Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VINGT-TROISIÈME.

SECONDE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

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I. Troisième voyage en Grèce. — Inquiétude au sujet de l'épître écrite aux Corinthiens. — Troas. — Paul va au devant de Tite. — Bonnes nouvelles de Corinthe; mauvaises aussi. 

II. Épître émue, éloquente. — Joie, d'abord, et reconnaissance. — Tristesse, ensuite, et douleur. — On a attaqué son ministère. — Il le définit et le défend. — Deux conséquences. — Ce que Paul, avec le secours de Dieu, a été pour les Corinthiens. — Pouvaient-ils être infidèles? — Preuves qu'ils ne le sont pas. — La bienfaisance liée à tout l'ensemble de la sanctification. 

III. Attaques dirigées contre Paul et son caractère. — Vive réfutation. — Explosion. — Se glorifier. — Épreuves subies. — Relèvements glorieux. — L'homme en Christ ravi au troisième ciel. — Beautés et fruits de ce récit. — L'écharde en la chair. 

IV. Fin de l'épître. — Fermeté, douceur; sévérité, charité. — Traits touchants. — Conclusion.


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I

Revenons maintenant au voyage de Paul en Grèce, troisième voyage en ce pays, comme nous espérons l'avoir prouvé, bien que ce soit le second dans les Actes.

Nous avons vu l'apôtre, écrivant d'Éphèse aux Corinthiens, leur annoncer ce voyage. Mais une chose, ensuite, le préoccupa vivement. Comment les Corinthiens avaient-ils accueilli sa lettre? Des bruits assez contradictoires, également vrais, pourtant, comme la suite le montra, pouvaient lui arriver à ce sujet. Il envoya donc Tite à Corinthe pour savoir par lui l'état des choses; puis, quand l'émeute le fit partir d'Éphèse, il se rendit aussitôt à Troas, où il avait donné rendez-vous à son disciple. Mais Tite n'était pas arrivé, Tite n'arrivait pas, ignorant sans doute l'incident qui avait hâté l'arrivée de Paul. De là, chez Paul, un redoublement d'inquiétude. Il avait trouvé à Troas des âmes bien disposées; mais, dit-il (2 Cor. II, 12-13), «quoique le Seigneur m'ouvrît là une porte, je n'eus point de relâche en mon esprit, pour n'avoir pas trouvé Tite mon frère.» Il passa donc en Macédoine pour le rencontrer plus tôt. Là, mêmes angoisses. «Lorsque, dit-il (2 Cor. VII, 5-7), nous fûmes arrivés en Macédoine, notre chair n'eut aucun repos, et nous étions pressés de toutes parts. Au dehors, des combats; au dedans, des appréhensions. Mais celui qui console les humiliés, Dieu, nous a consolés par l'arrivée de Tite, et non seulement par son arrivée, mais encore par la consolation dont il avait lui-même été consolé à votre sujet, nous racontant votre ardent désir, votre chagrin, votre zèle envers moi.» L'épître avait donc produit une profonde et salutaire impression.

Le pécheur scandaleux avait été exclu de l'Église, et, par là, amené à la repentance. On avait paru comprendre la nécessité d'une sanctification véritable; on avait reconnu dans les reproches de l'apôtre l'amour et la douleur d'un père. Mais si la grande majorité de l'Église s'était inclinée avec respect devant le père et devant l'apôtre, quelques-uns s'étaient raidis, et leurs attaques avaient redoublé d'audace. Non contents de nier son autorité d'apôtre, ils la ruinaient par leurs insinuations contre l'homme, ses intentions, son caractère. Paul, disaient-ils, n'était hardi, n'était fort que dans ses lettres; il parlait toujours de venir, et il s'en gardait bien. Si ce n'est pas par frayeur qu'il ne vient pas, c'est, alors, parce qu'il n'y a ni sérieux ni fixité dans ses résolutions. Est-ce qu'il en a eu dans les questions qui partagent l'Église? Ne s'est-il pas tout différemment conduit avec les païens qu'avec les Juifs? Sa prudence n'est-elle pas, le plus souvent, artifice?


II

Ces rumeurs malveillantes, Tite ne put les laisser ignorer à Paul; et c'est alors que l'apôtre, partagé entre la joie, la douleur, l'affection, l'indignation, écrivit sa seconde épître aux Corinthiens, la plus émue, la plus éloquente de toutes.

Le voici, d'abord, tout entier à la joie et à la reconnaissance, reconnaissance envers Dieu, «le Dieu de toute consolation,» reconnaissance envers les Corinthiens, dont l'affection lui est maintenant connue, dont les prières ont certainement contribué à lui obtenir de Dieu les grâces dont il a eu dernièrement besoin, étant «chargé au-dessus de ses forces» dans cette pénible et périlleuse mission d'Asie-Mineure. Il aime à associer de cette manière les fidèles, toute l'Église, aux succès de son ministère. Avoir prié pour lui, c'est avoir souffert, travaillé, triomphé avec lui.

Bientôt, pourtant, le but de l'épître apparaît. Si les Corinthiens l'ont consolé par leur affection, leur obéissance, — une consolation plus haute lui était déjà acquise: il était sûr, pleinement sûr, de s'être conduit toujours et «surtout à votre égard, leur dit-il, en simplicité, en sincérité devant Dieu.» Ils en avaient paru bien convaincus. Prêteront-ils donc maintenant l'oreille à des insinuations contraires? Croiront-ils, par exemple, que c'est par légéreté qu'après avoir annoncé sa visite il n'est pas encore venu? Dieu lui est témoin que ça été pour les «épargner,» pour leur laisser le temps de s'amender. Est-ce que l'envoi de Tite, est-ce que l'ardente impatience avec laquelle il est allé l'attendre en Macédoine, ne prouvent pas assez combien il se préoccupait d'eux? Et leur repentir, d'autre part, leur empressement à rentrer dans la bonne voie, ne donne-t-il pas raison à Paul? Gloire donc à Dieu qui a béni la sage lenteur de ses démarches, et qui l'a fait, quoique absent, «triompher en Christ!»

Mais ce n'est pas seulement sa conduite dans telle ou telle circonstance, c'est son ministère même qui a été attaqué. Ce glorieux ministère apostolique, il y a des gens qui n'en comprennent ni l'excellence ni même la nature. Ceux-là, ils ont nécessairement trouvé que Paul en exagérait les droits.

Il commencera donc par établir ce qu'est, en soi, ce ministère; et il pourrait, dit-il (III, 2-3), en appeler à l'œuvre même que ce ministère a opérée parmi les Corinthiens. «C'est vous qui êtes notre lettre de recommandation... lettre de Christ écrite par notre ministère, non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, qui sont vos cœurs.» Et ces «tables de pierre» vont lui fournir aussitôt une autre image. Les tables de pierre, c'était la Loi, la forme, la lettre, la lettre qui condamne, la lettre qui tue, le ministère de la lettre, le «ministère de mort;», mais l'autre, le nouveau, c'est le ministère de l'Esprit, de l'esprit «qui donne la vie,» le «ministère de justice,» de régénération. Comment ne serait-il pas plus grand et plus glorieux que l'autre?

De là (chap. IV) deux conséquences, l'une, que «nous ne perdons point courage, étant revêtus d'un tel ministère,» l'autre, que nous ne pouvons pas ne pas tâcher de nous en montrer dignes, rejetant loin de nous «les choses cachées et honteuses,» vivant saintement, prêchant purement. Sans doute, quoi que nous fassions pour être de dignes messagers de la bonne nouvelle, «nous portons ce trésor dans des vases de terre,» grossiers, fragiles; mais ce n'est là, pour le chef suprême de l'Église, qu'une occasion de manifester encore mieux et l'excellence du trésor, et l'excellence de l'apostolat chrétien, puissant encore malgré la faiblesse de l'apôtre, malgré toutes les misères corporelles qui peuvent entraver son œuvre, et qui, du reste, deviennent des éléments de force en renouvelant «l'homme intérieur» à mesure que «l'homme extérieur» se détruit.

