Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE MESSIE

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GLOIRE au Seigneur! Chantez sa gloire!
Peuples, les temps sont accomplis!
Et de l'autel expiatoire
Relevez les murs démolis!
Anges, aux saintes harmonies,
Déroulez vos voix infinies!
Mondes, chantez en son honneur!
Et que la Terre, qui sommeille,
A ce cri d'hommage s'éveille
Et chante aussi: «Gloire au Seigneur!»

Il apparaît (que l'encens fume!)
Le Dieu de salut et d'amour,
Comme à travers l'épaisse brume
Blanchit la lueur d'un beau jour.
Pour fêter son royal empire,
Voyez dans le ciel, qui l'admire,
Se lever un astre vermeil,
Étoile des cieux messagère
Qui vient annoncer à la terre
L'approche d'un nouveau soleil!

Dans l'air qui tressaille et s'anime
Voyez quel lumineux essaim
D'archanges, à la voix sublime,
Redit le cantique sans fin!
«Bienveillance parmi les hommes!
Qu'ils soient heureux comme nous sommes!
Terre! Terre! réveillez-vous!
Levez votre front pâle, ô femme,
Allons! chantez l'épithalame!
Terre! Terre! voici l'époux!»

Il s'avance, l'âme remplie
D'un avenir mystérieux;
Une sainte mélancolie
Adoucit l'éclat de ses yeux!
Sa bouche où la bonté respire
À cet ineffable sourire
Qui bénit l'archange au saint lieu
Et son front noble, qui domine,
Sous un poids glorieux s'incline,
Car il porte écrit: «Voilà Dieu!»

C'est le Dieu des saintes collines,
Le Sauveur qui devait venir,
En qui seul les gloires divines
Viennent toutes se réunir.
L'âme infinie est son essence,
Le pouvoir sans fin, sa puissance,
L'éternité forme ses jours;
Et comme l'amour de son père

Son amour est un sanctuaire
Qui réunit tous les amours.

Il se fait homme pour les hommes;
Il quitte les cieux infinis
Afin qu'au séjour où nous sommes
Naissent des jours purs et bénis.
Comme un don gratuit, il accorde
Au pécheur, la miséricorde,
La paix, au cœur plein de remords:
À tous il vient parler de grâce,
Et veut qu'une croix satisfasse
Pour les vivants et pour les morts.

Le voilà le Dieu pacifique
Portant de sublimes secours,
À l'aveugle, au paralytique,
Au mendiant des carrefours.
Le voilà, doux et débonnaire,
Rendant une fille à sa mère,
À son ami donnant des pleurs;
Et, tendre aux misères humaines,
Ayant des peines pour nos peines,
Et des douleurs pour nos douleurs.

Près du fleuve, sur la colline,
Il instruit le peuple en passant;
Et comme une manne divine,
La paix de sa lèvre descend.
Son éloquence simple et grave
Console les fers de l'esclave,
Lui montre un meilleur avenir;
Et, touchant des fibres connues,
Laisse dans les âmes émues
Un ineffable souvenir.

Une nuit dont longtemps se souviendra la terre,
Par-delà le Cédron, solitaire, il errait;
Il méditait la fin de son profond mystère,
Son âme était pensive et parfois il pleurait.
Puis tombant à genoux, à cette heure fatale,
Il pria pour les siens, en ce lugubre lieu;
De longs grumeaux de sang coulaient de son front pâle,
Car, maudit, il luttait contre la main de Dieu.

Et le matin, on vit s'élever au Calvaire
Une croix où pour nous il se laissa mourir,
Et, dansant alentour, tout un peuple en colère
De malédictions accablait le martyr.
Et la terre trembla, les sépulcres s'ouvrirent,
De morts ressuscités le temple fut rempli,
Et dans l'immense nuit, ces accents retentirent:
«Père, pardonne-leur!»Tout était accompli!


Tu mourais, ô grande victime,
Pour fléchir les décrets divins;
La coupe de ta mort sublime
Portait le salut des humains.
Tu la vidas jusqu'à la lie;
Car ton âme, d'amour remplie,
Avait pitié de notre sort.
Tu visitas notre Sodome,
Et tu dis: «Je sauverai l'homme;
Mon père, il vivra de ma mort!»

Ton sang, baptême expiatoire,
Coule dans l'ombre du passé;
Et du Temps, plein de ta mémoire,
Le pas ne l'a point effacé!
Fleuve des grâces souveraines,
Les générations humaines
Y viennent puiser en ton nom,
L'erreur, un savoir sans nuage,
La faiblesse, un peu de courage,
Et le monde entier, le pardon!

Gloire, gloire te soit rendue!
Que les cieux s'inclinent trois fois,
Que l'éternité te salue,
Héros sublime de la croix!
Et sur la montagne divine
Où ta grande image domine,
Comme un phare sur l'avenir,
Que l'univers marche et t'appelle,
Toi qui pris notre chair mortelle
Pour nous sauver et nous bénir!

L. Dussaud. Pasteur
(Essai de poésies chrétiennes 1836)


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