Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CORRESPONDANCE

(au sujet de la mort et de la résurrection ainsi que de l'état de l'âme et du corps)

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Oh! mon lecteur, faites-y bien attention  :

Aussi certainement que Dieu existe, il y a un enfer, et le châtiment y est ÉTERNEL.

Le même mot est employé dans l'Écriture pour désigner l'éternité de Dieu, de l'Esprit, de la rédemption et des peines réservées aux méchants (Romains XVI, 26  : manifesté maintenant par les écrits des prophètes, d’après l’ordre du Dieu éternel, et porté à la connaissance de toutes les nations, afin qu’elles obéissent à la foi; Hébreux IX, 12, 14  : et il est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle. / combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant!; Matthieu XXV, 46  : Et ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle.).

Affaiblir la force de ce mot pour l'un, c'est le faire pour tous.

Une seule chose peut sauver, c'est Christ, dans 
 sa mort et sa résurrection; Christ reçu par la
 foi.

A.-P. C.


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Question. — Nous voyons dans Luc XVI, 19-31 que Lazare, en mourant, alla dans la joie et le repos, et que l'homme riche va aussi en enfer dès qu'il est mort (... Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli. Dans le séjour des morts, il leva les yeux; et, tandis qu’il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein...).

L'apôtre Jean (V, 24-29) nous dit que tous ceux qui sont dans les sépulcres sortiront, les uns pour la vie, les autres pour le jugement (En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui l’auront entendue vivront.... Ne vous étonnez pas de cela; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement.).

Il semble, d'après ce dernier passage, que ce n'est qu'à la résurrection, c'est-à-dire, à la venue du Seigneur, que les uns vont dans la joie et les autres dans les tourments, tandis que, d'après Luc XVI, c'est aussitôt après la mort; comment accorder ces deux passages?

Réponse. — Avant de répondre à la difficulté proposée, nous dirons quelques mots sur le but et la portée de la parabole de Luc XVI.

D'abord il faut bien se garder de la pensée erronée que l'un va en enfer parce qu'il était riche et Lazare dans le sein d'Abraham parce qu'il était pauvre.

Ce n'est pas de la position terrestre que dépend le salut ou la perdition, MAIS DU FAIT QUE L'ON REÇOIT CHRIST OU QU'ON LE REJETTE; mais ce point n'est pas touché directement ici.

Le Seigneur a pour but de détruire les fausses idées et les prétentions des Juifs, et surtout des pharisiens. Ceux-ci estimaient que les richesses étaient une preuve manifeste de la faveur de Dieu.

Il est bien vrai que, sous l'économie judaïque, les justes avaient la promesse de bénédictions terrestres.

Mais d'abord les Juifs avaient manqué en ce que Dieu leur avait confié, comme l'économe infidèle (voyez le commencement du chapitre: Jésus dit aussi à ses disciples: Un homme riche avait un économe, qui lui fut dénoncé comme dissipant ses biens.), et les pharisiens, qui prétendaient avoir droit aux faveurs de Dieu, étaient avares (vers. 14: Les pharisiens, qui étaient avares, écoutaient aussi tout cela, et ils se moquaient de lui.) et égoïstes, ils jouissaient injustement de leurs richesses (vers. 9: Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer.) sans en faire part, et méprisaient les pauvres. Il en était de même pour les privilèges religieux: Ils repoussaient les publicains, et n'auraient pas voulu avoir affaire avec un Gentil, et eux-mêmes n'écoutaient pas Moïse et les prophètes, puisqu'ils rejetaient le Messie. Ils avaient choisi la terre pour leur portion et voulaient, quoique n'y ayant aucun droit, en jouir en se parant de beaux dehors religieux. (chap. XV, 2: Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant: Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux.; XIX, 7: Voyant cela, tous murmuraient, et disaient: Il est allé loger chez un homme pécheur.)

Mais le Seigneur, levant le voile qui couvre le monde invisible, leur fait voir le vrai résultat de leur conduite.

Un Juif riche, mais égoïste, qui a vécu pour lui-même et qui n'a pas écouté Moïse et les prophètes, se trouve en enfer dans les tourments; le pauvre, méprisé, souffrant, plus bas que les chiens mêmes qui ont compassion de lui, va dans le sein d'Abraham, dont il a sans nul doute partagé la foi.

C'est ainsi que, dans une autre occasion, les enfants du royaume, incrédules, sont jetés dehors, et les Gentils croyants introduits dans le royaume avec Abraham, Isaac et Jacob (Matthieu VIII, 11, 12: Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. Mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. ; voyez encore XV, 21-28:... Mais elle vint se prosterner devant lui, disant: Seigneur, secours-moi! Il répondit: Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens. Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Alors Jésus lui dit: Femme, ta foi est grande; qu’il te soit fait comme tu veux. Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.).

Jésus Lui-même, pauvre, méprisé et rejeté, entre dans la gloire. Tout cela nous montre donc que Jésus voulait faire sentir le contraste entre les fausses idées des Juifs et la réalité selon Dieu; en même temps II montre pourquoi les Juifs sont rejetés.

Cela posé, pour répondre à la question, remarquons qu'il ne s'agit nullement ici de l'état de l'homme après la résurrection, mais APRÈS LA MORT: C'EST-À-DIRE QUAND L'ESPRIT EST SÉPARÉ DU CORPS, AVANT LA RÉSURRECTION.

Deux choses nous le prouvent.

D'abord, c'est qu'après la résurrection des méchants, le «hadès» [C'est le mot improprement traduit ici par enfer.] est jeté dans l'étang de feu; il est détruit (Apocalypse XX, 14: Et la mort et le hadès furent jetés dans l’étang de feu: c’est ici la seconde mort, l’étang de feu. V. Drb.).

Or ce hadès est l'état ou le lieu où se trouvent les esprits qui ont quitté le corps [Quand la résurrection a lieu, l'âme quitte le hadès
 (Actes II, 30-31: Étant donc prophète, et sachant que Dieu lui avait juré, avec serment, qu’il ferait asseoir quelqu’un suscité du fruit de ses reins, sur son trône, a dit de la résurrection du Christ, en la prévoyant, qu’il n’a pas été laissé dans le hadès, et que sa chair non plus n’a pas vu la corruption. V. Drb.).] (Actes II, 27: Car tu n’abandonneras pas mon âme dans le séjour des morts, Et tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption. V. Drb.), et c'est là que se trouve le riche dans les tourments.

En second lieu, pour que Lazare puisse aller vers la famille du riche, il faut qu'il ressuscite; il n'était donc pas ressuscité (vers. 31: Et Abraham lui dit: S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu’un des morts ressusciterait.).

Nous trouvons donc ici cette vérité solennelle, C'EST QU'APRÈS LA MORT, L'ESPRIT EXISTE et que son état est fixé en attendant la résurrection.

Les uns vont dans le hadès et les tourments; ils sont en prison (1 Pierre III, 19: il (Jésus) est allé prêcher aux esprits en prison); ils ne dorment ni ne sont anéantis.

Les autres sont dans le sein d'Abraham, en paradis (Luc XXIII, 43: Jésus lui répondit: Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.), avec le Seigneur (Philippiens I, 23: Je suis pressé des deux côtés: j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur; ; 2 Corinthiens V, 8: nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur.), ne dormant pas non plus.

Que veut donc dire «s'endormir» (Actes VII, 60: Puis, s’étant mis à genoux, il s’écria d’une voix forte: Seigneur, ne leur impute pas ce péché! Et, après ces paroles, il s’endormit; 1 Thessaloniciens IV, 13-15: Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n’ont point d’espérance. Car, si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d’après la parole du Seigneur: nous les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts.)?

Remarquons, en passant, que ce mot ne s'applique qu'aux croyants; c'est une image qui se rapporte à l'état du corps de ceux qui sont délogés en contraste avec ceux qui demeurent sur la terre, qui sont veillants (1 Thessaloniciens IV, 15-17: Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d’après la parole du Seigneur: nous les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts. Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.).

