Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE TRENTE-QUATRIÈME.

LE NAUFRAGE

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I. Luc reparaît. — Sentiments de Paul envers ses compagnons d'œuvre. — Embarquement. — L'Asie proconsulaire. — Quelques détails sur la route suivie. 

II. Vents contraires. — Côtes de Crète. — Tempête. — Détails divers. — Paul annonce que personne ne périra. — Les vies données. 

III. La quatorzième nuit. — Paul rendant grâces. — On veut tuer les prisonniers. — Le naufrage. 

IV. Malte. — Bon accueil. — La vipère. — Publius. — Guérison. — Départ. — L'Italie. — Frères venus au-devant.


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Nous nous arrêterons peu sur le voyage, raconté dans les Actes avec une précision qui ne laisse, en beaucoup d'endroits, qu'à copier, — à moins qu'on ne veuille, comme cela s'est fait dans des ouvrages spéciaux, entamer de grands développements géographiques ou techniques. Nous nous en tiendrons donc aux explications indispensables.

Luc, venu avec l'apôtre en Judée, s'efface totalement jusqu'au départ. Nous n'avons vu son nom que dans les salutations de deux épîtres, et nous ne savons pas s'il fut constamment avec l'apôtre; mais la manière dont il se remet alors en scène indique plutôt qu'il ne l'avait pas quitté, ou, du moins, qu'il se considérait comme indéfiniment attaché à sa personne. «On avait décidé, dit-il (XXVII, 1), de nous envoyer par mer en Italie.» Ce nous, comme on le voit peu après, comprenait Aristarque, désigné dans l'épître aux Colossiens comme «compagnon de captivité» de l'apôtre. Ceux qui regardent l'épître comme écrite de Rome ont cru pouvoir conclure de là qu'Aristarque avait été, à la lettre, au moins pendant quelque temps, prisonnier avec Paul; une tradition veut même qu'il ait été mis à mort avec lui. Si l'épître est de Césarée, cette interprétation tombe; Aristarque, d'après le récit des Actes, est évidemment libre et part librement avec Paul. Mais l'épître fût-elle, ce que nous ne pensons pas, de Rome, le mot «compagnon de captivité» ne prouverait pas davantage une captivité proprement dite. De même que Paul associe aux honneurs de l'apostolat, en les appelant ses «compagnons d'œuvre,» tous ceux qui ont travaillé ou travaillent aux progrès de l'Évangile, — son humble gratitude associera aux honneurs de la persécution tout ce qui se sera dévoué à lui dans ses souffrances; et si Aristarque, dans l'épître, est appelé «mon compagnon de captivité,» tandis que Luc est appelé seulement «le médecin qui m'est cher,» cette difficulté peut tenir, comme tant d'autres, à des détails que nous ignorons, et ne saurait infirmer des conclusions tirées de tout un ensemble de faits.

Quand donc le moment fut venu, «on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centurion nommé Julius, de la cohorte Augusta,» ou impériale. Sur ce dernier nom, les explications varient; on incline à penser que c'était, dans chaque légion, celui d'une des dix cohortes dont elle se composait. Le centurion prit passage, avec ses prisonniers et un certain nombre de soldats, sur un navire marchand «qui partait pour les côtes d'Asie.» Ce dernier mot a induit en erreur beaucoup de traducteurs et d'interprètes. On a entendu l’Asie-Mineure, et, arrangeant tout le reste en conséquence, on a supposé que le vaisseau devait se diriger vers le nord, côtoyant d'abord toute la Syrie, puis toute l'Asie-Mineure, et que le résultat des vents contraires avait été de le faire passer au-dessous de l'île de Chypre, tandis qu'il devait "passer au-dessus. Or, dans les Actes, l'Asie est toujours l'Asie proconsulaire, à l'ouest de l'Asie-Mineure; et il serait bien peu vraisemblable, d'ailleurs, qu'on eût choisi, pour mener les prisonniers à Rome, un vaisseau qui ne se dirigeât pas directement vers l'ouest. C'est donc bien vers Y Asie, vers l'Asie proconsulaire, que le vaisseau va se diriger; il commencera seulement par remonter, pour prendre ou pour compléter sa charge, jusqu'à Sidon, où «Julius, qui traitait Paul avec humanité, lui permit d'aller voir ses amis et d'user de leurs services.» Il s'agissait maintenant de traverser la Méditerranée, et, passant sous l'île de Chypre, de cingler droit vers la Lycie. Mais les vents poussent au nord-est. Il faut aller passer au-dessus de l'île de Chypre, et ce n'est qu'en longeant l'Asie-Mineure, en traversant (XXVII, 5) «la mer de Cilicie et de Pamphylie,» qu'on atteint le port de Myra, en Lycie.

