Il serait superflu de chercher à prouver que le culte public du Dieu Tout-Puissant est négligé par un grand nombre de ceux qui «se disent être Chrétiens, et qui en portent le nom».
Dans plusieurs de nos villes et de nos paroisses, les Églises sont souvent désertes, tandis qu'on rencontre la foule à l'heure des exercices dans les rues, dans les chemins, dans les champs et dans les maisons publiques. Si on essayait un calcul, on pourrait assurer sans exagération, qu'une moitié des habitants de ce pays s'éloigne de la Maison de Dieu.
Et ne
serait-il pas raisonnable que nous rendissions à Dieu un service
religieux?
C'est cependant par lui et en lui que nous avons la vie, le
mouvement et l'être.
Serait-il déraisonnable de reconnaître notre dépendance?
Dieu serait-il le seul roi, le seul gouverneur auquel aucun
hommage ne serait dû?
L'homme étant un être social et disposé à se réunir à ses semblables, il paraîtrait conforme à sa nature comme à la raison, qu'il s'associât aussi pour rendre à Dieu un culte, pour lui confesser ses péchés, pour implorer sa miséricorde, obtenir son pardon et pour lui rendre grâce de tous les biens qu'il en a reçus.
Cet
usage
a été général chez toutes les nations et dans tous les siècles.
Nous lisons que Caïn et Abel, fils d'Adam, se présentèrent devant
l'Éternel pour lui offrir des oblations.
Dans les premiers âges chaque père de famille remplissait les
fonctions de prêtre. L'Histoire de la Bible, qui est la plus
ancienne du monde, nous apprend que Noé, Abraham, Josué , &c.
adoraient ainsi le Dieu de leurs pères.
Et lorsqu'une grande partie du monde eût été corrompue par
l'idolâtrie, Dieu voulut rétablir le vrai culte, en donnant une
révélation à Moïse. Dieu lui-même fixa dans ce but
plusieurs
ordonnances, qui furent observées par les Juifs pendant une longue
suite de siècles.
Sa présence divine et sa gloire furent fréquemment manifestées au
sein de ce peuple, comme des gages de son approbation, et
lorsqu'en différents temps, ils se permirent de négliger ce culte,
des calamités affreuses attestèrent la désapprobation de leur
Dieu.
Notre Sauveur lui-même fréquenta le culte public dans le Temple et dans les Synagogues. Il donna des directions pour remplir les devoirs du culte en esprit et en vérité: Il nous a fait comprendre clairement dans l'Oraison Dominicale, que nous devons prier avec nos frères et pour nos frères, quand il nous prescrit d'appeler Dieu «notre Père, donne-nous notre pain quotidien, pardonne-nous nos offenses, &c.»
Après
que
Jésus-Christ eût achevé son oeuvre, il monta au Ciel, mais il
promit d'envoyer incessamment le St.-Esprit sur ses disciples.
Et pendant qu'ils attendaient ce don précieux, ils
persévéraient chaque jour d'un commun accord dans les prières
et dans les supplications. Et c'est au moment qu'ils
remplissaient ce devoir, que le St. Esprit descendit, et que,
par sa divine influence, il les rendit capables de prêcher
Christ crucifié, à la multitude, avec un étonnant succès.
Les
premiers
Chrétiens convertis continuèrent à se rendre chaque jour d'un
commun accord dans le Temple. Dès les premiers siècles, on sait
qu'ils se rassemblaient le dimanche au point du jour pour chanter
des hymnes à Christ, comme leur Dieu et leur Sauveur.
Le sacrement de la Cène était fréquemment administré, et nous
apprenons par l'Histoire de l'Église que depuis ce temps-là
jusqu'à aujourd'hui, le culte public de Dieu a été suivi par un
grand nombre de Chrétiens de toute espèce de dénomination.
C'est donc une chose nouvelle de voir des hommes qui portent ce nom, déserter l'Église de Dieu; cela est en opposition formelle avec la pratique des Chrétiens pendant dix-huit siècles.
