Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L’HISTOIRE D’UN VIEILLARD

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J’avais remarqué, passant presque chaque jour sous nos fenêtres, un homme âgé qui se traînait avec peine, comme perclus de douleurs. Je désirais beaucoup savoir s’il appartenait au Seigneur. L’occasion se présenta enfin de m’entretenir avec lui; je raconterai ici, autant que possible dans ses propres paroles, le récit qu’il me fit de la manière dont la grâce de Dieu le saisit.

«Bien souvent, je vous assure, quand je suis assis dans ma petite chambre et que je pense comment le Seigneur m’a amené à Lui, il me semble qu’il ne peut pas y avoir eu sur la terre un plus grand miracle de la grâce que moi-même.

Avez-vous jamais entendu parler de Thomas Paine, qui vécut et mourut, hélas! comme «l’insensé»? (Publiciste anglais vivant à la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci; membre, en France, de la Convention nationale, hostile à toute vérité religieuse.)

«Mon père était ce que l’on appelle sa main droite, et mon frère et moi nous fûmes élevés dans la négation de l’existence même du Dieu qui nous a créés. J’étais passionné et méchant, et en réalité je semais pour la chair, aussi la moisson fut ce que la parole de Dieu nomme la corruption. Oui, tout jeune homme encore, il semblait que je fusse déjà usé au service de Satan.

«J’avais perdu une bonne place à cause de mes habitudes de désordre; j’avais réduit ma femme et mes enfants à une telle misère, qu’il ne leur restait plus qu’à mendier leur pain. Alors le tentateur me suggéra que le seul moyen d’échapper à toutes les peines que j’avais causées était entre mes mains. M'ôter la vie, si les doctrines que je professais étaient vraies, mettrait fin, pour moi, à toute existence. Je cédai à cette terrible pensée.

Les moyens d’exécution n’étaient pas difficiles à trouver, et ce fut avec une impatience presque fébrile que j’attendis le crépuscule, moment que j'avais choisi pour accomplir mon funeste dessein. Il arriva enfin; je me rendis en hâte dans ma chambre dont je fermai avec soin la porte, et, tandis que j’essayais la force de la corde dont je m’étais muni, je jetai un regard autour de moi pour m’assurer que j’étais seul, que nul ne pouvait me voir.

Oui, j’étais seul, et cependant point seul, car à ce moment je fus saisi d’un sentiment, non seulement de l’existence, mais de la puissance et de la présence de Dieu, tel que je ne pourrai jamais l’oublier, comme aussi je ne puis le décrire.

La corde tomba de mes mains; j’abandonnai mon horrible projet. Tout mon corps tremblait, de grosses gouttes de sueur sortaient de mes pores, et, me jetant à genoux, je m’écriai plein d’angoisse: «O Dieu! car tu es Dieu, aie pitié de mon âme, car j’ai une âme!»

«Durant toute la nuit je pleurai et priai. Mais trouvai-je la paix? Non, un sentiment de péché toujours plus profond s’empara de moi, et j’eus la terrible certitude que, si je mourais tel que j’étais, l’enfer serait mon éternel partage.

«Extérieurement, je fus un homme changé; je brisai avec mes compagnons d’incrédulité, j’abandonnai mes anciennes habitudes, mais je n’avais point encore la paix.

Cette pensée me poursuivait nuit et jour, que si même, pendant le reste de ma vie, je pouvais obéir et plaire parfaitement à Dieu, il resterait toujours à payer
la lourde dette de tant d’années vécues dans le péché.

«Mais j’avais commencé à lire la Bible et à chercher la société des chrétiens, et avant qu’il fût longtemps je vis que l’œuvre que moi je ne pouvais accomplir, avait été faite pour moi par un autre, savoir, par le Fils de Dieu: et ainsi, croyant en Lui, à son œuvre parfaite, à son sang, je vis que mes péchés étaient ôtés.

Plus encore, j’ai connu que l’œuvre était de Dieu, que j’étais une nouvelle créature dans le Christ Jésus; et sa parole place un glorieux avenir devant le pauvre vieil infirme que vous voyez, car l’apôtre dit de Celui qui mourut pour moi qu’il «transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire» (Philippiens III, 21).



 

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