Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CORRESPONDANCE

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Question.

Pourquoi (ainsi que nous le lisons dans Jean XX) le Seigneur ne permet-Il pas à Marie-Madeleine de le toucher, tandis que nous voyons dans Matthieu XXVIII, 9, que les femmes, s’approchant, saisirent ses pieds, sans que Jésus les repoussât?


Réponse.

En premier lieu, quant à la contradiction apparente entre les deux récits, elle n’existe pas. Ce sont deux faits différents; Marie-Madeleine n’était pas avec les femmes dont parle Matthieu XXVIII, 9. C’est ce que montre une comparaison attentive des Évangiles.

Le dimanche matin...

(À ce propos, il peut être bon de remarquer qu’il y a un intervalle de temps bien marqué entre les versets 1 et 2 du chapitre XXVIII de Matthieu.

Au verset 1, «sur le tard, le jour du sabbat, au crépuscule du premier jour de la semaine», s’applique évidemment au soir du sabbat ou samedi, et non au dimanche matin, car les Juifs comptaient le jour à partir de six heures du soir.

D’après les autres Évangiles, on voit que ce qui est rapporté aux versets 2 et suivants a lieu le dimanche et que les femmes vinrent encore le matin, au point du jour (Marc XVI, 2; Luc XXIV, 1; Jean XX, 1),


... Marie-Madeleine alla seule chez Pierre et Jean, bien que les autres femmes eussent été avec elle au sépulcre, comme le prouvent ses paroles: «Nous ne savons où on l’a mis» (Jean XX, 2).


Elle retourna au sépulcre avec eux et y resta (vers. 10, 11).

C’est alors que Jésus se montra «premièrement» à elle (Marc XVI, 9).

Quant aux autres femmes, d’après le récit de Matthieu, elles ne retournèrent point au sépulcre, parce qu’elles avaient vu le Seigneur en route.


Maintenant, pourquoi le Seigneur ne permet-il pas à Marie-Madeleine de le toucher, tandis qu’il ne le défend pas aux autres femmes?

Chacun de ces faits fournit un enseignement distinct; et comme l’Esprit-Saint, dans chaque Évangile, a un dessein spécial:


Jean nous rapporte le fait qui est en rapport avec ce dessein et avec le caractère sous lequel il avait à présenter le Seigneur Jésus;

Matthieu, de son côté, raconte l’autre fait qui est en harmonie avec la pensée divine qui distingue son Évangile.


Entrons dans quelques détails.

L'Évangile de Jean présente Jésus comme le Fils de Dieu, envoyé de la part du Père pour être le Sauveur du monde (1 Jean IV, 14; Jean III, 16).

Ayant expié les péchés par sa mort, Il attire à Lui tous les hommes, les Gentils aussi bien que les Juifs.

Dans cet Évangile sont mis en contraste Dieu et l’homme, le ciel et la terre, Christ et Satan (Jean I, 1-5; III, 12, 13, 31, 32; XIV, 30, 31).

Mais Christ a été rejeté et crucifié; d’un autre côté, ayant glorifié Dieu, Dieu le glorifie auprès de Lui-même (Jean XIII, 31, 32).

Sa place n’est plus sur la terre, et ainsi, quant aux siens, ses relations avec eux sont changées.


En vertu de la rédemption qu’il avait accomplie, Il les introduit dans la même position que Lui vis-à-vis de son Dieu et Père (Jean XII, 23, 24; XX, 17), de sorte qu’eux aussi n’ont plus de place sur la terre.


Marie de Magdala n’avait pas encore compris cela; elle aurait voulu saisir et garder le Seigneur ici-bas: Il lui montre que cela n'est pas possible, que sa relation avec Lui n’est plus terrestre (comme l’avait été jusqu’alors celle du résidu), mais céleste, et II lui dit; «Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père.»


Il avait déjà auparavant parlé aux siens de son départ et de la place qu’il allait leur préparer dans la maison du Père, une place avec Lui dans la gloire céleste. En rapport avec cette gloire, Il voulait se manifester à eux par l’Esprit qu’il avait promis d’envoyer, et fortifier leurs cœurs pour traverser ce monde où tout était contre eux, comme tout avait été contre Lui. (Comparez chapitres XIV, 1-3, 20; XVII, 24; XV, 18, 24-26; XVI, 33.)


Dans l’Évangile selon Matthieu, le Seigneur Jésus est présenté comme le Messie, c’est-à-dire, le Christ, fils de David et fils d’Abraham; celui qui seul répondait à toutes les promesses faites aux «pères», et qui seul accomplissait toutes les prophéties. (Voyez Hébreux I, 1.)

Or ces pères étaient de la nation d’Israël et attendaient l’établissement en gloire du règne du Messie sur la terre (Psaume LXXII, 19; Habacuc II, 14). Mais, comme le font voir toutes les Écritures de l’Ancien Testament, la nation d’Israël a été infidèle à Dieu dès le commencement (Deutéronome IX, 6, 7, 13, 24). Cette infidélité fut portée à son comble par le rejet de leur Messie, du Fils de Dieu qu’ils crucifièrent (Matthieu XXI, 38, 39).


Cependant, à travers toute cette histoire triste et humiliante pour l’homme, nous voyons que Dieu se conserva toujours un résidu fidèle, ainsi qu’il le dit à Élie: «Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont point fléchi le genou devant Bahal» (1 Rois XIX, 18).


L’apôtre Paul, rappelant ces paroles, ajoute: «Ainsi donc, au temps actuel aussi, il y a un résidu selon l’élection de la grâce» (Romains XI, 4, 5).

Or l’Évangile de Matthieu nous montre le Seigneur Jésus recherchant ce résidu fidèle. C’est dans ce milieu qu’il révéla les pensées de Dieu. Il prit place avec ceux qui écoutaient les paroles de Dieu, et se fit baptiser par Jean dans ce but. Il disait à ses disciples combien grand était leur privilège de voir et d’entendre les choses que plusieurs prophètes et plusieurs justes auraient bien voulu voir et entendre, mais le temps n’était pas encore venu (Matthieu XIII, 17).


Le Seigneur Jésus ayant été rejeté comme Messie, comme Roi, ceux qui s’attendaient à avoir part avec Lui dans la gloire de son royaume, en reconnaissant son autorité, ne pouvaient avoir sur la terre d’autre sort que celui que leur Seigneur et Maître y avait eu.

Le moment de régner avec Lui en gloire est renvoyé à plus tard, et, en attendant, il fallait prendre la croix et le suivre.


Le Seigneur envoyait ses disciples «comme des brebis au milieu des loups» (Matthieu X), mais II leur disait: «Je suis tous les jours avec vous, jusqu'à la consommation des siècles» (XXVIII, 20).

C'est ce dont ils ont besoin pour traverser ce monde en souffrant, comme Christ y a souffert. Plus tard, on régnera avec Lui (2 Timothée II, 12; Apocalypse XX, 6).

Telle est la ligne de vérités que présente Matthieu. En harmonie parfaite avec elles, le Seigneur Jésus, en se montrant aux femmes qui cherchaient son corps, leur permet de lui saisir les pieds.

On peut voir dans ce fait la position sur la terre du résidu avec lequel le Seigneur s’identifiait en grâce.

En même temps, Jésus leur dit que ses disciples le verraient en Galilée, loin de la ville royale de Jérusalem. En effet, le Roi rejeté ne pouvait plus se manifester au peuple d'Israël, et II ne le fera pas jusqu’à ce qu’ils disent: «Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur» (Matthieu XXIII, 39).


* * * *


O toi qui, dans le ciel, as préparé la place

Que les tiens, avec toi, vont occuper un jour,

Nous voulons célébrer ta justice et ta grâce,

Ton amour, ô Sauveur, ton ineffable amour.


Oui, Seigneur! nous venons en ta sainte présence

Savourer les douceurs de ta communion;

Et pourtant, ici-bas, nous sentons ton absence...

En attendant le jour de la réunion.


* * * *





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