Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VII.

Du sort à venir des avares.

La culpabilité de l'avarice étant si grande, pourrions-nous être surpris de la variété des moyens que Dieu emploie pour nous prémunir contre ce vice, ou nous étonner des jugements solennels prononcés contre lui? 

Le dixième commandement dénonce ce péché sous sa première forme; mais, tandis que les autres commandements ont un rapport direct avec nos actions extérieures, celui-ci s'adresse immédiatement à notre cœur: il ne nous dit point: Tu ne regarderas pas avec convoitise, Tu ne voleras point; il nous dit: Tu ne convoiteras pas; il ne s'adresse ni à l'oeil, ni à la main, mais au coeur: car, c'est du coeur que procède la convoitise.

Ce commandement marque de la condamnation les premiers mouvements de la convoitise. C'est un péché qui, plus peut-être que d'autres vices, porte avec lui sa propre punition; les objets qui l'excitent sont déjà pour lui un moyen de châtiment. Dieu nous rappelle souvent et avec une paternelle sollicitude que la poursuite des biens d'ici-bas est toujours accompagnée d'anxiétés et de vaines fatigues; que les richesses sont trompeuses, que l'on entre dans des voies dangereuses pour les obtenir et qu'elles souillent la main qui s'en empare, qu'elles s'envolent, qu'elles sont comme n étant pas, en cela semblables au mirage du désert, qu'elles ne peuvent satisfaire celui qui les désire; celui qui aime l'argent n'est point rassasié par l'argent; que leur possession est souvent accompagnée de grands désappointements et qu'on les perd avec déchirement de cœur; en un mot, qu'elles sont pernicieuses, dangereuses, conduisant l'homme vers des pièges divers; car l'amour des richesses est la racine de toute sorte de maux; et quelques-uns les ayant recherchées avec ardeur, se sont détournés de la foi, et se sont attirés à eux-mêmes un grand nombre de peines cuisantes..., et que, par conséquent, elles apportent à celui qui les recherche une partie de la punition qu'il mérite pour les aimer outre mesure.

Ainsi que le serpent venimeux dont la sonnette annonce l'approche, les richesses portent en elles-mêmes l'avertissement salutaire qui doit nous engager à les redouter. Il semble qu'elles disent à ceux qui étendent la main pour les saisir; «Ne me convoitez pas, ne me laissez pas entrer dans vos cœurs, car, à coup sûr, je vous causerai du chagrin si je ne vous perds pas sans retour.» Si tous les biens qui ont passe entre les mains des riches qui existent aujourd'hui existaient encore, si nous pouvions connaître l'histoire de ceux qui les ont possédés, leurs travaux, leurs angoisses, leurs fautes, leurs trahisons de cœur, leurs ruses diaboliques, leurs consciences endurcies, leurs tourments, précurseurs de ceux qui sont annoncés aux convoiteurs des biens de ce monde, de quel effroi ne serions nous pas saisis et comment ne serions nous pas tentés de nous écrier: «Ne me donne ni pauvreté ni richesse, donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien.»

Non seulement la loi condamne l'avarice, mais Dieu est irrité contre l'avare, le convoiteur; combien le péché qui excite la colère de Dieu envers sa créature doit être odieux! — C'est cependant le résultat de la convoitise. Il est à remarquer que ce n'est pas seulement contre l'avare scandaleux que la Bible lance tant de menaces saisissantes, mais qu'elle condamne aussi l'homme qui peut, à cet égard, éviter la censure de l'Église et les mépris du monde, vous faisant entendre par là que si les degrés moindres de ce péché seront sévèrement punis, ses excès ont tout à redouter. Le figuier fut séché non parce qu'il portait de mauvais fruits, mais parce qu'il n'en portait point; les vierges folles furent renvoyées non parce qu'elles avaient jeté leurs lampes, mais parce qu'elles ne s'en servaient pas; le serviteur inutile fut jeté dans l'obscurité non parce qu'il avait dépensé le talent qui lui avait été confié, mais parce qu'il n'en fit aucun usage.

C'est à l'une des classes d'hommes adonnés à la convoitise que l'apôtre Pierre déclare que le Seigneur ne retarde point l'exécution de sa promesse; l'ange, chargé de cette exécution s'approche d'eux, d'heure en heure.

S. Jaques, en s'adressant aux convoiteurs de son temps, s'écrie, en prédisant la prochaine ruine de Jérusalem: C'est à vous riches que je parle maintenant. Pleurer à cause des malheurs qui vont tomber sur vous. Vos richesses sont pourries et les vers ont rongé vos habits. Votre or et votre argent se sont rouillés, et leur rouille s'élèvera en témoignage contre vous et dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé un trésor pour les derniers jours.

Si des calamités temporelles devaient arracher tant de sanglots et de gémissements à ceux qui auraient à perdre leurs richesses, qu'elle ne sera pas la désolation des convoiteurs au dernier jour! Quels pleurs n'auront-ils pas à verser sur la rouille de cet or et de cet argent, qu'une généreuse circulation aurait dû maintenir purs et brillants! — Quoiqu'ils aient eu, durant leur vie, de nombreux chagrins causés par leurs richesses, ils verront alors qu'ils n'ont reçu que la rente du capital qu'ils ont amassé pour le jour de la colère et du jugement à venir. Les avares seront placés à la gauche du Juge il leur dira: «J'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire; J'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli; j'étais nu, et vous ne m'avez pas vêtu.

La bienfaisance pratique, comme résultat de la piété évangélique, est une des bases sur lesquelles notre sort futur s'établira. Ces paroles peuvent être comprises dans un sens fort étendu; elles nous font comprendre que le Christ soutient une cause parmi nous, celle du salut du monde, et que, tous ceux qui n'y attachent pas leur cœur et qui ne cherchent pas à la soutenir, tous ceux qui ne servent pas, avant tout, le divin auteur de la rédemption du genre humain seront finalement désavoués et rejetés.

Dans les classifications faites par les hommes, le Mammoniste chrétien peut être rangé au nombre des personnes les plus estimables, même les meilleures; mais, au dernier jour, une autre place lui sera assignée: il s'en ira près de l'ivrogne, de l'idolâtre, de tous ceux qui n'ont pas mis leur confiance en Dieu, il n'héritera point le royaume de Dieu. Il n'a pas rendu gloire à Dieu pour les biens qu'il en a reçus, il n'a point cherché à les lui consacrer en les faisant servir à des actes de bienfaisance; il n'a pas compris que «celui qui donne prête à l'Éternel»; c'est en vain qu'il s'est flatté d'obtenir une place parmi les bienheureux, on ne le trouvera point auprès d'eux.

Quoique de tels hommes aient fait profession d'appartenir à la vaste communauté dont Jésus est le chef suprême, ils verront qu'en réalité ils n'ont fait partie que de la grande secte des égoïstes, du parti des mondains, et qu'ils se sont conduits d'après leurs maximes en cherchant à parvenir au même but qu'eux: Retirez-vous de moi; cette juste sentence leur apprendra toute l'horreur du sort qui les attend.


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