Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

II Une grande figure: Maître Guillaume Farel

----------

Pour allumer l'incendie, il fallait l'étincelle. L'étincelle, ce fut l’arrivée à Neuchâtel de Maître Guillaume Farel, dont le sceau portait un glaive à deux tranchants, symbole de la Parole de Dieu (voir Hébreux 4, 12 et Éphésiens 6, 17 - Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles; elle juge les sentiments et les pensées du coeur. - ... prenez aussi le casque du salut, et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu.), avec cette devise: «Quid volo nisi ut ardeat» «Que veux-je, sinon qu'elle flamboie.»). Depuis plusieurs années déjà, il allait de lieu en lieu, semant la lumière et la révolte, secouant les âmes, suscitant par sa violence les plus ardentes haines et le plus ardent amour.

Mais avant de le voir à l'œuvre dans notre pays, il importe de connaître ses antécédents. Voici donc une très sommaire esquisse de sa vie jusqu'à sa première offensive certaine contre la cité des chanoines, en 529 (Peut-être a-t-il déjà passé à Neuchâtel en 1526.).

Il n'est pas possible, quand on a vu l'âpreté pierreuse et colorée de la haute vallée de la Durance, en Dauphiné, de ne pas reconnaître en Guillaume Farel un fils authentique de son terroir. La famille Farel, en effet, était originaire du village des Fareaux, à quelque distance de Gap, sur la route de Grenoble, mais s'était bourgeoisement établie en ville. Le père de Guillaume était notaire, et sa mère, Anastasie d'Orsières, paraît avoir été de noblesse campagnarde.

Guillaume, né en 1489, passa son enfance dans un environnement de piété, de tradition étroite et d'horizons rocheux, sous un ciel déjà provençal. Dans un ouvrage qu'il publia en 1560, tout à la fin de sa vie: «Du vray usage de la Croix», il rappelle le temps de sa jeunesse:

«La première notable idolâtrie de laquelle il me souvienne, et le premier pèlerinage auquel j'ai été, a été à la sainte croix qui est en une montagne auprès de Tallard, au diocèse de Gap, laquelle, comme on dit, sert à recouvrer la vue... On dit qu'elle est du propre bois de la Croix en laquelle Jésus-Christ a été crucifié. Et le bois d'icelle (de cette) croix est de couleur de cendres, et est un bois tout rude, lequel n'est rien aplani, et est du tout (tout à fait) contraire à la croix que j'ai adorée et baisée à Paris, au lieu qu'on appelle la Sainte Chapelle; et aussi à ce qu'on m'a montré en d'autres lieux; et je ne pense point qu'il y ait un seul des bois que j'ai vus qu'on dit être de la Croix, qui ressemble à l'autre et qui soit d'une même espèce de bois...

... Or, suivant ce que j'ai commencé à dire, touchant cette Croix qui était au diocèse de Gap, le prêtre nous disait que, quand aucun mauvais temps venait, toute la croix frémissait; mais sur tout cela advenait un petit crucifix mal en ordre qui était en la croix... Ce crucifix, comme le prêtre le disait, se mouvait tellement qu'il semblait qu'il se dût détacher de la Croix, comme voulant courir contre le diable. Et davantage, il disait que ce crucifix jetait des étincelles de feu, affirmant que si cela ne se faisait, il ne demeurerait rien sur la terre que tout ne fût gâté...

... De moi j'étais fort petit, et à peine je savais lire. Mon père et ma mère croyaient tout.»

Ses parents qui le destinaient d'abord à la carrière des armes cédèrent à son désir qui était d'être clerc. Vers 1508, il arrive à Paris: Après le calme austère de son pays natal, l'agitation et les mœurs des grandes villes le bouleversent. «À Lyon, où jour et nuit cloches, sonnaient,... seulement en passant par la ville et n'y arrêtant guère, encore que je fusse du tout (tout à fait) papiste, j'étais ravi (étonné) que Dieu du tout (tout à fait) n'abîmât une telle ville».

