Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CANTIQUE SUR LA PAIX DE L'ÉGLISE

FAITE DANS LE MOIS D'AOÛT 1744

Sur le chant du Ps. 98

***

1.
Peuples, chantez un saint cantique
À l'honneur du grand Dieu des cieux
Qui, par sa force magnifique,
Est demeuré victorieux.
Son grand pouvoir s'est fait connaître
Quand sa main nous a garantis;
Sa justice a daigné paraître
Pour nous, au milieu des Gentils.

2.
Voici cette heureuse journée,
Où Dieu nous voit d'un œil plus doux;
Sa bonté qui nous l'a donnée
Apaise envers nous son courroux.
La Discorde, insolente et fière,
Éloignait la paix de ces lieux,
Et l'Ignorance téméraire
Pour cette paix fermait les yeux.

3.
Des hommes remplis de sagesse
Ramènent les cœurs divisés,
L'amour renaît, la haine cesse,
Les différends sont apaisés;
On voit, par leur sage conduite,
La discipline dans ses droits;
L'Arrogance, aux abois réduite,
Se range à la douceur des lois.

4.
Par cette douce déférence
Qu'on doit à ses médiateurs,
On obéit sans résistance
Aux désirs de leurs tendres cœurs.
Quelle surprenante victoire
Ne remportes-tu pas sur toi?
Peuple, le comble de ta gloire,
C'est lorsqu'on triomphe de soi.

5.
Paix que la gloire environne,
Que ce désert aride et sec
Te serve en ce moment de trône.
Nous t'attendons avec respect.
En ce jour rempli de miracles,
Fille du ciel, présente-toi,
Prononce tes divins oracles.
Silence, chrétiens, je la vois!

6.
Elle paraît, elle s'avance
D'un regard plein de majesté:
À ses côtés sont la Prudence,
La Justice et la Vérité.
La Foi par sa douce influence
Vous donne la sécurité;
Tout confirme notre Espérance,
Tout s'unit à la Charité.

7.
Mais, ô Ciel! quelle multitude!
Quelle foule d'admirateurs!
Chacun s'empresse avec étude
À suivre nos médiateurs,
Et la Paix, qui marche à leur tête.
Malgré la rage de l'Enfer,
Étend les mains, elle s'arrête.
Écoutons, elle va parler:
8.
«Après tant de peines cruelles,
Après un sort si rigoureux,
Unissez-vous, peuples fidèles,
Tout s'accorde à combler vos vœux.
Chrétiens, que vos cœurs soient tranquilles,
Le Temps doit mûrir vos esprits;
Si vous êtes toujours dociles
Mes faveurs en seront le prix.

9.
J'affermirai dans tous les âges
Vos temples, votre liberté;
Vous ne verrez plus les ravages
Des excès de la cruauté.
De cette brillante contrée
Désormais je prendrai le soin,
Et toujours la divine Astrée
Vous soutiendra dans le besoin.»
10.
Alors, mille cris d'allégresse
Se font entendre dans les airs
Et le peuple à l'envi s'empresse
À rompre, à sortir de ses fers.
Avec zèle chacun s'écrie:
ô Paix! ô Pacificateurs,
ô Religion, ô Patrie,
Pasteurs, nos libérateurs!

11.
Chrétiens, que rien ne vous arrête,
Tout comble à présent nos souhaits.
Venez et publions la fête
À l'honneur du Dieu de la Paix.
Allons d'une ardeur animée,
Faisons savoir aux nations,
Par le vol de la Renommée,
Du ciel les bénédictions.

12.
Seigneur, veuille sur nous répandre
Un rayon de ton saint amour;
Daigne aussi ton oreille tendre
Aux vœux que l'on t'offre en ce jour.
Ne permets jamais que l'Envie
S'empare de nos faibles cœurs,
Et de l'esprit de jalousie
Sans cesse rends-nous vainqueurs

(Collection Court, n° 46.)

Société de l’histoire du protestantisme français 1878


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