Mais (chap. V) l'homme intérieur, l'homme des «choses invisibles,» aspire à les voir de plus près, car, ici-bas, «nous marchons par la foi, non par la vue.» Le serviteur de Jésus-Christ pourra donc être combattu entre le désir d'achever sa tâche et le désir d'aller au plus tôt trouver son maître. Ce désir, il y a longtemps que Paul l'éprouve, et assez de fatigues, assez de contradictions le lui font éprouver tous les jours plus vivement; mais il n'en continuera pas moins à remplir jusqu'au bout son devoir, tout son devoir. Ministre de la nouvelle alliance, il ne cessera de redire: «Les choses vieilles sont passées.» Ambassadeur de Jésus-Christ, il prêchera, jusqu'à son dernier soupir, la grâce et la réconciliation.

C'est donc (chap. VI) ce qu'il a prêché aux Corinthiens; et il se rendra devant eux, en toute franchise, le témoignage qu'il n'y a rien eu en lui qui ne fût en harmonie avec ce qu'il prêchait. Il leur rappelle donc sa persévérance, son courage, son entier et absolu dévouement; puis, s'interrompant tout à coup: «0 Corinthiens, notre bouche s'est ouverte pour vous; notre cœur s'est élargi.» Comme s'il disait: «Je viens de me livrer tout entier; je vous ai parlé comme on ne parle d'ordinaire qu'à soi-même. Vous êtes un avec moi dans ma pensée.» Cette unité, les Corinthiens se laisseront-ils persuader de la rompre? Chercheront-ils ailleurs l'accomplissement des promesses de paix, de grâce, que Dieu a faites à son peuple?

Mais non; leur conduite récente a prouvé qu'ils voulaient demeurer fidèles. Paul s'était presque repenti de leur avoir écrit si sévèrement; maintenant il se réjouit, non pas, leur dit-il (VII, 9), «de ce que vous avez été attristés, mais de ce que vous avez été attristés à repentance.» Et il revient avec de nouveaux détails sur l'accueil que Tite a reçu chez eux, sur les preuves qu'ils ont données de leur retour à la piété, à l'ordre. «Je me réjouis donc de ce que je puis, en toutes choses, avoir confiance en vous.»

Il la leur montrera aussitôt (chap. VIII), cette confiance, en leur rappelant la collecte pour les Églises de Judée. Dieu a fait aux Églises de Macédoine, presque aussi pauvres que celles qu'il s'agit de secourir, la grâce de se montrer libérales; Corinthe et l'Achaïe, si riches, resteraient-elles en arrière? Paul n'a aucune raison de le penser, et il sait bien, dit-il, qu'il pourrait ne pas leur parler de cette affaire. Mais il tient à leur bien montrer comment la libéralité chrétienne se rattache à toutes les vérités et à tous les commandements de l'Évangile. Elle part de l'idée même que l'Évangile est un trésor, et que nous devons, en quelque sorte, payer sur nos biens temporels ces biens spirituels que Dieu nous donne; elle aboutit à l'augmentation de ces biens mêmes, soit chez le pauvre qui aura été secouru et dont la reconnaissance se tournera vers Dieu, soit, en même temps, chez le riche, dont la foi s'enrichira par ces œuvres qui en auront été les fruits.


III

Mais ces deux chapitres (VIII et IX) où l'apôtre a si admirablement résumé la théorie de la bienfaisance chrétienne, ce n'était qu'une parenthèse; il va reprendre son plaidoyer, et, cette fois, au point de vue des attaques dont le ministère apostolique a été l'objet, non pas en soi, mais dans sa personne et dans sa conduite, à lui, Paul.

On l'accuse d'être hardi de loin, faible de près. — Il saura, s'il le faut, être hardi de près comme de loin.

On l'accuse de «marcher selon la chair.» — Ses armes n'ont jamais été, ne seront jamais que spirituelles.