Les
grands
avantages qui résultent du culte public, en recommandent fortement
la pratique.
On maintient par ce moyen un rapprochement d'affection entre les
différentes classes de la société. Ces classes ne sont que trop
portées à vivre séparées, et leurs positions différentes les
séparent à de grandes distances; mais dans la Maison de Dieu «le
riche et le pauvre s'entre'rencontrent, le Seigneur est le
créateur des uns et des autres».
Forcés à répéter ensemble des formules d'humilité, de prières, de
louange et d'adoration, il doit en résulter un rapprochement; là
ils apprennent à s'intéresser les uns aux autres, à porter
réciproquement leurs fardeaux et à accomplir ainsi la Loi de
Christ».
Le
culte
public est avantageux à la moralité.
Le service qu'on rend à Dieu dans sa Maison tend directement à
produire et à augmenter la crainte de Dieu, qui est le
commencement de la sagesse.
Il
est
rare que ceux qui confessent chaque semaine dans l'Église
leurs péchés passés, qui y sollicitent leur pardon, qui
entendent de la chaire l'explication des Commandements de
Dieu, l'annonce de ses promesses et de ses menaces, il est
rare que de telles personnes se laissent aller aux dernières
limites de l'iniquité.
Regardez autour de vous, et vous vous convaincrez que ces
pécheurs atroces et désespérés abandonnent généralement le
culte de Dieu, car, selon un ancien proverbe, prière fait
renoncer au péché, OU le péché fait renoncer à la prière.
Le
culte
public a l'avantage de modérer l'amour excessif du monde.
Ceux qui sont employés dans le cours de la semaine aux affaires
temporelles, peuvent s'apercevoir que leur cœur s'attache trop
exclusivement à la terre; il importe de fixer, le jour du
Dimanche, leur attention sur des objets religieux, de leur
rappeler la vanité du monde, l'incertitude de la vie, l'approche
de la mort, de porter leurs regards sur une autre vie, et sur la
différence du sort des gens de biens, et des méchants pendant
l'éternité.
Mais le plus grand avantage du culte public est, que, par
son secours, nous apprenons à connaître le glorieux Évangile dit
Dieu bienheureux; Jésus-Christ, chef de l'Église, a commandé que
son Évangile de prêcher à toute créature, et l'ordre de le prêcher
renferme incontestablement l'ordre de l'entendre.
Le mot Évangile signifie «bonne nouvelle l'annonce heureuse «d'une grande joie à tous les peuples» à savoir 2que Dieu a tant aimé le monde qu'il a envoyé son fils pour nous sauver afin que quiconque croit EN lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.»
L'Évangile
est
une proclamation de la miséricorde de Dieu par Christ à tous les
pécheurs en danger de périr, c'est la justification qui vient de
la foi en Jésus-Christ, et qui est révélée à la
foi, c'est cette justification que Christ nous a procuré par son
obéissance et par sa mort; cette justification que la loi
exigeait, nous ne pouvons la trouver en nous-mêmes, mais elle nous
est nécessaire pour être sauvés.
Cette justice est offerte à tous les pécheurs, et s'applique à
tous ceux qui en sentent le besoin et qui l'Embrassent avec
confiance.
Ce
même
Jésus, oui a commandé que son Évangile fut prêché, a promis
d'être, avec ceux qui le prêcheraient jusqu'à la fin du monde.
Il a aussi déclaré que «là où deux ou trois seraient assemblés
en son nom, il serait au milieu d'eux.»
Ces promesses devraient donc nous engager à être diligents
pour entendre sa parole. «Bienheureux ceux, disait le Sauveur,
qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent». Elle est,
disait St Paul, «la puissance de Dieu à
salut»; c'est le grand instrument que Dieu a voulu employer,
et qu'il accompagne de sa bénédiction, afin de nous régénérer
ou de nous changer en nouvelles créatures.