Le navire était d'Adramytte, en Mysie, et probablement y retournait; on le quitta donc à Myra, et l'on en prit un autre qui arrivait d'Égypte et se rendait en Italie. C'était, pour le temps, un fort gros navire, car nous lisons plus loin qu'il se trouva ne porter pas moins de deux cent soixante-et-seize personnes.


II

Les vents continuaient de n'être pas favorables. Il fallut plusieurs jours pour atteindre Cnide, en Carie, où l'on ne put même pas aborder; puis, de là, au lieu d'aller passer droit entre le Péloponnèse et l'île de Crète, on fut poussé, vers le sud, jusqu'à côté de cette île. Ce ne fut même pas sans peine qu'on réussit à ne pas descendre davantage, et à aborder près de Lasée. Tout cela avait pris beaucoup de temps; la saison périlleuse était venue, car «l'époque même du Jeûne était déjà passée,» et le Jeûne (fête des Expiations) avait lieu le 10 du mois de Tisri, c'est-à-dire vers la fin de septembre. Paul était d'avis qu'on n'essayât pas d'aller plus loin. Mais le port n'était pas favorable à l'hivernage, et l'on voulait gagner celui de Phénice, situé sur la côte méridionale de l'île. On ne pouvait cependant songer à faire ces trente ou quarante lieues tant que soufflerait le vent du nord, qui avait déjà failli pousser le vaisseau jusqu'en Afrique. Un léger vent du midi s'éleva. On crut pouvoir partir, et, serrant de près la côte, on fit route à l'ouest. «Mais bientôt, ajoute l'historien, il s'éleva un vent impétueux soufflant le long de l'île, celui qu'on appelle Euroclydon. Et le navire ayant été entraîné et ne pouvant faire face au vent, nous étions entraînés sans plus combattre. Et ayant passé au-dessous d'une petite île appelée Gouda, nous parvînmes, non sans peine, à nous rendre maîtres de la chaloupe (que le vaisseau traînait derrière lui), et à la hisser.» C'est dire que l'on commençait à craindre sérieusement un naufrage, et à songer aux moyens de salut. Pour consolider le vaisseau, on le «ceint par dessous,» probablement avec des cordes; et comme le vent, toujours plus fort, leur fait craindre «d'être jetés dans la Syrte,» on abaisse, non pas le mât, comme disent quelques traductions, mais la mâture, tous les agrès, tout ce qui donne prise au vent. Cette Syrte, dans laquelle on craignait d'être jeté, c'était la Grande-Syrte, à l'ouest de l'Égypte, redoutée pour ses bas-fonds. Le lendemain, la tempête augmentant encore de violence, on jeta à la mer la cargaison; le surlendemain, le «mobilier,» ce qui peut être entendu soit des agrès, soit des meubles proprement dits, et, en un mot, de tous les objets pesants qui pouvaient se trouver sur le vaisseau.