On l'accuse de se glorifier des conquêtes qu'il a faites. — Ces conquêtes, au moins, sont bien les siennes, et les gens qui l'attaquent n'ont jamais su que porter le désordre dans les conquêtes d'autrui. Puis, s'il parle de ses conquêtes, s'il les dit siennes, n'est-ce pas toujours en donnant toute gloire à Dieu?

Et c'est ainsi que, s'animant à des souvenirs bénis, mêlant aux reproches les paroles de la plus profonde affection, aux mouvements qu'on appellerait orgueilleux ceux de la plus profonde humilité, plaçant tout ce qu'il a dit, tout ce qu'il va dire encore, sous le regard et sous la protection de Celui qui lit dans son cœur, — c'est ainsi, disons-nous, qu'il arrive (chap. XI) à cette explosion que nul, maintenant, il en est sûr, n'osera lui reprocher. Se glorifier! Eh bien! oui, il se glorifiera, car ce n'est que la sainte jalousie dont il est pénétré en voyant l'Église de Corinthe, fiancée par lui «à un seul époux, qui est Christ,» écouter avec complaisance ceux qui la poussent à l'infidélité. Et quel droit ont-ils donc, ces hommes, à être écoutés plutôt que Paul? Paul a-t-il donc perdu quelque chose à vivre humblement à Corinthe des dons de l'Église de Philippes? Mais voici: ils sont forts, ces hommes, de la faiblesse avec laquelle on se laisse «asservir» par eux. Qu'on leur demande au moins ce qu'ils ont souffert pour l'Évangile. Moi, ce que j'ai souffert, je puis le dire, je le dirai, — et les détails qu'il donne nous montrent une fois de plus combien nous sommes loin de posséder tous les éléments de son histoire. Il a, dit-il, reçu cinq fois des Juifs ces quarante coups que leur formalisme abaisse à trente-neuf, pour ne pas s'exposer à dépasser le chiffre fixé par la loi. Il a été trois fois battu de verges, et nous n'en connaissons qu'une. Il a trois fois fait naufrage, et nous ne savons qu'un naufrage, postérieur à cette épître. Dans un de ces trois naufrages, il a lutté un jour et une nuit contre les flots sur quelque débris de vaisseau. Rien de tout cela dans les Actes. 

Mais plus l'apôtre avance dans le tableau de ce qu'il a fait et souffert, plus il dit et redit que c'est parler en insensé, qu'il y a folie devant Dieu, folie devant les hommes, à tracer un pareil tableau, et qu'il le sait bien, lui qui parle. Et néanmoins, il ira jusqu'au bout; il dira tout ce que son maître a fait par lui, pour lui, et, s'il doit être accusé de folie, eh bien! c'est une manière comme une autre de s'immoler à la gloire de Dieu. Et pourquoi tairait-il, une fois là, ce qu'il y a eu de plus glorieux dans sa vie, ce moment où il a presque vu Dieu comme le voient les élus et les anges? Il connaît, dit-il, «un homme en Christ, qui, il y a quatorze ans, fut ravi jusqu'au troisième ciel.» Un homme en Christ, dit-il, c'est-à-dire vivant en Christ, ce qui seul a rendu possibles ces quelques moments d'une vie surnaturelle et bienheureuse. Il y a quatorze ans. Ce fut donc vers l'an 44. Paul était à Antioche ou à Jérusalem; mais ce récit ne peut se rapporter à la vision qu'il eut dans le temple. Mais ce troisième ciel, qu'il appelle plus loin «le Paradis,» qu'était-ce? Laissons ce que nous ne pouvons comprendre. Lui-même, il ne sait, dit-il, si ce fut «avec son corps ou sans son corps» qu'il s'y trouva transporté. Mais ce qu'il sait bien, c'est qu'il y entendit «des paroles ineffables, qu'il n'est pas possible à un homme de prononcer.» Il ne pourrait donc nous les redire; il ne peut se les redire à lui-même, car, en se retrouvant simple homme, il a nécessairement perdu ces facultés nouvelles, mystérieuses, dont il fut un moment en possession. Mais si les facultés ont disparu, l'impression reste; s'il ne peut retrouver ce qu'il a entendu, ce qu'il a vu, il a gardé, du moins, un arrière-goût des joies célestes, bienheureux avant-goût de la possession définitive, éternelle, que lui ouvrira la mort. Aussi, malgré l'extrême réserve de ces lignes, il y a eu là, pour beaucoup d'âmes, comme une porte ouverte sur les splendeurs du ciel. Ceux qui les interrogeraient, ces lignes, pour savoir, pour comprendre, elles ne leur diront rien; mais ceux qui ne voudront que s'abandonner, comme l'apôtre, à l'incessante et divine attraction des choses du ciel sur l'âme, ceux qui soupireront, mais en redoublant, ici-bas, d'activité, de dévouement, après le jour où se lèvera le grand voile, — Dieu pourra leur accorder, à ceux-là, des moments qui vaudront le ravissement de l'apôtre, et qui, comme chez lui, mêleront la vie divine à leur vie terrestre et misérable, la paix du ciel aux agitations du «bon combat.»

