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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORTpour la vérité de l'ÉvangileGRANDE CRUAUTÉ. HUITIÈME PERSÉCUTION SOUS VALÉRIEN
Je ne saurai oublier en cet endroit ce que S. Jérôme raconte en la vie de Paul premier Hermite, touchant le temps des persécutions sous Decius & Valérien. Il dit donc, que les persécuteurs ne tâchèrent pas seulement de faire abjurer la Religion aux Chrétiens, par des tourments étranges, mais aussi par diverses voluptés & plaisirs. Car ne pouvant les contraindre à renier leur religion par aucune sorte de tourments, ils essayèrent de le faire par la volupté, en envoyant vers eux de belles femmes, qui les incitaient à paillardise (à la débauche) & toutes sortes de vilenies au point qu'il y eut un de ces Martyrs, qui, pour se dépêtrer d'une telle femme, se coupa la langue avec ses propres dents, & la lui cracha au visage.
Paul,
en ce temps-là, s'enfuit en un désert, où il passa sa vie en une
logette (petite
cabane), &
Antoine se retira là sur la fin de la vie de Paul.
S.
Jérôme dit aussi que S. Antoine mourut âgé de 105. ans, l'an de
grâce 361. Ce fut le commencement de
l'origine la
Moinerie, de laquelle on ne parlait point dans
l'Église
ancienne & lors que la corruption n'y était pas entrée, comme
elle a fait depuis.
Aurelien
fut Empereur, l'an de grâce 273. auquel est attribuée en histoires
la neuvième persécution. II fut, au commencement,
débonnaire
& humain envers les Chrétiens, mais sur la fin de son empire il
se changea, & résolut, par l'instigation de certains garnements
(mauvais
sujets), de
persécuter l'Église Chrétienne.
LA NEUVIÈME ET LONGUE PERSÉCUTION SOUS DIOCLÉTIEN, MAXIMIEN ET MAXIMIN.
Il n'y a personne qui ait écrit s diligemment de cette persécution sous les Empereurs Dioclétien, & Maximien, qu'Eusèbe en ses deux derniers livres de l'histoire Eccles. Car il a vécu de ce temps-là, & raconte beaucoup de choses qu'il a vécues lui-même. Après Eusèbe, Nicéphore en a aussi traité bien amplement au 7.liv. de son histoire cha. 3. &c.
L'Église
Chrétienne avait joui assez longtemps d'un grand repos, à savoir
l'espace d'environ vingt-huit ans, depuis le gouvernement d'Aurélien
jusqu'au 19. de l'empire de Dioclétien. Ainsi étaient les Chrétiens, au commencement de cette paix, de bon accord les uns avec les autres, ardents au service de Dieu, & vivant saintement. Par ce moyen le nombre des fidèles s'augmentait merveilleusement, tellement qu'il fallait agrandir les temples & maisons, où ils s'assemblaient pour faire prières & ouïr (entendre) la parole de Dieu. Mais avec le temps ce zèle ardent commença à se refroidir, & s'engendraient plusieurs débats & contentions, principalement entre les pasteurs & les ministres, lesquels étant devenus arrogants ne cessaient de disputer ensemble, ce qui ne servait que de scandale & retardement au peuple, qui de sa part aussi ne s'amendait pas beaucoup. ... Le Seigneur retira sa main de dessus son peuple, permettant que les païens eussent puissance sur l'Église Chrétienne, pour la nettoyer & écurer (frotter) de l'enrouilleure (la rouille) laquelle s'y était mise, & s'augmentait de jour en jour
Il
ne sera pas hors de propos d'alléguer
ici
ce que l'Évêque Ottho de Frisingen (1) raconte au livre troisième
chap. 45. touchant saint Maurice, lequel étant capitaine d'une bande
Chrétienne sous Maximien, vint en Allemagne pour réduire, sous
l'obéissance de l'Empire, les Bacharides ou Bacaudes qu'Eutropius
appelle Bongarides.
Saint
Gérôme rapporte cette entreprise de guerre contre les Bongarides à
l'an de Christ 290. Or, d'autant que cette affliction de
l'Église, & le jugement de Dieu courroucé contre les siens,
n'émeut pas beaucoup de gens, mais plusieurs persévérant
dans leur stupidité, malice &
ingratitude, le Seigneur
aussi redoubla les coups & lâcha la bride aux persécuteurs,
pour fouetter plus rudement son Église.
Incontinent
après fût derechef publié &
commandé par les Empereurs qu'on empoignât partout & qu'on mît
prisonniers les pasteurs & ministres de l'Église, &
qu'on
les induisît à sacrifier aux dieux: s'ils refusaient de le
faire, qu'on les y contraignit avec toutes sortes de tourments, ou
qu'on les mit à mort.
Les
docteurs & ministres de l'Église Chrétienne étaient menés,
tirés & traînés par troupes dans les
temples des idoles
& à leurs sacrifices. Il y en eut quelques-uns de ceux qui les
menaient lesquels touchés de compassion, leur
disaient: «Nous
vous prions de vous taire, & faites pour le moins semblant
d'avoir sacrifié, & nous vous délivrerons.»
En
ce temps-là, le feu se prit à Nicomédie, au palais impérial. Dieu
voulut châtier par ce moyen la grande cruauté des Empereurs &
des païens lesquels rôtissaient & brûlaient tant de pauvres
gens innocents. En Syrie, les fidèles, tant ministres que nobles & roturiers, hommes & femmes, & jeunes & vieux, étaient emprisonnés à grandes troupes, tellement que toutes les prisons en étaient remplies, & les rues des villes désertes; on y voyait-on peu de gens, ce qui ayant été signifié aux Empereurs, ils commandèrent qu'on délivrât ceux qui voudraient sacrifier, mais que les autres qui persévéreraient à être Chrétiens, fussent mis à mort après toutes sortes de tourments. À Tyr, en Palestine, hommes & femmes furent mis en spectacle, & jetés par troupes devant les bêtes sauvages, qu'on agaçait pour leur courir dessus & les déchirer; mais elles furent plus pitoyables envers les Chrétiens, que les hommes &, au lieu de leur nuire, se ruèrent sur leurs maîtres. Néanmoins, les païens, plus cruels que les bêtes les plus farouches, se ruèrent sur les pauvres Chrétiens, les massacrèrent & taillèrent en pièces avec une cruauté plus que brutale. En Égypte & Thébaïde, les Païens exercèrent des étranges cruautés contre les fidèles & en tuèrent un nombre infini. Ils ployaient & courbaient en quelques endroits les branches des arbres qui n'étaient guère loin l'un de l'autre, puis ayant lié un pied des fidèles à une branche, & l'autre à une autre, laissaient tout d'un coup aller les branches, & par ainsi les fidèles étaient misérablement déchirés. L'Abbé d'Usberg (2) écrit qu'en ce temps là, en moins d'un mois, furent mis à mort plus de dix-sept mille martyrs. Eusèbe raconte au 9. & 10. chapitres du huitième livre de son histoire, les grands tourments de plusieurs Chrétiens que lui-même avait vu mettre à mort, entre lesquels il fait mention de cet excellent personnage Phileas (3) lequel ayant écrit sur les martyrs, fut martyrisé lui-même.
Il
y eut une ville renommée en Phrygie en laquelle tant le Magistrat
que les sujets, jeunes & vieux, étaient de la religion
Chrétienne. Les Empereurs ayant environné & assiégé avec leur
camp cette ville, y mirent le feu, & firent
brûlés
ensemble tant les personnes que les biens, tellement qu'il n'en
échappa un seul. Un grand nombre de bons Chrétiens furent mis à mort par ce tyran, ainsi qu'Eusèbe en fait mention en son dernier livre. Entre lesquels furent trois serviteurs de Christ & de I’ Église, renommés partout le monde, à savoir Sylvain , Pierre & Lucian , Ministres de Tyr, d'Alexandrie, & d'Antioche. Lucian avait diligemment travaillé sur les S. Ecritures, comme S. Jérôme en fait mention. Ces excellents personnages n'ont pas seulement confirmé & rendu témoignage à la Religion Chrétienne par des prêches & par des écrits, mais aussi par leur sang & ont persévéré en la confession du Nom de Christ jusqu'à la fin. Cette cruelle & horrible persécution dura depuis l'an de Christ 306. jusqu'à l'an 320. à savoir 15. ans. Car l'an 321. la pauvre Église tant harassée, & quasi du tout abolie, fut soulagée par l'Empereur Constantin, l'an 10 de son Empire, sous lequel elle eut paix. La persécution susnommée est la plus longue & la plus cruelle qui ait été depuis la nativité de Christ: en laquelle néanmoins l'Église Chrétienne fut invincible par la foi, & foula aux pieds toute fausse doctrine & idolâtrie.
Or
pour retourner au propos tenu par ci-devant:
LA DIXIÈME PERSÉCUTION.
L'Église
Chrétienne eut repos depuis le 10. an de l'Empire de Constantin le
grand jusqu'à son trentième & dernier an,
& crût &
s'augmenta durant ce temps plus qu'elle n'avait fait depuis la
nativité de Jésus Christ. Constantius aussi, fils de Constantin , fut alors enivré de ce venin. Constantin le grand laissa trois fils, à savoir Constantin le 2. Constantius, & Constans auxquels il fit partage de l'Empire. Constantius se montra adversaire des vrais & fidèles docteurs, lesquels s'opposaient à la doctrine des Ariens, en les déchassant (expulsant), & principalement il persécuta âprement, S. Athanase, & avec lui plusieurs autres. Il en mit quelques-uns en prison bien étroitement & tourmenta fort les vrais fidèles, comme il en est fait plus ample mention en l'histoire Ecclésiastique. Cette persécution commença environ l'an de Christ 343. Dieu visita aussi son Église à cause des contentions (disputes) & débats, non seulement par la persécution nouvelle des païens, comme il avait fait devant le temps de Constantin , ainsi qu'avons vu par ci-devant. Car l'Empereur Julien s'opposa fort à l'Église Chrétienne, s'efforçant de la ramener à l'idolâtrie des païens. Cela advînt l'an de Christ 366. Ce Julien avait été auparavant non seulement chrétien, mais aussi lecteur en l'Église. Mais incontinent qu'il s'accointa (se lia intimement) avec certains philosophes, & principalement avec Libanius sophiste, il se révolta peu à peu contre la Religion, & finalement reçut celle des gentils, en laquelle il devint tellement aveuglé & endurci, que par des lavements il tâchât d'effacer de son corps le S. baptême des chrétiens. Il fut tellement possédé du diable qu'il s’intéressa à beaucoup des arts Magiques, & prenait grand plaisir à faire choses agréables à Satan. Étant élu Empereur après avoir obtenu une grande victoire contre les Allemands, près de Strasbourg, où il en défit trente mille, il tourna toutes ses forces contre la Religion Chrétienne, ouvrant les temples des idoles que Constantin avait fermés, & défendant sur peine de la vie qu'on ne les ouvrit & qu'on ne sacrifia en eux. Mais Julien sacrifiait lui même aux idoles, & permit à chacun d'y sacrifier & par ainsi le service des idoles s'augmentait fort. Car les païens, qui durant le gouvernement de Constantin, s'étaient tenus cois (tranquilles), en espérant que les choses changeraient, se montrèrent adonc (à ce moment-là), & levèrent les oreilles contre les Chrétiens.
Julien
ôta toutes les dignités, honneurs & privilèges que Constantin
avait donnés à l'Église & à ses ministres. Il fit aussi
défense que les Chrétiens n'allassent aux écoles de peur que par
les poètes, orateurs, & philosophes qui leur y seraient lus,
ils
n'apprennent à réfuter la religion des païens,
par leurs
propres livres.
Constantin
le grand ayant aussi ôté de l'étendard des Romains les portraits
des dieux & idoles des païens, qu'il remplaça par
une
croix blanche, Julien ôta la croix, & fit remettre les images
de
Jupiter, de Mercure et de Mars: afin que quand on portait honneur à
l'étendard, s'inclinant devant, on pensait que les Chrétiens
fissent cet honneur aux idoles.
Partout
dans l'empire plusieurs chrétiens furent
outragés, injuriés,
tourmentés, & misérablement mis à mort. Du nombre desquels fut
l'excellent & ancien serviteur de Christ Marc, Évêque
d'Arethuse qui avait aidé autrefois à détruire le
temple
des idoles qui était en Arethuse. Pour cette raison
Julien le
haïssait, & conseilla aux citoyens qu'ils sollicitaient
d'obliger Marc à réédifier ce temple-là. Aussi furent mis à mort les excellents serviteurs de Christ, Grégoire d'Alexandrie, Eusèbe, Nestorius, Zenon, Basile d'Ancyre, & Cyrille, Diacre de l'Église de Jérusalem. Dans la ville d'Heliopolis furent menées beaucoup d'honnêtes vierges au théâtre, non seulement toutes nues, mais aussi elles furent fendues remplies d'avoine & d'orge, puis jetées devant les pourceaux, pour être déchirées. Il y avait en Méroé, ville de Phrygie, trois honnêtes citoyens, Macedonius, Theodulus & Tatianus, lesquels allèrent de nuit au temple des idoles, qui avait été fermé jusques alors, & avait été ouvert le jour de devant par le juge de la ville, afin qu'on y sacrifiât & jetèrent par terre les idoles & les rompirent. Comme le gouverneur de la ville, Amatus, prenait (faisait) prisonniers plusieurs autres Chrétiens & les tourmentait pour savoir qui avait brisé les dieux, ces trois se présentèrent devant lui, & dirent qu'il ne tourmentât plus personne à cause des idoles qui avaient été rompues, car c'étaient eux qui avaient fait cela; à cause de quoi, ils surent rôtis & brûlés à petit feu.
Arthémius,
gouverneur en Égypte, ayant persévéré constamment dans
la
religion Chrétienne, il fut privé de tous ses
biens, &
finalement décapité, comme aussi plusieurs autres gens de bien.
Julien,
pour faire dépît aux Chrétiens (les
faire se fâcher), lesquels il ne pouvait contraindre
d'accepter la religion des païens, permit aux pauvres &
misérables Juifs de s'assembler dans Jérusalem,
& de
bâtir le temple, & d'y sacrifier, leur promettant son aide. Cyrille, Évêque de Jérusalem, avait toujours, avec une confiance admirable, prédit aux Juifs & Gentils, qui usaient de grandes menaces & insolences contre les Chrétiens, qu'ils ne bâtiraient jamais le temple, ni ne sacrifieraient, ainsi qu'il en est fait mention en la prophétie de Daniel & en l'Évangile. Et tant plus ils s'étaient moqués du serviteur de Jésus Christ, devant cette destruction, plus furent-ils humiliés & confus, après ces grandes merveilles de Dieu. Quoique les Chrétiens eussent quelques trêves & relâches après que Julien fut misérablement tué en Perse l'an de Christ 367. cela ne fut pas de longue durée. Car Valens & son frère Valentinien étant parvenus à l'empire, Valens fut incontinent séduit par la fausse & méchante doctrine des Ariens; mais Valentinien demeura constant en la foi Chrétienne. Valens commença à persécuter les vrais fidèles, l'an de Christ 371. & s'efforça de les contraindre à recevoir la méchante & réprouvée doctrines des Ariens; mais l'Église s'y opposa courageusement. Il déchassa (expulsa) de tous côtés hors de leurs Églises les fidèles & bons Évêques, Pasteurs & Docteurs. Il en tourmenta aussi plusieurs, les faisant mourir finalement. Or étant fort grande la persécution partout, & n'ayant les Ministres des Églises ni autres fidèles aucune place sûre, mais étant partout malmenés, pillés, déchassés (expulsés), & massacrés, les Églises se résolurent d'envoyer une ambassade à l'Empereur, pour se plaindre & lui demander aide, secours & protection.