On devine déjà, chez cet adolescent encore obéissant à l'Église, cette promptitude d'indignation et cette ferveur justicière dont il donnera tant de preuves plus tard.

À l'Université de Paris, Farel rencontra Lefèvre d'Étaples, dont nous avons parlé déjà, cet homme de piété et de science, auquel il se lia profondément. Dans son «Épître à tous Seigneurs et peuples...» (1548). Il rend à son maître un hommage touchant. Il dit de lui qu'il «faisait les plus grandes révérences aux images qu'autre personnage que j'aie connu, et demeurant longuement à genoux il priait et disait ses heures devant icelles (elles), à quoi souvent je lui ai tenu compagnie, «fort joyeux d'avoir accès à un tel homme, qui, combien qu'il fût «ès lacs du pape (Dans les filets du pape.) et qu'il tînt les choses plus détestables de la papauté, comme est la messe et toute l'idolâtrie papale, néanmoins souventes fois me disait que Dieu renouvellerait le monde et que je le verrais...»

Ils sont encore l'un et l'autre foncièrement romains: «la papauté n'était point tant papale que mon cœur l'a été... Satan avait logé le pape, sa papauté, tout ce qui est de lui, en mon cœur, de sorte que le pape même, comme je crois, n'en avait point tant en soi ni les siens aussi, comme il y en avait en moi...»

On pense instinctivement à St. Paul écrivant aux Galates: «j'étais plus avancé dans le judaïsme que beaucoup de ceux de mon âge et de ma nation, étant animé d'un zèle excessif pour les traditions de mes pères» (Galates 1, 14).

À mesure que Lefèvre pénétrait par ses études dans l'intelligence du Nouveau Testament, la conscience du disciple lentement s'illuminait. Mais il s'en faut que cette évolution se fît paisiblement et sans heurts. Une âme aussi tumultueuse que Farel ne pouvait arriver à la certitude que de crise en crise. Il fallait qu'il conquît de haute lutte le trésor pour la garde duquel il donnera sa vie. Au bout de trois ans d'angoisses (1518-1521), il a trouvé la vérité sur le chemin de laquelle son maître vénéré l'avait mis sans avoir pu atteindre lui-même à une aussi vive assurance.

«Après avoir obtenu de mes parents la permission d'étudier, j'ai fait longtemps de vains efforts pour apaiser la soif de dévotion qui me consumait. Légendes des saints, livres des docteurs les plus célèbres, philosophie d'Aristote, lecture de la Bible même, j'essayai de tout sans succès. Enfin, Dieu se fit connaître à moi comme l'unique source du bonheur et du salut; et, docile aux enseignements du Christ, je commençai à me détacher d'une religion toute extérieure «où le culte en esprit et en vérité n'existe plus».

Mais à la conversion s'ajoute une impérieuse vocation apostolique.

«Ne serais-je pas merveilleusement ingrat et méconnaissant si, jour et nuit, ne pensais à un si grand bien, si continuellement je ne remerciais Dieu de tout mon cœur, si je ne m'emploie à tâcher que tous soient participants de tel et si grand bien, en travaillant que le mal auquel j'ai été détenu soit chassé et que tous soient délivrés, pour louer, servir et invoquer purement Dieu?»