Mais la vie terrestre et misérable n'en aura pas moins eu, dans le plan de Dieu, son importance; c'est ce que Paul montrera dans quelques lignes que nous avons étudiées ailleurs, — l'écharde en la chair, l'ange de Satan. Il lui est bon d'avoir été «ravi au troisième ciel;» il lui est bon aussi qu'une infirmité douloureuse, une grande misère corporelle, lui rappelle qu'il n'est encore qu'un pauvre enfant d'Adam. Il sait, il saura toujours mieux où est la force, où est la gloire.


IV

 Il revient alors aux Corinthiens et il ne les quittera plus, mêlant, selon que son cœur déborde, affection, reproches, douceur, menaces. Il ne sait pas, il ne peut pas ne pas être tout entier dans tout ce qu'il dit, comme dans tout ce qu'il fait; il le pourrait qu'il ne le voudrait pas, car il sait bien, par instinct, que c'est une des causes de sa force, et même, humainement, la principale; il sait ce que l'on gagne à prendre les gens, à la fois, par l'esprit, par le cœur, par la sévérité, par la tendresse, par tout ce qui correspond à quelque chose en eux. Jamais donc il n'évitera de se montrer, à la fois, sous des aspects divers; jamais il ne craindra que son autorité ne souffre de sa condescendance, sa force de sa charité. Il reviendra, par exemple, non sans un peu d'amertume peut-être, sur ce qu'il n'a jamais rien accepté des Corinthiens, bien que certainement l'ouvrier mérite son salaire; mais l'amertume est aussitôt rachetée par cette aimable et délicate parole: « Ce n'est pas aux enfants à amasser du bien pour leurs parents, mais «aux parents pour leurs enfants.» Il énumère les désordres qu'il craint de trouver à Corinthe, «contestations, jalousies, animosités, médisances;», mais, là encore, au lieu de reproches, il trouve une forme affectueuse, touchante. «Je crains qu'étant retourné vers vous mon Dieu ne m'humilie encore, et que je n'aie à pleurer sur beaucoup de ceux que j'avais déjà vus pécheurs.» Il ajoute, à la vérité, qu'une fois venu il n'épargnera personne, et que, si les Corinthiens ont besoin, pour croire à son autorité, de le voir agir vigoureusement, cette preuve ne leur manquera pas; mais il ajoute aussitôt qu'il aimerait encore mieux laisser des doutes sur son autorité, et n'avoir pas à donner cette preuve. N'est-ce pas là, du reste, le but de sa lettre? «J'écris ces choses étant absent, afin que, lorsque je serai présent, je n'aie pas à user de sévérité.» Il veut donc espérer qu'il retrouvera ses enfants, tous ses enfants, et il leur envoie, en attendant, sa plus cordiale bénédiction.

Telle est donc cette épître, plus empreinte peut-être qu'aucune autre de la puissante et multiple individualité de Paul. Mais nous allons bientôt en trouver une où l'homme occupera moins de place, l'apôtre et le docteur davantage, et qui a été de tout temps considérée comme la base de la théologie chrétienne.

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