, et II a donné le Saint-Esprit qui prend les choses de Christ et nous les révèle, et, par ce moyen, nous transforme en l’image de Christ.

Mais voici ma difficulté: il est dit (1 Jean II, 6): «Celui qui dit demeurer en Christ doit lui-même aussi marcher comme Lui a marché»; et si je ne vois pas cette vie de Christ en moi, comment osé-je dire que je demeure en Lui?

Ce n’est pas à vous de juger de votre marche. Laissez-en le soin à d’autres, et, quant à vous, suivez le Seigneur.

Mais si j’ai la conscience que je manque et que je ne sens pas la vie de Christ en moi, comment d’autres la verront-ils?

Vous oubliez que l’effort par lequel on tend à une vie sainte est intérieur, dans le cœur; il se rattache à la joie et à la force de l’âme, et non pas à la conduite extérieure dont ceux qui nous entourent peuvent juger.

Il y a déjà eu un changement de vie, dès le moment de la conversion; seulement on sent le besoin d’une force intérieure et divine pour affermir les pas et pour empêcher que l’on ne retombe sous l’empire du monde et du cœur naturel.

L’âme qui, sérieusement travaillée en la présence de Dieu, se trouve dans cet état de transition, éprouve une grande angoisse. Elle sait que sa ressource est en Dieu, mais elle ne sait pas comment se l’approprier; elle gémit sous le sentiment de sa propre impuissance contre le mal, le haïssant toutefois, mais ne pouvant pas s’en débarrasser.

Elle a devant les yeux le jugement de Dieu contre le mal, jugement qui la remplit de terreur (Psaume CXIX, 120; Habacuc III, 16) et qui produit du «tourment» (1 Jean IV, 18). Mais on porte au dedans de soi «la chair» mauvaise et corrompue, la source cachée de tout le mal qui se produit extérieurement.

On voudrait sentir une délivrance complète de la chair.

Oui; mais ce genre de délivrance ne peut pas avoir lieu tant que nous restons dans ce monde. Lorsque nous serons avec Jésus, la chair et le péché n’existeront plus.

Il faut donc toujours être en lutte avec le mal intérieur qui est dans le cœur?

Il y a une délivrance, comme vous allez le voir; mais on n’en jouit pas pratiquement avant d’en avoir fini avec soi-même.

Mais si l’on se négligeait, ne serait-on pas facilement entraîné dans le péché?

On n’est pas négligent lorsqu’on suit Christ; on ne bronche pas quand on marche dans la lumière, on sait où l’on va (Jean VIII, 12; XII, 35, 36, 46).

C’est cette terrible occupation de soi-même qui empêche réellement tout développement de la vie chrétienne.

Mais Dieu ne nous a-t-Il pas montré dans la loi ce que nous devrions être?

Dites plutôt qu’il nous a montré par la loi ce que nous ne sommes pas; par elle est la connaissance du péché, et sa juste sentence de mort et de malédiction va trouver tous les hommes; car «il n’y a pas de juste, non pas même un seul».

Mais voyez, cher ami, combien le cœur est rebelle; on se détourne du Sauveur, que l’on devrait suivre par la foi, pour se servir de la loi adressée à l’homme naturel, à l’homme «dans la chair», afin de réduire la chair à la soumission. Or il est dit, quant au chrétien, qu’il n’est plus «dans la chair» (Romains VII, 5; VIII, 9); la loi ne peut donc pas s’appliquer à lui de cette manière.

Et cependant n’est-il pas dit que le nouvel homme y prend son plaisir? (Romains VII, 22.)

Le nouvel homme prend plaisir en tout ce qui vient de Dieu; mais si vous lisez le chapitre, vous verrez qu’un homme régénéré, placé sous la loi, fait la triste découverte qu’il ne peut pas la garder à cause du mauvais principe de péché qui est dans ses membres, — principe que la loi excite et lui fait découvrir, et qui est plus fort que lui.

C’est ce que j’éprouve aussi; et si ce chapitre est l’expérience de l’apôtre Paul, il me semble contredire ce que vous avez avancé au sujet d’une complète délivrance.

Le chapitre VII des Romains ne présente pas du tout l’expérience chrétienne proprement dite, mais nous fait voir par quel chemin on arrive, en pratique, à la jouissance de la délivrance. L’apôtre parle, comme ailleurs (Comparez 1 Cor. IV, 6; X; 29, 30; Rom, III, 7, 8, etc.), à la première personne pour plus de clarté; il veut faire voir le rôle que le «MOI» joue avant que l’on ait saisi la position du croyant en Christ.

Mais il avait déjà montré, dans le chapitre VI, verset 14, que le chrétien n’est pas sous la loi, mais sous la grâce, et, dans le chapitre VII, qu’il «est mort à la loi» (verset 4).

En sorte que la loi n’est pas et ne peut être la règle de vie pour le chrétien, bien que celui-ci accomplisse de fait la juste exigence de la loi. Mais le cœur, qui ne connaît pas encore la délivrance, cherche quelque chose qui s’adapte à l’homme naturel, et cependant la conscience, en la présence de Dieu, gémit sous le poids accablant de ce que la sainte loi de Dieu découvre dans le cœur et met au grand jour.

On en vient à dire: «Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort?»