Cette révolution intérieure n'empêcha pas Farel de réussir en ses études. Il avait obtenu en 1517 le titre de maître ès arts qui lui ouvrait les portes de l'enseignement, et nous le retrouvons, quatre ans plus tard professant au Collège du Cardinal Lemoine. Or, il n'est pas homme à garder pour soi la conviction qui le fait vivre: «Lefèvre, écrira-t-il plus tard, m'enseigna que nous n'avons point de mérites, mais que tout venait de grâce et par la seule miséricorde de Dieu...» Voilà qui sentait fort l'hérésie luthérienne, «cette pestilentielle erreur» dont l'Europe entière commençait à être imprégnée et que la Sorbonne venait de condamner. Les suspects, secrètement protégés par la sœur du roi, Marguerite de Navarre, qui s'était choisi un directeur de conscience en la personne de Lefèvre lui-même, se réfugièrent à Meaux auprès de l'évêque Briçonnet. Celui-ci avait entrepris de réformer son diocèse et, sans approuver le moins du monde la révolte de Luther contre la papauté, avait été gagné pourtant à la doctrine de la grâce. On vit peu à peu se grouper autour de lui tous les adeptes plus ou moins déclarés de la Réforme: Lefèvre d'Étaples, Guillaume Farel, Michel d'Arande, Martial Mazurier, Gérard Roussel, et d'autres, auxquels il confia des charges. Mais le digne évêque, si grande que fût sa prudence, ne tarda pas à être accusé lui-même par des moines de son diocèse, d'hérésie luthérienne. Devant la menace, il n'osa pas prendre la défense de ses protégés qui durent se disperser. Bien plus, il proscrivit officiellement des églises commises à sa garde la prédication qu'il avait tant favorisée, «craignant qu'une plante si vénéneuse ne pousse ses racines dans le champ qui nous est confié».

Alors commencent les pérégrinations de Farel. Il affronte avec un indomptable courage les citadelles les plus fermées et les milieux les plus hostiles. D'abord, il retourne en son pays natal, où il prêche hardiment, «en temps et hors de temps». Cette première offensive ne semble pas avoir eu grand succès. Il dut bientôt s'enfuir devant l'hostilité de ses combourgeois de Gap. Toutefois, rien ne se perd des saintes audaces, et Farel recueillera plus tard le fruit de sa tentative, lorsqu'en 1532 ses frères adhéreront à la réforme et iront s'établir à Genève et dans le pays de Vaud.

Au printemps 1523, il revient à Meaux, parle violemment contre le culte de la vierge et des saints, et ne craint pas de rentrer à Paris, «subsistant comme il peut», et se compromettant avec les «luthériens» les plus notoires et les plus surveillés. (Farel fit aussi, à cette époque, un voyage missionnaire en Guyane.)

Il ne pouvait, sans grand risque, y séjourner longtemps et le voilà, dès l'été de la même année, à Strasbourg, puis à Bâle où il paraît vouloir se fixer. Sa renommée l'a précédé en Suisse. OEcolampade l'accueille et le présente. Zwingli à Zurich, Haller à Berne l'entourent et le soutiennent. Seul Érasme lui voua une inimitié implacable à laquelle Farel répondit par les jugements les plus crus, traitant le grand humaniste de «Balaam» (Voir Nombres 22, 25.) et de parjure à la cause de Dieu.

Bâle était à cette époque, comme Strasbourg, un refuge pour les proscrits. OEcolampade, Anemond de Coct, Toussain et d'autres y répandaient les doctrines nouvelles, aussi le Conseil de la Ville autorisa-t-il Farel à afficher treize thèses latines et à les défendre publiquement.

Le 23 février 1524, au matin, le bouillant Dauphinois exposa avec tant de puissance les exigences de l'Évangile que personne ne jugea bon de le combattre ouvertement, quand bien même le Clergé et l'Université avaient, à l'avance, manifesté leur réprobation indignée. Farel put prêcher un temps, mais sa hardiesse de langage et d'affirmation n'étaient guère de mise dans une ville épiscopale. Le Conseil lui intima bientôt l'ordre de quitter la cité dans les trois jours, ce qu'il fit pour porter plus loin l'incendie.

Le malheureux duc Ulrich de Wurtemberg, dépossédé de tous ses états d'Allemagne, s'était réfugié dans l'unique fief qui lui restât, le Comté de Montbéliard. Il était, depuis peu, gagné à la Réforme et avait prié OEcolampade de lui envoyer un prédicant. Farel arriva au début de l'été 1524. Il y eut, comme c'était l'usage, dispute publique avec le Père gardien des Franciscains de Besançon qui fut mis à mal par l'impétueuse éloquence du réformateur. Après quoi, le duc institua un culte régulier et favorisa Farel dans ses offensives missionnaires.