Le ciel était si sombre que, pendant plusieurs jours, on n'aperçut pas le soleil, et, pendant plusieurs nuits, aucune étoile; impossible, par conséquent, de savoir même dans quelle direction le vaisseau était emporté. La suite montra qu'au lieu de descendre vers l'Afrique, comme on l'avait tant redouté, on avait couru droit vers l'ouest. Mais tout espoir de salut semblait perdu. On oubliait jusqu'aux besoins ordinaires de la vie; on ne songeait plus à manger. Matelots habitués à tous les dangers de la mer, soldats habitués à tous les dangers de la guerre, tous avaient fini par ne plus savoir que s'abandonner à leur sort. Un, pourtant, qui n'était ni un matelot ni un soldat, et dont les conseils, quelques jours avant, avaient pu paraître timides, — un seul, disons-nous, gardait toute sa sérénité, tout son courage. «Il fallait m'écouter, ô hommes, dit-il, et ne pas partir de Crète, et vous épargner cette détresse et cette perte. Je vous exhorte pourtant maintenant à prendre courage, car il n'y aura d'entre vous aucune perte de vie, et nulle autre que celle du vaisseau.» Ainsi disait l'apôtre, et, quand il n'aurait rien ajouté, son assurance eût déjà pu faire du bien. Celui qui promet la vie, fût-ce au hasard, on l'écoute toujours. Mais Dieu avait voulu que ce ne fût pas au hasard. «Un ange du Dieu à qui je suis et que je sers m'est apparu cette nuit, me disant: Ne crains pas, Paul; il faut que tu comparaisses devant César, et Dieu t'a donné tous ceux qui naviguent avec toi.» Ainsi, ce n'est pas seulement pour sauver le prisonnier que Dieu sauvera ceux qui le gardent. Il les lui donne; il lui a fait comme cadeau de leur vie. Que de fois Dieu fait de ces cadeaux-là! Que de vies pareillement accordées aux prières de ceux qu'il aime, vies, comme ici, sauvées des flots ou d'autres dangers matériels, vies, surtout, sauvées de ces autres tempêtes où le péril n'est pas pour les corps, mais pour les âmes! «Prenez donc courage, ô hommes, poursuit l'apôtre, car j'ai confiance en Dieu que les choses iront comme elles m'ont été dites.» 


III

La quatorzième nuit était venue, et le vaisseau continuait d'être affreusement ballotté «sur la mer Adriatique,» ce qui ne veut pas dire qu'il eût été poussé jusque dans le golfe qui porte aujourd'hui ce nom; le nom s'étendait à tout l'espace compris entre la Grèce, l'Italie, la Sicile et l'Afrique. Au milieu des ténèbres, on s'aperçut, à quelques indices, qu'on approchait d'une terre; chance de salut, chance de mort. On jeta la sonde; elle indiqua vingt brasses, et, peu après, quinze seulement. Il fallait, à tout prix, s'arrêter. On jeta quatre ancres. Elles tinrent; mais elles pouvaient, à chaque moment, céder, et on attendait avec impatience, on «implorait,» dit le texte, les premières lueurs du jour. Quelques matelots complotent de s'enfuir sans plus attendre, et, sous prétexte de se porter en avant pour jeter encore des ancres qui assureront la proue, les quatre autres assurant la poupe, ils commencent à descendre la chaloupe à la mer. Paul s'aperçoit de leur dessein. Si ces hommes, dit-il au centurion, quittent le vaisseau, tout est perdu. Perdu! N'a-t-il pas déclaré que personne ne périrait? Oui; mais si la puissance de Dieu peut se passer de tout concours humain, souvent aussi ce concours est prévu et voulu par elle. Nous l'avons dit en parlant des miracles; nous pouvons le redire en toutes choses. Un malade sera sauvé, mais par tel ou tel remède; l'équipage sera sauvé, mais à condition que tous les moyens de salut soient mis en œuvre. On retint donc les matelots, et, sur l'ordre du centurion, les soldats coupèrent les cordes qui portaient la chaloupe. Plus d'évasion possible; mais la chaloupe était perdue, et, avec la chaloupe, une précieuse ressource.»

