Il
est
bien naturel que vous désiriez éloigner de vous ce qui fait le
sujet de vos afflictions, et d'employer pour y réussir les
moyens les plus raisonnables, vous serez bien heureux si vous
parvenez à profiter des épreuves qui vous sont départies de
manière à vous trouver mieux que vous n'étiez auparavant.
Je vous conjure donc de fixer votre attention, autant que vos
forces vous le permettent, pour vous prêtera quelques
recherches sérieuses, et pour obéir à la parole de Dieu, qui
dit: «Au
jour de l'adversité soyez sur vos gardes.»
Eccles. VII
14.
L'affliction
que
vous éprouvez vous a-telle conduit à réfléchir sur le péché?
Les hommes en général s'en occupent fort légèrement, surtout quand
ils sont dans un état d'aisance ou de prospérité. Mais quand ils
éprouvent la punition du péché par le dérangement de leur santé,
ou par d'autres pertes des biens temporels, alors leurs pensées
deviennent sérieuses et tristes.
Le peuple d'Israël prospérait, et il en vint à oublier Dieu; il
fut humilié et soupirant, et il retourna à lui. Il pourrait en
être de mette de vous; vous êtes affligés afin que vous
appreniez
que c'est un grand mal que d'abandonner les voies du Dieu de
sainteté.
Ai-je
recherché
sérieusement (c'est ce que je vous demande de vous dire à
vous-même); ai-je recherché qu'elle peut être la cause de
l'affliction particulière que j'éprouve?
N'ai-je pas été éloigné de Dieu, et inattentif à sa grâce, et
l'épreuve qui m'est envoyée n'aurait-elle pas pour but de me
rapprocher de lui?
Ai-je coopéré avec Dieu pour accomplir ses desseins de
miséricorde, ou plutôt ne m'y suis-je pas opposé?
N'ai-je point été un Apostat, et Dieu ne m'aurait-il point
condamné à cette épreuve pour me ramener à lui?
Oh! j'adorerai sa bonté de ce qu'il n'a point dit dans sa
colère: abandonnons-le, il aime les idoles; qu'il coure donc
après les idoles.
Dieu
veut
me préparer par l'affliction à m'attacher à son service, il me
réserve peut-être de grandes occasions où je pourrai me rendre
utile.
On voit souvent des hommes soumis à de rudes épreuves, devenir
entre les mains de Dieu des instruments pour assister et
fortifier leurs semblables: «Dieu
leur donne la langue des biens appris, afin qu'ils puissent
parler dans la saison convenable.»
L'affliction
que
vous ressentez vous a-t-elle humilié en vous faisant sentir votre
dépravation?
Dans les jours d'aisance, d'abondance, de joie, nous sommes
portés à croire que tout va bien et à
éloigner de nous la tâche importante de l'examen de nous-mêmes.
La Providence obstrue notre chemin et nous frappe de la verge;
alors nous sommes forcés de réfléchir sur notre conduite, et si
nous la voyons dans son vrai jour, cette vue nous humilie, et nous
apprenons que l'humilité peut nous ramener dans le chemin de
l'honneur.
Cette
affliction
nous a-t-elle rattaché à notre Sauveur, à notre Seigneur
Jésus-Christ?
C'est pour nous qu'il a été fait homme de douleur et qu'il a été
familiarisé avec les souffrances.
Tous les Anges de Dieu l'adorent.
Les Prophètes et les Apôtres célèbrent sa gloire avec dévotion et
reconnaissance.
Mais rien ne nous porte plus puissamment à l'apprécier, comme le
sentiment du besoin que nous avons de son secours.
La vue de l'énormité et du poids de nos péchés, surtout dans les moments d'affliction, nous porte à en solliciter l'expiation. Ceux qui sont saints n'ont pas besoin de médecin, mais bien ceux qui sont malades, et nous estimons le prix d'un bon médecin selon que nous sentons plus ou moins le danger de notre maladie.
Dans
l'état
d'épreuve où vous êtes, avez-vous été conduit à désirer
l'assistance de l'Esprit Saint et l'appui de sa grâce?
Auriez-vous été privé de cette connaissance?
L'affliction que l'Esprit de Dieu ne sanctifie pas c'est
qu'un
commencement de ruine? L'Esprit de Dieu nous est représenté comme
étant le consolateur; ne cessez donc pas de prier, pour obtenir
une abondante communication de sa grâce.
Vous
êtes-vous
senti porté lors de vos afflictions à rechercher la lecture
des Saintes Écritures?
L'affliction est souvent le meilleur des commentateurs de ce
Saint Livre, elle nous fait comprendre le sens de plusieurs
passages difficiles et nous découvre plusieurs promesses de
grand prix.
Avez-vous
comparé
l'état de votre âme avec la parole de Dieu?
Vous êtes-vous senti nourris de ses promesses?
Pouvez-vous dire avec Jérémie: «Quand
j'ai
eu trouvé ta parole, elle est devenue ma nourriture, ma joie,
et les délices de mon coeur»
ou avec David, «elle
est plus douce à mon palais que le miel. Oh! combien tes
paroles me sont précieuses.»
Ps. CXVIII. v. 103.
Avez-vous
appris
à être patient et soumis sous la main de Dieu, lorsque vous avez
été dans la souffrance?
On voit souvent des personnes exposées à des épreuves légères, se
laisser aller aux plaintes et aux murmures, semblables au jeune
taureau qui n'est pas accoutumé au joug, mais ces mêmes personnes
travaillées et disciplinées par des épreuves plus sévères,
reconnaissent que la tribulation produit la patience, la patience,
l'expérience, l'expérience l'espérance et
que
l'espérance fait qu'on n'est point confondu.
Comment
votre
cœur s'est-il montré à ces différents égards?
Vous laissez-vous aller au murmure, ou vous sentez-vous
capable de dire: «O mon
Père! que ta volonté soit faite et non pas la mienne?»
Avez-vous appris dans le cours de vos afflictions à être
reconnaissant des biens dont vous avez joui auparavant?
Pendant la durée de nos jouissances, nous nous montrons généralement peu sensibles aux bienfaits de la Providence. C'est au moment de leur privation que nous en sentons le prix. Ainsi, c'est la maladie qui nous fait connaître le prix de la santé, ce sont les peines et les soucis qui nous font sentir le bonheur du calme et du repos.
David
éloigné
de Sion, sentait et exprimait avec chaleur les privilèges dont
jouissait cette ville sainte, surtout celui d'y entendre la
parole de Dieu. C'est ainsi que l'enfant prodigue ne connut le
prix du pain de la maison de son père, qu'après avoir partagé
la nourriture des pourceaux.
L'affliction nous fait attacher de l'importance à ces biens
méconnus, en même temps qu'elle nous fait reconnaître
l'insuffisance de tous les avantages purement temporels à
procurer le vrai bonheur.
Avez-vous
appris
par vos afflictions à sympathiser avec vos semblables, et
à
éprouver de la compassion pour leurs maux? «Tu
n'opprimeras
point l'étranger'',
disait
la Loi de Moïse, «car
vous savez ce que c'est que d'être étranger, puisque
vous-mêmes l'avez été dans le pays d'Égypte.»
Exod. XXIII.
9.
L'affliction est utile
lorsqu'elle dispose notre cœur à la pitié et à l'affection, et
dans ce cas, nos semblables profitent, aussi bien que nous,
des afflictions que nous endurons. Voyez donc si vous en avez
recueilli ce fruit?
Avez-vous
appris
à reconnaître la vanité des choses du monde et des jouissances des
sens? Hélas! que sont les flatteurs, que sont les titres, que sont
les amusements pour celui qui souffre?
Ce sont sans contredit de bien faibles consolateurs, surtout si le
cœur est blessé par le sentiment du péché; les choses dans
lesquelles nous avions trouvé le plus de plaisir dans les jours de
santé et de prospérité ne font qu'aggraver nos tourments.
La main de la maladie trace le mot de vanité sur toutes les
jouissances, qui sont sous le soleil.
Vos
pensées
se sont-elles portées à réfléchir plus sérieusement sur la mort et
sur l'éternité?
Les maladies rendent en quelque sorte la mort visible, nous la
montrent sous les formes les plus effrayantes, et nous font
toucher son dard empoisonné. L'âme se trouve alors arrachée à tout
ce qui était dans l'habitude de distraire son attention, et notre
œil est forcé à contempler l'éternité.
Enfin,
comment
êtes-vous disposé pour l'éternité?
Supposons que votre affliction se termine par la mort, êtes-vous
préparé à ce grand changement?
Supposé que cette nuit même votre âme vous soit redemandée, dans
quel état aimeriez-vous à paraître devant la face de Dieu?
Votre âme est-elle bien assurée d'avoir obtenu son pardon par le
sang de votre Rédempteur?
Êtes-vous convaincu que la grâce a opéré sur votre cœur?
Vous sentez-vous disposé à partager les jouissances des
bienheureux?
Le Ciel serait-il pour vous un lieu de délices?
Si cela est ainsi, vous vous trouverez également préparé à vivre et à mourir, vous pouvez alors dire avec l'homme de bien, si je continue, à vivre, Dieu sera à mes côtés; si je meurs, je serai auprès de Dieu: ou comme disait l'Apôtre, «Christ est ma vie» c'est-à-dire, toutes mes espérances, tous mes désirs,toutes mes jouissances sont concentrés en lui; mais «la mort m'est un gain», puis* me place immédiatement en sa présence pour n'en être jamais séparé, c'est là un gain qui n'aura point de fin.
L'homme qui peut répondre d'une manière satisfaisante à sa conscience sur tous ces points, est sauvé dès ce moment et sera heureux à toujours.
Que
si
quelqu'un de vous recouvre par la grâce de Dieu la santé et le
repos qu'il avait perdu, qu'il s'écrie avec David: «Que
rendrai-je
au Seigneur pour tous ses bienfaits»?
Qu'il retourne à l'Éternel, et qu'il lui dise: «O
Dieu de miséricorde, c'est par-devers toi que sont les issues
de la mort et de la vie, achève ce qui me concerne»!
alors ma santé et le
reste de mes jours quelque en soit la durée, seront consacrés
à ton service.
J'étais penché vers la fosse, et tu m'as
relevé. Accepte au nom de Jésus ton cher Fils, le tribut de
louanges que je viens te présenter. Ne permets pas que je
tombe dans les tentations et les péchés qui, dans mes jours
passés m'ont été si préjudiciables. Seigneur, j'accepte le
châtiment de mes iniquités, que jamais je ne retombe dans le
désordre et dans mes égarements. Tu m'as appris «que
le
cœur est trompeur et désespérément malin»,
je souscris avec conviction à cette déclaration humiliante de
ta parole.
Dirige à l'avenir mes actions, afin que je ne bronche point. Puissé-je rappeler le temps perdu, et accomplir avec une vigueur redoublée les devoirs que tu m'as imposés dans ma station présente. Que jamais je ne méconnaisse la dépendance où je suis de toi dans ce qui concerne ma vie, pion être, tous les biens temporels et spirituels. «Avant que d'être affligé, j'allais à travers champs; maintenant, Seigneur, mon désir est de garder ta parole.»
Accorde-moi, dans ta bonté, que le péché soit enveloppé d'amertumes, que mon glorieux Sauveur me soit chaque jour plus précieux, que je trouve le bonheur dans les voies de la sagesse, et la paix dans ses sentiers, et qu'aidé de ton Saint-Esprit, je ne fasse désormais que les choses qui sont agréables à tes yeux. Qu'après avoir été en bon exemple aux yeux de la génération présente, je m'endorme en Jésus-Christ, pour être recueilli avec tes élus, et chanter éternellement tes louanges. Amen!
Maintenant,
celui
qui prie comme il doit le faire, s'efforce à vivre conformément à
ses prières. Il est affreux de penser que la plupart des hommes ne
recueillent aucun avantage spirituel de leurs afflictions, mais en
deviennent au contraire pires. C'est ainsi que le roi Pharaon,
après avoir été frappé de dix plaies, n'éprouva dans son cœur que
dix fois plus d'endurcissement.
La tribulation produit la patience, lorsque Dieu lui donne sa
bénédiction, mais autrement, vu la corruption du coeur humain,
elle ne produit que l'impatience.
L'affliction,
par elle-même
n'a
jamais changé le cœur d'aucun homme. «Quand
vous
pileriez le fou dans un mortier, comme on y broie les grains
avec un pilon, vous ne le sépareriez pas de sa folie.»
Prov. XXVII.
22:
II en existe plusieurs desquels l'Éternel a dit: «Ils
me
chercheront de grand matin dans le temps de leur angoisse;
mais leur piété est comme la nuée du matin, et comme la rosée
du matin qui se dissipe.»
Osée V.
15.
VI.
Quand
le
débauché gît sur le lit de langueur, et que sa conscience est
éveillée, il est déchiré de remords, il envoie chercher un
Ministre, il lui fait une confession franche et sincère, il
sollicite ses prières, il recherche la conversation des hommes
religieux, il se rappelle avec horreur ses compagnons de
débauche et les désordres qu'il a commis avec eux, il
désespère de son salut, et il fait vœu de s'amender, si Dieu
daigne lui conserver la vie.
Mais que fait le rebelle qu'épargne la miséricorde divine, si
la grâce toute-puissante de l'Esprit de Dieu ne change son
cœur?
Il quitte son lit, on le voit fréquenter quelques semaines la
maison de Dieu, mais il retombe bientôt dans ses égarements,
et bientôt sur les prétextes les plus frivoles, il s'éloigne
de lui comme avant sa maladie. Enfin, il abandonne entièrement
les Temples. Sa conviction s'affaiblit, le péché renaît, ses
anciennes habitudes l'entraînent, de nouvelles tentations
se
présentent, il se plonge de nouveau dans le péché. Ainsi que le
chien retourne à son vomissement, et que la truie, après s'être
lavée, se vautre de nouveau dans l'ordure, ainsi le pécheur
retourne à ses désordres, et son dernier état devient pire que le
premier.
Vous qui avez été ou qui êtes encore dans l'affliction, prenez garde de retomber de même, ne mettez pas toute votre confiance en vos forces, mais plutôt placez en Dieu toute votre confiance, et soit qu'il fasse cesser votre affliction ou qu'il la prolonge, suppliez-le de sanctifier et de sauver votre âme.
Quand
dans
les maux qu'attirait mon offense,
Trop obstiné, j'ai gardé le silence,
Quand, de douleur, j'ai crié sans cesser,
Mes os n'ont fait que fondre et s'abaisser:
J'ai nuit et jour senti ta main puissante,
Sur moi, Seigneur, se rendre plus pesante;
Mon corps s'est vu, dans cette extrémité
Plus sec qu'un champ dans l'ardeur de l'été.
Mais aussitôt que sans hypocrisie,
J'ai déploré les fautes de ma vie,
Dès que j'ai dit, confessons mon forfait;
De ton pardon j'ai ressenti l'effet.
Ainsi, celui que ton amour éprouve,
Te cherchera dans le temps qu'on te trouve;
Et quand de maux un déluge courrait,
De tout danger ta main le sauverait.
Psaume XXXII. v. 2-3
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |