CANTIQUE SUR LA PAIX DE L'ÉGLISE
FAITE DANS LE MOIS D'AOÛT 1744
Sur le chant du Ps. 98
***
- 1.
- Peuples, chantez un saint cantique
- À l'honneur du grand Dieu des cieux
- Qui, par sa force magnifique,
- Est demeuré victorieux.
- Son grand pouvoir s'est fait connaître
- Quand sa main nous a garantis;
- Sa justice a daigné paraître
- Pour nous, au milieu des Gentils.
- 2.
- Voici cette heureuse journée,
- Où Dieu nous voit d'un œil plus doux;
- Sa bonté qui nous l'a donnée
- Apaise envers nous son courroux.
- La Discorde, insolente et fière,
- Éloignait la paix de ces lieux,
- Et l'Ignorance téméraire
- Pour cette paix fermait les yeux.
- 3.
- Des hommes remplis de sagesse
- Ramènent les cœurs divisés,
- L'amour renaît, la haine cesse,
- Les différends sont apaisés;
- On voit, par leur sage conduite,
- La discipline dans ses droits;
- L'Arrogance, aux abois réduite,
- Se range à la douceur des lois.
- 4.
- Par cette douce déférence
- Qu'on doit à ses médiateurs,
- On obéit sans résistance
- Aux désirs de leurs tendres cœurs.
- Quelle surprenante victoire
- Ne remportes-tu pas sur toi?
- Peuple, le comble de ta gloire,
- C'est lorsqu'on triomphe de soi.
- 5.
- Paix que la gloire environne,
- Que ce désert aride et sec
- Te serve en ce moment de trône.
- Nous t'attendons avec respect.
- En ce jour rempli de miracles,
- Fille du ciel, présente-toi,
- Prononce tes divins oracles.
- Silence, chrétiens, je la vois!
- 6.
- Elle paraît, elle s'avance
- D'un regard plein de majesté:
- À ses côtés sont la Prudence,
- La Justice et la Vérité.
- La Foi par sa douce influence
- Vous donne la sécurité;
- Tout confirme notre Espérance,
- Tout s'unit à la Charité.
- 7.
- Mais, ô Ciel! quelle multitude!
- Quelle foule d'admirateurs!
- Chacun s'empresse avec étude
- À suivre nos médiateurs,
- Et la Paix, qui marche à leur tête.
- Malgré la rage de l'Enfer,
- Étend les mains, elle s'arrête.
- Écoutons, elle va parler:
- 8.
- «Après tant de peines cruelles,
- Après un sort si rigoureux,
- Unissez-vous, peuples fidèles,
- Tout s'accorde à combler vos vœux.
- Chrétiens, que vos cœurs soient tranquilles,
- Le Temps doit mûrir vos esprits;
- Si vous êtes toujours dociles
- Mes faveurs en seront le prix.
- 9.
- J'affermirai dans tous les âges
- Vos temples, votre liberté;
- Vous ne verrez plus les ravages
- Des excès de la cruauté.
- De cette brillante contrée
- Désormais je prendrai le soin,
- Et toujours la divine Astrée
- Vous soutiendra dans le besoin.»
- 10.
- Alors, mille cris d'allégresse
- Se font entendre dans les airs
- Et le peuple à l'envi s'empresse
- À rompre, à sortir de ses fers.
- Avec zèle chacun s'écrie:
- ô Paix! ô Pacificateurs,
- ô Religion, ô Patrie,
- Pasteurs, nos libérateurs!
- 11.
- Chrétiens, que rien ne vous arrête,
- Tout comble à présent nos souhaits.
- Venez et publions la fête
- À l'honneur du Dieu de la Paix.
- Allons d'une ardeur animée,
- Faisons savoir aux nations,
- Par le vol de la Renommée,
- Du ciel les bénédictions.
- 12.
- Seigneur, veuille sur nous répandre
- Un rayon de ton saint amour;
- Daigne aussi ton oreille tendre
- Aux vœux que l'on t'offre en ce jour.
- Ne permets jamais que l'Envie
- S'empare de nos faibles cœurs,
- Et de l'esprit de jalousie
- Sans cesse rends-nous vainqueurs
- (Collection Court, n° 46.)
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- Société
de l’histoire du protestantisme français 1878
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