Ils
envoyèrent donc 80. Ambassadeurs des
principaux, afin qu'ils
eussent plus d'apparence. S’étant présentés devant l'Empereur à
Nicomédie, & proposant ce qu'ils avaient en charge, en forme de
supplication, l'Empereur fut troublé en soi-même, sans en faire
aucun semblant, & appela secrètement un sien serviteur
Modestus,
auquel il donna charge de massacrer tous ces ambassadeurs tous
ensemble.
J'omets
ici la persécution d'Athanarich (ou d'Athalarich comme les autres
l'appellent) Roi des Goths. Il persécuta aussi les Chrétiens
l'an 373. & en tua quelques-uns, & déchassa (explusa)
les autres hors de son pays. Mais comme plusieurs de
ceux qui
furent persécutés étaient Ariens: voilà pourquoi cette
persécution ne doit être nullement mise au nombre de celles des
Orthodoxes & vrais Chrétiens. ARIUS,
homme ambitieux, ayant combattu la Déité de Jésus Christ, eut une
très malheureuse fin. Néanmoins, ses adhérents continuèrent &
les choses passèrent comme le discours suivant le montre.
Ce
changement de volonté en un si grand Prince ralluma les discordes
Ariennes: car après le bannissement d'Athanase, Arius revint en
Alexandrie &, comme s'il eût tout gagné, fortifia son parti,
tellement que plusieurs Évêques, qui n'avaient osé dire mot
auparavant, commencèrent tout ouvertement à maintenir ses erreurs,
spécialement après la mort de Constantin. Or Athanase se tint caché
l'espace de deux ans & quatre mois chez Maximin Evêque de
Trèves. ATHANASE , ayant été reçu, gouverna son Église l'espace de trois ans. Cependant par les menées d'Eusèbe Evêque de Nicomédie & de quelques autres, Constantius, devenu grand ennemi des vrais Chrétiens, chassa de Constantinople l'Évêque nommé Paul, & Athanase d'Alexandrie, où un certain nommé George vint à main armée pour y être Évêque.
Athanase
fut contraint de se cacher plus étroitement que jamais: &,
parce
que ses ennemis le cherchaient de toutes parts pour le faire mourir,
il se retira vitement à Rome, où lui & Paul Evêque de
Constantinople demeurèrent quelque temps chez l'Évêque, Jules.
Puis ils s'en vont trouver l'Empereur Constant qui
était
paisible possesseur de tout l'Occident.
Ce
concile déclara qu'il embrassait la doctrine contenue au Symbole de
Nicée, & condamna tous ceux qui y contredisaient. Ce
décret est inséré dans l'histoire Ecclésiastique de
Théodoret, où il est dit entre autres choses:
Or
ce siècle là fut si calamiteux , qu'au même temps l'on tint un
Concile tout contraire à celui de Sardes en une ville de Thrace
nommée Philippopoli: ce qui advînt à cause qu'il y avait plusieurs
Empereurs, au lieu (alors)
que du temps du Concile de Nicée, Constantin était seul maître.
Quatre
ans après fut tenu un autre Concile à Smyrne (où Constantius
assista) contraire au Concile de Sardes.
Après
le Concile de Sardes, l'Empereur Constant requit son frère
Constantius de rétablir Athanase en son Église d'Alexandrie &
déclara tout haut qu'il l'y ramènerait, si son frère ne voulait le
réintégrer. Combien que l'affaire fût tirée en longueur par
subtil moyen, en fin toutefois les amis de Constantius, ayant peur
des troubles, lui conseillèrent d'accorder le rétablissement
d'Athanase, plutôt que d'attirer une guerre civile. D'un autre côté, l'Évêque George commit de grandes cruautés en Alexandrie. Il fit conduire des jeunes filles ... près d'un feu ardent, & les menaça de les faire jeter dedans, si elles ne promettaient solennellement de quitter la doctrine d'Athanase.