Le Nouveau Testament de Lefèvre venait de paraître à Meaux, et fut répandu dans le Comté de Montbéliard, ainsi que la traduction française de «l'Explication de l'Oraison dominicale», par Luther. Ce dernier ouvrage coûtait 4 deniers de Bâle.

La réforme gagnait du terrain, malgré l'opposition farouche et les mandements enflammés de l'archevêque de Besançon, Antoine de Vergy, frère de Guillemette, la Dame de Valangin. Farel redouble d'audace. Il est comme une flamme excitée par le vent. L'obstacle le stimule. Il lui faut dominer le tumulte par lequel ses ennemis veulent troubler ses harangues. Il lui faut empêcher un vendeur d'indulgences d'opérer à Montbéliard, et, comme le magistrat paraît hésiter à mettre entrave à la liberté du commerce et le renvoie au duc, Farel s'emporte: «le glaive de la justice, quand il doit atteindre de pareils scélérats, est rouillé dans le fourreau». Un jour, il arrête une procession et précipite dans la rivière l'image de St. Antoine. OEcolampade cherche à l'apaiser sans le décourager.

Le 2 août 1524, il lui écrit:

«Je me réjouis extraordinairement que par toi les affaires de Christ prennent un grand accroissement dans cette ville, et je prie que celui qui plante par toi, arrose ce que tu plantes... C'est bien que tu aies trouvé un champ si fertile et que la moisson croisse si vite, mais alors nous serons heureux si elle a été fécondée pour Christ, si notre espérance n'a pas été vaine, ou du moins si cela n'arrive pas par notre faute, si notre ministère irréprochable et fidèle se conserve dans toute sa pureté... Si nous voulons travailler avec profit, nous avons besoin principalement de douceur, de patience, de charité et de foi...»

Le 3 août, il ajoute:

«Plus tu es porté à la violence, plus tu dois t'exercer à la douceur et briser par la modestie de la colombe, le cœur élevé du lion. Les hommes veulent être conduits, non traînés.»

Le 19 août, enfin:

«Ton zèle excessif semble te faire oublier la faiblesse de tes frères... Fais pour les autres ce que Christ aurait fait pour toi, s'il était encore en ce monde, et apprends de lui la douceur et l'humilité.»

L'année suivante, le duc de Wurtemberg, sollicité par les cantons catholiques qui redoutaient avec raison la contagion des idées nouvelles et qui craignaient les désordres que la réforme avait causés ailleurs, céda à des considérations de prudence politique, et, pour ne pas s'aliéner l'appui des Confédérés si voisins, il congédia Farel.

C'est l'occasion de signaler la largeur et l'humilité d'OEcolampade et de faire connaître son opinion sur son ami Farel, si étrangement différent de lui. Le 15 mai 1524, il avait écrit à Luther:

«Je ne connais pas d'âme plus candide que celle de Farel. Il en est qui voudraient que son zèle contre les ennemis de la vérité fût plus adouci. Pour moi, je regarde ce courage comme admirable et comme non moins nécessaire et la modération, s'il se produit à propos...»

Farel passa à Strasbourg la seconde moitié de l'année 1525. Il y trouva un foyer de vie évangélique et de propagande réformée. Des réfugiés de France, parmi lesquels Lefèvre d'Étaples, avaient apporté et apportaient tous les jours l'appui de leur foi, de leur constance et de leur douleur. Avec Bucer et Capiton, Farel contribua à la publication d'ouvrages divers et il fit à Metz une mission peu fructueuse. Toutefois, Strasbourg, cité impériale de langue allemande, ne pouvait pas retenir longtemps un stratège dont l'objectif était et demeurait la France. Farel résolut, avec l'approbation de ses amis, d'aller quérir à Berne, la protection qui lui, était nécessaire pour entreprendre la conquête du pays romand. C'était en automne 1526.


Farel

Portrait de Farel

d'après une terre cuite retrouvée à Aigle et conservée au Musée de Neuchâtel

(communique par M. Bourquin, pasteur à Cortaillod et paru dans le grand ouvrage du Comité neuchâtelois)


Son chemin le conduisit-il à Neuchâtel? Plusieurs historiens le supposent, mais les preuves font défaut. En tous cas, il s'en fut à Berne, et de là, sur le conseil de Haller, à Aigle, où il s'établit sous le nom de Maître Ursinus et ouvrit une école. II était muni de lettres patentes en vertu desquelles il était chargé d'instruire la jeunesse «dans la vertu et la doctrine».

Deux ou trois mois après, il jette le masque et attaque de front, selon la méthode qui seule pouvait convenir à son caractère et à sa vocation. S'il n'eût été maintenu par les maîtres du pays, l'opposition du bailli d'Aigle et du clergé auraient eu raison de lui. Mais leurs Excellences veillaient, et contre leur volonté, rien ne pouvait se faire. Aussi Farel élargit-il son action. Il tente par trois fois de soulever les bourgeois de Lausanne contre leur évêque; il établit des prédicants à Bex, aux Ormonts, à Aigle; il fait campagne dans l'évêché de Bâle et passe à Neuchâtel. Dès le début de l'année 1530, sur l'ordre des Bernois, il s'établit à Morat (Sur le ministère de Farel à Morat, lire la brochure de M. le pasteur Théodore Rivier: La réformation dans le baillage de Morat. - Fribourg. Imprimerie Fragnière frères. 1930.) et entame tout le pays d'alentour: la vallée de la Broye, Grandson, Orbe, où il détermine la conversion combien précieuse de Pierre Viret, son futur compagnon d'armes, (Les points d'appui de la propagande de Farel en Suisse furent: Aigle de 1526 à 1529, Morat de 1530 à1533, Genève de 1533 à 1538, Neuchâtel de 1538 à sa mort survenue en 1565.). Il n'est pas de bourgade importante du pays de Vaud qu'il n'ait tenté d'arracher au catholicisme. Il va, il prêche, discute, anathémise, supplie.

Quand on le chasse, il s'éloigne. Mais c'est pour revenir un peu plus tard. En son absence, les idées ont fait leur chemin. Dans les villages bouleversés, les partis se tranchent, les convictions hostiles ou amies se sont affermies. Un jour vient où Farel provoque un plébiscite, et, s'il obtient un «plus», Berne déclare la religion réformée seule admise en la cité. S'il échoue devant le conservatisme d'une population, comme il advint à Orbe, il ne se décourage pas pour autant et revient à la charge jusqu'à ce qu'il ait abouti. II risque cent fois de perdre la vie dans des émeutes, échauffourées et guet-apens. Il échappe toujours, «tout meurtri, mais vainqueur». II ne se lasse jamais. Il ne prend jamais de repos. Il bataille et persévère.

Ses succès en terre romande lui furent, sans doute, facilités par la protection de Messieurs de Berne et par l'issue de la dispute qui eut lieu en cette ville du 7 au 25 janvier 1528. 350 ecclésiastiques y durent, bon gré, mal gré, se résoudre au triomphe de la Réforme, qui fut dès lors imposée par les maîtres de céans à la ville et au canton. Mais, si les circonstances furent favorables à Farel, elles ne lui épargnèrent point les outrages et les inimitiés. On ne mesurera jamais ce qu'il lui fallut, non seulement de conviction, mais de prière et de foi, de lecture et de méditation, pour tenir ferme durant tant d'années, pour que la flamme en lui ne baisse jamais, pour que les échecs et les soucis ne l'entament pas.

On a de lui plusieurs portraits, à différents âges, qui manifestent tous un flamboiement de l'âme, une volonté de fer, une extrême mobilité de l'expression. Il n'avait rien d'athlétique, et ne paraît pas en avoir imposé par sa stature. Sa force venait de l'âme, et son visage devait tenter les peintres tant il avait de caractère.

Au milieu du troupeau des habiles ou des timides, parmi les intrigues, les intérêts et la menue monnaie des épisodes, il apparaît vraiment comme une «grande figure».


Sceau

Sceau de Farel

(paru dans le grand ouvrage Farel)

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant