LE MESSIE
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- GLOIRE au
Seigneur! Chantez sa gloire!
- Peuples,
les temps sont accomplis!
- Et de
l'autel expiatoire
- Relevez
les murs démolis!
- Anges, aux
saintes harmonies,
- Déroulez
vos voix infinies!
- Mondes,
chantez en son honneur!
- Et que la
Terre, qui sommeille,
- A ce cri
d'hommage s'éveille
- Et chante
aussi: «Gloire au Seigneur!»
- Il
apparaît (que l'encens fume!)
- Le Dieu de
salut et d'amour,
- Comme à
travers l'épaisse brume
- Blanchit
la lueur d'un beau jour.
- Pour fêter
son royal empire,
- Voyez dans
le ciel, qui l'admire,
- Se lever
un astre vermeil,
- Étoile des
cieux messagère
- Qui vient
annoncer à la terre
- L'approche
d'un nouveau soleil!
- Dans l'air
qui tressaille et s'anime
- Voyez quel
lumineux essaim
- D'archanges,
à la voix sublime,
- Redit le
cantique sans fin!
- «Bienveillance
parmi les hommes!
- Qu'ils
soient heureux comme nous sommes!
- Terre!
Terre! réveillez-vous!
- Levez
votre front pâle, ô femme,
- Allons!
chantez l'épithalame!
- Terre!
Terre! voici l'époux!»
- Il
s'avance, l'âme remplie
- D'un
avenir mystérieux;
- Une sainte
mélancolie
- Adoucit
l'éclat de ses yeux!
- Sa bouche
où la bonté respire
- À cet
ineffable sourire
- Qui bénit
l'archange au saint lieu
- Et son
front noble, qui domine,
- Sous un
poids glorieux s'incline,
- Car il
porte écrit: «Voilà Dieu!»
- C'est le
Dieu des saintes collines,
- Le Sauveur
qui devait venir,
- En qui
seul les gloires divines
- Viennent
toutes se réunir.
- L'âme
infinie est son essence,
- Le pouvoir
sans fin, sa puissance,
- L'éternité
forme ses jours;
- Et comme
l'amour de son père
- Son
amour est un sanctuaire
- Qui
réunit tous les amours.
- Il se fait
homme pour les hommes;
- Il quitte
les cieux infinis
- Afin
qu'au séjour où nous sommes
- Naissent
des jours purs et bénis.
- Comme un
don gratuit, il accorde
- Au
pécheur, la miséricorde,
- La paix,
au cœur plein de remords:
- À tous il
vient parler de grâce,
- Et veut
qu'une croix satisfasse
- Pour les
vivants et pour les morts.
- Le voilà
le Dieu pacifique
- Portant de
sublimes secours,
- À
l'aveugle, au paralytique,
- Au
mendiant des carrefours.
- Le voilà,
doux et débonnaire,
- Rendant
une fille à sa mère,
- À son
ami donnant des pleurs;
- Et, tendre
aux misères humaines,
- Ayant
des peines pour nos peines,
- Et des
douleurs pour nos douleurs.
- Près du
fleuve, sur la colline,
- Il
instruit le peuple en passant;
- Et comme
une manne divine,
- La paix de
sa lèvre descend.
- Son
éloquence simple et grave
- Console
les fers de l'esclave,
- Lui montre
un meilleur avenir;
- Et,
touchant des fibres connues,
- Laisse
dans les âmes émues
- Un
ineffable souvenir.
- Une nuit
dont longtemps se souviendra la terre,
- Par-delà
le Cédron, solitaire, il errait;
- Il
méditait la fin de son profond mystère,
- Son âme
était pensive et parfois il pleurait.
- Puis
tombant à genoux, à cette heure fatale,
- Il pria
pour les siens, en ce lugubre lieu;
- De longs
grumeaux de sang coulaient de son front pâle,
- Car,
maudit, il luttait contre la main de Dieu.
- Et le
matin, on vit s'élever au Calvaire
- Une croix
où pour nous il se laissa mourir,
- Et,
dansant alentour, tout un peuple en colère
- De
malédictions accablait le martyr.
- Et la
terre trembla, les sépulcres s'ouvrirent,
- De morts
ressuscités le temple fut rempli,
- Et dans
l'immense nuit, ces accents retentirent:
- «Père,
pardonne-leur!»Tout était accompli!
- Tu
mourais, ô grande victime,
- Pour
fléchir les décrets divins;
- La coupe
de ta mort sublime
- Portait le
salut des humains.
- Tu la
vidas jusqu'à la lie;
- Car ton
âme, d'amour remplie,
- Avait
pitié de notre sort.
- Tu visitas
notre Sodome,
- Et tu
dis: «Je sauverai l'homme;
- Mon père,
il vivra de ma mort!»
- Ton sang,
baptême expiatoire,
- Coule dans
l'ombre du passé;
- Et du
Temps, plein de ta mémoire,
- Le pas ne
l'a point effacé!
- Fleuve des
grâces souveraines,
- Les
générations humaines
- Y viennent
puiser en ton nom,
- L'erreur,
un savoir sans nuage,
- La
faiblesse, un peu de courage,
- Et le
monde entier, le pardon!
- Gloire,
gloire te soit rendue!
- Que les
cieux s'inclinent trois fois,
- Que
l'éternité te salue,
- Héros
sublime de la croix!
- Et sur la
montagne divine
- Où ta
grande image domine,
- Comme un
phare sur l'avenir,
- Que
l'univers marche et t'appelle,
- Toi qui
pris notre chair mortelle
- Pour nous
sauver et nous bénir!
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- L.
Dussaud. Pasteur
- (Essai
de poésies chrétiennes 1836)
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