Chez celui qui dort, l'activité des sens est suspendue, mais non l'activité de l'esprit, qui veille dans une sphère où nous ne pénétrons pas. Il en est ainsi de la mort; et l'image même prouve que l'esprit vit et veille. De plus, cette image se rapporte à l'espérance du croyant qui est le réveil, la résurrection.

Une autre vérité qui ressort de la parabole, c'est que le sort des esprits délogés est fixé d'une manière irrévocable.

On peut maintenant, par grâce, en croyant, passer de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de Satan à Dieu (Jean V, 24: En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.; Actes XXVI, 18:... afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés.); mais alors, on ne passe pas du lieu des tourments au lieu du bonheur (Luc XVI, 26: D’ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire.): l'état des âmes est arrêté et scellé à jamais.

Ainsi le passage de Luc parle des esprits délogés, hors du corps;

celui de Jean parle de la résurrection, et l'enseignement qu'il renferme est aussi d'une haute importance. Nous en dirons quelques mots.

La résurrection ainsi que le jugement sont par le Fils de Dieu, qui est aussi le Fils de l'homme (vers. 25 et 27: Abraham répondit: Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres. / Le riche dit: Je te prie donc, père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père;).

Ainsi, Celui que les Juifs méconnaissaient et méprisaient a été revêtu par le Père Lui-même de ces deux attributs de Dieu: donner la vie et juger (vers. 21, 22: et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères. Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli.). Il doit être honoré comme le Père (vers. 23: Dans le séjour des morts, il leva les yeux; et, tandis qu’il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein.).

Deux époques sont indiquées, caractérisées par ces mots «l'heure vient».

L'une était déjà là quand Jésus était sur la terre, et elle dure maintenant; elle s'étend jusqu'à l'autre heure. C'est l'époque où le Fils vivifie les âmes et les sauve par le moyen de sa voix qu'il leur fait entendre. C'est l'heure présente, LE TEMPS DE LA GRÂCE. Qui a entendu cette voix de Jésus, a la vie éternelle; il vit, et ne viendra pas en jugement.

L'autre «heure» est à venir. C'est l'heure ou l'époque de la résurrection et aussi du jugement.

Ceux qui, comme Lazare, auront attendu dans le sein d'Abraham, dans le paradis ou près du Seigneur, jouiront alors de la résurrection de vie, appelée aussi résurrection des justes (Luc XIV, 14: Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille; car elle te sera rendue à la résurrection des justes.) et première résurrection (Apocalypse XX, 6: Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans.); la seconde mort n'a pas de puissance sur eux. C'est le complément glorieux de leur salut.

Ceux qui, de même que le riche, auront attendu en hadès, déjà dans les tourments, hélas! ressusciteront aussi, mais pour le jugement devant le grand trône blanc (Apocalypse XX, 11-15: Puis je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus. La terre et le ciel s’enfuirent devant sa face, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. Et je vis les morts, les grands et les petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs oeuvres, d’après ce qui était écrit dans ces livres. La mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux; et chacun fut jugé selon ses oeuvres. Et la mort et le séjour des morts furent jetés dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu. Quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu.).

C'est la résurrection des injustes (Actes XXIV, 15:... ayant en Dieu cette espérance, comme ils l’ont eux-mêmes, qu’il y aura une résurrection des justes et des injustes.); c'est, pour ainsi dire, le complément de leur condamnation et de leur ruine.

En effet, l'homme est un être complexe, composé d'âme, esprit et corps, et c'est à tout son être que s'applique salut et perdition.

Enfin, n'oublions pas que, pour le racheté, il n'est pas nécessaire de passer par la mort, mais bien par un changement dans lequel ce qui est mortel est absorbé par la vie, et où le corruptible revêt l'incorruptibilité, car «la chair et le sang ne peuvent pas hériter le royaume de Dieu, et la corruption non plus n'hérite pas de l'incorruptibilité» (2 Corinth. V, 4: Car tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie.; 1 Corinth. XV, 53, 50:... Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. / Ce que je dis, frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite pas l’incorruptibilité.).



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