Paul renouvela donc ses assurances. «Il ne tombera, dit-il, pas un cheveu de la tête d'aucun de vous.»Mais il les exhortait, en même temps, à manger, de peur que les corps exténués ne fussent pas capables des terribles efforts qui seraient peut-être à faire. «Voilà quatorze jours, leur disait-il, que vous n'avez rien pris;» ce qui doit s'entendre, évidemment, non d'une abstinence absolue, mais d'une nourriture insuffisante et tourmentée. Joignant l'exemple à la parole, il prit du pain, et, «ayant rendu grâces à Dieu en présence de tous, il le rompit et se mit à manger.» L'action de grâces était un usage universel; on a donc eu tort de penser que les païens qui entouraient Paul durent être frappés de l'acte même. Ce qui les frappa, ce fut sans doute le ton, la profondeur de foi et d'assurance, l'invocation d'un Dieu nouveau pour eux, mais dont l'existence, dont la présence leur devenait visible, en quelque sorte, dans son courageux serviteur. Rien, d'ailleurs, n'empêchait des païens de croire à un Dieu de plus, et de s'associer, dans leur détresse, à la prière que Paul lui avait adressée, à la confiance que Paul plaçait si résolument en lui. «Tous, nous dit l'historien, reprirent courage, et mangèrent aussi.» Puis, comme dernière mesure en vue du redoutable abordage qu'on tenterait au point du jour, on acheva d'alléger le vaisseau «en jetant le blé à la mer.» C'est de là qu'on a conclu que le vaisseau était chargé de blé. Mais si nous nous rappelons qu'on avait déjà jeté «la charge,» nous ne pouvons guère admettre que le blé maintenant jeté à la mer en fît partie. Il s'agit donc ou du blé embarqué comme nourriture, ou des vivres en général, traduction que le mot grec autorise, et qui explique mieux le caractère de mesure extrême, suprême, attribué à l'acte raconté.

Au point du jour, on se vit en effet près d'une terre, mais d'une terre que personne ne put reconnaître. Un peu d'espérance revint quand on aperçut «un golfe ayant une plage» où le vaisseau pourrait échouer sans trop de péril. Coupant donc les ancres et relevant une voile, on se laissa emporter vers ce rivage; mais le vaisseau en était encore assez loin, lorsqu'il toucha sur un bas-fond, «sur un lieu entre deux mers,» dit le texte, ce qui paraît indiquer un barrage fermant plus ou moins l'entrée du golfe. La proue, fortement engagée et soulevée, restait immobile; la poupe se brisait sous la violence des vagues. Le moment décisif était venu; il fallait que chacun pourvût à son propre salut. Mais les soldats avaient à veiller sur les prisonniers; ils ne pouvaient se jeter à la nage sans manquer gravement à leur devoir, et la discipline romaine était inexorable. Placés donc entre leur devoir et la mort, ils voulurent tuer les prisonniers, pour n'avoir plus à songer qu'à eux-mêmes. Mais le centurion, qui tenait à sauver Paul, prit sur lui ce qui pourrait arriver si quelqu'un des captifs, à la faveur du tumulte, s'échappait. Il ordonna que quiconque savait nager, matelot, soldat ou prisonnier, se jetât à la mer; que ceux qui ne savaient pas nager s'aidassent des débris du navire, poussés par les flots vers le rivage. La promesse de Paul fut accomplie; tous abordèrent sains et saufs.

Ils se trouvaient dans l'île de Malte, et le lieu témoin du naufrage gardera probablement à jamais le nom de Baie de Saint-Paul, qui est le sien depuis tant de siècles. L'étude attentive de la baie a provoqué, il est vrai, quelques doutes sur la tradition qui en fait le lieu du naufrage. On cherchait une grande plage sablonneuse, et on ne la trouvait pas; les rochers arrivent presque partout jusqu'à la mer. Mais l'historien ne parle que d'un golfe «ayant une plage,» offrant quelque part un endroit où l'on pourrait échouer sans se briser, pourvu qu'on réussît à y conduire le vaisseau. Or, cet endroit existe, et, d'ailleurs, pouvait être alors plus apparent, car on sait que la mer modifie incessamment ses rivages. D'autres difficultés ont aussi pu être expliquées, et l'on est aujourd'hui assez généralement d'accord à considérer la tradition comme vraie.


IV

Les habitants de la côte se montrèrent pleins d'humanité; le nom de barbares, que l'historien leur donne, veut dire seulement qu'ils n'étaient ni Grecs ni Latins. Ils étaient, en effet, d'origine carthaginoise, et probablement parlaient leur ancienne langue, plus ou moins mêlée de latin, de grec, l'île se trouvant sur le chemin de tant de vaisseaux. Mais ce mot de barbares n'en a pas moins été cité en faveur du système étrange qui place le naufrage dans l'Adriatique actuelle, à cent cinquante lieues au nord de Malte, dans une petite île ayant à peu près le même nom. Quelques détails habilement exploités ne sauraient entrer en balance avec l'ensemble du voyage, avec cette constante appréhension d'être jetés sur la côte d'Afrique par un vent qui, en définitive, aurait poussé le vaisseau jusqu'au milieu du golfe de Venise. C'est à Venise, du reste, que l'idée a pris naissance, et c'est l'orgueil national vénitien qui l'a, le premier, accréditée.

Revenons. — Un grand feu avait été allumé. Paul, en ramassant des broussailles, fut piqué par une vipère. Échapper au naufrage et mourir, un moment après, de la morsure d'un serpent, c'était, aux yeux des gens de l'île, peut-être aussi aux yeux de plus d'un Grec et de plus d'un Romain, l'indice de quelque grand crime que la justice divine ne voulait pas laisser impuni. Mais lorsqu'on vit l'apôtre secouer tranquillement la vipère dans le feu, et ne ressentir, ensuite, aucun mal: «C'est un Dieu,» disaient les barbares.

Dieu, le vrai Dieu, qui avait permis que son serviteur éprouvât, à la lettre, ce qui est écrit du fidèle bravant les morsures des serpents, permit encore à l'apôtre de le glorifier comme ministre de ses grâces.

Il y avait aux environs une terre appartenant à un Romain, Publius. Le père de Publius était malade. «Paul alla le voir, et, après avoir prié, lui imposa les mains et le guérit.» Cette guérison fit du bruit; d'autres malades vinrent, et furent guéris aussi. «On nous combla de présents, dit Luc, et, au départ, on nous fournit ce qui nous était nécessaire.» Ferons-nous remarquer encore une fois combien cette parfaite simplicité du récit donne créance au récit même? Celui qui nous parle là de guérisons miraculeuses, ce n'est pas seulement un homme qui parle comme ayant vu; c'est l'homme qui vient de nous raconter un long voyage avec tous les détails, géographiques ou autres, qui pouvaient nous montrer en lui l'observateur exact et le narrateur fidèle.

On séjourna trois mois à Malte; puis, au premier printemps, on s'embarqua sur un autre vaisseau d'Alexandrie. Aucun incident ne devait marquer cette dernière partie du voyage. On s'arrêta trois jours à Syracuse; et comme cette ville est la première nommée, voilà un argument de plus, s'il en était besoin, contre l'idée qu'on fût parti, non de Malte, mais du fond de l'Adriatique. De là, en suivant les côtes, on arriva à Rhegium (Reggio), et, deux jours après, à Pouzzoles. Les chrétiens de cette ville retinrent Paul sept jours. Quelque bienveillant que fût le centurion, nous ne pouvons admettre qu'il l'eût permis s'il n'avait dû lui-même, pour quelque raison à nous inconnue, s'arrêter à Pouzzoles. Enfin, on s'achemina vers Rome. Au Forum d'Appius, ancienne ville des Volsques, on trouva des chrétiens venus de Rome au-devant de l'apôtre; un peu plus loin, aux Trois-Tavernes, lieu qui porte encore aujourd'hui ce nom, on en trouva d'autres. «Et les ayant vus, Paul rendit grâces à Dieu, et prit courage.» Deux ans de captivité à Césarée, une longue navigation, trois mois à Malte avec la perspective d'une nouvelle captivité à Rome, voilà qui pouvait bien avoir usé quelque peu son énergie en même temps que ses forces, et lui rendre plus nécessaire ce qui peut le mieux, après Dieu, nous soutenir dans les grandes luttes, — la sympathie et l'affection. 

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