C'est par cette parole que l'ignorant devient sage à salut,
c'est par elle que le pécheur est amené à la repentance. «La
foi vient de l'ouïe, et l'ouïe de la parole de Dieu». C'est
par la foi que le cœur est purifié, la conscience éclairée,
l'affliction soulagée, et la sainteté perfectionnée.
Tels sont quelques-uns des grands avantages qui
accompagnent
le culte de Dieu. Et combien n'est-il pas ennemi de soi-même
celui qui néglige méchamment et habituellement le service de
Dieu, et renonce par-là à tous ces avantages, et cela
pourquoi?
Quels
sont
les équivalents qu'on lui offre?
Est-ce qu'une promenade, une visite à un ami, ou quelque
amusement pourraient être des avantages du même prix?
Non, certainement! Ce ne peuvent être que des jouissances d'un
moment, tandis que les bénédictions qui se puisent dans le
service de Dieu sont solides, spirituelles et durables. C'est
par ce moyen que nous nous préparons au service de Dieu dans
une autre vie, et à prendre place dans l'assemblée générale de
l'Église triomphante.
Ce
que
nous avons dit suffit pour convaincre tout homme qui croit à
l'Écriture Sainte, que le culte public de Dieu est un service
raisonnable.
Comment donc des milliers de Chrétiens le négligent-ils?
Ceux qui daignent réfléchir sur cette négligence, doivent
avoir quelques excuses qui leur semblent plausibles, et qui
tranquillisent leur conscience. Mais il est probable que le
plus grand nombre de ceux qui se soustraient à ce devoir, ne
réfléchissent point et se laissent aller à l'insouciance et à
la légèreté de leur caractère. Cependant de tels hommes
feraient mieux de considérer leurs voies. L'homme est un être
doué de raison, et
il est de son intérêt d'en faire usage, de porter son
attention sur ses rapports avec son Créateur, sur ses propres
devoirs, ainsi que sur son sort à venir.
S'il
se
trouvait des hommes qui eussent bu le poison mortel de
l'impiété, on n'aurait pas lieu de s'étonner de leur
désertion; de tels hommes «ont ouvert la bouche contre le
Ciel, et défié le Saint d'Israël.»
Mais on ne saurait supposer que leur nombre pût être
considérable, et il est évident que la plus grande partie
oublie Dieu, mais ne le défie point; qu'on se berce de vaines
excuses, auxquelles on renoncerait si l'on y pensait plus
mûrement.
Mais ne semblerait-il pas aussi que l'infidélité ou la
désertion de quelques-uns, devrait être un motif pour porter
les autres à confesser Christ crucifié devant les hommes.
C'est aujourd'hui le moment de faire connaître «ceux qui sont
pour le Seigneur», et on ne peut compter dans ce nombre ceux
qui refusent de se faire connaître pour tels en se réunissant
publiquement au culte qui lui est dû. Car ceux qui ne sont pas
pour lui, sont contre lui.
Mais occupons-nous un moment de quelques-unes des objections
que l'on met en avant pour excuser la négligence du culte.
Les
uns
disent: «Je puis rendre à Dieu» mes hommages dans ma maison en
lisant quelque bon livre, tout aussi
bien que si je me rendais à l'Église.»
Je craindrais que ceux qui font cette objection ne
consacrassent pas beaucoup de temps à la lecture des livres
religieux. Sans doute, il est séant qu'une portion du jour du
repos soit consacrée à la lecture et à la retraite, mais un
devoir n'en efface pas un autre.
Nous
avons
vu que Christ avait ordonné le culte public, et si vous êtes
Chrétiens, vous devez obéir à ses lois. Il ne vous appartient
pas d'opposer votre opinion particulière à l'autorité du Ciel;
en méprisant les Ministres et les ordonnances de Dieu, vous le
méprisez lui-même, et vous ne sauriez prétendre pouvoir le
servir autrement qu'il ne le veut.
Si vous vous examinez avec soin, vous vous assurerez que la
paresse, l'indifférence, la tiédeur, les préjugés ou peut-être
une idée trop avantageuse de vous-mêmes, vous portent à vous
tirer de côté, lorsqu'on se rassemble pour le service de Dieu.
D'autres
objectent
contre la fréquentation du culte public, que l'on ne voit pas
que ceux qui fréquentent l'Église, soient meilleurs que ceux
qui s'en éloignent.
S'ils ne sont pas meilleurs, c'est sans doute leur faute, car
ils ont un moyen de perfectionnement qui devrait les
améliorer. Mais «qui es-tu, toi qui juge le serviteur
d'autrui? S'il se tient ferme ou s'il tombe, c'est l'affaire
de son maître.» Peut-être serait-il pire s'il s'éloignait du
culte public, comme vous-mêmes seriez meilleurs si vous y
assistiez, car vous conviendrez que vous avez quelque chose à
corriger en vous.
Mais la conduite de votre voisin n'est pas la règle de vos
devoirs.
Laissez-le entre les mains de Dieu, tandis que vous vous
occuperez; à obéir à ses commandements.
D'autres
s'absentent
du culte, parce qu'ils ne goûtent pas le Prédicateur, ils sont
repoussés par quelque vice d'organe, par ses manières, par sa
conduite peut-être. Mais avez-vous bien examiné si votre
éloignement est fondé. Vous n'avez peut-être jamais prié pour
lui en votre vie, comment donc espéreriez-vous recueillir des
fruits de son ministère?
Mais si vous avez des raisons de rejeter sa doctrine comme
contraire à l'Écriture, ou de condamner sa conduite pour
immoralité, vous avez la liberté de vous transporter ailleurs.
«Prenez garde à ce que vous écoutez, et à la manière dont vous
écoutez. Éprouvez toutes choses et retenez ce qui est bon.»
Plusieurs
objectent
le manque d'habillements décents.
Les pauvres ont honte de paraître à côté de leurs voisins
mieux vêtus. Mais rappelez-vous que «le Seigneur ne voit pas
ce à quoi l'homme donne attention, l'homme regarde à
l'apparence, mais le Seigneur regarde au cœur. Si vous l'adorez
en
esprit et en vérité, votre service ne lui sera pas moins
agréable, parce que vous vous présenterez sous des vêtements
grossiers. Le pauvre peut être pur de cœur, et pour lors il ne
saurait être l'objet de mépris d'un être
raisonnable. Qu'il s'adresse à Dieu, c'est par sa
bénédiction que l'homme est riche. Il peut faire prospérer
l'œuvre de vos mains, vous mettre à même de vous procurer les
douceurs de la vie, ou susciter en votre faveur des âmes
charitables qui vous tendront la main. Mais vous n'obtiendrez
ces faveurs par aucun moyen plus sûr que par le respect que
vous montrerez pour son culte.
Plusieurs
allèguent
l'embarras que leur causent leurs enfants.
Mais le père ou l'aîné des enfants ne pourraient-ils pas à
tour se charger de ceux-ci pendant le service divin? Des
voisins ne se prêteraient-ils pas quelquefois à rendre ce bon
office? On trouverait sans beaucoup de peine les moyens de
s'arranger, si on avait de l'empressement à se rendre à
l'Église, comme on en trouve pour satisfaire ses penchants.
C'est sans contredit le manque d'inclination, qui présente le
plus grand obstacle et la plus forte objection; mais qu'est-ce
que cela manifeste, sinon le manque d'amour et de crainte de
Dieu. Cela montre l'état de l'homme charnel qui est aliéné de
la vie de Dieu. Ah! pensez-y sérieusement, vous qui vivez
dans l'oubli de Dieu, de peur que vous n'éprouviez l'effet de
ses menaces.
Tant de motifs vous pressent de revenir à Dieu comme à votre Créateur et à votre Père. Vos devoirs envers lui, votre propre intérêt, l'influence de l'exemple, le bonheur de votre patrie, tout vous invite à fréquenter la Maison de Dieu.
Plus de délai, qu'au premier jour de Sabbat on vous voit dans l'assemblée des Chrétiens. Que Dieu veuille incliner vos cœurs, à son service.
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