Du
temps de Julien, Athanase retourna & depuis, quoique
Julien eût commandé qu'on le fît mourir, il demeura néanmoins en
son Église d'Alexandrie jusqu'à l'an septième de Valentinien. Lucius, Pasteur de l'Église d'Adrianopoli, mourut chargé de fers en prison. Ne pouvant attraper Athanase, ils firent tuer Théodulus & Olympius, Évêques au pays de Thrace.
Macédonius
fauteur (partisan)
des
Ariens, établit à Constantinople en la place de Paul, la
persécution s'alluma contre les vrais fidèles dont les uns furent
chassés des temples, les autres contraints d'avouer pour bonne
l'hérésie d'Arius, avec la même violence dont avaient usé
auparavant les manifestes persécuteurs de l'Église. Tout l'Orient fut ainsi travaillé par ces faux Chrétiens dans toutes les Provinces de l'Empire, surtout à Constantinople, où deux des domestiques de l'Évêque Paul, nommés Martyrius & Marcian, accusés par des faux témoins, l'un Sous-diacre, l'autre Lecteur en l'Église, furent mis à mort.
L'EMPEREUR
Constantius, requis par Macédonius, permit à ce faux Évêque de
faire des temples des Chrétiens tout ce que bon lui semblerait: au
moyen de quoi ce Macédonius, suivi d'une troupe de gens armés,
ruina tous les temples des fidèles qu'on appelait lors Homousians. Entre
les persécuteurs des Chrétiens, surnommez Homousians, c'est-à-dire
Consubstantiels (parce qu'ils soutenaient, ce qui est vrai, que Jésus
Christ en sa nature divine est de même substance, c'est à dire vrai
Dieu comme le Père,) il y avait un colonel Manichéen, homme cruel
entre tous autres, nommé Sébastien, lequel commandait aux bandes
des massacreurs. Ce
dernier
écrivit aux gouverneurs des villes & aux capitaines des places
qu'ils courussent sus aux fidèles Pasteurs, & baillaissent
(louent)
les temples aux hérétiques.
Si
quelques particuliers, touchés d'humanité, faisaient quelque bien
aux pauvres veuves & enfants orphelins des Chrétiens, on les
tirait incontinent comme coupables en justice, où ils étaient
condamnés, battus & traités cruellement, en présence de ce
Sébastien qui y prenait un singulier plaisir, selon
la
coutume des gens de sa sorte, entre lesquels miséricorde &
douceur sont estimées vices. ATHANASE, ayant été averti que Constantius le faisait chercher pour lui ôter la vie, se retira d'Alexandrie en lieu de sûreté. En son lieu fut envoyé un nommé George de Cappadoce, lequel, entré en cette Église-là, amassa des troupes de Païens, de Juifs & autres méchants garnements (mauvais sujets), armés de glaives & bâtons, lesquels il envoya courir sus aux fidèles assemblés pour ouïr (entendre) la parole de Dieu.
Les
lieux où se faisaient les assemblées furent brûlés. Toute la
ville commence à se désoler & se lamenter.
Les habitants
demandent justice au gouverneur, parce que les jeunes filles étaient
dépouillées & violées, voire tuées si elles résistaient. George, joyeux d'une si belle entrée, donna le bien des fidèles en proie à ses massacreurs, lesquels, se voyant ainsi les armes en main, commirent tous les brigandages que l'on saurait penser pillant entièrement les maisons, buvant le vin des caves, répandant le reste, emportant portes, fenêtres & treillis, allumant à leurs idoles les chandelles de cire dont les Chrétiens se servaient en leurs assemblées faites parfois de nuit. Cela n'émouvait point les Ariens, au contraire ils s'aigrissaient tant plus contre les Chrétiens: tellement que vous eussiez vu les Pasteurs & anciens de l'Église, & les autres fidèles de tous états, voire les jeunes filles, être tirés en justice, traînez en prison, puis adjugez au fisc, ou fouettés, ou privés de leurs commodités; spécialement on ôtait les pensions & vivres à ceux qui servaient à l'Église.
D'un
autre côté ce vénérable George criait en chaire à gorge déployée
contre les Chrétiens, & se déborda si avant, que la veille de
Pâques, étant entré dans un certain temple avec un capitaine des
Païens, il lui fit empoigner trente-quatre jeunes filles, quelques
hommes & femmes de qualité, puis les fit fouetter cruellement,
&
jeter puis après en étroite prison. La semaine d'après Pâques, il fit encore pis, ajoutant, à de nouveaux emprisonnements un plus grand nombre de personnes, les pillages des maisons de plusieurs Chrétiens.
En
la semaine d'après la Pentecôte, comme le peuple s'était assemblé
au Cimetière, ne voulant entrer au temple où ce faux Évêque
prêchait, ni communier avec lui, ce méchant suscite ce colonel
Sébastien, duquel il a été parlé ci-dessus, lequel
sans
délai assemblant une troupe d'aussi gens de bien que lui, se rue sur
les fidèles qui priaient Dieu, & à coups de traits, de
javelines & d'épées fait un horrible carnage & amène des
jeunes filles nues près d'un feu, au milieu de la ville, & leur
commande d'abjurer la vraie religion.
Cependant
les Ariens obtiennent de l'Empereur qu'on tiendrait un Concile à
Milan pour condamner Athanase & les Orthodoxes, c'est-à-dire
ceux qui tenaient la pure doctrine. Entre autres fidèles ministres de l'Église, qui se portèrent courageusement, étaient Paulin & Hilaire Évêques en France, Osius, Évêque Espagnol, & Libérius, Évêque de Rome, qui résistèrent formellement aux Ariens & à l'Empereur lequel voulait qu'ils soulignassent la condamnation d'Athanase. LES Ariens continuèrent depuis leurs hérésies & blasphèmes, jusqu'à ce que Dieu ayant exterminé la plupart d'eux par des supplices horribles, leur impiété engendra Mahomet, Antéchrist d'Orient, qui a ruiné toute les Églises cimentées & bâties par le sang de tant de milliers de martyrs en diverses provinces de cette grande partie du Monde. Avant de traiter de Mahomet & des maux qu'il a faits à l'Église de Dieu, ajoutons quelque mot des diverses persécutions des fidèles sous autres seigneurs que les Empereurs Romains. Environ trois cent dix ans après la nativité de Jésus Christ, Sapores, neuvième Roi de Perses, incité par les Mages & les Juifs firent une cruelle persécution contre les Chrétiens, récitée (racontée) par Sozomène au 2. livre chap. 8. 9. &c. durant laquelle furent mises à mort de façon cruelle seize mille personnes, hommes & femmes, de tous âges, états & qualités, ainsi que plusieurs de la Cour du Roi, & un grand nombre d'Évêques. Théodoret, au 1. liv. chap. 24. Sozomène au 7. liv. chap. 21. & Eusèbe au 4. livre de la vie de Constantin disent que l'Empereur Constantin intercéda pour les fidèles envers ce Roi, & mêmes Eusèbe produit une copie des lettres de Constantin , mais pas un d'eux ne déclara ce qui en advînt. Du
temps de l'Empereur Théodose, Isdigerdes, Roi de Perse, persécuta
aussi l'Église Chrétienne à l'occasion qui s'ensuit. Audas ayant répondu qu'il n'en ferait rien, le Roi jure qu'il ruinerait tous les temples des Chrétiens, ce qui fut exécuté, Audas ayant été massacré premièrement, cette persécution commencée ainsi dura l'espace de trente ans. Car après la mort d'Isdigerdes son fils Gororanes continua, & venant à décéder il enjoignit son successeur à faire de même. «On ne saurait exprimer (dit Théodoret au cinquième livre chapitre 39.) les tourments que les Chrétiens endurèrent, car on écorchait les mains aux uns, le dos, la tête aux autres. D'autres étaient mis à nu, couverts de roseaux tranchants, puis on les serrait si fort avec des cordes, que ces roseaux entraient bien avant (profondément) dans la chair, lesquels étaient rudement retirés peu après par les bourreaux pour augmenter les douleurs.
On
en enfermait d'autres dans des basses fosses, y
amassant une
fourmilière de Loirs (Sorte de petit animal semblable à un Rat),
qui n'ayant aucune nourriture, mangeaient les corps
vivants
des fidèles, liés si étroitement partout le corps qu'ils ne
pouvaient chasser ces animaux qui les dévoraient. Parmi tant de Martyrs exécutés à mort dans un si long espace d'années, sont mémorables Hormisda, Seigneur Persan , de grand crédit en la Cour du Roi, un autre vaillant Seigneur nommé Saenes, & autres que la noblesse ni leurs services ne purent garantir (les protéger) de la rage des persécuteurs.
SUR
ce, quelques Chrétiens Perses se retirèrent vers quelques Romains
habitant en Perse. D'autre côté par l'intercession d'Atticus,
Évêque de Constantinople (lequel s'employa soigneusement en cette
affaire) ils obtinrent la promesse du
secours de
l'Empereur Théodose, lequel tout soudain, laissant toutes autres
choses en arrière, pensa aux moyens de redonner la paix aux Églises. Les Perses, indignés de telle réponse, constituèrent prisonniers tous les Romains qu'ils purent attraper, les condamnent aux métaux (Aux travaux des mines), pillent leurs biens & marchandises contre les traités & alliances des Princes. Alors Théodose commença une guerre ouverte pour la défense de ses sujets & pour délivrer les Églises de Perse. Après quelques batailles où les Perses furent entièrement défaits, Théodose, désirant que les Églises reprennent haleine, offrit des conditions de paix à ceux qu'il avait vaincus, lesquels s'étant finalement rangés à composition, les fidèles eurent du repos en ces quartiers-là: tandis que les Ariens continuaient dans leurs insolences & cruautés partout où ils étaient les maîtres, spécialement en Afrique par le moyen des Vandales, dont un ancien historien nommé Vidor, Évêque d'Urique (6), qui était de ce temps, a écrit plusieurs livres contenant une infinité de cruautés exercées contre les pasteurs & brebis de l'Église Chrétienne, dont voici le sommaire: Les Vandales s'étant emparés de l'Afrique, d'où ils chassèrent les Romains, & y ayant bonne paix partout dans l'Empire, l'an de Christ 443. Genserich, Roi des Vandales, seigneur d'Afrique, lequel était Arien comme Constantius & Valens, s'efforça de contraindre les Chrétiens à suivre la doctrine des Ariens, à tel point qu'il commença une cruelle boucherie en massacrant des vrais fidèles. Il ferma leurs temples, pilla les Pasteurs & en fit mourir quelques-uns de faim. Bref, il n'obmit (n'oublia) aucune sorte des tourments dont avaient usé devant lui Dioclétien & Maximien contre les Chrétiens, si ce n'est qu'il ne put, avec ces grands tourments que faire se révolter les fidèles. Honorich, successeur au Royaume & tyrannie de son père Genserich, l'an de Christ 476. affligea aussi en toute cruauté les vrais Chrétiens à cause de la Religion.
Après
Honorich fut fait Roi Gondamond l'an 484. il
persécuta aussi
les Chrétiens, comme ses prédécesseurs avaient fait; autant en fit
le Roi Trasimond , lequel l'an de Christ 503. envoya en exil en l'île
de Sardaigne, 220. Évêques en un coup. Gilimer néanmoins ne tint pas long temps le royaume, car il en fut déjeté par Bellisaire, ainsi que Procope l'écrit (7), & avec lui prît fin le Royaume des Vandales, l'an de Christ 535. C'est ainsi cette persécution des Vandales, en Afrique, dura 80. ans, & emporta plusieurs milliers d'enfants de Dieu qui persévérèrent tous constamment, au milieu de divers supplices, en l'invocation du Nom du Fils de Dieu. |
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