Or, l’expérience chrétienne ne commence réellement que lorsque la délivrance est acquise. Dieu, dans sa sagesse, permet que nous passions par cette pénible lutte, et que nous y restions quelquefois longtemps, afin que nous fassions l’épreuve de ce que nous sommes, pour que nous n’ayons pas de confiance dans la chair.

Le nouvel homme dépend de Dieu et se nourrit de Christ. Lorsqu’on est sous la loi, on ne connaît pas la dépendance de Dieu; puis on confond ce qui se rapporte à la marche pratique avec la position en Christ, et il n’y a ni paix ni joie dans l’âme.

Quand arrive-t-on donc, en pratique, à marcher dans la sainteté?

Lorsqu’on a cessé de la chercher par ses propres efforts sous le joug de la loi.

La loi nous rend un très bon service en nous faisant sentir notre faiblesse et tout le poids du péché qui existe dans nos membres; mais son œuvre est alors finie, et l’on s’adresse à Dieu pour être tiré de cet état «misérable».

Comment le fait-Il?

En nous faisant voir où la mort de Christ nous a placés. Par la mort de Christ, nous sommes délivrés non seulement du jugement de Dieu, mais aussi de la puissance de Satan, du péché et du monde, et Dieu nous amène à Lui pour que nous jouissions sans cesse de la lumière de sa présence et de sa faveur.

C’est ce qui a été préfiguré dans la rédemption du peuple d’Israël du pays d’Égypte; non seulement il fut mis à l’abri du jugement par le sang placé sur les poteaux des portes, mais il vit à la mer Rouge toute la puissance de l’ennemi anéantie, et une séparation complète établie entre lui et l’Égypte; aussi Dieu dit-Il aux Israélites: «Vous avez vu ce que j’ai fait aux Égyptiens, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle et vous ai amenés à moi» (Exode XIX, 4).

Vous revenez toujours à l’œuvre de Christ!

Évidemment, cher ami. C’est la pleine certitude de la valeur aux yeux de Dieu de l’œuvre de Christ, l’assurance que par cette œuvre on est déjà justifié et placé devant Dieu dans une position de sainteté parfaite, et qu’en vertu du sang de Christ, on a pleine liberté d’entrer dans la présence immédiate de Dieu; c’est cette assurance, dis-je, qui change toute notre manière de voir au sujet de la marche.

On est enfant de Dieu, le Saint-Esprit nous en rend témoignage; on marche comme tel avec Dieu le Père; c’est alors qu’on peut cheminer heureusement, faisant tous les jours des progrès dans la connaissance des pensées et de la volonté de Dieu, jouissant du bonheur de Lui plaire à tous égards.

On ne cherche pas la sainteté pour s’assurer du salut, mais ÉTANT DÉJÀ ASSURÉ DU SALUT par la pure grâce de Dieu, et dans la relation d’enfants avec Lui, on marche dans les voies saintes que Lui-même nous a tracées et dont on trouve l’expression dans la vie de Jésus ici-bas.

Il y a donc, si je vous comprends bien, deux effets de la croix de Christ, l’un la purification des péchés; l’autre une puissance de séparation d’avec le monde.

Oui; et la seconde est d’une très grande étendue; le chrétien ne l’apprend pas dans ses détails tout d’un coup.

Les Épîtres aux Galates, aux Philippiens et aux Colossiens nous enseignent bien des choses à cet égard. Pour le moment, cependant, nous ne parlons que du principe du mal dans ses éléments, c’est-à-dire de ce qui concerne le péché. C’est sur cela que porte votre difficulté.

Vous faites donc une distinction entre «le monde» et «le péché»?

Certainement.

«Le péché», c’est tout ce qui est contraire à la volonté de Dieu, à la sainteté, tout ce qui est condamné par la loi de Dieu et par la conscience naturelle;

«Le monde», sans parler du vaste système d’iniquité que Satan, par le moyen des hommes, a construit sur le principe de l’indépendance de Dieu, se présente aussi sous une autre face plus difficile à reconnaître, étant modifié par la loi d’abord, et plus encore par le christianisme.

On y trouve également divers témoignages de la fidèle bonté de Dieu, que Satan engage les hommes à détourner à leur propre profit (Actes XIV, 17).

Puis il y a bien des choses avantageuses que le chrétien, en traversant la terre, apprend en pratique à estimer comme une perte à cause de Christ; il rejette ce qui pourrait détourner son cœur du Seigneur, bien que, dans d’autres conditions, la chose ne soit pas mauvaise en soi.

La loi de Moïse fait connaître le péché (Romains VII, 13);

le «monde» a été manifesté dans son vrai caractère seulement par la venue du Seigneur Jésus ici-bas (Jean XV, 18-25), et surtout à la croix; c’est alors que Satan est appelé le «CHEF DU MONDE» (Jean XIV, 30).

Au moment de la conversion, le croyant apprend qu’il n’est plus du monde où Satan règne; mais la profondeur de cette vérité, au moins dans ses applications variées à la vie journalière, n’est saisie que plus tard, au fur et à mesure que l’on croît dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

L’Épître aux Romains traite toute la question du péché.

J'aimerais bien examiner ce sujet. Peut-être pourrons-nous le reprendre plustard.



 

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